Thème 3 : Puissances et tensions dans le monde de 1918 à nos jours Chapitre 1 : Les États-Unis et le monde depuis les « 14 points » du Président Wilson p. 184 Au XX° siècle, les Etats-Unis sont la 1ère puissance mondiale qui projette une conception collective et morale d’un modèle et d’une sécurité internationale. Depuis 1918, date de la fin de la 1ère guerre mondiale, leur attitude a évolué entre interventionnisme et isolationnisme, entre multilatéralisme et unilatéralisme. Au cours de la période, ils ont bâti une puissance « globale » à laquelle se mesure la puissance de tout État. Les deux guerres mondiales et de la guerre froide sont à l’origine de l’affirmation de la puissance américaine, chaque conflit a creusé les écarts entre les États-Unis et les autres régions du monde et a généré une nouvelle phase de croissance. Depuis le début du XXI° siècle, la puissance américaine est confrontée à d’autres menaces, telles que la montée de l’islamisme et les actions terroristes. En quoi les Etats-Unis constituent-ils une puissance majeure depuis 1918 ? I – Les Etats-Unis : entre engagement et isolationnisme (1918-1945) A – Des 14 points de Wilson au refus de la SDN Le premier vingtième siècle est celui de la tentation d’une puissance sans engagement. + Doctrine Monroe p. 195 (jusqu’à la première guerre).Le rôle déterminant des États-Unis dans la victoire des Alliés ainsi que le poids économique et financier qu’ils ont acquis depuis la fin du XIXe siècle placent le président Wilson en mesure d’imposer largement ses idées lors du règlement du 1er conflit : dans le programme qu’il publie en janvier 1918, il vise à instaurer une nouvelle diplomatie mondiale, dans le cadre d’un système que l’on peut présenter comme une transposition à l’échelle internationale des caractères fondamentaux de la démocratie libérale. Doc. P. 218 - Ordre international fondé sur le droit - désarmement - liberté - droit des peuples à disposer d’eux-mêmes - création de la SDN Le wilsonisme assigne aux Etats-Unis la tâche de défendre la liberté dans le monde. On parle d’idéalisme diplomatique. Wilson est le premier président américain à se rendre en Europe. Il obtient le Prix Nobel de la paix en 1919. Projet favorablement accueilli en Europe mais finalement pas aux EU. Le Sénat rejette le projet de Wilson dont le préambule fonde la SDN et les EU n’y participent pas. Doc 1 p. 190 B – Le retour à l’isolationnisme (définition p. 190) Après le rejet de ce système par le Sénat républicain en 1920 (et la défaite des démocrates aux élections), le républicain Harding est élu : les États-Unis retournent pour une vingtaine d’année à leur posture traditionnelle, fondée sur un isolationnisme proclamé, refusant de jouer un rôle proportionnel au poids de leur économie même s’ils ne sont pas totalement absents de la scène internationale pour préserver les conditions de la stabilité nécessaire à leur expansion. Les lois de 1921 et 1924 restreignent l’immigration ; le « nativisme » domine. Leur priorité est de créer et de préserver les conditions nécessaires au développement sans précédent de leur économie (domination des Cies de pétrole américaines au MO ; le dollar, seule monnaie convertible en or en 1918 et ils sont également très actifs en Amérique latine) Pays moderne, incarnant le rêve pour beaucoup d’Européens, progrès techniques, culture de masse, travail à la chaîne. Puis capables de gérer la crise dans les années trente. 1 C – La Seconde guerre mondiale et l’affirmation de la puissance américaine Comme lors de la Première Guerre mondiale, les États-Unis entrent en guerre en 1941 après avoir cherché à l’éviter, mais la mobilisation de toutes leurs ressources s’avère alors déterminante pour la victoire tout en leur permettant de solder la crise et de se doter d’une puissance militaire sans équivalent. Roosevelt condamne les fascismes et s’engage du côté du RU (charte de l’Atlantique en août 41) , les EU entrent en guerre après avoir essuyé l’attaque de Pearl Harbor par le Japon (7 décembre 1941) : abandon de l’isolationnisme. L’économie américaine devient une économie de guerre au service de la victoire des Alliés : débarquements commandés par les EU + bombe atomique. II – Les Etats-Unis dans la Guerre froide A – Les Etats-Unis « leader » du monde capitaliste Au lendemain du conflit se produit un tournant majeur dans leur politique au XXe siècle : les ÉtatsUnis assument leur puissance, désormais globale, et s’engagent pour la première fois dans le monde en temps de paix en la mettant au service d’ambitions qui ne sont plus seulement économiques. Dominant un monde en ruines, auréolés de leur image de défenseurs de la liberté et pénétrés du sentiment qu’ils représentent le meilleur modèle de développement économique et social, ils impulsent ainsi un nouvel ordre mondial fondé sur un système d’arbitrage entre les États (organisé autour de l’ONU). Lorsqu’éclate la guerre froide, ils se résignent à intervenir directement (y compris militairement) dans le cadre de la politique d’« endiguement », leur priorité devenant dès lors de contrecarrer l’action de l’URSS qui incarne l’antithèse de leur modèle. Doctrine Truman (plan Marshall). L’historien Raymond Aron qualifie les EU de « république impériale ». Les EU s’engagent dans de vastes opérations à l’étranger : Blocus de Berlin, Guerre de Corée. Les EU s’implantent dans le monde (flotte et bases militaires + alliance avec l’OTAN Doc 1 p. 196 ou le Moyen Orient). Paroxysme : Cuba qui ouvre la période de détente entre les deux grands (1962-1975) Les conflits indirects se poursuivent : Vietnam (doc. 4 p. 197) ; appui à Israël contre les pays arabes, soutien à la droite dans les pays d’Amérique latine (doc. 5 p. 197), Afghanistan et soutien aux Talibans contre les communistes … B – Une puissance globale http://www.curiosphere.tv/video-documentaire/22-economie-geopolitique/104101-reportageles-etats-unis-une-superpuissance# Extrait : Les Grands entretiens - Andre Kaspi Pourquoi depuis 1991, disparition de l'Union soviétique, les USA sont la superpuissance mondiale ? En 2004, André Kaspi, spécialiste de l’histoire des USA, présente son analyse : d’abord, les USA concentrent les forces économiques, militaires et culturelles et ils proposent aussi un modèle social. Enfin, ajoute l’historien, ils détiennent la suprématie dans la recherche scientifique et technologique. La force de leur économie leur permet de développer les autres facettes d’une puissance sans précédent : militaire, technologique, financière (hard power) mais aussi culturelle à travers le « soft power ») qui, en retour, soutiennent la croissance. Cf video Kaspi - puissance financière Dollar = monnaie étalon jusqu’en 1971 doc. 5 p. 199/ FTN - modèle social individualiste - modèle culturel unique - force militaire - Conquête de l’espace : avance technologique et recherches scientifiques 2 C -Entre assurance et doutes Après l’effondrement du bloc communiste, et malgré les premiers signes d’érosion de leur puissance (perte de leur hégémonie financière, développement des critiques à l’encontre de leur modèle, remise en cause de leur domination politique), ils apparaissent au seuil des années 1990 comme l’unique superpuissance et semblent près de faire triompher leurs conceptions dans le monde. - Concurrence avec le Japon / UE - Rivalités avec la Chine mais elle n’est pas une menace car les EU sont une puissance complète avec un potentiel démographique (300 M) - Pauvreté / inégalités : ce seraient 35 à 40 millions vivant dans la pauvreté. http://www.curiosphere.tv/video-documentaire/22-economie-geopolitique/104104reportage-les-etats-unis-les-divisions-de-la-societe La protection sociale est incomplète et laisse 40 millions d'américains sans couverture sociale. Le communautarisme est très présent (salad bowl) car les communautés se mélangent peu et s'affrontent même parfois. D'ailleurs, la société américaine est considérée comme violente et le taux de criminalité est très élevé. Le port d’armes est garanti par un amendement de la constitution et les États-Unis détiennent le record de personnes en prison (0,5%, soit 5 fois plus qu’en France), avec utilisation de la peine de mort dans certains états (Texas par exemple). Enfin, le pays reste très endetté et la politique militaire est de plus en plus contestée, car elle coûte cher et se fait au détriment de la politique sociale. La puissance américaine connaît donc certaines limites notamment à cause de l'émergence de nouvelles puissances capables de rivaliser. Sa domination est contestée non seulement à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur du territoire. III – L’hyperpuissance américaine et ses limites dans le nouvel ordre mondial A – Vers un nouvel ordre mondial ? Les années 1990 représentent l’apogée de la puissance des États-Unis, au cours de laquelle ils tentent d’instaurer un « nouvel ordre mondial » après la guerre froide. Sans adversaire susceptible de s’opposer à eux, ils s’efforcent alors de promouvoir un système fondé sur la coopération et l’acceptation par tous les pays de règles communes dont le respect est confié à l’ONU avec le soutien de l’ « hyperpuissance ». Tout en se posant en modèle, les États-Unis semblent mettre leurs moyens au service de cet ordre international, au point d’être qualifiés de « gendarmes du monde ». Il apparaît toutefois assez vite que, si leurs idées dans le domaine économique se diffusent rapidement, leur conception de la démocratie et des relations internationales se heurte à des résistances de plus en plus vives. Dossier p. 204-205 Le pays connaît des contestations de plus en plus fortes venant de l'extérieur, en particulier au sein de l'espace arabo-musulman. En effet, de nombreux intégristes islamiques refusent l'ordre international et souhaitent éliminer l'influence américaine, comme le rappellent les attentats du 11 septembre 2001 et la lutte des Américains contre le terrorisme. Les altermondialistes contestent également la puissance américaine en sollicitant un ordre international fondé sur la discussion collective, notamment en améliorant le dialogue NordSud. B – Les attentats du 11 septembre et leurs conséquences : l’unilatéralisme domine Elles traduisent à l’orée du XXIème siècle l’érosion de leur puissance économique, base de leur puissance globale, avec pour corollaire la remise en cause de leur rôle politique dans le contexte d’une mondialisation accélérée et de l’émergence de nouvelles puissances. De ce point de vue, les années 2000 marquent un nouveau tournant, notamment à partir du 11 septembre 2001 qui entraîne un brutal changement d’attitude : se considérant en guerre, les États-Unis affirment le droit de défendre unilatéralement leurs intérêts, y compris contre l’opinion internationale, revendiquant le droit de frapper leurs ennemis même préventivement et de diffuser leur modèle au besoin par la 3 force. Cette réaction brutale se produit au moment même où les fondements de leur puissance sont remis en cause de manière spectaculaire, ne leur permettant plus de jouer le rôle qui était jusqu’à présent le leur. C – Une puissance encore bien réelle malgré des relations internationales parfois tendues • Le « hard power » américain (puissance militaire) Cela étant, seuls les États-Unis disposent dans le monde d'une puissance militaire déployée sur la planète entière. La moitié des dépenses militaires dans le monde leur revient. • Le « soft power » américain (Dossier p. 210-211) : économie, culture Bien qu'elle soit contestée, l'hégémonie culturelle des États-Unis demeure. Les produits américains restent les plus diffusés, même s'ils sont de plus en plus récupérés par les cultures locales. Du point de vue économique, si l'Asie orientale s'affirme comme zone de production, le marché américain et son potentiel d'innovation restent les premiers du monde. Cf En 2008, avec l’élection d’Obama, un tournant s’opère dans les relations que les Etats-Unis entretiennent avec le reste du monde. Les Etats-Unis ont retiré leurs troupes d’Irak en 2013 et ont limité leurs interventions militaires (ils ne s’engagent pas aux cotés de la France et du Royaume-Uni en Libye en 2011). Ils s’emploient à renouer le dialogue avec certains Etats : en 2014, les relations diplomatiques ont été rétablies avec Cuba (elles avaient cessé depuis l’embargo de 1962). De plus, Obama cherche à restaurer l’image de son pays : en 2015, il signe l’accord de Paris sur le réchauffement climatique (alors que le pays avait refusé tous les accords sur ce sujet depuis 1997). Mais Obama n’a, pour autant, pas totalement abandonné le hard power. Il n’a pas fait fermer le camp de Guantanamo (camp de détention situé dans une base militaire Etats-Unienne à Cuba dans lequel sont détenus illégalement des terroristes islamistes capturés en Afghanistan ou en Irak). D’autre part, il a envoyé les drones de l’armée en Syrie (contre le régime de Bachar el-Assad). Dans les derniers mois, les tensions avec le président russe Poutine se sont ravivées (à propos de l’intervention russe en Syrie et de la supposée manipulation des élections de novembre 2016 aux Etats-Unis par la Russie). Ainsi, la présence des États-Unis dans le monde a répondu à la fois à des idéaux et à des intérêts. L’engagement américain dans le monde n'a cessé de s'appuyer sur des valeurs représentant la « défense du monde libre ». Grâce à cela, les États-Unis ont pu justifier un engagement de plus en plus marqué dans le monde et bénéficier d'un formidable accroissement de leur puissance. La place des États-Unis sur l'échiquier mondial est le reflet d'une puissance sans cesse réajustée en fonction du contexte international mais aussi présentant des critiques notamment du monde arabo-musulman. 4