Les impacts des vidanges sur le milieu aquatique Impacts des plans d’eau rarement vidangés : • L’évolution naturelle de l’étang va être l’eutrophisation du milieu. L’eutrophisation est une pollution des milieux aquatiques, d’origine naturelle, accélérée par l’activité humaine. Elle se produit lorsque le milieu reçoit trop de matières nutritives assimilables par les algues et que celles-ci prolifèrent. Ce phénomène s’accélère lorsqu’il fait chaud. L’eutrophisation s’observe surtout lorsque les eaux se renouvellent lentement, comme c’est le cas dans les plans d’eau corréziens. Un étang reçoit en effet, de manière naturelle et continue, quantités de matières nutritives apportées par les rivières et les eaux de ruissellement. Stimulées par cet « apport alimentaire », certains végétaux croissent et se multiplient de manière excessive. Cette croissance s’effectue dans les couches d’eaux superficielles car les plantes ont besoin de lumière pour se développer par photosynthèse. En excès, celles-ci se décomposent en matières organiques qui va s’accumuler sur le fond du plan d’eau. Les bactéries qui s’en nourrissent prolifèrent à leur tour dans les couches profondes de l’étang. Celles-ci n’ont pas besoin de lumière pour se développer, mais consomment de plus en plus d’oxygène. Or en l’absence d’une circulation suffisante des eaux et de courants, le fond de l’étang est peu oxygéné car l’eau n’est pas renouvelée. Les bactéries finissent par épuiser l’oxygène des couches d’eaux profondes. Elles ne peuvent donc plus se développer et elles ne dégradent plus toute la matière organique morte, qui s’accumule dans les sédiments. L’eutrophisation occasionne entre autre les problèmes suivants : - l’eau devient verdâtre, sombre, les algues s’y multiplient, - l’apparition de maladies au sein des espèces piscicoles du plan d’eau, - la diminution de la biodiversité : au regard de la faune, certaines espèces de poissons ne pourront pas survivre dans une telle eau, - et une perte de la qualité de l'eau pour la consommation humaine, l’abreuvement des animaux, la baignade dans les rivières… • Certaines espèces de poissons ou de crustacés vont proliférer en l’absence de pêche. Celles qui sont dites « invasives » (=envahissantes) vont proliférer au détriment des autres espèces du plan d’eau. Ces poissons, par exemple à l’occasion de crues ou de vidanges mal contrôlées, vont pouvoir rejoindre le cours d’eau aval. Ces espèces invasives pourront alors s’y reproduire et s’y nourrir au détriment des espèces de 1ère catégorie, propres à notre département. Elles sont susceptibles de produire des déséquilibres biologiques. • Le barrage de l’étang constitue un obstacle au transport des sédiments sur le linéaire du cours d’eau, de l’amont (depuis les sources) jusqu’à l’aval (qui peut aller jusqu’à la mer). Une rivière transmet les apports liquides et solides qu'elle reçoit de l'amont vers l'aval en se déformant. Cette déformation se fait en long, en large et en profondeur. Ce sont les crues moyennes (fréquence entre annuelle et décennale) qui expliquent le mieux la forme des cours d'eau en mobilisant de grandes quantités de sédiments. Le transport de sédiments par les rivières concerne toutes les tailles de sédiments et tous les débits. Les crues dans les cours d’eau de forte pente peuvent transporter des blocs dont la taille est de l’ordre du mètre. A l’opposé, les faibles débits ne véhiculeront que des particules très fines (argiles et limons). En amont du barrage, il en résulte un comblement. Les sédiments comblent petit à petit le plan d’eau. Les plantes aquatiques vont pouvoir proliférer. L’ouvrage de vidange s’obstrue et peut ne plus fonctionner. Le plan d’eau devient donc très difficile à nettoyer et à gérer afin de stopper cette évolution naturelle. La surveillance régulière des ouvrages de l’étang est rendu difficile. Il est donc difficile de prévenir les dégradations ayant lieu sous l’eau : fuite du système de vidange, galerie de rongeurs dans la digue, … Ces dégradations peuvent rendre le système de vidange défectueux et provoquer une pollution de la rivière par le départ des boues de l’étang ; elles peuvent occasionner la rupture de la digue et avoir de graves conséquences à l’aval. Du côté de l’aval, ces sédiments n’atteignent plus les secteurs de plaine (plaine alluviale). Il y a alors moins d’apports en galets, sables et limons. En période de crue, lorsque les débits sont plus importants et donc susceptibles d’effectuer d’avantage de transport de matériaux, la rivière va avoir tendance à creuser son lit. Les conséquences sont alors : - une déstabilisation des berges due à l’érosion de la rivière - et une diminution de la reproduction de certaines espèces de poissons (dont les truites) qui ne trouvent plus de zones de fraie propices, spécifiques à la taille des sédiments. Au niveau de la mer, le grand nombre de barrage sur les rivières joue un rôle sur le phénomène de recul des zones d’estuaire où se mélangent les apports en sédiments marins d’un côté et les apports en sédiments alluviaux (d’eau douce) de l’autre. Impacts des vidanges mal gérées : Une vidange qui se déroule mal peut provoquer le départ dans la rivière des poissons, de leurs frais et des crustacés présents dans l’étang et le départ des boues de vidange. Les poissons et crustacés arrivent dans les étangs : - du fait des propriétaires ou d’autres personnes, - par une rivière ou tout autre écoulement, - par la présence d’un autre plan d’eau en amont, - en marchant, pour certaines espèces de crustacés. Les poissons transportés par des volatiles sont aussi nombreux que les bébés amenés par les cigognes. • Le départ dans le cours d’eau des boues du fond de l’étang engendre une pollution de la rivière située à l’aval. Les conséquences de cette pollution sont : - le colmatage des frayères qui empêchera la reproduction des poissons de la rivière, - une mortalité importante des poissons par asphyxie. - une nuisance pour les autres usagers de la rivière en aval (arrivée de boues dans le plan d’eau aval, perte de la qualité de l’eau pour les pêcheurs en rivière, pour la baignade…) • Le départ des poissons de l’étang peuvent occasionner plusieurs problèmes dans les rivières. - Ces poissons peuvent être porteurs d’une maladie du fait de leur condition de vie dans un milieu plus ou moins eutrophisé. Une fois dans la rivière ils peuvent contaminer les autres poissons. - Parmi les poissons rejetées dans la rivière, certains peuvent appartenir à des espèces invasives ou non originaires de la région : poissons de cours d’eau de 2nde catégorie (brochets…) ou poissons exotiques (perches soleil…). Ils peuvent perturber la vie qui se trouve dans nos cours d’eau. Les espèces invasives peuvent être définies comme étant des espèces importés dont l’introduction et la prolifération qui en découle, provoquent une perte de biodiversité et à un impact sur l’environnement. Ce sont des espèces en prolifération dont l’impact sur le milieu est croissant. Elles ont la particularité d’être résistantes et adaptables à de nouvelles conditions de vie. Dans le cas des poissons ils seront peu sensibles aux variations de températures ou aux faibles débits de l’été. Ces espèces se caractérisent aussi par une grande fécondité et donc une forte augmentation de la taille de leur population. De plus elles ne trouvent pas dans leur nouvel environnement de prédateurs qui pourraient réguler naturellement leur population. Pour se développer, elles ont besoin de nourriture et de lieu de reproduction qu’elles vont coloniser au détriment des espèces locales qui se reproduisent moins vite. Impacts du non respect des périodes de vidange : Les vidanges réalisées en période hivernale sont susceptibles de compromettre la reproduction des poissons (essentiellement la truite), en détruisant la ponte et le frai. Impacts du non respect du débit réservé et de la période d’étiage : L’étiage correspond statistiquement (sur plusieurs années) à la période de l’année où le débit d’un cours d'eau atteint son point le plus bas (basses eaux). Cette valeur est annuelle. Il intervient pendant une période de tarissement. Il est dû à de faibles précipitations, sur une période prolongée. Il peut être fortement aggravé par des températures élevées favorisant l’évaporation, et par les prélèvements (pour l’irrigation, l’eau potable, l’alimentation des plans d’eau…). Le remplissage du plan d’eau sans respect du débit réservé ou de la période d’étiage (entre le 15 juin et la 30 septembre) compromet la vie, la circulation et la reproduction des espèces vivant dans la rivière ou la rigole avale. Il nuit aussi aux autres usages de l’eau, situés en aval (irrigation, pêche…) Il faut noter que certains impacts peuvent entraîner une pollution du milieu aquatique, ce qui constitue alors une infraction environnementale délictuelle : délit de pollution piscicole ou délit de pollution des eaux.