La cortisone

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La cortisone
Docteur, c’est de la cortisone ?
Depuis 1949, année de leur découverte, les glucocorticoïdes sont utilisés
dans de nombreuses pathologies. Ils sont prescrits largement dans les
rhumatismes inflammatoires en raison de leurs effets anti-inflammatoires
et immunomodulateurs et de leur faible coût.
L’introduction récente des biothérapies, aux actions plus ciblées, a remis
en question l’utilisation larga manu des corticoïdes oraux, l’une des
raisons avancées pour en réduire la prescription étant leur toxicité
potentielle. La cortisone expose, il est vrai, à de nombreux effets
secondaires (cf tableau) et a souvent mauvaise réputation auprès de nos
patients. Est-ce justifié ?
Les observations rapportées illustrant leur toxicité concernent surtout les
fortes doses. Les rapports bénéfices/risques des corticoïdes utilisés à
faibles doses sont finalement mal connus de même que leur toxicité à
long terme en fonction de la dose administrée.
Une équipe allemande a mené une étude chez 1 066 malades souffrant
d’une polyarthrite rhumatoïde. Tous étaient issus d’une base de données
nationale (national data base of the german collaborative arthritis
center). Les traitements utilisés (corticoïdes et traitements de fond) et les
problèmes de santé survenus dans les 6 mois précédents l’inclusion
dans l’étude ont été examinés. Les patients prenant des corticoïdes
depuis plus de 6 mois à différentes doses (inférieures à 5 mg/j
d’équivalent prednisone, entre 5 et 7,5 mg et au dessus de 7,5 mg) ont
été comparés à ceux n’en recevant pas ou plus depuis au moins douze
mois.
Tableau : Complications potentielles de la
corticothérapie
• Atteinte osseuse
- Ostéoporose
- Ostéonécrose aseptique (hanche,
épaule…)
• Atteintes cutanéomuqueuses
-
• Manifestations
métaboliques
- Rétention hydrosodée
- Hypokaliémie
- Diabète sucré
Aspect cushingoïde
Acné
Hirsutisme
Vergetures
Purpura
Fragilisation et déchirures cutanées
Maladie de Kaposi
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- Athérome accéléré
- Hyperlipidémie -Baisse de
l’absorption digestive du calcium
• Atteintes musculotendineuses
-Myopathie
-Rupture tendineuse (Achille, biceps,
quadriceps…)
• Atteintes digestives
- Ulcères, perforations et hémorragies
digestives
- Diverticulite sigmoïdienne
• Maladies infectieuses
- Sensibilité accrue aux infections
• Dépôts lipidiques
- Lipomatose intramédullaire
- Lipomes médiastinaux, épicardiques,
sternaux…
• Divers
- Arrêt de croissance, aménorrhée,
insuffisance surrénale
- Insomnie, agitation, tremblement
- Troubles psychiques
- Cataracte, glaucome
La fréquence de survenue de manifestations pathologiques était
moindre dans le groupe sans corticoïdes et augmentait avec la dose
administrée.
Deux types d’effets secondaires étaient constatés :
-ceux augmentant de façon linéaire avec la dose de corticoïdes tels que
le phénotype cushingoïde, les ecchymoses, les œdèmes des membres
inférieurs, la sécheresse cutanée, les mycoses, la dyspnée, l’insomnie.
-ceux survenant pour des doses supérieures à 7,5 mg/jour comme le
glaucome, la dépression ou élévation de la pression artérielle.
Des doses supérieures à 5 mg/j étaient associées à la survenue
d’epistaxis ou de prise de poids mais une cataracte pouvait s’observer
même pour des doses inférieures à 5 mg/j.
Ces diverses constatations peuvent aider le clinicien à adapter le
traitement corticoïde au mieux en tenant compte du rapport
bénéfice/risque pour son patient.
Dr Juliette Lasoudris-Laloux
Huscher D et coll. : Dose- related patterns of glucocorticoid-induced side effects. Annals of the rheumatic
Diseases 2009; 68: 119-1124
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