mexique

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MEXIQUE
Histoire
Si le pays porte la profonde empreinte de son brillant passé amérindien et colonial,
les événements des deux derniers siècles ont puissamment contribué à façonner
paysages et mentalités.
Le Mexique précolombien
Le passé amérindien du Mexique témoigne d'une grande diversité de civilisations. À
l'instar du reste du continent américain, les premiers habitants du pays furent
probablement des chasseurs asiatiques qui traversèrent le détroit de Béring à
l'époque des grandes glaciations. La première civilisation méso-américaine qui
s'épanouit sur le sol mexicain est celle des Olmèques, qui, au cours du Ier millénaire
av. J.-C., édifient un empire dans la région du golfe du Mexique, entre Veracruz et
Tabasco. Bien que leurs vestiges soient peu nombreux (têtes olmèques de La Venta),
on estime que leur influence sur les autres civilisations du pays fut décisive. Au
cours du Ier millénaire apr. J.-C., trois grandes civilisations se développent: celle de
Teotihuacán, sur le plateau de l'Anáhuac; celle des Zapotèques, à Monte Albán, dans
l'actuel État d'Oaxaca; celle des Mayas, du sud du Mexique jusqu'à l'actuel Salvador.
Ces derniers édifièrent une centaine de cités-États (Tikal, Palenque), chacune étant
dirigée par une théocratie. Les vestiges architecturaux témoignent de leurs qualités
de constructeurs. Cette civilisation, qui a aussi donné de brillants mathématiciens et
astronomes, fut enrichie au IXe siècle par les apports des Toltèques; de ce
syncrétisme culturel naquirent les cités d'Uxmal et de Chichén Itzá (presqu'île du
Yucatán). À partir du XIIe siècle, victime de luttes fratricides, elle périclite. Lorsque
les Espagnols firent la conquête du pays au XVIe siècle, seul subistait l'Empire
aztèque. Venus du Nord, les Aztèques se sont sédentarisés et ont fondé Tenochtitlán
(l'actuelle Mexico) vers 1325. Ils conquirent progressivement le Mexique central en
soumettant divers peuples (Otomis, Totonaques, Huaxtèques, Mixtèques...), qui
devaient payer un tribut en nature et en vies humaines (les Aztèques croyaient que
leur dieu principal, Huitzilopochtli, se nourrissait de sang humain). En dépit de cette
sanglante coutume, les Aztèques n'en développèrent pas moins une brillante
civilisation; les Espagnols furent d'ailleurs séduits par la beauté et la taille de
Tenochtitlán, qui comptait de 50 000 à 60 000 individus en 1519. Outre les
techniques et cultures (maïs, haricots, courges) communes aux civilisations
amérindiennes, les Aztèques mirent au point le système des chinampas (jardins
flottants), qui permettait de mettre en valeur les marais. Mais ce puissant empire ne
résistera pas aux Espagnols, qui trouveront des alliés parmi les peuples soumis à la
loi aztèque.
L'époque coloniale
Ceux qui deviendront les «conquistadores» sont, dans un premier temps, accueillis
avec crainte et respect. Les Amérindiens voyaient en eux les descendants du dieu
Quetzalcóatl («Serpent à plumes»), venus restaurer l'empire de leur illustre ancêtre.
L'empereur aztèque Moctezuma reçoit avec éclat ces visiteurs que la richesse des
autochtones attire. Leur brutalité provoque la révolte de la Noche Triste
(30 juin 1520): les Aztèques massacrent la garnison espagnole. Cortés reprend
Tenochtitlán, en août 1521, et fait exécuter Cuauhtémoc, le successeur de
Moctezuma. Dès lors, les Espagnols se lancent à la conquête d'un vaste empire
colonial allant de la Floride à la Patagonie. Colonie de peuplement et d'exploitations,
le Mexique devient la vice-royauté de Nouvelle-Espagne. Les richesses du sous-sol
et du sol seront mises en valeur à grande échelle, pendant trois siècles, au profit de la
métropole.
Une fois les trésors pillés, les Espagnols, grâce à la main-d'œuvre indienne réduite
en esclavage, exploitent les mines d'or et d'argent de Guanajuato, Zacatecas et San
Luis Potosí. Les principales villes mexicaines sont fondées dès le XVIe siècle:
Mexico (sur les ruines de Tenochtitlán), Guadalajara, Puebla et Monterrey. Dans le
même temps, Bartolomé de Las Casas s'insurgera contre le sort réservé aux Indiens
et à leurs civilisations, les conquistadores détruisant systématiquement les temples et
les manuscrits, imposant la religion catholique et les valeurs occidentales,
confisquant les terres des communautés pour doter les Espagnols de vastes
latifundia. Les paysages se transforment, les Espagnols introduisent de nouvelles
cultures (canne à sucre, blé, café, vigne), de nouveaux animaux (porcs, chevaux,
bovins, ovins, caprins) et de nouvelles techniques, notamment en matière de
transport (les Amérindiens n'utilisaient pas la roue). Le bilan de cette période est très
controversé: d'aucuns soulignent la saignée démographique des Amérindiens,
victimes de la cruauté des Espagnols et des épidémies (la chute démographique
aurait atteint de 70 à 80 % de la population initiale); d'autres estiment que les
innovations introduites par les conquistadores préparèrent l'insertion de l'Amérique
latine dans l'économie mondiale.
De l'indépendance à la Révolution
De 1810 à 1910, le Mexique connaît une période fertile en événements. En 1810, le
curé Miguel Hidalgo y Costilla, héritier spirituel de Las Casas, indigné par la misère
indienne, lève une armée d'Indiens: elle sera écrasée en 1811. Morelos, un curé
métis qui affrontera le peloton d'exécution en 1815, relance une insurrection qui sera
également écrasée: l'idée d'indépendance a germé. Les gachupines (Espagnols de la
métropole), qui détiennent l'appareil politique, se heurtent aux créoles, détenteurs du
pouvoir économique. Progressivement, la volonté d'indépendance rapproche créoles
et insurgés. C'est ainsi qu'Agustín de Iturbide reçoit l'appui des «rebelles», conduits
par Guerrero, et entre en libérateur à Mexico (1821). Sacré empereur en 1822, il est
renversé par l'armée, un an plus tard, et la république est proclamée par le général
Antonio López de Santa Anna.
Deux clans s'affrontent: les centralistes, conservateurs, cléricaux et partisans d'un
exécutif fort et centralisé à Mexico; les libéraux, anticléricaux et partisans d'une
république fédérale. Santa Anna parvient à s'imposer de 1823 à 1855, s'appuyant
tour à tour sur les conservateurs et les libéraux. Le nationalisme mexicain se
renforce au cours de la guerre désastreuse contre les Américains, qui se solde par la
perte du Texas (1836), puis de la haute Californie et du Nouveau-Mexique (18471848). Les libéraux s'emparent du pouvoir en 1855 et mènent une politique de
réformes: ils suppriment la propriété collective foncière, les terres du clergé et les
ejidos (terres communales). Ces mesures provoquent la «guerre de la réforme», ou
«guerre de trois ans» (1858-1861), qui voit les libéraux, conduits par Benito Juárez,
prendre Mexico en 1861. Juárez doit affronter le corps expéditionnaire de
Napoléon III, qui installe au pouvoir Maximilien d'Autriche (1864). Alors qu'en
Europe la situation est tendue à Paris et à Berlin, le retrait français conduit à la chute
de l'empereur Maximilien. Juárez reprend le pouvoir en 1867. À sa mort (1872),
après quelques vicissitudes, Porfirio Díaz prend les rênes du pays (1876-1911).
Conseillé par des technocrates positivistes, il modernise le pays et l'ouvre aux
investissements américains. Mais, alors que l'industrie et le commerce se
développent, les inégalités sociales, avec surtout la misère rurale, se renforcent et
provoquent la révolution de 1910.
La Révolution institutionnalisée
Ayant fait emprisonner son rival Francisco Madero, Díaz est réélu à la présidence
en 1910. Mais les madéristes le renversent, et le pays va connaître, pendant dix ans,
une période instable. Madero, fils d'un grand propriétaire foncier, ne s'attaque guère
aux problèmes agraires alors que les campagnes forment une véritable poudrière:
1 % de la population possède 97 % des terres, et 90 % des ruraux sont exploités sur
les grands domaines. Dès 1911, Emiliano Zapata proclame le plan d'Ayala
(expropriation des grands propriétaires). Les troupes paysannes de Zapata et de
Pancho Villa sont devenues la principale force révolutionnaire. Mais la bourgeoisie
est un puissant obstacle aux réformes (Villa et Zapata seront assassinés). En 1917 est
adoptée la Constitution. De 1920 (année de l'assassinat de Venustiano Carranza)
à 1934, deux généraux, Álvaro Obregón et Plutarco Elías Calles, dominent le pays.
Corruption et assassinats sont monnaie courante. L'anticléricalisme de Calles
débouche sur la révolte des Cristeros (1926-1929). Le climat s'apaise lorsque Lázaro
Cárdenas prend le pouvoir (1934-1940). Personnage resté très populaire pour avoir
mené réformes agraires et nationalisations, il intervient énergiquement pour relancer
la production et résorber le chômage. De 1940 à 1970, le pays connaît une phase de
croissance au cours de laquelle l'industrialisation, l'essor des exportations et l'apport
des investissements étrangers soutiennent le décollage économique. Mais le
Mexique n'échappe pas à la crise du début des années 1970. Hausse du prix de
l'énergie (le pays est importateur de pétrole jusqu'en 1974), déficit public et inflation
plongent le pays entier dans un profond marasme.
José López Portillo, président de 1976 à 1982, rétablit la confiance des milieux
d'affaires, tempère les revendications syndicales et met sur pied un premier plan
quinquennal (1978-1982), l'essor des exportations pétrolières devant soutenir le
financement de multiples programmes socio-économiques. Miguel De la Madrid
(1982-1988), puis Carlos Salinas de Gortari (1988-1994) adoptent une politique
économique libérale, marquée par une vague de privatisations. Alors que le pays
s'apprêtait à entrer dans le grand marché de libre-échange nord-américain, l'Alena
(ratifié par les États-Unis le 22 novembre 1994), et qu'il était admis à l'APEC
(coopération économique de la zone Pacifique) et à l'OCDE (avril 1994), éclate une
double crise politique (insurrection du Chiapas en janvier 1994, qui après une longue
période de négociations amènera l'intervention de l'armée en février 1995) et
financière (le 20 décembre 1994, le peso chute de 40 %, ce qui conduit les ÉtatsUnis et le Canada à mettre 10,5 milliards de dollars à la disposition du Mexique,
aide portée à 18 milliards par la communauté internationale). Le nouveau président
Ernesto Zedillo, élu en août 1994 à la place de Luis Donaldo Colosio, assassiné le
23 mars, doit alors faire face à la double fragilisation de l'économie et du système
politique. Plus encore que la victoire du Parti démocratique (PRD, opposition de
gauche) qui obtient la majorité des sièges à l'Assemblée nationale, à l'issue des
élections législatives du 6 juillet 1997, la nomination de son candidat, Cuauhtémoc
Cardenas, à la mairie de Mexico, marque la fin de l'hégémonie du Parti
révolutionnaire institutionnel (PRI) au pouvoir depuis 1929. En dépit de
l'amélioration des indicateurs macroéconomiques (hausse du PIB, baisse de
l'inflation et du taux de chômage), les Mexicains ont voulu sanctionner l'écart
toujours plus grand entre les riches et les pauvres. Marquée par un nouveau
massacre d'Indiens au Chiapas, la fin de l'année 1997 l'est aussi par les résultats de
l'enquête qui mettent directement en cause l'un des membres du gouvernement.
Cherchant une issue au conflit, le président Ernesto Zedillo, propose quelques mois
plus tard (mars 1998), une révision des droits des peuples autochtones, en matières
juridique, culturelle et économique, en soumettant au Parlement plusieurs
amendements à la Constitution. Contre toute attente, le 2 juillet 2000, le candidat du
Parti d'action nationale (PAN), Vicente Fox remporte les élections et succède à
Ernesto Zedillo à la présidence du pays.
État et institutions
Le Mexique est une république fédérale composée de 31 États et du District fédéral
(Mexico). L'organisation politique repose sur la Constitution de 1917. Inspirée du
modèle américain, elle établit un régime démocratique présidentiel, et proclame la
liberté de pensée, de culte, d'expression et d'association. Les femmes disposent du
droit de vote depuis 1958, et l'âge de la majorité électorale est fixé à 18 ans. Si le
multipartisme fait partie intégrante du paysage politique, le pouvoir demeure entre
les mains du même parti depuis 1929, successivement baptisé parti national
révolutionnaire, parti de la révolution mexicaine, puis, en 1946, parti révolutionnaire
institutionnel (PRI). Bien que chaque État dispose d'une certaine autonomie, tant sur
le plan de l'exécutif (détenu par un gouverneur) que sur ceux du législatif et du
judiciaire, le Mexique reste marqué par un esprit jacobin (le pouvoir central contrôle
l'essentiel du budget et l'armée). Quoique l'État soit laïc depuis 1917, l'Église joue un
rôle considérable. Si les relations entre l'État et l'Église furent parfois orageuses,
comme lors du soulèvement des cristeros, on assiste à un rapprochement entre les
deux institutions depuis 1991.
Culture et civilisation
La civilisation mexicaine représente la synthèse des cultures méso-américaine,
hispanique et moderne. Sur le plan linguistique, le métissage est pleinement réalisé.
Si la langue officielle est l'espagnol, celui-ci ne s'en est pas moins enrichi d'un grand
nombre de «mexicanismes» lexicaux, influencés par les langues amérindiennes. La
population indigène – au Mexique, on appelle «Indien» tout autochtone non
hispanophone – utilise près de cinquante-trois langues, parmi lesquelles on relève le
nahua (aztèque) et le maya-quiché.
Arts et architecture
Le Mexique évoque les nombreuses civilisations qui se sont succédé au cours des
siècles sur son territoire et que l'on n'hésite pas à comparer aux grandes civilisations
disparues, comme celles de l'Égypte ou de la Grèce antique. À travers les
monuments, les statues, les céramiques, l'orfèvrerie, les peintures et les
hiéroglyphes, on perçoit aisément le haut degré de civilisation atteint par ces
peuples. Le vestige le plus authentique demeure la pyramide, qui, dans le cas du
Mexique, est une représentation symbolique de l'Univers. Elle est dédiée à un dieu
dont le sanctuaire occupe généralement le sommet de l'édifice.
C'est vers 1500 av. J.-C. que sont apparues les premières manifestations artistiques.
On connaît de cette époque les nombreuses céramiques. Le metate, mortier à maïs
monté sur un trépied, est un objet caractéristique de la naissance d'une «civilisation
du maïs». Jusqu'au début de notre ère, les Olmèques ont imposé leur culture en
développant une civilisation urbaine et en élaborant les mythologies
précolombiennes. La première grande cité construite fut Teotihuacán («le lieu où les
hommes deviennent des dieux»), site célèbre pour ses palais, ses pyramides et ses
statues. La civilisation maya offre un art baroque très raffiné que l'on peut découvrir
dans près d'une centaine de cités, telles Palenque et Uxmal. Les Mayas pratiquaient
la peinture sous la forme de fresques et possédaient une écriture hiéroglyphique. À
la fin du Xe siècle, les Itzás arrivent au Yucatán avec leur chef Quetzalcóatl
Kukulkán. La capitale du nouvel empire, Chichén Itzá, fut dominée par son
imposante «pyramide». Après la chute de la civilisation toltèque, les Aztèques
installèrent leur capitale à Tenochtitlán (Mexico). Leur architecture, proche de celle
des Toltèques, est plus grandiose. Parmi les plus belles œuvres se trouvent le
monolithe de Coatlicue (la déesse de la Mort), entreposé au Musée national de
Mexico, et le temple de Teocalli. Les Aztèques ont aussi laissé de nombreuses
pièces de céramique, d'orfèvrerie et les codex, manuscrits merveilleusement
enluminés.
L'art du Mexique espagnol fut avant tout religieux. La cathédrale de Mexico,
commencée en 1573 et terminée deux siècles plus tard, est un parfait exemple du
style plateresque hispano-américain. Consacrée à Notre-Dame de Guadalupe, elle est
construite sur l'emplacement de la grande pyramide de Tenochtitlán. Les palais
baroques (Palais national et Palais municipal de Mexico) ont été construits aux
XVIIe et XVIIIe siècles.
L'art architectural contemporain s'est manifesté dans les grandes villes à travers une
école d'architecture fidèle aux modèles de Le Corbusier (Cité universitaire de
Mexico). L'État entretient aujourd'hui la volonté de conserver les divers aspects
culturels du Mexique (précortésien, colonial et moderne). L'exemple le plus
remarquable, outre la célèbre place des Trois-Cultures, est la bibliothèque de la cité
universitaire de Mexico. La peinture a trouvé son expression la plus caractéristique à
travers le muralisme; cet art, né de la Révolution mexicaine, se caractérise par
d'immenses fresques, dont les figures les plus éminentes sont Diego Rivera, José
Clemente Orozco et David Alfaro Siqueiros.
Littérature
La littérature antérieure à la colonisation a été transmise par les missionnaires
espagnols. On peut admirer certains éléments hiéroglyphiques, conservés dans les
codex. La littérature de l'époque coloniale est essentiellement espagnole. Elle se
résume aux chroniques de la conquête: Histoire véridique de la conquête de la
Nouvelle-Espagne (ouvrage publié en 1632) de Bernal Díaz del Castillo (1492-1584)
et l'Histoire générale des Indes (publiée en 1875) de Bartolomé de Las Casas (14741566). À l'époque coloniale, la Nouvelle-Espagne fut le lieu d'un intense
développement culturel, à l'instar de ce qui se passait dans l'Espagne du Siècle d'or.
Parmi les écrivains les plus célèbres se détache sœur Juana Inés de la Cruz (16511694), grande poétesse surnommée la «dixième muse». C'est après l'indépendance,
au XIXe siècle, que naît la véritable littérature mexicaine. Le précurseur du roman
mexicain est José Joaquín Fernández de Lizardi, auteur en 1816 d'un roman
picaresque, El periquillo sarniento («le petit perroquet galeux»), tableau des mœurs
de l'époque. Au début du XXe siècle, Alfonso Reyes (1889-1959), le «Montaigne»
de l'Amérique latine, occupera une place très importante comme poète et prosateur
(Vision de l'Anahuac, 1917). La Révolution donnera au roman mexicain ses lettres
de noblesse. Nombreux sont les écrivains qui vont rechercher à travers la description
de cet événement l'éveil de la conscience nationale. Parmi les œuvres magistrales, on
relèvera celles de Mariano Azuela (Ceux d'en bas, 1916) et de Martín Luis Guzmán
(l'Aigle et le Serpent, 1928). Aujourd'hui, autour du prix Nobel de littérature 1990,
Octavio Paz, poète et essayiste (le Labyrinthe de la solitude, 1951; Liberté sur
parole, 1960), Carlos Fuentes, romancier de Mexico (la Plus Limpide
Région, 1958), et Juan Rulfo (la Plaine en flammes, 1953; Pedro Páramo, 1955)
sont les auteurs les plus remarquables.
Musique et cinéma
La musique populaire est le fruit du métissage des musiques indigène et espagnole.
La Révolution a créé le corrido, chant héritier du romancero espagnol. Enfin, la
musique des mariachis, qui se jouait au XIXe siècle à l'occasion des mariages, est
restée très populaire.
La tradition cinématographique commence avec les événements de 1910. Les
thèmes sont en rapport avec les actions révolutionnaires (Vámonos con Pancho
Villa, 1935). Mais l'âge d'or du cinéma mexicain se situe entre 1940 et 1960, avec
notamment Emilio Fernández, dit «l'Indien» (María Candelaria, 1943). À l'époque
contemporaine, l'influence de Luis Buñuel est notable.
Société
La société mexicaine est le reflet d'un métissage culturel commencé à l'époque
coloniale et dans lequel la culture indigène occupe une place non négligeable.
Religion
Le métissage culturel trouve une parfaite application dans la religion, dominée par le
catholicisme qu'a imposé le colonisateur. D'ailleurs, toute l'Espagne catholique est
présente dans les nombreuses fêtes religieuses, en particulier au cours des fêtes de la
semaine sainte. Pourtant, les coutumes précolombiennes n'ont pas disparu; elles sont
plus ou moins bien intégrées dans les pratiques religieuses catholiques. La fusion
culturelle est symbolisée par la Vierge de Guadalupe.
Éducation et santé
L'éducation a toujours été un secteur privilégié, aussi bien pendant l'époque
coloniale qu'après la Révolution. Le Mexique présente aujourd'hui un fort taux de
scolarisation (97 % pour le primaire, 55 % pour le secondaire et 15 % pour le
supérieur). L'enseignement est laïc, gratuit et obligatoire jusqu'à 15 ans. Les études
supérieures sont dispensées dans 36 universités, dont l'Université nationale
autonome de Mexico (UNAM), fondée en 1551. Cette volonté de développer
l'éducation fait que le taux d'analphabétisme des Mexicains âgés de plus de 15 ans
(12,5 %) est l'un des plus faibles de toute l'Amérique latine. Comme l'éducation, et
pour les mêmes raisons, le secteur de la santé est bien développé. La situation
sanitaire et la protection sociale en matière de santé sont également parmi les
meilleures de l'Amérique latine. On compte environ un médecin pour 600 h. et un lit
d'hôpital pour 1 300 h.
Médias
Respectant une ancienne tradition issue de la Révolution, le secteur de la presse se
porte bien. Le plus ancien journal (El Universal) a été créé en 1916. En 1992 étaient
recensés 310 journaux et revues, pour près de 10 millions d'exemplaires journaliers.
La Prensa, journal fondé en 1928, a le plus gros tirage (300 000 exemplaires). La
télévision, qui a été peu à peu privatisée, propose 9 chaînes pour un parc de
12,3 millions de récepteurs.
La force des traditions
Les traditions sont à l'image de la société très métissée d'un pays où les gratte-ciel
s'élèvent à côté de pyramides millénaires. Si l'on excepte les fêtes religieuses, on
retrouve, tout au long de la vie des Mexicains, les conséquences du machismo,
notion de la virilité, de l'orgueil d'être un homme, très présente chez les pistoleros,
les descendants des héros de la Révolution, ou chez les charros, cavaliers qui
affrontent des taureaux et des chevaux sauvages dans des rodéos (charreadas). C'est
d'ailleurs pour les mêmes raisons que la tauromachie occupe une place considérable
dans la vie quotidienne (Mexico possède de superbes arènes). Le Mexique rural
maintient dans ses traditions vivantes celles de l'artisanat de la céramique et des
jouets. Ces derniers sont à l'honneur à l'occasion des fêtes, comme les têtes de mort
(calaveras) que l'on offre aux enfants à la Toussaint. Les habitudes culinaires sont
aussi remarquables, autour de la célèbre tortilla (crêpe de farine de maïs salée),
symbole du Mexique précolombien, du chocolat (dont l'origine est aztèque) ou des
boissons universellement connues comme le pulque et la tequila.
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