Des communautés à la communauté : l`apprentissage à la

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Des communautés à la communauté : l’apprentissage à la citoyenneté et à l’identité
européenne
La citoyenneté dans la Grèce antique
Une éducation à la citoyenneté démocratique à Athènes
Une éducation non obligatoire
Contrairement à Sparte, l'éducation à Athènes n'est pas obligatoire, elle demeure une affaire privée.
Sa qualité dépend du choix des familles, de leur fortune. Les maîtres ne sont pas des magistrats
rémunérés par la cité, mais des hommes libres - pas nécessairement citoyens- que les familles paient.
Les enfants des citoyens les plus pauvres sont privés de cette éducation coûteuse. Certains ne
parviennent qu'au niveau élémentaire, seule une minorité bénéficie d'un enseignement de niveau
supérieur. De plus, l'éducation des citoyens qui vivent à la campagne est très inférieure à celle des
citoyens qui vivent en ville.
Mais tout de même un certain contrôle sur l'éducation.
«Et tout d'abord ces maîtres auxquels nous sommes obligés de confier nos enfants et qui doivent leur
pain quotidien à l'honnêteté de leurs mœurs, tandis qu'une mauvaise conduite les réduirait à
la misère, on voit cependant le législateur s'en défier. La loi fixe donc exactement l'heure à laquelle
l'enfant de condition libre doit se rendre à l'école, le nombre de condisciples avec lesquels il doit
y aller, l'heure à laquelle il doit en sortir».
•Texte d'Eschine. Sur les lois scolaires athéniennes. Eschine, Contre Timarque, 9, Les Belles
Lettres, coll» Universités de France, 1927.
L'objectif de l'enseignement est de développer des valeurs civiques, de préparer l'enfant au
métier de citoyen dans une cité démocratique, mais aussi de former un homme « beau » et « bon
», ce qui correspond à un modèle idéal de qualités physiques et morales. Trois disciplines
concourent à cet objectif. Le sport, tout d'abord car il s'agit de former un citoyen soldat, de
développer là aussi des qualités techniques et morales. La musique, ensuite. Elle relève du domaine
des muses. On connaît l'importance que les Athéniens et surtout les philosophes lui accordent, mais
assez peu les formes musicales utilisées. Et enfin les lettres, l'apprentissage de l'écriture et de la
lecture. En démocratie, un citoyen doit savoir lire et écrire, car à Athènes, les lois sont écrites.
Les jeunes filles sont exclues de tout apprentissage organisé à l'extérieur de la maison.
La fortune n'est donc pas le seul facteur d'exclusion de ce système éducatif. Les jeunes
Athéniennes appelées à devenir des mères, des épouses, à ne guère sortir du gynécée, voient
l'essentiel de leur éducation limitée à ce cadre. On connaît peu le contenu de cette éducation
réservée aux filles. L'apprentissage des activités liées au textile est certain (le tissage et le filage). Les
filles de « bonne famille » bénéficient d'une éducation religieuse et participent à des rites
d'initiation.
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Quelques-unes contribuent au service des cultes, un honneur, en tissant le péplos destiné à habiller
la statue d'Athéna ou encore en confectionnant les gâteaux pour les sacrifices. L'exclusion des
filles du système éducatif conduit à séparer les lieux de vie des jeunes filles et des jeunes
garçons. Le citoyen vivra surtout hors de la maison, hors de l'oikos. La citoyenne vivra
recluse à l'intérieur du gynécée, n'en sortant que pour assister aux cérémonies religieuses ou
aux spectacles de théâtre.
Jusqu'à 7 ans, l'enfant mâle vit sous le contrôle de la mère, des tantes, des sœurs. Il n'y a pas à cet
âge d'apprentissage véritablement organisé, mais le jeune enfant s'imprègne des valeurs
religieuses, des règles de vie en société dans un univers qui est encore essentiellement féminin. De 7 à
14 ans, le garçon reçoit un enseignement élémentaire. Le pédagogue -un esclave- conduit l'enfant
à des cours collectifs.
L'éducation musicale
Le cithariste prend en charge L'éducation musicale. La musique est très présente dans la vie
quotidienne. L'initiation passe par la maîtrise d'instruments tels que la flûte, la cithare ; le chant est
aussi au centre de cette formation. Un citoyen peut être amené à participer à un chœur dans une pièce
de théâtre. Tenir sa place dans un chœur, c'est aussi la tenir dans un groupe, dans la communauté des
citoyens. La danse et la poésie complètent cet apprentissage artistique. L'éducation littéraire est l'affaire
du grammatiste, il enseigne aussi la géométrie. L'apprentissage des lettres dure 4 ans. Il débute par
l'appropriation de l'alphabet et de la lecture syllabique avant d'en venir à étudier les textes d'Homère. La
poésie tient ainsi une place particulière. La connaissance approfondie d'Homère permet de fixer des
règles, de déterminer une morale, de définir des modèles de comportement, d'identifier des valeurs
aristocratiques, celles des héros de l'Iliade . Comme la société, l'enseignement conserve un caractère
oral très marqué, mais savoir écrire le nom d'une personne sur un tesson pour voter son exil à
l'Ecclésia, ou savoir lire une loi sur une stèle devient nécessaire dans une démocratie. Au Vème siècle,
sous Périclès, la moitié des citoyens sait lire et écrire, proportion considérable pour l'époque. Mais l'oral
domine, dans les assemblées, dans les tribunaux, dans les conseils. La démocratie est dialogue,
argumentation, face à face entre l'orateur, l'homme politique, et les citoyens qu'il essaie de convaincre.
Avant la mise en place de la démocratie, seule l'aristocratie avait la possibilité de voir ses fils devenir
des hoplites. Au Vème siècle, il y a ouverture de l'institution de l'éphébie. Les citoyens pauvres,
incapables de financer l'équipement lourd de l'hoplite n'y ont pas accès. Ils servent alors la cité comme
simples rameurs sur les trières. L'éphèbe, un jeune athénien libre, de naissance légitime, a tout d'abord
été enregistré dans son dème. De 18 à 20 ans, il poursuit un enseignement militaire, mais se voit
imposer aussi des périodes de garnison aux frontières. Les éphèbes sont regroupés d'après leur tribu
d'origine sous l'autorité d'un magistrat lui aussi originaire de la même tribu. L'armée de citoyens dans
laquelle il combattra est, elle aussi, organisée sur la base de la tribu. Elle représente le premier groupe
auquel le futur citoyen s'identifie.
L'apprentissage militaire se déroule sous le contrôle d'un magistrat élu par l'Ecclésia. Les qualités
guerrières sont développées au gymnase. Encadrés par des spécialistes, les éphèbes se perfectionnent à
l'épée, au javelot, à la course en armes. Mais il s'agit aussi d'acquérir le sens de la discipline, de la
solidarité, de s'entraîner à la vie militaire. Des épreuves, des concours permettent de mesurer l'efficacité
des futurs combattants et développent là encore le goût de la compétition.
A l'issue de ces deux années d'éphébie, le futur citoyen est enfin apte à servir comme hoplite, il prête
alors serment et jure de respecter les dieux et d'honorer ses ancêtres. La première année de l'éphébie
commence d'ailleurs par la tournée des sanctuaires.
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Défenseur de la cité, l'éphèbe le sera aussi de la communauté comme il l'est de sa famille, car le futur
citoyen doit défendre le territoire de la cité,
la terre de ses ancêtres. Il jure aussi d'obéir aux lois, de s'opposer à toute tentative de les renverser.
Respecter et défendre la loi apparaît donc comme un devoir de tout citoyen, une véritable vertu.
L'éphébie a évolué. Celle du IVe siècle diffère de celle du V ème.. On assiste au recul des armées
civiques, le citoyen soldat laisse à des mercenaires non-citoyens le soin de défendre la cité. Pour
enrayer ce recul du civisme et réformer l'éphébie, les Athéniens transforment cette institution en un
véritable service militaire, obligatoire pour tous. L'entraînement ne concerne pas seulement les
techniques hoplitiques mais aussi celles de l'infanterie légère dont l'équipement moins coûteux est fourni
par la cité.
«Eh bien, dis-moi quelle idée tu te fais d'un sophiste ? Pour moi dit-il, comme le nom l'indique, c'est un homme
savant en choses savantes. - Mais, repris- je, on peut dire aussi bien des peintres et des architectes qu'ils sont
savants en choses savantes. Si l'on nous demandait en quelles espèces de choses savantes les peintres sont
savants, nous répondrions, j'imagine, que c'est dans l'exécution des images, et ainsi de suite. Mais si l'on nous
demande en quelles espèces de choses savantes le sophiste est savant, que répondrons-nous? Que sait-il
exécuter? &endash;Que dire de lui, Socrate, sinon qu'il sait rendre les autres habiles à parler ? ».
Texte de Platon sur les sophistes. Protagoras, 312 c-d. Les Belles Lettres, coll. »Universités de France»,
1923.
L'enseignement de niveau supérieur. démocratie, les citoyens disposent de l'égalité du droit de
parole, mais parler devant 6000 citoyens exige des compétences. Savoir argumenter, persuader, réclame
un apprentissage A l'Ecclesia, la participation de la majorité des citoyens se limite à écouter, s'informer et
voter. Seuls ceux qui ont acquis l'art oratoire peuvent devenir des hommes politiques, des orateurs.
Après avoir étudié l'art de la discussion, la dialectique, l'éducation vise à la maîtrise de l'art oratoire, de
l'éloquence, ce que l'on nomme la rhétorique. Il faut comprendre l'organisation du discours, connaître
les types de discours. Cet art est l'affaire des sophistes. Ils sont nombreux à Athènes dans la seconde
moitié du Vème siècle. Platon les définit comme ceux qui savent « rendre les autres habiles à parler ».
Les sophistes prétendent maîtriser et enseigner toutes les disciplines, aussi bien l'arithmétique que la
poésie, la géométrie que l'astronomie… De plus, ils refusent la conception traditionnelle des dieux de la
cité. Certains de ces sophistes sont célèbres, on recherche leur enseignement, tel celui d'Isocrate au
IVème siècle. Logographe, auteur de discours politiques, Isocrate l'est aussi de discours judiciaires. Il
s'efforce d'avoir une influence politique sur Athènes, en défendant l'idée d'une union des Grecs contre
les barbares. La concurrence entre professeurs de rhétorique est rude car le nombre des sophistes à
Athènes augmente. Les philosophes critiquent les sophistes, ne voyant en eux que des mercenaires à la
recherche de salaires et considèrent leur enseignement comme une technique de discours et non
comme une véritable philosophie.
Les philosophes créent des écoles et forment une riche élite intellectuelle.
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Platon au IVe crée une école l'Académie, Aristote, ancien précepteur d'Alexandre la fréquente. Il fonde
lui-même une école philosophique appelée le Lycée, Zénon en crée une autre appelée le Jardin. Les
élèves d'Aristote sont les péripatéticiens, « ceux qui se promènent », « qui apprennent en marchant ».
La réflexion des philosophes porte sur l'homme, sur la connaissance et la vertu mais aussi sur la nature
du pouvoir, sur les différents régimes politiques des cités. Ces philosophes ne sont pas favorables à la
démocratie. Leur enseignement a alors une influence sur leurs élèves, certains occuperont de hautes
magistratures.
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