LA PRISE EN CHARGE DES BACTERIES HAUTEMENT - FHP-SSR

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LA PRISE EN CHARGE DES BACTERIES HAUTEMENT RESISTANTES EMERGENTES (BHRE) EN SSR,
RETOUR D’EXPERIENCE DE LA CLINIQUE KORIAN LES TROIS TOURS (LA DESTROUSSE, 13)
Qu’est-ce que les BHRe ? 1
« 1. bactérie commensale du tube digestif
2. résistante à de nombreux antibiotiques
3. avec des mécanismes de résistance aux antibiotiques transférables entre bactéries
4. émergente selon l’épidémiologie connue, c’est-à-dire n’ayant diffusé en France que sous
un mode sporadique ou un mode épidémique limité
Ainsi, on considèrera comme BHRe :
- parmi les bacilles à Gram négatif : Entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC),
- parmi les cocci à Gram positif : E. faecium résistant aux glycopeptides (ERG) ».
Comment doivent être prises en charge les BHRe en établissement de santé ?
Schémas extraits du rapport « Prévention de la transmission croisée des Bactéries Hautement
Résistantes aux antibiotiques Emergentes (BHRe) », Haut Conseil de la Santé Publique, 2013.
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« Prévention de la transmission croisée des Bactéries Hautement Résistantes aux antibiotiques Emergentes (BHRe) », Haut Conseil de la
Santé Publique, 2013.
Retour d’expérience de prise en charge des BHRe par la clinique Korian Les Trois Tours :
Korian Les 3 Tours, établissement sanitaire (205 lits et 20 places à La Destrousse (13) spécialisé
en Réadaptation Fonctionnelle Respiratoire, Réadaptation Fonctionnelle ORL et Soins de
Suite Indifférenciés) a pris en charge 3 patients, colonisés, porteurs de BHRe de type OXA 48
entre les 23/07/2015 et 09/09/2015.
L’admission de ces patients a été organisée, en lien avec le service adresseur, Service de
maladies infectieuses de l’Hôpital Nord AP-HM. Le statut infectieux des patients étant connu
avant l’admission, la mise en place des précautions complémentaires d’hygiène de type
« contact » a été anticipée dès leur arrivée dans le service (chambre individuelle avec sas
d’isolement et autre).
De même, une information a été diffusée à l’ensemble des professionnels du service, en
contact avec ces patients, en amont de l’admission.
La culture de l’hygiène hospitalière, menée par une EOH-LIN dynamique et investie, se
traduisant notamment par des formations et audits réguliers (précautions standard et
complémentaires, l’inscription au programme StopRisk Plus etc.,) a facilité la diffusion de
l’information au sein de l’établissement.
Cependant, pour répondre aux recommandations applicables du Haut Conseil de la Santé
Publique, nous avons dû modifier nos organisations et fonctionnements. Nous avons identifiés
certains points clefs que nous détaillons ci-après.
La formation des professionnels est essentielle. L’hospitalisation de ces patients étant survenu
en été, de nombreux vacataires étaient en poste ; ces derniers n’ont pas forcément la
maitrise suffisante des précautions complémentaires d’hygiène et du fonctionnement de
l’établissement. Ils ont donc étés (re)formés dans un délai court.
Le stress généré par cet évènement pour les équipes a dû être canalisé. L’importance du
protocole, la méconnaissance du germe et de l’inexpérience de sa prise en charge ont dû
être démystifiés. L’encadrement a dû se montrer très présent, disponible et réactif avec en
particulier le personnel de nuit. Ceci s’est traduit par des rencontres/points quotidiens et des
campagnes d’affichage spécifiques.
La mise en place du personnel dédié est impérative mais difficile. Dédier du personnel, 1 IDE
jour et 1 IDE nuit uniquement pour 3 patients colonisés, porteurs de BHRe de type OXA 48,
n’a pas été possible car nous ne disposions pas des ressources humaines et financières
adaptées. Le personnel a donc été dédié au secteur d’hospitalisation induisant une
réorganisation de service supprimant notamment les mutualisations avec les autres secteurs.
La prise en charge de ces 3 patients a été réalisée en respectant la logique du
regroupement des soins et de la marche en avant. Le respect de ces bonnes pratiques
d’hygiène a dû être évalué régulièrement sur le terrain.
Le personnel étant dédié à un secteur d’hospitalisation, tous les autres patients de ce secteur
ont été considérés comme patients « contacts » . Les patients « contacts » ont bénéficié de
mesures de suivi, de prévention et d’information spécifiques. Pour cela, nous avons créé une
plaquette d’information « Patient contact BHRe » et une fiche de consentement éclairé. Le
médecin du service a rencontré chaque patient « contact » et a recherché son
consentement éclairé pour la réalisation des 3 prélèvements rectaux de dépistage à une
semaine d’intervalle.
Création d’un tableau de recensement des cas et de suivi des prélèvements « Patients
porteurs » et patients « contacts ».
L’ensemble des patients du secteur ont été dépistés de la façon suivante :
- Les patients « porteurs », 3 prélèvements rectaux réalisés à 1 semaine d’intervalle le
lundi
- Les patients « contacts », 3 prélèvements rectaux réalisés à 1 semaine d’intervalle le
mercredi.
Au total 96 prélèvements ont été réalisés.
Les médecins traitants et adresseurs des patients ont été informés du statut de leur patient.
Les médecins de l’établissement ont contact téléphoniquement ou par courrier, leurs
confrères médecins traitants ou hospitaliers.
Enfin, la gestion de cet épisode amène une surcharge administrative conséquente. En effet,
au-delà des mesures de terrain qui sont chronophages, des recueils, ordonnances,
transmissions et documentations supplémentaires sont impératifs. En parallèle, le signalement
externe via Esin et sa mise à jour régulière doivent être réalisés.
La prise en charge des patients BHRe concerne l’ensemble du personnel de l’établissement
et impacte réellement toutes les organisations allant de l’administratif au bionettoyage des
chambres en passant bien évidemment par le soin, la rééducation, le médical et la
pharmacie.
Les recommandations applicables du Haut Conseil de la Santé Publique et l’attention des
tutelles à ce sujet entrainent un surcout important en terme financier et humain. Le mode de
financement actuel des établissements sanitaires ne répond pas à cette dépense
supplémentaire.
Grâce à l’application et au respect des bonnes pratiques d’hygiène, l’implication de toutes
nos équipes et de l’encadrement ainsi que l’accompagnement de l’Arlin Paca, aucune
transmission croisée n’a été constatée.
La gestion de cette situation nous a permis de monter en compétence au service de la
sécurité des patients. Notre retour d’expérience a d’ailleurs remporté le 1er prix à la 15ème
journée méditerranéenne de lutte contre les infections nosocomiales organisée par l’Arlin
Paca le 6 novembre 2015.
Le point de vue de l’ARLIN Paca :
« Dès que survient un signalement de BHRe dans un établissement, nous nous assurons
systématiquement de la qualité de la prise en charge et de l’information des professionnelles
auprès de l’EOH. Nous vérifions ensemble la mise en œuvre des procédures et des
recommandations pour la prévention de la transmission croisée des BHRe
En Aout 2015 un SSR reçoit trois patients porteur de BHRe, la survenue d’une telle situation en
période estivale avec les congés et du personnel remplaçant n’est jamais facile surtout en
l’absence de l’EOH également en vacances.
Dans cet établissement SSR de la région PACA la mobilisation des professionnels présents,
leur implication et les nombreux échanges téléphoniques que nous avons eu ont permis
d’assurer une prise en charge de qualité pour ces trois patients porteurs et leurs contacts.
Nous avons apprécié la communication efficace entre tous les acteurs concernés,
l’application effective des mesures préconisées en tenant compte du contexte local. La
redéfinition des précautions standard et des mesures complémentaires d’hygiène ont permis
de contribuer à la maitrise de la diffusion de ces BHRe vers des patients indemnes. Nous
n’avons enregistré aucun nouveaux cas durant la période de dépistage
La démarche de communication mise en place au sein de l’établissement auprès de
chaque patient,
par le médecin et l’équipe, est accompagnée d’une plaquette
d’information. Elle a permis de faciliter la compréhension des patients et de leurs familles
d’une part et d’harmoniser les explications données par les professionnels d’autre part. La
réalisation de cette plaquette a mobilisé les professionnels dans leur ensemble, y compris
l’EOH contactée pendant les vacances. Elle a donné lieu à la création d’un poster pour la
journée méditerranéenne de prévention des infections nosocomiales. Le 1er prix a été
décerné a cet établissement.
La mise en place d’une politique de prévention des infections associées aux soins, une
architecture adaptée et le respect des procédures validées sur l’établissement (Précautions
standard et précautions complémentaires d’hygiène) sont garants d’une meilleure maitrise
de prévention du risque infectieux. »
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