Afrik Eco lundi 13 mai : intégration régionale

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Afrique/ Economie/Intégration régionale
Intégration régionale en Afrique : Comment faciliter les échanges
(MFI/21.05.2013) Comment travailler ensemble pour un développement
régional ? On le sait, les perspectives économiques de l'Afrique sont positives.
Avec des taux de croissance dépassant les 5 % annuels depuis une décennie, le
continent est devenu séduisant pour les investisseurs internationaux. Mais on
pourrait faire encore mieux, ont expliqué des experts lors du forum économique
sur l'Afrique, la semaine dernière, au Cap. Notamment en promouvant une
meilleure intégration des économies de la région. Reportage.
L'Afrique est la zone géographique la moins intégrée au monde : seuls 12 % des
échanges viennent du commerce entre voisins Africains, contre deux fois plus en Asie,
et 65 % dans l'Union européenne. Selon Lynette Chen, la présidente du forum des
hommes d'affaires du Nepad, « il y aurait beaucoup d'avantages à penser en termes de
coopération internationale, surtout en cette période de croissance ».
Beaucoup de minéraux ont été découverts au Mozambique, mais les capacités pour la
transformation de ces matières premières se trouvent dans les pays voisins, en Afrique
du Sud ou au Botswana : « Vous n'avez donc pas besoin de construire des usines très
chères dans chaque pays », poursuit-elle.
Abuja et Pretoria ont engagé le dialogue
Travailler ensemble pour un développement régional permettra de faciliter les
échanges. D'où l'importance des infrastructures reliant les pays, comme avec la
construction d'une nouvelle route reliant Burundi et Rwanda, explique Mthuli Ncube,
économiste en chef à la banque africaine de développement. « A partir du moment où
la route est arrivée, tout a changé. Avant, les Burundais et les Rwandais mettaient
deux heures pour traverser la frontière. Aujourd'hui, ça prend un quart d'heure ! Je
l'ai essayé moi-même ! »
Il n'y a pas que les infrastructures qui entravent la coopération régionale : « régulations
poussives et obstacles politiques font obstacle à la formalisation des échanges »,
explique Philipps Oduoza, président de l’UBA, la plus grosse banque nigériane, qui
prend l'exemple du commerce entre son pays et le Bénin. « Les échanges
véritablement documentés représentent peut-être 10 % de tout le commerce, peut-être
moins. Les gens échangent leurs nairas nigérians pour la monnaie béninoise, ils font
venir leurs marchandises et vice versa. Toute l'idée de l'intégration régionale, c'est de
canaliser ce commerce informel, le faire grossir, et l'amener au sein de l'économie
formelle », affirme-t-il.
Mais pour cela, explique-t-il, il faut une volonté politique forte. Il applaudit donc les
accords de coopération signés la semaine dernière entre le Nigeria et l'Afrique du Sud :
« C'était un moment-clé, estime-t-il. Au moins, maintenant, on peut se dire la vérité.
Tant que l'on ne collabore pas, chacun d'entre nous va continuer à en souffrir. »
Abuja et Pretoria ont donc engagé le dialogue, assouplissant par exemple les
conditions d'obtention des visas et promettant une meilleure coopération financière.
Un petit pas, certes, mais un pas notable, du fait du poids combiné des deux géants
régionaux qui, de par la taille de leurs économies, se doivent de tracer la voie.
MFI/Avec Solenn Honorine, correspondante de RFI au Cap
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