Le Génocide au Cambodge – Ben Kiernan

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Le Génocide au Cambodge – Ben Kiernan
p.58 : « Au bord de cette même nationale, écrit Ping Ling, les jeunes filles rassemblaient la
vaisselle après avoir dîné au bord de la route, lorsque neuf chemises noires firent irruption
dans le campement et ordonnèrent à tout le monde de partir sur le champ. C’en fut trop pour
un garçon de vingt-trois ans qui se mit à trépigner devant les chemises noires en hurlant à tuetête et en se frappant la poitrine à deux mains, avant de s’arracher les cheveux. Ensuite,
raconte Ping Ling, il enleva ses vêtements jusqu’au moment où il fut entièrement nu.
Toujours en trépignant et en hurlant. Puis il se jeta à quatre pattes et montra ses fesses d’une
main, défiant les chemises noires de le frapper. Le jeune homme se releva et maudit les
Khmers rouges, affirmant qu’ils mourraient tous en enfer et que le diable était son ange
gardien et le protégeait à cet instant précis, qu’il pouvait tous les combattre d’une seule main.
En se martelant la poitrine il se mit à danser comme un boxeur. Un Khmer rouge, un
adolescent, braqua son M-79 sur le ventre du jeune homme. Un spectateur le supplia de ne pas
tirer. Les gens commencèrent à s’éparpiller. Un Chemise noire plus âgé, coiffé d’une
casquette Mao, posa la main sur l’épaule du jeune Khmer rouge pour le retenir. Il sortit
posément son 45 de l’armée américaine et tira une balle dans la tête du malheureux fou. »
p.106 : « La Zone spéciale formait le fer de lance sur lequel comptait le Centre pour assurer
son emprise militaire et politique sur les campagnes. […] Le secrétaire de la Zone spéciale
était Vorn Vet, avec Son Sen pour adjoint. […]
Le secrétaire de zone [Sud-Ouest] était Mok. Grand, maigre, la peau claire, les cheveux gris
avec un début de calvitie, il avait été l’un des chefs de guérilla près de chez lui à l’ouest, dans
le district de Tram Kak, pendant la guerre contre les Français. L’administration française
accusait les rebelles du secteur d’exactions contre la population, et un ancien bonze confirme
que Mok tuait les gens ordinaires au même titre que ses ennemis politiques. »
p.112 : « Quelques mois après l’évacuation des villes, on apprit de sources indépendantes que
le Centre avait ordonné la fin des exécutions. »
Utilisation et abandon du peuple : p. 117-118 « Un document secret du Centre daté du 19
Septembre 1975 affirmait que par comparaison avec les révolutions chinoise, coréenne et
vietnamienne, nous avons trente ans d’avance. […] nous devons répartir le peuple en fonction
des besoins de production […] Le Nord-Ouest a besoin de 500000 travailleurs
supplémentaires. […]La population de la zone Nord-Ouest atteignit 1.79 millions de
personnes en mars 1976, contre 908000 en 1968. Quelque 800000 anciens citadins furent
envoyés dans cette seule zone. Une catastrophe se préparait. Il fallait nourrir tous ces gens,
mais l’on prévoyait de vendre 2 millions de tonnes de riz à l’exportation en 1977. »
p.140 : dossier du conflit sur les frontières terrestres et maritimes entre Cambodge et
Vietnam : « Pol Pot commence par déclarer que son avis « ne diffère en rien » de ce qui vient
d’être dit. Il veut seulement ajouter quelque chose. D’abord, « négocier avec el Viêt Nam le
règlement du problème des frontières est notre tâche révolutionnaire du moment. » Il existe
« un conflit chronique avec le Viêt Nam » et « nous ne sommes pas des idéalistes qui disent
qu’il ne doit pas y avoir de conflits ». Pol Pot n’envisage pas de le résoudre. « A présent et
dans le futur il y aura toujours conflit. Nous devons renforcer notre position. […] Même si
nous ne réglons pas le problème, nous aurons l’expérience de cette négociation. » Le but de la
négociation n’est pas pragmatique, mais dialectique. La leçon à en retenir : on ne peut pas
négocier avec le Viêt Nam. »
Hypocrisie : Dans leur réponse, « nous insisterons sur notre amitié et notre solidarité. »[…]
« L’amitié et la solidarité avec le Viet Nam sont sacrées à nos yeux. »
Aide de la Chine :
aide militaire pour le Cambodge p. 156 en contrepartie, le Cambodge offre des produits rares
très convoités depuis longtemps par la Chine : « Le Lê Du quitta le Cambodge le 2 octobre,
premier d’une série de bateaux qui acheminèrent en Chine une grande partie des richesses de
la forêt cambodgienne. Tout compte fait, cela n’avait rien de nouveau. Ces produits exotiques,
chéris des Chinois depuis des temps immémoriaux, formaient l’essentiel des présents que les
monarques cambodgiens envoyèrent pendant des siècles en tribut à l’Empire du Milieu. Mais
ces exportations prirent vite des proportions inquiétantes. La cargaison du Lê Du marqua le
début d’un pillage sans précédent de l’écologie du Cambodge. […] Parallèlement « on
exporta d’énormes quantités de riz à la fin de 1976 ». D’après Pech, un bateau quittait presque
tous les jours le port avec un chargement de riz cambodgien.
Les structures sociales : déchus candidats et pleins droits.
Cambodge vu par l’Union des femmes vietnamiennes, conduite par Ha Thi Que :
« Pour leur dernière soirée, les invitées assistèrent à un spectacle de chants cambodgiens
interprétés par des solistes et une chorale. Il n’y eut pas de danses. La salle était vide, hormis
les Vietnamiennes, dix membres de l’ambassade du Viêt Nam et un nombre égal d’invités
cambodgiens. « La visite était finie, conclut Que. Nous n’avions eu aucun contact avec le
peuple cambodgien ; on nous avait empêchées de poser des questions aux gens ordinaires. »
Qu’advenait-il des Cambodgiens ? »
p. 194 : « Sur le plan social, la population se répartissait en deux groupes. Les
habitants des villes évacuées et les paysans vivant dans les zones tenues par Lon Nol jusqu’en
avril 1975 formaient à présent le « peuple nouveau » ou « peuple déchu ». Ils représentaient
jusqu’à 30 pour cent de la population du Kampuchéa démocratique. La majorité paysanne, qui
vivait depuis plusieurs années dans les zones d’insurrection appelées « bases », constituait le
« peuple de base », encore appelé « peuple ancien ». »
Révolution paysanne ?
p. 197 : « En revanche, je monterai que la thèse d’une révolution paysanne conduite par le
PCK ne tient pas. Avec autant d’efficacité qu’elle avait déjà ravagé la vie des Cambodgiens
appartenant à d’autres races, la politique adoptée par le PCK écarta aussi presque tous les
paysans khmers de souche, bien qu’ils n’en fussent pas encore conscients à une période aussi
tardive que 1976. »
p. 198 : « La politique du Kampuchéa démocratique priva les paysans de trois
caractéristiques de leur mode de vie auxquels ils étaient particulièrement attachés : la
terre, la famille et la religion. La population du Cambodge se transforma en maind’œuvre corvéable et non payée. »
p. 257 : « Mais, en 1977, l’Organisation du Kampuchéa démocratique était trop étroitement
réglée et contrôlée pour autoriser des initiatives spontanées de la part des paysans.[…] La
révolution paysanne de Vickery relève du mythe. Son analyse semble plus proche de la
vérité dans la zone Est […] que dans la zone Sud-Ouest en général. Rien n’indique que les
directions du Centre ou de la zone aient été « entraînées par les paysans. » Mais le PCK put
néanmoins compter sur un large appui de leur part, au moins en 1975-1976. »
Zone Sud-Ouest 198 - 249
p. 200-201 : « Elle nous dit qu’on pouvait s’en tirer à trois conditions[…] ne rien savoir,
ne rien entendre, ne rien voir. »
p.203-204 : « Les gens vraiment pauvres aimaient les Khmers rouges. Ils n’étaient pas très
intelligents et cela leur faisait plaisir d’avoir autant à manger que les gens riches et instruits à
qui ils en voulaient. Ils aimaient le régime et détestaient les gens de Phnom Penh, parce qu’ils
ne s’étaient pas battus pour la révolution et pour l’égalité aux côtés des Khmers rouges. […]
Les Khmers rouges, c’étaient les habitants de base et le chef de village ; on n’avait pas besoin
de soldats. »
Dans la plupart des districts quand même, les habitants de base étaient privilégiés, recevant
plus de nourriture, et travaillant moins. Mais cela jusqu’en 1976.
- exemple p.210 : « Jusqu’en 1975, dit Hen, les habitants de base « eurent foi en la
révolution », mais, lorsqu’on les sépara de force des membres de leur famille rentrés
de Phnom Penh, leurs yeux s’ouvrirent. « La foi fit place à la colère et à la peur ».
- exemple p.217 : « Les habitants de base furent eux aussi privés de leurs enfants, et
eux aussi perdirent leurs illusions sur le régime. »
- p.246 : « La situation était à peu près convenable en 1975-1976. […] Mais, en 1977,
le courant s’inversa. « Beaucoup » de paysans moyens et aisés et « la plupart des
enseignants parmi les peuple nouveau » furent exécutés. « Ils se mirent à éliminer tout
le monde, même le peuple de base. Ils commencèrent à ce moment-là ce qu’ils
appelaient la « lutte des classes » et emmenèrent les « couches supérieures de la
société » pour les forger. On les tuait pour des fautes minimes. » » « Il n’y eut pas de
famine. Les morts résultèrent toutes d’exécutions. »
- p.260 : « Aussi longtemps qu’on ne toucha pas à ses moyens de subsistance et que
ses sources de nourriture furent garanties, le peuple put s’accommoder des
Khmers rouges, voire soutenir leur cause. Quand la nourriture vint à manquer,
son soutien, feint ou réel, commença à s’effriter. »
De manière générale, à partir de l’année 1977, le régime devînt de plus en plus rigide et
intransigeant.
P. 215 : « Samath, ce menuisier du quartier général de région qui avait rallié la révolution en
1970, confirme que la situation s’aggrave considérablement en 1977, après l’arrestation de
Saing Rin et son replacement par le fils de Mok, Chong, au poste de secrétaire de région. « En
1977-1978, on arrêtait tous les deux ou trois jours quelqu’un dans notre unité de cinquante à
soixante travailleurs. »
p.355 : « En 1977, on commença à tuer les capitalistes, les étudiantes, les bonzes et même les
Chinois et les Vietnamiens, même s’ils parlaient cambodgien. On tua les gens appartenant à
ces classes en les massacrant à coups de bâtons. »
Egalité pour tous = horreur pour tout le monde.
Zone Sud-Ouest : p. 210 : « En juillet, on établit une nouvelle classification de la
population, cette fois en trois grands groupes. Les « citoyens de pleins droits » étaient les
habitants de base faisant preuve d’une « bonne conscience politique », sans liens
familiaux avec les peuple nouveau ni les victimes des exécutions, et travaillant avec
ardeur. Les habitants de base affligés de « mauvaises biographies » rétrogradaient au
statu de « déchus » et rejoignaient le gros des peuple nouveau, et le reste formait un
groupe intermédiaire, les « candidats ». […] Les gens montaient ou reculaient dans la
hiérarchie suivant qu’on jugeait leur ardeur au travail « intense, moyenne ou faible ».
p.211 : « En 1977, Hen fut muté dans un sous-district encore « plus dur ». Les gens travaillent
« jour et nuit », certaines nuits par roulement de quatre heures pour dormir sur le chantier. La
production augmenta, mais deux à trois cents personnes moururent chaque année : « leur santé
se détériorait à cause du travail harassant, et les rations étaient médiocres. » Soixante à 70
pour cent du riz produit allaient à l’Etat. Les habitants de base soupçonnés d’infractions
étaient régulièrement « déférés aux instances supérieures » - autrement dit envoyés à la
mort. En 1977-1978, les déportations de paysans atteignirent un niveau inconnu jusque-là, et
« le peuple de base cessa complètement de croire en la révolution ».
p. 219 : « Une famille en vint aux mains pour de la nourriture. Rentrant de deux semaines
passées à déplacer de la terre dans les collines, un fils découvrit que son père avait mis de côté
un peu de leurs rations au cas où il tomberait malade. Il prit le riz et commença à le cuire. Son
père l’injuria, disant : « C’est mon riz. Angkar ne m’en donne pas assez. » Le père frappa
ensuite sa femme, et le fils se jeta sur lui. Tam Eng accourut précipitamment et le vit qui
tentait d’étrangler son père. »
p.223-224 : village modèle Leay Bo district de Tram Kak : « Ici au cœur du Kampuchéa
démocratique – une coopérative modèle dans un district modèle de la zone de Pol Pot par
excellence -, la politique de clan se cristallisa en une extravagante hiérarchie de
castes.[…] De la même façon que l’idéologie raciste avait déterminé la politique du PCK à
l’égard des minorités et des étrangers, d’autres liens du sang au sein de la majorité khmère,
déterminaient la place de chacun dans l’architecture sociale du Kampuchéa démocratique.[…]
La nouvelle organisation en castes, stratifiée, soigneusement calibrée, institutionnalisée
suivant des critères rigides, avait aussi peu de chose à voir avec une politique de classe
paysanne que la nouvelle organisation du travail avec l’exploitation paysanne de la terre. »
=> Parenté et non géographie est le facteur déterminant
Zone Est : 249-255
p.250 : « Michael Vickery concluait que, avant 1978, « l’Est tout entier avait été une zone où
les gens vivaient relativement bien, les paysans de base comme le peuple nouveau. Elle
comptait de nombreux districts agricoles prospères, et l’administration était aux mains de
communistes disciplinés forts d’une longue tradition révolutionnaires. »
Paysans et le parti dans les zones de base
p.256 : soldats du PCK abattant un soldat de Lon Nol région Battambang : « Une jeune
gemme de Battambang, qui n’était pas allée à une réunion politique, dormiat dans une
charrette derrière sa maison. La détonation la réveilla en sursaut. Elle vit avec horreur les
agresseurs ouvrir le ventre du soldat qui vivait encore. Ils arrachèrent le foie, le firent
cuire sur un feu improvisé et le mangèrent. C’était un rite khmer traditionnel pour
absorber la force de l’ennemi. »
Chapitre 6 : état corvéable 262 – 305
p.305 : « Des paysans à qui on demandait s’ils aimaient le PCK répondirent : « Evidemment
que nous l’aimions : nous n’avions pas le choix ! » C’est précisément ce qu’exprimait la jeune
Teang en déclarant : « Les peuple de base ne juraient que par les Khmers rouges, ils faisaient
tout ce qu’ils leur disaient parce qu’ils avaient peur de la mort. »[…] Un habitant du village
de Cham, décrivait ainsi la situation : « Ils pouvaient nous frapper si l’envie leur en prenait,
même si nous avions obéi à leurs règles. Les règles n’existaient pas. S’ils voulaient qu’on
marche, on marchait ; qu’on s’assoie, on s’asseyait ; qu’on mange, on mangeait. Et pourtant
ils nous tuaient. Ce n’était pas compliqué, s’ils voulaient nous tuer, ils nous emmenaient et ils
nous tuaient. » La réfléxion d’un Chinois de souche confirme cette culture
d’asservissement. »
Chapitre 7 : purification ethnique 306-375
p.306 : « Le sort de toutes les minorités dans le Kampuchéa démocratique a été
particulièrement négligé. D’après l’évacuation officielle publiée par le régime en 1977, elles
représentaient seulement 1 pour cent de la population. « Quatre vingt dix-neuf pour cent »
étaient khmers. Les Chams, Chinois, Thaïlandais, Laotiens et vingt autres groupes ethniques,
soit près de 20 pour cent de la population, furent quasiment rayés de l’histoire par le PCK. »
- Chams : communauté déjà oubliée, minimisée par la vision internationale. P. 311 : « La
vision nostalgique de la disparition prochaine des Chams a contribué à les priver de leurs
droits en 1975-1979. »
p.314 : « A Angkor Chey, les Chams de la zone Sud-Ouest prirent officiellement le nom de
peuple de base déchu. C’est l’exemple le plus ancien d’application de ce terme aux
déportés. […] Cette terminologie montre que la définition de catégories fut d’abord conçue à
l’intention des Chams, pour des raisons raciales et non géographiques.[…] Elle met en
évidence les notions parallèles de race et de parenté par le « sang » dans l’idéologie et les
méthodes de PCK. »
p.316 : document officiel daté de 74 : « Toutefois, il est nécessaire de disloquer ce groupe
dans une certaine mesure ; il ne faut pas le laisser se concentrer dans un même secteur. »
Rébellions de 1975 à Krauchhmar qui « abritait quelque trente mille Chams dans les années
1970. Quatre très gros villages se pressaient sur la rive orientale du Mekong[…] Ils passèrent
aux mains des insurgés en 1970, lorsque le régime de Lon Nol perdit le contrôle des secteurs
situés en amont du fleuve, leurs habitants devenant de ce fait des peuple de base.Les Chams
de cette région adhéraient sans réserve à la révolution – du moins jusqu’en 1975. »
p.320 : « En juin ou juillet 1975, déclare Ly, les autorités du district de Kraucchmar
voulurent confisqer tous les exemplaires du Coran de l’endroit et obligèrent les jeunes filles
cham à se couper les cheveux. »
p.321 : « les musulmans se révoltèrent en apprenant que le Kampuchéa démocratique
prévoyait d’interdire leur religion et leur langue, de leur faire manger du porc et de disperser
leurs communautés. »
p.322 : « Après 1975, aux yeux de l’Etat, il n’y eut plus de musulmans du tout. »
p.326 : « La situation empira au milieu de 1976. On convoqua une réunion de tous les groupes
ethniques du secteur. Les responsables du parti prirent la parole : « Maintenant que nous
sommes en 1976, nous devons suivre un nouveau plan.[…] Il n’y aura plus ni Chmas, ni
Chinois, ni Vietnamiens, seulement une seule et même ethnie khmère pour tous. » » De
même, p.329 : « « Maintenant, nous faisons la révolution. Tout le monde devient khmer. »
Cette définition inhabituelle de la révolution laissait mal augurer du sort des Chams. »
p.343 : « C’est à Takeo, patrie de Mok, que le terme « déchu » fit sa première apparition. On
l’utilisait habituellement pour différencier les villageois cham des villageois khmers. » p.
345 : « Mais les chams devaient leur statut à la discrimination raciale. »
p.347 : « D’après Toloh, promu chef adjoint du village, Po Tonlé, un village voisin, devint un
vaste centre de torture et d’exécution où l’on assassina trente-cinq mille personnes, dont
environ vingt mille chams. »
p.504 : « Khatidjah n’en affirme pas moins que 1978 fut l’année la plus sanglante pour les
Chams, particulièrement visés par les forces du Sud-Ouest. » « campagne d’extermination
raciale » 505
-Chinois : p. 351 : « On peut estimer à cent cinquante mille le nombre de Chinois qui périrent
dans la zone Nord-Ouest pendant la seule période 1976-1978. »
p.356 : « Ils n’épargnèrent que les gens à la peau foncée[…] Un cadre détestait les Chinois de
souche. »
p.357 : « Une grande partie de la population chinoise de la capitale était originaire de la
région 25 de la zone Sud-Ouest. Lors de l’arrivée massive des évacués dans ce secteur en avril
1975, les dirigeants locaux commencèrent par opérer une ségrégation raciale. »
p.358 : « Eng ne faisait état d’aucune persécution raciale, mais les « rapatriements »
signifiaient que le Kampuchéa démocratique cessait de reconnaître les minorités
ethniques.[…] la nouvelle ligne consistant à disperser les groupes ethniques à l’échelon
national signifia la suppression des droits de ces minorités : le choix entre l’expulsion ou
l’assimilation forcée ».
p.360 : « Pour les Chinois de souche du Cambodge, ke Kampuchéa démocratique signifia la
pire catastrophe à s’être jamais abattue sur une communauté chinoise en Asie du Sud-Est. Sur
une population de 430000 individus en 1975, 215000 seulement survécurent aux quatre
années suivantes. Les Chinois périrent en masse de la faim et de maladies comme le
paludisme. Avec cinquante pour cent de morts, ils furent, proportionnellement, plus touchés
que la population des villes en général (emputée d’un tiers environ ). De plus, le chinois,
comme toutes les langues étrangères et celles des minorités, fut interdit, de même que fut
proscrite l’existence d’une communauté chinoise ethniquement et culturellement identifiable.
La communauté chinoise devait être détruite « comme telle ». Cette politique du PCK, comme
celle qu’il mena contre les chams, pouvait être interprétée comme un génocide.
- Vietnamiens de souche :
p.361 : « « Ils ordonnèrent même aux maris de tuer leurs femmes vietnamiennes. […] Et ils
n’hésitèrent pas à abattre ceux d’entre nous qui érpouvaient de l’attachement pour leurs
femmes et leurs enfants. Tels furent leurs ordres. » »
- Khmers Krom :
- Thai et laotiens
- Minorities tribales :
p. 368 : « Le nord-Ouest était la zone où Ieng Sary et Pol Pot avaient vécu de 1967 à
1970. Pol Pot admirait lui aussi les populations tribales du Nord-Est.[…] Mais ces petites
fractions minoritaires furent les seules dont le Centre n’interdit pas la langue. » et plus
loin , « Au ministère des Affaires étrangères où le personnel de bureau représentait une
dizaine d’employés sur un effectif de cent cinquante personnes, les cadres appartenant aux
minorités bénéficiaient systématiquement d’un statut plus élevé que les intellectuels et
diplomate khmers rentrés de l’étranger. »
p. 371 : « Dans le fil de ce revirement ultra-nationaliste, les purges opérèrent des coupes
de plus en plus claires parmi les cadres des minorités. A la fin de 1977, une escouade
armée du PCK emmena Khon (ancien cadre ayant été garde du corps de Hou Yuon de
1967 à 1975); on ne le revit jamais. Sa femme disparut peu après. Au début de 1978, plus
d’une centaine de cadres limogés, certains avec femmes et enfants, arrivèrent à Cahmcar
Loeu pour « reprendre leur éducation à zéro ». »
p.373 : « D’après une estimation plausible, environ 50 pour cent de la population
montagnarde de Ratanakiri aurait été tuée. »
p.375 : exceptions : « Plus le groupe ethnique était réduit, plus le PCK lui accordait de
privilèges. »
Chapitre 8 : politique de force
p.379 : « Le centre fondait sa révolution sur le « secret » » (Cf. Boua, Chandler et
Kiernan, 1988, p.220-221) ; Picq, 1984, p.26)
p.380-381 : « Le Santebal, ou « branche spéciale », formait le centre nerveux de
l’appareil de l’épuration. Il était placé sous la responsabilité directe de Kaing Khej Iev,
membre du PCK, un ancien enseignant de petite taille et chétif. Dans les années 1960, Iev
avait été directeur adjoint du collège de Balaing à Khompong Thom, la province natale de
Pol Pot.[…] François Bizot, un chercheur français fait prisonnier par le PCK à Kompong
Chhnang à la fin de 1970, fut brièvement interrogé par Iev, qui se présenta sous son nom
de révolutionnaire, Douch. »
Début des dissenssions :
p.390 : dans l’est, « Sous la menace de nouvelles dissensions internes, la direction du PCK
cherchait des boucs émissaires à sa politique étrangère. »
p. 391 : « Il y eut d’abord la mise en place d’un appareil politique : une présidence, un
cabinet et une législature. » 1976
p.332 : « Pol Pot dirigeait le nouveau cabinet avec trois vice-Premiers ministres : Ieng
Sary aux Affaires étrangères, Vorn Vet à l’Economie, Son Sen à la défense. »
« L’assemblée des représentants du peuple cambodgien se réunit le soir du 10 avril pour
une première séance d’une heure à l’ancien stade. Elle forma un comité permanent de dix
membres. Nuon Chea devint président, Mok premier vice-président, Khek Penn second
vice-président. »
p.393 : « On annonça donc le 14 avril que l’Assemblée avait désigné « Pol Pot »
comme nouveau Premier ministre du Kampuchéa démocratique. »
p.394 : « De son côté, Khieu Samphan remplaça Sihanouk à la tête de l’Etat, en prenant la
présidence du nouveau présidium. »
« Il ajouta : « Nous commençons donc à montrer notre visage.[…] Notre gouvernement
n’est pas une coalition comme auparavant ? Nous assumons l’entière responsabilité des
progrès et des erreurs, du bien et du mal, des bénéfices et des pertes, à l’intérieur du pays
et à l’extérieur, pour ce qui concerne nos amis comme nos ennemis. Nous et personne
d’autre. » Le nouveau gouvernement avait notamment pour tâche de « forcer les gens à
être heureux. »
p. 397 : « Mao Zedonc mourut le 9 septembre.Le Kampuchéa démocratique décréta une
période de deuil du 12 au 17. Ieng Sary rentra d’un voyage à l’étranger le 18, et ce jour-là
Pol Pot prononça en public un éloge vibrant du « marxisme-léninisme et de la pensée de
Mao Zedong », reconnaissant pour la première fois la dette idéologique du PCK à l’égard
de la Chine. »
p. 398 : Pol Pot : « C’est un vieux problème ; Si nous avons la solidarité et l’unité interne,
nous pouvons résoudre n’importe quel problème. En revanche, si la solidarité et l’unité
interne présentent des points faibles, une situation favorable conserve des tensions, et une
situation difficile devient encore plus confuse. » A la recherche d’un centralisme
démocratique.
p.403 : « De même, 18 huit dirigeants « importants » du PCK furent incarcérés d’octobre
à décembre (1976), contre douze pendant les trois premiers trimestres. Le nombre de
victimes innocentes à l’autre extrémité de la hiérarchie politique accusa aussi une
augmentation spectaculaire. De janvier à septembre, le Santebal avait arrêté treize femmes
et cinq enfants de ses prisonniers. Mais d’octobre à décembre 1976, soixante-six femmes,
vingt enfants et cinq mères de prisonniers arrivèrent à Tuol Sleng. A Phnom Penh, comme
dans les zones Sud-Ouest et Nord-Ouest, l’appareil du génocide était à l’œuvre. »
La vraie paranoïa : discours de Pol Pot :
« Des éléments secrets, traîtres […] n’ont cessé de s’insinuer dans le parti […] ils sont toujours
là. » « Nous ne pouvons la localiser avec précision. La maladie doit se déclarer pour être étudiée.
[…] Nous recherchons vainements les microbes à l’intérieur du parti. Ils sont profondément
enfouis. Toutefois, à mesure que notre révolution socialiste progresse, nous réussissons à localiser
ces microbes hideux, de plus en plus puissamment infiltrés dans les moindres recoins du parti, de
l’armée et de la population. Ils seront expulsés par la vraie nature de la révolution socialiste. […] Si
nous attendons encore, les microbes peuvent causer de graves dégâts. […] Ils pourriront la société,
ils pourriront le parti, ils pourriront l’armée. » « Ne craignez pas de perdre un ou deux individus au
passé haïssable. […] L’éradication des forces traîtresses marquera une grande victoire. […] Tout le
monde doit être examiné. » « Le gros problème est interne. […] Nous devons résister aux espions à
nos frontières, mais l’important est de nous en protéger à l’intérieur du pays. »
Les purges furent beaucoup de mal au peuple : dans certains villages comme à Kouk
Thlok, la moitié de la population mourut dans la seule année 1977 (p. 411)
Lors des interrogatoires, les accusations étaient toujours les mêmes : sous la torture, les
bourreaux posaient des questions toutes faites, pour déceler l’ennemi : p.415, « « Depuis
combien d’années es-tu à la CIA ? » lui demanda aussitôt l’homme de Takeo. Sonn refusa de
répondre et fut battu à six reprises avec un bâton, puis renvoyé dans sa cellule. »
p.416 : « Il y avait aussi le chef de coopérative à qui Sonn devait son premier séjour en
prison ; incarcéré depuis déjà un an, il avait été battu à plusieurs reprises et était d’une
maigreur effrayante. Comme les prisonniers du S-21 à Phnom Penh, tous subirent des
interrogatoires et durent rédiger leur confession. Tous les jours on torturait de vingt à trente
détenus. Tous les jours aussi il en arrivait d’autres en camion. »
Escalade de la répression :
Chiffres fulgurants :
p.417 :« Trois cent soixante-cinq prisonniers entrèrent à Tuol Sleng ce même mois. En mars,
les chiffres flambèrent, avec 1059 incarcérations. »
p. 422 : « Pour la seule journée du 15 octobre, le Santebal marque un record avec l’exécution
de 418 prisonniers de Tuol Sleng. Trois jours après, 179 autres périrent, puis 88 le 20 octobre,
et 148 le 23. »
p.424 : « Six mille trois cent trente prisonniers furent « écrasés » à Tuol Sleng en 1977, soit
presque quatre fois le nombre total de victimes de 1976. »
p.421 : « Quatre jours après son arrestation, Hu Nim (ministre de l’Information) remit la
première de ses sept « confessions » écrites à son interrogateur, qui y ajouta une note à
l’attention de Douch : « Nous l’avons fouetté à cinq ou six reprises pour le casser, avant de
l’asphyxier par submersion. » Le 22 avril : « Je l’ai torturé pour qu’il se remette à écrire. »
Cinq semaines plus tard, Hu Nim n’opposait plus de résistance : « Je ne suis pas un être
humain, je suis une bête. » Il fut « écrasé » le 6 juillet, le même jour que Phouk Chhay
(membre de bureau du Centre) et cent vingt autres prisonniers. »
« Mais, à mesure qu’il prenait de la vitesse, le génocide faisait de plus en plus de victimes non
politiques, même au centre nerveux de la répression. Le 1er juillet, 114 femmes furent tuées à
Tuol Sleng, dont 90 recesnées comme « épouses » de prisonniers déjà exécutés à la rubrique
« fonction » des registres. »
Chapitre 9 : guerre, armes et pillage écologique.
p.425 : « Mais c’est sur la frontière vietnamienne que se produisirent les affrontements les
plus violents, déclenchés depuis la zone Sud-Ouest du Kampuchéa démocratique.
Début 77, plan d’invasion du Vietnam. Attaques mais pas de ripostes : p.428 : « « La
population demanda aux soldats vietnamiens d’effectuer une action de représailles contre le
Khmers rouges, mais ils répondirent qu’ils n’avaient pas d’ordres de leurs supérieurs. En
1977, les Vietnamiens n’entrèrent pas en territoire cambodgien. » »
p. 429 :
« En juin 1977, le ministre des Affaires étrangères du Kampuchéa démocratique rédigea une « Histoire
de la frontière khméro-vietnamienne », à l’usage confidentiel […] Ce document s’employait à prouver
que les « autorités royales et féodales » du passé et les colonialistes français étaient « responsables de la
perte du territoire du Kampuchéa Krom » au profit des « avaleurs vietnamiens de territoire
cambodgien. ». « La frontière entre le Kampuchéa et le Vietnam ayant été fixée en violation des droits
du Kampuchéa, le gouvernement du Kampuchéa démocratique exige la rectification de certains tracés
de la frontière actuelle », posait-il. Il ajoutait que l’armée du Kampuchéa démocratique était « résolue à
défendre l’intégralité de sons ancien territoire. » »
p.430 : « les orateurs du PCK déclarèrent : « Le territoire vietnamien est un territoire
cambodgien. » »
p.435 : « Radio Phnom Penh accusait « des générations de Vietnamiens » d’avoir « conçu »
des stratégies cruelles « pour tuer le peuple cambodgien » et l’ « exterminer ». Elle qualifiait
tour à tour les vietnamiens d’ « ennemis historiques » ou d’ « ennemis héréditaires » du
Cambodge. »
p.443 : « Les vietnamiens lancèrent leur première opération de représailles importante ce
même mois (octobre 77) rapporte Nayan Chanda. »
« Devant la persistance des combats au cours des mois suivants, Hanoi se prépara à lancer en
décembre une incursion d’envergure mobilisant trente à soixante mille combattants, appuyés
par l’artillerie, des blindés et des avions. »
Purges dans l’est : p. 444 : rencontre de deux chefs du PCK de zone Est. Lorsqu’ils se
reconnurent, ils se tirèrent les uns sur les autres : « Cet épisode convainquit peut-être Pol Pot
et le Centre que, à la différence des autres zones du pays, seule une campagne d’élimination
classique leur permettrait de prendre le contrôle de l’Est. »
Chine – corée du nord : armes contre produits naturels
p.447 : trois formes de rétributions : calculer le prix en livres sterling, nommer Pol Pot « héros
de la République populaire démocratique de Corée », aide militaire de la Chine
p.448 : Chine soutient le Cambodge : « La Chine avait déjà informé ces trois etats de sa
« position en quatre points », à savoir : 1) cessez-le-feu et ouverture de pourpalers, 2)
solidarité, 3) »La Chine ne prendra le parti d’aucun des Etats », 4) »La Chine soutient la
position du Cambodge et son peuple contre le social-impérialisme révisionniste soviétique et
ne se comportera pas en simple observateur. » Le quatrième point, en contradiction avec les
trois premiers, exprimait en fait la véritable politique de la Chine, et les Vietnamiens savaient
parfaitement à quoi s’en tenir. »
p.451 : « Les exportations de produits animaux représentaient une valeur marchande
équivalente à celles du riz et du caoutchoux. Or la Chine acquit ces denrées rares pour un prix
dérisoire. Le Kampuchéa démocratique lui factura les écailles de pangolin 3582 yuan (628
dollars) la tonne. Or, en 1993, les acheteurs chinois payaient 70 yuan (12.28 dollars) le kilo
des carcasses de pangolin en provenance du Laos, soit plus de 12000 dollars la tonne. […]
Pour 30 tonnes de bois de cervidés cambodgiens, la Chine ne déboursa que 1200 yuan, soit
211 dollars, par tonne. Les bois d’un seul cerf auraient rapporté 50 dollars au minimum à la
frontière thaïlandaise en 1992. » pareil pour les os de tigre, carapace de tortue, geckos
séchés…
« Les produits végétaux du Cambodge cotaient aussi plus haut que son riz ou son caoutchouc,
mais là encore il les brada. […] Alors que Pol Pot savait pertinemment que le kapok se
vendait 600 dollars la tonne sur le marché, le Kampuchéa démocratique le factura à 175
dollars la tonne à la Chine. […] Ces tarifs préférentiels permirent au Cambodge d’importer en
masse des armements chinois. L’écologie cambodgienne paya une grande partie des coûts de
la guerre du Kampuchéa démocratique contre le Vietnam et de l’anéantissement de sa propre
population. »
Chapitre 10 : tonnerre sans la pluie : race et pouvoir au cambodge
p. 455 : « Le 31 décembre 1977, le Kampuchéa démocratique rompit officiellement ses
relations diplomatiques avec le Vietnam. »
p. 457 : « « Nous ne craignons pas que notre armée manque un jour de combattants, car nous
disposons, avec la population locale, d’une source illimitée de recrues. » » Pol Pot
« L’important, toutefois, c’était « la haine nationale ardente, la haine de classe et les dettes de
sang bouillonnantes » des cambodgiens contre « les annexionnistes vietnamiens, leurs valets
et les réactionnaires de tout acabit ». »
p. 463 : « Pol Pot avait affiné son arithmétique : « Chacun d’entre nous doit tuer trente
Vietnamiens. » « « Nous devons impérativement appliquer le slogan « un pour trente » »
p. 475 : « Il (centre) recourut tout d’abord aux tactiques traditionnelles de la terreur. Le
Santebal redoubla de zèle. A la fin du mois de juin 1978, le nombre de prisonniers écroués à
Tuol Sleng depuis janvier atteignait 5675, à peu près l’équivalent, pour six mois, du chiffre
enregistré pour toute l’année 1977. »
250000 morts dans la zone est en 1978 p. 476
p.478 : « Les victimes en bleu avaient été évacuées de l’Est. » Marque pour désigner les
arrivants de l’Est, soit les gens à liquider. P. 479 Ces gens de l’Est étaient « des esprits
vietnamiens dans des corps khmers » : p.499
p.490 : « les gens de la zone Est vécurent toute cette période dans la terreur. Sur douze mille,
ils n’étaient plus que onze cents environ à l’arrivée des Vietnamiens. »
p.497 : « Les cadres de l’Ouest apportèrent aussi un chant qu’ils apprirent aux enfants du
Nord-Ouest. Les paroles mettent en évidence toute la cruauté née de la guerre et nourrie par la
nouvelle culture du PCK :
Le village de Baribo laisse couler ses larmes
L’ennemi a largué des bombes et préparé un ocup de force.
Un combattant hurle : camarade, où es-tu ?
L’ennemi abhorré a tué mon ami.
Lorsque tu es mort, camarade, tu étais encore nu,
La poitrine et le ventre béants, vidés du foie et de la rate,
Tu les laissas couler comme au gré du courant.
La perte du foie et de la rate est sujet d’affliction.
Les rizières de ma mère s’estompent au loin.
Le soleil tombe en oblique sur les vertes collines.
Lorsque tu es mort, camarade, tu m’as rappelé
Que l’ennemi abhorré avait avalé le Kampuchéa.
p. 511 : « S’il n’y eut pas de famine en 1975-1976, la malnutrition fit en revanche des ravages
en 1977-1978, principalement parmi les citadins, mais beaucoup de paysans moururent de
faim aussi. Ceux qui se plaignaient été exécutés. Les années 1977-1978 furent aussi celles qui
enregistrèrent le plus grand nombre de massacres. »
Paranoïa et désintégration au centre :
p.514 : « Pendant ce temps, le Centre entreprit de s’autodétruire. »
p.515 : accusations de faire partie du KGB ou de la CIA
« Courant après sa queue en décrivant des cercles de plus en plus étroits, le Centre devint la
proie de ses peurs. La révolution se dévorait elle-même. »
Chapitre 11 : fin régime Pol Pot
Janvier 1979 : vietnamiens arrivent en force. Pol Pot et Ieng Sary quittèrent Phnom Penh.
Sihanouk rejoint la capitale. 529
532 : « Dans les montagnes, la situation était catastrophique. Les nouveaux déportés, qu’on
empêcha d’emporter de la nourriture en quantité suffisante ou de s’arrêter pour essayer d’en
trouver, périrent par dizaine de milliers de faim et de maladie au début de 1979. »
534 : Avec l’appui des vietnamiens, la nouvelle République populaire du Kampuchéa se mit
progressivement en place, chaleureusement saluée par la grande majorité des Cambodgiens.
Heng Samrin fut nommé présent, Chea Sim devint ministre de l’intérieur, Hun Sen ministre
des Affaires étrangères. […] Des cadres de l’Est encore en vie revinrent également au pouvoir
dans leur zone. […] Une révolution génocidaire s’achevait. Mais, aux yeux des puissances
étrangères, le « problème cambodgien » naissait. »
Chiffres : 535-536 : « Une estimation des Nations unies datant du milieu de 1974, corroborée
par un statisticien occidental indépendant qui travaillait alors avec le gouvernement
cambodgien, avance le chiffre de 7,89 millions. » « On estime en janvier 1979 le nombre de
survivants entre 6 et 6,7 millions. » Soit une perte de 21% de la population.
Discrimination ?
540 : « Les Chams firent clairement l’objet d’une persécution, et l’on s’en prit, entre autres, à
leur différence culturelle. S’il faut simplement y voir l’application de normes communes à
tous les citoyens du Kampuchéa démocratique, force est de reconnaître que la nature globale
de ces normes et leur stricte application constituèrent une offensive impitoyable contre le
minorités. Mais de solides arguments permettent d’établir le bin-fondé d’un second point, à
savoir que les chams ne furent pas seulement soumis à la persécution,mais aussi à la
discrimination : on les persécuta parce qu’ils étaient cham. »
542 : « Il est tout aussi claire que celui-ci projeta de détruire la communauté ethnique chinoise
« comme telle », non au sens où tous les chinois devaient être exécutés (encore que la moitié
d’entre eux périrent), mais au sens où le Kampuchéa démocratique proscrivit par la force
l’existence de toute communauté chinoise (ainsi que la langue et la culture chinoises). »
Chapitre 12 : La mémoire du génocide et le jeu des puissances
546 : Nations unies cèdent la responsabilité aux cinq grands : EU, URSS, Chine, France, RU.
« Une délocalisation qui profita aux Khmers rouges. »
548 : ministre australien des affaires étrangères énonce problèmes : retour redouté au pouvoir
des Khmers rouges, retrait de l’armée vietnamienne.
549 : vietnam a une exigence pour le retrait des troupes : le non retour au pouvoir des khmers
rouges. « On ferait l’économie de la coopération de la Chine. »
550 : Bill Hayden, propose jugement international. « Le secrétaire d’Etat américain George
Schultz refusa d’appuyer cette initiative. » Finalement l’australie se rallia à ce point de vue,
etant donné que le premier ministre bob Hawke n’était pas d’accord.
552 : « On aboutit en fin de compte au refus d’entreprendre une action sans l’ « accord » des
Khmers rouges – certainement pas le plus sûr moyen de les mettre hors jeu. Avis du nouveau
ministre Affaires etrangères australiene : « C’est simple, déclara Evans. En l’absence de
règlement global appuyé par la Chine et approuvé par les Khmers rouges, la tragédie
cambodgienne continuera. » Mais il pouvait toujours courir avant d’avoir une coopération.
La Chine continua d’apporter son solide soutien au Cambodge. Livraison d’armes en 90 (553)
Les EU conservent après le retrait des troupes vietnamiennes la même politique envers le
Cambodge : veto à toute aide cambodgienne, soutien à un rôle des Khmers rouges, appui
militaire aux alliées de Khmers rouges.
554 : « La Chine mais les EU aussi invoquaient la présence vietnamienne pour faire front à
leur ennemi cambodgien : le régime anti-Pol Pot, et provietnamien de Hun Sen. »
555 : « En mai 1980, la CIA publia un « rapport démographique » sur le Cambodge affirmant
qu’il n’y avait eu aucune exécution au cours des deux dernières années du régime de Pol Pot.
(En 1977-1978, les exécutions avaient fait environ un demi-million de victimes.) »
557 : « A la première conférence internationale sur le Cambodge qui se tint à Paris en août
1989, Baker (secrétaire d’Etat américain) réitéra sa proposition de rétablir les Khmers rouges
à des postes de pouvoir. […] Washington souhaitait un gouvernement cambodgien
indépendant, mais aussi antivietnamien. »
Violations du cessez-le-feu de la part des khmers rouges (561-566)
Désarmement : politique de l’appeasement 567
570 : « Il reconnut (ancien directeur du bureau du département d’état pour l’ancienne
Indochine) que, de 1978 à 1986, « les Etats-Unis avaient joué la carte du relèvement et du
renforcement de la capacité politique et militaire des Khmers rouges pour faire contrepoids à
la puissance vietnamienne. » »
571 : « Forts de l’appui international, ils devinrent partie intégrante du futur politique du pays
malgré le dossier du génocide. »
Conclusions : 578, 579, 581.
Personnalités:
- p.363 : « Ieng Sary et Son sen, nés tous deux au Viêt Nam, dans le delta du Mékong. »
Khmers Krom.
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