> Nénuphars sur le fleuve à Neuilly-sur-Seine > Canards colverts sur la Seine 2 Un milieu naturel qui marque le territoire Simple fleuve pour le profane, la Seine est pour le scientifique comme pour le gestionnaire un véritable système constitué d’une variété de milieux en interaction. Comprendre le fonctionnement de ce système vivant, c’est retracer l’histoire de sa formation, connaître les milieux et étudier la dynamique du fleuve dans le temps et dans l’espace. La richesse faunistique et floristique a justifié le classement d’une grande partie des berges en espaces naturels sensibles. De plus, le “ Schéma des services collectifs des espaces naturels et ruraux “, dans sa contribution francilienne, identifie la vallée de la Seine comme une liaison écologique d’importance nationale, entre l’Est et l’Ouest. Les espaces naturels sensibles La Seine et ses berges constituent un point fort du “Schéma des espaces naturels sensibles“. Deux des sept objectifs traitent d’ailleurs de cette problématique. Sur les soixante-six kilomètres de berges, trente-trois ont été répertoriés comme espaces naturels sensibles soit soixantequatorze hectares. Cette décision a été motivée par quatre raisons principales : - la vallée de la Seine est un corridor écologique d’intérêt national dont la continuité doit impérativement être préservée, - les berges de Seine constituent un important potentiel d’accès à la nature pour les habitants du nord du département : soit pour l’intérêt intrinsèque du fleuve et de ses rives, soit pour la possibilité qu’offrent ces berges de relier entre eux les principaux espaces verts, - les îles constituent des sites privilégiés où la végétation reste très prégnante et qu’il convient de préserver au cœur de l’agglomération, - ces zones humides possèdent un très fort potentiel écologique et une dynamique de reconquête unique dans les écosystèmes terrestres des régions tempérées. Ce sont donc des milieux à mettre en avant pour la renaturation des zones urbaines. Cette démarche est d’autant plus intéressante qu’elle s’intègre dans une volonté affirmée de protéger les zones humides à l’échelon tant national qu’européen. 17 N 1 cm = 630 mètres > L’écluse de Suresnes Quelques chiffres Une géographie fluviale contrastée Le débit* moyen de la Seine est de 500 m3/seconde ; il peut varier de 250 m3/seconde en été à 2500 m3/seconde en hiver, lors de très grandes crues. Période de basses eaux (de juin à octobre) : en dessous de 300 m3/seconde. Période de hautes eaux (de décembre à avril) : au dessus de 500 m3/seconde. La quantité d’eau de pluie tombée sur l’ensemble du bassin versant de la Seine influe directement sur le régime et sur les crues du fleuve. Le département est parcouru par la Seine sur 39 kilomètres. Son niveau de retenue normal est de 26,73 mètres NGF à l’amont du barrage de Suresnes et de 23,56 mètres NGF à l’aval, contrôlé par le barrage de Chatou (source DIREN Ile-de-France). Les longueurs des deux biefs navigables sont de 8 kilomètres à l’amont de Suresnes et de 31 kilomètres à l’aval. La largeur moyenne du fleuve est de 160 mètres et sa profondeur moyenne de 3 mètres 50. *débit d’un fleuve : quantité d’eau qui passe, en 1 seconde, en un point donné d’une 2 rivière. > La Seine La Seine prend sa source en Côte-d’Or, sur le plateau de Le nom « Seine » vient du latin Sequana, déesse romaine qui était adorée à la source du fleuve il y a 2000 ans. Ce nom latin viendrait lui-même d’un mot celte plus ancien « Squan » qui signifie « semblable à un serpent » (tortueux). Langres, à 471 mètres d’altitude et se jette dans la Manche après un parcours de 776 kilomètres dont la dernière partie, en aval de Charenton, est allongée par de nombreux méandres. Le fleuve draine d’abord la Champagne (passant à Troyes), longe la Brie (où il arrose Melun), traverse Paris et sa ban- lignent le tracé du fleuve. Ceux du Val de Seine dominent la lieue puis atteint la Normandie en passant par Rouen, avant Boucle de Boulogne-Billancourt et dessinent des reliefs élevés de rejoindre la Manche par un estuaire d’une largeur d’en- et escarpés qui surplombent de plus de 140 mètres le niveau viron 10 km à son embouchure. du fleuve. Ils se prolongent jusqu’au Mont-Valérien, butte et L’Aube, l’Yonne, le Loing, la Marne, l’Oise et l’Eure sont, ultime témoin du plateau de la Beauce. Plus en aval, le d’amont en aval, ses principaux affluents. Les crues sont par- coteau d’Orgemont, de moindre ampleur, délimite la Boucle fois redoutables mais, ses colères passées, la Seine est un de Gennevilliers. Enfin, au sortir du département, la Seine se long fleuve tranquille et navigable sur une grande longueur. frotte à nouveau aux reliefs marqués de Rueil-Malmaison et de Bougival. La Seine et les Hauts-de-Seine De larges plaines alluviales environnent le fleuve. Les plaines La Seine traverse les Hauts-de-Seine - d’Est en Ouest - sur de Boulogne-Billancourt, de Villiers (de Neuilly-sur-Seine à 39 kilomètres, en traçant deux larges méandres. Ses 66 kilo- Clichy-la-Garenne), de Gennevilliers, de Nanterre et des mètres de berges, dont 15 concernent les îles, marquent Closeaux à Rueil-Malmaison, longtemps restées submersibles fortement le paysage. et dévolues aux caprices du fleuve, ont repoussé l’urbanisa- Au nombre de trente-quatre il y a deux siècles contre six tion à distance sur les premiers reliefs. aujourd’hui, les îles participent au charme du fleuve. En amont, l’île Saint-Germain, à Issy-les-Moulineaux, précède Le réseau hydrographique du fleuve, localement, est l’île Seguin. Plus loin, l’île de Puteaux forme un chapelet avec composé de plusieurs petits affluents, tels que le ru de l’île de la Jatte. Dans la Boucle nord, l’île Saint-Denis, longue Marivel ou le ru de Vaucresson, pour ne citer que les plus et étroite, sépare les Hauts-de-Seine de la Seine-Saint-Denis. importants. Ils échancrent les plateaux du centre du départe- Plus en aval encore, l’Ile fleurie, ou Ile de Chatou appelée ment et s’écoulent vers la Seine, en formant de nombreux val- encore Ile des impressionnistes, est marquée par les séjours lons. Bien peu de ces petites rivières sont encore à ciel de peintres célèbres. ouvert. Recouvertes par l’urbanisation, elles sont peu percep- Les trois boucles - celle de Boulogne-Billancourt, celle de tibles. Un des affluents interdépartemental important est la Gennevilliers et celle de Croissy - limitent le département à Bièvre, presqu’entièrement enterrée ; plusieurs organismes et l’Est, au Nord et à l’Ouest. associations réfléchissent afin de la voir ressurgir à ciel Des coteaux, véritables balcons sur la vallée et sur Paris, sou- ouvert. 19 N 1 cm = 630 mètres Belleville 128 m Périphérique Nord Bastille Panthéon Ile-St-Louis Bois de Clamart Meudon-la-forêt Boucle de Boulogne Bois de Meudon Ru de Marivel Chaville La Celle-St-Cloud Forêt de Malmaison Croissy De la formation la plus ancienne à la plus récente : 1 Craie campanienne surmontée localement par le calcaire et les marnes de Meudon. 2 Argile et sables yprésiens. 3 Calcaire grossier du Lutétien. 4 Marnes et caillasses du Lutétien. 5 Sables de Beauchamp. 6 Calcaire de Saint-Ouen. 7 Sables de Monceau, marnes et masses du gypse. 8 Argile verte du Stampien. 9 Formation de Brie. 10 Marnes à huîtres et Sables de Fontainebleau. 11 Argile à meulière. 2 Les formations géologiques à Paris et dans la banlieue ouest. [d’après Ch.Pomerol, découverte géologique de Paris et de l’Ile-de-France] Une nature dynamique La Seine évolue selon les saisons. L’hiver, le fleuve se gonfle progressivement, parfois jusqu’au débordement. L’été, des orages violents et soudains peuvent générer des augmentations du niveau d’eau sur une courte période. Le débit du fleuve varie au cours de l’année, en fonction des précipitations (pluie et neige) et de l’évaporation (donc de la température). Bourrelets de de rive Bourelets rive Berges Berges MURETTES ANTI-CRUES EXISTANTES Lit mineur Lit majeur périodique Géologie Il y a 1,8 million d’années, la Seine coulait encore au niveau des plateaux, à 100 ou 150 mètres d’altitude et son enfoncement progressif s’est effectué tout au long de l’ère quaternaire. A cette époque, le fleuve charriait des alluvions grossières. La Seine, encombrée de bancs de galets, possédait alors une très grande puissance d’érosion qui a facilité le creusement de la vallée et explique sa topographie actuelle. Sur son chemin, elle a entaillé des couches de calcaire puis de craie, visibles encore dans les anciennes carrières des coteaux de Meudon et d’Issy-les-Moulineaux. Le débit actuel, plus lent qu’autrefois, ne permet plus le creusement des rives. Lit majeur épisodique La période des hautes eaux, de décembre à avril, alterne avec la période des basses eaux, de juin à octobre. Le niveau maximum des crues est atteint habituellement pendant les mois de janvier et février. Le climat rencontré sur les territoires qui longent la Seine et ses principaux affluents expose les rivières de son bassin et elle-même à des crues hivernales dont certaines, dans le passé, ont été catastrophiques. L’hydrogéologie de la rivière L’eau libre de la Seine est reliée à sa nappe phréatique de part et d’autre de son lit. Cette nappe, appelée nappe des alluvions parce qu’elle imbibe les terrains alluvionnaires de la vallée, constitue un réservoir aquifère et surtout une « zone tampon » lors de crues ou de montée des eaux. Plus en profondeur, les roches perméables sont de vastes réservoirs dont la saturation en eau dépend des entrées et des sorties, par voie naturelle ou par prélèvement effectué par l’homme. La période des basses eaux est située l’été. L’équipement de barrages complété par des écluses contribue à maintenir le niveau d’eau nécessaire à la navigation et autorise la pratique des sports nautiques. Lors de sa traversée en région parisienne, le réseau hydrographique de la Seine perd ses caractéristiques naturelles. Les débits eux-mêmes sont régulés par quatre grands barrages21 > Côtes des principales crues dans les Hauts-de-Seine réservoirs qui jouent le rôle d’écrêtement de crues et de soutien d’étiage. Le lit habituel du fleuve est appelé lit mineur. En cas de crue, l’eau envahit parfois les alentours et définit alors le lit majeur. Dans l’histoire du fleuve, les crues les plus spectaculaires sont tou- L’écosystème fleuve : un écosystème fragile et d’une grande potentialité floristique et faunistique jours intervenues l’hiver, pendant la période des hautes eaux. La plus ancienne connue est celle de février 1658, où le pont Marie, Dans notre département, la Seine constitue un espace naturel d’enver- à Paris, fut emporté et vingt-deux maisons avec lui (cote maximale gure de près de 450 hectares. Elle joue un rôle de corridor écologi- par rapport au zéro local : 8,96 mètres). que pour de nombreuses espèces animales et végétales liées ou non Plus récente et dévastatrice, la crue de 1910 a atteint la cote de au milieu aquatique. Bien évidemment, ce rôle ne se limite pas au 8,62 mètres et noyé la gare Saint-Lazare; un peu moins spectacu- département. laire, celle de 1924 a atteint 7,20 mètres. Même si l’urbanisation a réduit les emprises sauvages en bordure du fleuve, celles-ci n’ont jamais complètement disparu. Les berges naturelles et semi-naturelles existent encore sur toute la partie aval L’importance des crues est liée aujourd’hui : > > à la concomitance et au niveau des pluies tombées sur les bas- du fleuve, de Colombes à Rueil-Malmaison, ainsi que dans des sins versants de l’Yonne, de la Seine, de la Marne et des autres endroits parfois insoupçonnés comme les petits bras de l’île affluents de la Seine ; Puteaux, de l’île Saint-Germain et de l’île de la Jatte. à l’imperméabilisation naturelle et temporaire (saturation des Ces berges naturelles et semi-naturelles représentent 8,2 kilomètres, sols, gel) ou artificielle des sols, du fait de l’urbanisation. soit 12,5% du linéaire total, sur les 66 kilomètres de berges. La crue Sur ces secteurs, la Seine et ses berges constituent un écosystème La crue est un phénomène naturel périodique ; il est aléatoire pour les crues exceptionnelles correspondant à une montée du niveau d’eau au-dessus de son niveau moyen pendant lequel le cours d’eau sort de son lit. Lorsque le fleuve n’a pas été endigué pour protéger les terres riveraines, les espaces naturels inondables jouent un rôle de régulateur de débit. dynamique, unique, fragile et précieux qui abrite une flore et une faune spécifiques. La terre, l’eau, la luminosité interagissent pour offrir des milieux aquatiques, humides et terrestres propices au développement d’une grande diversité d’espèces vivantes. L’importance des berges naturelles Les berges naturelles et leur végétation assurent plusieurs fonctions essentielles : > elles stabilisent les talus par la structure des parties souterraines des plantes ; > elles constituent autant d’habitats pour un grand nombre d’espèces > L’étiage. Été 1942 22 © I.I.B.R.B.S. animales terrestres et aquatiques : poissons, batraciens, insectes, oiseaux… ; > Héron cendré > Berges de la Seine au parc des Chanteraines 2 > Canard colvert à Neuilly-sur-Seine > elles contribuent à la régulation des crues par dissipation de l’énergie du courant ; > elles jouent un rôle de filtre naturel vis-à-vis de la pollution présente dans l’eau (matières en suspension, fixation des nitrates, des phosphates) ; > elles préservent les échanges entre l’eau libre du fleuve et sa nappe phréatique. Des habitats dépendants de la dynamique fluviale Le milieu aquatique > Foulque macroule > Méconème fragile Le lit du fleuve est caractérisé par une faible pente avec un chenal assez large et profond. On peut y distinguer trois grands types biologiques d’espèces vivantes selon l’importance du courant. Il s’agit des espèces : > fixées ou se déplaçant sur le fond (la végétation, les vers, les mollusques, les larves d’insectes, les crustacés, les gas- > Chardonneret élégant > Oedipode turquoise téropodes…) ; > dérivant en pleine eau (le plancton) ; > les organismes nageurs (les poissons essentiellement). Les milieux semi-aquatiques et les berges Les berges naturelles sont en pente douce et recouvertes d’une végétation herbacée (de type roselière) en rive > Mouettes au pied du quartier de la Défense concave. Elles sont plus abruptes et présentent des fronts d’érosion favorisant l’implantation d’une végétation arborée en rive convexe. La juxtaposition de ces différents types d’habitats, du plus humide au plus sec, du plus récent au plus ancien, du plus ensoleillé au plus ombragé, est favorable à l’installation d’une grande diversité d’espèces animales et végétales. La berge est une zone de contact entre le milieu aquatique et le milieu terrestre et la nature de la végétation que l’on y trouve dépend des conditions locales d’humidité. Ainsi, ren23 N 1 cm = 630 mètres > Tanaisie > Cirse commun > Grève alluviale à Nanterre 2 > Alliaire pétiolée > Salicaire contre-t-on une succession de milieux dont l’affinité avec l’eau diminue lorsque l’on s’éloigne de la Seine. Une flore diversifiée 1 La végétation aquatique des eaux calmes Au pied des berges se développe une végétation amphibie complètement ou partiellement immergée. Les éléments caractéristiques en sont le nénuphar jaune (Nuphar lutea) et le myriophylle en épis (Myriophyllum spicatum). Ces végé- les oiseaux. En effet, ce type de milieu, même de dimension taux constituent des zones de frayères, d’abri et de nutrition. Ils restreinte, constitue en zone urbaine une halte précieuse ont très largement régressé au fur et à mesure de l’urbanisation. pour les oiseaux migrateurs. Par ailleurs, les roseaux jouent Exemple de localisation : Ile de la Jatte. un rôle épurateur des eaux par assimilation minérale ce qui représente un réel intérêt pour des fleuves comme la Seine. Les grèves alluviales Exemples de localisation : parc des Chanteraines à A proximité immédiate des berges, les grèves alluviales sont Villeneuve-la-Garenne, Colombes, Nanterre. constituées de plantes herbacées annuelles qui colonisent les sols nus, riches en nitrates et périodiquement inondés. Si rien La forêt rivulaire (ou ripisylve) ne bloque l’évolution dans le temps de la végétation, les grè- La forêt rivulaire, peu développée sur le département ves alluviales se voient supplantées par des roselières et lorsqu’elle est présente, constitue une bande arborée de quel- éventuellement par des sauleraies. ques mètres d’épaisseur seulement. Exemples de localisation : Colombes et Nanterre. Les grands arbres tel que le frêne (Fraxinus excelsior), l’aulne glutineux (Alnus glutinosa) et le chêne pédonculé (Quercus Les roselières robur) dominent. On note aussi la présence du saule blanc Quelques roselières subsistent sur le département, dominées (Salix alba), du saule fragile (Salix fragilis) et du saule des par le roseau (Phragmites australis) accompagné de l’eupa- vanniers (Salix viminalis). On peut y trouver par endroit la toire chanvrine (Eupatorium cannabinum), du lycopode cardamine impatiente (Cardamine impatiens), plante proté- d’Europe (Lycopus europaeus), de la salicaire (Lythrum sali- gée au niveau régional. L’orme lisse (Ulmus laevis), arbre caria) ou de diverses épilobes. rare en Ile-de-France, a été découvert récemment sur les Elles délimitent des zones d’eau calmes et peu profondes, berges du port de Gennevilliers. essentielles pour l’installation d’une faune et d’une flore Exemples de localisation : Nanterre (présence de la carda- diversifiées. Elles sont indispensables à la reproduction des mine impatiente). libellules, des poissons et des amphibiens. Elles constituent également un lieu d’abri, de nutrition et de reproduction pour Les bois et les fourrés Aux abords des lieux fréquentés par la population, la végé- 1 Les plantes citées ci-après sont caractéristiques des habitats décrits ou s'y retrouvent de manière constante. Toutes ont été observées ces dernières années dans les Hauts-de-Seine. tation forme souvent des bois et des fourrés caractérisés par un grand nombre d’espèces végétales introduites. 25 > Cane et ses canetons à Suresnes > Lucane La strate arborée est dominée par le robinier (Robinia pseudoaca- Ce rongeur amphibie, de mœurs crépusculaires, s’installe préféren- cia), l’orme (Ulmus minor) et les érables. L’étage arbustif est souvent tiellement sur les berges boisées. Sans prédateur naturel, il est constitué de sureau noir (Sambucus nigra), de saule marsault (Salix déclaré nuisible à cause des galeries qu’il creuse et qui endomma- capraea) ou de symphorine (Symphoricarpos albus). Les lianes, gent non seulement les berges, mais aussi les ouvrages hydrauli- telles la clématite (Clematis vitalba) et le houblon (Humulus lupulus), ques. Il est notamment présent à Issy-les-Moulineaux. sont envahissantes, formant une véritable barrière végétale difficilement pénétrable. De nombreuses espèces herbacées caractérisent Les oiseaux ce groupement. La plupart sont communes, mais quelques unes sont Les rivières et leurs berges présentent une multiplicité de milieux moins fréquentes comme l’agripaume cardiaque (Leonorus car- favorisant une avifaune diversifiée. Si certaines espèces présentes diaca). sont attachées au milieu terrestre, d’autres exploitent le milieu aqua- Exemple de localisation : berge sud-est de l’île de Puteaux. tique. Les oiseaux aquatiques utilisent la Seine pour leur quête de nourri- Les friches et prairies ture mais ils nichent ou se reposent sur la terre ferme. Ainsi, la Les friches sont bien représentées et leur présence est souvent liée mouette rieuse (Larus ridibundus), le goéland argenté (Larus argen- à d’anciennes activités humaines. tatus) et le goéland leucophée (Larus cachinnans) survolent la Seine Les berges et les talus entretenus de manière extensive laissent en quête de déchets flottants. De nombreuses bandes de grands apparaître une végétation dense, très diversifiée, dont quelques cormorans (Phalacrocorax carbo) sont aussi observées à l’automne espèces rares comme la passerage à larges feuilles (Lepidium lati- et durant l’hiver. Un grand dortoir hivernal existe à la pointe avale folium) et la passerage à feuilles de graminée (Lepidium graminifo- de l’île-Saint-Denis. lium). Le héron cendré (Ardea cinerea) survole le fleuve toute l’année mais Lorsque l’entretien se relâche, friches et prairies évoluent vers des niche dans les départements limitrophes. Le martin pêcheur (Alcedo fourrés puis des boisements. atthis), espèce rare et en régression en Ile-de-France, est également présent sur la plupart des îles. Il creuse son nid dans les talus des Certains sites avaient autrefois une vocation maraîchère. La pré- berges couvertes de végétation. L’enrochement ou l’endiguement, sence de l’asperge (Asparagus officinalis), du fenouil (Foeniculum en détruisant ces sites favorables à la reproduction, constitue le vulgare) et de la betterave (Beta maritima) en témoigne encore principal facteur de régression de cette espèce. aujourd’hui. Les grèves alluviales, peu nombreuses, procurent repos et nourriture Exemples de localisation : Gennevilliers et Nanterre. au chevalier guignette (Actitis hypoleucos) qui fréquente ces rives lors de ses escales migratoires. La bergeronnette des ruisseaux Une petite faune insoupçonnée2 (Motacilla cinerea) et la bergeronnette grise (Motacilla alba) peu- Les mammifères vent aussi y être observées. Le rat surmulot (Rattus norvegicus) est présent sur tout le linéaire des Canards colverts (Anas platyrhynchos), foulques macroule (Fulica berges de Seine, généralement à proximité des habitations ou des atra) et poules d’eau (Gallinula chloropus) fréquentent la plupart dépotoirs mais aussi parmi les berges enrochées et boisées. Son des berges. La rousserolle effarvatte (Acrocephalus scirpaeus) et la cousin d’Amérique du sud, le ragondin (Myocastor coypus) fré- 2 quente, quant à lui, les berges naturelles où il creuse son terrier. 26 Les animaux cités ci-après ont tous été observés ces dernières années dans les Hauts-de-Seine. > Canthus pellucens > Gardon > Sphinx demi-paon > Grand cormoran > Pic épeichette 2 fauvette babillarde (Sylvia curruca) sont aussi observées En 2002, vingt-huit espèces de poissons étaient dénombrées localement. La chouette hulotte (Strix aluco) et le faucon cré- dans les Hauts-de-Seine (source : Conseil supérieur de la cerelle (Falco tinninculus) nichent probablement non loin des pêche). Le maintien de cette biodiversité est intimement lié à berges. Ils fréquentent les milieux ouverts riches en micro- la présence de berges naturelles et végétalisées qui offrent mammifères et petits passereaux vulnérables. Plus de trente des frayères et des abris à la faune piscicole. Cependant, en aval autres espèces, plus communes, sont présentes sur les berges d’Achères, le nombre d’espèces de poissons retombe à trois*. couvertes de buissons et de boisements. Les insectes Reptiles et batraciens Aucun insecte à développement aquatique présentant un Reptiles et batraciens sont assez peu présents dans les inven- intérêt patrimonial n’est connu et les animaux de ce groupe taires écologiques des berges de Seine. Le lézard des semblent avoir largement régressé. murailles (Podarcis muralis) y a été observé ponctuellement. Parmi les insectes liés à l’existence de végétation arborée, En revanche, la tortue de Floride, espèce exotique invasive, notons la présence, à Colombes, du spectaculaire sphinx est, hélas, relativement commune, au détriment de la faune demi-paon (Smerinthus ocellatus), papillon nocturne dont la indigène. chenille se nourrit de feuilles de saules ou de peupliers. Cependant, l’élément le plus remarquable de l’entomofaune Les poissons des berges est probablement le méconème fragile Si le saumon atlantique (Salmo salar), la grande alose (Alosa (Meconema meridionale), sauterelle considérée comme rare alosa) et la lamproie marine (Petromizon marinus) ont dis- en dehors de la zone méditerranéenne. L’un de ses cousins, paru, faute de pouvoir franchir les écluses et barrages, le l’œdipode turquoise (Oedipoda caerulescens), protégé en seul poisson migrateur à s’être maintenu est l’anguille Ile-de-France, semblait presque éteint depuis 10 ans dans la (Anguilla anguilla). La population de cette espèce est cepen- région. Sa présence à Nanterre est donc également remar- dant considérée comme vulnérable tant sur le plan national quable. Le grillon d’Italie (Oecanthus pellucens), lui aussi qu’à l’échelle du bassin versant de la Seine. protégé au niveau régional, est également présent à La diversité piscicole a payé un lourd tribut à la pollution des Gennevilliers et Nanterre. eaux. Dans les années 60 seules trois ou quatre espèces très résistantes peuplaient encore la Seine, à l’instar du chevesne (Leuciscus cephalus) ou de la perche (Perca fluviatilis). Toutefois, la qualité de l’eau s’améliorant depuis le milieu des années 90, des espèces plus sensibles comme la vandoise (Leuciscus leuciscus) ou la bouvière (Rhodeus sericeus) ont réapparu. Cette dernière est d’ailleurs intéressante dans la mesure où elle est considérée comme vulnérable, tant localement qu’à l’échelon national. > Rousserole effarvate * Source : CEMAGREF 27 N 1 cm = 630 mètres