I – Le miracle économique basque :

publicité
institut
France
Euskadi
Dossier de presse
Juin 2006
Ces régions qui vont sauver
l’industrie européenne
L’exemple
du Pays Basque espagnol
(Euskadi)
Contact presse
Xavière Bourbonnaud
Tél 01 45 80 28 10 / 06 67 05 75 79
[email protected]
Sommaire
I - Le miracle économique basque des années 90 : la grande reconversion industrielle
A) La gestion de la crise économique
La place prépondérante de l’industrie
La double épreuve des années 1980
La reconversion industrielle réussie
p.4
p.5
B) La nouvelle industrie basque
p.8
Le moteur de l’économie régionale
La machine-outil, troisième de l’Union européenne
L’industrie automobile en pleine croissance
Une industrie aéronautique créée ex nihilo
II – Le défi d’aujourd’hui : rester une des dix plus grandes régions industrielles d’Europe
A) Les poids lourds régionaux de l’industrie européenne
Les dix régions industrialisées les plus dynamiques
La liste qui bouscule quelques idées reçues
L’équilibre nord-sud inattendu
Des résultats confirmés par les derniers chiffres Eurostat
B) Des régions qui cachent des points communs
Le faux problème de la taille
La question de l’atout frontalier
Des secteurs porteurs
Des taux de chômage parmi les plus bas d’Europe
III – Le plan pour demain : Euskadi 2015
p.12
p.13
p.15
p.20
A) Le développement de l’innovation
p.22
Un rattrapage spectaculaire
Des efforts à poursuivre
Se rapprocher le plus possible de l’agenda de Lisbonne
B) Le renforcement de l’internationalisation
p.26
Une région ouverte
Des marges de progression importantes
Favoriser la croissance et la coopération des PME
IV – Une constante : la priorité donnée aux PME
p.29
A) Les clusters
p.30
L’instrument clé de la compétitivité des régions
Des politiques de clusters plus ou moins structurées
L’exemple de la Haute-Autriche
L’exemple d’Euskadi
B) Les agences régionales de développement
p.35
L’outil de gouvernance de toutes les régions performantes
Des compétences plus ou moins étendues
La SPRI, bras armé de la politique industrielle basque
Conclusion
p.39
Annexes
p.40
- Les régions industrielles les plus dynamiques d’Europe : fiches signalétiques
- Extraits des déclarations du Président du Gouvernement basque et du Ministre de l’industrie à
l’occasion du lancement d’Euskadi 2015
2
La communauté autonome du Pays Basque espagnol (Euskadi)
Présentation
Le Pays Basque espagnol est l’une des 17 régions ou « Communautés autonomes » de
l’Etat espagnol.
Situé au nord de l’Espagne, sur le versant ouest des Pyrénées et le long du Golfe de
Gascogne, ce territoire regroupe 2,1 millions d’habitants au sein de trois territoires
historiques : la Biscaye, l’Alava et la Guipuzcoa. La capitale administrative d’Euskadi est
Vitoria ; la principale agglomération est celle de Bilbao (1 million d’habitants).
Depuis 1979, le système institutionnel dit « d’autogouvernement » du Pays Basque espagnol
s’organise autour d’organes communs (un parlement et un gouvernement) et d’organes
propres à chacune des trois provinces.
Par rapport aux autres Communautés autonomes espagnoles, les compétences propres du
Pays Basque sont particulièrement larges en matière de politique économique. Elles lui
permettent de légiférer dans des domaines aussi étendus que l’industrie, le commerce, les
transports, les équipements publics, le tourisme…
Pour exercer ces compétences, Euskadi détermine, perçoit et gère librement la totalité des
impôts auxquels sont assujettis les Basques espagnols et les sociétés implantées sur son
territoire.
Cette autonomie financière est issue de l’Accord Economique (Concierto Económico) signé
avec l’Espagne en 1981 qui scelle des relations fiscales d’ordre quasi-confédéral entre le
Pays Basque espagnol et le gouvernement central.
Seule obligation en contrepartie : le Pays Basque est tenu de financer sa quote-part des
charges générales de l’Etat espagnol (pour l’essentiel : la défense et la représentation
diplomatique). Aujourd’hui, cette contribution représente environ 8 % des ressources
financières de la région.
L'Institut France-Euskadi (IFE)
Créé à Paris en 1997 et signataire d'une convention avec la Communauté Autonome du
Pays Basque, l'Institut France-Euskadi (IFE) est une association dont l'objectif est de faire
connaître le Pays Basque et de favoriser la coopération économique entre le Pays Basque
espagnol et la France.
L'Institut France-Euskadi est présidé par Jean-Philippe Larramendy.
3
Introduction
Après avoir surmonté une crise économique sans précédent dans les années 80, le Pays
Basque espagnol fait aujourd’hui partie des dix régions à la fois les plus industrielles et les
plus prospères d’Europe, aux côtés notamment de la Lombardie et du Bade-Wurtemberg.
Face au nouveau défi que constitue la montée en puissance de l’industrie chinoise et
indienne, la région s’est fixée pour objectif de maintenir sa position dans le peloton de tête
des grandes régions industrielles d’Europe en faisant de l’internationalisation et de
l’innovation ses deux priorités dans le cadre de sa stratégie de compétitivité « Euskadi
2015 ». Comme l’a exprimé la ministre du Gouvernement basque pour l’industrie : « notre
volonté de conserver à notre région une vocation industrielle reste intacte. Notre objectif est
clair : Euskadi est une grande région industrielle d’Europe et entend le rester ».
Comme les autres grandes régions industrielles européennes, le Pays Basque est convaincu
du rôle moteur que l’industrie doit continuer à jouer dans l’économie. Plus encore, à une
époque marquée par l’affaiblissement des politiques économiques nationales, ces régions
mobilisent des ressources importantes et des outils spécifiquement adaptés à l’échelon local
pour mettre en œuvre leurs stratégies industrielles.
C’est particulièrement vrai en Euskadi où ce volontarisme s’exprime à travers des outils tels
que les clusters ou l’agence régionale de développement.
L’exemple du Pays Basque espagnol illustre parfaitement la tendance actuelle caractérisée
par une concentration territoriale des PMI autour de centres de formation et de recherche, la
montée en puissance des pouvoirs économiques régionaux et des politiques économiques
très innovantes.
4
I – Le miracle économique basque :
la grande reconversion industrielle
des années 90
Territoire sinistré par la crise industrielle pendant les années 80, le Pays Basque espagnol
est devenu en moins de quinze ans une des régions les plus dynamiques d’Europe. Ce
« miracle économique basque » est notamment le fruit de la politique industrielle menée par
la région qui a permis non seulement de sauver l’industrie traditionnelle mais de la rendre
moderne et très compétitive.
Comme l’a expliqué Ana Agirre, Ministre du Gouvernement basque pour l’industrie à
l’occasion de l’élaboration de la stratégie de compétitivité « Euskadi 2015 », le Pays Basque
espagnol a refusé « le caractère inéluctable de ce que l’on avait coutume d’appeler l’ère post
industrielle et fait le choix de reconvertir ses industries traditionnelles. Avec une conviction
simple qui a guidé la région tout au long des années 90 : il n’existe pas d’industrie obsolète
mais seulement des entreprises obsolètes. »
Une politique qui a porté ses fruits puisque l’industrie est aujourd’hui le principal moteur du
développement économique du Pays Basque espagnol.
5
A) La gestion de la crise économique
La crise des années 80 a laissé des traces dans de nombreuses régions industrielles
d’Europe qui, selon les cas, ont décidé de liquider leur industrie ou n’ont jamais réussi à
retrouver la voie de la compétitivité et du dynamisme. Quelques régions ont réussi à
surmonter la crise en faisant le choix de l’industrie. C’est le cas du Pays Basque espagnol,
où le tissu industriel a pu être reconverti et diversifié grâce à une politique volontariste
originale orchestrée autour de clusters.
La place prépondérante de l’industrie
Le dynamisme industriel du Pays Basque espagnol a véritablement commencé au milieu du
XIXème siècle : à cette époque, l’exploitation des nombreux gisements miniers permet à la
région de développer une industrie du fer et de l’acier. Rapidement, une industrie moderne et
à grande échelle se met en place. Entre 1861 et 1898, la production de minerai de fer est
multipliée par 100. En 1880, Euskadi s’impose comme la première région productive
d’Espagne.
Parallèlement, la modernisation du port de Bilbao et la construction de liaisons routières
avec les principales mines ouvrent la voie au commerce international. Dès les années 1860,
une loi sur la libéralisation du commerce permet à la région de vendre librement son fer en
Espagne. Un autre texte, autorisant l’ouverture de l’industrie basque aux capitaux étrangers,
permet la création de nombreuses sociétés regroupant des entrepreneurs basques et des
investisseurs britanniques et américains. Des liens commerciaux particulièrement forts se
nouent avec la Grande-Bretagne, qui importe alors 70% de la production de fer basque.
Pour faciliter ce commerce extérieur et gérer les flux de capitaux internationaux, la Banque
de Bilbao est créée en 1857 ; elle fusionnera en 1988 avec la Banque de Biscaye. Cette
période voit aussi la naissance de deux institutions majeures pour l’essor de l’industrie : la
Bourse de Bilbao et la Chambre de commerce, d’industrie et de navigation de Bilbao, la
première chambre consulaire d’Espagne.
Au début du XXème siècle, de nouvelles industries se développent et prospèrent – papier,
chimie, machines-outils, bien d’équipement – jusqu’en 1936, où éclate la guerre civile.
L’opposition aux troupes franquistes puis la dictature plongent la région dans une crise
politique mais aussi économique. La main d’oeuvre qualifiée s’exile, la production diminue
6
fortement en raison de l’embargo visant l’Espagne. Au début des années 1970, l’industrie,
sur laquelle repose l’ensemble de l’économie basque, est très fragilisée.
La double épreuve des années 1980
En 1975, Franco meurt : quarante années de dictature prennent fin. L’Espagne sort de son
isolement politique et économique et se trouve simultanément confrontée à la crise
énergétique et sidérurgique mondiale et à la concurrence internationale.
Le Pays Basque espagnol subit de plein fouet ces deux épreuves, à plus forte raison à partir
de l’adhésion de l’Espagne à la CEE en 1986. Ces bouleversements successifs vont
aggraver le marasme économique dans lequel se trouve la région depuis plusieurs années.
En 1980, le taux de croissance du PIB est négatif. Les faillites en cascade accusent du
démantèlement l’industrie basque. Entre 1975 et 1986, 150 000 postes sont supprimés dans
le seul secteur de l’industrie, ce qui représenterait l’équivalent en France de 4,5 millions
d’emplois en moins de dix ans. Tout au long de cette décennie, le taux de chômage oscille
autour de 20%.
La reconversion industrielle réussie
En 1991, face à la situation économique dramatique, le gouvernement basque fait le choix
de sauver son industrie traditionnelle. Le pari est osé à un moment où partout en Europe, y
compris dans le reste de l’Espagne, le secteur de l’acier est sinistré. Rappelons qu’en
France, à cette période, la sidérurgie est l’une des branches les plus touchées par les
délocalisations, avec la construction navale et le textile. Entre 1974 et 1990, l’industrie
sidérurgique française a ainsi vu son effectif passer de 160 000 à 60 000 salariés.
Malgré ce contexte, le Gouvernement basque reste
convaincu que l’industrie de l’acier a la capacité de devenir
un pilier du redressement industriel et économique.
Au moment où la France
ferme sa sidérurgie,
le Pays basque fait appel à un
professeur de Harvard pour
moderniser son industrie
Pour y parvenir, le Gouvernement décide de faire appel aux services d’un consultant
américain spécialisé en stratégie d’entreprise. La mission confiée à Michael Porter,
Professeur à Harvard Business School, est d’élaborer une stratégie de compétitivité globale
à long terme pour le Pays Basque espagnol, à l’image d’un business model conçu pour une
entreprise.
7
La stratégie préconisée par M. Porter consiste à moderniser et à internationaliser l’industrie
basque grâce à la création et à la systématisation d’un outil pivot : les « clusters »1. Neuf
secteurs industriels sont identifiés conjointement avec le Gouvernement basque pour être
organisés en clusters et c’est sur l’industrie sidérurgique que cette stratégie va être
prioritairement appliquée.
La stratégie élaborée et mise en œuvre de concert, au sein du cluster de l’acier, par les
pouvoirs publics et les entreprises, consiste à reconvertir entièrement le secteur en misant à
fond sur l’innovation. Elle se fonde sur la conviction exprimée par le ministre de l’industrie :
« il n’y a pas d’industrie obsolète, il n’y a que des entreprises obsolètes ».
Aujourd’hui, force est de constater que le pari est largement
gagné. L’industrie de l’acier figure parmi les fleurons de
l’économie basque. Elle représente 40% de la production
Une conviction :
il n’y a pas d’industrie
obsolète, seulement des
entreprises obsolètes
espagnole et 90 % pour les aciers spéciaux.
Cette reconversion des industries traditionnelles impulsée par les dirigeants basques au
cours des années 1990 a été menée parallèlement à une diversification du tissu industriel.
Cette double ambition a permis au Pays Basque de rester la référence de l’Espagne dans
des domaines traditionnels (sidérurgie, métallurgie, machine-outil…), tout en développant de
façon très importante des secteurs à plus haut contenu technologique.
Tirant parti de ses savoir-faire initiaux, Euskadi a pu acquérir en une dizaine d’années des
positions significatives dans les industries électrotechnique, aéronautique ou encore
automobile. La meilleure preuve de la réussite de cette stratégie de diversification peut être
observée dans les parts de marché actuelles de l’industrie basque au sein de l’industrie
espagnole : un tiers de la production de composants automobile, 40% de l’électronique
professionnel, 20% de l’aéronautique ou encore 40% de l’électroménager.
Les clusters, ou pôles de compétitivité, sont des réseaux d’entreprises spécialisées dans des industries de la même branche
ou complémentaires, d’organismes de recherche et de formation ainsi que d’institutions publiques situés sur un même territoire.
1
8
B) La nouvelle industrie basque
Grâce au succès de la politique menée à partir du début des années 90, non seulement la
tradition industrielle du Pays Basque espagnol a été maintenue, mais la région s’est imposée
comme une vraie puissance industrielle européenne avec notamment trois secteurs phares :
la machine-outil, l’automobile et l’aéronautique.
Le moteur de l’économie régionale
L’importance de l’industrie basque espagnole s’exprime d’abord en terme d’emploi : 37,9%
des actifs travaillent dans l’industrie, ce qui place le Pays Basque espagnol parmi les régions
les plus industrialisées d’Europe (voir tableau p.15). Rappelons que la moyenne européenne
est de 28,8% et la moyenne française de 25,4% seulement. Sur un plan national, avec
seulement 5% de la population espagnole, Euskadi contribue à hauteur de 9% à la
production industrielle totale du pays.
Autre indicateur : le poids du secteur industriel dans
l’économie basque espagnole. L’industrie contribue à
L’industrie basque fournit
38% des emplois et 32%
du PIB de la région
hauteur de 32% du PIB, un chiffre du même ordre que ceux
enregistrés par les autres grandes régions industrielles d’Europe, comme la Lombardie
(35%), le Bade-Wurtemberg (33%) ou encore la Bavière (30,3%). A l’inverse l’Alsace
apparaît en retrait, avec une industrie qui mobilise 35,2% de ses actifs mais qui contribue
seulement à un quart de son PIB.
Non seulement l’industrie pèse lourd dans l’économie basque, mais le secteur est très
dynamique. En 2005, le Pays Basque espagnol a connu une croissance soutenue : +3,7%,
soit deux points au-dessus de la moyenne européenne de 1,6%. Au cours de cette même
année, et en dépit d’un contexte européen dit de désindustrialisation, l’indice de production
industrielle a progressé de 4%.
La plupart des grands secteurs ont connu une augmentation de leur activité entre 2004 et
2005, dans des proportions toutefois inégales : l’énergie (+21,7%), les biens d’équipement
(+12,8%), les biens de consommation (+12,8%) et les biens intermédiaires (+5,1%).
9
Les derniers indicateurs de croissance enregistrés au Pays Basque sont très favorables :
+4,3% au premier trimestre 2006, contre une moyenne nationale de +3,5% et une moyenne
européenne de +2,2%.
La machine-outil, troisième de l’Union européenne après l’Allemagne et l’Italie
Menacée de disparaître il y a quinze ans, la machine-outil basque espagnole connaît une
renaissance spectaculaire. Fragilisée par 40 années de franquisme, laminée par une crise
sans précédent à la fin des années 80, la production basque de machines-outils est
aujourd’hui la troisième plus importante de l’Union européenne, après l’Allemagne et l’Italie.
La production basque représente à elle seule 80 % de la production espagnole de machinesoutils, 82 % des exportations nationales et mobilise 78 % de l’emploi total du secteur. Avec
2000 modèles différents, elle couvre l’intégralité des besoins technologiques et productifs
des clients.
Depuis plus de dix ans, le secteur de la machine-outil
basque espagnol exporte en moyenne 56 % de sa
production, en direction de 120 pays différents. Il faut
80% des machines-outils
espagnoles sont produites
au Pays Basque
souligner que ses deux premiers clients (l’Allemagne avec 21,7% des exportations et l’Italie
avec 12%) sont aussi deux leaders sur le marché européen de la machine-outil, dotés d’un
fort niveau d’innovation.
Le renouveau du secteur s’accompagne d’efforts particuliers en R&D (5% du chiffre
d’affaires annuel) et s’appuie sur un haut niveau technologique puisque 76% des
équipements sont dotés de modes de contrôles numériques avancés. Autant de
caractéristiques qui séduisent aujourd’hui des clients aussi exigeants que l’industrie
mondiale de l’automobile et de l’aéronautique.
50% de la production de machines-outils est ainsi destinée à l’industrie automobile, avec des
clients tels que BMW, Peugeot-Citroën, Daimler Chrysler, Ford, General Motors, Renault,
Nissan… En ce qui concerne l’industrie aéronautique, les clients du secteur basque de la
machine-outil sont Airbus, Boeing, General Electric…
10
L’industrie automobile en pleine croissance
La reconversion des industries traditionnelles impulsée par les dirigeants basques au cours
des années 1990 a été menée parallèlement à une diversification du tissu industriel vers des
secteurs à plus haut contenu technologique, au premier rang desquels l’automobile. Dans ce
domaine, les compétences développées par les entreprises basques concernent tout autant
la sous-traitance que les produits finis.
Aujourd’hui, 30% des composants automobiles espagnols sont produits au Pays Basque
espagnol. Le secteur est en pleine croissance en Euskadi, affichant en 2003 une
augmentation de 5,5% de son chiffre d’affaires. A l’image du tissu entrepreneurial local,
l’industrie des composants automobiles est constituée majoritairement par de petites et
moyennes entreprises : 68% d’entre elles comptent moins de 100 salariés.
A l’instar du dynamisme général des PME d’Euskadi à l’international, les entreprises du
secteur sont particulièrement performantes sur les marchés étrangers : 63 % de leur
production est destinée à l’export.
La performance de l’industrie automobile basque ne se limite pas à ses activités de soustraitance. Le Pays Basque compte deux sites de production et d’assemblage de produits
finis. L’usine implantée en 1980 par Mercedes-Benz (Daimler Chrysler) près de la capitale
administrative Vitoria emploie 3 500 personnes et produit 85 000 véhicules par an.
Parmi les entreprises basques espagnoles figure un fleuron de l’industrie automobile : le
constructeur de cars Irizar. Leader en Espagne avec 39 % des parts de marché, Irizar est,
en volume, le deuxième constructeur de cars en Europe. Créée au Pays Basque espagnol,
cette entreprise spécialisée dans la carrosserie et le montage d’autocars de luxe dispose
aujourd’hui d’une présence commerciale dans 65 pays et compte plus de 2 600 salariés.
Une industrie aéronautique créée ex nihilo
Totalement inexistante au début des années 90, l’industrie aéronautique basque est née de
son organisation en cluster. Aujourd’hui, ce pôle de compétitivité regroupe l’essentiel des
entreprises du secteur c’est-à-dire les trois leaders locaux (l’ingénierie Sener, le motoriste
ITP et l’équipementier Gamesa) et de nombreuses PME.
11
En une décennie, les résultats obtenus sont indiscutables. L’industrie aéronautique basque
représente aujourd’hui 20% de la production espagnole totale. Elle poursuit son
développement en dépit de la crise mondiale qui touche le secteur : en 2003, son chiffre
d’affaires a augmenté de 10% et l’emploi du secteur a connu la même progression.
Quant aux dépenses en R&D, elles ont augmenté de 90%
au cours de la même année, fruit de la politique
d’innovation favorisée par le cluster. Aujourd’hui le secteur
affiche un niveau d’innovation record : 21% du chiffre
L’aéronautique basque
réinvestit chaque année
21% de son chiffre
d’affaires dans l’innovation
d’affaires investi chaque année en R&D.
L’aéronautique basque a su mener des stratégies de développement international
ambitieuses. Aujourd’hui 82% du chiffre d’affaires du secteur est réalisé à l’exportation. Les
entreprises
basques
interviennent
dans
de
nombreux
projets
internationaux
de
l’aéronautique civile et de l’aérospatiale : élaboration de plusieurs familles d’Airbus, et
notamment l’A380, production de moteurs Boeing 777. Leurs compétences complémentaires
leur permettent d’intervenir à chaque étape du processus de production et s’illustrent
notamment dans le design, l’élaboration et la fabrication de composants et de moteurs.
12
II – Le défi d’aujourd’hui :
rester une des dix plus grandes
régions industrielles d’Europe
Comme le constate Ana Agirre, Ministre du Gouvernement basque pour l’industrie « on
assiste, en parallèle de la mondialisation, à une réorganisation de l’industrie mondiale au
sein des grands ensembles que sont l’ALENA, le Mercosur, l’Asean ou encore l’Union
européenne. Et, au sein de ces grands ensembles, à la montée en puissance de quelques
grandes régions industrielles ».
En Europe, le Pays Basque espagnol fait partie de celles-ci : la Communauté autonome a
conquis sa place parmi les toutes premières régions industrielles du continent, des territoires
très dynamiques qui mêlent à la fois un fort niveau d’industrialisation et un haut niveau de
richesse.
Aujourd’hui, face aux nouveaux défis de l’industrie européenne, l’ambition du Pays Basque
est claire : conserver sa place dans le peloton de tête des dix régions industrielles les plus
performantes du continent.
13
A) Les poids lourds régionaux de l’industrie européenne
Selon une idée largement répandue, le dynamisme des pays développés va de paire avec
l’avènement d’une économie de services. En Europe, c’est incontestablement vrai pour les
régions capitales. Mais il existe aussi des régions qui prouvent qu’une économie européenne
peut aujourd’hui concilier l’industrie, la productivité, les hauts revenus et l’emploi.
Les dix régions industrialisées les plus dynamiques
Aujourd’hui, le Pays Basque fait partie des dix régions dont le niveau d’industrialisation et le
niveau de richesse sont les plus élevés d’Europe. Dans ce peloton de tête, on trouve une
autre région espagnole, la Catalogne mais aussi la Bavière et le Bade-Wurtemberg en
Allemagne, l’Alsace en France, la Lombardie, le Piémont et l’Emilie-Romagne en Italie et
enfin deux régions autrichiennes : la Haute-Autriche et le Vorarlberg.
Bavière
Taux d’emploi industriel
(moy UE25=28,2%)
35,3%
PIB par habitant
(moy UE25=100)
126,2
Bade-Wurtemberg
39,9%
124,8
Pays Basque
37,9%
117,8
Catalogne
38,5%
113,3
Alsace
35,2%
113,6
Lombardie
40,1%
141,8
Piémont
38,1%
125
Emilie-Romagne
35,6%
136,3
Haute-Autriche
35,3%
115
Vorarlberg
40,4%
127,8
Région
Indicateurs : Taux d’emploi dans le secteur de l’industrie par rapport à l’emploi total ; parités de pouvoir d’achat
par habitant par rapport à la moyenne UE25=100. Année 2002. Source : Eurostat. Troisième rapport sur la
cohésion économique et sociale.
La liste qui bouscule quelques idées reçues
La liste des dix premières régions industrielles montre qu’aujourd’hui, en Europe, la
performance industrielle n’est pas l’apanage des grands pays membres, loin s’en faut.
Grand absent : le Royaume-Uni qui a bel et bien tourné la page de son histoire industrielle.
Le taux d’emploi industriel national y est même inférieur à la moyenne de l’Union
14
européenne (24,3% contre 28,2%). Seule la région des West Midlands affiche un taux
supérieur (30,9%) mais le niveau de richesse y est à peine plus élevé que la moyenne
européenne.
Autre grand pays européen, la France n’est pas absente
du classement. Mais elle ne parvient à maintenir sa place
que grâce aux résultats de l’Alsace qui s’impose comme
L’Alsace s’impose comme
la première région
industrielle française
une région prospère et fortement industrialisée (35,2%) par rapport à la moyenne française
(25,4%).
Contrairement à une idée reçue, Rhône-Alpes n’est donc pas le fer de lance français en
matière d’industrie. Si l’on observe les niveaux d’industrialisation, c’est la Franche-Comté qui
affiche – et de loin – le plus fort taux d’emploi industriel en France (38,5% contre une
moyenne nationale de 25,4%), immédiatement suivie par l’Alsace. Mais la Franche-Comté
n’a pas sa place dans le classement des régions industrielles les plus dynamiques en raison
de son niveau de richesse : son PIB par habitant (99,6) est non seulement très inférieur à la
moyenne française (112,9), mais il se situe en dessous de la moyenne européenne (100).
Autre résultat qui peut paraître surprenant : contrairement à sa réputation, la Catalogne n’est
pas la région la plus prospère d’Espagne. Son PIB par habitant est significativement inférieur
à celui enregistré par le Pays Basque. Les derniers chiffres de l’INE (équivalent espagnol de
l’INSEE) pour 2005 révèlent que cet écart s’est encore creusé : Euskadi est aujourd’hui la
deuxième région la plus riche d’Espagne, juste derrière la région capitale, la Communauté
de Madrid.
L’équilibre nord-sud inattendu
Autre surprise réservée par la composition de la liste des dix régions industrielles
performantes d’Europe : leur répartition géographique. Alors qu’on aurait pu s’attendre à une
certaine concentration au nord du continent, ces territoires sont répartis de manière plutôt
équilibrée : cinq en Europe du nord et cinq en Europe du sud.
Au sud, l’Espagne conserve comme on l’a vu sa vocation industrielle grâce au dynamisme
du Pays Basque et la Catalogne. Quant à l’Italie septentrionale, elle s’impose comme une
des premières puissances industrielles d’Europe en réunissant des champions comme la
Lombardie, le Piémont et l’Emilie-Romagne. C’est ainsi le seul pays d’Europe à rassembler
trois régions leaders en terme d’industrialisation et de richesse.
15
De même, alors qu’on aurait pu imaginer un positionnement vers l’est et les nouveaux
entrants de l’Union européenne, l’Europe de l’ouest apparaît encore clairement comme le
moteur de l’industrie européenne.
Des résultats confirmés par les derniers chiffres Eurostat
Eurostat, l’organisme statistique européen, vient de publier les derniers chiffres disponibles
concernant le PIB par habitant en Europe1. Ils confirment pour 2003 le classement établi ici
mais introduisent deux tendances.
L’Alsace enregistre la plus forte perte de vitesse avec un PIB par habitant qui baisse de
6,4% entre 2002 et 2003, signe que la seule région française figurant parmi les dix
champions industriels européens peine à conserver sa place.
A l’inverse, trois régions du classement confortent leur
position avec des fortes progressions de leur PIB par
PIB par habitant 2003 :
Euskadi est une des trois
régions qui progressent
habitant entre 2002 et 2003 : la Bavière (+2%), le Pays
Basque (+3%) et la Catalogne (+4,1%).
B) Des régions qui cachent des points communs
Dresser le portrait-type d’une des dix plus grandes régions industrielles d’Europe est un
exercice impossible, tant ces territoires sont divers. Pourtant, quelques traits communs
peuvent se retrouver parmi les régions les plus performantes : le positionnement frontalier, la
spécialisation sur certains secteurs et, surtout, des résultats records en terme d’emploi.
Le faux problème de la taille
Les dix régions d’Europe les plus industrielles et les plus dynamiques sont très disparates
sur un plan physique et sociodémographique, preuve que la superficie d’une région ou son
poids démographique est sans rapport avec sa performance industrielle ou économique.
Eurostat a publié le 18 mai 2006 le PIB/habitant des régions de l’UE25 pour l’année 2003. Les chiffres
concernant le taux d’emploi industriel ne sont disponibles que pour 2002.
1
16
Avec une population de près de 10 millions d’habitants et une superficie de plus de 30 000
km2, le Bade-Wurtemberg a des dimensions de l’ordre de celles de la Belgique. A l’opposé,
l’Alsace avec moins de 2 millions d’habitants, tout comme le Pays Basque espagnol avec 2,1
millions d’habitants concentrés sur seulement 7 200 km2, présentent une taille beaucoup
plus réduite comparable à celle de la Lettonie ou de la Slovénie.
Autre certitude : le fait d’être une région capitale n’a aucune incidence sur la performance
industrielle. Toutes les régions sélectionnées ici ont développé à la fois leur industrie et leur
dynamisme
économique
loin
des
capitales
administratives.
C’est
particulièrement
remarquable pour l’Alsace qui a su affirmer son dynamisme industriel dans un pays
européen très centralisé.
La question de l’atout frontalier
La position géographique présente un point commun qui pourrait constituer davantage
qu’une simple coïncidence. Les dix régions industrielles les plus performantes sont toutes
sans exception des régions frontalières, si on y inclut l’Emilie-Romagne et sa large façade
maritime sur la mer Adriatique.
Est-ce à dire que la situation frontalière favorise l’esprit d’ouverture, de compétition et donc
la performance économique ? Cette position stratégique pour les échanges commerciaux at-elle contribué au dynamisme de certaines régions, comme
l’Alsace ? On peut penser que la proximité d’autres
champions industriels favorise l’essor des régions en
observant le continuum territorial qui se dessine ainsi
5 des 10 champions
industriels partagent des
frontières au centre de
l’Europe
clairement autour de la Suisse, regroupant la moitié des
régions composant l’échantillon : l’Alsace, le Bade-Wurtemberg, la Bavière, la HauteAutriche et le Vorarlberg y partagent des frontières.
Mais ce facteur n’est à l’évidence pas suffisant. Pour ne citer qu’un exemple en France, la
région Aquitaine a un niveau d’industrialisation faible par rapport à son voisin basque (22,7%
contre 37,9%).
17
Des secteurs porteurs
Parmi les principaux secteurs des dix grandes régions industrielles d’Europe, plusieurs
recoupements peuvent être faits, dessinant ce que pourraient être les spécialisations de
l’Europe industrielle d’aujourd’hui.
Premier secteur commun aux dix régions de l’échantillon sans exception : l’automobile. Les
régions se répartissent naturellement les rôles de constructeurs et de sous-traitants mais les
grandes marques de l’automobile européenne s’y concentrent : Daimler-Chrysler et Porsche
dans le Bade-Wurtemberg, BMW en Bavière, Fiat dans le Piémont, Peugeot-PSA en
Alsace… Le Pays Basque espagnol accueille quant à lui à Vitoria une des principales unités
européennes de production de Mercedes, sans oublier le basque Irizar, deuxième
constructeur d’autocars en Europe.
A côté de l’automobile, les régions industrielles les plus
dynamiques ont toutes développé des compétences en
aéronautique ou en électrique/électronique. L’industrie
aéronautique est ainsi présente au Pays Basque espagnol,
en
Lombardie,
dans
le
Piémont
(spécialisé
L’automobile, l’aéronautique
et l’électrique/électronique :
les trois spécialités de
l’Europe industrielle
dans
l’aérospatial) et en Bavière. Les industries électriques et électroniques se retrouvent au Pays
Basque, en Alsace, en Lombardie, en Bavière.
Force est aussi de constater que la métallurgie est encore vivace en Europe : elle est figure
parmi les principaux secteurs du Pays Basque espagnol (90% des aciers spéciaux
espagnols y sont produits), de la Lombardie, de la Bavière et de la Haute-Autriche.
Précisions enfin que la Lombardie et l’Emilie Romagne affichent encore une forte
spécialisation en textile, même si la concurrence de la Chine cause à ces régions des
difficultés dans ce secteur.
Des taux de chômage parmi les plus bas d’Europe
A une époque où règne la peur des délocalisations, être une région industrielle en Europe
peut paraître incompatible, voire contradictoire, avec un haut niveau d’emploi.
Et pourtant. Les dix régions industrielles les plus performantes d’Europe se démarquent
toutes par des taux de chômage remarquablement bas. Chacune affiche un chiffre non
18
seulement inférieur à la moyenne européenne, mais très inférieur aux moyennes de leurs
pays respectifs.
Evolution des taux de chômage
1992
2003
Moyenne UE
8,9
9,2
Allemagne
6,3
9,9
2,7
5,8
Bavière
2,8
6,2
Espagne
17,5
11,5
Pays Basque
18,6
8,8
Catalogne
12,8
10
France
9,8
9,3
Alsace
5,4
7
Italie
11,21
8,7
Lombardie
6
3,6
Piémont
8,2
4,8
Emilie-Romagne
6,5
3
Autriche
nc
4,2
Haute-Autriche
nc
3,3
Vorarlberg
nc
4
BadeWurtemberg
Taux de chômage en % de la population active. Source : Eurostat
1 Italie : chiffres 1994.
Deux grands groupes se dessinent. Tout d’abord les régions du Sud de l’Europe, italiennes
et espagnoles, qui connaissent depuis dix ans une embellie constante du marché de l’emploi
(si l’on excepte la légère augmentation du chômage en Catalogne en 2003).
Parmi ces régions, c’est incontestablement le Pays Basque espagnol qui affiche les résultats
les plus spectaculaires quand on sait que la région avait connu des pics à 23% entre dans
les années 90. En 2002, le taux de chômage a
diminué de moitié par rapport à 1992. Les derniers
chiffres
disponibles
confirment
cette
tendance
puisqu’un plancher record a été atteint en 2005 avec
Au Pays Basque, le taux de
chômage a baissé de manière
spectaculaire, passant de 23%
en 1995 à 5,7% en 2005
un taux de chômage de 5,7%.
Des performances encore plus remarquables lorsqu’on les met en perspective avec le
marché de l’emploi espagnol. Rappelons que dans les années 80, le taux de chômage en
19
Espagne oscillait autour de 20%, voire 25%. Si le pays a réussi un rattrapage très important,
celui réalisé par le Pays Basque espagnol est exceptionnel : le taux de chômage de la région
connaît une baisse constante depuis 1995 et se situe depuis 2000 deux à trois points en
deçà de la moyenne espagnole.
En ce qui concerne les régions industrielles situées en Europe du nord, qu’il s’agisse de
l’Alsace ou des deux Länder allemands, elles affichent toujours des performances enviables
en matière d’emploi par rapport aux moyennes de leurs pays. Mais le taux de chômage y suit
les tendances nationales : il est en augmentation depuis 2001. Dans le Bade-Wurtemberg
par exemple, le taux de chômage a été multiplié par 2,37 depuis 1992. Il reste toutefois
encore très inférieur à la moyenne allemande.
20
III – Le plan pour demain :
« Euskadi 2015 »
Le choix du Pays Basque espagnol pour l’avenir est clair : maintenir sa position dans le
peloton de tête des dix premières régions industrielles d’Europe.
Pour y parvenir et affronter la concurrence internationale, la région a une réponse : le
renforcement des capacités d’innovation et d’internationalisation des PME. Ces deux
priorités guident l’ensemble de la stratégie de compétitivité bâtie par la région pour les
années à venir et intitulée « Euskadi 2015 ».
21
La méthode d’élaboration d’Euskadi 2015 :
la force du consensus
« Euskadi 2015 » est une initiative du gouvernement basque mais son élaboration est le fruit
d’une concertation entre l’ensemble des acteurs économiques et sociaux du Pays Basque
espagnol. Pendant un an, une centaine de personnes issues de l’administration, de
l’entreprise, de la recherche, de la politique ou encore de la société civile s’est réunie pour
aboutir à ce qui est aujourd’hui un diagnostic partagé et un projet commun de l’ensemble des
représentants de la société basque. Au final, leurs contributions ont dessiné le modèle de
compétitivité de la région pour les dix années à venir.
Pour chacune des 250 réunions de travail qui se sont tenues, les règles étaient identiques :
préparation minutieuse, absence de médiatisation et adoption de décisions définitives.
Les réunions ont commencé en 2004 à l’initiative du Ministère de l’industrie, du commerce et
du tourisme. Elles ont permis de définir les principaux enjeux de la région d’ici 2015 et
d’identifier les axes d’action qui pourront permettre d’y répondre. Une dernière étape a
consisté à présenter ces conclusions aux différentes administrations qui seront chargées de
les mettre en œuvre afin de s’assurer de leur efficience.
Euskadi 2015 fixe un cadre général qui sera décliné en cinq plans d’action quadriennaux :
- Plan Science, technologie et innovation
- Plan Euskadi société de l’information
- Plan Euskadi société entrepreneuriale
- Plan Compétitivité et commerce
- Plan Compétitivité et tourisme
Un premier plan opérationnel issu de cette concertation, intitulé « Plan Compétitivité
d’entreprise et Innovation sociale 2006-2009 », vient d’être lancé par le Gouvernement
basque. Il a été validé par les trois diputaciones (les exécutifs des trois provinces du Pays
Basque), les organisations patronales, les syndicats majoritaires, l’ensemble des clusters,
l’ensemble des partis politiques disposant d’une représentation au Parlement basque, les
Chambres de Commerce et des caisses d’épargne de la région (Kutxa, BBK et Vital).
22
A) Le développement de l’innovation
Accusant au début des années 90 un retard important dans le domaine de la R&D, Euskadi
a réalisé des progrès considérables. Pour poursuivre ces efforts et devenir l’une des régions
les plus innovantes d’Europe, le plan de compétitivité Euskadi 2015 a fixé des objectifs
précis très ambitieux.
Un rattrapage spectaculaire
Les efforts réalisés par Euskadi pour développer son innovation et les résultats obtenus sont
à bien des égards impressionnants. Le Pays Basque a ainsi multiplié par 23 ses
investissements en R&D au cours des 23 dernières années.
D’une recherche-développement quasi nulle en 1995, au
sortir de la crise économique, Euskadi a réussi en une
Euskadi a multiplié par 23
ses investissements en
R&D au cours des 23
dernières années
décennie non seulement à largement dépasser le niveau de
l’Espagne mais à se rapprocher de la moyenne européenne qui est aujourd’hui de 1,9% du
PIB.
1995
1998
2001
2003
2004
Euskadi
0,5%
1,14%
1,34%
1,48%
1,54%
Espagne
0,81%
0,89%
0,95%
1,03%
1,07%
Evolution du taux de R&D en % du PIB. Sources : OCDE, Eustat
Avec 1,54% de son PIB consacré à la recherche-développement en 2004, le Pays Basque
se situe aujourd’hui, à titre de comparaison internationale, entre l’Irlande (1,43%) et la
Norvège (1,7%).
Un chiffre qui place Euskadi au rang de troisième Communauté autonome la plus innovante
d’Espagne : largement au-dessus de la Catalogne qui, avec 1,1%, plafonne au niveau de la
moyenne espagnol et derrière la Communauté de Madrid (1,76%) qui, comme toutes les
régions capitales est dotée de nombreux sièges sociaux qui concentrent une grande partie
de la recherche du pays.
23
Ce rattrapage est d’autant plus remarquable que l’innovation est une compétence qui n’a pas
encore été transférée par Madrid, contrairement à ce que prévoit le statut d’autonomie. Le
Pays Basque espagnol est ainsi la seule Communauté autonome espagnole qui finance
seule sa R&D sur ses ressources propres, tout en continuant de verser à l’Etat espagnol une
contribution au financement de la politique nationale d’innovation.
Le premier atout d’Euskadi en matière d’innovation est incontestablement la vitalité de
l’investissement privé. Un point fort que l’on retrouve chez la plupart des grandes régions
industrielles d’Europe, à l’exception notable de l’Alsace où le secteur public reste un moteur
très important de la recherche.
Au Pays Basque, la recherche privée représente 77,6% de la R&D totale générée dans la
région. Un chiffre qui dépasse de très loin la moyenne européenne (65,2%) et qui place
Euskadi parmi les toutes premières régions d’Europe, loin devant la Catalogne par exemple,
qui affiche dix points de moins dans ce domaine. Le Pays Basque reste en revanche en
dessous des résultats records affichés par la Bavière et du Bade-Wurtemberg, où 80% de la
R&D est issue des entreprises.
Quant à l’Alsace, elle figure non seulement au bas du
classement
mais
très
en
deçà
de
la
moyenne
européenne avec seulement 50% de sa recherche issue
Au Pays Basque, les trois
quarts des investissement en
recherche sont privés
du secteur privé, suivant en cela une caractéristique très
française.
Des efforts à poursuivre
La première marge de progression d’Euskadi concerne son niveau d’investissement global
en recherche-développement.
Si la région innove davantage que la Catalogne et la Lombardie, elle accuse encore du
retard par rapport à d’autres grandes régions industrielles européennes comme le Piémont,
la Bavière ou encore le Bade-Wurtemberg.
24
EmilieRomagne
1%
Catalogne Lombardie Vorarlberg Euskadi
1,11%
Piémont
1,7%
HauteAutriche
1,71%
1,2%
1,34%
UE 25
Bavière
1,93%
3%
1,34%
Alsace
1,38%
BadeWürtemberg
3,9%
Taux de R&D en % du PIB. Source : Eurostat. Année 2001(sauf Italie et Autriche : 2002)
Mais la priorité d’Euskadi en matière d’innovation concerne sans doute le nombre de dépôts
de brevets par million d’habitants : dans ce domaine, le Pays Basque se situe en dessous de
la moyenne européenne et donc loin des autres régions leaders.
Ce mauvais résultat a des explications. Il trouve notamment son origine dans l’histoire
économique récente de la région et dans les spécificités du tissu industriel basque.
Il y a encore 25 ans, au sortir de la dictature franquiste, il n’existait quasiment pas d’activité
de recherche en Espagne. Ainsi, au Pays Basque espagnol, aucune université n’était
implantée dans la région et les investissements en
R&D étaient proches de zéro.
En outre, si l’on prend l’exemple de la France, la
La R&D basque revient de
loin : au début des années 80,
il n’existait aucune structure
de recherche dans la région
majorité des déposants de brevets sont des grandes entreprises. Or, le tissu industriel
basque est composé presque exclusivement de petites entreprises et micro-entreprises.
Enfin, la recherche en Euskadi est essentiellement tournée vers les applications
industrielles : une activité qui se prête moins à la certification que la recherche fondamentale.
Pour toutes ces raisons, il n’existe pas encore réellement au Pays Basque espagnol de
« culture du brevet ».
Se rapprocher le plus possible de l’agenda de Lisbonne
Pour renforcer ses atouts et combler les retards que la région peut encore enregistrer, le
gouvernement basque a décidé de lancer une politique d’innovation ambitieuse qui
constitue, avec l’internationalisation, l’un des deux axes de la stratégie de Compétitivité
« Euskadi 2015 ».
25
Comme l’explique Juan José Duque, sous-directeur général de la SPRI (agence pour la
promotion de l’industrie) chargé de l’innovation et du développement de la coopération :
« Euskadi doit renforcer son positionnement sur la production à haute valeur ajoutée.
Aujourd’hui, ses premiers concurrents se trouvent dans l’Europe des 15 : les pays
scandinaves, l’Allemagne, la France et l’Italie. Mais nous devons aussi nous préparer, à
court terme, à la concurrence croissante de la Tchéquie, de la Slovénie et des pays baltes
qui vont eux aussi développer leur innovation ».
L’idée générale consiste à se rapprocher le plus possible, d’ici 2010, des objectifs de
l’agenda de Lisbonne.
Les objectifs d’Euskadi en matière d’innovation
Situation
Objectif
Objectif
2003
2010
Lisbonne
1,48%
2,25%
3%
Entreprises
1,17%
1,73%
2,30%
Universités
0,26%
0,41%
0,55%
Secteur public
0,04%
0,11%
0,15%
3,9%
5%
6%
98
140
141
Investissement global
en R&D
(en % PIB)
Dépenses des
entreprises en R&D (en
% du C.A)
Dépenses en R&D par
chercheur
(en milliers €)
Source : Gouvernement basque
Aujourd’hui, l’activité de recherche en Euskadi est surtout centrée sur le développement et
les applications industrielles. Dans les années qui viennent, un effort sera porté sur la
recherche fondamentale, notamment avec les universités, sur certains créneaux spécifiques
comme la physique et la biologie.
D’ici 2009, le Gouvernement basque a prévu une augmentation du nombre de chercheurs
de 20%. Parallèlement, un programme quadriennal a été lancé en 2005 pour favoriser le
retour des « cerveaux » basques partis à l’étranger et attirer des chercheurs étrangers sur le
territoire de la Communauté autonome.
26
Toujours dans le cadre de la stratégie « Euskadi 2015 », le Gouvernement a décidé,
d’améliorer la productivité de la recherche basque. Pour y parvenir, il a prévu d’améliorer la
formation et la qualification, d’accroître le nombre de docteurs et d’établir des liens de
collaboration plus forts avec l’Université et l’espace européen de recherche.
En ce qui concerne les demandes de dépôts de brevets, le Gouvernement a fixé un objectif
précis : leur nombre doit doubler d’ici 2009.
B) Le renforcement de l’internationalisation
Forte d’une tradition de commerce international, l’économie basque dispose aujourd’hui d’un
niveau d’ouverture comparable à celui des autres grandes régions industrielles d’Europe.
Certains efforts peuvent tout de même être accomplis pour maintenir et accroître la place de
la région sur l’échiquier de la concurrence internationale : une anticipation nécessaire, mise
en application par la stratégie Euskadi 2015.
Une région ouverte
Le Pays Basque s’appuie sur une longue tradition de commerce international. Depuis le
XVIIIème siècle, sa situation géographique favorise le développement des échanges
commerciaux maritimes avec l’Europe et l’Amérique. A partir de la révolution industrielle, les
échanges internationaux connaissent un développement spectaculaire qui perdurera jusqu’à
la guerre civile.
Aujourd’hui, le niveau d’ouverture atteint par l’économie basque montre qu’Euskadi a su
surmonter les quarante années de dictature franquiste et l’isolement international dont toute
l’Espagne a fait l’objet pendant cette période.
En 2003, le taux d’exportation du Pays Basque (30,6%) dépasse légèrement la moyenne
espagnole (30%) et de très loin la moyenne française (21,5%). Au niveau des grandes
régions industrielles, il reste encore en deçà des records atteints par le Bade-Wurtemberg
(35,7%).
Au Pays Basque, de nombreux secteurs industriels réalisent la plus grande partie de leur
chiffre d’affaires grâce à l’export. Parmi les secteurs les plus exportateurs figurent
27
notamment l’aéronautique (86% de la production exportée), les biens d’équipements (72%),
les composants automobiles (63%), ou encore les machines-outils (58%).
Des marges de progression importantes
Aujourd’hui, les pays de l’Union européenne absorbent près de 70% des exportations
basques. La France est le premier partenaire commercial du Pays Basque espagnol, avec
20,5% des exportations, suivie d’assez loin par l’Allemagne (14,5%). On trouve ensuite les
Etats-Unis (6,6%), l’Amérique Latine (6,43%) et les pays industrialisés d’Asie (2%, dont le
Japon 1%).
En comparant la structure de ces exportations à celle du Bade-Wurtemberg, on constate que
le Pays Basque espagnol peut encore diversifier ses débouchés, notamment en développant
ses relations avec les marchés émergents à fort potentiel. Ainsi, le Land de Stuttgart destine
lui aussi la majorité de ses exportations (58%) à l’Union européenne. Mais 12% sont
destinées aux Etats-Unis, plus de 3% à la Chine et 2,3% au Japon. Cette diversification,
avec un accent particulier mis sur des pays stratégiques, fait partie des priorités d’Euskadi
2015.
Autre spécificité basque prise en compte par Euskadi 2015 pour l’internationalisation des
entreprises : la structure du tissu industriel, avec une domination très nette des microentreprises (moins de 10 salariés) et petites entreprises (entre 10 et 50 salariés) par rapport
à la moyenne européenne. D’autres régions européennes comme le Bade-Wurtemberg et la
Lombardie présentent une proportion beaucoup plus élevée de moyennes et de grandes
entreprises.
Favoriser la croissance et la coopération des PME
La vision générale d’Euskadi 2015 repose sur une conviction : une politique protectionniste
est inefficace, voire contreproductive face au durcissement
de
la
concurrence
internationale.
A
l’inverse,
les
entreprises doivent être encouragées à tirer parti des
opportunités de la mondialisation en multipliant les
implantations
à
l’étranger
et
en
renforçant
La priorité : faire en sorte que
les TPE et PME puissent
s’imposer sur les marchés
étrangers
leur
compétitivité.
28
Dans cette perspective, le premier objectif d’Euskadi 2015 est de donner une capacité
d’intervention internationale aux micro-entreprises et petites entreprises basques.
Cet objectif passe d’abord par des aides financières destinées à favoriser la croissance
interne et externe des entreprises : le Pays Basque va ainsi renforcer ses instruments de
financement, au premier rang desquels le capital-risque géré par son agence régionale de
développement. La région va également créer un cadre fiscal plus favorable aux fusions
d’entreprises.
Mais le vrai enjeu réside dans le développement de la coopération entre les PME. C’est
l’objectif d’Euskadi 2015 qui veut donner les moyens aux multiples petites entreprises
basques d’atteindre la taille critique nécessaire pour accéder à des opportunités qui leur
seraient interdites de manière isolée. Dans ce domaine, le Pays Basque a décidé de
continuer de miser sur la politique des clusters qui a largement fait ses preuves depuis 1991.
Euskadi 2015 prévoit ainsi de renforcer ce dispositif pour développer encore toutes les
formes de coopération : entre les entreprises mais aussi entre celles-ci et les organismes de
recherche.
Euskadi 2015 prévoit en outre la mise en œuvre d’un programme global de soutien à
l’internationalisation des entreprises basques. Le plan met en place un dispositif de soutien à
la fois des entreprises qui se lancent sur les marchés étrangers et de celles qui souhaitent
consolider leur activité internationale. Pour les inciter à se tourner vers l’étranger, Euskadi
2015 prévoit de former les entrepreneurs basques sur les opportunités et les menaces de
l’ouverture extérieure, sur les méthodes de gestion internationale et notamment de la gestion
des salariés expatriés. Une action sélective dans certains pays considérés comme
stratégiques – la Chine, la République Tchèque par exemple – est par ailleurs programmée.
29
IV – Une constante :
la priorité donnée aux PME
Comme les autres grandes régions industrielles d’Europe, Euskadi va continuer de miser sur
ses PME pour conserver son dynamisme. Ainsi que l’a expliqué la Ministre basque de
l’industrie Ana Agirre , « la stratégie d’Euskadi s’appuie sur un cercle vertueux où la région
donne les moyens aux PME d’être plus compétitives et où le dynamisme des PME renforce
l’attractivité de la région. Face à la concurrence internationale croissante, notre politique
régionale doit rester un instrument décisif de la compétitivité de ces PME en favorisant et en
permettant la coopération. »
Pour y parvenir, la région va utiliser deux instruments qui paraissent aujourd’hui
indissociables d’une politique industrielle efficace à l’échelle régionale : les clusters qui
orchestrent la coopération entre les PME ; et les agences régionales de développement qui,
à travers leur partenariat avec les entreprises, mettent en œuvre au quotidien la politique
industrielle.
30
A) Les clusters
Les clusters (ou pôles de compétitivité) se sont progressivement imposés comme l’outil de
gestion publique le mieux adapté aux politiques régionales. Si la plupart des régions
dynamiques y ont aujourd’hui recours, leurs approches restent très diverses. Le Pays
Basque espagnol offre, avec la Haute-Autriche, l’exemple d’une politique de clusters parmi
les plus structurées d’Europe.
L’instrument clé de la compétitivité des régions
Lorsque l’on observe les instruments de politique économique utilisés par les régions les
plus performantes d’Europe, un constat s’impose : le cluster s’est incontestablement imposé
comme l’unité économique clé des politiques régionales.
Dans toutes les régions qui mènent une politique de clusters, la finalité est la même :
augmenter la compétitivité des entreprises et donc celle du territoire. Ces politiques se
fondent sur un cercle vertueux où l’intensification des interactions entre les entreprises d’une
même filière, les centres de recherche et les universités entraîne une augmentation de la
productivité des PME et donc de leur compétitivité.
Au-delà de la théorie économique, des succès comme
celui de la Silicon Valley en Californie ou plus
récemment la Finlande, ont montré l’efficacité des
La plupart des régions
industrielles performantes
sont dotées de clusters
modèles de développement fondés sur des clusters et inspiré de ce fait de nombreux
dirigeants locaux européens.
A tel point que, depuis le début des années 90, les régions d’Europe les plus performantes
ont toutes mis en place une politique de clusters. Un constat confirmé par l’Agence pour la
diffusion de l’innovation technologique (Adit) dans un récent rapport sur le management
stratégique des régions d’Europe les plus avancées1 : « la politique d’animation industrielle
est désormais basée, dans la plupart des régions, sur la notion de cluster ou de grappe
d’entreprises ».
1
Le management stratégique des régions en Europe. Une étude comparative par Jean-Claude
Prager. Adit, mai 2005
31
Au vu de cette expérience européenne, la création récente en France de pôles de
compétitivité constitue une exception. Tout d’abord, elle intervient une dizaine, voire une
quinzaine d’années après nos voisins européens. Mais surtout, les pôles de compétitivité
français constituent l’unique exemple d’une politique de clusters impulsée, gérée et financée
au niveau national et non régional. De ce fait – et c’est une différence par rapport aux autres
clusters européens – l’objectif poursuivi par les pôles de compétitivité français est autant
l’aménagement du territoire que l’augmentation de la compétitivité.
Des politiques de clusters plus ou moins structurées
Si l’outil cluster est aujourd’hui utilisé par la totalité des régions européennes avancées, les
approches retenues par les exécutifs régionaux et les moyens mobilisés sont très variables.
En Lombardie, les clusters – ou « districts » en l’occurrence – se sont construits de manière
largement spontanée, au fil des années voire des siècles. Aujourd’hui, 16 districts sont
officiellement identifiés en Lombardie, parmi lesquels le textile, le bois, la mécanique ou la
soie. Leur fonctionnement reste largement informel et les autorités régionales n’y
interviennent en aucune façon. Leurs relations avec les districts industriels se limitent à des
subventions ciblées sur des projets d’innovation.
Dans d’autres régions, les clusters sont conçus et utilisés uniquement comme des
instruments assez souples pour inciter les entreprises à coopérer. C’est par exemple ce qui
s’est produit en Catalogne où, au début des années 90, près d’une centaine de microclusters ont été identifiés et invités à se structurer, parmi lesquels des secteurs comme les
machines agricoles, la joaillerie, le cuir ou encore l’ameublement. Dans les faits, cette
initiative s’est limitée à la mise en place d’une concertation très légère entre les entreprises
concernées et l’exécutif régional et à la promotion d’investissements étrangers. D’ailleurs, la
plupart des clusters catalans ont disparu d’eux-mêmes quelques années après leur création.
Autre cas de figure : l’adoption d’une politique de clusters plus structurée et plus
systématique mais qui reste pragmatique. C’est le cas de la Bavière, où l’approche est
spécifique pour chaque secteur. Plusieurs programmes ont été lancés par le Land dans les
années 90 comme « Bayern Online » dans le secteur des TIC, « Baika » dans le secteur
automobile, « Software Offensive » pour le développement de logiciels ou encore. Dans tous
les cas, l’objectif consiste à favoriser la mise en réseau de l’ensemble des acteurs et leurs
synergies. Mais la durée du programme, les objectifs, les parties prenantes et les moyens
diffèrent en fonction de la situation de chaque secteur.
32
Une dernière catégorie de régions a décidé de faire des clusters les outils pivots de leur
politique industrielle. Dans ce cas, la stratégie est très structurée : le nombre, les missions,
les budgets et les objectifs de chaque cluster sont déterminés avec précision par les
autorités régionales et leur action fait l’objet d’évaluations régulières. Deux régions très
différentes affichent des expériences similaires dans ce domaine et jugées comme
exemplaires par les observateurs : il s’agit de la Haute-Autriche et du Pays Basque
espagnol.
L’exemple de la Haute-Autriche
Dans cette région, la plus industrielle d’Autriche et l’une des plus performantes d’Europe, la
politique de clusters est extrêmement structurée. Comme le souligne l’Adit, « la politique de
clusters de la Haute-Autriche est considérée comme exemplaire à l’échelle internationale. Le
programme concerne 1500 entreprises représentant 240 000 emplois, soit la quasi-totalité
de l’emploi industriel du Land ».
Huit secteurs ont été identifiés par le gouvernement du Land et organisés en clusters à partir
de 1998 : l’automobile, le bois, la plasturgie, les industries agro alimentaires, la technologie
diesel, la santé, la mécatronique et les énergies respectueuses de l’environnement.
Chaque cluster regroupe les entreprises du secteur concerné (31% sont situées dans
d’autres Länder autrichiens pour favoriser la coopération interrégionale), les centres de
recherche et les établissements d’enseignement supérieur du Land. La région de HauteAutriche soutient financièrement les projets de coopération : dès qu’un projet réunit trois
entreprises dont au moins une PME, il reçoit une subvention de 25% plafonnée à 37 000 €
par partenaire. Le cluster est financé conjointement par le Land, l’Union Européenne et les
entreprises elles-mêmes : les PME versent une cotisation de 550 euros par an, les grandes
entreprises versent le double.
Les services proposés par chaque cluster sont nombreux et assurés par des structures
légères composées de 4 à 6 personnes. Ils concernent l’information des membres (accès à
une banque de données, newsletter…), la formation (ateliers, échanges d’information…), le
lancement et le suivi de projets de coopération entre entreprises, organismes scientifiques et
universités (par exemple, le soutien pour la participation à des programmes de recherche
internationaux), l’internationalisation (par exemple, l’organisation de voyages d’étude) et
enfin la promotion de l’image de la région.
33
La politique de clusters de la Haute-Autriche présente une autre spécificité liée à son fort
niveau de structuration : elle fait l’objet d’évaluations régulières par un cabinet d’experts
indépendants. Des points forts ont ainsi été identifiés (l’augmentation du nombre de projets
coopératifs, l’innovation) mais aussi des points faibles comme la promotion de l’image de la
région. Au final, une augmentation de la performance générale des entreprises membres des
clusters a été constatée par rapport aux autres entreprises.
L’exemple d’Euskadi
Autre région européenne en pointe dans sa politique
des clusters : le Pays Basque qui, d’après l’Adit, est
« une des régions européennes dans lesquelles la
politique
des
clusters
est
la
plus
Créés dès 1991, les clusters
basques font figure de
pionniers en Europe
structurée ».
Effectivement, l’exemple basque espagnol présente plusieurs caractéristiques intéressantes.
D’abord, Euskadi fait figure de pionnier dans ce domaine en Europe. La mise en place de
clusters a débuté dès 1991 au Pays Basque et plutôt à la fin des années 90 dans les autres
régions (1998 pour la Haute-Autriche, 1999 pour la Bavière…).
Ensuite, les clusters basques sont le fruit d’une réflexion politique avancée, appuyée sur une
expertise extérieure. En 1990, la volonté politique du gouvernement basque était claire :
sauver l’industrie alors en pleine restructuration. Pour les aider à définir les grandes
orientations de la politique industrielle, les pouvoirs publics basques ont fait appel à un
consultant américain spécialiste en stratégie d’entreprise : le célèbre professeur d’Harvard
Michael Porter. Ce travail conjoint a permis d’identifier onze clusters (l’électroménager,
l’automobile, la machine-outil, les industries portuaires, l’environnement, l’énergie, la
connaissance, l’électronique/informatique/télécoms, l’aéronautique, le papier, la construction
navale) suivis plus récemment par le transport logistique en 2004 et l’audiovisuel en 2005.
Autre signe du niveau de sophistication du dispositif basque : le mode de fonctionnement
des clusters. Statutairement, ceux-ci sont obligés de concentrer leurs projets sur trois
domaines jugés stratégiques pour la compétitivité des entreprises et de la région : le
développement de l’innovation, l’internationalisation et l’amélioration de la qualité. Ce dernier
volet est une spécificité du Pays Basque : la région s’est fixée comme priorité d’augmenter le
niveau de qualité de sa production notamment en multipliant les normes de certification. Les
dirigeants y voient le moyen de se doter d’un atout concurrentiel décisif par rapport à la
34
concurrence asiatique. Notamment grâce aux clusters, la région a déjà parcouru un chemin
important dans ce domaine, avec, en 2003, un ratio de 15,2 (certificats/milliard d’euros de
PIB), contre par exemple seulement 5,2 pour son voisin industriel la Navarre.
Comme en Haute-Autriche, le système basque repose sur le volontariat et la
responsabilisation des entreprises. Le financement public des clusters se limite à des
subventions plafonnées par décret : au maximum, 60% des dépenses de fonctionnement et
50% des dépenses d’investissement, sous réserve que le montant total ne dépasse pas un
certain seuil. Au total, les structures étant extrêmement légères (2 à 6 personnes) et
l’essentiel des investissements pris en charge par les entreprises, le coût est modique pour
le gouvernement basque : environ 3 millions d’euros par an.
Autre spécificité des clusters basques : le rôle de catalyseur joué par les pouvoirs publics qui
donnent l’impulsion à la coopération des acteurs puis veillent à son efficacité. Dans chaque
cluster siège un membre de la Direction de la qualité et de l’innovation du Ministère de
l’industrie, identifié selon une matrice de compétences. Chacun de ces fonctionnaires
dispose ainsi d’une spécialisation à la fois verticale (sur un ou deux secteurs) et horizontale
(sur un axe stratégique : qualité, R&D, internationalisation). Il participe activement à
l’ensemble des réunions mais ne dispose pas de droit de vote, la décision appartenant en
dernier lieu aux entreprises.
Un système d’évaluation précis sur l’état d’avancement des projets a par ailleurs été mis en
place. Tous les quatre ans, chaque cluster doit définir un plan stratégique, décliné en
programmes d’actions annuels. Ces programmes
doivent inclure une analyse de la situation du secteur,
un
calendrier
précis
et
un
budget.
Ils
sont
Les 13 clusters basques
génèrent 45% du PIB du Pays
Basque
régulièrement contrôlés par les fonctionnaires du
ministère de l’industrie.
Au final, la meilleure preuve de l’efficacité du modèle basque est sa longévité : 15 ans après
leur création, les clusters existent toujours et sont les bras armés de la politique sectorielle
de la région. Autre signe de la prééminence acquise par ces acteurs dans l’économie
régionale : ils génèrent aujourd’hui 45% du PIB basque espagnol.
Forts de cette réussite, les pouvoirs publics basques ont décidé de continuer à miser sur les
clusters en leur attribuant un rôle central dans le nouveau volet de la stratégie de
compétitivité de la région. Parallèlement aux orientations transversales que sont le
35
développement de l’innovation et l’internationalisation, « Euskadi 2015 » confie ainsi
l’ensemble de la politique sectorielle aux clusters.
B) Les agences régionales de développement
A côté des clusters, un autre instrument de gestion publique, interlocuteur privilégié des
PME, semble faire l’unanimité chez les régions européennes dynamiques : l’agence de
développement régional. Là encore les solutions adoptées par les régions diffèrent dans
leurs modalités. Et là encore, le Pays Basque espagnol offre un exemple à la fois pionnier et
original.
L’outil de gouvernance de toutes les régions performantes
Une fois la région retenue comme l’échelon le plus pertinent, quel est l’outil mieux adapté
pour piloter une politique de développement régionale ? En observant les régions les plus
performantes d’Europe, un acteur incontournable se dégage : l’agence locale de
développement.
C’est d’ailleurs le constat fait par l’Adit après l’analyse comparative d’une vingtaine de
régions avancées du point de vue du management public et du développement
économique : « le dispositif le plus couramment adopté pour gérer tout ou partie des
fonctions économiques est celui de l’agence régionale de développement ».
La conclusion est la même si l’on observe le mode de gouvernance des dix régions
industrielles les plus dynamiques d’Europe. Le Piémont avec Investimenti Torino Piemonte,
la région de Stuttgart avec Wirtschaftsförderung, la Bavière avec Bayern Innovativ GmbH, la
Haute-Autriche avec Technologie und Marketing Gesellschaft ou encore le Pays Basque
espagnol avec la Sociedad para la Promocion y Reconversion Industrial (SPRI)… la plupart
ont créé une agence de développement économique.
Dans les régions dotées d’un tel dispositif, les autorités élues conservent évidemment le
pilotage de la politique industrielle mais elles délèguent tout ou partie de sa mise en œuvre à
une ou plusieurs agences dont la gestion est autonome. Elles sont dotées d’un budget, de
missions clairement définies et les pouvoirs publics se chargent de contrôler leur action.
36
Des compétences plus ou moins étendues
Si toutes les régions performantes ont fait le choix de l’agence, les solutions diffèrent selon
les cas, qu’il s’agisse du statut choisi (fondation au Piémont, société de droit privé en
Bavière, société publique en Euskadi…) ou surtout des compétences qui lui sont attribuées.
Dans le cas du Piémont, l’agence ITP est dotée d’un rôle consultatif important mais ses
compétences opérationnelles se limitent à la promotion des investissements étrangers. Elle
associe un grand nombre de partenaires publics et privés (région, provinces, villes,
chambres de commerces, associations de PMI…) et joue essentiellement un rôle de
concertation. Celui-ci a été décisif pour orienter la politique régionale au moment des
restructurations de la fin des années 90 et pour favoriser l’internationalisation d’une industrie
jusqu’alors peu exportatrice.
De manière générale, l’arbitrage pour les régions se situe entre d’une part une agence
transversale, chargée de l’ensemble de la mise en œuvre de la politique économique et,
d’autre part, une agence dont les missions sont volontairement restreintes à la politique
d’innovation.
Ce dernier choix a été celui de régions très performantes comme la Haute-Autriche ou la
Bavière. Créée en 1994 par le gouvernement bavarois, Bayern Innovativ est chargée de
coordonner les actions favorisant l’innovation, les transferts technologiques et les
programmes de coopération entre la recherche et l’industrie.
Il s’agit d’une société de droit privé, dotée d’une autonomie de gestion et placée sous la
tutelle du ministre de l’économie bavarois. Son périmètre d’action limité à l’innovation
explique son budget relativement modeste – 8,7 millions d’euros, dont 44% proviennent du
Land, le reste des ressources propres issues des services aux entreprises. Elle emploie une
quarantaine de cadres expérimentés dans les domaines scientifiques et industriels.
Bayern Innovativ affiche comme spécificité de fonctionner en matrice. Elle centre son action
sur 10 technologies identifiées comme étant d’avenir (biotechnologies, laser, chimie, TIC…)
appliquées aux 10 branches industrielles les plus porteuses du Land (construction,
automobile, matériel électrique, mécanique…). L’agence a pour mission de développer les
interfaces : chaque intersection au sein de la matrice correspond à une ou plusieurs actions
mise en place par l’agence.
37
Parmi les dix régions industrielles les plus performantes d’Europe, certaines ont fait un choix
différent de la Bavière et confié la totalité de l’exécution de leur politique économique à une
agence.
Ce choix suppose bien évidemment des moyens budgétaires plus importants, une structure
plus conséquente et une délégation de compétences plus large que lorsque l’activité de
l’agence est centrée sur l’innovation. C’est par exemple le cas de l’agence allemande
Wirtschaftsförderung au Bade-Wurtemberg, chargée de la mise en oeuvre de la stratégie
économique de la région et de sa gestion opérationnelle.
La SPRI, bras armé de la politique industrielle basque
Dans
le
domaine
des
agences
régionales
de
développement, le Pays Basque espagnol fait là
encore figure de pionnier. La SPRI a été créée en
1981, soit 10 ans avant l’agence de Haute-Autriche et
L’agence de développement
basque s’appuie sur des
moyens considérables : 170
personnes et un budget de
32,5 millions €
14 ans avant celle de la Bavière et du BadeWurtemberg.
Société publique, gérée par le Ministère de l’Industrie, la SPRI compte parmi ses
actionnaires les trois caisses d’épargne basques. Ses missions sont très étendues
puisqu’elle est chargée de la gestion de la politique d‘innovation et du développement
industriel.
Ses moyens sont à la mesure des compétences qui lui sont déléguées. La SPRI dispose
ainsi d’un budget de 32,5 millions d’euros, dont 30% sont issus de ressources publiques.
L’agence est animée par une équipe de 170 personnes, constituée essentiellement de
cadres de haut niveau.
Signe du rôle stratégique accordé par le gouvernement à la SPRI : l’internationalisation et
l’innovation sont les deux priorités stratégiques du Pays Basque espagnol pour 2015 ; ce
sont aussi les deux missions principales de la SPRI.
Pour favoriser la conquête des marchés étrangers et améliorer la compétitivité des PME
basques, la SPRI dispose d’un réseau externe de permanents implantés dans une vingtaine
de pays. A la demande des PME et sous contrat, ils apportent leur contribution pour
l’exécution de projets d’internationalisation. En 2004, plus du tiers de ces projets ont
38
concerné les pays d’Europe centrale et de l’Est et 25% l’Asie. Les services fournis répondent
à deux demandes principales des PME : la recherche de partenaires commerciaux et le
conseil et l’information préalables. En 2004, 16 projets d’implantations extérieures ont été
approuvés, représentant un investissement total de 38 millions d’euros.
La SPRI constitue également le fer de lance du gouvernement pour la mise en œuvre de sa
politique d’innovation.
L’agence est
chargée de
l’exécution de l’ensemble des projets d’évaluation et de
soutien de l’innovation technologique : gestion des
aides à la R&D, évaluation de projets d’infrastructures
scientifiques,
participation
aux
comités
L’ensemble de la politique
industrielle, d’innovation et
d’internationalisation est géré
par la SPRI
de
développement technologique des 13 clusters basques, pilotage du Plan Biobask 2010 pour
le développement des biotechnologies etc. C’est également la SPRI qui gère les trois parcs
technologiques basques et les 8 centres technologiques.
Mentionnons enfin que la Commission européenne a désigné la SPRI comme Centre de
Liaison pour l’Innovation (IRC) : c’est donc elle qui pilote l’ensemble des participations du
Pays Basque espagnol dans les programmes de recherche européens, aux côtés d’autres
agences comme Bayern Innovativ.
Les compétences de la SPRI s’étendent à d’autres domaines du développement
économique régional. L’agence est ainsi chargée de favoriser la création d’entreprises et
d’emplois, tout en assurant une diversification du tissu économique vers des secteurs à plus
forte valeur ajoutée. A titre d’exemple, en 2004, l’agence a soutenu 117 projets de création
d’entreprises. Dans le secteur industriel, 74 projets à caractère innovants ont été soutenus,
représentant la création de 1016 emplois dans les trois prochaines années.
La SPRI assure également la mise en œuvre de l’ensemble des projets du plan
gouvernemental « Euskadi dans la société de l’information », qui consiste à encourager
l’utilisation des TIC par tous les acteurs de la société basque : micro-entreprises, PME,
citoyens, associations, administration…
Plus inattendu : la SPRI est le principal acteur du capital-risque au Pays Basque espagnol.
Elle a mis en place un dispositif complet dans ce domaine, composé de 7 fonds spécialisés
(amorçage,
capital-développement
et
retournement,
TIC,
projets
stratégiques
du
gouvernement…). Au 31 décembre 2004, pour un capital de 147 millions €, le portefeuille de
la SPRI représentait 66 participations. C’est cette implication de la SPRI dans le capital
39
risque qui a par exemple contribué à la création ex nihilo de secteurs considérés comme
porteurs pour l’économie basque : l’aéronautique il y a dix ans ; les biotechnologies
aujourd’hui.
Si la SPRI est amenée à conserver son rôle central dans la politique économique régionale,
la gouvernance du Pays Basque est en train d’évoluer. Au vu de l’importance stratégique
accordée par la région au développement de l’innovation de le cadre de sa stratégie Euskadi
2015, le Président du gouvernement basque vient d’annoncer la création en 2006 d’une
Agence Basque pour l’Innovation chargée de développer la R&D, les TIC et la qualité.
Conclusion
Hier encore méconnu du public français, le miracle économique basque suscite aujourd’hui
de notre côté des Pyrénées un grand intérêt et une certaine admiration.
Il y a bien sûr des caractéristiques propres au Pays Basque espagnol qui ont contribué à
cette réussite, comme par exemple la capacité des entreprises, des partenaires sociaux et
des pouvoirs publics à engager une véritable coopération. Car c’est bien la mobilisation de
toutes les parties prenantes qui a permis à la région de connaître un développement aussi
rapide – en quinze ans – et aussi intégral – dans le domaine industriel, économique, social et
culturel.
Mais il y a aussi en Euskadi des initiatives et des approches qui peuvent être intéressantes
pour d’autres territoires industriels européens. Parmi celles-ci : la priorité réservée par la
politique industrielle aux PME qui représentent, comme ailleurs en Europe, 99% du tissu
économique. Pour le Pays Basque espagnol, c’est en misant sur la plus grande capacité
d’adaptation de ces entreprises aux mutations, sur leur plus fort attachement au territoire et
sur leur coopération que les régions industrielles européennes pourront faire de la
mondialisation non pas un risque, mais une opportunité.
.
40
ANNEXES
41
Les régions industrielles les plus dynamiques d’Europe
Fiches signalétiques
L’Alsace
Superficie : 8,2 milliers de km2
Nombre d’habitants : 1,73 million
Ville principale : Strasbourg
Poids de l’industrie dans l’économie : 25% du PIB
Les performances de l'industrie alsacienne sont nettement supérieures à la moyenne
française hors Ile-de-France, que ce soit au niveau de la productivité par salarié, de l'effort
d'investissement ou du taux d'exportation. La production industrielle y est diversifiée mais
quatre secteurs représentent ensemble plus de la moitié de la valeur ajoutée produite par le
secteur industriel : l’automobile (Peugeot et General Motors sont les deux premiers
employeurs industriels de la région), les équipements électriques et électroniques et la
plasturgie. Du fait de sa position frontalière, l’Alsace compte de nombreux établissements à
participation étrangère : cela concerne 46% de l’emploi industriel contre une moyenne de
32% pour la France. L’industrie alsacienne exporte près de 40% de sa production et se
positionne ces dernières années sur des secteurs comme la plasturgie, la pharmacie et les
biotechnologies. L’Alsace constitue aujourd’hui un pôle de compétitivité interrégional avec la
Franche-Comté sur les métiers de l’automobile, une alliance logique entre ces deux régions
à forte tradition industrielle. Son taux de dépense en R&D s’élève à 1,38% du PIB.
Le Bade-Wurtemberg
Superficie : 35,7 milliers de km2
Nombre d’habitants : 10,6 millions
Ville principale : Stuttgart
Poids de l’industrie dans l’économie : 33% du PIB
Première région industrielle d’Allemagne, le Bade-Wurtemberg est aussi la quatrième plus
riche du pays. Le Land a construit son dynamisme économique sur des spécialisations
traditionnelles comme la construction mécanique (22% des emplois), l’automobile (15,4%) et
les produits métalliques (9%). Il accueille notamment le siège social d’entreprises
internationales comme Daimler-Chrysler, Porsche ou encore Bosch. Depuis plusieurs
années, le Bade-Wurtemberg développe des positions sur des nouvelles branches comme le
multimédia, les logiciels ou encore les biotechnologies. Ses investissements en R&D figurent
parmi les plus élevés d’Europe (3,9% du PIB) et un quart des investissements allemands en
recherche sont issus d’entreprises du Bade-Wurtemberg. Le Land compte notamment 14
instituts Max-Planck et 15 établissements de la société Fraunhofer.
42
La Bavière
Superficie : 70,5 milliers de km2
Nombre d’habitants : 12,3 millions
Ville principale : Munich
Poids de l’industrie dans l’économie : 30,3% du PIB
La Bavière se place au second rang des Länder les plus industrialisés d’Allemagne, juste
derrière le Bade-Wurtemberg. L’industrie manufacturière bavaroise emploie 1,16 millions de
personnes, soit 27,5% de la main d’œuvre allemande. Un des principaux secteurs est
l’automobile avec BMW et Audi notamment qui emploie 18,2% des actifs et représente
27,3% des ventes industrielles. Si l’on y ajoute les industries électriques et mécaniques, ces
trois secteurs pèsent pour près des deux tiers de la production industrielle. Le Land de
Bavière se caractérise par un très fort niveau d’innovation, avec un taux de R&D de 3% du
PIB et un taux de dépôts de brevets qui dépasse de moitié la moyenne allemande.
La Catalogne
Superficie : 32,1 milliers de km2
Nombre d’habitants : 6,34 millions
Ville principale : Barcelone
Poids de l’industrie dans l’économie : 38,5% de la population active
Le dynamisme de l’industrie catalane se fonde sur une main d’œuvre industrielle abondante
et sur sa position géographique attractive au sein de l’Europe et du bassin méditerranéen. Si
le tissu industriel de la Catalogne est très divers, il compte trois secteurs clés au premier
rang desquels l’automobile avec la présence de Seat et de Nissan ainsi que de nombreuses
entreprises de composants. La chimie emploie 60 000 personnes et le textile plus de
100 000. Récemment, la région s’est spécialisée sur des secteurs à plus fortes compétences
technologiques comme les logiciels éducatifs où elle occupe aujourd’hui une position de
leader en Europe. Le niveau de R&D représente 1,11% du PIB.
L’Emilie Romagne
Superficie : 22,1 milliers de km2
Nombre d’habitants : 4 millions
Ville principale : Bologne
Poids de l’industrie dans l’économie : 26,1% du PIB
Située au sud de la Lombardie et de la Vénétie et disposant d’une large ouverture sur
l’Adriatique, l’Emilie-Romagne tire parti de sa position sur l’axe autoroutier et ferroviaire
rejoignant le nord et le sud de l’Italie. Elle est aujourd’hui la deuxième région la plus prospère
du pays, juste derrière la Lombardie. La région de Bologne présente une spécialisation très
forte dans le textile. Elle s’est notamment spécialisée dans la bonneterie – elle est le premier
producteur mondial dans ce domaine - et la confection de vêtements et de lingerie. Parmi les
autres industries traditionnelles concentrées autour de la voie romaine « Emilia » qui rejoint
Bologne et Modène, on compte aussi la céramique, l’agroalimentaire avec des entreprises
comme Parmalat ou Barilla et la mécanique. D’autres secteurs ont émergé ces dernières
années comme la robotique et la biomédecine. Ce qui devrait faire décoller le niveau de
R&D qui s’établit à 1% du PIB. Les principaux produits exportés appartiennent aux secteurs
de la mécanique (53%), des minerais non métallifères (13%) et de la confection (10%).
43
Le Pays Basque espagnol (Euskadi)
Superficie : 7,2 milliers de km2
Nombre d’habitants : 2,1 millions
Capitale administrative : Vitoria-Gasteiz
Agglomération principale : Bilbao
Poids de l’industrie dans l’économie : 32,4% du PIB
Région aux très fortes traditions industrielles, le Pays Basque espagnol (ou Euskadi) compte
300 000 emplois industriels sur ses 900 000 actifs. Les secteurs dominants sont les aciers
spéciaux – 90% de la production espagnole est issue du Pays Basque – la machine-outil
(80% de la production espagnole), la forge par estampage (75%), l’automobile (30%) ou
encore l’aéronautique (20%). Il faut également citer l’électroménager avec une des plus
importantes entreprises européennes du secteur Fagor. L’industrie est très dynamique en
Euskadi : la région a affiché en 2005 une augmentation de 4% de son indice de production
industrielle. Si le Pays Basque est la troisième région innovante d’Espagne (derrière la
Navarre et la région de Madrid), elle accuse encore un retard significatif en matière
d’innovation. La région investit 1,34% de son PIB en R&D.
La Haute-Autriche
Superficie : 11,9 milliers de km2
Nombre d’habitants : 1,37 millions
Ville principale : Linz
Poids de l’industrie dans l’économie : 60% du PIB
Troisième land autrichien en termes de population, la Haute-Autriche est la deuxième région
la plus dynamique du pays, juste derrière celle de Vienne. C’est aussi le Land le plus
industrialisé d’Autriche : la production manufacturière y emploie un tiers des actifs. Les 8
secteurs de l’industrie haute-autrichienne considérés comme stratégiques sont organisés en
clusters : automobile, moteurs, plasturgie, bois, agroalimentaire, santé, mécatronique, et
« éco-énergies ». Le dynamisme industriel de la Haute-Autriche a entraîné une forte
augmentation du taux d’emploi au cours des trente dernières années (+50% contre une
moyenne nationale de +30%). La région autrichienne affiche ainsi aujourd’hui des résultats
records en matière d’emploi avec un taux de chômage fin 2004 de seulement 3,7% (contre
une moyenne nationale de 4,9%). Le niveau d’investissement en R&D est également
intéressant puisqu’il atteint 1,71%.
44
La Lombardie
Superficie : 23,8 milliers de km2
Nombre d’habitants : 9,1 millions
Ville principale : Milan
Poids de l’industrie dans l’économie : 35% du PIB
Première zone commerciale et industrielle du pays, la Lombardie est la région la plus
peuplée d'Italie et l'une des plus urbanisées. C’est non seulement une des régions les plus
dynamiques du pays (elle contribue à hauteur de 20% au PIB national) mais aussi l’une des
plus performantes d’Europe puisque ses 760 000 sociétés génèrent 3,7% du PIB européen.
La Lombardie se caractérise par un tissu industriel extrêmement diversifié et une très forte
concentration de moyennes et surtout de petites entreprises. Les 16 districts industriels
officiellement recensés représentent quelque 60 000 emplois. Au premier rang des industries
lombardes figurent les secteurs du textile et de la soie, suivis par l’industrie automobile. On
peut citer comme grand groupe Pirelli en matière de pneumatique. La métallurgie et la
chimie se sont également développées dans la région de Milan. Le niveau de dépense en
R&D est établi à 1,2% du PIB.
Le Piémont
Superficie : 25,4 milliers de km2
Nombre d’habitants : 4,2 millions
Ville principale : Turin
Poids de l’industrie dans l’économie : 35% du PIB
Dotée d’une très forte tradition industrielle, le Piémont est le berceau de l’industrie
automobile italienne. La présence de Fiat est bien évidemment prédominante dans l’histoire
et dans la structure industrielle de la région, de même que les difficultés rencontrées par
l’entreprise ces dernières années. Au cours des années 90, les effectifs de Fiat à Turin ont
chuté de 60 000 à 20 000 salariés. Pour autant, l’industrie piémontaise conserve son
dynamisme. La filière automobile reste forte, notamment grâce aux 25 districts industriels qui
emploient 180 000 personnes. La région affiche également des positions intéressantes dans
le secteur du textile, de l’orfèvrerie ou encore de la robinetterie. Récemment, les secteurs
des sciences de la vie, de la logistique ou encore de l’automatisation se sont développés.
Avec 1,7% du PIB investi en R&D, la puissance d’innovation de la région reste inférieure à la
moyenne européenne mais affiche comme atout la vitalité de l’investissement privé.
Le Vorarlberg
Superficie : 2,6 milliers de km2
Nombre d’habitants : 350 000
Ville principale : Brégence
Poids de l’industrie dans l’économie : 39,7% du PIB régional
Situé à l’extrême ouest de l’Autriche, niché entre la Suisse et l’Allemagne, le Vorarlberg est
une région traditionnellement industrielle qui compte encore aujourd’hui le tiers de ses actifs
dans le secteur industriel. Les industries agro-alimentaires, textiles et électroniques sont
largement dominantes puisqu’elles représentent 80% du PIB industriel du Land. Le
Vorarlberg a également de bons résultats dans le secteur de l’énergie et de
l’approvisionnement en eau. Indépendamment de ces industries traditionnelles, le Vorarlberg
a identifié cinq secteurs à fort potentiel sur lesquels il compte se positionner fortement, parmi
45
lesquels figurent les microtechnologies, l’emballage alimentaire et les transports. Pour y
parvenir, ces secteurs ont été organisés en clusters. Le Land ne comptant aucun
établissement universitaire de recherche, 96% de sa R&D provient de l’industrie (pour 4%
seulement issus du secteur public) soit le chiffre le plus élevé de toute l’Autriche. Le niveau
de R&D a été mesuré à 1,34% du PIB.
46
Lancement de la stratégie de compétitivité Euskadi 2015
Extraits de l’intervention de Juan Jose Ibarretxe, Président du Gouvernement
Basque
« Aussi réelle et impressionnante soit-elle, l’émergence de la Chine et de l’Inde ne constitue
qu’un nouveau chapitre de l’histoire de l’industrie. Une histoire marquée par des conquêtes
et des dominations. Une histoire jalonnée de nouvelles concurrences et de remises en cause
des positions acquises. Une histoire ponctuée de désengagements mais aussi pleine de
sursauts et de reconquêtes. Bref, une histoire où rien n’est joué si l’on sait se remettre en
cause et faire preuve de la volonté nécessaire. Euskadi est la preuve de cette absence de
fatalité.»
Extraits de l’intervention d’Ana Agirre Zurutuza, Ministre du Gouvernement
basque pour l’industrie, le commerce et le tourisme
« Il faut se rappeler que, voici vingt ans, notre région a affronté une crise sans précédent qui
aurait tout aussi bien pu se solder par la fin de notre industrie. Tel n’a pas été le cas.
Refusant le caractère inéluctable de ce que l’on avait coutume d’appeler l’ère post
industrielle, nous avons fait le choix en Euskadi de conserver notre industrie traditionnelle et,
pour cela, de la reconvertir entièrement. Avec une conviction simple qui nous a guidé tout au
long des années 90 : il n’existe pas d’industrie obsolète mais seulement des entreprises
obsolètes.
En misant sur l’innovation et en prenant des décisions parfois douloureuses, nous avons
réussi à moderniser notre industrie traditionnelle et à conquérir des positions très avancées
dans des secteurs comme la production d’acier, la machine-outil, l’automobile ou encore
l’électroménager. C’est également ainsi que nous avons pu diversifier notre tissu industriel,
toujours en nous fondant sur nos savoir-faire traditionnels, mais en nous positionnant sur des
secteurs porteurs à haute valeur ajoutée comme par exemple l’aéronautique.
Politique industrielle : quand les régions prennent la relève des Etats
On assiste avec la mondialisation à une réorganisation de l’industrie mondiale au sein des
grands ensembles que sont l’ALENA, le Mercosur, l’Asean ou encore l’Union européenne.
Et, au sein de ces grands ensembles, à la montée en puissance de quelques grandes
régions industrielles.
47
Cette nouvelle réalité illustre une évidence : les Etats ne sont pas systématiquement
l’échelon le plus pertinent pour mener des politiques industrielles efficaces. Ils ne disposent
pas toujours de la proximité indispensable avec les PME, ni des moyens financiers suffisants
pour soutenir des secteurs entiers. Mais surtout, les Etats ne constituent plus le cadre le
mieux adapté pour répondre aux enjeux de la mondialisation. Bien souvent, ils sont trop
grands pour agir efficacement au niveau des régions et favoriser les synergies au sein des
territoires. Et bien souvent aussi, ils sont trop petits face à des enjeux comme la lutte contre
les délocalisations, qui se jouent de plus en plus au niveau européen.
L’affirmation de régions industrielles modernes et performantes est indissociable de cette
évolution ; elle doit aussi beaucoup à la mise en œuvre de stratégies régionales
volontaristes. En Europe, c’est le cas notamment d’une dizaine de régions européennes qui
parviennent aujourd’hui à concilier une forte industrialisation et un haut niveau de richesse,
des régions parmi lesquelles on trouve Euskadi, la Catalogne, le Bade-Wurtemberg, la
Bavière, l’Alsace, la Lombardie ou encore la Haute-Autriche.
Ces champions de l’industrie européenne sont bien sûr très divers mais ils partagent des
caractéristiques communes. Comme des spécialisations sectorielles : c’est en grande partie
grâce à ces régions que l’Europe détient et maintient ses positions avancées sur
l’automobile, les industries électriques ou encore l’électronique.
Autre point commun de ces régions industrielles dynamiques : des taux de chômage très bas
qui démontrent s’il le fallait que, sur notre continent, industrie et emploi peuvent aller de
paire. C’est notre conviction en Euskadi, une conviction appuyée par les chiffres puisque
nous avons enregistré un taux de chômage de 5,7% en 2005.
La stratégie de compétitivité de la Communauté autonome : Euskadi 2015
Aujourd’hui, le principal défi d’Euskadi est le même que pour les autres grandes régions
industrielles d’Europe : c’est bien sûr la concurrence asiatique.
Face à ce défi, comme face à tous ceux que nous avons du affronter par le passé, notre
volonté est qu’Euskadi reste une grande région industrielle d’Europe.
Pour y parvenir, notre région a bâti une stratégie de compétitivité nommée « Euskadi 2015 ».
Cette stratégie est l’expression collective et déterminée de tous les acteurs publics et privés
d’Euskadi : elle est le fruit d’une large concertation lancée par le gouvernement en 2004, qui
48
nous a permis de dresser un diagnostic et de définir des objectifs partagés aussi bien par les
différents partis politiques que par le monde économique ou encore la société civile.
Pour donner à Euskadi tous les moyens de conserver sa place parmi les dix plus grandes
régions industrielles d’Europe, Euskadi 2015 s’articule autour de deux priorités d’action.
La première, c’est l’innovation. Euskadi doit poursuivre ses efforts dans ce domaine pour
devenir, à moyen terme, une des régions les plus innovantes d’Europe. Pour y parvenir,
nous pourrons notamment nous appuyer sur la vitalité de la recherche privée dans notre
région et sur le fonctionnement en réseau des PME avec les centres de recherche et les
universités.
La deuxième priorité, c’est l’internationalisation. La mondialisation peut être une formidable
source d’opportunités pour Euskadi. Les entreprises basques doivent être en mesure de
davantage s’implanter dans les pays stratégiques et de se saisir de parts de marchés. Elles
doivent aussi être en mesure d’être plus compétitives face à la concurrence internationale et
de développer encore leurs exportations.
Les PME au centre des stratégies industrielles régionales
Face au défi commun de la mondialisation, la plupart des grandes régions industrielles
d’Europe ont adopté une démarche similaire.
Chacune a bien sûr adapté sa politique aux spécificités de son territoire, de son tissu
industriel et de son histoire. Mais presque toutes visent des objectifs communs et utilisent
des outils de gouvernance proches.
Comme les autres grandes régions industrielles, Euskadi place les PME au cœur de sa
stratégie de compétitivité.
D’abord parce que les PME dominent, ici comme ailleurs, le tissu industriel. Et parce que, ici
plus qu’ailleurs, elles sont et resteront le moteur de l’industrie. Ensuite parce que là où les
grandes entreprises et les « champions nationaux » sont les interlocuteurs privilégiés des
Etats, les PME sont les partenaires naturels des pouvoirs publics régionaux. Enfin, parce
que la stratégie d’Euskadi s’appuie sur un cercle vertueux où la région donne les moyens
aux PME d’être plus compétitives et où le dynamisme des PME renforce l’attractivité de la
région.
49
Face à la concurrence internationale croissante, notre politique régionale doit rester un
instrument décisif de la compétitivité de ces PME en favorisant et en permettant la
coopération.
C’est dans ce but que, comme d’autres régions – et même avant elles – Euskadi a créé des
clusters qui sont à la fois le lieu privilégié de la coopération économique et technologique
des PME et le socle de la politique industrielle régionale.
Au sein des treize clusters basques, les entreprises, quelle que soit leur taille, montrent qu’il
est possible de mutualiser leurs investissements en R&D pour mener des projets communs
ou pour financer des centres de recherche sectoriels. Grâce à cette collaboration, elles
affichent un niveau d’innovation qui serait hors de leur portée si elles restaient isolées. Et qui
leur permet d’être compétitives sur le marché international.
La région n’est pas simplement le lieu de la coopération entre les petites et moyennes
entreprises. C’est aussi le territoire naturel de la coopération entre ces entreprises et les
structures de recherche et de formation.
En Euskadi, les centres de recherche publics et privés, les universités et les PME
fonctionnent en réseau très serré et travaillent quotidiennement ensemble. Les rapports
étant plus étroits entre l’industrie et la recherche, les circuits de décision étant plus courts,
l’industrie basque est très réactive par rapport au marché et les innovations sont rapidement
commercialisables.
Comme d’autres régions aussi – et cette fois encore avant elles – Euskadi s’est doté d’une
agence de développement local, dont les compétences et les moyens sont particulièrement
larges. Elle constitue l’interlocuteur unique des PME à travers un partenariat public-privé qui
a fait ses preuves.
Comme d’autres régions enfin, Euskadi s’est fixé comme priorité le développement de
l’innovation, notamment dans la perspective d’atteindre les objectifs de Lisbonne. C’est en ce
sens que nous venons de créer une agence pour l’innovation qui est appelée à devenir, elle
aussi, un des principaux outils de notre gouvernance économique. »
50
institut
France
Euskadi
16 avenue de Friedland 75008 Paris
www.france-euskadi.org
[email protected]
51
Téléchargement