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Documents pour le débat sur le nouveau modèle politique
Réactions de Marcos sur proposition de Patrick
Chers Patrick et Catherine,
Merci, Patrick, de ta primière proposition. J'arrive d'un voyage au NordEst pour vous
envoyer mes suggestions. Je mets mes propositions dans le texte de Patrick.
Marcos
Ma proposition serait d'inscrire notre travail dans la perspective du serment de Paris
que nous avons initié en apportant des éléments de contribution théorique
permettant de voir en quoi l'approche en termes de " mondialité" ( au sens d'Edouard
Glissant) et notre vision constituante d'une citoyennete du peuple de la terre, modifie
en profondeur l'approche non seulement politique mais aussi juridique et spirituelle.
Voici quelques lignes de problématique que je vous propose à l'appui de cette
perspective. Après travail nous pourrions la présenter au séminaire suivant les
Dialogues de Lyon ( on pourrait imaginer qu'une demi journée sur les deux jours soit
consacrée ) à cette question) puis animer un atelier ou un forum au Fsm de
Montréal...
MA - Lyon - D'accord pour les deux propositions, en ajoutant: à Lyon une ou deux
demis journées - Je pense que le sujet est riche et complexe. Il y a (1) la vision
critique de la gouvernance mondiale actuelle, (2) la vision d'une nouvelle
gouvernance axée sur la Citoyenneté du Peuple de la Terre et (3) les défis de la
transition. Je pense que cela merite plus qu'une après-midi.
PV parle du "processus constituant". C'est ce qu'il faut planifier à une échelle
globale, au delà des pays ou les DeH sont présents, et engageant des forums et
réseaux au-delà des DeH.
MA - FSM-Montréal - j'ai essayé de m'inscrire et d'inscrire un atelier sur le Serment
de Paris et la suite - qui comprend la constitution de la Citoyenneté du Peuple de la
Terre. On n'a pas mentionné la création d'une Assemblée Constituante pour
construire une proposition de Constitution, à discuter globalement et, une fois
approuvée, à être présentée à l'ONU et à toutes autorité liée à la gouvernance
planétaire. Je ne sais pas si j'ai réussi. Je vais consulter Raphael ou Carminda, ou
Pierre. Nous trois devons planifier cet atelier ou forum, y compris décider si nous
voulons faire un séminaire ou forum avec plus de 100 personnes, ou un atelier avec
quelques douzaines à peine.
Problématique proposée...
Un changement radical de point de vue doit s'opérer en matière de géopolitique pour
construire les éléments d'un processus constituant fondant la perpective d'une
citoyenneté du peuple de la terre dont " le serment de Paris" évoque la nécessaire
co construction. Ce changement de problématique par rapport a l'approche politique
et géopolitique traditionnelle fondée sur le couple propriété/ rivalité résulte d'abord
d'un changement de regard.
Ainsi des que l'on voit la terre vue de l'espace le changement de point de vue qui
intervient bouleverse les catégories traditionnelles de représentation et d'action que
se sont donnés les humains à partir d'une représentation spatiale limitée et plate
Par exemple la vision politique est construite à partir d'un espace géographique limité
qu'il s'agit de défendre ou d'élargir face à d'autres humains qui occupent un autre
espace. C'est la raison pour laquelle le politique cherchera à civiliser ou à pacifier cet
espace intérieur ( tribu, cité, empire, état nation etc.) de manière à canaliser son
énergie face à la menace que font peser des groupes humains extérieurs à cet
espace que l'on va qualifier alors d'étrangers ou de barbares.
MA - La vision politique est aussi construite à partir d'un temps limité aux mandats
des élus. Il n'y a que les grandes corporations qui se planifient vraiment à long terme.
Et elles sont si puissantes qu'elles contrôlent - plus ou moins - toutes les
organisations de gouvernance globale - l'ONU et ses agences! La planification
stratégique, ainsi que l'évaluation, doivent faire partie de la gérance annuelle et
mensuelle des communautés, des coopératives et associations, des municipalités,
des biomes, des pays, des organisations de gouvernance régionale et mondiale.
Pour cela, il faut changer l'axe et le protagoniste de la planification. C'est là où entre
la Citoyenneté active à tous ces niveaux. Cela change aussi le rôle des
gouvernements (de l'Etat).
Insistons sur un paradoxe. La représentation spatiale limitée et plate a aussi pour
effet d'imaginer de pouvoir repousser à l'infini les frontières du territoire par exemple
par la conquête. Dans la vision de la terre vue de l'espace c'est l'inverse. La petite
terre est vue comme une fragile boule ronde limitée. L'infini n'est plus devant nous
mais derrière nous.
Des lors dans la vision de la terre vue de l'espace les éléments clefs qui
apparaissent sont les suivants :
- L'émerveillement devant la beauté de la terre
- Le sentiment de sa fragilité
- Le caractère miraculeux des conditions qui ont permis l'apparition de la vie puis de
la conscience
- L'unité du genre humain beaucoup plus importante que ses divisions
- La solidarité du genre humain entre eux et avec les autres formes de vie
Il en découle une approche aux antipodes de la vision spatiale intra terrestre. C'est
ainsi que des éléments comme la beauté, la fraternité, le sentiment de fragilité
deviennent déterminants. La question politique centrale devient celle de la
préservation de cet ensemble fragile et la nécessité que les humains apprennent à
mieux vivre ensemble pour éviter de se détruire eux mêmes et de saccager leur
fragile planète. Conscience écologique, conscience fraternelle sont ainsi des
éléments associés a cette conscience planétaire.
MA - il faut ajouter la conscience de notre nature à la fois individuelle, naturelle et
sociale-collective, évolutive et indéterminée. Quelles politiques, quelles structures et
relations sociales édifier qui contemplent à la fois ces trois dimensions spaciotemporelles des humains?
L'approche religieuse va elle aussi fonctionner originellement sur ce mode et il y aura
des lors un lien étroit entre le religieux et le politique puisqu'il s'agit de défendre ou
d'imposer aux autres un ou des dieux qui sont les dieux d'un peuple et d'un espace
précis. La notion de "peuple élu" et de " terre promise" va se retrouver sous des
formes multiples dans bien d'autres traditions religieuses que le judaïsme. Dans le
Christianisme ce sera l'idée du " saint empire romain". Dans l'Islam les peuples
d'Arabie et des alentours deviennent a leur tour les élus de Dieu et leur terre devient
elle aussi sacrée. plus près de nous on ne comprend pas l'histoire des États Unis
sans intégrer l'idée que son peuple se considère lui aussi comme un nouveau peuple
élu.
Le rapport au droit lui aussi va se trouver bouleversé par l'émergence progressive
d'une conscience planétaire. La matrice en est la déclaration universelle des droits
humains mais celle ci doit être complétée par l'approche citoyenne et écologique
(Charte de la Terre, droits et responsabilités a l'égard de la nature, du vivant, des
animaux). En revanche le droit fondé sur les logiques de propriété et de rivalité tels le
droit du commerce doit être repensé a. L'aller luire des principes juridiques
fondement aux issus de la Déclaration universelle.
Ainsi tous les éléments qui caractérisaient une approche " réaliste" se trouvent
bouleversés et c'est l'approche considérée comme idéaliste qui devient la matrice
d'un nouveau réalisme politique juridique et spirituel. C'est vrai aussi d'une approche
économique bien sur qui ne peut plus être fondée sur un aveuglement écologique et
social et une obsession du couple croissance/ compétitivité.
MA - Une nouvelle approche économique souligne la valeur intrisèque du travail, du
savoir et la créativité humains, envisage l'émancipation du travail introduisant des
lois qui garantissent le droit à la propriété productive comme lié à l'aport du travail,
savoir et créativité, et non le capital. Ainsi, le travailleur surmonte la condition d'objet
pour devenir sujet économique et, en conséquence, sujet politique et historique.
Des attitudes qui paraissaient limitées à une vision marginale et idéaliste deviennent
des lors des points d'appui anticipateurs : Socrate et les premières philosophies
grecques, Boudha, Jésus sur le plan spirituel, Victor Hugo, Gandhi sur le plan
politique paraissent rétrospectivement avoir porté ce nouveau paradigme a des
époques historiques dominées par une vision spatiale restreinte du politique et du
religieux.
Renouvellement du Serment de Paris,
lors des Dialogues en humanité
Lyon Juillet 2016
Nous citoyennes et citoyens du Peuple de la Terre qui avons en
décembre dernier pris l’engagement lors du « Serment de Paris »
à l’occasion du sommet mondial sur le climat (dit Cop 21)
« de
consacrer toutes nos capacités, toute notre créativité, nos compétences et nos
ressources intellectuelles, émotionnelles, artistiques, immatérielles ou matérielles, à
l’accélération immédiate et sans plus tarder de la Grande Transition vers des
énergies renouvelables et non polluantes, à l’abandon des énergies fossiles et des
modes de production et de consommation destructeurs pour les humains et pour
notre Planète, à la mise en œuvre partout, et à toutes les échelles, de nos familles à
nos villages ou nos cités, à nos régions et nations, d’une nouvelle économie
respectueuse de la vie, de la santé, de l’épanouissement des êtres humains, ainsi
que de la biodiversité et des grands équilibres de tous les écosystèmes terrestres et
sous-marins dont dépendent la survie de l’humanité ».
Adhérant à l'appel proposé par Edgar Morin au cours de ces mêmes
Dialogues de Lyon ( cf appel ci dessous) et afin de mobiliser
davantage nos énergies, notre temps de vie, nos moyens financiers,
nos savoirs, nos capacités relationnelles en ce sens,
Constatant que nos propres efforts sont encore très insuffisants et que
notre famille humaine poursuit la course à sa propre perte non
seulement physique mais aussi morale et spirituelle :
- en s’enfermant dans des attitudes de déni de la situation
d’urgence écologique,
- en aggravant les inégalités sociales qui la traversent,
- en ne stoppant pas les dérèglements financiers qui la minent,
- en tolérant que de grandes traditions spirituelles soient
détournées par des dérives sectaires voire meurtrières,
- en laissant nos nations régresser dans des logiques identitaires et
même guerrières…
Conscients
- que nous sommes loin de consacrer à cette cause supérieure, le
temps, l’énergie, l’intelligence nécessaire pour répondre à de tels
défis ;
- que notre capacité à convaincre nos responsables économiques,
politiques, spirituels et plus largement nos concitoyennes et
concitoyens du Peuple de la terre à s’engager dans cette voie reste
bien trop faible ;
Mais sachant aussi que l'aventure de notre famille humaine, de ce
peuple de la Terre auquel nous appartenons toutes et tous au delà de
nos différences de genre, de culture, de nation, de croyance, a devant
elle une possibilité enthousiasmante de grandir en qualité de
conscience et de confiance afin de réaliser le projet d'une Pleine
Humanite alternatif aussi bien aux conditions dégradantes de soushumanite qu'aux fantasmes d'une post-humanité
Renouvellons ce Serment et choisissons d’en accentuer l’intensité et
l’étendue afin de ne pas borner notre action aux seuls enjeux
écologiques par les engagements suivants
- Consacrer une part au moins double de notre temps à la
poursuite de ces engagements notamment en choisissant de
réduire notre temps de travail s’il s’avère étranger ou contraire à
ces engagements et, pour celles et ceux qui le peuvent, de
prendre une année sabbatique dans les dix ans qui viennent afin
de démultiplier et mieux organiser nos énergies collectives en ce
sens
- Consacrer une part au moins double de notre argent dans cette
même perspective et nous organiser à travers des formes de
finance solidaires, de système d’échange non monétaires ou de
monnaies citoyennes afin de créer les conditions d’une économie
solidaire mondiale appuyée par une Banque mondiale solidaire
que nous allons initier
- Œuvrer grâce à la mobilisation de ces énergies à la constitution
d’un contre pouvoir citoyen mondial destiné notamment à alerter
nos concitoyennes et nos conscitoyens terriens de menaces pour
notre famille humaine ou notre planète et à élaborer des réponses
positives pour organiser une grande transition vers des sociétés
du bien vivre. La création d'un conseil de sages du monde
pourrait être une etape importante en ce sens
- Choisir la voie de la résistance créative non violente, voire de la
désobéissance civique chaque fois que nous serons confrontés à
des formes d’organisation contraires à la déclaration universelle
des Droits humains ou aux engagements écologiques pris lors du
Sommet de Paris sur le climat
- Nous engager personnellement dans nos propres vies afin de
traduire dans nos propres comportements les choix évoqués dans
ce serment conformément à la fameuse phrase de Gandhi :
Soyons nous mêmes le changement que nous proposons !
Appel : changeons de Voie ; changeons de Vie`
Proposé par Edgar Morin et présente lors des rencontres internationales des Dialogues
en humanité. Lyon 2 juillet 2016..
Nous sommes innombrables mais dispersés, à supporter de plus en
plus difficilement l’hégémonie du profit, de l’argent, du calcul
(statistiques, croissance, PIB, sondages) qui ignorent nos vrais besoins
ainsi que nos légitimes aspirations à une vie à la fois autonome et
communautaire.
Nous sommes innombrables mais séparés et compartimentés à
souhaiter que la trinité Liberté Egalité Fraternité devienne notre
norme de vie personnelle et sociale et non le masque à la croissance
des servitudes, des inégalités des égoïsmes.
Au cours des dernières décennie, avec le déchainement de l’économie
libérale mondialisée, le profit s’est déchainé au détriment des solidarités et
des convivialités, les conquêtes sociales ont été en partie annulées, la vie
urbaine s’est dégradée, les produits ont perdu leurs qualités (obsolescence
programmée, voire vices cachés) les aliments ont perdu de leurs vertus,
saveurs et gouts.
Certes, il existe de très nombreux oasis de vie aimante, familiale, fraternelle,
amicale, solidaire, ludique qui témoignent de la résistance du vouloir bien
vivre ; la civilisation de l’intérêt et du calcul ne pourront jamais les
résorber. Mais ces oasis sont encore trop dispersés et se connaissent encore
trop peu les uns les autres.
Ils se développent pourtant et leur conjonction ébauche le visage d’une
autre civilisation possible.
La conscience écologique, née de la science du même nom, nous indique non
seulement la nécessité de développer les sources d’énergie propres et
d’éliminer progressivement les autres y compris le si dangereux nucléaire,
mais aussi de vouer une part de plus importante de l’économie à la
salubrité des villes polluées à la salubrité de l’agriculture, donc à faire
régresser agriculture et élevage industrialisés de plus en plus malsains, au
profit de l’agriculture fermière et de l’agro-écologie.
Une formidable relance de l’économie faite des ce sens, stimulée par les
développements de l’économie sociale et solidaire, permettrait une très
importante résorption du chômage comme une importante réduction de la
précarité du travail.
Une réforme des conditions du travail serait nécessaire au nom même de
cette rentabilité qui aujourd’hui produit mécanisation des comportements,
voire robotisation burn out, chômage qui donc diminue en fait la rentabilité
promue. En fait la rentabilité peut être obtenue, non par la robotisation des
comportements mais par le plein emploi de la personnalité et de la
responsabilité des salariés. La réforme des États peut être obtenue, non par
réduction ou augmentation des effectifs, mais par dé bureaucratisation,
c’est à dire communications entre les compartimentés, initiatives, et
rétroactions constantes entre les niveaux de direction et ceux d’exécution
La réforme de la consommation serait capitale. Elle permettrait une
sélection éclairée des produits selon leurs vertus réelles et non les vertus
imaginaires des publicités (notamment pour la beauté, l’hygiène, la
séduction, le standing), ce qui opérerait la régression des intoxications
consuméristes (dont l’intoxication automobile). Le gout, la saveur,
l’esthétique guideraient la consommation, laquelle en se développant, ferait
régresser l’agriculture industrialisée, la consommation insipide et malsaine,
et par là la domination du profit.
Le Développement des circuits courts, notamment pour l’alimentation, via
marchés, Amaps, Internet, favorisera nos santés en même temps que la
régression de l’hégémonie des grandes surfaces, de la conserve non
artisanale, du surgelé.
Par ailleurs, la standardisation industrielle a créé en réaction un besoin
d’artisanat. La résistance aux produits à obsolescence programmée
(automobiles, réfrigérateurs, ordinateurs, téléphones portables, bas,
chaussettes, etc.)
favoriserait un néo-artisanat. Parallèlement
l’encouragement
aux
commerces
de
proximité
humaniserait
considérablement nos villes. Tout cela provoquerait du même coup une
régression de cette formidable force techno-économique qui pousse à
l’anonymat, à l’absence de relations cordiales avec autrui, souvent dans un
même immeuble.
Ainsi les consommateurs, c’est à dire l’ensemble des citoyens, ont acquis un
pouvoir qui faute de reliance collective, leur est invisible, mais qui pourrait
une fois éclairé et éclairant, déterminer une nouvelle orientation non
seulement de l’économie (industrie, agriculture, distribution) mais de nos
vies de plus en plus conviviales
Une nouvelle civilisation tendrait à restaurer des solidarités locales ou
instaurer de nouvelles solidarités (comme la création de maisons de la
solidarité dans les petites villes et les quartiers de grande ville)
Elle stimulerait la convivialité, besoin humain premier qu’inhibe la vie
rationalisée, chronométrée, vouée à l’efficacité.
Nous pouvons retrouver de façon nouvelle les vertus du bien vivre par les
voies d’une réforme existentielle.
Nous devons reconquérir un temps à nos rythmes propres, et n’obéissant
plus que partiellement à la pression chronométrique. Nous pourrons
alterner les périodes de vitesse (qui ont des vertus enivrantes) et les
périodes de lenteur (qui ont des vertus sérénisantes)
La multiplication actuelle des Festivités et festivals nous indique
clairement nos aspirations à une vie poétisée par la fête et par la
communion dans les arts, théâtre, cinéma, danse. Les maisons de la culture
devront trouver une vie nouvelle.
Nos besoins personnels ne sont pas seulement concrètement liés à notre
sphère de vie. Par les informations de presse, radio, télévisions nous tenons,
parfois inconsciemment, à participer au monde. Ce qui devrait accéder à la
conscience c’est notre appartenance à l’humanité, aujourd’hui
interdépendante.
Nous croyons comme Montaigne le disait déjà au XVI elle siècle que « tout
homme est mon compatriote » et que l’humanisme se déploie comme
respect de tout être humain. Nos patries dans leur singularité font partie de
la communauté humaine. Nos individualités dans leur singularité font partie
de la communauté humaine. Les problèmes et périls vitaux apportés par la
mondialisation
lient désormais tous les êtres humains dans une
communauté de destin. Nous devons reconnaître notre matrie terrienne
(qui a fait de nous des enfants de la terre) notre patrie terrestre (qui intègre
nos diverses patries) notre citoyenneté terrienne (qui reconnaît notre
responsabilité dans le destin terrestre). Chacun d’entre nous est un
moment, une particule dans une gigantesque et incroyable aventure, issue
d’homo sapiens-demens, notre semblable dès la préhistoire, et qui s’est
poursuivie dans la naissance, la grandeur la chute des empires et
civilisations et qui est emportée dans un devenir où tout ce qui semblait
impossible est devenu possible dans le pire comme dans le meilleur. Aussi
un humanisme approfondi et régénéré est il nécessaire à notre volonté de
rehumaniser et régénérer nos pays, nos continents, notre planète.
La mondialisation avec ses chances et surtout ses périls a créé une
communauté de destin pour tous les humains. Nous devons tous affronter la
dégradation écologique, la multiplication des armes de destruction
massive, l'hégémonie de la finance sur nos Etats et nos destins, la montée
des fanatismes aveugles. Paradoxalement c'est au moment où l'on devrait
prendre conscience solidairement de la communauté de destin de tous les
terriens que sous l'effet de la crise planétaire et des angoisses qu'elle
suscite, partout on se réfugie dans les particularismes ethniques,
nationaux, religieux.
Nous appelons chacun à la prise de conscience nécessaire et aspirons à sa
généralisation pour que soient traités les grands problèmes qui sont à
l'échelle de la planète.
Que tous ceux qui se reconnaissent dans ce texte lui apportent leur
approbation
Edgar Morin
-
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