Principes fondamentaux du syndicat - Paris I

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Lettre d’information numéro 41
SOMMAIRE
1. Le cadeau de Noël de la direction de Paris I : l’« offre de formation » de Paris
I pour la rentrée 2005 disponible sur le site de la fac.
2. Informations diverses
2.1 : Résultats complets des élections aux conseils d’UFR
2.2 : Constitution européenne
2.3 : Menaces sur l’enseignement de l’économie au lycée (suite)
Joyeux Noël
Agenda : prochaine AG Oxygène-FSE mardi 4 janvier 2005 à 17h30
(RDV local B902 à Tolbiac)
OXYGENE-FSE : local Tolbiac B902, 01-44-07-86-92
Site local: http://oxygenefse.free.fr, site national: http://www.luttes-etudiantes.com
[email protected]
1. Le cadeau de Noël de la direction de Paris I : l’« offre de
formation » de Paris I pour la rentrée 2005 disponible sur le site de la
fac.
L’offre de formation, adoptée par le Conseil d’administration le 8 novembre, est enfin rendue publique par la
Présidence de l’Université : vous pouvez la consulter, accompagnée des commentaires de la direction, à
l’adresse suivante : http://www.univ-paris1.fr/formation/lmd/rubrique991.html
Cette offre de formation n’est pas complète : elle décrit seulement l’architecture des cursus, mais ne dit
strictement rien sur le contenu des enseignements et sur le volume horaire des enseignements.
Vous pourrez ainsi vérifier que tout ce que nous avons dit est VRAI :

Multiplication des diplômes pluridisciplinaires sélectifs à l’entrée (Histoire/Géo, Géo/Droit,
Géo/économie, Philo/droit, ... la pluridisciplinarité n’est qu’un alibi pour justifier la sélection
désormais légalisée par le LMD) avec pour contrepartie la dévalorisation des filières non sélectives à
l’entrée pour la masse des étudiants. Et encore, il n’apparaît pas, dans ce document, les DU (Diplômes
d’université) sélectifs à 5000 euros que l’Université se vante de développer.

La liquidation de la filière AES après la licence : il existera une licence d’AES (mention AES dans
le domaine de formation « Droit, Sciences politiques et sociales ») mais il n’existera plus de maîtrise
d’AES, et encore moins de master d’AES. La filière d’AES est donc transformée en filière
courte. Les titulaires d’une licence d’AES n’ont, jusqu’à preuve du contraire, aucune garantie de
pouvoir continuer de droit leurs études, alors qu’aujourd’hui ils peuvent s’inscrire de droit en maîtrise
d’AES.
Nous tenons à dénoncer les mensonges proférés par l’Unef pendant la campagne électorale : l’Unef a menti
sciemment en affirmant, à plusieurs reprises lors d’interventions en Amphi, que la maîtrise d’AES était
maintenue, n’hésitant pas à nous faire passer pour des menteurs.
Le but de l’Unef était de semer la confusion dans les têtes, d’endormir les étudiants, pour ne pas rentrer en
conflit avec la direction de l’université qui, bien sur, ne s’enorgueillit pas de cette liquidation.
Heureusement, les étudiants d’AES nous ont fait confiance en nous permettant d’obtenir 6 élus sur 9 au
Conseil d’UFR. Alors que l’Unef clame que tout va bien dans le meilleur des mondes, il est à noter qu’une
liste « AES vivra! », chez les personnels, a obtenu 2 élus. Preuve que les menaces sur l’AES ne sont pas un
fantasme d’Oxygène-FSE.
Les projets de la direction sont désormais publics, incontestables : à nous tous, dans l’unité de tous ceux
qui veulent lutter et dire la vérité, d’être à la hauteur et de créer le rapport de forces pour anéantir ces
projets.
2. Informations diverses
2.1 : Résultats complets des élections aux conseils d’UFR
Les résultats des élections étudiantes aux Conseils d’UFR sont disponibles sur le site de la fac à l’adresse
suivante : http://www.univ-paris1.fr/services/elections/article3018.html
A noter qu’il y a une erreur : Oxygène-FSE a 15 élus (et non 14), l’erreur s’étant glissée dans l’UFR de Philo
où nous avons 3 élus (et non 2 comme indiqué).
Les résultats des élections aux Conseils d’UFR pour les personnels sont disponibles sur le site de la fac à
l’adresse suivante : http://www.univ-paris1.fr/services/elections/article3019.html
2.2 : Constitution européenne
Le Collectif national de la FSE, réuni à Caen les 17 et 18 décembre 2004, a décidé d’appeler à voter NON au
référendum sur la Constitution européenne.
Nous aurons l’occasion, très prochainement, d’expliquer pourquoi, en tant que syndicat, nous combattons le
projet de traité constitutionnel.
2.3 : Menaces sur l’enseignement de l’économie au lycée (suite)
Après avoir relayé, la semaine dernière, l’argumentaire de l’APSES (Association des professeurs de Sciences
économiques et sociales), nous vous communiquons un article paru dans le journal Le Monde, ainsi qu’une
tribune libre dans ce même journal.
La riposte, parmi les enseignants du secondaire, se prépare pour janvier. La riposte doit aussi s’organiser dans
l’enseignement supérieur. Il faut savoir que cette réforme, en diminuant drastiquement l’enseignement de
l’économie au lycée (pas seulement pour des raisons budgétaires, mais aussi pour des raisons idéologiques),
impliquera une forte diminution des postes au CAPES.
Article de Laurent Mauduit : Les professeurs d'économie dénoncent les effets de la réforme de
François Fillon
LE MONDE | 17.12.04 | 14h50
Une pétition est lancée, une grève envisagée.
L'enseignement des sciences économiques et sociales est menacé par le projet de loi d'orientation de François
Fillon : voilà le message que souhaite faire entendre la communauté des enseignants du secondaire spécialisés
dans cette discipline, en prenant diverses initiatives - pétition, rassemblement national, voire grève - soutenues
par l'Association des professeurs de sciences économiques et sociales (Apses) et plusieurs économistes et
sociologues réputés.
La crainte trouve son origine dans la réforme de la classe de seconde envisagée par le ministre de l'éducation
nationale. L'Apses fait valoir que la réforme supprimera de facto la seconde comme classe dite de
détermination, puisqu'elle permettra aux élèves de ne plus choisir qu'un seul enseignement de spécialisation,
au lieu des deux options actuellement obligatoires. Or, pour accéder en première générale, une deuxième
langue vivante sera indispensable.
Pour l'association, le projet du gouvernement va donc reléguer les sciences économiques et sociales au rang
d'option facultative. Si la réforme est mise en œuvre, la proportion des lycéens faisant de l'économie en
seconde générale (42 % actuellement, soit près de 240000 élèves) serait donc vouée à chuter.
Inquiète, l'Apses a lancé une pétition sur son site Internet (www.apses.org) pour exiger "le maintien de la série
économique et sociale" - pétition qui, en quelques jours, a déjà recueilli la signature de presque 700
professeurs sur les quelque 5 000 qui enseignent cette discipline en lycée.
Une réunion d'enseignants d'Ile-de-France, tenue au lycée Henri-IV à Paris, mercredi 15 décembre, a décidé
d'appeler à une grève et à un rassemblement national dans la première quinzaine de janvier 2005.
"CITOYENNETÉ CRITIQUE"
Pour l'Apses, cette réforme a été conçue pour des motifs d'économies budgétaires mais elle aura aussi de
lourdes conséquences pédagogiques. Les enseignants estiment que la formation qu'ils dispensent s'inscrit dans
un cursus généraliste permettant aux élèves d'"apprendre à "lire la société" et à exercer une citoyenneté
critique". Ils redoutent donc les effets de ce projet de réforme qui tend à tourner le dos à cette philosophie au
profit de l'initiation, dès la première, "à la gestion de l'entreprise et au droit"- perspective qui est évoquée dans
le projet de loi.
Par un effet de contagion, des professeurs d'économie de l'enseignement supérieur ont aussi commencé à se
joindre à ce mouvement de protestation. Les milieux universitaires sont d'autant plus sensibilisés à cette
question qu'un débat voisin avait eu lieu en 2000 dans les facultés. Lancée par des étudiants de l'Ecole
normale supérieure de la rue d'Ulm (Le Monde du 21 juin 2000), une mobilisation pour la défense du
pluralisme dans l'enseignement de l'économie avait eu, cette année-là, un large retentissement. Elle avait
conduit le ministre de l'éducation nationale de l'époque, Jack Lang, à engager une réforme pour répondre à
cette demande.
La mobilisation des enseignants du secondaire pour la défense d'une conception généraliste de l'économie contre un enseignement faisant de plus en plus la part belle à la gestion - a donc réactivé de vieux réseaux
intellectuels.
Le point de vue écrit par Pascale Combemale, professeur d'économie au lycée Henri-IV à Paris, Stéphane
Beaud, professeur de sociologie, Dominique Plihon, professeur d'économie à l'université Paris-XIII et
président du conseil scientifique d'Attac, et El Mouhoub Mouhoud (Paris-XIII), publié dans Le Monde daté
du 18 décembre, en est une illustration.
Une partie des signataires avaient précisément été à l'origine de la mobilisation, en 2000, des étudiants et des
économistes, contre une dérive mathématicienne de l'économie, tournant le dos à l'enseignement de
l'économie politique.
Laurent Mauduit
Point de vue : Veut-on tuer les sciences économiques et sociales ?
LE MONDE | 17.12.04 | 14h33
Au nombre des objectifs prioritaires censés justifier le projet de loi de réforme de l'école, certains sont, depuis
longtemps, soutenus par un large consensus : la démocratisation, la lutte contre l'échec scolaire, la formation
du citoyen, l'ouverture sur le monde et, en particulier, sur l'Europe.
Sans être le seul au lycée, mais plus que d'autres, un enseignement contribue à la réalisation de ces objectifs. Il
s'agit des sciences économiques et sociales (SES), que l'arrêté qui les crée, en 1966, définit ainsi : "l'originalité
d'un tel enseignement est de conduire à la connaissance et à l'intelligence des économies et des sociétés
d'aujourd'hui et d'intégrer cette acquisition à la formation générale des élèves, à leur culture."
Pourtant, en contradiction flagrante avec les intentions affichées, l'application de la réforme Fillon porterait un
coup fatal aux SES et, par voie de conséquence, à la filière ES. En effet, le projet prévoit l'éviction des SES de
la classe de seconde, palier d'orientation : au moment même où l'on prétend aider les élèves à effectuer des
choix d'orientation raisonnés, sur quelle base choisiraient-ils les SES, puis la filière ES, devenues invisibles ?
Par défaut, ou par tirage au sort ? Cette contradiction se retrouve avec la suppression des dédoublements, donc
des séances de travaux dirigés : là aussi, au moment où l'on prétend lutter contre l'échec scolaire, on retire aux
professeurs de SES les moyens d'une pédagogie active et différenciée dont ils furent les pionniers.
D'un côté, on nous rebat les oreilles avec l'initiation aux nouvelles technologies de l'information et de la
communication, avec la nécessité d'apprendre aux élèves l'autonomie, le travail en équipe ; de l'autre, on retire
aux enseignants qui se sont donné ces mêmes objectifs, depuis déjà trente ans, les moyens de les atteindre.
Devant la perspective d'un tel gâchis, il faut rappeler quelques faits.
La filière B, puis ES, dont l'identité est indissociable des SES, a permis à un nombre croissant d'élèves,
autrefois interdits d'accès à l'enseignement général, de réussir leurs études au lycée et de trouver une grande
variété de débouchés après le bac (économie, sociologie, gestion, droit, Sciences-Po, écoles de commerce,
BTS, IUT, etc.). Ce point d'histoire est essentiel : depuis le début, la vocation des enseignants de cette filière a
très clairement été d'accueillir, de motiver et de faire réussir des élèves auxquels la sélectivité des autres
filières, héritières du lycée napoléonien, barrait l'accès à l'enseignement général et, par conséquent, à des
études supérieures. De ce point de vue, le rôle des SES a été crucial. Pourquoi ? Parce qu'il s'agit d'une
discipline plébiscitée par les élèves, comme l'a récemment confirmé la consultation nationale organisée par
Philippe Meirieu. Les raisons de ce succès tiennent aux contenus et à la méthode :
- Les SES apportent aux élèves des outils d'analyse et de compréhension de la réalité économique sociale
proche (famille, quartier, bassin d'emplois, l'organisation politique locale et régionale, mais aussi chômage,
déviance, inégalités, dont les inégalités devant l'école, discriminations, etc.) et lointaine (construction
européenne, politiques économiques, mondialisation, inégalités de développement, crises financières, etc.) ; ce
faisant elles leur permettent de se situer, de se repérer, de mieux comprendre leur condition (de femme,
d'enfant d'ouvrier ou d'immigré, etc.) ; en un mot, elles donnent du sens.
- La méthode consiste à partir des questions que les élèves se posent sur le monde réel, à leur apprendre
comment répondre aussi rigoureusement que possible à ces questions, bien sûr à partir des connaissances
apportées par le professeur et les manuels, mais aussi à partir de sources documentaires variées (publications
d'organismes statistiques, presse, banques de données, Internet, etc.) ou d'enquêtes. Le but est de leur
apprendre à réfléchir, raisonner, tester des hypothèses théoriques, hiérarchiser et sélectionner l'information,
argumenter, synthétiser ; finalement de les rendre intellectuellement autonomes, parce qu'ils auront été actifs
dans l'appropriation des savoirs et des savoir-faire propres aux sciences sociales.
Depuis trente ans, cela marche. En tant qu'antidote contre l'indifférence, l'apathie, l'ennui, les SES ont été et
demeurent un formidable instrument de motivation et de lutte contre l'échec scolaire. Grâce aux SES, des
élèves que leurs prédispositions portent à vivre l'école comme un univers étranger, voire hostile, en viennent à
s'impliquer, à participer, tout simplement parce que ce qu'ils apprennent et la façon dont ils l'apprennent a
désormais un sens pour eux.
Au-delà de ces résultats incontestables en termes d'intégration, l'expérience a également prouvé que la
propension des élèves d'ES à adopter une attitude citoyenne (attention portée aux grands débats économiques
et sociaux, participation à la vie associative et à l'action collective) les distinguait de leurs camarades ne
disposant pas des mêmes clés de lecture de la société.
Enfin, il convient de rappeler que la grande majorité des élèves d'ES réussit ensuite dans une gamme de
débouchés très large, qui va des BTS et des IUT aux grandes écoles, en passant par de nombreux cursus
universitaires où ils sont appréciés pour ces aptitudes acquises au lycée, notamment l'autonomie, le travail sur
documents, l'analyse des données, le sens critique, la curiosité intellectuelle.
Malgré ce bilan très positif, l'un des premiers effets de la réforme, si elle était appliquée en l'état, serait la
suppression de 30 % à 50 % des emplois de professeurs de SES, ce chiffre variant selon la configuration des
lycées (actuellement 240 000 élèves de seconde suivent un enseignement de SES). Cette orientation
réactionnaire (au sens propre de ce terme) s'oppose à l'introduction de la troisième culture, celle des sciences
de la société, dans le socle des connaissances communes devenues indispensables à des élèves qui devront
s'insérer dans un monde de plus en plus complexe, emporté par un changement qui s'accélère. Elle le fait sans
la moindre attention portée aux préférences de ces élèves, qui ont au contraire intérêt à ce que soit préservée
une diversification équilibrée des voies de formation. Donc à rebours de ce que demandait Christian Baudelot
en 1998 : "La troisième culture doit être enseignée au lycée pour des raisons économiques, sociales et
politiques. Economiques parce qu'un nombre croissant d'emplois qui s'ouvrent aux jeunes générations ont trait
à l'organisation de la société, à la gestion de ses problèmes, à la construction d'elle-même. Sociales, parce
qu'une connaissance partagée des institutions des processus et des interactions sociales est un facteur
d'intégration. Politiques, parce qu'une démocratie est une société réflexive capable de se penser elle-même."
C'est pourquoi nous appelons à soutenir les professeurs de SES qui se mobilisent pour obtenir : la présence
des SES dans le tronc commun de la classe de seconde ; le maintien des dédoublements indispensables à la
mise en œuvre d'une pédagogie active et différenciée ; la préservation de tout ce qui a contribué au succès de
la filière ES.
Pour réformer le système éducatif, y compris sous une contrainte budgétaire forte, la bonne méthode ne
consiste pas à commencer par mettre en péril les dispositifs qui ont fait leurs preuves, notamment du point de
vue de la démocratisation, de l'accès aux débouchés et de la formation du citoyen.
Stéphane Beaud est professeur de sociologie (Ecole normale supérieure, Paris). Pascal Combemale est
professeur de SES (Lycée Henri-IV, Paris). El Mouhoub Mouhoud est professeur d'économie (Université
Paris-XIII). Dominique Plihon est professeur d'économie (Université Paris-XIII).
ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 18.12.04
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