scénarios d`évolution des services écosystémiques marins du golfe

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PROJET VALMER
2012-2015
SCÉNARIOS D’ÉVOLUTION
DES SERVICES ÉCOSYSTÉMIQUES MARINS
DU GOLFE NORMAND-BRETON
VALMER est un projet sélectionné par le programme européen de coopération
transfrontalière Interreg IV A France (Manche) – Angleterre co-financé par le FEDER.
« Explorer les liens entre l’évaluation
des services écosystémiques
et la gestion des espaces marins et côtiers »
Les objectifs du projet VALMER
Pourquoi construire des scénarios ?
Les zones côtières et les espaces marins de l’ouest
de la Manche subissent des pressions croissantes,
issues d’une large diversité d’activités aux
intérêts multiples et potentiellement divergents.
Les gestionnaires sont confrontés à un contexte
décisionnel complexe et cherchent des outils, des
indicateurs et des méthodes pour les aider dans le
processus de prise de décision.
L’engagement des acteurs locaux est un élément
clé du projet VALMER. Volontairement choisie,
l’approche basée sur l’élaboration de scénarios,
est un moyen efficace pour dépasser le cadre
théorique et éclairer les choix politiques. En effet,
ce type d’exercice facilite l’appréhension collective
de questions complexes de gestion (ex. gestion de
l’environnement, changement climatique) car ils
permettent de combiner différentes disciplines
scientifiques, ainsi que divers aspects aussi bien
politiques, techniques, humains, économiques,
environnementaux que réglementaires.
Dans cette optique, le projet VALMER expérimente
diverses méthodes qui peuvent être utilisées pour
quantifier, qualifier et communiquer la valeur
(économique, sociale et environnementale) des
services rendus par les écosystèmes marins
et côtiers. Plus précisément, VALMER vise à
améliorer l’utilisation de l’évaluation des services
écosystémiques dans la gestion et la gouvernance
d’espaces côtiers et marins.
En outre, les scénarios, c’est-à-dire l’écriture
collective de futurs possibles, permet d’explorer,
de créer et de tester les conditions nécessaires
pour leurs réalisations. Dans le projet VALMER, on
se projette à 30 ans (2045) et la construction de
scénarios est couplée à une évaluation actuelle et à
venir des services écosystémiques.
Les cinq principaux volets du projet sont :
• L’évaluation intégrée des services
écosystémiques
• La visualisation et l’interprétation des données
d’évaluation des services écosystémiques
• Le développement de scénarios visant
à explorer les options de gestion d’espaces
marins et côtiers, couplé à l’approche par
l’évaluation des services écosystémiques
• L’application des évaluations des services
écosystémiques marins au service de la gestion
des espaces côtiers et marins
• Le retour d’expérience et le transfert
de méthodes pour leur utilisation au-delà
du projet
Penser ensemble l’évolution
des services écosystémiques
dans le golfe normand-breton
Dans le golfe normand-breton (GNB), l’enjeu des
scénarios était de penser collectivement différents
futurs possibles pour ensuite évaluer leurs
conséquences pour les services écosystémiques.
Comme il aurait était bien trop complexe de
décrire l’évolution de tous les habitats, fonctions
écologiques et services écosystémiques du GNB en
même temps, un important travail de définition des
sujets des scénarios a été nécessaire.
15 nov. 2013
13 fév. 2014
22 avril 2014
été 2014
27 nov. 2014
6 fév. 2015
étape 1
étape 2
étape 3
étape 4
étape 5
étape 6
Séminaire
introductif +
identification
collective
des enjeux
marins du GNB
Choix de 2 sujets
et identification
des éléments
clés
par ordre
d’importance
et d’incertitude
Construction
des scénarios
pour chaque
sujet
Focus
groupes
Présentation
et discussion
des premiers
résultats
«scénarios»
Séminaire
de restitution
des résultats
du projet
VALMER / GNB
3
Pour consolider et compléter les éléments clés
constituant les scénarios, l’équipe VALMER a mené
des entretiens auprès de 20 participants entre mai
et septembre 2014. Ces entretiens ont été menés
avec les structures ou groupes d’acteurs suivants :
réserve naturelle de Saint-Brieuc, Conservatoire du
littoral, services de l’Etat (DIRM Manche Mer du Nord,
DDTM 50, DREAL Bretagne, Agence des aires marines
protégées), VivArmor Nature, Conseil Général 22,
Bretagne Vivante, GDF Suez (Energies Marines
Renouvelables), Comité régional de Conchyliculture,
Comité Régional des Pêches et des Elevages Marins
de Basse Normandie, Groupe Roullier (Extraction de
Granulats).
Suite à une phase initiale (étape 1) où les concepts
de services écosystémiques et de scénarios ont
été présentés aux acteurs, de grandes thématiques
d’intérêt ont été définies collectivement.
L’application de la méthodologie du TRIAGE sur ces
thématiques larges a permis de délimiter les sujets
les plus intéressants à développer en scénarios.
En effet, l’équipe VALMER s’est interrogée pour
chacun des services écosystémiques présents
dans ces thématiques sur (1) leur potentiel de
changement, (2) l’influence de la gestion locale,
(3) l’influence des pressions locales ou globales.
L’application systématique de ces trois critères a
permis de définir deux sujets pertinents pour les
scénarios :
Suite à ces rencontres, les scénarios des 2 sujets sur
la mer et l’estran ont été fusionnés. En effet, d’une
part les scénarios du sujet sur l’estran complétaient
les scénarios du sujet sur la mer (forte ou faible
évolution des activités) en leur apportant les
hypothèses de gestion à terre (gestion intégrée ou
sectorielle); et d’autre part, les scénarios développés
sur l’estran assumaient des hypothèses de gestion
intégrée ou sectorielle dans le cas d’une forte ou
faible évolution des activités.
•les services de loisirs liés aux habitats de l’estran
•les services d’approvisionnement alimentaire
liés aux habitats littoraux et du large
Une réflexion collective autour des éléments
moteurs de chacun de ces sujets (étapes 2 et 3) a
permis d’identifier plusieurs futurs possibles et les
éléments constitutifs de chacun de ces futurs.
Gouvernance forte
Scénario 1
« Industrialiser
rapidement pour
créer de la croissance
et de l’emploi face à
la crise »
Scénario 2
« Développement
harmonieux
des activités
dans un milieu
préservé »
Qualité du milieu -
Qualité du milieu +
Scénario 4
« Dégradation
du milieu marin
et des activités
qui en dépendent »
Scénario 3
« Un écosystème
marin
et des activités
en équilibre
fragile»
Gouvernance faible
4
Contexte général des scénarios :
les tendances lourdes
Ci-dessous les grandes tendances qui sont des
hypothèses communes d’évolution à tous les
scénarios. Ces tendances lourdes, qui ont été
identifiées collectivement lors du second atelier
(étape 2), sont des hypothèses d’évolution fortement
probables, exceptés pour le gaz de schiste où il est
assumé que, dans le cas où ils seraient exploités en
France, il y aurait une baisse nationale du coût de
l’énergie (scénario 4).
Les scénarios
Le résumé de chaque scénario est accompagné d’une
cartographie de ses éléments constitutifs et d’une
description fine des facteurs de déclenchement et
de leurs effets sur :
Changement climatique Augmentation
(température,
de la demande
montée des eaux)
en ressources
halieutiques
Augmentation
du tourisme
côtier
Augmentation
des pratiques
de loisir
• l’application des politiques environnementales
européenne (directives environnementales) et
française
• la gouvernance à l’échelle du GNB et de la façade
Manche Mer du Nord
• la gestion du milieu marin et les activités
économiques du GNB
• l’environnement
Augmentation du coût
des énergies fossiles
(sauf si gaz de schiste)
Augmentation
de la pression
démographique
sur les côtes
Augmentation
de l’impact
des espèces
invasives
Chaque scénario se termine par une projection sur
les services écosystémiques explorés (conséquences
sur les services de loisirs et d’approvisionnement
alimentaire en mer et sur l’estran). En premier lieu,
vous trouverez ci-après une cartographie de la
situation actuelle dans le GNB.
Obligation de résultats
des directives
environnementales
NT
UME
DOC AVAIL
R
DE T
Cherbourg
Aires marines protégées et autre statut
Convention
de Ramsar
Natura 2000
Site classé
Energie
Hydrolien
Cable
Cultures marines
Cadastre conchylicole
Extraction de granulats marins
Permis d'exploitation
Commune
Densité faible
Densité forte
Port de commerce (fret et/ou passager)
Port de plaisance
(flot et/ou échouage >200 places)
Port de pêche
Granville
Paimpol
Délimitations maritimes
Secteur d'application des accords de pêche
de la baie de Granville
Saint-Malo
Limite de la mer territoriale
(12 milles nautiques)
Limites selon accords de pêche (Guernesey)
Délimitation des eaux territoriales ayant fait
l'objet d'un accord bilatéral
N
Saint-Brieuc
5
0
10
0
5
20 kilomètres
10 milles nautiques
6
Dans un contexte de crise économique prolongée, l’Etat français a décidé de miser sur le développement
des activités maritimes, notamment les énergies marines renouvelables (EMR) et les activités portuaires
associées, soutenues par la politique européenne de croissance bleue. Devant la faiblesse des instances
de gouvernance représentant tous les acteurs de la mer dans le golfe normand-breton et la difficulté à
proposer un plan de développement, une politique économique sectorielle mal acceptée par de nombreux
acteurs s’impose. Dans le même temps, les politiques environnementales nationales et européennes
ne sont pas mises en œuvre de manière appropriée, suffisamment pour détecter et/ou prévenir une
dégradation du milieu marin.
La dégradation des eaux côtières oblige les activités aquacoles à se déplacer au large et à adopter de
nouvelles pratiques, et le changement technique modifie la structure du secteur qui se concentre encore
davantage. Ce déplacement ainsi que les vastes zones dédiées aux EMR contribuent à morceler les zones
de pêche. Cette activité, déjà fragilisée par la dégradation du milieu et des charges en augmentation (coût
du carburant) se trouve en difficulté par rapport aux secteurs d’activité émergeants tels que les EMR. Dans
le même temps, l’urbanisation gagne petit à petit sur le littoral où certains intérêts économiques locaux
priment sur les problématiques environnementales.
NT
UME
DOC AVAIL
R
DE T
Aires marines protégées et autre statut
Cherbourg
Convention
de Ramsar
Natura 2000
Site classé
Zone de
protection forte
Hydrolien
Éolien
scénario 1
scénario 2
Industrialiser rapidement pour créer de la croissance
et de l’emploi face à la crise
scénario 3
scénario 1
Energie
Cable
Cultures marines
Cadastre
conchylicole
Moules sur
filière
Pêche
Exploitation de la crépidule
Extraction de granulats marins
Permis d'exploitation
Commune
Densité faible
Densité forte
Pression
d’urbanisation
Développement
touristique
Port de commerce (fret et/ou passager)
Port de plaisance
(flot et/ou échouage >200 places)
Port de pêche
Paimpol
Granville
Délimitations maritimes
Secteur d'application des accords de pêche
de la baie de Granville (fragilisé)
SaintMalo
Limite de la mer territoriale
(12 milles nautiques)
Limites selon accords de pêche (Guernesey)
Délimitation des eaux territoriales ayant fait
l'objet d'un accord bilatéral
N
Saint-Brieuc
7
0
10
0
5
20 kilomètres
10 milles nautiques
scénario 4
Algoculture
8
Augmentation d’extraction de
granulats (sable coquillier et
siliceux)
Urbanisation forte et peu
maitrisée du littoral
Diminution progressive du
nombre de pêcheurs
Déplacement de l’aquaculture au
large
Fort développement des énergies
marines renouvelables
Application faible des directives
environnementales
Gouvernance top-down
Industrialiser rapidement
pour créer de la croissance
et de l’emploi
face à la crise
scénario 1
Introduction de nouvelles
espèces (algoculture et
conchyliculture)
Augmentation de l’effet récif/
réserve dû à l’absence de
drague et chalut dans les vastes
champs éoliens avec un effet
bénéfique sur la diversité.
Nouvelles espèces invasives
sur les supports des énergies
marines renouvelables
Colmatage d’habitats subtidaux
(A5.13) par installation des
éoliennes/hydroliennes en mer
Production secondaire -
Dégradation/Disparition de
certains habitats côtiers (prés
salés, estrans…)
Stabilité sédimentaire (en lien avec les énergies
marines renouvelables et
l’aménagement du littoral,
extraction, régression des
herbiers)
Cycles biogéochimiques - (cycle
de l’azote et augmentation de
phénomènes d’eutrophisation)
Stockage/traitement polluants (dégradation de la qualité des
eaux et des habitats marins,
perte d’habitats littoraux dues à
la montée eaux)
Zones de nourricerie/
frayère - (exploitation
crépidule, colmatage des socles
des éoliennes/hydroliennes,
eutrophisation eaux côtières,
perte habitats ex. prés salés)
Habitats biogènes (dégradation des récifs
d’hermelles, zones d’herbiers)
Relations trophiques - (moins de
prédateurs supérieurs)
Contrôle biologique (augmentation du parasitisme,
des maladies)
Production primaire (dégradation des prés salés)
CHANGEMENT
DES FONCTIONNNALITÉS
ÉCOLOGIQUES
Dégradation qualité des eaux
côtières
EFFETS SUR
LES ECOSYSTEMES
Diminution du loisir pêche à
pied pour les résidents.
Diminution de la consommation
de services culturels liés aux
qualités paysagères du site.
Dégradation des qualités
paysagères du site du fait du
développement des activités
industrielles
Diminution du tourisme vert qui
dépend d’une qualité élevée de
l’environnement (dégradation du
milieu).
Augmentation du tourisme
côtier via les activités de loisirs
faiblement dépendente de la
qualité du milieu (augmentation
des infrastructures).
Tourisme / Loisirs :
Aquaculture : baisse de la
conchyliculture (perte de
l’exploitation côtière non
compensée par exploitation au
large). Augmentation Algoculture
Pêche : Baisse des captures dans
le GNB (diminution de certains
stocks et de l’effort de pêche).
Approvisionnement alimentaire :
CHANGEMENT
DES SERVICES
ÉCOSYSTÉMIQUES
Organismes privés dédiés à
l’environnement littoral et
marin : Hausse des emplois
privés dans le domaine de
l’environnement (bureau
d’étude pour étude d’impact)
Organismes publiques dédiés
à l’environnement littoral
et marin : Stagnation des
emplois publics du secteur de
l’environnement (eau, aires
marines protégées)
Tourisme vert : baisse emplois
et chiffre d’affaires
Tourisme de masse :
Augmentation emplois et chiffre
d’affaires
Conchyliculture : Stagnation
de la production du secteur
conchylicole (baisse côtière
compensée par nouvelles
activités) et baisse de
l’emploi de ce secteur du fait
de l’adoption de nouvelles
technologies
Pêche : Perte d’emplois et de
chiffre d’affaire
CHANGEMENT
DES BÉNÉFICES
POUR LA SOCIÉTÉ
Sous-financés, le programme de mesures de
protection du milieu marin de la DCSMM aboutit
à des actions peu efficaces et pas toujours pertinentes en raison de connaissances trop faibles du
milieu (il est difficile de protéger une colonie d’oiseaux marins dont on connait peu la localisation des
zones de repos ou d’alimentation par exemple). Les
scientifiques qui ont été fortement mis à contribution
pour l’élaboration de la stratégie se désengagent du
processus à cause du manque de moyens mais surtout de la déception occasionnée par le manque
d’application effective au regard du travail d’expertise fourni. La société civile et les acteurs industriels
se désinvestissent progressivement de ce processus
chronophage où ils sentent que leurs apports et avis
sont soit peu pris en compte, soit inutiles du fait de la
faiblesse des mesures finalement retenues.
Cette vision se traduit par une volonté politique
affichée de l’Europe d’appuyer le développement
de l’industrie en mer, de l’aquaculture et des
biotechnologies marines, y compris via des
programmes de recherche. La France qui a pris
l’engagement dans le cadre du Grenelle de
l’environnement de produire, d’ici 2020, 23 % de
son énergie par des procédés renouvelables, dont
5,2 % par le biais de l’éolien offshore et 2,5 % par
les autres procédés marins, va dans ce sens et met en
œuvre un panel d’outils et des procédures simplifiées
pour soutenir la croissance bleue dans ses eaux
territoriales. Des aides financières incitatives ainsi
que des traitements réglementaires préférentiels
tels que des procédures d’autorisation simplifiées
sont ainsi mises en place. La Bretagne et la BasseNormandie sont particulièrement intéressées par
le développement des EMR et ont toutes deux une
carte à jouer en favorisant une politique volontariste.
MESURES INCOMPLÈTES,
RÉSULTATS
INSUFFISANTS
ET DÉSENGAGEMENT
DES ACTEURS
En effet la Bretagne y voit une opportunité de
gagner en autonomie énergétique tout en créant de
l’emploi alors que la Normandie, déjà excédentaire
en production énergétique y voit une opportunité
d’être à la pointe de l’innovation dans ce domaine
tout en créant également de l’emploi et préparant la
sortie progressive du nucléaire.
Malgré la pression de l’Europe, la France tarde à
appliquer pleinement la directive nitrate et les
eaux de certaines rivières continuent à présenter
des concentrations trop importantes en azote sans
que les problèmes soient suffisamment traités à la
source. Il en va de même pour les pesticides, et la
France peine donc à atteindre les objectifs fixés par
la DCE.
9
scénario 1
L’orientation de la politique européenne vers
la croissance bleue n’est
pas anodine pour les
politiques de l’environnement alors que les
budgets sont déjà serrés. Les moyens alloués aux
politiques publiques environnementales stagnent
ou augmentent peu et ne sont pas en rapport avec
les besoins naissant de l’application des nouvelles
directives. Les moyens financiers ne sont notamment
pas suffisants pour permettre l’application des programmes de surveillance et de mesures de la DCSMM
en conformité avec les objectifs initiaux.
MOYENS FINANCIERS
INSUFFISANTS POUR
L’APPLICATION
DES DIRECTIVES
ENVIRONNEMENTALES
scénario 2
Le contexte socio-économique incite l’Europe
et ses États membres à
mettre l’accent sur le développement de l’industrie en mer, qui est jugée
comme étant « une nouvelle source de croissance ».
Face à la difficulté à sortir de la récession, il semble
en effet logique de se tourner vers des océans encore
peu exploités et dont l’exécutif européen estime que
les ressources pourraient créer environ 5,4 millions
d’emplois à l’intérieur de l’UE et quelque 500 milliards de chiffre d’affaires annuel en fournissant les
trois quarts des besoins en énergie de l’Union d’ici
2030, sans émission de gaz à effet de serre .
VOLONTÉ ET APPUI
EUROPÉEN ET NATIONAL
POUR DÉVELOPPER
LES ACTIVITÉS EN MER
scénario 3
Impact sur l’application des directives
environnementales et sur la politique
environnementale de la France
scénario 4
Quels ont été les éléments déclencheurs
du scénario 1 ?
De manière générale, les
normes environnementales sont assouplies pour
permettre le développement économique. Dans
une logique de flexibilité
pour favoriser et dynamiser l’activité économique
en zone littorale, la loi littoral est décentralisée
aux collectivités et son application se trouve donc
fortement influencée par les intérêts politiques et
économiques locaux. Les disparités géographiques
s’amplifient entre des collectivités exemplaires et
d’autres plus soucieuses de leur développement
économique, au détriment de la préservation des
zones littorales.
NORMES ET LÉGISLATIONS
ENVIRONNEMENTALES
AFFAIBLIES ET FAIBLE
ACCOMPAGNEMENT
DE L’ÉTAT
Qu’est ce que cela engendre
pour la gouvernance ?
La difficulté à trouver un
accord entre les acteurs du
territoire et l’effritement
progressif des budgets
pour
l’environnement
ont abouti à l’abandon du
projet de parc naturel marin2 pour la zone du golfe
normand-breton. La concertation entre les acteurs
de la mer se fait donc à l’échelle du Conseil Maritime
de Façade (CMF) et dans les différentes instances
locales de concertation du GNB (ex. comités de
pilotage (COPIL) des sites Natura 2000).
PAS D’INSTANCE
DE CONCERTATION
ET DE PLANIFICATION
À L’ÉCHELLE DU GNB
La diversité d’intérêts
divergents au sein de
ce conseil ainsi que son
étendue
géographique
très large entraînent
d’importantes difficultés
à s’accorder, ce qui affaiblit la prise en compte de
ses avis. A l’échelle du GNB, la présence de deux CMF
(Manche-Mer du Nord et Atlantique Nord-Manche
Ouest) complexifie d’autant plus le système de
gouvernance sur ce territoire.
AFFAIBLISSEMENT DU
RÔLE
DU CONSEIL MARITIME
DE FAÇADE
Cette multiplication rapide des appels d’offres laisse
peu de temps à la concertation. L’acceptation des
projet est mauvaise et de nombreuses associations se
créent pour contrer les projets éoliens en les portant
systématiquement au tribunal. Leur mise en place
est retardée et met en péril leur rentabilité avec des
risques de découragement des investisseurs.
Cette tendance à la judiciarisation accompagnée de
la nécessité pour la France d’être plus attractive pour
les consortiums internationaux pousse à réduire
les possibilités de recours (changement de la loi et
passage de nombreux projets en projets d’intérêt
public) et les exigences environnementales.
Le développement du
marché
prometteur
des EMR attire les
investisseurs de Jersey
et Guernesey qui y
voient un chemin vers
plus d’indépendance énergétique. Ainsi, des
accords facilitant le développement commun de ces
énergies sont passés entre les îles anglo-normandes
et la France. Devant les intérêts économiques et
d’emplois associés à ce développement, les accords
de la baie de Granville passent au second plan et
sont régulièrement remis en question.
COLLABORATION AVEC
LES ÎLES
ANGLO-NORMANDES
SUR L’ÉNERGIE
Du fait de l’affaiblissement du rôle du CMF et
de l’absence d’une entité
forte représentant les
intérêts de la mer, les enjeux environnementaux
marins sont de moins en moins portés face aux enjeux terrestres et les aménagements littoraux se développent au fil des projets avec une prise en compte
très parcellaire de l’environnement marin.
INTÉRÊTS DE LA MER
PEU REPRÉSENTÉS
FACE AUX INTÉRÊTS
TERRESTRES
L’État prend la main sur
les plans de développement en mer et affirme
sa volonté par la multiplication d’appels d’offres
pour le développement
des EMR. Un travail de planification spatiale de l’espace maritime et littoral (infrastructures terrestres
pour les EMR) est réalisé mais il reste relativement
sectoriel et peu abouti en termes de prise en compte
des aspects environnementaux.
RÔLE FORT
DE L’ÉTAT
DANS LE
DÉVELOPPEMENT
DES EMR
10
La concertation N2000 est perçue positivement
par les acteurs qui y voient un des rares lieux de
concertation sur le territoire. Cependant, le manque
de moyens réglementaires ainsi que la mauvaise
représentation des gestionnaires auprès des
instances décisionnelles entraîne un manque de
prise en compte effective des décisions des COPIL.
En revanche, les compensations financières des
projets EMR permettent de mettre en place de
nouvelles actions dans les sites N2000 existants
(sensibilisation, connaissance).
Ces actions restent toutefois insuffisantes pour
pallier à une dégradation générale du milieu, que
les mesures de protection éclatées ne suffisent pas à
stopper. Des contentieux sont engagés par l’Europe
contre la France à ce sujet.
DÉVELOPPEMENT
IMPORTANT
ET PEU INTÉGRÉ
DES EMR
L’objectif de 6GW prévu
par le Grenelle est atteint
en 2020 et de nouveaux
objectifs plus ambitieux
sont fixés pour 2040.
La conjonction de nouveaux appels d’offre, de
nouvelles technologies disponibles et du tarif
préférentiel de rachat de l’électricité font que de
nouvelles zones deviennent attractives pour les EMR.
Pour rentabiliser ces énergies qui restent coûteuses,
la recherche d’économie d’échelle conduit à adopter
un modèle de parc à grande échelle et plusieurs
nouveaux parcs éolien, hydrolien et houlomoteur
sont créés dans le GNB (îles anglo-normandes
incluses).
La logique de laisser les consortiums privés se
charger des études d’impact continue, la planification
de l’Etat consistant uniquement à déterminer des
zones de moindres contraintes pour les appels
d’offres. Les nombreuses études d’impact réalisées
sur le territoire ont produit une masse importante
de connaissance mais restent très morcelées dans le
temps et l’espace, peu harmonisées, de qualité très
variable et les données brutes, non communiquées
ne permettent pas de contre expertise.
Ce manque de partage et d’harmonisation de
l’information entraîne des surcoûts pour les
industriels (études d’impacts sans cesse renouvelées)
et ne permet pas d’élaborer des stratégies cohérentes
de surveillance aux échelles adéquates et de réduire
les impacts.
Devant l’épuisement progressif des ressources à
terre, la mer est perçue
comme le nouveau réservoir de matière première.
La demande en sable
coquillier marin et en sable siliceux augmente fortement (notamment pour construire les socles en béton des EMR). Cette demande attire les investisseurs
et de nombreux projets sont lancés par la filière.
DÉVELOPPEMENT
DIFFICILE
DE L’EXTRACTION
(PROCÉDURES, CONFLITS
D’USAGES)
Dans le même temps, le manque de planification
rend les procédures longues et coûteuses (études
d’impact toujours plus longues) et les projets sont
régulièrement attaqués au tribunal. Face à cette
situation, l’Etat tente de passer en force en imposant
certains projets pas toujours bien planifiés et aux
conséquences environnementales incertaines, ce qui
cristallise les tensions.
Devant ces problématiques, l’exploitation des
coquilles de crépidule à grande échelle pour
l’amendement calcaire est mise en œuvre avec des
conséquences environnementales importantes.
11
scénario 1
scénario 2
Le projet de créer un
parc naturel marin a été
abandonné et la gestion
de la mer dans le golfe
normand-breton se fait
sur les sites N2000 en
mer et les autres outils de gestion et protection déjà
présents en 2015, auxquelles s’ajoutent les mesures
compensatoires accompagnant le développement
des EMR (mises en place de récifs artificiels,
financement des actions N2000, etc.).
MESURES DE GESTION
PARCELLAIRES
ET PEU EFFICACES
À L’ÉCHELLE DU GNB
Après un dialogue difficile dans des conditions
d’implantation très rapide, l’Etat choisit d’interdire
la pêche dans ces vastes zones pour des raisons
de sécurité. Ce développement crée un nombre
important d’emplois et entraîne une forte demande
de personnes qualifiées pour travailler en mer. Un
nombre important de pêcheurs se reconvertissent
dans ces nouveaux emplois.
scénario 3
Effets sur la gestion de l’environnement
et les activités économiques du GNB
scénario 4
« Le golfe normand-breton, un espace morcelé,
fortement anthropisé et conflictuel »
La conchyliculture se
développe peu car les
conditions environnmentales n’y sont plus favorables. La diminution de
la qualité de l’eau sur la
zone côtière ainsi que l’émergence de nouvelles pathologies entraînent des mortalités importantes que
la profession essaie de compenser en augmentant le
nombre de naissains avec parfois des effets opposés.
DIVERSIFICATION
ET DÉVELOPPEMENT
AU LARGE DE
LA CONCHYLICULTURE
Devant la dégradation de la qualité des eaux côtières
et face à l’urgence, les acteurs de la filière négocient
directement avec les élus ou les activités en cause.
De nombreuses affaires sont ainsi portées devant les
juridictions administratives. Cela coûte de l’argent
et du temps et on assiste à une crispation entre
la filière conchylicole et les activités terrestres
potentiellement impactantes. En raison de ces
phénomènes, et malgré les efforts fournis par la
profession, la conchyliculture sur les côtes diminue
rapidement.
Suite à des développements technologiques en
cours (utilisation pour biocarburant, cosmétiques,
polymères), la culture des algues devient très
rentable et d’ambitieux projets industriels voient
le jour notamment en profitant des structures de
l’éolien posé. Ces développements nécessitent de
nouveaux espaces qui sont attribués à la filière suite
à une perte d’influence des pêcheurs dans les débats.
De manière générale, la profession évolue de
manière importante mais ces évolutions, si elles
compensent la perte de production engendrée
par la très forte diminution de l’exploitation
immédiatement à proximité des côtes, ne suffisent
pas à maintenir l’emploi, les nouvelles activités étant
moins intensives en main d’œuvre.
Face à des activités en
pleine croissance, d’autres
sont en crise. La pêche
professionnelle connaît
des difficultés du fait
d’une politique commune
des pêches de plus en plus stricte du point de vue
de la préservation de l’environnement et de la crise
pétrolière. Davantage intéressés par le développement
des EMR, les Etats en présence dénoncent les accords
de la baie de Granville qu’ils considèrent comme un
frein au développement de ces énergies.
CRISE ET PERTE
D’ATTRACTIVITÉ
DE LA PÊCHE FACE À DE
NOUVELLES ACTIVITÉS
FLORISSANTES
La dégradation générale des écosystèmes et le changement climatique entraînent l’écroulement de certains stocks communautaires pêchés en Manche et
la réduction des quotas associés. Les unités de pêche
venant de différents pays et armés pour ces stocks se
reportent alors sur des espèces non communautaires
présentes en dehors de la mer territoriale (12 milles),
ce qui est le cas de la seiche et de l’araignée. Cela
provoque une dégradation importante du stock de
ces espèces pour les pêcheurs côtiers du golfe normand-breton.
D’autre part, le bulot, en limite sud de son aire de
répartition dans le golfe normand-breton disparaît
progressivement à cause du réchauffement des eaux
avec des conséquences pour de nombreux pêcheurs
dépendant exclusivement de cette ressource.
Le semis intensif de coquille Saint-Jacques ne
parvient pas à compenser les surcoûts d’énergie
engendrés par la drague et l’aquaculture moins
énergivore, devient plus rentable.
Le pêche reste rentable pour un petit nombre
de ligneurs-caseyeurs sur des produits de niche
à forte valeur ajoutée qui profitent de l’effet
« récif/réserve » fourni par les zones EMR fermées à
la pêche. La plupart des pêcheurs se reconvertissent
vers les emplois associés aux EMR ou diversifient
leurs activités vers l’aquaculture.
12
Le tourisme augmente de manière importante
dans le golfe normand-breton mais les zones très
industrialisées en face des installations EMR exercent
un effet repoussoir et le tourisme se concentre sur
les zones encore préservées.
De même, la pratique des sports d’eau et de plage
continue à se développer en suivant la tendance
actuelle et est peu ralentie par les problématiques
environnementales et de paysage puisque les larges
plages et estrans du GNB sont utilisés principalement
comme un support (sable, vent, vague, etc.) presque
indépendamment de leur qualité écologique.
Le phénomène général de densification de
la population n’épargne
pas les côtes du Cotentin
qui étaient exceptionnellement peu urbanisées en
2014. Dans ce contexte de demande très forte pour
de l’habitat côtier, le respect de la loi ALUR (lutte
contre l’étalement urbain) et de la loi littoral devient
difficile car la densification de l’existant ne suffit pas
à répondre à la demande. Dans ce cadre, la décentralisation de la loi littoral mène à certains excès et
l’urbain grignote petit à petit des espaces pour l’instant préservés du littoral.
MITAGE
URBAIN
SUR LE LITTORAL
La pression économique en contexte de crise incite
les élus et collectivités à s’orienter vers des solutions
« immédiates » en privilégiant l’aspect économique
à court terme et parfois électoraliste au détriment de
solutions plus durables. Cela aboutit à d’importants
projets d’habitat, d’industrie et d’ouvrages de
protection du littoral contre les tempêtes.
scénario 1
scénario 2
La modernisation de la ligne TGV Paris-Saint-Malo
(2h) et de la ligne Paris-Granville permet à un
nombre croissant de franciliens de venir les weekends et rend ces destinations plus accessibles pour
les voyageurs.
Malgré sa popularité, la pêche à pied devient de plus
en plus difficile à pratiquer car de vastes secteurs
sont régulièrement interdits suite à des pollutions
bactériennes ou phytotoxiques. Les fédérations de
pêcheurs à pied peinent à se faire entendre et ces
problèmes restent sans réponse.
scénario 3
La pointe de Cancale, où l’on peut voir désormais
le mont Saint-Michel d’un côté et le parc éolien de
l’autre devient un symbole visuel de cette transition
entre ancien et nouveau monde.
Pour attirer plus de touristes et développer
l’attractivité de la région pour les pratiquants de
ces activités, de nombreux évènements d’envergure
nationale sont organisés (circuit mondial char à voile,
équitation, kite surf, paddle).
scénario 4
Les champs d’éoliennes
au large sont bien acceptés et deviennent même
un facteur d’attraction
pour certains touristes.
Les modes de compensation associés tels que les récifs artificiels constituent
un nouveau terrain d’exploration pour les plongeurs.
DÉVELOPPEMENT FORT
ET PEU PLANIFIÉ DU
TOURISME
ET DES LOISIRS
DE PLEIN AIR
13
Effets sur l’environnement marin
du GNB
Le manque de connaissances en 2014 par rapport à
l’impact réel de ces activités sur le milieu marin est
d’autant plus prégnant sur la question des impacts
cumulés de plusieurs activités. Dans ce scénario, la
mauvaise coordination des suivis entre les différents
projets de développement en mer (EMR) et la DCSMM
freine la compréhension des interactions entre les
activités humaines et le milieu et on se retrouve avec
une connaissance encore très parcellaire sur ce sujet
en 2045.
Au niveau environnemental, on assiste à un fort
développement de certaines espèces invasives
qui semble bénéficier du changement climatique
et est accentué par les activités marines en fort
développement (phénomène de dispersion des
espèces).
La qualité de l’eau continue à se détériorer car
la population côtière et urbaine se densifie ainsi
que l’industrie du loisirs/tourisme alors que
les infrastructures d’épuration ne suivent pas.
Cette dégradation de la qualité de l’eau ainsi que
l’urbanisation littorale rampante entraînent une
dégradation de certaines fonctionnalités essentielles
des habitats côtiers et estuariens (nourriceries,
stockage de polluants, etc.).
D’autre part le développement des marées vertes
sur l’estran entraîne l’apparition de son exploitation
(auparavant expérimentée en Bretagne) et finit par
inciter à ne pas remédier au phénomène à la source.
De nombreux mammifères dont les grands dauphins
ainsi que certaines espèces d’oiseaux marins ont
quitté la zone à partir des phases de travaux des
EMR. Les scientifiques tentent d’expliquer leur non
retour par la dégradation générale de la qualité
du milieu et l’absence de zone de quiétude pour
les accueillir de façon permanente ou lors de leur
transit migratoire. D’une façon générale, les fortes
modifications environnementales entraînent une
baisse de la résilience générale des écosystèmes.
14
scénario 2
Développement harmonieux des activités
dans un milieu préservé
Ce type de développement nécessite un portage politique fort ainsi
que des financements suffisants (fiscalité dédiée) permettant la mise
en œuvre des directives européennes (Directive Cadre Eau (DCE)/
Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM)/Politique
Commune des Pêches (PCP).
NT
UME
DOC AVAIL
R
DE T
Aires marines protégées et autre statut
Zone de
protection forte
Parc marin
international
scénario 3
La planification de l’espace maritime permet de simplifier administrativement l’installation de ces nouvelles activités en mer tout en
minimisant les impacts sur l’environnement. La présence du parc
marin du golfe normand breton facilite la concertation nécessaire et le
développement d’une coopération internationale, tout en permettant
la récolte d’éléments scientifiques facilitant la décision.
scénario 2
De nouvelles activités apparaissent (EMR, filières algues, secteur
loisir pêche, etc.) et d’autres se modifient (aquaculture au large), sous
l’impulsion de l’Union européenne..
Site classé
Cherbourg
Energie
Hydrolien
Éolien
Cultures marines
Cadastre
conchylicole
Moules sur
filière
Algoculture
Coquilles
St-Jacques
sur filières
Pêche
Exploitation de la crépidule
Extraction de granulats marins
Permis d'exploitation
Commune
Densité faible
Densité forte
Pression
d’urbanisation
Tourisme
«vert»
Port de commerce (fret et/ou passager)
Port de plaisance
(flot et/ou échouage >200 places)
Port de pêche
Granville
Paimpol
Délimitations maritimes
Limite de la mer territoriale
(12 milles nautiques)
SaintMalo
Frontières maritimes «perméables»
Délimitation des eaux territoriales ayant fait
l'objet d'un accord bilatéral
N
Saint-Brieuc
15
0
10
0
5
20 kilomètres
10 milles nautiques
scénario 4
Cable
16
Plus de sensibilisation
Loisir et tourisme : augmentation
du nombre de pratiquants
Urbanisation : densification de
l’existant
Intégration terre-mer
Développement des EMR facilité
mais maitrisé
Réseau d’aires marines protégées
cohérent et opérationnel
Planification de l’espace
maritime
Mise en place du parc marin
international
Augmentation de l’effet récif/
réserve dû à l’absence de
drague et chalut dans les vastes
champs éoliens avec un effet
bénéfique sur la diversité.
Colmatage d’habitats subtidaux
par l’installation des éoliennes/
hydroliennes en mer
Maintien des populations de
prédateurs supérieurs
Amélioration de l’état des
stocks d’espèces commerciales
(sauf bulot et autres espèces
touchées par le changement
climatique)
Amélioration de l’état
fonctionnel de certains habitats
(prés salés, sédiment meuble,
maërl)
Application des directives
environnementales
Fiscalité écologique (redevance
ZEE et fiscalité incitative)
Amélioration de la qualité des
eaux côtières mais pollutions
ponctuelles
EFFETS SUR
LES ECOSYSTEMES
Gouvernance « top-down » et
« bottom-up » (parc marin
et CMF)
Développement
harmonieux des activités
dans un milieu préservé
scénario 2
Barrière physique = ou - (recul
stratégique de l’urbanisation
pour laisser un cordon dunaire
en cas de montée des eaux.
Stabilité sédimentaire :
maintien d’habitats favorisant la
stabilité des sédiments côtiers
(ex. herbiers), une attention
est portée aux conséquences
d’une extraction trop forte de
granulats
Cycles biogéochimiques
(réduction des phénomènes
d’eutrophisation)
Stockage/traitement polluants +
(protection zone fonctionnelle
mais perte habitats littoraux =>
montée eaux)
Zones de nourricerie/
frayère = ou + (protection de
zones fonctionnelles)
Habitats biogènes +
(réapparition de bancs de maërl
vivant)
Relation trophique + /
- (maintien des prédateurs
supérieurs)
Contrôle biologique (une
attention est portée à la
limitation de l’introduction
d’espèces invasives et des
pathogènes)
Production secondaire + / -
Pêche à pied responsable
(augmentation des bonnes
pratiques)
Stagnation de la consommation
de services culturels liés aux
qualités paysagères du site.
Maintien des qualités paysagères
du site au prix de contraintes sur
les infrastructures de tourisme
de masse
Tourisme tourné vers le tourisme
vert
Tourisme / Loisirs :
Augmentation de la production
d’algue
Légère augmentation de la
production conchylicole tous
produits confondus
Organismes privés dédiés à
l’environnement littoral et
marin : Augmentation des
emplois (bureau études pour
étude d’impacts)
Organismes publics dédiés
à l’environnement littoral et
marin : Augmentation des
emplois publics du secteur de
l’environnement (eau, aires
marines protégées)
Loisirs estran/mer :
Augmentation des emplois
Conchyliculture : Augmentation
des emplois (diversification des
métiers et maintien des petites
exploitations)
Pêche : Augmentation des
emplois (plus de pêche
artisanale, activités de niche,
attractivité du métier) avec une
hausse de la
valeur ajoutée (circuit court et
label)
Approvisionnement alimentaire :
Production primaire + / (moins d’apports en nutriments ;
amélioration de l’état des prés
salés)
Maintien général des captures
toutes espèces confondues
CHANGEMENT
DES BÉNÉFICES
POUR LA SOCIÉTÉ
CHANGEMENT
DES SERVICES
ÉCOSYSTÉMIQUES
CHANGEMENT
DES FONCTIONNNALITÉS
ÉCOLOGIQUES
Dans ce cadre, la France a produit une stratégie de
planification de son espace intégrant à la fois ses
objectifs d’augmenter la part des énergies marines
dans la production nationale d’électricité, et les
nouvelles activités en mer tout en respectant les
objectifs de la DCSMM.
La Bretagne et la Normandie ont une carte à jouer en
favorisant une politique volontariste de planification
de leur espace marin tout en développant les EMR.
En effet, toutes deux y voient une opportunité
d’affirmer leurs choix sur leur espace marin tout en
créant de l’emploi et des savoir-faire en matière
d’EMR et d’environnement.
Afin de financer les coûts
liés à la gestion de la
mer (environnement et
planification), une fiscalité
environnementale
spécifique au milieu
marin est lancée. Celleci étend à l’ensemble de la zone économique
exclusive les principes qui régissent les régimes de
redevance sur le domaine public maritime. Les
nouvelles activités en mer de type éolien offshore
sont donc directement concernées.
MISE EN PLACE D’UNE
FISCALITÉ ÉCOLOGIQUE
POUR FINANCER
LES POLITIQUES
ÉNERGÉTIQUES ET
ENVIRONNEMENTALES
Le programme de surveillance défini initialement
est mis en place dans sa
totalité puis étendu au
fur et à mesure des évaluations tous les 6 ans.
Il permet notamment de mieux comprendre les effets des pressions cumulées, changement climatique
inclus, sur les écosystèmes et leur capacité à fournir
des services.
MEILLEURE
CONNAISSANCE DU
MILIEU MARIN GRÂCE
À LA MISE EN ŒUVRE
FINANCÉE DE LA DCSMM
Ce gain de compréhension des réactions de
l’environnement marin aux pressions humaines fait
prendre conscience de l’urgence de mesures rapides
et concrètes, notamment pour tenter de maintenir,
voire d’augmenter dans certaines zones, la résilience
des écosystèmes face au changement climatique en
marche.
La directive planification
rentre en application avec
un premier plan par façade finalisé en 2025. La
meilleure compréhension
des liens entre pressions
humaines et fonctionnement des écosystèmes permet une planification
efficace facilitant un développement des activités
économiques (procédures plus courtes) tout en minimisant l’impact sur le milieu. Cela est facilité par
la collaboration public/privé établie à l’occasion de
la planification de l’espace marin qui permet l’acquisition de nouvelles connaissances à des coûts
moindres.
scénario 2
Cette vision se traduit par une volonté politique
affichée de l’Europe d’appuyer le développement
de l’industrie et des activités en mer tout en
atteignant les objectifs des grandes directives
environnementales qu’elle a mises en place :
DCSMM (Directive Cadre Stratégie du Milieu Marin)
et DCE (Directive Cadre Eau). Les sanctions contre les
Etats ne respectant pas leurs objectifs sont rendues
systématiques et de plus en plus coûteuses.
Impact sur l’application des directives
environnementales et la politique
environnementale de la France
scénario 3
Le contexte socio-économique incite l’Europe
et les États membres à
mettre l’accent sur le développement de l’industrie en mer qui est jugé
être « une nouvelle source de croissance ». Cependant, face à de nombreux rapports alarmant sur la
dégradation de l’environnement marin et ses potentielles conséquences ainsi qu’à la pression internationale, l’Europe décide d’accorder un degré de priorité élevé à la préservation du milieu marin avec des
exigences plus fortes.
VOLONTÉ
DE DÉVELOPPER
LES ACTIVITÉS EN MER
TOUT EN PRÉSERVANT
L’ENVIRONNEMENT
Une deuxième fiscalité dite « incitative » est mise en
place sur le principe pollueur payeur. Cette fiscalité
s’attache notamment à réduire les pollutions
d’origine terrestre et liées au trafic maritime
croissant.
MISE EN ŒUVRE
D’UNE PLANIFICATION
DE L’ESPACE
MARITIME (PEM)
PRENANT EN COMPTE
L’ENVIRONNEMENT
La mise en place d’un réseau efficace d’aires marines protégées couplée à des objectifs de résultats
importants met en lumière la nécessité de gérer les
problématiques des pressions d’origine terrestre.
Une collaboration poussée avec les agences de l’eau
permet de lancer des investissements importants
notamment pour améliorer l’efficacité des réseaux
d’épuration urbains et industriels.
17
scénario 4
Quels ont été les éléments déclencheurs
du scénario 2 ?
Ces différentes mesures ont un coût et obligent à
augmenter progressivement les budgets associés
à la protection du milieu marin qui passent de 30
millions en 2014 à plus de 500 millions en 2045.
Le système de fiscalité écologique (redevance
et fiscalité incitative) permet de financer une
partie de ces nouvelles dépenses tout en incitant
progressivement à réduire les pollutions à la source.
Cette stratégie se montre particulièrement efficace
pour réduire les pressions d’origine terrestre et
augmenter la sécurité du trafic maritime.
La loi littoral est décentralisée pour la rendre plus
adaptée à des situations
locales très contrastées,
notamment par rapport
à des objectifs de développement économique
locaux et de préservation de l’environnement. Pour
éviter une application à minima de cette loi en raison
d’intérêts économiques et politiques locaux particuliers, l’État se donne les moyens de faire appliquer la
loi littoral, notamment par un travail d’information et
de suivi efficace auprès des collectivités pour la prise
en compte de l’environnement. En outre, l’existence
de documents de planification opposables avec des
objectifs environnementaux forts (DCSMM / DCE)
ainsi que la fiscalité écologique incitative évitent
que des projets incohérents voient le jour.
NORMES
ET LÉGISLATIONS
ENVIRONNEMENTALES
RENFORCÉES
ET ACCOMPAGNEMENT
DE L’ETAT
Qu’est ce que cela engendre
pour la gouvernance ?
La mise en place de la PEM
MISE EN PLACE
est gérée par le conseil
CONCERTÉE DE LA
maritime
de
façade
PLANIFICATION DE
(CMF). La concertation
L’ESPACE MARITIME
fonctionne bien car des
(PEM) ABOUTISSANT
moyens conséquents ont
À UN DOCUMENT
OPPOSABLE
été mis en place (conseil
scientifique et information
régulière). Cela permet une compréhension mutuelle
de l’ensemble des acteurs de l’intérêt de créer un
document de planification facilitant l’installation
de certaines activités en réduisant leurs impacts.
Par ailleurs, le fait que ce document soit opposable
amène une responsabilisation et un investissement
fort des acteurs.
Cependant, si l’échelle de fonctionnement du CMF le
rend pertinent pour gérer des enjeux internationaux
ou de façade, elle le rend par contre peu légitime
et donc peu adapté pour la gestion d’enjeux plus
locaux.
Ce volet territorial est
assuré dans le golfe
normand-breton par le
parc naturel marin créé
en 2017 dans le cadre du programme de mesure du
PAMM. En effet, la réunion d’acteurs légitimes sur
le territoire et les programmes de recherche mis en
place ont permis de développer une connaissance
adaptée pour gérer les enjeux socio-écologiques à
cette échelle. Le haut niveau d’expertise sur cette
zone et la concertation efficace fait du parc un site
pilote pour l’application de la PEM.
CRÉATION DU PARC
MARIN DU GNB (SITE
PILOTE POUR LA PEM)
La création côté français
du parc naturel marin,
guichet unique et facilement identifiable pour la
gestion des enjeux de la
mer a facilité la collaboration avec les IAN qui ont finalement mis en place
un outil similaire. Cette collaboration internationale
a été grandement facilitée par les accords préexistants de la baie de Granville qui ont évolué vers un
cadre de gestion intégrée des activités humaines.
DÉVELOPPEMENT
D’UNE GESTION
INTERNATIONALE AVEC
LES ÎLES ANGLONORMANDES (IAN)
La conjonction de ces différents facteurs a finalement
permis de créer un outil de planification spatiale
intégrée à échelle internationale, premier en son
genre.
En 2020, puis en 2023,
le conseil de gestion
du parc émet deux avis
conformes pour faire
revoir successivement deux projets terrestres jugés
impactant pour la qualité des eaux côtières. Ces
projets sont remaniés au niveau des exigences du
parc pour être finalement acceptés.
LA VOIX
DE LA MER
DEVIENT AUDIBLE
Ces évènements agissent comme déclencheurs d’une
plus grande prise en compte des enjeux marins dans
les projets terrestres et l’acquisition progressive
de données scientifiques et d’une connaissance
générale du milieu marin favorise une culture
commune qui prévient les recours à de nouveaux
avis conformes.
18
« Le golfe normand-breton, un espace géré collectivement
et en bonne santé »
• l’état des stocks pour les espèces marines
inféodées à la zone
• l’état des habitats marins
• le lien pression-impact sur les fonctionnalités
écologiques
Ces nouvelles connaissances permettent de mieux
gérer et planifier les activités existantes et de réduire l’impact de l’installation de nouvelles activités.
Des mesures sont prises pour restaurer ou ne pas dégrader des habitats aux fonctionnalités importantes
(frayères, nourriceries, stockage des polluants, etc.)
et assurer le maintien d’espèces sensibles (oiseaux,
grands mammifères) et exploités commercialement
(poissons, coquillages…).
Ces mesures sont d’autant plus efficaces qu’elles se
font dans le cadre d’une collaboration forte avec les
IAN ; ce qui permet le développement d’une gestion
à l’échelle du golfe normand-breton avec des stratégies de complémentarité intersites (N2000, RAMSAR,
Réserves).
Dans le même temps, cette collaboration internationale et la bonne coordination avec le CMF permettent
de porter des enjeux à l’échelle internationale
comme par exemple l’harmonisation des mesures de
pêche en Manche ou des normes administratives et
environnementales pour les projets EMR.
Le lien terre-mer est renforcé en se basant sur le travail déjà en action sur les sites protégés existant au
sein du parc marin (N2000, RAMSAR, etc.) et facilité
par l’existence d’un guichet unique représentant la
voix de la mer dans les projets terrestres (SCOTs, PLU,
etc.).
scénario 2
Ce programme a permis l’acquisition de nouvelles
connaissances sur :
La planification spatiale a
permis de faire une étude
d’impact de l’ensemble
des projets et donc de
mieux prendre en compte
les impacts cumulatifs sur
l’environnement et les activités en mer à l’échelle de
la Manche et du GNB. Ces résultats ont été repris par
l’Etat pour lancer plusieurs séries d’appels d’offres
qui ont conduit à la construction de plusieurs parcs
éoliens, hydroliens et houlomoteurs dans les eaux
françaises et des IAN (voir carte).
DÉVELOPPEMENT
DES EMR FACILITÉ
PAR UNE PLANIFICATION
INTÉGRÉE
INTERNATIONALE
L’important travail de concertation et d’acquisition
de connaissances fait dans le cadre du parc et
de la PEM a pris du temps et retardé le lancement
des appels d’offres. Cependant les zones retenues
sont légitimes pour la plupart des acteurs et les
procédures administratives sont simplifiées pour les
projets acceptés qui ne sont plus repoussés par les
recours en justice.
La planification à l’échelle du GNB a notamment
permis de minimiser les impacts aussi bien sur les
zones de pêche que sur les habitats importants
pour les espèces commerciales. Une collaboration
forte avec les professionnels de la pêche a permis
d’ouvrir les parcs éoliens à certaines pratiques de
pêche. L’implication de plusieurs pays d’Europe dans
l’exercice de planification en mer a mis en évidence
les différences de législation sur l’installation des
EMR qui rendent certains d’entre eux plus attractifs
pour les consortiums internationaux car moins
contraignants. Sous la pression de plusieurs pays
dont la France, la législation a été harmonisée à
l’échelle européenne, permettant de garder une
exigence environnementale forte tout en restant
attractif pour les consortiums.
19
scénario 3
Le PNM a été créé en
2017. Sa mise en place a
été accompagnée par le
développement d’importants programmes de
connaissance notamment
en collaboration avec les activités économiques partenaires de l’exercice de planification.
GESTION
ÉCOSYSTÉMIQUE DU
GNB DANS LE CADRE
D’UN PARC MARIN
INTERNATIONAL
Les mesures de compensation financières discutées
dans le cadre du conseil de gestion permettent à la
fois de dégager des fonds pour améliorer l’état de
certains habitats (sensibilisation herbiers et prés
salés, préservation maërl) et de financer l’évolution
des pratiques de pêche.
scénario 4
Effets sur la gestion de l’environnement
et les activités économiques du GNB
Devant l’épuisement progressif des ressources
à terre, la mer est perçue comme le nouveau
réservoir de matière première et la demande en
sable coquiller et siliceux
augmente. L’harmonisation des législations européennes pour mettre fin à des pratiques, telles que
l’exploitation de maërl de Norvège, participe à l’augmentation de cette demande.
EXPÉRIMENTATION
CONTRÔLÉE D’UNE
NOUVELLE ZONE
D’EXTRACTION POUR
RÉPONDRE À
LA DEMANDE LOCALE
Les zones d’extraction sont rediscutées au sein du
parc pendant l’exercice de planification spatiale à
l’appui des connaissances scientifiques existantes.
L’exploitation en baie de Saint-Brieuc, dont les
impacts sont suivis dans le cadre d’un programme
d’étude dédié ont été jugés acceptables par le
conseil du parc, et est donc maintenue.
Dans le même temps, les coquilles de crépidules
destinées à l’alimentation sont également valorisées
et des circuits de tri sélectif sont mis en place
dans certaines communautés de communes, ce
qui permet de répondre en partie à la demande en
amendement calcaire local, sans ouvrir de nouveaux
sites d’extraction.
L’augmentation des coûts de transport routier et la
demande en matériaux de construction, notamment
pour les fondations des EMR, rendent attractive la
production de sable siliceux localement dans le GNB.
Une zone d’extraction est testée au nord de Cancale.
Elle est suivie dans le cadre du parc à partir de 2030
pour définir la continuation ou l’arrêt de cette activité
pour les années suivantes.
La population côtière a
augmenté sur toutes les
côtes du golfe normandbreton : cela représente
un risque important de
dégradation des eaux
côtières, pouvant impacter les activités conchylicoles
locales. Cependant, le principe d’exemplarité
environnementale en vigueur au sein du parc et la
représentation de celui-ci dans les SCOTs ont poussé
les collectivités à une exigence forte sur les logiques
d’urbanisation et les réseaux d’assainissement.
De même, la fiscalité écologique pollueur-payeur, la
pression de l’Europe et le travail important dans les
SAGES ont poussé à réduire les pollutions agricoles à
la source en modifiant les pratiques et en modernisant
les réseaux. Les effets du changement climatique
(multiplication des événements extrêmes, hausse
des températures, arrivées de nouveaux prédateurs
et pathogènes) entrainent des risques importants
de pertes annuelles. Pour s’adapter au changement
climatique, la profession choisit de diversifier au
maximum son activité pour être moins vulnérable
économiquement. Cette diversification est facilitée
par les accords passés avec le Comité Régional des
Pêches Maritimes et des Elevages Marins (CRPMEM).
De plus, la réduction de la densité des poches et
filières et la diversification des espèces mises en
place à travers le schéma des structures avec l’appui
du parc participent à la moins grande vulnérabilité
des récoltes.
DIVERSIFICATION DE
LA CONCHYLICULTURE
POUR RÉDUIRE LA
VULNÉRABILITÉ
ÉCONOMIQUE
L’aquaculture sur filière se développe au large mais
sur des volumes peu importants. Des solutions
techniques pour que les EMR puissent servir au
développement de l’algoculture ont été prises en
compte dès la conception des parcs éoliens soutenant
l’essor de cette activité qui devient économiquement
importante.
L’augmentation de la
population côtière, l’engouement pour les sports
et le tourisme de nature
ainsi que l’amélioration
des moyens de transport
vers le littoral du GNB (amélioration de la ligne ParisGranville) provoquent une augmentation du nombre
de touristes nationaux et internationaux et des pratiquants de loisir sur l’estran et en mer.
La conjonction de son exploitation et de conditions
environnementales moins favorables font que sa
biomasse stagne, voire régresse à certains endroits.
Une gestion durable du stock est mise en place pour
pérenniser les emplois et les activités économiques
liés à cette ressource. La coquille, vendue pour de
l’amendement calcaire, représente une part faible
du chiffre d’affaires.
La mise en place d’un outil de gestion international associée à une bonne
gestion des ressources
exploitées du GNB préservent les stocks naturels du golfe. Cependant, les effets du changement
climatique sont bien là et certaines espèces en limite
de répartition comme le bulot disparaissent, alors
que de nouvelles arrivent.
DIVERSIFICATION
PROGRESSIVE
ET ACCOMPAGNÉE
DE LA PÊCHE
Le conseil de gestion du parc, épaulé par le conseil
scientifique, a choisi d’anticiper ces évolutions
en trouvant des solutions en amont pour la
diversification des métiers et une adaptation à la
montée des coûts du carburant, financées notamment
par les mesures de compensation des EMR. Le CRC et
le CRPM ont fusionné et forment une seule et même
entité gérant les deux aspects de l’activité. Les
stratégies d’activités mixtes parfois complétées par
la crépidule ou le PESCA tourisme sont adoptées par
certains professionnels.
Dans le même temps, la nature internationale de ce
parc a permis de faire pression sur l’Europe pour une
harmonisation des directives en Manche-Atlantique
et des contrôles plus importants, ce qui a permis de
mieux gérer certains stocks tels que l’araignée et la
seiche.
Un label « parc naturel marin » est créé sur des
critères de qualité du produit, de durabilité de la
pêche mais aussi de qualité du circuit de distribution
(court avec peu d’intermédiaires), ce qui permet aux
pêcheurs d’augmenter leurs revenus.
Ces touristes et pratiquants de loisir viennent dans
le golfe pour profiter d’une nature relativement
préservée et d’infrastructures dédiées. L’équilibrage
de cette pression avec la capacité de charge du milieu
est appuyé par les collectivités territoriales qui
soutiennent un développement raisonné du tourisme
soucieux des paysages et de l’environnement.
Ceci se concrétise notamment par des plans
départementaux des espaces, sites et itinéraires
(PDESI) très ambitieux. La minimisation des impacts
environnementaux et conflits d’usage est gérée par
l’établissement de cahiers des charges et de chartes
avec les clubs et fédérations. La pêche à pied reste
une activité emblématique du golfe normand-breton
notamment grâce à la bonne qualité des eaux et du
milieu naturel.
La pratique des activités de loisir augmente de
manière générale du fait de l’accroissement de la
population côtière mais on assiste surtout à des pics
de fréquentation lors des périodes de vacances liés
à des pratiques ponctuelles. Un important travail de
sensibilisation sur le terrain pour diffuser les bonnes
pratiques est réalisé par les équipes du parc mais
aussi par tous les opérateurs qui ont bénéficié de
formation à cet effet.
L’augmentation de la population côtière entraîne
des besoins d’urbanisation. Cette urbanisation
passe par une densification autour de l’existant
en accord avec la loi ALUR. De vastes zones côtières
peu urbanisées qui font la spécificité du golfe normand-breton sont laissées en l’état.
LE LITTORAL
SE DENSIFIE AUTOUR
DE L’EXISTANT ET DE
VASTES ZONES VIERGES
SONT PRÉSERVÉES
L’application de la loi littoral est assouplie régionalement mais l’Etat, qui garde un droit de regard et de
décision sur les SCOTs/PLU mis en place, accompagne
efficacement ces dossiers. La bonne représentation
des acteurs maritimes et une association étroite et
constructive des acteurs littoraux dans l’élaboration
de ces plans de développement urbain permettent
de garantir un développement durable du littoral.
21
scénario 3
La crépidule devient un
produit de moyen-haut
de gamme cuisiné dans
les grands restaurants
et associé à l’identité du
golfe normand-breton.
scénario 4
LA CRÉPIDULE
DEVIENT UN PRODUIT
ALIMENTAIRE
APPRÉCIÉ
scénario 2
AUGMENTATION
MAÎTRISÉE ET DURABLE
DU TOURISME
ET DES LOISIRS
Effets sur l’environnement marin
du GNB
Le programme de surveillance de la DCSMM ainsi
que les programmes de connaissance mis en place au
sein du parc ont permis de mieux comprendre l’effet
des pressions cumulées sur les écosystèmes.
La planification internationale des activités
maritimes a permis d’appliquer directement ces
connaissances pour mieux gérer l’espace du golfe.
Le milieu marin est de manière générale plus
anthropisé (aquaculture au large, EMR, etc.) mais
les efforts pour préserver des habitats importants,
notamment pour leurs fonctionnalités de nourricerie
ou pour la biodiversité associée, ont permis de
maintenir un bon fonctionnement des écosystèmes.
Celui-ci est facilité par la réduction des pollutions
d’origine terrestre.
Dans un contexte de changement climatique, ces
écosystèmes en meilleure santé sont plus résilients
et arrivent mieux à s’adapter, résister et se réguler.
L’exigence environnementale pour l’installation des
projets en mer et les connaissances récoltées sur les
impacts sur les mammifères marins et les oiseaux
ont permis de limiter fortement l’impact en phase
de travaux et d’exploitation et les populations se
portent bien.
22
scénario 3
Un écosystème marin
et des activités en équilibre fragile
Devant la pression internationale et les manifestations croissantes de la dégradation des écosystèmes
marins, l’Europe renforce sa politique environnementale ainsi que la pression sur les Etats membres.
La France durcit sa législation environnementale pour remplir ses objectifs et ne pas être sanctionnée
par l’Europe. Dans le GNB, les activités marines existantes sont soumises à des normes plus fortes et
l’apparition de nouvelles activités est rendue plus difficile et coûteuse. Des mesures de protection fortes
sont prises sur les zones N2000. On se retrouve avec un milieu fragmenté ; plus ou moins préservé là où
se trouvent ces zones, et dégradé dans des zones où se concentrent les usages.
NT
UME
DOC AVAIL
R
T
DE
Aires marines protégées et autre statut
Cherbourg
Convention
de Ramsar
Natura 2000
Site classé
Zone de
protection forte
Hydrolien
Éolien
scénario 3
Les mesures de protection sont vécues comme répressives et mal acceptées. Dans ce scénario, la
concertation entre secteurs d’activités se fait avec les outils existants (SAGE, SCOT, N2000,…) mais
demeure insuffisante pour développer une vision commune sur les usages en mer, le partage de l’estran
et aboutit à une cristallisation de tensions entre catégories d’usagers et organismes institutionnels en
mer et à l’interface terre-mer. Les difficultés de cohabitation entre activités deviennent de plus en plus
prégnantes du fait des conflits d’usage croissants dans ces espaces maritimes de plus en plus fragmentés
(aires marines protégées, zones de pêche, zones conchylicoles, zones de baignade, zones de plaisance,
etc.).
Energie
Cable
Cultures marines
Cadastre
conchylicole
Moules sur
filière
Pêche
Exploitation de la crépidule
Extraction de granulats marins
Permis d'exploitation
Commune
Densité faible
Densité forte
Pression
d’urbanisation
Tourisme
«vert»
Port de commerce (fret et/ou passager)
Port de plaisance
(flot et/ou échouage >200 places)
Port de pêche
Granville
Paimpol
Délimitations maritimes
Secteur d'application des accords de pêche
de la baie de Granville (fragilisé)
SaintMalo
Limite de la mer territoriale
(12 milles nautiques)
Limites selon accords de pêche (Guernesey)
Délimitation des eaux territoriales ayant fait
l'objet d'un accord bilatéral
N
Saint-Brieuc
23
0
10
0
5
20 kilomètres
10 milles nautiques
scénario 4
Algoculture
24
Tourisme & loisirs : fréquentation
en hausse du littoral
Maintien/baisse de la pêche
et report d’effort de pêche sur
zones non protégées
Maintien de la conchyliculture
Pas de développement de
l’extraction
Développement faible des EMR
Urbanisation croissante mais
maitrisée
Création de zones marines de
protection forte
Gestion sectorielle
Application forte des directives
environnementales
Gouvernance top-down
Un écosystème marin
et des activités
en équilibre fragile
scénario 3
Impacts constants des
extractions
Pression accrue sur certains
habitats subtidaux (report de
pêche)
Maintien des habitats côtiers
(prés salés, estrans…)
Maintien relatif de la qualité
des eaux côtières
EFFETS SUR
LES ECOSYSTEMES
Maintien de la barrière
physique =
Maintien de la stabilité
sédimentaire =
Cycles biogéochimiques
maintenus =
Stockage/traitement polluants
stable =
Zones de nourricerie/frayère +
Formation d’habitats biogènes +
Relations trophiques - (moins de
prédateurs supérieurs)
Augmentation de pratiques
ponctuelles et régulières pour la
pêche à pied de loisir
Stagnation du tourisme de masse
Augmentation du tourisme côtier
et des activités de loisir en lien
avec la qualité du milieu et des
paysages
Maintien des qualités paysagères
du site au prix de contraintes sur
les infrastructures de tourisme
de masse
Tourisme/Loisirs :
Aquaculture : maintien de
la conchyliculture et pas de
développement de l’algoculture.
Pêche : maintien/baisse de la
ressource avec des fluctuations
interannuelles de stocks
importantes.
Production secondaire =
Contrôle biologique =
Approvisionnement alimentaire :
CHANGEMENT
DES SERVICES
ÉCOSYSTÉMIQUES
Production primaire ?
CHANGEMENT
DES FONCTIONNNALITÉS
ÉCOLOGIQUES
Organismes privés dédiés à
l’environnement littoral et
marin : Stagnation des emplois
(bureau études pour études
d’impacts)
Organismes publics dédiés
à l’environnement littoral
et marin : Stagnation des
emplois publics du secteur de
l’environnement (eau, aires
marines protégées)
Loisirs estran/mer : Stabilité des
emplois et du chiffre d’affaires
Tourisme de masse : Stabilité
des emplois et du chiffre
d’affaires
Tourisme vert : Augmentation
des emplois et chiffre d’affaire
Conchyliculture : Perte d’emplois
et de chiffre d’affaires,
vulnérabilité qui augmente
Pêche : Perte d’emplois et de
chiffre d’affaires, vulnérabilité
qui augmente face au
changement climatique
CHANGEMENT
DES BÉNÉFICES
POUR LA SOCIÉTÉ
Quels ont été les éléments déclencheurs
du scénario 3 ?
En parallèle, à l’échelle internationale, face à de
plus en plus de signaux alarmants de dégradation
de l’environnement comme les évènements
climatiques extrêmes, marées vertes, blooms
phytoplanctoniques toxiques, prolifération d’espèces
invasives, disparition d’espèces protégées (dont
certaines très médiatisées comme l’ours polaire),
les conventions internationales se multiplient et
incitent l’Europe à renforcer l’application de ses
directives environnementales.
LA FRANCE,
NON PRO-ACTIVE,
APPLIQUE LES
DIRECTIVES
ENVIRONNEMENTALES
PAR OBLIGATION
La France se voit dans
l’obligation de résultats ciblés dans le cadre
de la directive européenne pour le milieu
marin (DSCMM) afin de
répondre aux exigences
européennes.
Cependant, n’ayant pas mis en place de fiscalité
écologique pour financer la préservation de
l’environnement et dans un contexte de crise et de
restriction budgétaire, l’application de cette directive
se fait à minima et à moyens constants.
Dans le même temps, la difficulté à avoir une vision
claire d’une planification intégrée des activités
maritimes dans le golfe normand-breton ne facilite
pas l’émergence de nouvelles activités. Les politiques
de développement régional peinent à surmonter
cette difficulté malgré une volonté affichée d’investir
l’espace maritime et continuent d’organiser le
développement maritime de façon sectorielle.
Dans ce contexte, des efforts importants sont réalisés
par l’ensemble des catégories d’acteurs de la mer
pour maintenir tant bien que mal leurs activités
sans que celles-ci parviennent à se diversifier ni à se
développer.
Face à la dégradation
progressive des habitats
prioritaires dans les sites
N2000 et aux sanctions
de l’Europe, la France
impose des mesures
réglementaires de protection forte dans la plupart
des sites N2000 existants. Menée le plus souvent
avec une concertation précipitée, une consultation
à minima et sans moyens dédiés, cette politique
est généralement vécue comme répressive par les
professionnels et usagers de la mer qui voient leurs
zones d’exploitation restreintes. Localement, grâce
aux acteurs du territoire qui s’investissent activement
dans les Comités de pilotage et dans l’élaboration, le
suivi et la mise en œuvre des documents d’objectifs,
de bons résultats sont obtenus sur certains sites,
généralement peu soumis aux pressions extérieures.
RENFORCEMENT
PEU CONCERTÉ DE
LA RÉGLEMENTATION
N2000 EN MER
En revanche, à l’échelle du GNB et de la sous-région
marine Manche-Mer du Nord, ce réseau manque de
cohérence écologique et de connectivité vis-à-vis de
nombreux enjeux communs de préservation qui sont
peu ou pas perçus aux bonnes échelles (par exemple,
le cas des mammifères marins qui ont des espaces de
vie plus large qu’un site N2000).
25
scénario 3
L’Europe reconnaît que
les mers et les océans
peuvent être des moteurs
de
l’économie
européenne qui offrent un
potentiel
considérable
en matière d’innovation
et de croissance (source
d’emplois et de richesse,
« croissance bleue »).
scénario 4
DANS UN CONTEXTE
INTERNATIONAL DE
CROISSANCE BLEUE,
L’EUROPE MAINTIENT
UNE FORTE VOLONTÉ
D’ATTEINDRE
LES OBJECTIFS
DES DIRECTIVES
ENVIRONNEMENTALES
La mise en place de la
DCSMM est difficile et entraîne beaucoup de frustrations. En effet, n’ayant
pas mis en place une fiscalité dédiée, l’Etat a du
mal à débloquer un budget suffisant pour mettre
en œuvre les programmes
de surveillance et de mesures de la DSCMM à la hauteur des enjeux. Pour combler cela, l’Etat s’appuie
sur une tentative d’optimisation des réseaux de surveillance existants, sur le tissu associatif local pour la
réalisation de certaines actions (telles que la sensibilisation, l’observation naturaliste ou la communication auprès du grand public) et sur l’ensemble de ses
services dédiés qui, bien que fortement mobilisés,
peinent à suivre le rythme.
APPLICATION NON
SATISFAISANTE DES
PROGRAMMES DE
SURVEILLANCE ET
DE MESURES DE LA
DSCMM PAR MANQUE
DE MOYENS (PAS DE
FISCALITÉ DÉDIÉE)
Finalement, on arrive à une application des
programmes de surveillance et de mesures à minima,
sans stratégies ni protocoles communs aux bonnes
échelles, qui les rendent inopérants et vains pour
répondre aux grands enjeux de préservation de la
DCSMM. Cet échec provoque une désillusion de la
communauté scientifique et des gestionnaires en
charge de la mise en œuvre des actions de la DSCMM.
La planification de l’esLES DOCUMENTS
pace maritime (PEM) est
STRATÉGIQUES DE
retranscrite dans un doFAÇADE MANQUENT
cument stratégique de faLEURS OBJECTIFS
çade consultatif (non opposable) qui comprend (i)
un volet environnemental relatif au développement
durable des activités maritimes : le plan d’action
pour le milieu marin (PAMM), et (ii) un volet sectoriel
dédié aux schémas de développement des activités
en mer (ex. schémas de développement aquacole,
des EMR, etc.).
Dans ce scénario, l’application de la loi littoral
reste sous la responsabilité de l’Etat et est renforcée par la publication
de décrets d’application
supplémentaires
sans
mobiliser les moyens
nécessaires à leur application. Cela entraine des disparités d’application de la loi sur le littoral dans le
GNB car toutes les communes côtières ne peuvent
pas faire face sans un accompagnement plus fort des
services de l’Etat.
INTERFACE
TERRE-MER :
LÉGISLATION
ET NORMES
ENVIRONNEMENTALES
TRÈS RENFORCÉES
AVEC PEU
D’ACCOMPAGNEMENT
Au niveau de l’urbanisme côtier, les services de l’Etat
territoriaux (DDTM) peinent par exemple à assurer
la cohérence des SCOT-volet mer et des PLU avec
les enjeux marins (recul stratégique, infrastructures
côtières impactantes, prise en compte des plans de
prévention des risques littoraux, etc.). Autrement
dit, leur rôle de fil conducteur qui permet d’assurer
la prise en compte des politiques publiques dans les
différents plans d’urbanisme est de moins en moins
prégnant. Ceci est accentué par le fait qu’il n’existe
pas de documents/stratégies de planification
maritime opposables aux documents d’urbanisme.
En 2045, on assiste finalement à une politique
terre-mer sectorielle, sans vision intégrée de
l’ensemble des enjeux côtiers économiques, sociaux
et écologiques, qui aboutit à d’importants conflits
(non acceptabilité des mesures environnementales)
et des impacts environnementaux terre-mer qui
persistent dans quelques zones du littoral, malgré
une réglementation renforcée.
Face au manque de moyens et de prise en compte
de leurs avis, les membres du CMF se désengagent
progressivement du processus « intégré » de la
PEM et ce sont les services de l’Etat qui finissent
par prendre en charge la rédaction/révision du
document. En effet, réalisé dans des délais serrés,
avec peu de moyens et face à la difficulté de répondre
aux intérêts (parfois divergents) des professionnels
de la mer, ce document peine à intégrer leurs enjeux
de développement et finit par être totalement
rejeté par les acteurs dont les intérêts ne sont pas
représentés. En outre, on ne parvient pas à intégrer
les enjeux environnementaux du PAMM dans les
différents schémas de développement sectoriel.
26
La concertation entre les acteurs de la mer du GNB se
fait donc à l’échelle du Conseil Maritime de Façade
(CMF) qui continue de se réunir plusieurs fois par
an pour donner des avis consultatifs sur les projets
et programmes maritimes de façade (réévaluation
du PAMM, avis sur les schémas de développement
sectoriel, etc.). La diversité d’intérêts divergents au
sein de ce conseil ainsi que son étendue géographique
très large entraînent d’importantes difficultés à
s’accorder sur le développement des activités en
mer et l’intégration des enjeux environnementaux. A
l’échelle du GNB, la présence de deux CMF (MancheMer du Nord et Atlantique Nord-Manche Ouest)
complexifie d’autant plus le système de gouvernance
sur ce territoire.
Cela aboutit à une cristallisation des tensions entre
acteurs de la façade qui ne partagent pas une vision
commune.
La concertation au sein du
GNB continue à se faire
avec les instances locales
existantes et nouvelles
(SCOT, SAGE, N2000,
etc.). Cette multitude
d’instances multiplie les réunions des comités de
gestion qui, malgré une bonne volonté à y participer,
finit par démobiliser la plupart de leurs membres.
UN REJET DES
POLITIQUES
ENVIRONNEMENTALES
PAR LES
PROFESSIONNELS
Dans le même temps, la
communication internationale sur le milieu marin
(reportage TV, émissions,
livres...) génère une mobilisation citoyenne de plus en plus forte en faveur de
la protection du milieu marin et du littoral. La société
civile s’implique dès lors de plus en plus et représente, via les associations environnementales, un
des acteurs important du golfe dans les nombreuses
instances de gouvernance (bonne représentativité).
Elle défend énergiquement sa vision qui s’oppose
le plus souvent au développement des activités et
tend à systématiser les recours à des procédures
juridiques pour trancher sur la réalisation de projets
en mer.
UNE SOCIÉTÉ
CIVILE
TRÈS IMPLIQUÉE
Cette tendance à la « judiciarisation » est d’autant
plus forte qu’elle est portée par une politique
maritime nationale floue qui ne donne pas de cadre
de développement en mer ni d’objectifs clairs.
27
scénario 3
Les contraintes budgétaires pour l’environnement et la difficulté à
trouver un accord entre
les acteurs du territoire
ont abouti à l’abandon du projet de Parc naturel marin pour la zone du GNB.
PAS D’INSTANCE
DE GOUVERNANCE
À L’ÉCHELLE DU GNB
En outre, la politique nationale de création de zones
marines à fort niveau de protection pour atteindre
les objectifs de la DSCMM (ex. zones fonctionnelles
halieutiques dans des sites N2000) n’est pas bien
acceptée localement par les professionnels de la mer
qui estiment que la concertation a été insuffisante et
qu’elle n’a pas bien pris en compte leurs enjeux de
développement. Et même si ponctuellement de très
bons résultats sont obtenus (amélioration visible
des écosystèmes dans certains espaces protégés),
l’impossibilité de développer une vision commune
avec des objectifs partagés en limite l’efficacité.
Cette constatation renforce le sentiment de refus des
professionnels de la mer qui considère la politique
environnementale en mer comme inefficace et
nuisant à leur développement.
scénario 4
Qu’est ce que cela engendre
pour la gouvernance ?
Face à cette dissymétrie, des tensions apparaissent
et se répercutent dans les accords de la baie de
Granville (ABG) ; les zones de pêche et les quotas
sont constamment rediscutés. De même la politique
ambitieuse de développement des EMR dans les IAN,
en particulier à Jersey, suscite de fortes tensions
dans un contexte d’espaces exploitables pour la
pêche qui diminuent. Cela a pour conséquence de
fragiliser encore un peu plus les ABG.
Dans ce scénario, la coopération avec les IAN est
limitée du fait de la multitude
d’interlocuteurs
et l’absence d’une instance de gouvernance à
l’échelle du GNB (pas de
« guichet » commun). Il n’y a pas d’harmonisation au
niveau de la planification en mer entre les eaux sous
juridiction française et anglo-normande, d’autant
plus que les IAN ne sont pas soumises aux obligations européennes (d’application de la DSCMM).
PAS DE COOPÉRATION
AVEC LES ÎLES ANGLONORMANDES (IAN) ET
DES ACCORDS DE LA
BAIE DE GRANVILLE
(ABG) FRAGILISÉS
L’absence d’une enceinte
de discussion sur l’interface terre-mer à l’échelle
du GNB génère des incompréhensions entre acteurs
sur certains projets et provoque parfois même de fortes oppositions entre usagers de la terre et usagers de la mer.
INTERFACE
TERRE-MER :
UNE POLITIQUE
« DÉSINTÉGRÉE »
On voit apparaitre des oppositions fortes des
pêcheurs français face à l’arrivée d’un renforcement
réglementaire des niveaux de protection en mer
qui les fragilisent face à leurs homologues anglonormands. Jersey crée peu de zones marines à fort
niveau de protection.
On aboutit à un littoral morcelé sans vision
d’ensemble, avec des zones réservées aux activités,
aux usages et d’autres zones préservées, car
fortement protégées, entrainant des disparités d’état
du milieu.
« Le golfe normand-breton, un écosystème marin
et des activités en équilibre fragile »
Effets sur la gestion et les activités
économiques du GNB
Poussé par l’Europe à
atteindre les objectifs de
la DSCMM et n’ayant pas
mis en place les outils
financiers pour y répondre
(fiscalité dédiée), l’Etat
adopte par souci d’économie une politique de gestion
du milieu marin basée sur une réglementation forte
avec peu d’accompagnement : création de zones à
fort niveau de protection (réglementation renforcée)
dans les sites N2000 existants. L’économie est toute
relative car cela demande des moyens de contrôle
renforcés sur ces sites dont la réglementation tend
à être contournée. En effet, le passage en force de
l’Etat pour créer ces nouvelles zones renforcées et
le manque d’accompagnement et de concertation
suscitent de nombreux débats auprès des acteurs
locaux, voire un rejet catégorique de leur part car
ils y voient une privation de leur zones historiques
d’exploitation sans négociation possible.
GESTION
DU MILIEU MARIN PAR
LA RÉGLEMENTATION
ET LE CONTRÔLE
28
Dans les IAN, les projets de développement d’EMR
se voient freinés par les pêcheurs du golfe qui
s’appuient sur les ABG pour conserver leurs zones de
pêches (et leur accès). Des tensions entre la France et
les IAN se cristallisent sur le sujet des EMR.
La conjonction de ces différents facteurs fait qu’en
2045 les EMR ne parviennent pas à se développer
en France et que le GNB ne voit pas d’autres projets
que ceux réalisés auparavant (champ d’éoliennes de
Saint-Brieuc, ferme pilote d’hydroliennes du RazBlanchard).
Devant l’épuisement progressif des ressources à
terre, la mer est perçue
comme le nouveau réservoir de matière première.
La demande en sable coquillier marin et sable siliceux augmente fortement. Cette demande attire les
investisseurs et de nombreux projets sont lancés par
la filière.
PEU DE PLACE
POUR L’EXTRACTION
Dans ce scénario où les zones disponibles sont
de plus en plus convoitées (renforcement du
niveau de protection des zones marines, zones de
pêche défendues par les professionnels) et où la
mobilisation de la société civile se positionne contre
les extractions marines par la vision négative qu’ils en
ont, les extracteurs peinent à se faire une place dans
le GNB. De plus, les connaissances sur la localisation
et la nature précise des gisements manquent, les
processus administratifs restent longs et coûteux
(étude d’impact, concertation…) et certains sont
encore alourdis dans le cadre du renforcement de la
politique environnementale.
Au final, malgré une demande croissante en
matériaux bruts d’origine marine, la conjonction de
tous ces facteurs aboutit à un déclin de cette activité
dans le GNB et dans les eaux françaises en général.
Pour répondre aux besoins français croissants, on
finit par importer des matériaux marins calcaires et
siliceux d’autres pays ; importation rendue possible
par le manque d’harmonisation européenne sur
l’extraction marine. Cela aboutit à des situations
où la France ayant interdit l’extraction du maërl, ce
dernier est importé de Norvège ou d’Irlande.
29
scénario 3
Malgré des budgets conséquents pris en charge par
les consortiums privés et consacrés à la concertation
pour déverrouiller les blocages sociétaux, les projets
sont systématiquement attaqués en justice par des
associations de riverains qui les perçoivent comme
fortements impactants (phase de construction
= bruit, destruction d’habitats ; phase de production
= impact visuel, lieux de passage des mammifères
marins et avifaune). Bloqués durablement, certains
d’entre eux sont définitivement abandonnés. Les
quelques projets qui tentent d’émerger dans le
GNB sont freinés par les procédures administratives
(études d’impact coûteuses et peu cohérentes entre
les différents projets).
En outre, dans un contexte de création de zones de
protection forte, certains acteurs de la mer, tels que
les professionnels de la pêche, se sentent dépossédés
de leurs zones de pêche historiques et deviennent
de plus en plus hostiles au développement des EMR
dont les zones d’exploitation ont été peu discutées
en amont des appels d’offres.
scénario 4
L’objectif de 6GW prévu
par le Grenelle n’est pas
atteint en 2020. L’Europe
créé les conditions pour
un développement des
EMR mais l’Etat ne met pas en place les subventions
nécessaires pour qu’elles deviennent rentables
par rapport aux autres énergies existantes (peu de
programmes de recherche et développement pour
optimiser la technologie, peu d’accompagnement
financier lors du lancement des projets, etc.) et
les coûts de production de cette énergie restent
élevés. Hors, dans un contexte de crise économique,
l’augmentation du coût de l’énergie n’est ni
acceptable politiquement, ni acceptée par la société
civile qui devient de plus en plus hostile aux EMR.
LES EMR
NE PARVIENNENT PAS
À SE DÉVELOPPER
Pour éviter une dégradation progressive de
la qualité des eaux,
les acteurs de la filière
prennent l’initiative de
renforcer les analyses de l’eau des réseaux de surveillance existants et de négocier directement avec
les collectivités littorales et les activités terrestres
en cause (ex : besoin de développer un réseau STEP
dû à l’étalement urbain pour conserver une bonne
qualité des eaux côtières). De nombreuses affaires
sont ainsi portées au tribunal. Cela coûte de l’argent
et du temps à la profession et on assiste à une crispation entre la filière conchylicole et les activités
terrestres potentiellement impactantes. En outre,
cet argent n’est pas investi dans l’anticipation des
risques et nouvelles pathologies liées au changement climatique.
LA CONCHYLICULTURE/
AQUACULTURE
RÉSISTE
Bien que les zones d’installation existent déjà
et sont suffisantes pour celles à venir (bonne
anticipation de la filière) et que des partenariats
se font avec les pêcheurs pour les filières au large,
les tentatives de cultures de moules et d’algues
sur filière au large, d’élevage semi intensif de CSJ
en casier, ne parviennent pas à émerger du fait des
fortes oppositions des associations des riverains et
des procédures administratives et techniques de
plus en plus contraignantes (étude d’impact, normes
sanitaires plus fortes). La pisciculture se développe
peu car les conditions environnementales n’y sont
pas favorables (bathymétrie faible dans le GNB).
De manière générale, en 2045 la profession se
maintient sur la côte avec des risques économiques
forts pour les exploitations existantes et quelques
projets se développent au large avec difficulté.
Dans le cadre du renforcement de la prise en
compte de l’environnement dans les politiques
européennes, la PCP durcit sa réglementation en
faveur d’une exploitation durable des stocks. Dans
ce contexte, la majorité des espèces du GNB passe
sous quotas (sole, araignée, seiche, etc.) ce qui permet de maintenir leurs taux de renouvellement dans
le temps. De plus, la protection de certaines zones
fonctionnelles (nourriceries) dans le GNB permet
de participer plus activement au renouvellement
de certains stocks et au maintien général de la ressource. Cependant, malgré ce maintien général,
certaines zones du golfe se dégradent fortement à
cause du report d’effort de pêche sur les espaces non
protégés. L’écosystème est fragilisé (moins résilient)
et toutes perturbations importantes peut provoquer
l’effondrement de certaines ressources (mauvais
recrutement des homards dû à des conditions environnementales défavorables). Dans le même temps,
certaines espèces en limite de répartition - comme le
bulot - ont disparu progressivement du GNB.
LA PÊCHE, UN ÉQUILIBRE
ÉCONOMIQUE
ET ÉCOLOGIQUE
PRÉCAIRE
De manière générale l’activité de pêche se maintient,
bien que difficilement, aidée par quelques évolutions
technologiques (moteurs plus performants). Mais le
manque de stratégie d’adaptation fait qu’une partie
de la flotte très spécialisée sur certaines espèces reste
très vulnérable à la fluctuation de stocks fragilisés.
De plus, l’absence d’accompagnement pour aider la
profession à s’adapter à ces risques ne leur permet
pas de diminuer leur vulnérabilité économique face
aux fluctuations de ces stocks. D’autre part quelques
pêcheurs (une dizaine) parviennent à se diversifier
en développant le PESCA tourisme/pêche de loisir
ou l’exploitation de la crépidule en lien avec les CRC.
30
La société civile est fortement mobilisée en faveur
de la protection de l’environnement. Du côté des
fédérations sportives et associatives du GNB, une
communication sur les enjeux environnementaux
et les impacts potentiels des pratiques permet une
prise de conscience des riverains, ce qui se ressent
dans les pratiques individuelles (bonnes pratiques de
loisirs et sportives). La pêche à pied reste une activité
emblématique du golfe normand-breton. La pratique
de cette activité par les populations locales augmente
de manière générale du fait de l’accroissement de
la population côtière mais on assiste surtout à des
pics de fréquentation importants lors des périodes
de vacances. Les riverains sont bien informés de la
réglementation et des bonnes pratiques grâce au
travail des associations. Par contre, celles-ci, bien
que fortement mobilisées, n’ont pas les moyens
d’informer l’ensemble des pratiquants non locaux
toujours plus nombreux, en particulier lors des
périodes estivales. Certains secteurs économiques
Dans un contexte de
réglementation
nationale forte qui encadre
l’urbanisation
côtière,
on assiste à une urbanisation maitrisée et tournée vers la densification de
l’existant (respect de la loi ALUR). Cette tendance est
beaucoup plus marquée dans le département de la
Manche, où le littoral est moins urbanisé que sur les
côtes d’Armor et de l’IIle et Vilaine. De plus, la plupart des collectivités littorales du GNB investissent
progressivement dans la construction ou l’amélioration de leur système de traitement des eaux usées
(STEP, réseaux assainissement).
UNE URBANISATION
CROISSANTE
MAIS MAITRISÉE
Les lois littoral et ALUR, appliquées de manière
rigoureuse, freinent parfois le développement
de certaines activités économiques ou projets
nécessitant la proximité de la mer. Dans le même
temps, même si cette rigidité a permis de ralentir
l’urbanisation du littoral, le manque de moyens
pour accompagner les collectivités a abouti à une
mauvaise prise en compte des enjeux marins dans
certains SCOTs et PLU ainsi qu’à une faible prise en
compte des stratégies de recul face au changement
climatique. En 2045, on arrive donc à un littoral peu
modifié par rapport à 2014 mais qui en revanche se
transforme en arrière littoral face à son attractivité
constante.
31
scénario 3
comme le tourisme vert (maison d’hôte) et les loisirs
de nature profitent particulièrement de la présence
de cet environnement relativement préservé pour
se développer, ce qui entraine une multiplication
des lieux d’hébergement. Bien que les associations
environnementales jouent le rôle de garde-fou face
aux projets de développement d’infrastructures
touristiques, le développement progressif généré par
un littoral attractif pourrait aboutir à un dépassement
de la capacité de charge du milieu dans ce scénario.
scénario 4
Au niveau touristique, les
stratégies locales qui profitent de la bonne image
du
territoire
comme
élément
d’attractivité,
finissent par rentrer en
contradiction. En effet d’un côté, on souhaite conserver une identité forte du territoire liée à un patrimoine traditionnel et de qualité qui le rend attractif pour le tourisme et de l’autre, on assiste à un
tourisme qui se développe de manière importante,
promu par les politiques qui y voient un bassin pour
l’emplois. En outre, la tendance lourde d’augmentation de la population côtière et l’amélioration des
moyens de transport vers la région (TGV Paris-Granville, Paris-Saint-Malo) provoquent une augmentation du nombre de touristes nationaux et internationaux sur le territoire et des pratiquants de loisir sur
l’estran et en mer.
UN TOURISME
ET DES LOISIRS CIBLÉS
SUR L’ATTRACTIVITÉ
ÉCOLOGIQUE
DU TERRITOIRE
Effets sur l’environnement marin
du GNB
D’une manière générale, le milieu marin (littoral et
large) est plus anthropisé par le développement de
nombreuses activités de tourisme et de loisirs, et
par le maintien d’activités traditionnelles (pêche,
conchyliculture).
La mise en place d’outils de protection forte sur des
habitats importants pour répondre aux obligations
européennes (notamment pour leurs fonctionnalités
de nourricerie ou pour la biodiversité associée) a
permis de préserver un bon état et fonctionnement
des écosystèmes marins mais seulement à certains
endroits du GNB et reste peu adapté aux espèces
à large distribution comme les mammifères et
oiseaux marins. Les résultats en termes d’objectifs
de préservation d’espèces communautaires restent
donc très mitigés.
Finalement, on se trouve dans un espace marin
très hétérogène où, malgré les efforts des activités
primaires pour maintenir un bon état fonctionnel
nécessaire à leur pérennité, la capacité de résilience
des écosystèmes marins est fragilisée et ces derniers
sont donc moins en capacité de s’adapter au
changement.
Globalement, les écosystèmes du GNB restent
très fragiles. L’augmentation non maitrisée de la
pression côtière et les forçages environnementaux
non maitrisables (espèces invasives, changement
climatique) pourrait facilement faire basculer l’état
général du milieu marin vers une dégradation
générale de sa qualité et impacter lourdement sur
l’économie du golfe liée à la mer.
30
scénario 4
Dégradation du milieu marin
et des activités qui en dépendent
Face à la crise économique qui se prolonge et dans un contexte de tensions politiques et sociales de
plus en plus fortes, les politiques publiques cèdent du terrain sur l’application effective des mesures
environnementales et leurs priorités s’orientent sur des développements économiques rentables à court
terme. Ainsi, les programmes nécessaires au développement des EMR, qui nécessitent des investissements
sur le long terme, sont successivement repoussés au profit du développement du gaz de schiste. En outre,
dans ce contexte de normes environnementales assouplies et de gouvernance affaiblie de l’Etat, les
territoires s’engagent dans des stratégies de développement touristique de masse et de forte urbanisation
côtière pour absorber la pression humaine sur les côtes du golfe normand-breton, ce qui participe à la
dégradation générale du littoral.
La baisse du coût de l’énergie ainsi que les mesures prises par les professionnels (semis et gestion
des stocks) permet dans un premier temps à la pêche de se maintenir mais ne suffisent pas à pallier
la dégradation progressive de l’écosystème et de la ressource, ce qui finit par fragiliser fortement leur
activité. Cette dégradation impacte également l’activité conchylicole qui ne parvient pas à faire face à
la dégradation notable de la qualité écologique et sanitaire des masses d’eaux côtières, et ce malgré des
tentatives importantes de la profession pour se diversifier (culture au large) et endiguer cette dégradation
(négociation directe avec les acteurs terrestres).
NT
UME
DOC AVAIL
R
DE T
Aires marines protégées et autre statut
Convention
de Ramsar
Natura 2000
Site classé
Zone de
protection forte
Hydrolien
Éolien
Energie
Cable
Cultures marines
Moules sur
filière
Algoculture
Pêche
Exploitation de la crépidule
Extraction de granulats marins
Permis d'exploitation
Commune
Densité faible
Densité forte
Pression
d’urbanisation
Développement
touristique
Port de commerce (fret et/ou passager)
Port de plaisance
(flot et/ou échouage >200 places)
Port de pêche
Délimitations maritimes
Secteur d'application des accords de pêche
de la baie de Granville (fragilisé)
Limite de la mer territoriale
(12 milles nautiques)
Limites selon accords de pêche (Guernesey)
Délimitation des eaux territoriales ayant fait
l'objet d'un accord bilatéral
N
33
0
10
0
5
20 kilomètres
10 milles nautiques
scénario 4
Cadastre
conchylicole
34
Tourisme & loisirs : Hausse
du tourisme de masse.
Fréquentation en hausse du
littoral.
Baisse de la pêche
Baisse de la conchyliculture
Maintien/hausse des activités
d’extraction
Développement faible des EMR
Urbanisation forte et non
maitrisée
Gestion sectorielle
Pas ou peu de création de zones
de protection forte
Application faible des directives
environnementales
Evitement du conflit social
Faible engagement de l’Etat
Un écosystème marin
et des activités
en équilibre fragile
scénario 4
Perte générale de biodiversité
marine et de ressources
exploitées
Dégradation de zones
fonctionnelles en mer (pas de
mesures de protection)
Dégradation/Disparition de
certains habitats côtiers (prés
salés, estrans…)
Dégradation de la qualité des
eaux côtières (urbanisation)
EFFETS SUR
LES ECOSYSTEMES
Dégradation de la barrière
physique - (urbanisation arrière
dune => pas de rechargement
lors de la montée des eaux.
Stabilité sédimentaire - (en
lien avec l’aménagement du
littoral, extraction, régression des
herbiers)
Cycles biogéochimiques - (cycle
de l’azote et augmentation des
phénomènes d’eutrophisation)
Stockage/traitement polluants (dégradation de la qualité des
eaux et des habitats marins,
perte d’habitats littoraux dues à
la montée eaux)
Zones de nourricerie/frayère (développement de la crépidule,
abrasion, eutrophisation eaux
côtières, perte habitats ex. prés
salés)
Habitats biogènes - (dégradation
des récifs d’hermelles, zones
d’herbiers, maerl)
Relations trophiques ? (moins de
prédateurs supérieurs)
Contrôle biologique ?
Production secondaire -
Production primaire -/+
(dégradation des prés salés et
enrichissement en nutriment)
CHANGEMENT
DES FONCTIONNNALITÉS
ÉCOLOGIQUES
Augmentation du tourisme de
masse.
Diminution générale de la pêche
à pied de loisir mais avec pics
de fréquentation estivaux
(tourisme)
Diminution de la consommation
de services culturels liés aux
qualités paysagères du site.
Augmentation des activités de
loisirs sans lien ni avec la qualité
du milieu ni avec la qualité du
paysage
Dégradation des qualités
paysagères du site du fait du
peu de contraintes sur les
infrastructures de tourisme de
masse
Tourisme / Loisirs :
Aquaculture : baisse de la
conchyliculture (perte de
l’exploitation côtière non
compensée par exploitation au
large).
Organismes privés dédiés à
l’environnement littoral et
marin : diminution des emplois
privés dans le domaine de
l’environnement (bureau
d’études pour études d’impacts)
Organismes publics dédiés
à l’environnement littoral
et marin : Diminution des
emplois publics du secteur de
l’environnement (eau, aires
marines protégées)
Perte des aménités paysagères
et des bénéfices de la pêche
récréative
Loisirs estran/mer :
Augmentation emplois et chiffre
d’affaires
Tourisme de masse :
Augmentation emplois et chiffre
d’affaires
Conchyliculture : Perte d’emplois
et de chiffre d’affaires,
augmentation de la vulnérabilité
Pêche : Perte d’emplois et de
chiffre d’affaires, augmentation
de la vulnérabilité
Approvisionnement alimentaire :
Pêche : Baisse des captures dans
le GNB (diminution certains
stocks et de l’effort de pêche).
CHANGEMENT
DES BÉNÉFICES
POUR LA SOCIÉTÉ
CHANGEMENT
DES SERVICES
ÉCOSYSTÉMIQUES
Quels ont été les éléments déclencheurs
du scénario 4 ?
En France, le développement de l’industrie en
mer, même si jugé comme
étant « une nouvelle
source de croissance »,
implique des investissements et des programmes
de recherche sur le long terme. Dans ce scénario,
ils sont retardés par les gouvernements successifs
qui préfèrent prioriser des mesures avec des
effets à court terme. Ainsi, en 2018, pour relancer
l’économie, l’exploitation des gaz de schiste est
autorisée en France et les importants gisements
découverts permettent de baisser rapidement les
coûts de l’énergie.
STRATÉGIE
ÉCONOMIQUE
NATIONALE DE COURT
TERME
Dans le même temps les
objectifs du Grenelle
de l’environnement sont
repoussés successivement
par les gouvernements et perdent en crédibilité.
L’État s’investit à minima sur sa politique environnementale, tant sur le plan législatif qu’opérationnel,
et son désinvestissement des grands groupes industriels français (privatisation progressive) lui donne
une influence moindre sur les orientations énergétiques de la France.
RECUL DE L’ETAT
SUR SES OBJECTIFS
ENVIRONNEMENTAUX
La tentative de mise en
place concertée de mesures fortes de protection
dans les sites N2000 en
mer est rejetée par les pêcheurs professionnels qui
y voient un coup de plus porté à la profession déjà
fragilisée par la dégradation générale de l’environnement. Devant la perspective d’importants conflits
sociaux, l’Etat minimise dès lors la mise en place de
réglementations fortes dans les sites N2000 en place
et concentre les rares mesures prises sur des zones
d’habitats emblématiques où peu d’activités ont lieu.
SITES N2000 :
AIRES MARINES
PROTÉGÉES DE « PAPIER »
Le développement des sites N2000 en mer et
de Parcs naturels marins en outre mer permet
d’atteindre l’objectif de 20 % des eaux territoriales
en aires marines protégées dès 2020. Cependant,
ces zones n’ont de « N2000 » ou « parcs » que le
nom (moyens dédiés insuffisants) car peu d’actions
et de réglementations efficaces y sont appliquées.
Finalement ces espaces protégés n’apportent pas
les résultats escomptés sur la préservation du milieu
marin, ni en termes de biodiversité spécifique,
ni en termes de préservation de certaines zones
fonctionnelles utiles par exemple au renouvellement
des stocks d’espèces exploitées. En 2040, cette
politique environnementale en mer inachevée, et
donc sans résultat, est perçue par la société comme
un échec et d’autant plus mal acceptée que les
moyens (même faibles) mis en œuvre donnent la
sensation d’avoir été gaspillés.
35
scénario 4
Dans un contexte de
crise économique qui se
prolonge et de tensions
internationales, les Etats
européens se replient
sur eux-mêmes et l’Europe perd en pouvoir. Bien
que celle-ci affiche une volonté politique de
soutenir la croissance bleue et de mettre un frein
à la dégradation de l’environnement, son pouvoir amoindri par les divisions inter-Etats - la rend peu
efficace pour influer sur les politiques nationales.
DES TENSIONS
POLITIQUES
INTERNATIONALES
Impact sur l’application
des directives environnementales
et la politique environnementale de la France
APPLICATION NON
SATISFAISANTE DES
PROGRAMMES DE
SURVEILLANCE ET
DE MESURES DE LA
DIRECTIVE CADRE
STRATÉGIE MILIEU MARIN
(DCSMM)
Les moyens mis en œuvre
ne sont pas suffisants
pour permettre l’application
effective
des
programmes de surveillance et de mesures de
la DCSMM. Programmes
réalisés jusqu’alors à
minima par rapport aux
objectifs initiaux.
De plus, le manque de collaboration et les tensions
entre catégories d’acteurs (ex. services de l’Etat,
collectivités, scientifiques, professionnels, industriels, usagers) constituent un frein considérable à
l’acquisition et au partage de données nécessaires à
la compréhension des liens entre activités humaines
(niveau de pression et impacts potentiels/avérés)
et milieu marin (état de santé). Le programme de
mesures est sous-financé et pas toujours pertinent
en raison de connaissances trop faibles du milieu et
des activités humaines. Les scientifiques qui ont été
fortement mis à contribution pour l’élaboration de
la stratégie se désengagent du processus à cause du
manque de moyens mais surtout de la déception au
vu de la relation travail fourni/application effective/
résultats terrain.
Le manque de connaissances, de moyens et la
crainte d’un durcissement du conflit social dans
un contexte de tensions déjà fortes aboutissent
à la mise en place d’un programme de mesures
inopérant et non approprié face aux enjeux
environnementaux majeurs émergents (mauvaise
qualité bactériologique des eaux côtières, pollutions
en mer, phénomènes d’eutrophisation, destruction
d’habitats marins fragiles et/ou fonctionnels, etc.).
La situation de l’environnement se dégrade et les
évolutions nécessaires
de certaines activités
face à cette dégradation
provoquent de vives tensions dans un contexte déjà
critique. Au lieu d’encourager les différents secteurs
d’activités à la concertation et à la création de stratégies d’adaptation communes, cette tension conduit à
des stratégies de négociation directe de chaque secteur d’activité avec les autorités en vigueur. L’Etat se
retrouve ainsi en face d’une multitude de demandes
fortes de développement des activités, souvent
incompatibles entre elles, et qui prennent peu en
compte l’environnement.
ECHEC DE L’INTÉGRATION
DES ACTIVITÉS
DANS LA PLANIFICATION
DE L’ESPACE MARITIME
L’élaboration d’une stratégie nationale de planification
à travers la production des documents stratégiques de
façade se transforme dès lors en un exercice peu transparent d’assemblage d’exigences non intégrées entre
elles, devenant incompatibles avec l’application d’une
politique environnementale ambitieuse.
Face aux enjeux du développement économique
côtier, la législation et
les normes environnementales sont assouplies.
Ainsi, l’application de la
loi littorale est décentralisée dès 2018 et laisse aux
collectivités la responsabilité de sa mise en œuvre.
Celle-ci se retrouve dictée par des intérêts politiques
et économiques locaux pas toujours compatibles
avec la préservation du milieu marin. On assiste à un
phénomène de mitage du littoral où des ambitions
locales de développement urbain et touristique
côtier dégradent une partie du littoral (route nationale 4 voies Avranches - Cherbourg, développement
intensif d’infrastructures touristiques, de sites portuaires de plaisance, etc.).
INTERFACE
TERRE-MER :
LOI LITTORAL
DÉCENTRALISÉE
Cette tendance de développement peu planifié de
projets côtiers participe à la difficulté d’atteindre les
objectifs de bonne qualité des masses d’eaux côtières
et certaines deviennent fortement dégradées
(qualité bactériologique médiocre).
36
Qu’est ce que cela engendre
pour la gouvernance ?
L’ absence d’une instance
de gouvernance jouant
le rôle de guichet unique
rend plus difficile la
collaboration avec les
IAN. En 2045, la collaboration se fait à minima par
le maintien des accords historiques de la baie de
Granville (ABG). Cette situation rend la tâche des
professionnels de la pêche plus difficile pour se
faire entendre au niveau européen sur des sujets
importants comme l’harmonisation de la législation
européenne (par exemple, pour éviter les reports
de pêche de certaines flottilles sur des espèces non
soumises à quota comme la seiche et l’araignée qui
contribuent à dégrader fortement les stocks du GNB).
De même, les asymétries de développement des
EMR entre la France et les IAN génèrent des tensions
politiques et économiques qui fragilisent les ABG.
PAS DE COOPÉRATION
AVEC LES IAN ET
DES ABG CONSERVÉS
Dans ce scénario, le discours international moins
affirmé sur l’environnement, la crise économique
et sociale, une fatigue et une démotivation liées à la
dégradation visible de l’environnement ainsi que le
sentiment généralisé d’impuissance face à la force
de certains lobbys industriels, font que la société
civile se désengage largement des débats et ne joue
plus son rôle de garde fou (sauf radicalisation de certaines associations).
UNE SOCIÉTÉ CIVILE
DE MOINS EN MOINS
IMPLIQUÉE
L’absence d’une instance
représentant la voix de la
mer avec des leviers d’actions efficaces ne permet
pas ou peu aux professionnels dépendant de la
qualité des eaux de faire prendre en compte leurs
enjeux dans les projets terrestres. Par exemple, la
conchyliculture est en opposition à des développements touristiques importants ou agricoles qui pourraient nuire à la qualité des eaux littorales. Les tensions entre représentants des différents secteurs se
cristallisent et les instances de gouvernance locales
les réunissant (ex. CLE des SAGE) ne suffisent pas à
remédier à ces problèmes.
INTERFACE
TERRE-MER :
DES TENSIONS FORTES
ENTRE ACTEURS
TERRESTRES ET MARINS
scénario 4
Dans ce scénario la
gouvernance se fait de
la même manière que
dans le scénario 3, c’està-dire avec des moyens
réduits, sans instance de
gouvernance à l’échelle du golfe normand-breton
et avec une cristallisation des tensions des activités
entre elles mais aussi avec des services de l’Etat qui
se retrouvent peu opérants.
PAS D’INSTANCE DE
GOUVERNANCE À
L’ÉCHELLE DU GNB ET
UNE CRISTALLISATION
DES TENSIONS
« Le golfe normand-breton, un espace dégradé
et peu attractif pour le développement économique »
Effets sur la gestion et les activités
économiques du GNB
Le projet de créer un
parc naturel marin a été
abandonné en 2016 suite
à la difficulté à trouver un
accord entre les acteurs du territoire. La gestion de la
mer dans le golfe normand-breton se fait sur les sites
N2000 en mer déjà présents en 2015 et les rares
mesures fortes envisagées ont été minimisées suite
à des manifestations de certains groupes d’acteurs
(conflits sociaux).
GESTION À MINIMA
DU MILIEU MARIN
Les rares zones de protection forte sont de superficie
réduite et couvrent uniquement des habitats
remarquables tels que les herbiers de zostères ou les
quelques patchs de maërl vivants encore présents. Le
maintien de fonctionnalités écologiques importantes
n’est pas suffisamment pris en compte dans ces
stratégies de préservation de l’environnement
(manque de connaissances, difficulté à mesurer
certaines fonctionnalités). La faiblesse des mesures
ainsi que l’absence de stratégies de préservation
commune à l’échelle du GNB ne suffisent pas à
stopper la dégradation des écosystèmes marins, y
compris les habitats communautaires dans les sites
N2000, ce qui aboutit à de nombreux contentieux
engagés par l’Europe contre la France.
L’objectif de 6 GW prévu
par le Grenelle n’est pas
atteint en 2020. L’Europe
pousse pour un développement des EMR mais l’Etat ne met pas en place les
mécanismes nécessaires pour qu’elles deviennent
attractives et rentables par rapport aux autres énergies existantes.
LES EMR
N’ONT PAS LE VENT
EN POUPE
D’autre part, l’émergence du marché des gaz de
schiste en France dès 2020 (autorisation de leur
extraction en 2018) rend peu concurrentielles ces
nouvelles énergies marines. L’augmentation du
coût de l’énergie qui serait produite par les EMR
est d’autant moins acceptable socialement dans un
contexte de crise économique.
Cependant l’Etat français continue à lancer des appels
d’offres sur des zones planifiées unilatéralement
mais les procédures administratives pour mener
à bien les projets restent longues et coûteuses. En
outre, les zones retenues sont mal acceptées par
les exploitants historiques de ces zones (pêcheurs).
Ceux-ci perçoivent en effet dans ces projets une cause
supplémentaire de fragilisation d’un environnement
déjà dégradé. Ils freinent donc leur développement
en s’appuyant sur les ABG pour conserver leur zone
de pêche (et leurs accès).
Cela n’est pas sans conséquence sur la politique
ambitieuse de développement des EMR dans les
IAN, en particulier à Jersey (projets d’indépendance
énergétique). En effet, les sites prospectés dans les
eaux Jersiaises des ABG (entre les Minquiers et l’île
de Jersey par exemple) suscitent de nombreux débats
auprès des pêcheurs Jersiais qui, pour ne pas être
désavantagés vis à vis de leurs homologues français,
se positionnent contre ces projets en s’appuyant sur
leurs droits historiques de pêche dans les ABG. Cela
a pour conséquence de fragiliser les ABG, que les
autorités Jersiaises remettent en cause pour ne pas
freiner leurs projets.
La conjonction de ces différents facteurs fait que
les EMR ne parviennent pas à se développer dans
les eaux françaises du GNB. En 2045, il n’y a pas
d’autres projets que ceux déjà actés en 2015
(champ d’éoliennes de Saint-Brieuc en 2018, champ
d’hydroliennes du Raz-Blanchard en 2025).
38
Dans le même temps, la demande locale des agriculteurs pour l’amendement calcaire se maintient et le
sable coquillier devient une ressource intéressante
pour le monde agricole car moins coûteuse que les
amendements calcaires terrestres (qui se raréfient).
Face à cette demande accrue, des fonds sont débloqués par les industriels pour réaliser les études nécessaires à la localisation précise des bancs de sable
et à la détermination fine de leur composition. Dans
ce scénario, les procédures administratives restent
longues et coûteuses (études d’impact, concertations…) et les projets suscitent des rejets importants
de la part de la société civile du fait de l’absence
d’une planification intégrée et concertée du milieu
marin.
Cependant, le dialogue direct des industriels avec
l’Etat et les intérêts économiques (d’emplois locaux)
importants font que l’Etat appuie le développement
de nouveaux projets.
Le développement urbain
et le manque d’infrastructures pour traiter les eaux
de rejet (réseaux STEP
insuffisants) entrainent
une dégradation progressive des eaux littorales qui
impacte directement la profession conchylicole. Face
à cette dégradation, les acteurs de la filière prennent
l’initiative de négocier directement avec les collectivités littorales et les activités terrestres en cause.
Le coût et la longueur des procédures ainsi que le
manque d’une voix commune des acteurs de la mer
ne parviennent cependant pas à remédier à ce problème.
LA CONCHYLICULTURE/
AQUACULTURE DÉCLINE
PROGRESSIVEMENT
Cette dégradation progressive, additionnée aux effets
du changement climatique, entraine des mortalités
importantes que les professionnels tentent de
compenser dans un premier temps en augmentant le
nombre de naissains. Cependant, ces stratégies sont
parfois contre productives, et le manque d’efforts et
de moyens concrets pour améliorer la qualité des
eaux entrainent une disparition progressive de la
plupart des exploitations côtières.
Un cercle vicieux se met en place : le nombre
d’exploitations diminue, et par là-même l’influence
de ce groupe d’acteurs directement concernés par la
qualité des eaux, ce qui entraîne une moins bonne
prise en compte de cette problématique dans les
projets de développement côtier.
39
scénario 4
Dans ce scénario où
l’urbanisation des côtes
s’accentue (habitations,
infrastructures
touristiques), la demande en matériaux bruts pour le bâtiment augmente (béton), ce qui entraine une augmentation de la demande en sable siliceux produit
localement.
L’ACTIVITÉ D’EXTRACTION
RÉSISTE
Quelques projets tentent toutefois de se développer
au large mais ils soulèvent de très vifs rejets
des riverains qui ont peur de la gêne visuelle et
de désagréments potentiels engendrés par ces
exploitations (déchets coquilliers sur l’estran, etc.).
Très peu parviennent finalement à se développer.
En 2045, les exploitations locales qui survivent
vendent ces produits très recherchés à des prix
élevés qui leurs permettent de se maintenir. Cette
activité passe d’un statut d’activité de production
alimentaire (environ 70 000 tonnes/an/GNB en
2011) à un statut d’activité patrimoniale (associée à
l’identité du GNB) avec une production faible mais
très attractive pour le tourisme.
Dans ce scénario, l’espace
réservé à la pêche dans le
GNB reste relativement
constant par rapport à
la situation en 2015.
En effet, les EMR ne se
développent pas, la conchyliculture régresse et les
aires marines protégées sont cantonnées aux habitats remarquables. Seules quelques activités comme
l’extraction se maintiennent avec des emprises au
sol qui restent relativement faibles.
LA PÊCHE LOCALE NE
PARVIENT PAS À FAIRE
FACE À LA DÉGRADATION
GÉNÉRALE DU MILIEU
MARIN
La surface exploitée ne diminue donc pas ou
peu. Cependant la production de pêche diminue
progressivement à partir de 2020. Face à ce
phénomène, des mesures locales de restriction de
la pêche sont prises dans le cadre des accords de
la baie de Granville sur les espèces qui ne sont pas
déjà soumises à quota européen mais ces mesures
ne suffisent pas à enrayer la baisse des stocks pour
deux raisons principales :
• Ces mesures restreignent localement la pêche
de ces espèces (eaux nationales de la France
et des IAN) mais cela n’empêche pas d’autres
flottilles de venir pêcher hors des eaux
nationales (12 miles) puisque ces espèces ne
sont pas soumises à quotas européen. Dans ce
cadre, les professionnels de la pêche tentent
de faire harmoniser la législation européenne
mais le manque de poids des ABG au niveau
international ainsi que l’application non
satisfaisante des directives environnementales
par la France leur donnent peu de poids pour
peser sur ces décisions.
• De manière générale l’environnement marin
s’est dégradé (urbanisation, dégradation de la
qualités des eaux, pas de mesures pour protéger
certains habitats fonctionnels) provoquant une
diminution des fonctionnalités de nourricerie
ou d’alimentation pourtant vitales pour le
renouvellement de certains stocks. Les mesures
de diminution de la pêche seules ne suffisent
donc pas à rétablir l’état des stocks.
• Les effets du changement climatique
(augmentation de températures) provoquent
la disparition progressive de certaines espèces
déjà en limite de répartition comme le bulot.
Face à ce phénomène de diminution des ressources,
la profession peine à trouver un nouveau modèle
économique viable. En-effet, le non développement
de nouvelles activités dans le golfe et la dégradation
de la qualité des eaux rend difficile la diversification
des activités de pêche même si la baisse du coût des
énergies fossiles (exploitation des gaz de schiste) a
dans un premier temps permis aux professionnels de
compenser les pertes de production, et peu de stratégies d’adaptation ont été mises en place.
La
tendance
lourde
d’augmentation de la
population littorale et
des loisirs agit fortement
dans le GNB. Beaucoup
de collectivités ont basé leur développement sur ce
phénomène.
Ce phénomène est accentué dans la région par
l’amélioration de la ligne TGV Paris-Saint Malo (2h00)
et la construction d’une ligne TGV Paris-Granville en
2035 qui permet à un nombre croissant de citadins
de venir sur le littoral du golfe normand-breton.
L’assouplissement de la loi littorale permet
aux collectivités de développer d’importantes
infrastructures littorales (ports de plaisance,
clubs, etc) et d’événements sportifs (compétitions
internationales de voiles, de char à voile,
d’équitation, de kite-surf, de paddle…) pour favoriser
l’augmentation des différents loisirs. La dégradation
de la qualité du littoral (plages et estrans du GNB)
influence assez peu les pratiques puisque la
majorité des usagers recherchent surtout un milieu
« support » (sable, vent, vague, etc.) indépendamment
de sa qualité.
VERS UN TOURISME DE
MASSE ET DES ACTIVITÉS
DE LOISIRS EN HAUSSE
La pression économique avec la crise incite les
élus et collectivités à s’orienter vers des solutions
« immédiates » en privilégiant l’aspect économique
à court terme et parfois électoraliste au détriment
de solutions plus durables et aboutit à d’importants
projets d’habitat, d’industrie et d’ouvrages de
protection du littoral contre les tempêtes.
scénario 4
Malgré sa popularité, la pêche à pied devient de plus
en plus difficile et de vastes secteurs sont régulièrement interdits à cause des pollutions bactériennes
ou du développement de blooms phytotoxiques. Les
fédérations de pêcheurs à pied peinent à se faire
entendre pour régler ces problématiques. La pratique de la pêche à pied par les populations locales
diminue donc de manière générale mais on assiste
cependant à des pics de fréquentation importants
lors des grandes marées et périodes de vacances. Le
manque de sensibilisation ciblée pour ce public ne
permet pas de remédier à des pratiques inadaptées
et impactantes.
Le phénomène général de densification de
la population n’épargne
pas les côtes du Cotentin qui étaient exceptionnellement peu urbanisées
en 2015. Dans ce scénario, le tourisme de masse et
la demande en résidences secondaires augmentent
fortement. Dans ce contexte de demande très forte
pour de l’habitat côtier, le respect de la loi ALUR
(lutte contre l’étalement urbain) et de la loi littoral
pose problème car la densification de l’existant ne
suffit pas à répondre à la demande. Dans ce cadre,
la décentralisation de la loi littoral mène à certains
excès et l’urbain grignote petit à petit des espaces
pour l’instant préservés du littoral.
MITAGE URBAIN
SUR LE LITTORAL
41
Effets sur l’environnement marin
du GNB
Dans ce scénario, le milieu marin se dégrade de
manière générale du fait de l’absence de mesures
pour limiter les pressions et leurs impacts.
Au large, on ne protège pas suffisamment les habitats
fonctionnels essentiels pour le renouvellement des
stocks halieutiques et les mesures de gestion sont
trop tardives et insuffisantes. Cela entraine une
diminution des stocks d’espèces exploitées. Moins
résilients face aux perturbations climatiques, certains
d’entre eux menacent de s’effondrer durablement.
Face à une ressource alimentaire (poisson fourrage)
qui diminue et une augmentation des perturbations
(tourisme/loisirs), les populations de prédateurs
supérieurs du GNB – phoques et grands dauphins –
tendent à diminuer.
Sur le littoral, de nombreux habitats sont dégradés
ou perdus en raison du développement d’une
urbanisation et des infrastructures de tourisme et
de loisirs. Ce phénomène mal planifié engendre une
baisse de la qualité des eaux côtières (pollutions
chimiques, organiques, macro-déchets) et des
habitats et espèces qui en dépendent. D’une manière
générale, cet espace est de plus en plus anthropisé
et de nombreuses activités s’y développent avec une
faible prise en compte de l’environnement. Cette
augmentation mal maitrisée de la fréquentation
induit des dérangements sur des espèces d’oiseaux
qui fréquentent ce milieu (ex. gravelot à collier
interrompue).
42
Notes :
1
http://www.euractiv.fr/developpement-durable/la-commission-europeenne-sinquie-news-533858
Un parc naturel marin est un outil de gestion du milieu marin, créé par la loi du 14 avril 2006. Adapté à de
grandes étendues marines, il a pour objectif de contribuer à la protection et connaissance du patrimoine
marin et de promouvoir le développement durable des activités liées à la mer.
2
Coordination et Rédaction :
Karine Dedieu / Agence des aires marines protégées, [email protected], 02.33.69.20.83
François Morisseau / Agence des aires marines protégées, franç[email protected], 02.33.69.20.85
L’équipe du projet VALMER – Site du golfe normand-breton
Olivier Abellard, Sonia Carrier, Karine Dedieu, Hervé Moalic, François Morisseau / Agence des aires marines
protégées ; Pedro Cabral / Université de Brest (UMR AMURE) ; Marie-Laure Cochard, Fabienne Daures,
Eric foucher, Sophie Girard, Charlène Kermagoret, Patrick Le Mao, Jean-Christophe Martin, Rémi Mongruel,
Claire Rollet, Ivan Schlaich, Alain Tetard, Joël Vigneau / Ifremer (Stations de Dinard et de Port-en-Bessin, UMR
AMURE du centre de Bretagne); Jennifer Schoenn, Eric Thiebaut / Station Biologique de Roscoff ;
Harold Levrel / AgroParisTech
Pour citer ce document
Dedieu, K., Morisseau, F. Scénarios d’évolution des services écosystémiques marins du golfe normandbreton, Projet Interreg IV A Manche VALMER, mars 2015, 44p.
Crédits :
Cartographies : Jennifer Schoenn / Station Biologique de Roscoff, Claire Rollet / Ifremer (Station de Dinard),
Pedro Cabral / Université de Brest (UMR AMURE).
Photos : Roger & Larrey, T. Abiven / Conservatoire du littoral ; Mighty Sequoia Studio, Pixinoo, Art of sun,
Jurra 8, Nicram Sabod, 135 pixels, Fede Candoni, Pi-Lens, Elena Dijour, Gerard Koudenburg, Pierdelune,
Topora, Prill, Laura D. / Shutterstock ; Pierrick Thuault/CAN ; Sylvain Michel, Christophe Lefebvre,
Camille Berthou, François, Morisseau, Yann Souche/ Agence des aires marines protégées ; H. Zell.
Maquette et illustrations : Yann Souche / Agence des aires marines protégées.
Remerciements
Merci à toutes les personnes, acteurs du golfe normand-breton et collègues de l’équipe VALMER, qui ont
participé aux ateliers collectifs sur les scénarios du projet VALMER et activement contribué à enrichir leurs
contenus (cette liste se veut exhaustive, nous prions néanmoins les personnes dont les noms auraient pu
être omis de nous en excuser) :
Olivier Abellard, AAMP / Pierre Abline, DDTM 50 / Bérengère Angst, UBO / Denis Bailly, UBO /
Johanna Balle-Beganton, UBO / Pascal Bigot, FFESSM / Goulven Brest, CRC BN/ Tiphaine Brett, DDTM 50 /
Jacques Burlot, CG22 / Alain Cabioch, CEC / Pedro Cabral, IFREMER / Sonia Carrier, AAMP /
Marie-Laure Cochard, IFREMER / Claire Daguze, DIRM Manche Est - mer du Nord / Fabienne Daures, IFREMER /
Franck Delisle, VivArmor Nature / Eric Foucher, IFREMER /Sophie Girard, IFREMER /
Nolwenn Hamon, CRPMEM-BN / Juliette Herry, PNR Golfe du Morbihan / Patrick Le Mao, IFREMER /
Caroline Le Saint, CRC-BN / Michel Ledard, DREAL-BN / Véronique Legrand, CRPMEM-BN / Bernard Lenoir,
Groupe Roullier / Phénia Marras, AAMP / Jean-Christophe Martin, IFREMER / Mickaël Mary, CdL /
Sandrine Mary, DDTM 35 / Anahita Marzin, IFREMER / Hervé Moalic, AAMP / Rémi Mongruel, IFREMER /
Stéphanie Pedron, AESN / Manuelle Philippe, UBO / Sébastien Pien, SMEL / Alain Ponsero, RNN St-Brieuc /
Guy Prigent, CG22 / Gérard Prod’homme, Bretagne Vivante / Isabelle Rauss, CdL / Yannick Raymond,
GDF SUEZ Futures Energies / Olivier Richard, SMEL / César Roynette, GDF SUEZ Futures Energies /
Ivan Schlaich, IFREMER / Jennifer Schoenn, IFREMER- Station Biologique de Roscoff / Anthony Sturbois, RNN
St-Brieuc / Alain Tetard, IFREMER / Eric Thiebaut, Station Biologique de Roscoff / Laurent Travert, Intersage
BMSM / Hélène Treguer, DDTM 35 / Diane Vaschalde, AAMP / Joël Vigneau, IFREMER
Site Web :
Pour en savoir plus sur le projet VALMER :
www.valmer.eu
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