Leos Janacek (1854-1928) Né à Hukvaldy, le 3 juillet 1854 ; mort à Ostrava, le 12 août 1928. Natif du pays des Lachs au pied des montagnes des Beskydes, fils et petit-fils d’instituteurs, il est d’abord pensionnaire, à Brno, au Couvent des Augustins, puis élève de l’Ecole Normale, Toujours à Brno, ce qui lui permet d’être instituteur. Il tente de se former comme organiste et comme compositeur, d’abord au Conservatoire de Leipzig (avec Grill), puis à Vienne (avec Krenn). Il enseigne de 1872 à 1904. En 1881, il fonde sa propre école d’orgue à Brno, qu’il dirige jusqu’en 1919. Dès 1886, il recueille, avec un collègue du Collège, Frantisek Bartos, les chansons populaires moraves. Pendant un quart de siècle, il mène une vie d’instituteur, progressiste et cabochard, replié sur sa ville de Bnro. Après avoir écrit quelques ouvrages dans la lignée romantique et nationaliste de Dvorak et Smetana, il commence à se singulariser par son écriture chorale, fondée sur le folklore authentique de son terroir. A partir de 1890, il cherche sa voie dans le domaine de l’opéra, produisant, de Début de roman à De la Maison des morts, une série de neuf opéras qui font de lui un maître du genre, original tant par l’utilisation de la langue tchèque, parfois du dialecte morave, que par le réalisme, l’image de la vie que proposent ses chef-d’œuvres successifs : Jenufa, drame de la jalousie, Katya Kabanova, drame sordide de l’infanticide, ou encore la vision naturaliste de la Petite Renarde rusée. Son inspiration est fréquemment russe, de Tolstoï à Dostoievski. Après le triomphe de Jenufa lors de sa reprise du 26 mai 1916, Janacek devient un compositeur " moderne ", enfin reconnu, qui va accumuler les chefs-d’œuvre dans les douze dernières années de sa vie. Si une part importante de son apport est celle de la musique chorale (de Orani en 1873 au Fou errant en 1922), Janacek a su modeler toutes les formes d’expression musicales sur un mode de communication qui lui est propre. En musique de chambre, après quelques essais datant de sa période d’apprentissage (18751880), il écrit sa première oeuvre achevée et significative en 1910 avec le Conte (pour violoncelle et piano), et modifie à sa manière la forme du quatuor à cordes en composant son 1er Quatuor d’après la Sonate à Kreutzer de Tolstoï en 1923. En 1922, il avait remanié sa Sonate pour violon et piano, terminée en 1913. En 1924, il écrit un sextuor à vents, Jeunesse, d’une irrésistible vitalité, qui illustre déjà deux facettes de sa personnalité : optimiste, provocatrice dans le Concertino pour piano et sextuor (1925) ; d’humeur sombre, mêlant violence, défi, obsessions dans le Capriccio pour piano et sept instruments (1926). Son 2e Quatuor, sous-titré " Lettres intimes ", est l’une des partitions pour quatuor à cordes les plus originales du siècle, et forme un véritable journal où les sentiments se mêlent directement à la construction dramatique. Janacek a réussi le tour de force de transformer l’une des formes les plus pures de la musique en une expression directe de la vie, de la passion la plus profonde et la plus exaltée.