Musée archéologique départemental de Jublains Dossier Ressources Les hiéroglyphes En lien avec l’exposition «Secrets de momies, rites et croyances funéraires à la fin de l’Égypte pharaonique » Musée archéologique départemental de Jublains Du 8 juillet au 13 décembre 2011 Le musée archéologique départemental de Jublains ouvre ses portes à l’Egypte ancienne et accueille deux momies, Séramon et Ânkhpakhéred. Passées au scanner en 2007, elles ont livré tous leurs secrets. Autour de ces pièces remarquables, le musée invite à une découverte du monde des morts et des dieux, tel qu’il est rêvé et vécu par les anciens Egyptiens. Cette exposition est le fruit d’un partenariat privilégié avec le musée des Beaux-arts et d’Archéologie de Besançon, initiateur du projet. Les collections de ce grand musée sont accompagnées de prêts des musées de Nantes, Amiens, Angers, Château-Gontier, Roanne, Soissons et du Louvre. L’exposition s’organise en quatre grands thèmes : - Osiris et les dieux funéraires : Osiris, grand dieu des morts, préside la première partie, où sont expliquées sa légende et sa grande popularité dans toute l’Egypte. Isis, Nephthys, Horus et Anubis, divinités de la famille osirienne, l’accompagnent, mais aussi d’autres dieux qui jalonnent le long voyage des défunts dans l’au-delà. - L’art de la momification : La belle momie d’Ânkhpakhered, dessinateur au temple d’Amon sous la XXVIe dynastie (680-525 avant J.-C.), et son sarcophage couvert de textes magiques, témoignent des soins accordés aux défunts juste après leur mort. Durant ces préparatifs, le corps est momifié puis entouré de nombreux objets magiques et religieux : amulettes, bandelettes, ornements, cartonnages, sarcophages sont autant de protections destinées à l’accompagner sans encombre jusqu’au monde des morts. - Funérailles et maison du mort : Avec les funérailles, le mort entre dans sa dernière demeure et accède au royaume d’Osiris. Sa mémoire est rappelée et célébrée, aussi bien dans la tombe qu’à l’extérieur, sur les stèles et les tables d’offrandes. Vaisselle, objets du quotidien, statuettes funéraires sont installés dans la chambre funéraire, pour survenir aux besoins de sa nouvelle vie dans l’au-delà. - Séramon et l’Au-delà : Dans sa tombe creusée dans la falaise thébaine, Séramon était entouré de plusieurs sarcophages emboîtés l’un dans l’autre. La qualité de sa momification et du mobilier qui l’accompagnait témoignent de l’importance de ce haut personnage, mais aussi des pratiques en cours à l’époque de la XXIe dynastie (1069-946 avant J.-C.). En introduction à la visite, sont figurées une carte et une chronologie, qui permettent de placer quelques repères avec les élèves. La carte La carte rappelle les grandes caractéristiques de l’Egypte : c’est un pays désertique mais qui a la chance d’être traversé par le Nil. « L’Egypte est un don du Nil », commente Hérodote lors de sa visite du pays. Le Nil est l’un des plus grands fleuves du monde. Long de 6500 km, il traverse plusieurs pays d’Afrique avant de se jeter dans la mer Méditerranée. A l’époque antique, sa grande crue annuelle recouvrait de limon noir les terres de la vallée et permettait la pratique de l’agriculture. Toutes les grandes villes sont aménagées le long du Nil et, à l’exception des oasis, toute la population s’y regroupait. La forme de la vallée du Nil fait que très tôt, on a distingué la Haute Egypte, qui couvrait tout le sud du tracé jusqu’à Memphis, et la Basse Egypte, qui correspondait au delta (endroit où le Nil forme de multiples rameaux, qui se jettent dans la Méditerranée). Les pharaons étaient ainsi désignés comme les rois de Haute et Basse Egypte, pour bien indiquer qu’ils régnaient sur tout le pays. Séramon et Ânkhpakhéred, dont les momies sont présentées dans l’exposition, ont vécu à Thèbes, là où se trouve aujourd’hui la ville de Louqsor et le temple de Karnak. Ils ont d’ailleurs tous les deux travaillé dans ce grand temple consacré au dieu Amon. A leur mort, ils ont été enterrés de l’autre côté du Nil, dans la falaise, à proximité du site de la Vallée des Rois. La chronologie L’histoire pharaonique égyptienne s’étend sur presque trois millénaires, puisqu’elle commence vers 3000 avant J.-C. et s’achève au tournant de notre ère avec la conquête romaine. Cette longue période appartient à ce que l’on appelle l’Antiquité, premier temps de l’Histoire qui suit l’apparition de l’écriture. En effet l’écriture égyptienne, celle des hiéroglyphes, est l’une des plus vieilles du monde. L’exposition s’intéresse plus particulièrement aux époques de la fin de l’Egypte pharaonique, qu’ont connues Séramon et Ânkhpakhéred. - Séramon a vécu à la XXIe dynastie (1069-944 av. J-C.), qui marque le début d’une période de troubles appelée Troisième période intermédiaire (TPI). 2000 ans pratiquement ont passé depuis les grandes pyramides, qui datent de l’Ancien Empire. - Ânkhpakhéred a vécu à la XXVIe dynastie (680-525 av. J-C.), au tout début de la Basse Epoque. Lors de cette période, l’Égypte retrouve une prospérité sous des pharaons nationaux (les Saïtes) puis étrangers (perses et grecs). La grande majorité des objets de l’exposition date de la Troisième Période intermédiaire (1069-664 avant notre ère) ou de la Basse Époque (664-332 avant notre ère). L’écriture égyptienne L’écriture égyptienne apparaît vers 3200 avant J.-C. Elle est appelée medou netcher par les Égyptiens, ce qui signifie « les paroles de dieu ». Ce savoir a été transmis aux Hommes par Thot, le scribe des dieux. Ce sont les Grecs qui, beaucoup plus tard, nommeront hiéroglyphes les signes inscrits sur les monuments religieux. Hiéroglyphe signifie « caractère gravé et sacré ». Les signes représentent des choses tangibles, qui sont reconnaissables même si l’on n’en comprend pas la signification. Pour tracer les signes, les Egyptiens se sont inspirés de leur environnement : animaux, plantes, éléments du corps humain ou objets de la vie quotidienne. oiseau oeil Stèle de Rer devant Osiris plante corbeille À l'époque de l'Ancien, du Moyen et du Nouvel Empire, il existe environ sept cents signes hiéroglyphiques, alors qu'à l'époque gréco-romaine, on en dénombre plus de six mille. Le dernier texte en hiéroglyphe, connu à ce jour, est gravé sur les parois du temple de Philae et daté de 394 après J.-C. La compréhension des hiéroglyphes se perd ensuite pour plusieurs siècles. Pendant près de 1500 ans, cette écriture reste une énigme que beaucoup essayent de résoudre, mais sans succès. En 1822, Jean-François Champollion réussit à percer le secret des hiéroglyphes en déchiffrant la pierre de Rosette. Cette pierre comporte un texte rédigé en trois écritures différentes : en égyptien hiéroglyphique, en égyptien démotique et en grec. La composition des textes Les hiéroglyphes n’ont pas la même taille. Ils prennent place à l’intérieur d’un cadre carré virtuel, appelé cadrat. Certains signes occupent la totalité du cadrat. D’autres signes n’occupent parfois que la moitié ou le quart du cadrat. Il peut donc y avoir plusieurs signes à l’intérieur d’un cadrat, placés côte à côte ou l’un au-dessus de l’autre. Il n’y a pas de séparation entre les signes et pas de ponctuation dans les phrases. Sens d’écriture et de lecture Les hiéroglyphes s’écrivent et se lisent normalement de droite à gauche et de haut en bas, mais dans certains cas le sens de lecture est inversé. Pour savoir dans quel sens lire le texte, les hiéroglyphes représentant des êtres vivants constituent des indices. Le début se trouve dans la direction vers laquelle regarde l’être vivant. Sur cette stèle funéraire, deux personnages se font face : Rê-Horakhty, dieu à tête de faucon et Ankheséniset, avec les bras levés en position d’adoration. Le texte est composé de 6 colonnes. Les 4 colonnes de gauche font référence à RêHorakhty car les êtres vivants regardent dans la même direction que lui, tandis que les 2 colonnes de droite font référence à la défunte. Fragment de stèle funéraire au nom d’Ânkheséniset L’écriture hiéroglyphique est une combinaison de trois types de signes : les phonogrammes, les idéogrammes et les déterminatifs. Les phonogrammes Ce sont des signes-sons qui peuvent transcrire une ou plusieurs consonnes. Comme il n’y a pas de voyelles dans l’écriture hiéroglyphique, pour lire les mots traditionnellement, on intègre des « e ». Il existe vingt-neuf signes unilitères, correspondant chacun à une consonne. La chouette correspond au son M Il existe environ cent signes bilitères, permettant deux consonnes. Le damier correspond à MN Il existe une cinquantaine de signes trilitères. La croix ansée correspond à NKH Une même lettre peut être écrite avec deux signes différents. Le poussin de caille et la corde servent à écrire la lettre w qui fait le son « ou » Les idéogrammes Ce sont des signes-idées. Le signe désigne ce qu’il représente. Le plan d’une maison sert ainsi à écrire le mot « demeure », un disque solaire est utilisé pour écrire le mot « soleil ». Pour distinguer l’idéogramme du phonogramme, les Égyptiens ajoute le signe au hiéroglyphe ayant valeur d’idéogramme. Si ce signe est un phonogramme, il correspond au son M mais s’il s’agit d’un signe-idée alors il correspond à ce qui est représenté, c’està-dire la chouette. Les déterminatifs Comme les voyelles n’existent pas en écriture hiéroglyphique, plusieurs mots ont la même graphie et donc la même phonétique. Les déterminatifs permettent de préciser le sens de ce qui est écrit. Ils sont placés après les signes phonétiques et ils ne se prononcent pas. Ce personnage accroupi portant la main à sa bouche détermine les mots qui sont en relation avec la bouche : manger, boire, mordre, parler….. L’évolution de l’écriture égyptienne Le hiéroglyphe Il s’agit d’une écriture sacrée, aux « pouvoirs magiques » de création, destinée à perpétuer la mémoire des rois et des dieux. Utilisés à des fins religieuses et funéraires les hiéroglyphes ont aussi une vocation administrative. Des inscriptions découvertes sur des jarres évoquent la provenance géographique des produits contenus. Les hiéroglyphes ont également une vocation politique. Le hiéroglyphe cursif Il s’agit d’une écriture simplifiée, mais toujours sacrée, des hiéroglyphes. On l’observe par exemple sur les bandelettes enveloppant le corps des défunts. Ces inscriptions sont des extraits du Livre des morts ou des formules magiques destinés à protéger les défunts et à les aider à accéder au royaume des morts. C’est cette écriture qui a été utilisée pour tracer les textes sur la cuve et l’intérieur du couvercle du cercueil d’Ânkhpakhéred, présenté dans l’exposition. Le hiératique Il s’agit d’une écriture encore plus simplifiée mais toujours sacrée. On ne reconnaît presque plus les hiéroglyphes. Elle est utilisée pour les textes religieux sur les papyrus et pour la comptabilité dans les temples. Le démotique Cette écriture apparaît au VII siècle avant notre ère (époque d’Ânkhpakhéred). Il ne s’agit plus d’une écriture sacrée mais cette fois d’une écriture populaire. On ne reconnaît plus du tout les hiéroglyphes. C’est l’écriture utilisée pour les documents de la vie quotidienne (contrats, lettres…). Écriture du mot scribe en : hiéroglyphe hiératique démotique Le scribe et le matériel d’écriture Le scribe. Aux temps anciens, les Égyptiens ne savent pas tous lire et écrire. Seuls les prêtres, les fonctionnaires et les scribes accèdent à ce savoir, qui leur confère pouvoir et prestige. Si la profession de scribe est recherchée, elle n’est pas facile à atteindre car elle nécessite 12 années de formation. Écrivain et comptable, le scribe veille au cadastre, à la perception des impôts, à la prestation des corvées. Mais surtout, par l’écriture, il s’assure l’immortalité. Progressivement toutefois, la majorité de la population sut lire et écrire. Les supports d’écriture. Les hiéroglyphes sont sculptés dans la pierre, matériau éternel s’il en est mais présentant un inconvénient : sa dureté ne permet pas d’écrire rapidement. C’est de cette difficulté qu’est née l’idée de confectionner un nouveau support, sur lequel les scribes pourront écrire aisément. Ce support est produit à partir d’une plante le papyrus, qui pousse en abondance dans les zones marécageuses de la vallée du Nil et notamment dans la région du Delta qui porte le nom de Taméhou, « terre des papyrus ». La tige est coupée en tronçons de 40 à 45 cm de long. Les tronçons sont écorcés puis découpés en fines lamelles. Après avoir été humidifiées, les lamelles sont en deux couches perpendiculaires : verticalement et horizontalement. Elles sont ensuite frappées avec un maillet pour être aplaties et pour que la sève les colle ensemble. La feuille ainsi obtenue est mise à sécher puis polie. Cyperus papyrus Les feuilles de papyrus sont coûteuses car leur fabrication est longue. Pour les économiser, les scribes écrivent recto-verso et parfois ils les lavent à l’eau pour pouvoir les réutiliser. Par souci d’économie, les scribes utilisent aussi d’autres supports : éclats de pierres ou fragments de céramique. Les instruments pour écrire. La palette, la coupelle à broyer les pigments et le godet à eau constituent le nécessaire à écrire du scribe. La palette sert de rangement aux pinceaux dans un compartiment central et de réserve à encre solide. On l'utilisait aussi comme règle pour tracer des traits. Pour écrire, le scribe utilise un pinceau, c'est-à-dire une tige végétale dont le bout a été mâchouillé afin d’en séparer les fibres. Ce pinceau est parfois appelé calame (tige de roseau taillée en pointe) de façon impropre, car ce dernier n’apparaît qu’à l’époque romaine. Les couleurs des hiéroglyphes sont principalement le noir et le rouge. Le noir, obtenu à partir de charbon de bois, est utilisé pour le corps de texte tandis que le rouge, issu d’oxydes de fer, sert pour les titres ou les corrections. La préparation des couleurs s’effectue dans un mortier avec un pilon. Le scribe utilise la gomme d’acacia appelée également gomme arabique pour lier ses pigments. Objets associés au thème Thot à tête d’ibis Faïence égyptienne Époque ptolémaïque (304-30 av. J.-C.) Angers, musée Pincé Inv. MTC 691-1 Le dieu Thot est l’inventeur de l’écriture et du langage mais aussi le dieu des scribes. Il est souvent représenté dans la scène de la pesée du cœur, qui est l’ultime épreuve avant l’accès au royaume des morts. Il note le résultat de cette pesée et le transmet à Osiris, dieu des morts qui préside le tribunal. Thot, comme les autres divinités, connaît de multiples représentations : sous la forme humaine avec une tête d’ibis ou avec une tête de babouin, ou entièrement sous la forme de ces deux animaux. Ces nombreuses figurations sont visibles dans l’exposition. Statue de Ptah-Sokar-Osiris au nom d’Horresnet Bois polychrome et doré Région d’Akhmim Époque ptolémaïque (304-30 av. J.-C.) Amiens , musée de Picardie Inv. M.P. 3057.164 Ptah-Sokar-Osiris est une divinité constituée par la réunion de trois dieux. Lié à l’avenir du mort dans l’Au-delà, il est représenté sous la forme d’une statue et placé dans les tombes. Ce dieu, figuré comme un personnage momifié, est coiffé d’une couronne constituée de deux cornes de bélier placées à l’horizontal surmontées par deux plumes ornées d’un disque solaire. Le texte, disposé en colonne sur le linceul, est une prière au dieu Chou en faveur du défunt. Chou est le maître de l'air. Il incarne le souffle vital, qu'il est censé transmettre aux morts. Bandelette de momie au nom de Nefertiou Toile de lin Époque ptolémaïque (304-30 av. J.-C.) Besançon, Musée des Beaux-arts et d’Archéologie Inv. 849.3.7 L’usage des bandelettes inscrites se répand à la Troisième Période intermédiaire. A l’origine, les textes rédigés à l’encre noire comportent des dates et des dédicaces. Ultérieurement, il s’agit d’extraits du Livre des morts, écrits en hiératiques, c'est-à-dire en hiéroglyphes simplifiés. Ces textes sont des formules destinées à protéger le défunt et à l’aider à franchir les portes conduisant vers l’Au-delà. La bandelette de Néfertiou comporte la représentation de l’une des portes, défendue par un gardien armé d’un long couteau, et les paroles censées amadouer le défenseur. Canope à tête humaine du grand prêtre de Ptah, Ptahmès Calcite Nouvel Empire, XVIIIe dynastie, règne d’Amenhotep III (vers 1390-1353 av. J.-C.). Château-Gontier, Musée du Pays de Château-Gontier Inv. 83864 Les vases canopes, au nombre de quatre, sont destinés à recevoir les organes internes momifiés du défunt après son éviscération. Le foie, les poumons, l’estomac et les intestins y sont déposés. La formule inscrite ici s’adresse à la déesse Selkis et à l’un des quatre fils d’Horus, Qébehsénouf ; ce qui permet l’identification du contenu. Ce canope accueillait les intestins. Tout dans ce vase évoque l’importance et la richesse du défunt. Ce que confirme l’inscription hiéroglyphique qui mentionne Ptahmès, c'est-à-dire un grand prêtre de Ptah. Fragment de cartonnage inscrit Toile enduite et peinte XXIIe dynastie (vers 943-735 av. J.-C.) Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Inv. D.863.3.245-1 A certaines époques, les cercueils intérieurs protégeant les momies sont remplacés par des cartonnages, toiles de lin enduites et peintes. Ces cartonnages comportent des figurations de divinités mais aussi des colonnes de texte. Lee texte en hiéroglyphes inscrit sur ce fragment est une prière adressée à Anubis, dieu des embaumeurs à tête de chacal, en faveur du mort. Le soin apporté pour les dessins constitue une preuve de l’importance du défunt, dont le nom malheureusement est perdu. Cette offrande en pain, bière, bœuf et volailles, devait permettre au défunt d’assouvir ses besoins dans l’Au-delà et donc de survivre. Couvercle du sarcophage intérieur Séramon Bois stuqué et peint Probablement de la nécropole thébaine XXIe dynastie (vers 1069-944 av. J.-C.) Besançon, Musée des Beaux-arts et d’Archéologie Inv. A.779 Pour accéder à la vie éternelle, le défunt doit réussir diverses épreuves et franchir de multiples obstacles : conserver son corps, le protéger, se nourrir, faire en sorte qu’on n’oublie pas son nom…Le cercueil est l’un des éléments permettant l’accès à l’éternité car il assure la préservation de la momie. Séramon est inhumé dans la tradition du Nouvel Empire ; sa momie est placée dans une série de cercueils emboîtés les uns dans les autres : cercueil extérieur, cercueil intérieur et planche de momie (également appelé couvercle-plaque). La multiplication des cercueils permet d’augmenter la surface accueillant les textes, qui étaient autrefois gravés sur les parois des tombeaux. Les trois couvercles, en forme de momie, présentent la même décoration. La partie inférieure comporte des vignettes figurant des divinités, délimitées par des bandes transversales et longitudinales de hiéroglyphes. Ces bandes évoquent les bretelles enserrant la momie dans son linceul. Les textes comportent notamment le nom et les titres du défunt et indiquent qu’il était entièrement dévoué Amon, dieu majeur à cette époque. Séramon dont le nom signifie « Amon est mon prince », s’occupait du recrutement du personnel du temple et était chargé des grands travaux. Placé directement sous la direction du grand prêtre d’Amon, (véritable vice-roi de Haute-Égypte), Séramon était donc l’un des plus importants personnages du sud de pays. Cuve de sarcophage Ânkhpakhered Bois enduit et peint XXVIe dynastie (vers 664-525 av. J.-C) Thèbes Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Dépôt de la Bibliothèque de la Ville de Besançon, 1832 Inv. D.947.5.1 La momie d’Ânkhpakhéred bénéficie de différentes protections : résille de perles bleues, scarabée ailé placé au niveau du cœur, statuettes figurant les quatre fils d’Horus, sarcophage en bois en forme de momie. Toute la surface de la cuve du sarcophage et l’intérieur du couvercle sont recouverts de textes inscrits à l’encre noire sur fonds jaunes ou blancs. Il s’agit d’extraits du Livre des morts, notamment des chapitres 1 à 7, 9, 19, 85 et 89 qui ont trait aux funérailles, au jugement d’Osiris et à la survie de l’âme-ba du défunt. Le Livre des morts est une adaptation des Textes des pyramides, textes liturgiques et magiques qui ornaient à l’origine les parois des tombeaux des rois. Ces privilèges ont ensuite été étendus aux murs des tombes des reines et enfin à ceux des notables. Le dessus du couvercle comporte des représentations de diverses divinités, une figuration de la déesse Nout qui déploie ses ailes pour protéger le défunt, deux scènes de la pesée de l’âme, épreuve délicate dans le voyage vers l’Au-delà et enfin une autre scène montrant le mort sur son lit funéraire, son âme-ba prête à s’envoler. Comme Séramon, Ânkhpakhéred a fait inscrire son nom, sa filiation et ses titres sur son cercueil. Son nom signifie « Que vive l’enfant ! ». Fils d’Horoudja et de Méhytémousékhet, il a travaillé au service du dieu Amon, en tant que scribe-dessinateur pour le compte de son domaine à Thèbes. Cône funéraire de Chepenmout, épouse du troisième prophète d’Amon Padiimennebnésoutaouy Terre cuite Thèbes Basse Époque, XXVIe dynastie, règne de Psammétique Ier (vers 664-610 av. J.-C.) Nantes, Musée Dobrée Inv. 56.2830 (177) Les cônes funéraires, mentionnant le nom et les titres du défunt, fabriqués en terre cuite sont incrustés dans la façade des tombes. Ils permettent ainsi d’attribuer la propriété du monument funéraire et de perpétuer le nom du défunt, ce qui indispensable pour sa survie. Le texte est ici disposé en 5 lignes. La lecture s’effectue de gauche à droite, direction indiquée par les regards des oiseaux ou de l’abeille. TRADUCTION : l’épouse du troisième prophète d’Amon Padiimennebnésouttaouy, justifié, Chepenmout (leur) deux fils, le prophète d’Amon, prêtre ritualiste, scribe du livre divin, Bénitéhor, le prophète d’Amon Horakhbit. Palette de scribe avec calames Bois Région thébaine ( ?) Nouvel Empire, fin XXe dynastie (1100-1069 av. J.-C.), règne de Ramsès XI Nantes, Musée Dobrée Inv. 56.2840 (187) Cette palette est attribué à un proche du dernier pharaon du Nouvel Empire Ramsès XI, car le nom de ce roi est indiqué dans deux cartouches positionnés entre deux personnages se faisant face : l’un debout, l’autre assis tenant un sceptre dans sa main droite. Le cartouche est un symbole hiéroglyphique de forme allongée, fermé par un nœud. Il contient le nom du pharaon et est chargé de protéger ce nom. Le cartouche, délimitant le nom du pharaon, a été un élément déterminant pour le déchiffrement des hiéroglyphes par Jean François Champollion. Ouchebti de Psammétique-Méryptah Terre cuite à glaçure Saqqarah XXVIe dynastie, règne d’Amasis (vers 571-525 av. J.-C.) Besançon, Musée des Beaux-arts et d’Archéologie Inv. 849.3.1 La vie dans l’Au-delà est le prolongement de la vie terrestre : le défunt doit y accomplir certains travaux et notamment des travaux agricoles. Mais n’ayant pas envie d’accomplir lui-même les tâches dans le royaume des morts, il emporte avec lui dans sa tombe une foule de serviteurs, les ouchebtis. Ces derniers à l’appel du maître iront travailler à sa place. Psammétique-Méryptah, dont le nom, indiqué dans un cartouche, signifie Psammétique est aimé de Ptah, avait emporté avec lui environ quatre cents ouchebtis, un pour chaque jour de l’année plus un chef par dizaine. Ouchebti de la reine Henouttaouy Faïence glaçurée Cachette royale de Deir el-Bahari XXIe dynastie, règne de Pindjem Ier (vers 1054-1035 av. J.-C.) Besançon, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie Inv.931.1.16 A partir de la XXIè dynastie (1069-943 avant notre ère), les ouchebtis sont en faïence glaçurée qui se caractérise par leur couleur bleue très vive. Le texte inscrit sur ces statuettes, issu du chapitre VI du Livre des morts, est souvent abrégé. Sur cet ouchebti, on retrouve le cartouche qui comporte le nom de la reine Hénouttaouy. Son nom est composé de plusieurs hiéroglyphes : - la tresse en haut à droite qui correspond au h - le vase en haut à gauche qui correspond à nou - le pain en dessous du vase qui correspond au t - et en dessous, le signe des deux terres superposées, qui correspond à taouy Stèle au nom de la maîtresse de maison Nésoudja Bois enduit et peint Basse Époque, XXVIe dynastie (664-525 av. J.-C.) Nantes, Musée Dobrée Inv. 56-2850 (197) La stèle fait partie du mobilier funéraire standard aux époques tardives. De bois ou de pierre, elle porte une représentation du défunt devant les principales divinités de l’Au-delà. Elle comporte souvent une prière en faveur du ka du défunt. Sur cette stèle, les hiéroglyphes écrits en noir s’organisent en trois lignes. La lecture s’effectue de haut en bas et de droite à gauche. TRADUCTION : parole dites pour Rê-Horakhty, le grand dieu, chef des dieux, qui sort à l’horizon, Atoum, maître des deux terres et d’Héliopolis, de sorte qu’il donne une offrande en pain, bière bœuf, volaille, encens, vin lait, toutes bonnes choses pures, toutes bonnes choses dont vit un dieu, pour le ka de l’Osiris, la maîtresse de maison de Nésoudja, justifiée, fille de Namenekhamen