DE LA CONQUETE D`AL

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S. Benbabaali. AL- ANDALUS : CHRONOLOGIE
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DE LA CONQUETE D’AL-ANDALUS
A LA FIN
DES ROYAUMES DES « TAIFAS »
PROLOGUE
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610 : Muhammad Ibn ‘Abd Allâh reçoit les premières révélations .
622 : Fuite à Médine ou « l’Hégire » qui marque le début du calendrier musulman.
630 : Prise de La Mecque et soumission de la majorité des tribus du Hedjaz.
632 : Mort du Prophète à Médine. Début de l’expansion des Musulmans.
656-660 : Guerre civile entre ‘Alî, cousin et gendre du Prophète, et les Omeyyades
qui l’emportent et fondent la première dynastie califale de l’islam.
I. LA CONQUETE D’AL-ANDALUS
Le troisième terrain d’expansion, et non le moindre, fut constitué par l’Afrique du Nord et
l’Espagne. Une première expédition, en 647, montra aux Arabes la faiblesse des Byzantins en
Byzacène; une deuxième expédition eut peut-être lieu en 660-663, mais la plus décisive fut
celle que conduisit ‘Oqba ibn Nafi’ en 670 et qui aboutit à la fondation d’un camp militaire
permanent en Ifriqiya (Tunisie actuelle): Qayrawân (Kairouan); il est possible que ‘Oqba ait
atteint l’Atlantique en 681-682 après avoir traversé toute l’Afrique du Nord, mais il périt au
cours du voyage de retour à Biskra en 683. L’occupation définitive de ce que l’on appela plus
tard le Maghreb (le Couchant, l’Occident) se produisit entre 695 et 708, à la suite de la prise
de Carthage (695, puis 698), de la défaite des troupes berbères (702) et de l’implantation des
Arabes au Maroc de 705 à 708. Après un bref temps d’arrêt, la progression reprit: en 93/mai
711, Tariq ibn Ziyâd passait en Espagne, occupait Cordoue puis Tolède (octobre-novembre
711). Cinq ans plus tard, la quasi-totalité de l’Espagne était aux mains des Musulmans.
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670 : Conquête du Maghreb. Kairouan devient une place forte à partir de laquelle partiront
les armées musulmanes à l’assaut du Maghreb Extrême et de l’Espagne.
710 (juillet) : Un dignitaire byzantin, le comte Julien (exarque de Septem/Ceuta) facilite
un raid mené par un officier berbère, Tarif, sur l’île de Tarifa qui se déroule avec succès.
711 : Au printemps, un affranchi, d’origine berbère, Tariq Ibn Ziyâd, « mawla » de Musa
b. Nusayr, gouverneur de l’Ifriqiya, débarque à la tête de 5000 à 7000 hommes sur le
« Rocher » qui gardera son nom : Gibraltar (= djabal Târiq).
Le 19 juillet se produit le choc décisif : le roi wisigoth Roderic est défait au « Wâdi
Lago », le rio barbate.
La conquête de l’Espagne va être réalisée rapidement et sans grande difficulté du fait de la
décomposition du royaume wisighotique. Les armées musulmanes ne rencontrent pas de
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résistance sérieuse et obtiennent même un concours effectif de beaucoup d’Espagnols
désireux de se débarrasser d’un joug devenu insupportable.
Les villes espagnoles tombent les unes après les autres :
 Octobre 711 : Cordoue et Tolède ;
 Juin à juillet 713 : Séville et Mérida sont prises par Mûsâ b. Nusayr, passé en Espagne en
juillet 712 avec une armée de 18 000 hommes, en majorité arabes. La jonction de Musa
avec Târiq se fait à Tolède. De là, ils se dirigèrent sur Saragosse. L’ordre du calife alWalîd vint alors de quitter l’Espagne et de regagner la Syrie. Les deux hommes ne
reverront plus le pays conquis.
 715 : Les Musulmans occupaient déjà toutes les grandes villes d’Espagne.
II. LA PÉRIODE DES « GOUVERNEURS »
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714-756 : période des « gouverneurs » (wulât) disposant d’une délégation de pouvoir des
Omeyyades installés à Damas ou du gouverneur en titre d’al-Qayrawân.
Rivalités entre clans arabes.
Confusion politique.
Vaines tentatives d’expansion vers la Gaule (prise de Barcelone, Gérone et Narbonne).
Vingt wali vont régner durant cette période, certains à peine quelques mois.
Le premier fut le fils de Musa (713-716) qui fut assassiné.
Le 14ème , `Uqba b. al-Hajjaj, régna 7 ans (734-741)
et le dernier gouverna une dizaine d’années à partir de 746 jusqu’à la proclamation de Abd
al-Rahman 1er qui inaugure l’Émirat omeyyade en Espagne.
719/27 : raids contre Toulouse.
725 : les troupes musulmanes atteignent la Bourgogne, mais ne s’installent pas
durablement au nord des Pyrénées.
732 : défaite de Poitiers.
Les conquérants et les autochtones jettent les bases d’une coexistence qui ne donnera
pleinement ses fruits que deux siècles plus tard. Les Berbères s’établirent dans les zones
montagneuses où ils pouvaient mieux défendre leur indépendance contre l’aristocratie arabe
qui mit la main, dès le début de la conquête, sur les terres les plus fertiles situées dans les
plaines et sur le littoral méditerranéen. Les Arabes s’installèrent presque toujours dans les
villes, confiant les travaux agricoles de leurs grands domaines aux paysans indigènes.
Un mouvement important de conversion à l’Islam donne le départ d’une intégration à la
nouvelle société des générations successives de « muwallads ». Ces derniers adopteront des
noms musulmans et finiront par oublier leurs origines chrétiennes ; ils utiliseront l’arabe
comme langue de communication et se nourriront de la culture de l’occupant. Les jeunes
montrent une désaffection pour l’église, les vocations baissent : ce dont se plaignent les
responsables religieux chrétiens. On lit désormais plus facilement le Coran en arabe que la
Bible en latin.
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III. L’ÉMIRAT MARWANIDE DE CORDOUE (756-912).
Après le massacre des membres de sa famille et l’arrivée au pouvoir des Abbasides, le prince
omeyyade se réfugie au Maghreb. Invité à se rendre en Espagne par une faction musulmane
qui cherchait à en évincer une autre, le prétendant marwanide, ‘Abd al-Rahman b.
Mu’awiyya, triomphe du gouverneur Yusuf b. ‘Abd al-Rahman al-Fihri, près de Cordoue où il
se fait proclamer « Émir » le 15 mai 756.
L’émirat dure plus d’un siècle et demi et compte sept souverains :
‘Abd al-Rahmân 1er (756 -788)
Hishâm 1er (de 788 à sa mort en 796).
Al-Hakam 1er (de 796 à sa mort en 822).
‘Abd al-Rahmân II de 822 à sa mort en 852
Muhammad 1er (852-886)
Al-Mundhir (886-888).
‘Abd Allâh 888 à 912
Le royaume Wisigoth d'Espagne avait été liquidé en moins de deux années par Tarik Ibn
Zayad et Musa Ibn Nusayre en 711. La Péninsule fut ensuite dirigée par des gouverneurs,
délégués pour l'Espagne, nommés directement par le Calife de Damas. Mais à partir de 732, à
la mort du gouverneur Abdallah al Ghafiki, tué à la bataille de Poitiers, le pays fut troublé
par de nombreux soulèvements et révoltes dus aux rivalités entre Arabes Kalbites et Qaisites.
Mais le trouble le plus grave fut le soulèvement des Berbères, soulèvement qui avait débuté
au Maroc sous la coupe d'un chef dynamique Maisara. Et il a fallu l'arrivée massive de
djunds (armée) syriens dépêchés de Damas, sous le commandement du général Baldj pour en
venir à bout en 741. Mais les troubles continuèrent cette fois entre Arabes.
Ce fut dans ces conditions qu'arriva , en 750, en Espagne, Abderrahman ibn Hisham ibn
Abdelmalik ibn Marwan, un des rares survivants du massacre de la dynastie des Omeyyades
perpétré par les Abbassides de Bagdad. Aidé des Arabes syriens, qui appartenaient à la
cavalerie naguère amenée par le général Baldj, et des Berbères (sa mère Rah était une captive
berbère) il défit, en 756, Yusuf al-Fihri, le dernier gouverneur et se fit proclamer Emir d'Al
Andalus dans la Grande Mosquée de Cordoue.
 ‘Abd al-Rahmân 1er (de 756 à 788) soit un règne de 32 ans.
Il s'efforça peu à peu de refaire l'unité de l'Espagne, qui avait vécu dans l'anarchie pendant les
décennies suivant la conquête, et où s'affrontaient les différents groupes ethniques : Arabes
Yéménites et Qaïsites, Berbères et Arabes, Espagnols convertis (Muwaleds) et Espagnols
restés chrétiens (Mozarabes). En dépit de nombreuses révoltes, fomentées par l'ancien
gouverneur Yusuf al-Fihri ou même commanditées directement par l'autorité abbasside,
comme en 763 celle d'ibn Mughith à Béja, ou les nombreuse insurrections berbères, qui
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ensanglantèrent presque de bout en bout son règne, ainsi que différentes tentatives de
membres de sa propre famille pour le renverser, Abderrahman Ier put malgré tout, jeter les
bases politiques et administratives de son émirat. L'Espagne musulmane, jusque-là simple
province d'un immense Empire, se trouvait promue au rang de principauté indépendante et,
dès lors, maîtresse de sa destinée. Ce fut, également, sous le règne de Abderrahman "al
Dakhil" que Cordoue commença à faire vraiment figure de capitale musulmane. Abderrahman
Ier mourut en 788, à moins de soixante ans. Il transmettait à son successeur un royaume que
les offensives chrétiennes et les nombreuses séditions arabes et berbères n'avaient guère
entamé et qu'il avait dû, à plusieurs reprises, reconquérir sur ses propres sujets à la force des
armes.
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Hishâm 1er fils d’Abd al-Rahmân 1er (de 788 à sa mort en 796). C’est sous son règne
que le « malikisme » fut introduit en Espagne.
Le règne de Hisham Ier (788-796) allait être fort court ; à peine un peu plus de sept ans; qui
furent caractérisés par une absence presque complète de sédition à l'intérieur du pays, mais il
eut à juguler la révolte de ses frères Abdallah et Sulaiman évincés du trône. Ce fut sans doute
cette relative tranquillité intérieure qui encouragea le pieux Hisham Ier à porter presque
chaque été de son règne (sawaïf ou expéditions estivales), la guerre sainte sur le territoire
asturien. Peu avant sa mort, il favorisa la doctrine malikite et son adoption en Espagne
musulmane et désigna son second fils Al Hakam pour lui succéder.
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Al-Hakam 1er, fils de Hishâm (de 796 à sa mort en 822). Soit 26 ans de règne. Il connut
la fameuse révolte du faubourg d’al-Rabad à Cordoue.
A son avènement Al Hakam Ier (796-822), contrairement à son père, du faire face à des
révoltes incessantes, et, en premier lieu, à une querelle dynastique de la part de ses deux
oncles, Sulaiman et Abdallah. Les plus graves furent celles de la population de Tolède qui
furent suivies d'une sauvage répression, menée par Amrus sous l'ordre de l'Emir, en cette
"fameuse journée de la fosse" (797), mais qui n'empêcha pas les Tolédans à se révolter de
nouveau en 811 et 818. En 805, un grand nombre de notables ainsi que les deux oncles de
l'Emir (les fils de Abderrahman Ier) qui avaient comploté pour le renverser, furent exécutés
sans pitié.En 818, une émeute d'un faubourg de Cordoue fut sauvagement réprimée et le
faubourg complètement rasé obligeant ses habitants à fuir le massacre et à s'expatrier au
Maroc, où ils occupèrent un quartier de Fès, ou en Crète, où ils formèrent une petite colonie
après avoir été chassés d'Egypte où ils avaient débarqué précédemment. Ces massacres des
Faubourgs valurent à l'Emir le surnom d'al Rabadi ("celui des faubourgs"). Ce dynaste
autocrate, féroce et vindicatif usait de son pouvoir de manière tyrannique, mais il eut pour
principal mérite d'avoir su raffermir la restauration Omeyyade en Occident. A sa mort en 822,
il laissait à son successeur un royaume tout entier soumis à l'autorité émirale et à peine entamé
par les offensives franque et asturienne.
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‘Abd al-Rahmân II, fils d’al-Hakam, de 822 à sa mort en 852 soit un long règne de 30
ans durant lequel arriva le grand musicien Ziryab. Son règne procura au royaume une
accalmie intérieure après de multiples révoltes opposant Berbères, Arabes et Muwallads.
Le souverain lutte aussi contre les ennemis extérieurs qui ont repris définitivement
Barcelone à ses prédécesseurs. Il rompt avec la tradition syrienne de gouvernement et
organise son état sur le modèle abbaside.
En accédant au trône, Abderrahman II (822-852), fils d'Al Hakam Ier, prenait possession
d'un territoire presque entièrement pacifié, pourvu de cadres administratifs suffisamment
organisés, jouissant de finances prospères et d'une activité économique en plein essor. Il a
fallu pourtant lutter contre le péril représenté par les Normands ("Madjus" ou idolâtres),
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lorsqu'ils s'emparèrent de Cadix et de Séville, qu'ils pillèrent en 845, poursuivre les "sawaif"
contre les territoires asturiens et sévir contre une rébellion des mozarabes de Cordoue,
conduite par le clerc Euloge (850-859). C'est sous le règne de Abderrahman II que le pays d'al
Andalus prend véritablement figure d'Etat indépendant, de royaume incontesté au regard du
reste du monde musulman.
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Muhammad 1er, fils d’Abd al-Rahmân II, qui régna 34 ans (852-886).
Sous le règne de Muhammad Ier (852-886), l'Espagne musulmane allait connaître encore
d'assez longues périodes de calme politique et jouir dans la paix intérieure, au moins
jusqu'aux alentours de 875, des bienfaits d'une autorité à la fois vigilante et équitable. Mais il
y eut encore de nombreuses révoltes et dissidences, parmi lesquelles celle des mozarabes
Tolédans, aidés d'une forte armée asturienne envoyée par le roi Ordono Ier, et écrasés en 854;
ou celle plus grave, fomentée par Ibn Marwan al Djilliki, qui finit par créer une principauté
autonome autour de Badajoz (886), l'année de la mort de l'Emir.
 Al-Mundhir b. Muhammad (886-888).
Al Mundhir, eut, pendant son court règne (886-888), des soucis bien plus pressants que la
soumission d'Al Djilliki. Il était en effet urgent de combattre Ibn Hafsoun qui avait soulevé
l'Andalousie actuelle, mais il tomba malade alors qu'il assiégeait le rebelle à la tête de ses
troupes. Il n'eut que le temps demander de Cordoue son frère Abdallah pour lui confier la
direction du siége avant de rendre l'âme.
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‘Abd Allâh, frère du précédent, qui régna 24 ans de 888 à 912. De nombreux actes de
dissidence, des insurrections et des conflits se produisirent sous les deux derniers émirs.
Sans doute la période la plus noire de l’émirat,‘Abd Allâh laisse à son petit-fils et
successeur, ‘Abd al-Rahmân III, un trésor à sec et un royaume en décomposition.
Le règne de Abdallah (888-912) fut relativement agité. Ce sont tantôt les muwalleds, qui se
dressent contre les Arabes, tantôt ces derniers qui, avec ou sans le concours des Berbères, se
portent à l'attaque des néo-musulmans, sans parler des multiples complots dynastiques qui
coûtèrent la vie à plus d'un membre de sa famille. Quoiqu'il en soit on ne peut dénier à l'Emir
Abdallah le mérite d'avoir été, autant sinon plus qu'Al Hakam Ier et Aberrahman II, celui qui a
sauvegardé la restauration hispano-omeyyade réalisée à grande peine par Abderrahman
l'Immigré. Il laissa, néanmoins, un trône bien chancelant à son petit-fils Abu al Muttarif
Abderrahman. Un nouveau règne s'ouvrait : celui du premier calife de Cordoue; et, avec lui, le
IVe siècle de l'ère du Prophète, le plus glorieux et le plus fécond de l'histoire de l'Espagne
musulmane.
IV. LE CALIFAT ET LA DICTATURE AMIRIDE.
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‘Abd al-Rahmân III……….. (912-961)
Al-Hakam II…………….... (961-976)
Minorité de Hishâm II
Le hadjib al-Mansûr, jusqu’en 1002
Al-Muzaffar ( fils d’al- Mansûr )
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‘Abd al-Rahmân III (912-961).
En 912, commence le long règne de ‘Abd al-Rahmân III qui durera 50 ans jusqu’en 961. Il
marque l’apogée du règne marwanide dans la Péninsule.
« Il avait à peine vingt ans quand il monta sur le trône. Doué de qualités de patience, de
jugement et de caractère bien au-dessus de son âge, le jeune homme alliait à l’énergie et à
l’enthousiasme de la jeunesse un grand discernement politique et un sens aigu du devoir.
Aussi européen qu’arabe- sa mère et sa grand-mère paternelle étaient d’origine chrétienne -,
c’était un musulman pratiquant, mais sans fanatisme. Il s’efforça durant tout son règne de se
montrer aussi tolérant envers les juifs et les mozarabes que le permettaient les circonstances.
Dès son arrivée au pouvoir, ‘Abd al- Rahmân se montra intraitable envers tous ceux qui
contestaient son autorité, imposant le serment d’allégeance à tous ses gouverneurs par la
diplomatie ou la force. Dès 913, il impose son autorité à la puissante cité de Séville ; l’année
suivante marque le début d’une longue guerre d’escarmouches contre le rebelle Ibn Hafsûn de
Bobastro, maître de toute l’Espagne du sud. Mais il faudra attendre 932 pour qu’al-Andalus
soit totalement pacifiée, avec la soumission de l’Algarve, de l’Espagne orientale et des
derniers points de résistance comme Tolède ou Saragosse.
C’est en 929 que se situe l’épisode le plus important de l’histoire des Omeyyades d’Espagne,
avec la proclamation du califat de Cordoue.
À la formule de « Commandeur des croyants », qui accompagnait traditionnellement le titre
de calife, ‘Abd al-Rahmân III ajouta celui de « Défenseur de la vraie foi (al-Nâsir li-dîn ilLâh.)». À sa mort en 961, il laissait un territoire fermement gouverné et aux frontières
reconnues. Il avait fait d’al-Andalus un royaume prospère grâce à une économie dynamique et
une politique commerciale très active sur tout le pourtour de la Méditerranée. Sa capitale,
Cordoue était dix fois plus peuplée que Paris, elle surpassait en prestige et en splendeur toutes
les capitales européennes et même Bagdad.(…) De France, d’Allemagne, d’Italie et du reste
de l’Europe, les ambassadeurs affluaient à la cour du calife. Celui-ci recevait les tributs des
provinces d’Afrique du Nord, dont certaines dépendaient de lui, mais aussi de royaumes
chrétiens d’Espagne, dont certains étaient devenus ses vassaux. » 1
Le redressement fut opéré par Abderrahman III (912-961). Homme doué d'une intelligence
réaliste et méthodique, d'une ténacité à toute épreuve, ambitieux, tolérant, courageux et
organisateur, un prince exceptionnellement doué et dont la durée peu commune de son règne tout près d'un demi-siècle - lui permettra de donner pleinement sa mesure. Il va restaurer dans AlAndalus l'autorité et le prestige de la maison omeyyade, reconquérir les territoires tombés en
dissidence, mettre fin à l'existence des principautés inféodées à Cordoue et étouffer définitivement
la rébellion andalouse. Il rétablit, également, son autorité sur les marches du Nord. Au Maghreb, il
fit tout pour contrecarrer l'expansion fatimide, soutenant les tribus Zenata ainsi que tous les petits
états qui se trouvaient en conflit avec la dynastie chiite, obtenant une "vassalité" de fait à l'autorité
Omeyyade d'une grande partie du nord du Maroc et de vastes territoires du Maghreb; vassalité qui
allait subsister, malgré de nombreuses vicissitudes, jusqu'à la fin du X e siècle. Il occupa même
deux places maritimes stratégiques du détroit de Gibraltar : Ceuta et Tanger. C'est aussi à la fois
pour répondre à la proclamation du califat fatimide, qui constituait une menace, et pour s'affirmer,
dans l'esprit de ses propres sujets, que Abderrahman III accomplit le geste le plus significatif de sa
carrière politique, en adoptant les titres éminents de "Calife" et de "Prince des Croyants" en 929 ,
avec le surnom de "Nasir al Din Allah" (défenseur de la religion d'Allah). Face aux Fatimides, le
calife de Cordoue incarnait ainsi le souvenir de la dynastie arabe de Damas et l'orthodoxie sunnite
à un moment où le califat abbasside était en pleine décadence. A sa mort, en 961, la puissance
1
J. Derek Latham, docteur ès lettres d’Oxford, professeur émérite d’études arabes et islamiques au Muir
Institute de l’Université d’Edimbourg, après en avoir été le directeur.. auteur de nombreux ouvrages et articles ,
codirecteur de the Cambridge History of Arabic Literature, collaborateur à l’Encyclopaedia of Islam. Il a
notamment publié From Muslim Spain to Barbary : Studies in the History and Culture of the Muslim West
(1986), De l’Espagne musulmane à la barbarie : études de l’histoire et de la culture de l’Occident musulman.
InLe Courrier de l’UNESCO , Déc. 1991, pp. 24-27.
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arabe en Espagne se trouva alors à son apogée. Du royaume de Cordoue, sans cesse disputé à ses
prédécesseurs, secoué par la guerre civile, les rivalités des clans arabes, les heurts des groupes
ethniques dressés les uns contre les autres, il avait su faire un Etat pacifié, prospère et
immensément riche. La civilisation de l'Espagne musulmane semblait capable de rivaliser avec celle
de
l'Orient
abbasside
et
surpassait
de
beaucoup
celle
de
l'Occident
chrétien.
Al- Hakam II (961-976).
C’est al-Hakam II Al-Mustansir bi-l-Lâh qui succède à son père ‘Abd al-Rahmân (961-976).
Son règne est heureux et prospère sous lequel Cordoue devient « l’ornement du monde ».
Souverain lettré et bibliophile, il fait de sa capitale l’un des foyers les plus actifs de la culture
philologique, littéraire et juridique de tout le monde musulman. L’Espagne chrétienne sollicite
son arbitrage et la « Reconquista » est stoppée.
Le règne du successeur d'Al Nasir, Al Hakam II (961-976) fut l'un des plus pacifiques et des plus
féconds de la dynastie hispano-omeyyade. Son nom restera avant tout inséparable de celui de la
merveille de l'art hispano-mauresque, la Grande Mosquée de Cordoue, qu'il agrandit et dota d'une
magnifique parure. Il témoigna, également, toute sa vie, d'une dilection pour les sciences
islamiques comme pour les belle-lettres et les arts, ce qui a suffit à lui assurer une renommée
durable. De son temps , Cordoue, comme métropole des choses de l'esprit, brilla peut être d'un
éclat plus vif que sous Al Nasir. Mais son règne fut beaucoup plus bref, à peine une quinzaine
d'années. Il prit le vocable honorifique d'al Mustansir Billah (celui qui cherche l'aide victorieuse
d'Allah). Il continua la même politique que son père aussi bien à l'intérieur des frontières terrestres
d'Al Andalus qu'au Maghreb occidental, sans néanmoins l'énergie et le caractère autoritaire de son
prédécesseur.
Minorité de Hishâm II et le hadjib al- Mansûr, jusqu’en 1002
À la mort d’al-Hakam II, son jeune fils, Hisham II, lui succède. Mais le hadjib, (le
chambellan, « maire du palais ») Muhammad Ibn Abî ‘Amir, s’empare du pouvoir et dirige
les destinées du royaume. Ambitieux, énergique, homme politique de grand talent, général et
stratège militaire, il mène des campagnes victorieuses contre les Chrétiens du Nord. Il reste
pour ses adversaires « l’Almanzor », destructeur du sanctuaire de St Jacques de Compostelle
(997). C’est au retour de cette campagne qu’il meurt en 1002. Il laisse une Espagne
musulmane forte qui a réussi à étendre son influence politique sur la Berbérie occidentale.
A la mort d'Al Hakam II, l'autorité califienne va subir une atteinte sans précédent. Le nouveau
souverain, Hisham II (976-1013), étant trop jeune (il n'a que douze ans), puis trop débile pour
exercer lui-même le pouvoir ou le revendiquer à sa majorité, celui-ci va passer entre les mains
d'un véritable dictateur, d'un "maire du palais", Ibn Abi Amir, à la fois génial et sans scrupules,
que son habilité politique, son ambition illimitée, sa grande valeur militaire et la protection
bienveillante de la reine mère, porteront rapidement au faite des honneurs. Au bout de quelques
années, qui lui suffiront à mettre à bas ses adversaires, un coup d'Etat lui assurera la direction
exclusive et incontestée du gouvernement d'Al Andalus. Il parcourra dès lors une carrière
prestigieuse, s'affirmant, peut être plus encore qu' Abderrahmane Al Nasir, comme le champion de
la gloire de l'Islam dans la Péninsule ibérique. Il inscrira aux fastes de l'Empire hispabo-omeyyade
ses plus retentissantes victoires sur la chrétienneté et il maintiendra sous sa rude poigne la
population intérieure. Pendant plus de vingt ans, il apparaîtra comme le seul et véritable souverain
d'Al Andalus, tandis que le calife en titre ne sera qu'un fantoche et passera tout à l'arrière-plan de
la scène politique. Bientôt en ne l'appellera plus qu'Al Mansour (le victorieux), l'Almanzor des
chroniques chrétiennes. Il s'empara de Barcelone, Léon et Saint-Jacques-de-Compostelle (997). A
l'intérieur, il mata l'aristocratie arabe et réorganisa l'armée en faisant venir des contingents
berbères. A sa mort en 1002, un de ses fils Abd Al Malik, lui succéda, mais il ne gouverna que six
ans (1002-1008) et se montrera respectueux des consignes et de la tradition paternelle.
V. LES DERNIERS CALIFES DE CORDOUE
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Hishâm II « al-Mu’ayyad »,
Muhammad II « al-Mahdî »,
Sulaymân « al-Musta’în »,
‘Abd al-Rahmân IV « al-Murtadâ »,
‘Abd al-Rahmân V « al-Mustazhir »,
Muhammad III « al-Mustakfî », le père
de la poétesse Wallâda,
Hishâm III « al-Mu’tadd ».
L’Espagne va connaître ensuite sous Hishâm II et Muhammad b. Hishâm une ère de troubles
funestes qui provoqueront sa ruine. La politique militaire d’al-Mansûr avait eu pour résultat
d’introduire en Espagne musulmane un nombre considérable de mercenaires maghrébins
d’origine berbère. A la mort du hâdjib et de son successeur, ces troupes constituèrent un parti
agissant contre les Andalous et le puissant groupement des « esclavons ». Le feu est mis aux
poudres en 1008, à la mort du fils d’Al-Mansûr par la prétention de ‘Abd al-Rahmân
« Sanchuelo » à se faire désigner comme héritier présomptif à la couronne califale, ce
qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait osé faire. Un complot mené par les partisans du
marwanide Muhammad b. Hishâm aboutit à l’exécution du prétendant amiride. Prétendants et
contre-prétendants s’appuyant soit sur les Berbères soit sur les esclavons, précipitent le califat
dans la ruine.
Le Calife Hisham régnant toujours en titre, un troisième régent "amiride", Abderrahman,
s'arroge le pouvoir à la mort de son frère Abdelmalik. Ce ne sera que pour quelques mois; puis
s'ouvrira une crise politique d'une gravité extrême. Elle se prolongera plus de vingt ans et
entraînera la chute définitive du califat Omeyyade d'Occident. De 1008 à 10031, Al Andalus sombra
dans la guerre civile. Le califat disparut en 1031. Ce n'est pas une nouvelle dynastie qui va se
substituer à l'ancienne, mais au contraire l'Empire va se démembrer en une nuée d'Etats
minuscules, entre les mains de roitelets, connus sous le nom de Reyes de Taïfas ("mamelouk al
tawaïf" ou rois de factions), qui vont revendiquer leur portion de l'héritage califien.
Deux noms, ceux d'Al Nasir et d'Al Mansour, vont dominer de très haut, cependant, les annales
de toute l'Espagne au Xe siècle
Quant aux « califes » hammûdides, ils eurent des règnes très brefs :
 Ali b. Hammûd (1016-1018),
 Al-Qâsim b. Hammûd (1018-1023).
VI. LES MULÛK AL-TAWÂ’IF (1031-1091).
La dynastie omeyyade perd son unité et le royaume sombre en 1027. En 1031, le pays
est divisé en une trentaine de provinces indépendantes dirigées par les « Mulûk al-Tawâ’if ».
Certains de ces états minuscules n’auront qu’une vie éphémère alors que d’autres ensembles
S. Benbabaali. AL- ANDALUS : CHRONOLOGIE
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allaient se constituer en principautés solides politiquement et militairement. Ce sera le cas des
royaumes abbadide à Séville, aftaside à Badajoz, ziride à Grenade, nunide à Tolède et hûdide
à Saragosse. En dépit des troubles politiques, la prospérité se maintenait ; l’art et la littérature
sont florissants du fait de la rivalité des gouverneurs locaux.
En 1085, c’est la chute de Tolède : quelques chefs musulmans conscients de la menace
chrétienne firent appel aux Almoravides. La même année, Yûsuf b. Tashfîn traverse le
Détroit. Il est reçu à Algésiras par les rois andalous à la tête desquels se trouvait Ibn Abbad.
Le 26 oct. 1087 (15 rajab 479) : bataille de Zallâqa et défaite d’Alphonse VI. C’est le début
de l’hégémonie almoravide qui met fin aux royaumes des tawâ’ifs .
Royaume de Séville : les Banû ‘Abbâd.
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Muhammad b. Ismâ‘îl, le cadi…………………… (/1023-1042)
‘Abbâd b. Muhammad, al-Mu‘tadid………………. (1042-1069)
Muhammad b.‘Abbâd , al-Mu‘tamid…………….…(1069-1091)
al-Mu‘tamid est détrôné par les Almoravides.
Royaume de Cordoue : les Banû Djawhar
 Djawhar b. Muhammad b. Djawhar ………………. (1031-1043)
 Muhammad b. Djawhar ………………………….… (1043-1064)
 ‘Abd al-Malik et ‘Abd al-Rahmân fils
de Muhammad…………………………….………..jusque vers 1070
Cordoue est annexée au royaume de Séville.
Royaume de Badajoz : les Banû al-Aftas
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‘Abd Allâh b. Muhammad b. Maslama, al-Mansûr …(1022-1045)
Muhammad b. ‘Abd Allâh , al-Muzaffar ……………. (1045-1063)
Yahyâ b. Muhammad, al-Mansûr……………………..(1063-1067)
‘Umar b. Muhammad, al-Mutawakkil……….………. (1067-1094)
Royaume de Silves: les Banû Muzayn.
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‘Isâ b.Abî Bakr, al-Muzaffar………………………… (1048-1054)
Muhammad b. ‘Isâ, al-Nâsir ……………………...… (1054-1058)
‘Isâ b. Muhammad, al-Muzaffar ……………………..(1058-1063)
Silves est annexée au royaume de Séville.
Royaume de Niebla : les Banû Yahyâ.
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Ahmad b.Yahyâ al-Yahsûbî, Tâdj al-Dîn…………… (1023-1041)
Muhammad b.Yahyâ ‘Izz al-Dîn …………………… (1041-1051)
Fath b. Khalaf b.Yahyâ, Nâsir al-Dîn ……………….(1051-1053)
Niebla est annexée au royaume de Séville.
Royaume de Santa-Maria d’Algarve : les Banû Hârûn.
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Sa‘îd b. Hârûn, al-Muzaffar………………………… (1026-1041)
Muhammad b. Sa‘îd, al-Mu‘tasim ….……………… (1041-1052)
Santa-Maria d’Algarve est annexée au royaume de Séville.
Royaume de Mertola : Ibn Tayfûr
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Ibn Tayfûr …………………………………….….…jusqu’en 1044
Mertola est annexée au royaume de Séville.
VII. LES ALMORAVIDES (1091-1145).
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S. Benbabaali. AL- ANDALUS : CHRONOLOGIE
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Yûsuf Ibn Tashfîn ………………479/1086(Zallâqa)-500/1106
‘Alî b. Yûsuf :……………………………… 500/1106-537/1143
Tashfîn Ibn ‘Alî …………………….……. 537/1143-539/1145
VIII. LES ALMOHADES (1145-1224).
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‘Abd al-Mu’min …………………………….514/1145-559/1163
Abû Ya‘qûb Yûsuf…………………………559/1163-581/1184
Abû Yûsuf Ya‘qûb, al-Mansûr ……………581/1184-596/1199
Muhammad al-Nâsir …………………..…. 596/1199-612/1214
Yûsuf al-Mustansir ………………………….612/1214-622/1224
Après 1223, les Almohades sombrent dans des querelles dynastiques et quittent l’Espagne.
Progression des troupes chrétiennes :
1236 : prise de Cordoue,
1248 : prise de Séville.
Un seul État demeure, celui du royaume de Grenade gouverné par la dynastie nasride qui
favorisa l’éclosion d’une brillante littérature et édifia les Palais de l’Alhambra. Ce royaume,
grâce à une habile politique d’alliances avec les chrétiens et les royaumes maghrébins se
maintient jusqu’en 1492. Après la chute de grenade, le royaume nasride fut incorporé à la
Castille et à l’Aragon.
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