Fiche de Lecture

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FICHE DE LECTURE
Alain Touraine
Qu’est-ce que la démocratie ?
I.
L’auteur
Né en 1925 à Hermanville-sur-mer (Calvados) , Alain Touraine intègre en 1945 l'École Normale Supérieure , puis devient
agrégé d'histoire en 1950. Il est ensuite nommé successivement Attaché, puis Chargé de recherches au CNRS jusqu'en 1958 année
durant laquelle il fonde le Laboratoire de Sociologie Industrielle. En 1956, il crée le Centre de Recherche de Sociologie du Travail
de l'Université du Chili. En 1960, il est nommé Directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études (devenue depuis l'École
des Hautes Etudes en Sciences Sociales) et devient en 1965 Docteur ès lettres .De 1966 à 1969, il enseigne à la Faculté des Lettres
de Paris-Nanterre. puis en 1970 le Centre d'Etudes des Mouvements Sociaux. Il fonde finalement en 1981 le Centre d'Analyse et
d'Intervention Sociologiques, qu'il dirige de 1981 à 1993.
Membre de diverses associations sociologiques, Alain Touraine a notamment été Président de la Société Française de
Sociologie, de 1968 à 1970, et Vice-Président de l'Association Internationale de Sociologie, de 1974 à 1978. Il a été, par ailleurs,
membre du Haut Conseil à l'Intégration (1994-96). Il est membre du Conseil d'Administration de la Maison d'Amérique Latine et
de l'École Normale Supérieure, membre honoraire étranger de l'Académie Américaine des Arts et Sciences et de l'Académie
Polonaise des Sciences, Membre de l'Academia Europeae
Alain Touraine est également docteur honoris causa des universités de Cochabamba (1984), Genève (1988), Montréal
(1990), Louvain-la-Neuve (1992), La Paz (1995), Bologne (1995), Mexico (1996), Santiago (1996), Québec (1997), Córdoba
(Argentine, 2000).
Les travaux d’Alain Touraine concernent en premier lieu la sociologie du travail, avec l’Evolution du travail aux usines
Renault, 1955 , puis s’orientent autour d’une reflexion plus vaste sur le passage de la société à l’ère post-industrielle avec
Sociologie de l’action (1965) et La société post-industrielle (1969)
A partir de 1974, Alain Touraine s’intéresse plus particulièrement aux mouvements sociaux. Dans Qu’est-ce que la
démocratie, l’auteur s’interroge sur la transition de la modernité à la post-modernité et sur la crise démocratique dans ce contexte.
II.
L’œuvre
« Quel contenu positif pouvons-nous donner à une idée démocratique qui ne peut pas être réduite à un ensemble de
garanties contre le pouvoir autoritaire ? Cette interrogation s’impose à la philosophie politique mais aussi à l’action la plus
concrète. […] Comment combiner l’unité de l’instrumentalité du marché et du monde technique et la fragmentation de l’univers
clos des identités culturelles ? Comment recomposer un monde qui se casse en morceaux ? Pouvons-nous concilier l’égalité des
droits et la diversité des convictions et des genres de vie ? De même que philosophie politique et philosophie morale sont
étroitement associées dans la pensée contemporaine, j’ai voulu montrer qu’un lien unissait la culture démocratique à l’idée de
sujet. » Alain Touraine
Pour Alain Touraine, la limitation du pouvoir de l’Etat au nom du respect des droits fondamentaux, la représentativité et la
citoyenneté sont les trois éléments essentiels constitutifs de la démocratie.
La défense des droits découle de la séparation des pouvoirs. L’Etat doit défendre l’unité nationale et territoriale, la société
civile doit élaborer l’unité à partir de la diversité culturelle et sociale. De ce fait, le rôle des acteurs sociaux est primordial et la
démocratie n’est alors que la médiation entre l’Etat et la société civile.
En ce qui concerne la représentativité, elle dépend à la fois de la correspondance entre la demande sociale et l’offre
politique et de la capacité d’organisation des catégories sociales. Si la représentativité implique le pluralisme elle ne doit
nullement se traduire par un règne des partis, par une partitocratie. Si la démocratie est renforcée par une contestation sociale
généralisée, il ne faut pas confondre intérêt du plus grand nombre avec la tyrannie de la majorité ou la dictature du prolétariat.
Définie comme le sentiment d’appartenir à une collectivité politique, la citoyenneté appelle l’intégration sociale, la
responsabilité des individus et le dépassement de sa condition appauvrissante de consommateur. Si des tentations
communautaristes ou nationalistes perdurent, la démocratie ne doit pas conduire à la disparition de l’individu.
Ces trois piliers de la démocratie selon Alain Touraine sont interdépendants.
En plus de ces derniers, l’auteur distingue dans son ouvrage trois types de régimes démocratiques : la démocratie libérale,
celle constitutionnaliste et celle conflictuelle, illustrées respectivement par l’exemple anglais, par les Etats-Unis et par l’exemple
français.
Qu’est-ce que la démocratie repose sur la « défense du sujet », sur sa personnalité, sur sa culture, contre la logique des
appareils et des marchés. Le sujet se construit comme acteur capable de modifier son environnement. Il se définit par rapport à la
résistance à la domination, l’amour de soi et la reconnaissance de l’autre. Ainsi, la démocratie est à la fois la reconnaissance des
sujets personnels et de la diversité de leurs actions.
Pour Alain Touraine, le sujet est créateur de la démocratie et participe au « ré enchantement du monde ». Pour se faire, il
instaurerait « une culture complémentaire en lieu et place d’une culture de rupture inspirée de l’époque révolutionnaire ».
Une reconstruction du monde en cinq étapes : composition d’un espace public libéré des contraintes économiques (sous
partie intitulée : espace public), protection de l’environnement (écologie et démocratie), éducation démocratique, intégration des
immigrés et reconnaissance de leur apport culturel (l’intégration démocratique) et élimination de tout principe central
d’unification de la société (l’Un disparu).
Pour sortir d’une dictature l’auteur détermine trois conditions, à savoir un Etat capable de décider, des dirigeants
économiques à la fois capables d’investir et d’entreprendre et des agents politiques favorables à la redistribution des revenus et à
la résorption des inégalités.
Ainsi, la démocratie est la reconnaissance de l’autre. Elle doit regarder de tous côtés et chercher à comprendre le sens des
expériences humaines les plus variées.
→ Parmi les très nombreux livres et publications de cet auteur on trouve également:
- Sociologie de l'Action, Seuil, 1965
- La conscience ouvrière, Seuil, 1966
- Le Mouvement de Mai ou le communisme utopique, Seuil, 1968
- La Société post-industrielle, Denoël-Gonthier, 1969
- Production de la Société, Seuil, 1973
- Pour la Sociologie, Seuil, 1974
- Un désir d'histoire, Stock, 1977
- La voix et le regard, Seuil, 1978
- Le Mouvement ouvrier (avec Michel Wieviorka et François Dubet), Fayard, 1984
- Le Retour de l'Acteur, Fayard, 1984
- La Parole et le Sang (sur l'Amérique Latine), O. Jacob, 1988
- Critique de la Modernité, Fayard, 1992
- Qu'est-ce que la démocratie ?, Fayard,1994
- Pourrons-nous vivre ensemble ? Egaux et différents, Fayard, 1997
- Comment sortir du libéralisme ?, Fayard, 1999
- La recherche de soi. Dialogue sur le Sujet (avec Farhad Khosrokhavar), Fayard, 2000.
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