LES TROUBLES ALIMENTAIRES Cours de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent (deuxième année (psychologie scolaire), premier semestre, année 2006, cours du Pr Rouag Abla,Université Mentouri, Constantine) Les troubles alimentaires : On sait que la fonction oro alimentaire est la première sur laquelle se construit la relation de l’enfant avec son entourage. La bouche est une zone d’auto-érotisme, la tétée satisfait pour le nourrisson un besoin biologique (la faim), et un besoin libidinal (le plaisir). La maman donne une grande importance a la nutrition de son bébé, elle la surveille avec une certaine angoisse surtout si l’enfant n’a pas un grand appétit, mais ce qu’elle ignore c’est que plus elle insiste sur la nourriture et plus l’enfant perd l’appétit et l’envie de manger, et la maman vit cela comme une opposition, et comme la preuve qu’elle n’est pas une bonne mère. Parmi les troubles alimentaires les plus fréquents chez l’enfant et l’adolescent, on trouve l’anorexie mentale, la boulimie, la potomanie…..etc. 1- L’Anorexie mentale : C’est un trouble du comportement alimentaire qui consiste en un refus de se nourrir, qu’il soit partiel ou total, et ceci en dehors de toute cause organique. L’anorexie peut apparaître à n’importe quel âge. Ceci dit il y a des périodes plus favorables à l’apparition de celle-ci - 1° période : du sevrage chez le nourrisson - 2° période : adolescence et puberté de la jeune fille L’anorexie mentale touche majoritairement le sexe féminin. A-Anorexie du nourrisson : *Définition : L’anorexie apparait chez le nourrisson entre 5 et 8 mois, c'est-à-dire pendant la phase du sevrage. On distingue 2 types d’anorexie chez le nourrisson : -anorexie d’inertie -anorexie d’opposition Dans la première forme on remarque une diminution de l’énergie du nourrisson, un comportement négatif envers la nourriture qui lui est présentée. Parfois il n’avale pas la nourriture, et d’autres fois il vomit la majeure partie de ce qu’il vient de manger. Dans la seconde forme, le nourrisson exprime un refus énergique de la nourriture qu’il lui est présentée avec cris et agitations, et vomissements. L’anorexie peut être un simple trouble passager, qui traduit un refus du sevrage. La véritable anorexie se caractérise par la force de l’opposition, et représente un refus total de se nourrir. Dans plusieurs cas l’anorexie est accompagnée d’autres troubles (troubles du sommeil, troubles sphinctériens….) * causes : L’attitude de la mère et de l’environnement face à la nourriture ; si celle-ci est angoissée ou possessive, ou au contraire démissionnaire, cela peut être la cause d’une anorexie car la communication entre mère et enfant à cet age passe nécessairement par l’alimentation : l’acceptation ou le refus de la nourriture, et les formes agressives d’anorexie viennent dans la plupart des cas comme une réaction au conflit entre mère et enfant. Effectivement les relations qu’entretiennent la mère et son enfant sont liées à des activités alimentaires, pour la mère, l’enfant qui mange bien est une satisfaction narcissique essentielle pour elle en tant que bonne mère, c’est pour cela qu’elle fait beaucoup d’efforts pour que son enfant mange plus, l’enfant quant à lui vit cette situation comme angoissante. B-Anorexie de la seconde enfance: Elle est dans la majorité des cas précédée par l’anorexie du nourrisson et a le même sens. c-Anorexie de la jeune fille: *Définition : Elle touche les jeunes filles entre 16 et 18 ans. Celle-ci mange de moins en moins, puis perd totalement l’appétit car son corps s’habitue aux petites quantités de nourriture. L’anorexie peut apparaitre soit après un événement traumatisant, soit sans problème apparent. *Caractéristiques de la jeune fille anorexique : -souvent il s’agit d’une jeune fille unique, gâtée -la mère est dominante, rigide, tyrannique, peu chaleureuse -le père est souvent effacé, soumis, incapable de faire preuve d’autorité *Etude clinique : Triade symptomatique : A/A/A - Anorexie ; refus de s’alimenter - Amaigrissement ; souvent spectaculaire, joues creuses, yeux enfoncés dans les orbites, pâleur..Etc. - Aménorrhée Autres signes : Sexualité ; elle est massivement refoulée et totalement désinvestie, il n’y a aucun désir sexuel Fonctionnement intellectuel ; il est généralement excellent. Malgré la perte de poids considérable la jeune fille persiste dans son refus de manger et se trouve même grosse et en bonne santé, elle refuse d’admettre sa maladie. Son manque ou son absence d’intérêt envers sa sexualité et le fait qu’elle nie les changements qui lui arrivent durant sa puberté laissent croire qu’elle refuse sa féminité, et refuse l’identification à la mère. *Relation avec la boulimie : La moitié des anorexiques ont des crises de boulimie avec vomissements provoqués. Certains anorexiques deviennent boulimiques (L’anorexique lutte contre l’envie de manger et lorsque celui-ci est épuisé il mange beaucoup puis se fait vomir). D-Anorexie chez le garçon : Constitue 1 cas sur 10 seulement, survient généralement pendant l’adolescence, et entraine un retard du développement pubertaire, perte de la libido et toute érection. S’associe souvent à des conduites pathologiques ; alcoolisme et toxicomanie. Le tableau clinique de l’anorexie mentale chez le garçon diffère de celui de la fille : on remarque chez le garçon une fatigue avec somnolence. Pourquoi les garçons sont moins touchés par ce trouble que les filles ? On peut expliquer ceci par le fait que les garçons ont plus de capacités et de facilités à s’imposer que les filles, et aussi du fait que les fixations au stade oral soient moins fréquentes chez les garçons. *Evolution : .Peut disparaitre par lui-même avec la maturité mentale et affective du sujet .Certains ne s’en sortent jamais .10% des anorexiques meurent 2-La boulimie: * Définition : C’est un trouble du comportement alimentaire caractérisé par un besoin incontrôlable d’absorber de la nourriture en grande quantité, il entraine un surpoids=obésité. Il existe deux types de boulimie ; *Type avec vomissement ou prise de purgatifs: pendant l'épisode actuel de boulimie, le sujet a eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l'emploi abusif de laxatifs, diurétiques, lavements. *Type sans vomissements ni prises de purgatifs: pendant l'épisode actuel de boulimie, le sujet a présenté d'autres comportements compensatoires inappropriés, tels que le jeûne ou l'exercice physique excessif, mais n'a pas eu régulièrement recours aux vomissements provoqués ou à l'emploi abusif de laxatifs, diurétiques, lavements. * causes : En dehors des causes organiques (car l’obésité peut être le résultat d’un trouble génétique comme le syndrome Praderwili, ou des maladies endocriniennes comme l’hypothyroïdie, ou d’une mauvaise digestion des graisses….), il y a les causes psychologiques et sociales, ou encore l’absence d’exercices physiques. Il est difficile d’établir la description d’une personnalité type de l’enfant obèse, mais ce qui est sûr c’est que la nourriture prend chez lui une forme symbolique et une valeur défensive contre le stress et la dépression, et parfois même un moyen de toute puissance magique. En effet la mère de l’enfant obèse a souvent une relation fusionnelle avec son fils, elle le protège, s’occupe de lui de manière abusive et lui offre de grandes quantités de nourriture. C’est dans ce cas que la nourriture prend une valeur compensatoire de l’affectivité, c'est-à-dire que c’est par ce mode de communication que la maman exprime son affectivité qu’elle n’arrive pas à exprimer d’une autre manière. Ou alors c’est le moyen par lequel elle diminue sa culpabilité, et ici la nourriture équivaut l’amour. 3-La potomanie: Besoin irrépressible de boire constamment, un potomane boit tout liquide étant à sa porté, principalement l’eau. Le diagnostic d’une potomanie ne peut être fait qu’en écartant la possibilité d’un diabète. Le corps du potomane peut tout à fait supporter de ne pas boire des quantités excessives de liquide, mais le potomane a envie de boire, et s’il ne trouve pas d’eau, il peut même boire des eaux usées ou son urine. Les potomanes se caractérisent par la mythomanie et la mégalomanie. La potomanie ne touche que les enfants de plus de six ans, et ceci souvent renvoie à un conflit dans le passé. 4-Le mérycisme: Trouble psychologique de l’enfant consistant en une régurgitation volontaire d’aliments suivie de leur mâchonnement. Manifestation de type névrotique, le mérycisme est souvent lié à une perturbation des relations affectives entre l’enfant et son entourage. On retrouve le mérycisme principalement chez ; -les jeunes enfants carencés affectivement -les autistes, les psychotiques -les enfants et adolescents qui ont un retard mental -les enfants « normaux » 5-Le picacisme (Maladie de pica): Trouble du comportement alimentaire consistant à ingérer des substances non comestibles, comme la terre (géophagie), le savon…etc. Le pica exprime une privation maternelle qu’elle soit réelle ou imaginaire 6-La coprophagie: Consommation de matières fécales. Parait vers la fin de la première année, pendant le passage de la phase orale vers la phase anale /________P. O____________/____________P. A___________/ INTRODUIT REJETTE La coprophagie peut traduire un trouble du comportement affectif ou relationnel Dans tout les cas observés, les mères des enfants qui mangent leurs matières fécales sont rigides, peu chaleureuses ou pas envers leurs enfants. La coprophagie est très fréquente chez les enfants qui ont un retard mental, et aussi chez une prépsychose. L’enfant en bas âge peut présenter une coprophagie minime et transitoire dénuée de toute signification pathologique