Chapitre 9 : Unité et diversité des Suds

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Géographie, Partie 3: Des mondes en quête de développement
Chapitre 9: Unité et diversité des Suds (3 heures)
Introduction:
Les pays les plus pauvres ont tour à tour été désignés par les expressions tiersmonde, pays en voie de développement (PVD), pays sous-développés. On préfère
désormais le mot Sud qui exprime l'opposition Nord-Sud entre pays riches et pays
pauvres.
Cependant, tous les pays du Sud ne sont pas au même stade de développement, ce
qui justifie le fait de parler des « Suds ». Le Brésil est un bon exemple des contrastes
et de l'évolution des pays du Sud.
 Qu'est-ce que le Sud?
 Existe-t-il, à différentes échelles, des différences dans ce Sud?
I. Qu'est-ce que le Sud?
Le Sud peut se définir comme étant un ensemble d'États soumis à un certain nombre
de freins ralentissant leur développement, fortement vulnérables et dépendant du
Nord.
A) Du tiers-monde au Sud:
C'est en 1952, que le démographe et économiste Alfred Sauvy a utilisé l'expression
tiers-monde pour désigner l'ensemble des pays issus le plus souvent de la
décolonisation, n'appartenant ni au bloc de l'ouest, ni au bloc de l'est. Alfred Sauvy
désigne aussi les pays pauvres à la recherche du développement. A la fin du bloc
soviétique, cette expression à été remise en question.
Au fil des années, différentes expressions ont été utilisées pour désigner ces pays:
pays sous-développés, pays en développement, puis pays du Sud. Il existe des
inégalités: d'abord entre les pays du Nord et les pays du Sud, entre les pays du Sud et
à l'intérieur d'un pays du Sud.
B) Les inégalités Nord/Sud:
Pour comparer les écarts entre les pays du Nord et les pays du Sud plusieurs
indicateurs sont utilisés: PIB/habitant, IDH (cf. définition p. 276), l'IPH1.
Les pays du Nord (industrialisés) produisent encore 50 % du PIB mondial. Les
économies des pays du Sud reposent essentiellement sur le secteur primaire.
1
IPH: Indice de pauvreté humaine. Cet indice est la moyenne du pourcentage d’individus n’ayant pas accès aux
services élémentaires, du pourcentage d’individus risquant de décéder avant 40 ans et du pourcentage d’adultes
analphabètes.
Cours d'Histoire Géographie de monsieur Moussa Djama Ali
Plus de 1,4 milliard de personnes vit en dessous du seuil de pauvreté. Ceci se
traduit par une espérance de vie moins grande, un accès aux soins difficile, une
moindre scolarisation et une grande précarité : 13 % de la population mondiale n’a
pas facilement accès à l’eau potable, une personne sur quatre n’a pas l’électricité.
On estime que la faim touche environ 1,2 milliards de personnes. Les maladies
infectieuses (paludisme, tuberculose) déciment encore les populations ; 90 % des
malades du sida habitent un pays en développement.
II. Les contraintes du développement du Sud:
A) Les contraintes environnementales et politiques:
Les pays du Sud sont en général situés dans une zone intertropicale, aux
contraintes climatiques fortes : grandes étendues inondables (Bengladesh),
sécheresse (Sahel), cyclones…
Les pays du Sud se caractérisent: par les conflits (exemple: guerres civiles, …), la
corruption, des régimes autoritaires…
B) Les contraintes démographiques:
Le Sud abritait 1,6 milliard d'habitants en 1950, soit 67 % de la population
mondiale; il en compte près de 85 % aujourd'hui. Cette situation s’explique par une
transition démographique inachevée. Les progrès médicaux ont certes fait baisser les
taux de mortalité mais la natalité (25‰) reste élevée.
Le Sud compte aujourd’hui 1,9 milliard de citadins : le taux d’urbanisation y est de
l’ordre de 32%, mais de grandes disparités existent là encore selon les régions. Si les
pays d’Amérique latine, les Etats pétroliers, les NPI (nouveaux pays industrialisés)
ont achevé leur transition urbaine, il n’en est pas de même chez les géants asiatiques
et de nombreux pays d’Afrique. Cette croissance urbaine (3% par an) se fait surtout
au profit des grandes métropoles : en 2015, 18 des 26 mégapoles se trouvent au Sud.
III. Des Suds de plus en plus hétérogènes:
A l'échelle des Suds, on peut distinguer plusieurs groupes de pays:
A) Les « pays émergents »:
. La Chine et l’Inde tentent de maîtriser leur croissance démographique (exemple: la
politique de l'enfant unique en Chine) et atteignent une relative autosuffisance
alimentaire. Géants démographiques (avec respectivement 1,3 et 1,2 milliard
d’habitants), ces pays sont des bassins de main-d'œuvre et de consommation, très
attractifs pour les investisseurs étrangers.
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Lycée de Dikhil (2013/2014)
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. Les stratégies des NPI d’Asie orientale et d’Amérique Latine:
Les NPI d’Asie orientale ont eu un développement spectaculaire à la fin du XXè
siècle. D’abord « pays ateliers » pour la Triade, ils se sont spécialisés dans des
produits de haute technologie destinés au marché mondial. Leur développement a
touché les pays voisins (Indonésie, Malaisie, Philippines, Vietnam, etc.), devenus à
leur tour des « pays ateliers ».
En Amérique latine, deux dynamiques coexistent : celle d’une intégration régionale
(le Mercosur), relayée par l’attraction qu’exerce un élargissement de l’ALENA à
l’ensemble du continent (ZLEA) sous influence américaine. Le développement s’est
débord axé sur une stratégie économique d’industrialisation par substitution aux
importations2 en privilégiant la production nationale pour les biens de
consommation et en fermant les frontières. Ses pays s’ouvrent à présent à la
compétition internationale et accueillent des capitaux étrangers. Aujourd’hui, le
Brésil dispose du 8ème PIB mondial et le Mexique du 14ème.
B) Les pays exportateurs de produits bruts ou pays intermédiaires:
Certains pays du Sud tirent du pétrole une part importante de leur richesse : plus de
80% pour le Koweït ou le Qatar, 60% pour l’Algérie. La répartition des gisements
est inégale. Les pays du Golfe persique détiennent les 2/3 des réserves mondiales, ce
qui leur confère de puissants moyens d’influence, en particulier l’Arabie Saoudite
(25% des réserves mondiales). Les cours du pétrole, produit stratégique, sont très
liés à la conjoncture 6/9 internationale (conflits au Proche-Orient, consommation
dans les pays du Nord). Cependant, l'argent du pétrole a peu engendré un
développement économique fort.
C) Les pays les moins avancés:
Les pays les moins avancés3 sont les plus pauvres du monde. Ils se situent
essentiellement en Afrique subsaharienne et se caractérisent par des revenus par
habitant faibles, des indices de développement souvent inférieurs à 0,500 et une forte
croissance démographique.
L'instabilité politique, les guerres civiles et la corruption désorganisent l'économie et
découragent les investissements étrangers. Ces pays sont aussi fortement endettés.
IV. Quels contrastes de développement au Brésil?
Le Brésil est un pays émergent, au fort potentiel de développement en raison de sa
superficie. Cependant, les inégalités restent très profondes d’un point de vue social
(21% des 193 millions de Brésiliens vivent avec moins de 2 dollars par jour, les 10%
des ménages les plus riches possèdent des revenus 70 fois plus élevés que les 10%
les plus pauvres et détiennent 47% de la richesse du pays) comme d’un point de vue
spatial : on peut y observer une forte opposition entre des régions motrices et des
régions périphériques peu développées.
A) Les inégalités à l'échelle régionales:
A l'échelle régionale, on constate la présence de trois ensembles:
 Dans le Sudeste, la région de São Paulo concentre la moitié de la production
industrielle ; avec les régions de Rio de Janeiro et de Belo Horizonte, elle est
le cœur économique du pays.
 À l’inverse, le Nordeste, région agricole en déclin, est la plus pauvre du
Brésil.
 Et enfin, l'Amazonie et le centre-ouest qui sont des espaces pionniers.
B) Des inégalités fortes à l'échelle des villes:
Les villes reflètent aussi des inégalités. Les centres de Rio et São Paulo ressemblent
à ceux des grandes villes étatsuniennes avec des gratte-ciels, des centres
commerciaux et des lotissements gardés. Ces quartiers riches sont à proximité des
favelas qui sont des bidonvilles où les constructions sont illégales et établies dans
des zones à risque.
Conclusion:
En raison de leurs inégalités de développement et des politiques choisies, les pays
pauvres ne forment pas l'ensemble homogène qu'on a appelé le « tiers-monde ».
2
Substitution aux importations: il s'agit de remplacer des produits importés par des produits fabriqués dans le
pays par des firmes nationales ou étrangères.
3
PMA (pays les moins avancés): expression créée en 1964 par la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le
commerce et le développement) à partir de trois critères: le PIB/hab. PPA, l'alphabétisation des adultes et la part
du secteur manufacturier dans le PIB.
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