23 juillet 2008 Inflation élevée, contagion limitée C'est indéniable, le coût de la vie des Canadiens et Québécois augmentent à un rythme très rapide cet été. En juin, les biens et services contenus dans Année en hausse en baisse total % en hausse l'indice des prix à la consommation au Canada et au Québec était 3,1% plus dispendieux qu'à pareille date l'an dernier. Comme c'est souvent le cas, cette hausse est attributaire surtout aux produits que les ménages achètent 2008 116 57 173 67 fréquemment comme l'essence et les aliments, en plus du coût d'intérêt 2007 127 44 173 75 hypothécaire. Ce n'est pas la première fois que l'inflation globale se retrouve 2006 111 62 173 64 au-dessus de la limite supérieure de la fourchette cible de 1 à 3 % de la Source : Statistique Canada, Recherche Économique VMBL Banque du Canada. C'était le cas pour un seul mois en septembre 2005 et pour un semestre entier entre octobre 2002 et mars 2003 (voir graphique). Il faudra que les consommateurs prennent leur mal en patience puisque la Banque du Canada prévoit que l'inflation mesurée par l'IPC global demeurera au-dessus des 3% jusqu'au premier trimestre de l'an prochain inclusivement. Sous-indices de l'IPC au Canada Qui aurait crû? Il y a moins de hausses de prix que l’an dernier! Recherche Économique VMBL a scruté à la loupe le prix de 173 biens et services de l'IPC. En juin 2008, le prix de 116 biens et services sur 173 (67%) étaient plus élevé que l'an dernier. C'est moins qu'en juin 2007 (75%) et comparable à juin 2006 (64%). Premièrement, le fait que les deuxtiers du panier de l'IPC coûtent plus cher que l'an dernier et que l'autre tiers est moins dispendieux vient contredire la croyance populaire de "tout est plus cher" ces jours-ci. Plus important encore, cette statistique vient confirmer l'absence de contagion marquée de l'énergie vers les autres biens et services. S'il y avait une contagion importante, le prix de 80-90% des biens et services augmenteraient. Certes, le prix des produits qui augmentait avant augmente encore plus aujourd'hui. En revanche, il y a 13 biens et services de plus dont le prix diminue cette année. En bout de ligne, l'inflation de base, qui exclut les composantes volatiles dont l'énergie, demeure sous contrôle à 1,5%. L'inflation de base devrait encore gagner la bataille contre l'inflation globale Inflation au Canada 5% IPC global Indice de référence Cible d'inflation 4% 3% 2% 1% Source: Statistique Canada Jun-08 Jun-07 Jun-06 Jun-05 Jun-04 Jun-03 Jun-02 Jun-01 Jun-00 0% Dans le passé, lorsque l'inflation totale a été supérieure à l'inflation de base, l’inflation globale a éventuellement convergé vers le taux d’inflation de base. La Banque du Canada s'attend à ce que le même phénomène se produise: «l’inflation globale devrait converger vers le taux d’inflation de base de 2 % pendant le second semestre de 2009». Une telle hypothèse est plausible pour le moment parce que le ralentissement marqué de la croissance économique à l’échelle mondiale pourrait éventuellement limiter la demande d’énergie dans le monde. Après tout, nous assistons déjà au ralentissement de la croissance économique mondiale en raison de l’envolée des prix de l’énergie et de la crise du crédit. De plus, le fait que la croissance économique au Canada est inférieure à son potentiel depuis au moins un an ne pourra pas faire autrement que d’entraîner des pressions désinflationnistes qui contribueront à contenir les attentes vis-à-vis de l’inflation, qui elles, sont très élevées en ce moment. Les principales banques centrales du monde, dont la Banque du Canada, ont exprimé clairement que même si elles sont prêtes à tolérer une inflation globale plus élevée pendant une certaine période, elles ne laisseront pas l’inflation de base monter en flèche, même si leur attitude pourra engendrer une récession sévère. Mais puisque l'inflation de base demeure stable à 1,5% en juin en raison de l’absence de contagion, il n'y a aucune urgence pour que la Banque du Canada commence à relever les taux cette année. Sébastien Lavoie, économiste Carlos Leitao, Économiste en chef Sébastien Lavoie, Économiste Martine Bérubé, Assistante de recherche (514) 350-3000 (514) 350-2931 (514) 350-3006