Les guerres de religion aux Pays-Bas

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FICHE DE SYNTHESE SUR LES GUERRES DE RELIGION EN EUROPE
En France, on appelle d’ordinaire «guerres de religion» les conflits armés qui
opposèrent, dans le royaume, catholiques et calvinistes entre 1562 et 1598. La
perspective historique impliquée par cette géographie et par cette chronologie est à
tous égards trop étroite. En effet la lutte armée entre chrétiens fidèles à Rome et
réformés reprit en France après la mort d’Henri IV. C’est donc à la paix d’Alès
(1629), et non à l’édit de Nantes (1598), qu’il faut situer le terme des affrontements
militaires entre partisans des deux confessions. D’autre part, la France n’est pas le
seul pays d’Europe à avoir connu des «guerres de religion» au XVIe et au
XVIIe siècle. Celles-ci éclatèrent également en Allemagne, aux Pays-Bas, en
Bohême. La chrétienté occidentale, lorsqu’elle se divisait contre elle-même sur des
questions de foi et de discipline religieuse, avait pris l’habitude, dès avant le XVIe
siècle, de recourir aux armes. Elle n’évolua ensuite que lentement, à travers
crises, massacres et guerres épuisantes, vers la notion de tolérance. Longtemps,
aimer sa religion signifia détester celle d’autrui.
Les guerres de religion européennes des XVIe et XVIIe siècles méritent bien
leur nom. Les princes et les villes d’Allemagne entendaient défendre la Réforme
contre Charles Quint et ses alliés. Henri II se hâta en 1559 de terminer la guerre
contre l’Espagne afin de se consacrer à la persécution des protestants. Si Philippe
III, en 1609, n’accorda qu’une trêve de douze ans aux Provinces-Unies calvinistes,
et non la paix définitive, c’est parce que les Néerlandais refusaient de donner, sur
leur territoire, la liberté de culte aux catholiques.
Les guerres de religion dans le Saint Empire
Luthériens et catholiques d’Allemagne s’opposèrent bientôt les armes à
la main. En réponse à la formation, en 1525, d’une alliance des princes catholiques
des princes et des villes libres favorables à la Réforme formèrent la ligue de
Smalkalde (1531), qui obtint l’appui de François Ier. Engagé dans de nombreux
conflits hors de l’Empire, Charles Quint se tint d’abord sur la défensive et laissa la
ligue replacer Ulrich de Wurtemberg à la tête de son duché qui lui avait été
confisqué. En revanche, une fois conclue avec le roi de France la paix de Crépy-enLaonnais (1544), et après avoir divisé ses adversaires en attirant de son côté
Maurice de Saxe, il attaqua la ligue en 1546. Elle s’effondra rapidement. La victoire
de l’empereur à Mühlberg (1547), la capitulation de Wittenberg, la capture de
Philippe de Hesse et de Jean-Frédéric de Saxe parurent marquer la défaite de la
Réforme en Allemagne. L’Interim d’Augsbourg, proclamé loi d’Empire en mai
1548, accordait seulement aux protestants la communion sous les deux espèces et le
mariage des prêtres. Mais l’Interim fut aboli dès 1552 par la paix de Passau. Car, à
l’instigation de Henri II, les princes protestants avaient repris les armes et Maurice
de Saxe s’était retourné contre Charles Quint, qui faillit être capturé par surprise à
Innsbruck. À la paix de religion d’Augsbourg (1555), Ferdinand de Habsbourg dut
accepter le partage de l’Allemagne entre le luthéranisme et le catholicisme suivant le
principe: cujus regio, hujus religio . À l’époque, les deux tiers du pays étaient
devenus luthériens.
Les guerres de religion aux Pays-Bas
Les Habsbourg de Madrid, malgré une épuisante guerre, ne purent davantage
reconquérir toutes les provinces des Pays-Bas qui, pour des raisons surtout
religieuses, se révoltèrent contre eux. Dans ce secteur de l’Europe, la décision de
Philippe II de ne plus réunir les états généraux, la diffusion du calvinisme, une
crise économique provoquée par la fuite d’artisans protestants créaient, vers 15601565, une situation explosive.
Au lieu d’essayer de calmer les esprits, Philippe II envoya aux Pays-Bas le terrible
duc d’Albe avec une armée. L’Inquisition traqua les opposants religieux; des
opposants politiques furent exécutés. La guerre de Quatre-Vingts Ans commençait
(1568-1648). Le 1er avril 1572, des gueux débarquaient près de Rotterdam. La
Hollande et la Zélande se soulevèrent, Flessingue fut occupée. Après le sac
d’Anvers en 1576 par les troupes espagnoles mal payées et mutinées, Guillaume
d’Orange crut qu’il allait pouvoir maintenir l’unité des Pays-Bas. La Pacification de
Gand (1576), puis la paix de religion (1578) cherchaient à faire coexister
pacifiquement catholicisme et calvinisme dans les dix-sept provinces. L’échec fut
rapide en raison des excès des extrémistes protestants et de la constitution, en
1579, par des nobles catholiques wallons, de l’Union d’Arras. Celle-ci se réconcilia
avec le roi d’Espagne. Aussitôt se créa une Union calviniste, dite d’Utrecht, qui, en
1581, proclama la déchéance de Philippe II et se transforma en République des
Provinces-Unies. L’entrée en scène d’Alexandre Farnèse, habile diplomate et bon
général, faillit être fatale aux révoltés. Il reprit Maëstricht et Tournai (1581),
Audenarde (1582), Ypres, Bruges, Gand, Bruxelles et Anvers (1584-1585).
Philippe II eut le tort de l’envoyer débloquer Paris et Rouen. Le fils de Guillaume
d’Orange (assassiné en 1584), Maurice de Nassau, profita de ces fautes pour
réorganiser les forces calvinistes. Il occupa Breda en 1590, Nimègue, Zutphen,
Deventer, Hulst en 1591, Turnhout en 1597, Nieuport en 1600. Le Génois Spinola
parvint cependant, en 1604, à prendre la base néerlandaise d’Ostende. Mais
l’Espagne, à qui les révoltés causaient de grosses pertes sur mer, cherchait à
négocier. La trêve de Douze Ans (1609-1621) consacra l’existence de fait des
Provinces-Unies. Pourtant, au début de la guerre de Trente Ans, Philippe IV et
Olivarès tentèrent une dernière offensive contre les Néerlandais. Spinola, en 1622,
envahit le pays de la Généralité et prit Breda (1625). Des négociations s’étant
ouvertes, l’Espagne exigea notamment le libre exercice du culte catholique aux
Provinces-Unies: ce qui fut refusé. La lutte continua donc. Frédéric-Henri, frère de
Maurice de Nassau mort en 1625, s’empara de Bois-le-Duc en 1629, de Maëstricht
en 1632, reprit Breda en 1637. À cette date, l’Espagne était depuis deux ans en
guerre avec la France. Elle abandonna pratiquement le combat et, en 1648,
reconnut définitivement l’indépendance de l’État calviniste néerlandais.
Les guerres de religion en France
Au cours des guerres de religion de la seconde moitié du XVIe
siècle,
gueux et réformés français s’entraidèrent souvent, la France étant, elle aussi, désolée
par les troubles intérieures. Dans le royaume, les conflits armés commencèrent
officiellement avec le massacre, par les gens de François de Guise, de soixantequatorze protestants qui assistaient à un prêche à Vassy (mars 1562). Au vrai,
depuis l’exécution de Berquin en 1529, les signes avant-coureurs du drame
n’avaient cessé de se préciser: persécutions après l’affichage en 1534 de placards
hostiles à la messe sur la porte même de la chambre du roi à Amboise; massacre en
1542 de trois mille vaudois du Luberon sur ordre du parlement d’Aix; législation
antiprotestante d’Henri
II; conjuration d’Amboise (mars 1560), encouragée par
Condé pour enlever le jeune François II à l’emprise des Guises.
Le massacre de Vassy, conséquence logique d’une tension croissante, marqua
l’échec de la politique tolérante du chancelier Michel de L’Hospital. Les protestants
étaient devenus une force dans le royaume. On calcule qu’un quart des Français
étaient alors passés du côté de la Réforme. En outre, une fraction notable de la
noblesse avait adhéré au protestantisme, suivant à cet égard l’exemple de Condé et
des trois neveux du connétable de Montmorency –
le cardinal Odet de
Châtillon, d’Andelot, colonel général de l’infanterie, et l’amiral de Coligny. Enfin les
gentilshommes que le traité du Cateau-Cambrésis (1559) laissait sans emploi se
trouvaient disponibles pour toutes les violences. Selon leur tempérament, leurs
convictions et surtout la clientèle nobiliaire à laquelle ils appartenaient, ils choisirent
entre le parti de Condé et celui des Guises.
On distingue d’ordinaire huit guerres de religion (1562-1563, 1567-1568,
1569-1570, 1572-1573, 1574-1576, 1576-1577, 1579-1580, 1585-1598), la dernière
se transformant à partir de 1595 en guerre étrangère contre Philippe II qui avait
soutenu la Ligue. En fait, la France connut à partir de 1562 trente-six années de
troubles presque continus, avec seulement deux périodes d’accalmie relative (15641566 et 1581-1584). Ces luttes civiles furent marquées non seulement par des
massacres inspirés par les haines réciproques, mais encore par d’importantes
opérations militaires. De véritables batailles tournèrent au désavantage des
protestants à Dreux (1562), à Jarnac et à Moncontour (1569), et au désavantage des
ligueurs à Coutras (1587), Arques (1589), Ivry (1590). Les troupes royales durent
mettre le siège devant Rouen en 1562 et 1592, devant La Rochelle en 1570 et 1573,
devant Paris en 1589-1590. Les principaux chefs des partis en présence moururent
de mort violente: au combat (Antoine de Bourbon et le maréchal de Saint-André en
1562, le connétable de Montmorency en 1567) ou assassinés (Condé en 1569,
François de Guise en 1563, ses fils Henri et le cardinal de Lorraine en 1588,
Coligny en 1572 et Henri III en 1589).
Deux faits majeurs contribuèrent à la détérioration progressive de la situation
intérieure française après 1562: la Saint-Barthélemy et la mort du duc d’Anjou, frère
cadet d’Henri III. Le massacre de la Saint-Barthélemy, dont Catherine de Médicis
partage avec les Guises la responsabilité, tôt imité hors de Paris (au total il y eut au
moins 30 000
victimes), provoqua une crise de la foi monarchique. Le parti
protestant sentit le besoin de se structurer. Il se donna un «gouverneur général et
protecteur des Églises réformées» –
ce sera bientôt Henri de Navarre –,
maintint désormais une armée de façon presque permanente, leva des impôts sur
les territoires qu’il contrôlait, mit sur pied des états provinciaux et généraux.
Pourtant, malgré la Saint-Barthélemy, le calme paraissait timidement revenir en
France lorsque le duc d’Anjou mourut le 10 juin 1584. Henri
III n’ayant pas
d’enfant, son successeur légitime devenait Henri de Navarre, chef du parti
protestant. Cette perspective affola la majorité des Français. Les Guises en
profitèrent pour mettre sur pied la Ligue et s’entendre avec Philippe II. Dès lors, la
France sombra dans le chaos: Henri III dut abandonner sa capitale, fit assassiner les
Guises, fut lui-même mortellement frappé. Henri IV, vainqueur à Arques et à Ivry,
fut incapable de reprendre Paris et Rouen. Des soldats espagnols se trouvaient à
Paris et en Bretagne. Henri IV demandait l’aide d’Élisabeth. Les ducs d’Épernon et
de Mercœur tentaient de se créer des principautés autonomes, l’un en Provence,
l’autre en Bretagne. Les ducs de Savoie et de Lorraine cherchaient à s’agrandir aux
dépens du royaume. La lassitude générale et l’abjuration d’Henri IV (juill. 1593)
permirent enfin de dénouer la crise. L’édit de Nantes (13 avr. 1598) et la paix de
Vervins (mai 1598) ramenèrent pour un temps la paix à l’intérieur et avec l’étranger.
L’édit de Nantes s’inspirait de différents édits pris au cours des guerres de
religion. Les réformés obtenaient la liberté de conscience, une liberté de culte
limitée et l’égalité civile avec les catholiques. Des garanties judiciaires leur étaient
assurées par la constitution dans quatre villes (dont Paris) de «tribunaux mi-parties»
(composés à la fois de catholiques et de protestants). Enfin –
précaution contre
un retour de violence catholique –, ils disposaient d’une centaine de places fortes
pour huit ans; en 1606, ce privilège fut renouvelé. La mesure de 1598 créa en
France, pour quatre-vingt-sept ans, une situation profondément originale. Le
royaume recevait une structure dualiste et devenait un État à la fois catholique et
protestant. Toutefois, dans cette France nouvelle, le protestantisme resta
défavorisé: de façon significative l’édit proclamait le rétablissement de la religion
romaine partout où elle avait cessé de s’exercer, avec retour des églises et biens
ecclésiastiques à leurs premiers possesseurs. Enfin, la «pratique» de l’édit, après la
mort d’Henri IV, fut de plus en plus défavorable aux réformés.
Les nouvelles rébellions protestantes, sous Louis XIII, s’expliquent en effet
par le réflexe de peur d’une minorité qui craignait la réalisation d’un grand «dessein
royal» à ses dépens. Plus limitées que celles du XVIe
siècle, ces révoltes
touchèrent seulement l’Ouest et le Midi. Dauphiné, Normandie et région parisienne
restèrent soumis. En 1615, l’assemblée de Nîmes décide de soutenir les nobles qui
s’opposent au mariage de Louis XIII avec Anne d’Autriche. En 1620, le
principal chef protestant, Henri de Rohan, est du côté de la reine mère contre
Louis
XIII au moment de la «drôlerie des Ponts-de-Cé». Beaucoup plus grave
est l’affaire du Béarn en 1620. Le roi y vient avec une armée et, dans ce pays
autonome en majorité réformé, il rétablit partout le catholicisme: d’où une nouvelle
guerre civile que décide, en mai 1621, une assemblée huguenote tenue à La
Rochelle. Elle est marquée par deux campagnes de Louis XIII dans le Midi, en
1621 et 1622. Les protestants perdent quatre-vingts places fortes. Par la paix de
Montpellier (oct. 1622), cette cité devient ville ouverte; Millau, Nîmes, Castres et
Uzès perdent la moitié de leurs fortifications. En fait, les troupes royales restent à
Montpellier tandis que le gouvernement renforce le Fort-Louis, près de La
Rochelle. En 1625, Soubise, frère de Rohan, prend l’initiative d’un nouveau
soulèvement, que le Languedoc suit avec réticence. Le traité de Paris (févr. 1626),
conclu sur les conseils du roi d’Angleterre, reconduit la paix de Montpellier.
Cependant, c’est Charles Ier qui pousse ensuite les huguenots à leur dernière
grande révolte (1627-1629), celle qu’illustrent tragiquement le siège de La Rochelle
(août
1627-oct. 1628), la descente des troupes royales et du souverain luimême en Languedoc, enfin la prise de Privas (mai 1629). L’édit de grâce d’Alès
(juin 1629) pardonne la révolte, laisse aux protestants les libertés religieuses prévues
par l’édit de Nantes, mais ordonne la destruction de toutes les fortifications
adverses. Les assemblées politiques huguenotes sont désormais interdites.
«Démobilisé», le protestantisme français ne pourra plus que subir passivement
l’application «à la rigueur» de l’édit de Nantes, en attendant la révocation de celui-ci
(1685).
La guerre de Trente Ans (1618-1648)
Comme Henri II, Richelieu, malgré la mauvaise humeur du parti dévôt, aida
de plus en plus nettement les protestants étrangers en lutte contre les Habsbourg,
au point de faire intervenir directement la France en 1635 dans la guerre de Trente
Ans (1618-1648). L’incendie se propagea à partir de trois foyers: les ProvincesUnies que l’Espagne désirait reconquérir; l’Allemagne où, en 1608, s’était constituée
une Union évangélique contre laquelle se forma dès l’année suivante une Ligue
catholique soutenue par l’Espagne; le royaume de Bohême, qui avait largement
abandonné la confession romaine et où Rodolphe de Habsbourg avait dû accepter
en 1609, par les lettres de majesté
, le libre exercice des divers cultes protestants.
C’est par ce dernier pays que la conflagration commença. Ferdinand II, prince
gagné à la Contre-Réforme, qui devint roi de Bohême en 1617, puis empereur en
1619, n’attendait qu’une occasion pour retirer les lettres de majesté . La
défenestration de Prague (23
mai 1618), la révolte tchèque et la bataille de la
Montagne Blanche (8 nov. 1620) permirent au souverain vainqueur de lancer une
action méthodique contre les hérétiques du royaume: vingt-sept dirigeants de
l’insurrection furent exécutés; cinq cents domaines seigneuriaux furent confisqués
en Bohême et cent trente-huit en Moravie. La Constitution de 1627 déclara qu’il n’y
aurait dans le royaume qu’une seule religion admise: celle de Rome. Un décret
ordonna à tous les nobles de se convertir ou de quitter le pays dans les six mois.
Après la défaite des insurgés tchèques et de leurs alliés protestants à la
Montagne Blanche, la Réforme parut d’autant plus menacée en Allemagne même
que le catholicisme avait réussi à évincer l’hérésie de la Bavière et de l’Autriche.
L’Électeur palatin Frédéric V, qui, le temps d’un hiver, avait été roi de Bohême, fut
chassé de son électorat, donné à Maximilien de Bavière. Le Wallon Tilly, général de
Ferdinand II, battit un à un les princes réformés allemands désunis. En 1626, les
Impériaux furent vainqueurs et de Mansfeld, le principal général protestant, et de
Christian IV de Danemark, qui était intervenu dans la lutte. En mars 1629,
Ferdinand II, par l’édit de Restitution, annula toutes les sécularisations intervenues
dans l’Empire depuis 1555: deux archevêchés (Magdebourg et Brême), douze
évêchés, plus de cent vingt abbayes devaient être rendus à l’Église romaine par les
protestants. Le roi de Danemark, par la paix de Lübeck (1629), accepta l’édit.
L’entrée en scène de Gustave-Adolphe marqua la fin des grands succès de
Ferdinand II, malgré le sac impitoyable de Magdebourg par Tilly (1631). Fort
d’une armée de quarante mille soldats, aidé financièrement par la France et les
Provinces-Unies, allié aux Électeurs de Saxe et de Brandebourg, le roi de Suède
bouleversa en un an la situation en Allemagne. Ferdinand
II essaya de lui
opposer le condottiere tchèque Wallenstein. Les troupes de celui-ci furent battues à
Lützen (nov. 1632). Il est vrai que Gustave-Adolphe périt dans la bataille. Mais
Richelieu veillait. Il prit à sa solde l’armée de Bernard de Saxe-Weimar, qui avait été
le principal lieutenant du roi de Suède. Grâce à cette armée, Frédéric
V put
revenir dans le Palatinat rhénan. Toutefois, en septembre 1634, les Suédois furent
écrasés à Nordlingen et Bernard de Saxe-Weimar grièvement blessé. Brandebourg
et Saxe négociaient la paix. C’est la France qui, en entrant ouvertement dans la
guerre de Trente Ans, sauva la Réforme en Allemagne. La paix de Prague (mai
1635), à laquelle se rallièrent la plupart des princes allemands, marqua les bornes
que la Contre-Réforme ne devait pas dépasser dans l’Empire. La liberté religieuse
ne fut pas rétablie en Bohême; en Silésie, le luthéranisme ne fut toléré qu’à Breslau
et dans trois principautés ne relevant pas immédiatement de la couronne. Mais,
concession capitale, Ferdinand II abolissait l’édit de Restitution. Treize ans plus
tard, les traités de Westphalie confirmaient la paix de Prague et donnaient au
calvinisme un statut légal en Allemagne. Au même moment, les Provinces-Unies
devenaient pleinement indépendantes.
La politique de Richelieu avait beaucoup fait pour déconfessionnaliser les
conflits européens. Le temps des guerres de religion était enfin terminé en Europe:
ce qui ne signifiait pas encore la victoire de la tolérance à l’intérieur de chaque État.
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