Prix Nobel d’Economie 2009 Elinor Ostrom et Oliver Williamson Ont été récompensés pour leurs travaux sur "La gouvernance économique" Le comité Nobel a pour la première fois décerné le prix Nobel d’Economie à une femme : Elinor Ostrom : de l’université d’Indiana qui partage le prix 2009 avec Oliver Williamson, professeur à l’Université californienne de Berkeley. Oliver Williamson dont les travaux ont montré que “les marchés et organisations hiérarchiques, à l’image des entreprises ont des structures de gouvernance alternatives qui diffèrent dans leur façon de résoudre les conflits d’intérêt”. Biographies Oliver Eaton Williamson, né le 27 septembre 1932, est un économiste américain connu pour son travail réalisé sur la théorie des coûts de transaction. Williamson reçut son Bachelor of Science de la MIT Sloan School of Management en 1955, son MBA de l'université Stanford en 1960 et son Ph.D. de l'université Carnegie Mellon en 1 1963. Il a tenu des chaires dans l'administration d'affaires, l'économie et le droit à l'université de Californie (Berkeley). Il reçoit avec Elinor Ostrom le Prix de la Banque de Suède en sciences économiques en mémoire d'Alfred Nobel le 12 octobre 2009 « pour leurs travaux sur la gouvernance économique » La théorie des coûts de transaction (TCT) Le point de départ de Williamson et de la TCT est de postuler que toute transaction économique engendre des coûts préalables à leur réalisation : coûts liés à la recherche d'informations, aux "défaillances" du marché, à la prévention de l'opportunisme des autres agents etc. Ainsi, certaines transactions se déroulant sur le marché peuvent engendrer des coûts de transaction très importants. Dès lors, les agents économiques peuvent être amenés à rechercher des arrangements institutionnels alternatifs permettant de minimiser ces coûts. A l'opposé du marché, Williamson distingue ainsi à la suite de Coase la "hiérarchie" qui correspond en fait à l'entreprise. Entre le marché et l'entreprise, de nombreuses formes "hybrides" peuvent être identifiées (sous-traitance, concession, réseau etc.). Ouvrages Williamson O.E., Markets and Hierarchies : Analysis and Antitrust Implications, Free Press, 1975 Williamson O.E., The Economic Institutions of Capitalism, Free Press, 1985, trad. française : Les institutions de l’économie, Inter-éditions, 1994 Articles Williamson O. E., « Managerial Discretion and Business Behaviour », American Economic Review, 1963 Williamson O. E., « Hierarchical Control and Optimum Firm Size », Journal of Political Economy, n° 75, vol. 2, 1967 Williamson O. E., « The Modern Corporation : Origins, Evolution, Attributes », Journal of Economic Literature, vol. 19, décembre 1981 Williamson O. E., « The New institutional Economics », Journal of Economic Literature, vol. 38, 2000 2 Elinor Ostrom Elinor Ostrom est la première femme à recevoir le prix Nobel d'Economie depuis sa création en 1969. Première femme couronnée par un Nobel d'économie Elinor Ostrom est née à Los Angeles en 1933, à l'aube de la guerre mondiale, dans une région où l'eau était une denrée rare. Et c'est enfant, dans le jardin potager familial, qu'elle a découvert la gestion des ressources naturelles. Sa mère avait alors un "Victory garden" explique-t-elle, un jardin qui était cultivé pendant la guerre pour alimenter les troupes alliées sur le front. "J'ai alors tout appris sur la culture des légumes et comment les conserver dans des boîtes", dit-elle. Cette expérience lui a aussi révélé un autre enseignement: la plupart des gens, confrontés à un problème de ressources, sont capables de coopérer et d'agir pour le bien commun. Elinor Ostrom avait un autre combat à mener dans sa scolarité: elle était atteinte par un fort bégaiement. Son professeur l'intégra alors dans un groupe qui déclamait des poésies, et après quelques moqueries de ses camarades, elle surmonta ce handicap. Au point qu'elle prit goût aux débats, comme quand elle dénonçait les extrémismes du sénateur McCarthy, soutenu par sa mère. Diplômée en sciences politiques par l'Université de Californie, Ostrom entre en 1965 comme chercheur à l'Université d'Indiana où elle rejoint son mari Vincent Ostrom. 3 Une étude sur l'organisation de la police d'Indianapolis lui est aussitôt confiée. Elle prend alors le contre-pied de l'administration de la police, qui pensait qu'en centralisant les commissariats de la ville elle réaliserait des économies. Elle balaye ces idées reçues expliquant que les économies d'échelle n'en sont pas toujours. "Pour patrouiller, dit-elle, si vous ne connaissez pas le voisinage, vous ne pouvez pas déceler les signes précurseurs d'un problème, et si vous avez cinq ou six couches de superviseurs, le chef de la police ne sait pas ce qui se passe dans la rue", explique-t-elle. C'est aussi l'efficacité économique, au sein des entreprises, qui a guidé les recherches d'Oliver Williamson, avec la théorie des organisations et le coût des transactions. 4