PANORAMA DE PRESSE 26/02/2009 CGT Sommaire Syndicalisme (2 Documents) Le Figaro Economie (matin) - 26/02/2009 - Des syndicats toujours puissants (108 mots) Les grèves tournantes et les grèves de 59 minutes sont toujours possibles. Les conflits d'un mois à Paris-Saint-Lazare et de cinquante jours à Nice ont montré que les grévistes pouvaient toujours bl... Echos d'Ancenis et du Vignoble - 26/02/2009 La CGT tire la sonnette d'alarme (571 mots) Pour la CGT, d'ici l'été, le Pays-d'Ancenis pourrait perdre jusqu'à 2 400 emplois en un an. Le syndicat conteste des actions engagées dans certaines entreprises. La CGT n'a pas hésité à fa... Mouvements sociaux (2 Documents) L'Humanité - 26/02/2009 - Fin de conflit chez Plastic Omnium (321 mots) Automobile . Après quinze jours de lutte, les salariés ont obtenu les indemnités de départs qu'ils demandaient. Libération - 26/02/2009 - Eurostyle en grève, le secteur bloqué (536 mots) C'est un moyen de pression qui risque de faire des petits chez les sous-traitants automobiles. Depuis lundi, les salariés de l'entreprise Eurostyle de Châteauroux (Indre) bloquent leur usine. Hier, l... Actualité sociale (10 Documents) La Tribune - 26/02/2009 - Hausse dramatique du chômage en janvier (645 mots) Voilà un triste record dont Nicolas Sarkozy, en chute libre dans les sondages, se serait bien passé ! Avec 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires en janvier, le chef de l'État doit assumer ... Les Echos - 26/02/2009 - Chômage : un nouveau record est atteint en janvier (762 mots) En janvier, 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires ont été inscrits à Pôle emploi (+ 4,3 %), selon les chiffres diffusés hier. Un record historique. Laurent Wauquiez s'attend à des chiffres de cette ampleur « pendant plusieurs mois ». Challenges - 26/02/2009 - La vérité sur... l'évaporation du 1% logement (1312 mots) Gestion laxiste, surfacturations... Selon la Cour des comptes, les administrateurs dévoient le système d'aides. Challenges - 26/02/2009 - Les efforts pour l'emploi doivent être réorientés (536 mots) Le marché a été rigidifié par les réglementations des années 1970. Plutôt que de financer des secteurs condamnés et des mesures de court terme, il faut s'attaquer à la formation et aux bas salaires. L'Express - 26/02/2009 - Pôle emploi - Le baptême du feu (724 mots) L'ANPE et les Assedic ont fusionné pour simplifier la vie des chômeurs. Dont l'afflux, avec la crise, complique l'opération. Rodage acrobatique à Reims. Le Nouvel Economiste - 26/02/2009 «La première règle, créer la confiance avec les syndicats et l'ensemble des salariés» (4595 mots) PDG d'Air France durant 11 ans, il fait de la paix sociale, un des facteurs clés de la réussite de la compagnie. Le Nouvel Observateur - 26/02/2009 - Les nouveaux déclassés par Camille Peugny (1630 mots) En France, les jeunes générations vivent moins bien que celle de leurs parents. La crise sociale les frappe de plein fouet. Analyse d'un sociologue Le Point - 26/02/2009 Mesures sociales: qui va payer? (184 mots) Prime de 500 euros pour les jeunes n'ayant travaillé que deux mois, indemnisation du chômage partiel à hauteur de 75%: ces deux mesures seront financées par le fonds d'investissement social, dont la ... 20 Minutes - 25/02/2009 - Faire des économies sans rogner sur la masse salariale (261 mots) Edition de Marseille - Avis de gros temps dans le secteur santé. Les syndicats des personnels hospitaliers appellent à une journée nationale d'action jeudi prochain pour protester contre le projet... Libération - 26/02/2009 - Abus de pouvoir en série (1089 mots) L'hyper président, qui vient, dans l'affaire Pérol, de passer par-dessus une commission de déontologie, n'épargne pas grand-monde. Parlement, ministres, CSA ou encore syndicats ont fait les frais des... Protection sociale (3 Documents) Télérama - 28/02/2009 - La Sécu aurait-elle vécu ? (347 mots) Isabelle Giordano démarre aujourd’hui, à raison d’un par mois, une série de débats en direct et en public avec les auditeurs. Alors que l’on annonce un trou de 15 milliards d’euros pour 2009, la jour... Aujourdhui en France - 26/02/2009 - Claude Frémont reste au chevet de la Sécu (346 mots) RAPPEL DES FAITS. Directeur de la Caisse primaire d’assurance maladie de Nantes, Claude Frémont claque la porte de la Sécurité sociale en octobre 2006. Connu pour son opiniâtreté dans la lutte contre... Les Echos - 26/02/2009 - Les évolutions familiales obligent à repenser le mode de calcul des retraites (673 mots) Les pensions de retraite des femmes représentent 48 % de celles des hommes en France. Face à ces inégalités, une étude de l'Ined fait le point sur les instruments correctifs mis en place dans plusieurs pays européens. Syndicalisme Jeudi 26 Février 2009 Enquête Des syndicats toujours puissants Les grèves tournantes et les grèves de 59 minutes sont toujours possibles. Les conflits d'un mois à Paris-SaintLazare et de cinquante jours à Nice ont montré que les grévistes pouvaient toujours bloquer la SNCF. Le syndicat SUD a provoqué en janvier la fermeture de la gare SaintLazare. Sa percée lors des élections professionnelles fin mars compliquerait la tâche de Guillaume Pepy. Didier Le Reste, le premier secrétaire de la CGT qui représente plus de Tous droits réservés : Le Figaro Economie (matin) 1A9DB34C8EA06203A57D1E50A20A117E4992883099656E50AE2743F 40 % des voix de cheminots, est l'homme clé du dialogue social. Rien n'est possible sans son accord. Diff. 342 445 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Actualité un an D'ici l'été, elle estime que 1 400 à 2 400 emplois auront disparu en La CGT tire la sonnette d'alarme Pour la CGT, d'ici l'été, le Pays-d'Ancenis pourrait perdre jusqu'à 2 400 emplois en un an. Le syndicat conteste des actions engagées dans certaines entreprises.La CGT n'a pas hésité à faire chauffer les calculettes, après avoir pris acte des mauvaises nouvelles qui s'accumulent dans les entreprises du Paysd'Ancenis. Selon les syndicalistes, les comptes ne sont pas bons : « De sources sûres, entre 175 et 476 emplois directs devraient être supprimés dans les semaines ou les mois à venir, déclare Claude Gaudin, secrétaire de l'Union locale. Lorsque nous savons qu'avec un emploi direct, ce sont trois à cinq emplois induits qui disparaissent, nous pouvons affi rmer que d'ici l'été, ce sont entre 1 400 et 2 400 emplois qui auront disparu en un an dans le bassin d'emploi d'Ancenis, soit 15,45 % des emplois. » Au delà des chiffres, la CGT dénonce un manque de transparence de certaines entreprises, qui « violent indéfi ni-ment les droits collectifs et individuels des salariés ». Le syndicat s'est par exemple opposé au plan de départs volontaires chez Manitou -accepté pourtant par FO et la CFE-CGC -, en dénonçant notamment l'absence de perspectives économiques pour le justifi er. Les délégués CGT veulent rester vigilants face aux actions engagées par certaines entreprises. La dent dure contre Bomex Même position pour le sous-traitant Manuli Otim*, qui aurait lancé la semaine dernière une procédure pour licencier neuf salariés. « Quand on a demandé des chiffres, on n'a rien eu, dénonce le délégué Yannick Pellerin. Le directeur nous a juste dit que l'entreprise faisait face à un "tsunami économique". » La CGT a également la dent dure contre Bomex. A la fi n 2008, le transporteur basé à Saint-Géréon avait annoncé un plan de sauvegarde de l'emploi touchant 67 salariés. « Il a été refusé par l'Inspection du travail, car elle ne pouvait pas vérifi er l'activité réelle des salariés », selon Bernard Bondu, secrétaire général du syndicat régional des transports, qui parle de « travail dissimulé et d'heures non payées. Aujourd'hui, la direction contourne le plan social en licenciant pour de petites bêtises. » La CGT évoque ainsi six licenciements « abusifs » avec des actions aux prud'hommes en cours et 20 départs anticipés en pré-retraite. Des éléments que conteste la direction de Bomex. « Un discours excessif » Ce discours est excessif, le plan de licenciement est juste suspendu car l'Inspection du travail nous a demandé d'envisager d'abord d'autres alternatives, répond Sandra Allard, responsable des ressources humaines. Nous avons donc incité une vingtaine de salariés au départ en retraite, mais ils ont toujours la liberté de refuser. Et concernant les autres cas, il y a toujours eu des poursuites disciplinaires engagées quand cela se justifiait. Nous ne faisons pas un plan de sauvegarde déguisé. D'ailleurs, nous ne ressentons pas de relations confl ictuelles avec les délégués représentants le personnel au sein du comité d'entreprise. » * N'ayant pu être joint par téléphone, le directeur de Manuli Otim n'a pas confi rmé cette information. Mathieu Cloteau Tous droits réservés : Echos d'Ancenis et du Vignoble 679D438588207C07C54D1450520C217344F22338D9D26D83FE4842A Retour Sommaire Mouvements sociaux Edition de HUMANITE-QUOTIDIEN Jeudi 26 Février 2009 social - économie Fin de conflit chez Plastic Omnium Automobile . Après quinze jours de lutte, les salariés ont obtenu les indemnités de départs qu'ils demandaient. Après seize jours de blocage, les syndicats et la direction de l'usine Plastic Omnium de Saint-Romain-deColbosc (Seine-Maritime) sont parvenus mardi soir à un accord sur le contenu du plan social. En décembre dernier, la direction de ce sous-traitant, qui fabrique des parechocs pour le site Renault de Sandouville, avait annoncé la fermeture de l'usine à l'horizon de juin 2009. Face à la faiblesse des propositions de la direction, les salariés avaient entamé, le 9 février dernier, une grève reconductible. « Un rapport de forces qui a porté ses fruits », se félicite Ludovic Mius, le délégué CGT. « Nous sommes satisfaits des négociations car, à quelques euros près, nous avons obtenu ce que nous demandions. Au départ, la direction proposait une prime de 30 000 euros tout inclus, alors que nous demandions 20 000 euros de prime de départ supra-légale et 1 500 euros par salarié par année de présence », rappelle le syndicaliste. Au final, les salariés ont obtenu une prime de 18 000 euros à laquelle s'ajoutent 1 600 euros par année. Pour un salarié affichant seize ans d'ancienneté - ce qui constitue la moyenne dans cette usine - cette prime représentera une somme de 51 000 euros, et tout de même plus de Tous droits réservés : L'Humanité 5991E3548EE0210685631770400E413E4F121237B9C36B8E1E9A7CE 40 000 euros pour un salarié ayant onze ans d'ancienneté. « Vu la moyenne d'âge - quarante ans - et la situation de l'emploi dans le secteur qui n'est pas brillant, cette somme permettra aux salariés de se retourner un peu », espère Olivier Mius, précisant que les salariés toucheront 90 % de leur salaire pendant six ou sept mois, selon leur âge, avant de basculer dans le système classique d'indemnisation de chômage s'ils n'ont pas retrouvé d'emploi. Alexandra Chaignon Diff. 55 629 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Eco-Terre Eurostyle en grève, le secteur bloqué Auto. . L'équipementier est en redressement judiciaire. C'est un moyen de pression qui risque de faire des petits chez les sous-traitants automobiles. Depuis lundi, les salariés de l'entreprise Eurostyle de Châteauroux (Indre) bloquent leur usine. Hier, leurs collègues du site de Lieu-SaintAmand (Nord) les ont rejoints, ainsi que les ouvriers de Saint-Clément (Yonne) et de Falaise (Calvados), qui verrouillent toutes les expéditions en partance de leurs usines. L'équipementier Eurostyle fournit les constructeurs Renault, PSA, Toyota et Renault Trucks en garnitures plastique de voiture. «On a au moins une pièce qui va dans tous les véhicules montés en France», souligne Claude Lledo, de la CGT. De quoi gêner sérieusement leurs clients. «L'objectif, c'est de provoquer des pannes chez les constructeurs, c'est le seul moyen de pression», reconnaît Lledo. Meilleurs prix.Eurostyle est en redressement judiciaire depuis octobre. Deux groupes seraient candidats à la reprise : GMD, qui garderait la moitié des quelque 1 000 salariés, et Simoldes, qui procéderait à des coupes plus franches. Le tribunal d'Evry devrait rendre une décision le 16 mars. Mais les salariés d'Eurostyle veulent s'assurer de la pérennité de leur firme et des conditions de départ «décentes» pour les victimes du plan social. Ils s'adressent donc directement aux donneurs d'ordres : les constructeurs. Ils leur demandent de s'engager sur des volumes de commandes et sur de meilleurs prix d'achat des pièces. Et relaient ainsi une exigence de GMD, qui a fait de l'amélioration des prix notamment pour le contrat sur la nouvelle Renault Scénic, dont la production démarre à Douai (Nord) une condition sine qua none de sa reprise. Ils souhaitent enfin que les constructeurs débloquent du cash pour améliorer les indemnités de licenciement. «S'ils veulent sortir leurs voitures, ils vont être obligés de cracher», résume Lledo. D'après la CGT, d'ici la fin de la semaine, les chaînes de production Peugeot du coupé 407, de la 308cc, de la 207 devraient être impactées, voire bloquées. Comme celles des Renault Scenic, de l'Espace et de la Kangoo. Côté constructeurs, on reste discret. Tous droits réservés : Libération 7E9123EB8020F60F65991F80A00941E842322C3DA9F66A4771E5D3F Renault reconnaît que la production de Sandouville est assurée jusqu'à la fin de semaine... PSA affirme «discuter avec les repreneurs possibles» afin de «favoriser des solutions pérennes». Embarras. Les choses pourraient se débloquer. Mardi soir, les salariés de l'usine de Plastic Omnium de SaintRomain-de-Colbosc (SeineMaritime) - qui doit fermer en juin ont obtenu, après seize jours de blocage, la hausse de leurs indemnités de départs. Leur grève avait provoqué des journées de chômage supplémentaires à Renault Sandouville - leur seul client -, et la production d'un millier de voitures sans pare-chocs. Le constructeur nie être intervenu dans les négociations entre la direction de Plastic Omnium et les syndicats. Mais nul doute que son embarras a dû peser dans la résolution du conflit. (Lire aussi page 19) JULIA PASCUAL Diff. 144 054 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Actualité sociale Jeudi 26 Février 2009 Evenement Hausse dramatique du chômage en janvier Voilà un triste record dont Nicolas Sarkozy, en chute libre dans les sondages, se serait bien passé ! Avec 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires en janvier, le chef de l'État doit assumer la plus forte hausse mensuelle du chômage depuis la création des statistiques. Et cette mauvaise nouvelle, dévoilée hier, vient en point d'orgue d'une série peu brillante. Le nombre d'inscrits à Pôle emploi en catégorie 1 (immédiatement disponibles, à la recherche d'un emploi à plein temps) avait déjà progressé de 64.000 en novembre et de 45.800 en décembre. Soit 3.000 chômeurs de plus chaque jour, et 280.000 en six mois, soit presque l'équivalent de la hausse de l'ensemble de 1993. Au total on compte aujourd'hui 2,2 millions de chômeurs.« Cette hausse du chômage en janvier est la conséquence du repli de l'activité enregistrée au 4e trimestre 2008 », commentait sobrement Christine Lagarde dans un communiqué hier. Mais, dans l'opinion publique, ce chiffre risque fort d'être la démonstration que les mesures prises par le gouvernement Sarkozy ne sont pas à la hauteur de l'ampleur de la crise. Déjà, les syndicats, qui préparent leur journée d'action du 19 mars, n'ont pas manqué de rappeler les manques de l'exécutif : « Plus que jamais, le décalage est criant entre la gravité de la situation et les réponses apportées par le chef de l'État et son gouvernement », relève la CGT dans un communiqué. « Les réponses à la crise actuelle doivent revêtir une dimension sociale forte », renchérit la CFDT.Les syndicats ont d'autant plus d'arguments à faire valoir que la progression de 4,3 % en janvier (15,4 % sur un an) touche essentiellement les publics les plus fragiles. Tout d'abord, les jeunes. Le nombre d'inscrits de moins de 25 ans a augmenté de 5,1 % en un mois et bondi de 23,1 % sur un an, soit un rythme deux fois plus rapide que pour les autres générations (+ 13,9 % pour les 25 à 49 ans et + 12,8 % pour les plus de 50 ans). Autre catégorie touchée de plein fouet, les précaires. Avec 104.100 inscrits, les fins de CDD représentent plus d'un quart des entrées à Pôle emploi. Auxquelles viennent s'ajouter les fins de missions d'intérim (42.900 inscrits). Et la situation risque de perdurer : « Les mauvais chiffres publiés récemment sur les mises en chantier de logement ne sont pas de bon augure. D'autant Tous droits réservés : La Tribune 409C63818600240DC5331BE03008A1424112663599A06279E539B10 que le commerce de détail qui a été un grand pourvoyeur d'emplois commence à détruire des postes », souligne Alexander Law, chef économiste chez Xerfi.Le bond du mois de janvier est d'autant plus inquiétant qu'il montre que le marché de l'emploi se bloque progressivement. Le nombre d'offres d'emploi recueillies par Pôle emploi a chuté de 15,4 % sur un mois et de 29,3 % sur un an. Conséquence, les sorties pour « reprise d'emploi » se rétractent de 18,6 % et le nombre de chômeurs de longue durée, inscrits depuis plus d'un an, enfle de 8,6 % sur un an. Pour le chef de l'État, le calendrier s'accélère. Il y a une semaine, il décidait de dédier 2,6 milliards d'euros à des mesures sociales pour les victimes de la crise. Des annonces déjà effacées par l'avalanche de mauvaises nouvelles d'hier. n3.000 chômeurs de plus chaque jour, et 280.000 en six mois l'équivalent de la hausse de l'ensemble de 1993. Agnès Laurent Diff. 89 866 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 France Chômage : un nouveau record est atteint en janvier En janvier, 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires ont été inscrits à Pôle emploi (+ 4,3 %), selon les chiffres diffusés hier. Un record historique. Laurent Wauquiez s'attend à des chiffres de cette ampleur « pendant plusieurs mois ». C'est un nouveau cap dans l'accélération de la crise. En janvier, 90.200 demandeurs d'emploi supplémentaires se sont inscrits sur les listes de Pôle emploi, soit une hausse historique de 4,3 % en un mois, selon les chiffres diffusés hier. La hausse mensuelle bat le bond de novembre (+ 64.000), qui avait pourtant mis fin à un record de quinze ans. Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits en catégorie 1 (immédiatement disponibles, à la recherche d'un CDI en temps plein et ayant travaillé moins d'un mi-temps dans le mois) franchit ainsi la barre des 2,2 millions. En quatre mois, le nombre de chômeurs s'est accru de près de 250.000. La hausse du nombre de chômeurs est liée à celle du nombre d'inscriptions mais aussi à la baisse du nombre de sorties, notamment pour reprise d'emploi. Tous les motifs d'entrée à Pôle emploi (fin de CDD, fin d'intérim, licenciement économique...) progressent (lire cidessous). La hausse traduit à la fois les défaillances des entreprises, qui ont concerné plus de 220.000 salariés ces douze derniers mois et continuent de s'accélérer, et leur attentisme, compte tenu d'anticipations d'activité très dégradées. Elle est à mettre en parallèle avec les destructions d'emploi : au quatrième trimestre, 89.000 emplois salariés ont encore été détruits. La hausse de janvier ne tient pas compte, en revanche, des milliers de salariés en chômage partiel, qui, puisqu'ils conservent leur contrat de travail, ne sont pas considérés d'emploi. comme demandeurs Prévisions enfoncées Les prévisions de l'assurancechômage, pourtant régulièrement révisées ces derniers mois, sont enfoncées (lire ci-contre). Le taux de chômage, prévu à 8 % à l'horizon de juin par l'Insee, devrait remonter plus rapidement. Il restera loin, toutefois, des records de 1997 où le taux de chômage avait frôlé les 11 %. Mais la multiplication des plans sociaux ou de départs volontaires dans les entreprises ces dernières semaines (lire ci-dessous) laisse présager, le temps des consultations formelles et des procédures de départ, un prolongement de la tendance ces prochains mois. Le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez, a indiqué hier s'attendre à « plusieurs mois » sur ce rythme. Officiellement, pourtant, le gouvernement ne dévie pas de sa grille d'analyse. La hausse, expliquet-on dans l'entourage de la ministre de l'Economie, est « dans la droite ligne du repli du PIB au quatrième trimestre » (- 1,2 %). « Les entreprises s'ajustent là où elles peuvent : sur les stocks et sur l'emploi flexible. » De multiples outils de politique de l'emploi ont, de fait, été ouverts depuis l'été dernier : relance des contrats aidés, amélioration du recours et de l'indemnisation du chômage partiel, extension des conventions de reclassement personnalisé, exonération de charges supplémentaires pour les très petites entreprises, coup de pouce aux salariés ayant insuffisamment cotisé, etc. Mesures mal ciblées « On ne manque pas de mesures. On met en oeuvre ce que nous avons déjà annoncé et cela fait beaucoup », réagit l'entourage de Christine Lagarde. Dans un communiqué publié hier, celle-ci a d'ailleurs rappelé les « mesures d'accompagnement social » annoncées à l'issue du sommet social. En l'absence de précisions sur les 800 millions d'euros qui doivent être apportés par l'Etat au Fonds d'investissement social (« Les Echos » du 20 février), les 1,1 milliard d'euros (sur 2,6 milliards) consacrés à la baisse de l'impôt sur le revenu des ménages modestes risquent toutefois de paraître, aujourd'hui, anachroniques et mal ciblés. La prime pour les précaires ayant insuffisamment cotisé ne représente ainsi, en comparaison, que 117 millions d'euros. La CFDT a d'ailleurs rappelé, hier, que la réponse apportée par le gouvernement via le fonds social était « très insuffisante, tant dans son montant que dans la source du financement », tandis que la CGT a critiqué « un décalage criant entre la gravité de la situation et les réponses apportées ». La confédération demande aussi l'embauche de salariés à Pôle emploi pour améliorer l'accompagnement des chômeurs. Les projections de l'UnédicLe 11 février, l'Unédic, l'organisme d'assurance-chômage, a révisé en hausse, à 282.000, le nombre de demandeurs d'emploi supplémentaires attendu cette année. Compte tenu de la hausse de 90.200 sur le seul mois de janvier, cette prévision paraît donc déjà obsolète. Signe de la brutalité de la Tous droits réservés : Les Echos 0E9573568380AA00350A15D09200B1B244725531B901615FCEBC4E4 dégradation de l'activité, l'Unédic anticipait, mi-octobre, seulement 41.000 chômeurs supplémentaires cette année. VÉRONIQUE LE BILLON Diff. 140 313 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Coulisses La vérité sur... l'évaporation du 1% logement Gestion laxiste, surfacturations... Selon la Cour des comptes, les administrateurs dévoient le système d'aides. C'est un monde où l'argent coule à flots. Quatre milliards d'euros par an y circulent. Quatre milliards qui tombent chaque année dans les caisses du «1% logement» grâce aux cotisations versées par toute entreprise de plus de 20 personnes afin d'aider les salariés à se loger (1,6 milliard) et aux revenus générés par les intérêts des prêts attribués (2,3 milliards). A l'heure où la France manque de 800 000 logements - et d'argent pour en construire -, ces fonds attisent les convoitises d'autant qu'ils ne semblent pas gérés avec une grande efficacité. Et c'est un euphémisme. Depuis des années, comme pour la formation professionnelle à une autre échelle (27 milliards d'euros), on dénonce un univers très opaque, constitué de réseaux soupçonnés de couvrir de véritables fraudes. L'argent du 1% provient des collectes auprès des entreprises de plus de vingt salariés, qui versent 0,45% de leur masse salariale, et des retours sur prêts. Nombreuses dérives La Cour des comptes met d'ailleurs la dernière main à plusieurs rapports sur la gestion du 1% logement. Et si les rapports définitifs sont du même tonneau que les rapports provisoires, la charge sera sévère. Les magistrats n'ont certes pas réussi à déceler un circuit de financement occulte, mais ils ont tout de même mis le doigt sur de nombreuses dérives: absence d'appels d'offres, surfacturation, conflits d'intérêts, contrôles complaisants... Sans compter les frais de fonctionnement des divers gestionnaires du 1% logement, qui représentent le tiers du budget: voitures de fonction, généreuses notes de frais, luxueuses chambres d'hôtel, salaires de rêve. Déjà, en 2006, la Cour dénonçait «l'effacement de l'Etat», «des lacunes de pilotage du réseau», «des coûts de gestion excessifs»... Cent onze comités interprofessionnels du logement (CIL) sont habilités à collecter ces fonds. Ils ont un statut d'association de loi 1901 et sont donc censés être à but non lucratif. Via des filiales, ils contrôlent des sociétés anonymes de HLM et détiennent plus de 22 milliards d'euros d'actifs. Tout salarié, tout chômeur peut avoir accès aux prêts avantageux proposés. En revanche, seuls les salariés des entreprises contributrices peuvent bénéficier des logements sociaux. En 2008, 65 000 logements ont ainsi été alloués par le «1%», sur les 450 000 HLM attribuées par an. Enfin, depuis 2002, le 1% a pour mission de construire des logements sociaux, via l'association Foncière Logement. Or, sur une durée de sept ans, cette dernière a construit ou investi dans 25 000 logements, un chiffre très en deçà des objectifs initiaux de 10 000 à 15 000 par an. Officiellement, le 1%, créé en 1953, doit être géré de façon paritaire. En réalité, c'est le patronat, allié aux CIL, qui détient le pouvoir. C'est lui qui préside l'UESL, l'organe de pilotage, et qui est à la tête de l'Anpeec, l'organisme de contrôle. Vice-président de l'UESL et représentant de la CFDT, Jean-Luc Behro reconnaît qu' «il s'agit d'un faux paritarisme. A l'UESL, comme dans les CIL, les syndicats ne représentent qu'un tiers des voix. Nous pouvons témoigner, mais nous ne sommes pas aux affaires.» Rémunérations de rêve Si le paritarisme est biaisé, en revanche les représentants des syndicats et du patronat sont tous bien soignés... financièrement. Plus de la moitié des frais de fonctionnement de l'UESL, soit 8 millions d'euros sur 15, leur sont versés, selon la Cour. Sans être illégale, la proportion est énorme. «Attention, nous formons aussi les administrateurs des CIL et de 109 sociétés de HLM» , rétorque JeanLuc Behro. Des administrateurs qui se font largement rémunérer: à Foncière Logement en 2008, les trois dirigeants, Alain Sionneau (Medef), Etienne Guéna (Medef), qui présidait aussi l'organe de contrôle, et Christian Chevé (CGT) percevaient, chacun, un salaire brut mensuel de 8 319 euros. Tout cela, sans compter les notes de frais rocambolesques, comme celles de ce représentant de la CFTC au collecteur Aliance, 84 ans, dont les indemnités de déplacement atteignaient 1 500 kilomètres par mois. Un octogénaire toujours vert... Aliance, justement, le quatrième plus gros CIL de France, est dans le collimateur de la Cour des comptes. Et notamment, sa directrice générale: «Entre 2001 et 2006, la rémunération de Françoise Pionneau a progressé de 140%» , de 8 228 à 19 703 euros brut par mois. La Cour s'étonne aussi de la taille et du coût des locaux parisiens (900 000 euros par an pour 1 900 mètres carrés), dans le XVIarrondissement. Elle relève surtout les surfacturations d'un cabinet d'experts-comptables, DLA, géré par un certain Didier Lamy (lire encadré) . L'Anpeec, critiquée par les magistrats pour sa complaisance, a diligenté une enquête, mais n'a pas, pour l'instant, «d'élément probant pour un retrait d'agrément» , selon son directeur, François-Didier Lemoine. D'autres collecteurs sont dans le collimateur de la Cour: Solendi, Cilgere, Cilova et Bien se loger. A l'initiative d'Aliance, ils ont formé un groupement d'intérêt économique (GIE) pour acquérir en 2005 le droit exclusif d'utilisation d'un site Internet, spécialisé dans l'accès aux prêts: Aidologement.com. Sur deux ans, le GIE lui a versé 3,4 millions d'euros, et, depuis 2007, la maintenance est facturée 700 000 euros par an. A comparer, selon la Cour, avec les coûts de deux sites du même type: 40 000 et 50 000 euros. Les locaux parisiens d'Aliance. Le quatrième organisme collecteur du 1% fait l'objet d'une enquête. Embrouilles patronales Dans ce climat de suspicion, l'heure des règlements de comptes a sonné au Medef. La création de l'association Entreprise et Logement a servi de prétexte. «Elle devait devenir une fédération du Medef, lui permettre d'associer un réseau de sociétés privées de HLM et d'influer Tous droits réservés : Challenges D994536484E04B01B5601730250A41734F52B33099B26C70AD1C471 sur la politique locale» , explique un de ses créateurs. En 2008, 2 millions d'euros de l'UESL lui ont été versés. De façon illégale, pointe la Cour. En pleine crise de l'UIMM, en juillet 2008, le président de l'UESL, Daniel Dewavrin, a démissionné. Etienne Guéna, délégué au logement social, a été licencié en août. Et l'association dissoute. Laurence Parisot soutient n'avoir pas été informée du financement de l'association. Ce que conteste l'ex-directeur général, Jacques Creyssel, licencié en juillet. Le 26 janvier dernier, Jérôme Bédier , le nouveau président de l'UESL, issu du Medef, a annoncé des réformes: diminution du nombre de CIL, audit de Foncière Logement... De son côté, l'Etat a commencé à s'emparer de cette manne et va ponctionner 1 milliard d'euros par an pour sa politique de l'habitat. Enfin, la loi Boutin, qui doit être adoptée fin février, redéfinit la gouvernance du système et renforce encore le contrôle de l'Etat. Cela suffira-t-il à sauver le 1%? Dominique Perrin Diff. 259 181 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Analyse L'ECONOMISTE Les efforts pour l'emploi doivent être réorientés Le marché a été rigidifié par les réglementations des années 1970. Plutôt que de financer des secteurs condamnés et des mesures de court terme, il faut s'attaquer à la formation et aux bas salaires. PIERRE CAHUC PROFESSEUR A L'ECOLE POLYTECHNIQUEAvec la contagion de la crise financière à l'économie réelle, l'emploi est devenu la principale préoccupation de nos gouvernants. La hausse du chômage est pourtant modérée en France au regard de la situation américaine ou espagnole. Le drame français vient du fait que l'on part d'un taux de chômage déjà élevé. Un déséquilibre structurel qui provient des réglementations des années 1970. Le développement des préretraites dans la métallurgie s'est ainsi étendu à d'autres secteurs, aboutissant au faible taux d'emploi des seniors. De cette période date aussi la législation sur le contrôle des licenciements économiques, qui a fortement contribué à rigidifier le marché du travail. De même, l'Etat a amélioré la générosité de l'assurance-chômage sans se montrer assez exigeant sur les devoirs du demandeur d'emploi. Les pays scandinaves ont certes adopté la même attitude que la France au moment de la récession de 1974, mais ils ont entrepris par la suite les réformes nécessaires et mis en place la flexi-sécurité, qui leur a assuré un taux de chômage moins élevé que le nôtre (voir graphique) . C'est pourquoi le gouvernement français ne doit pas répéter les mêmes erreurs, et veiller à ne pas prendre des mesures de relance dont on risque de payer le prix plus tard. D'abord, l'Etat ne devrait pas concentrer ses efforts sur les secteurs en déclin. L'automobile ressemble à la sidérurgie d'il y a trente ans, et le plan de soutien à ce secteur ne semble pas pertinent en matière d'emploi. Pour éviter les plans sociaux qu'ils se sont engagés à ne pas mettre en place, les constructeurs risquent de multiplier les préretraites. Il vaudrait mieux cibler la politique de l'emploi sur les bas salaires en réduisant encore le coût du travail autour du smic, quel que soit le secteur. Cela éviterait la multiplication des pressions d'autres lobbys. explique la meilleure performance des pays scandinaves en termes d'emploi.Il convient également de ne pas tomber dans le piège des emplois aidés, qui font baisser le nombre de chômeurs à court terme, mais diminuent l'employabilité des salariés concernés. De même, augmenter la durée d'indemnisation du chômage provoque généralement un allongement de sa durée, à moins d'un accompagnement très serré des demandeurs d'emploi. Cela coûte cher et prend du temps: la fusion de l'ANPE et de l'Unédic est loin d'avoir débouché sur un service de l'emploi digne de ce nom. Il faut donc poursuivre les réformes structurelles. En particulier, l'Etat doit reprendre la main sur la formation professionnelle, car l'accord signé par les partenaires sociaux ne change rien. Ces derniers gardent la main sur un système inefficace. Il faudrait nationaliser son financement et créer un véritable marché de la formation, avec des organismes privés et publics certifiés. La mise en place de la flexisécurité Tous droits réservés : Challenges 8592330F8DB05902A5301CE0540FA1B84A126D3E09AC6CCE514AA57 Diff. 259 181 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 France Social Pôle emploi - Le baptême du feu L'ANPE et les Assedic ont fusionné pour simplifier la vie des chômeurs. Dont l'afflux, avec la crise, complique l'opération. Rodage acrobatique à Reims. Il garde ses mains dans les poches et observe le téléphone accroché au mur. La dame brune de l'accueil vient de lui dire d'appeler le 3949 pour prendre rendez-vous avec un conseiller. A 50 ans, Francis, sans diplôme, regard délavé comme son jean, ne comprend rien au mode d'emploi affiché sur la cabine. « Je viens à l'ANPE pour téléphoner à l'ANPE, c'est un comble ! » lâche-til. Le moustachu repart sans s'être inscrit. La file d'attente s'allonge à l'accueil. Une femme, titulaire du RMI, ne « partira pas d'ici » avant d'avoir été reçue. Ici, c'est le Pôle emploi, le guichet unique de Clairmarais, dans le centre de Reims (Marne), où s'inscrivent les chômeurs, plutôt les clients, comme on les appelle depuis la fusion. Il figure parmi les sites expérimentaux où a démarré, il y a quatre mois, le regroupement ANPEAssedic, alors qu'il n'est généralisé que depuis janvier (voir ci-contre). Les bureaux s'alignent du n° 1 au n° 16 dans le grand hall lumineux. Entre les box, des fenêtres permettent aux agents de se parler. Au total, ils sont 37 - 30 ex-ANPE et 7 ex-Assedic - à suivre plus de 200 chômeurs les jours de pic. Et, avec la crise, le pic, c'est presque tous les jours. A Reims, on travaille chez ArcelorMittal, dans les hypermarchés Cora, le laboratoire Boehringer... En un an, le nombre de demandeurs d'emploi a augmenté de 13,5 %, atteignant 10 792 personnes indemnisées sur le bassin à la fin de 2008. Un baptême du feu pour le site de Clairmarais qui doit absorber un flot d'intérimaires : « Cela n'était pas prévu, mais nous n'avons pas le droit de dire aux gens : "Désolé, nous sommes en rodage", explique le directeur de ce Pôle emploi, Philippe Amelot. Il faut faire le job. » « On travaille sans filet » Un peu nerveuse, Jenny, 26 ans, tripote ses bagues. La jeune secrétaire vient d'être licenciée d'un cabinet en gestion du patrimoine. Une conseillère la reçoit pour son indemnisation. Puis Jenny passe discuter à côté de son CV. Oui, elle a une voiture, oui, elle accepte le Smic. « Je ne fais pas la difficile », dit-elle à la conseillère attentive. Pour l'instant, faute de formation, chaque agent garde sa spécialité : l'Assedic indemnise, l'ANPE s'occupe du placement. L'objectif qui promet au chômeur plus d'efficacité - un seul référent s'occupant à la fois des deux missions - ne sera atteint qu'après plusieurs mois de travail en commun. Pas facile de s'approprier le métier de l'autre en si peu de temps. « Les chiffres, ce n'est pas mon truc, précise Nadia Delville, seize ans d'ANPE. Je n'ai jamais fait de comptabilité. Il faut tout digérer très vite ! » La formation - de trois à sept jours - se déroule jusqu'en juin. En attendant, on se débrouille entre Tous droits réservés : L'Express B490F3888C00270ED59011303309E1F448420B3C699D6FBDAE7AE84 collègues. « On travaille sans filet », gronde Gilles Thépenier, agent Assedic et élu FO. Face au flux de nouveaux chômeurs, le secrétaire d'Etat chargé de l'Emploi, Laurent Wauquiez, a promis de recruter des CDD pour renforcer le Pôle emploi. A Clairmarais, les agents suivent jusqu'à 150 dossiers par mois. La réforme prévoit que chaque portefeuille ne dépasse pas à terme la soixantaine. Une grande blonde, Valérie, 42 ans, attend son tour avec son fils vêtu d'un anorak Spiderman. Elle l'élève seule avec 510 euros par mois. Le Pôle emploi ? C'est plus pratique : « Plus besoin de courir à deux endroits », dit-elle. Mais la fusion, Valérie s'en « fiche un peu » : elle veut juste du boulot. Objectifs 2009 Le déploiement du Pôle emploi continue partout en France : dans les prochaines semaines, 30 % des agences ANPE ou Assedic auront été transformées en sites mixtes, sur le modèle de Reims. Notamment Meaux, Saint-Lô et Nice Nord. L'objectif final - 950 sites mixtes devrait être atteint d'ici à septembre 2009. Diff. 547 041 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Vu d'en haut «La première règle, créer la confiance avec les syndicats et l'ensemble des salariés» PDG d'Air France durant 11 ans, il fait de la paix sociale, un des facteurs clés de la réussite de la compagnie. Durant 11 ans, son bureau lui a offert une vue imprenable sur les pistes de Roissy et la légende dit qu'au plus fort des grèves, les pilotes stoppaient leur avion juste en face des fenêtres de la présidence, dans une sorte de défi. Aujourd'hui, l'ex- PDG d'Air France/KLM, qui vient de laisser la présidence à son numéro deux, Pierre-Henri Gourgeon , s'est installé dans la fonction de président du conseil d'administration et ... dans les bureaux parisiens d'Air France qui furent jadis une gare. Après la fusion réussie avec KLM, il tire sa révérence sur une opération fraîchement accomplie: la prise de participation de 25% dans le capital de la compagnie italienne Alitalia. C'est en revanche son successeur qui doit gérer les effets de la crise: 1 000 suppressions d'emploi et des décalages de livraisons d'avions. Bien que détaché des questions opérationnelles, Jean Cyril Spinetta continue à avoir la dent dure envers certains avantages accordés aux compagnies low cost. Mais passionné avant tout par les problématiques sociales il a érigé en principes fondateurs la confiance et l'écoute des salariés. Patron en son temps le plus mal payé du CAC 40, il réaffirme son hostilité, à titre personnel, aux stock options. Question de culture d'entreprise. Il a érigé en principes fondateurs la confiance et l'écoute des salariés Notre taux de remplissage baisse, nous le mesurons chaque jour,chaque semaine. L'impact le plus violent concerne l'activité cargo, car il y a un ralentissement considérable du commerce mondial. Pour le trafic passagers, la baisse se situe entre -3 et -5% et sans doute un peu plus en classe affaires. Ce qui se passe est parfaitement connu dans un métier comme le nôtre. Personnellement, j'ai vécu des situations similaires en 9192 et aussi en 2001, après le 11 septembre. Dans les entreprises, les directeurs financiers et les présidents disent: «Il faut faire des économies». Le premier poste touché, est la publicité. Puis, ce sont les missions et les déplacements. Dans un grand nombre d'entreprises, en ce moment, les décisions internes consistent à ne plus voyager en classe affaires, ou à moins voyager tout court. Ce n'est donc pas une surprise. Il y a, à chaque fois, des débats pour se demander, si ensuite, le trafic reviendra. Or, on observe, depuis 20 ans, la chose suivante: normalement, la courbe de croissance de la demande transport aérien est de 6% par an. Quand il y a des crises, des ruptures se manifestent soit par des plateaux, soit même, comme c'est le cas en ce moment, par un décrochage. Et derrière, il y a un rebond extraordinaire. Ensuite, lorsqu'on fait la moyenne sur six ans ou sept ans, on retrouve bien une croissance de 6%. On a constaté le déroulement de ce scénario en 2001, en 91- 92 et en 75, au moment du premier choc pétrolier. Lorsque le cycle est négatif, nous en payons lourdement les conséquences. Lorsqu'il redevient positif, en revanche, le transport aérien s'envole, avec des croissances de la demande extrêmement dynamiques. Il nous faut nous préparer à être en forme au moment où le cycle redémarrera. «Il nous faut nous préparer à être en forme au moment où le cycle redémarrera» Nouvelles technologies Les systèmes de visio-conférence sont bien entendu utilisés aujourd'hui et j'en ai d'ailleurs un dans mon bureau. Je ne pense pas que cette technologie joue comme un frein aux rencontres, mais plutôt comme un accélérateur à des besoins de rencontre. Il y a en ce moment un débat, en France et aux Etats-Unis, sur les politiques de grands travaux qui concernent, au premier chef, les infrastructures. Or il ne faut pas perdre de vue qu'un système d'infrastructures de déplacement, qu'il s'agisse du secteur routier ou aérien, est un des éléments majeurs de la croissance économique. A chaque fois qu'on élargit, à travers des modes de transport plus efficaces, la possibilité pour les hommes de se rencontrer, on observe un impact positif sur la croissance économique. Les acteurs économiques auront toujours besoin de se rencontrer, de se parler et je pense que ce besoin-là demeurera, parce qu'il est inhérent à la nature humaine. Pour ce qui est des déplacements personnels, je suis frappé par le désir de voyage, de découverte d'évasion qui existe chez tout un chacun. Lorsqu'on interroge le bénéficiaire d'un gain inattendu, une fois sur deux, il exprime un désir de voyage. Enfin, je pense que ce désir d'évasion est accentué par la mondialisation. «Je ne pense pas que la visioconférence joue comme un frein mais plutôt comme un accélérateur à des besoins de rencontre» Le défi environnemental Au transport aérien de démontrer, à travers des actes assez concrets, qu'il prend en charge cette préoccupation et qu'il fait tous les efforts pour y répondre. Il y a des marges de progrès considérables, notamment, dans le domaine technique. L'oxyde d'azote généré par les moteurs d'avion, c'est un sujet, qui, aujourd'hui, d'un point de vue technologique, est réglé. Il faut maintenant intégrer le résultat des recherches sur les nouvelles générations de moteur, pour arriver à des diminutions d'émission de 80%.Pour ce qui est du CO, il existe des programmes européens qui ont pour objectif, la réduction de 50% des émissions d'ici à 20 ans. L'opinion publique n'a peut-être pas encore suffisamment intégré qu'il existe des marges de progrès considérables, qui ne permettront pas de régler définitivement ce type de problème, mais d'en diminuer l'impact négatif. «L'opinion publique n'a peut-être pas encore suffisamment intégré qu'il existe des marges de progrès considérables» Alitalia C'est une réelle satisfaction. Mon premier déplacement, en tant que président d'Air France, après ma nomination, en 1997, avait été à Rome et concernait déjà le dossier Alitalia. A l'époque, la compagnie nationale italienne cherchait une alliance et avait lancé un appel d'offres au niveau européen. Finalement, c'est KLM qui l'a remporté. Je me souviens avoir dit, à ce moment là, aux Italiens, que lorsqu'on regardait le paysage aérien européen, la seule alliance qui avait réellement un sens, à la fois sur le plan de la complémentarité des réseaux, des marchés mais aussi sur le plan culturel, d'affinité entre les pays, c'était Air France/Alitalia. Et, depuis, je n'ai pas changé d'avis. Entre temps, il y a eu beaucoup d'épisodes et notamment le divorce entre Alitalia et KLM. Air France/Alitalia est une alliance presque évidente et nécessaire, dans le monde du transport aérien européen. Le grand marché unique, à l'évidence, porte à la construction de leaders européens. Ils se construiront à partir de compagnies nationales. Air France/KLM, en est une forme. Alitalia s'inscrit dans cette dimension-là en donnant aux Italiens, grâce à l'adossement Air France/KLM, des possibilités de développement et de rentabilité renforcée. Au fond, il a fallu attendre dix ans entre la constitution du plus grand marché unique et le premier regroupement européen qui a été Air France/KLM. recul, en permanence. «La seule alliance qui avait réellement un sens, à la fois sur le plan de la complémentarité, mais aussi sur le plan culturel» CHIFFRES CLES Air France-KLM est la deuxième compagnie aérienne mondiale. Effectifs :104 000 personnes Chiffre d'affaires:25 Mds Euros en 2008 Il se répartit à 80%sur les personnes transportées, à 12%sur le transport de frêt, à 4,5%dans la restauration et à 4%sur des prestations de maintenance. Résultat opérationnel:1,3 Ms Euros Capitalisation boursière:2,4 Mds Euros Actionnariat:flottant 82,5%, Etat 15,7%, auto-contrôle 1,8%. Les atermoiements italiens Les atermoiements, je n'ai pas à en juger. Ils sont ceux de la complexité de tout Etat dès lors qu'il est question de sujets aussi symboliques et d'acteurs économiques qui portent le nom de leur pays, le drapeau, une partie de l'Histoire nationale. Il est assez logique qu'il y ait des réactions nationalistes, patriotiques qui s'expriment. En outre, lorsqu'il s'agit d'entreprises publiques, ce sont des dossiers qui ne sont pas simples à gérer pour les autorités politiques, ni en Italie, ni en France, ni en Allemagne, ni en Espagne. Lorsque nous avons fusionné avec KLM, j'ai vu les premières réactions de l'opinion publique néerlandaise, sur une opération qui avait pourtant été choisie de manière très concertée. On voit bien que ce sont des entreprises qui occupent, dans l'espace national, une place symbolique parfois déconnectée de leur rentabilité ou de leur poids économique. Il n'est donc pas très surprenant que les pouvoirs politiques successifs aient quelques difficultés à gérer ces dossiers. J'ai essayé dans ce dossier de mettre beaucoup de conviction mais jamais de pression ou d'affectivité. D'ailleurs, dans les affaires, il faut essayer de ne pas mettre d'affectivité. Enfin, il faut essayer et donc, de considérer tout ça, non pas avec détachement, mais avec un peu de Enfin il ne faut pas oublier que nous avions démarré sur le sujet avec un prix du pétrole à 80 dollars, au mois de janvier 2008. Nous nous sommes ensuite retrouvés en négociation avec un pétrole à 120 ou 130 dollars le baril et avec une dynamique économique qui n'était plus réellement au rendez-vous. «Ce sont des entreprises qui occupent, dans l'espace national, une place symbolique parfois déconnectée de leur rentabilité ou de leur poids économique» Les compagnies «low-cost» Le phénomène «low-cost» est aussi vieux que l'activité économique. Dans les métiers du commerce, il y a toujours eu des porteurs d'idées nouvelles pour réduire les coûts, améliorer la productivité. C'est pour cette raison que le modèle «lowcost» a toujours existé, pas dans le transport aérien, mais ailleurs. On peut constater, avec le recul, que si ce modèle est adossé à une rationalité forte, il perdure. Ce n'est pas un phénomène fugitif ou provisoire. C'est un phénomène durable. Dans le transport aérien il a commencé il y a plus de 30 ans, aux Etats-Unis avec la compagnie South West Airlines. Lorsque j'étais à la tête d'Air Inter, en 1990, nous avions une démarche low cost hormis, peut- être, sur la partie salariale des coûts de personnel et notamment des pilotes. Nous développions alors, un marché qui n'existait pas, face à un opérateur, la SNCF, doté d'une solide présence dans les villes françaises. Pour entrer sur ce marché, il fallait définir un modèle permettant d'avoir des coûts très bas. D'où la densification des appareils et l'absence d'attribution de siège. J'ai la conviction que ce modèle durera en Europe, mais il y a aura beaucoup de faillites, beaucoup de regroupements et l'émergence de quelques grands acteurs. «Si le modèle low cost est adossé à une rationalité forte, il perdure» La régulation Les compagnies «low-cost» reposent sur un modèle économique qui répond à des règles précises. Elles n'ont pas besoin de bénéficier de subventions directes comme celles accordées par les chambres de commerce et d'industrie. La commission européenne s'est exprimée sur le sujet et a défini les limites de ce qui pouvait être fait. Il y a également des subventions indirectes avec ce concept, absolument invraisemblables, des aérogares «low-cost» où les redevances par passagers sont très faibles. Or nous avons obtenu satisfaction devant les tribunaux français, car il n'est pas justifié qu'une compagnie paye 10 et une autre 1, parce qu'il y a une aérogare «low-cost» d'un côté et une aérogare classique de l'autre. Il faut justifier cela par des raisonnements convenables, les écarts de redevances auxquels on procède. J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi les autorités de régulation, en dehors de la justice, n'ont pas elles-mêmes pensé à fixer les règles. Il est vrai que le consommateur trouve sympathique d'avoir des prix bas, mais ce même consommateur est également conscient du fait que, pour financer ces tarifs, on sollicite le contribuable. «Pourquoi les autorités de régulation, en dehors de la justice, n'ont pas elles-mêmes pensé à fixer les règles» Benchmark Le low-cost est un modèle économique simple. Nous avons d'ailleurs créée une filiale Transavia. On est exactement, en ter- mes de coûts, au siège/kilomètre sur nos objectifs et au centime d'euro près. La vraie difficulté pour les compagnies traditionnelles comme Air France/KLM est le problème social. C'est la seule difficulté. Il n'y en a pas d'autres. Comment à l'intérieur d'un groupe avec ses traditions, ses usages, ses conventions en matière sociale, en matière salariale, faire accepter les règles différentes et les règles nouvelles? Sur quelle partie du périmètre? De quelle manière? Comment? Il est difficile de trouver cet ajustement, cet accord social qui permet dans telle filiale de faire différemment de ce qu'on fait dans le reste du groupe. «La vraie difficulté pour les compagnies traditionnelles est le problème social» La succession Il y a mille et une raisons, plus peutêtre celles que je ne connais pas, à mon départ du poste de PDG. Je siège dans quelques conseils d'administration et récemment, en rencontrant un chef d'entreprise, nettement plus jeune que moi et qui a plutôt bien réussi, je lui ai demandé les raisons de son départ. Il m'a répondu: parce que lorsqu'on commence soi-même, à dire: «mon entreprise» en parlant de l'entreprise, il est sans doute temps de partir. Ce ne sont pas nos entreprises, il faut qu'elles soient là, après nous. Ensuite il y a une question d'honnêteté personnelle. J'ai le sentiment de faire le plus beau métier du monde mais c'est tout de même un métier assez dur, exigeant, dans lequel il y a un opérationnel dévorant. Il peut y avoir en permanence des crises, ce qui est moins vrai dans d'autres métiers où, en tout cas, moins visible. Dans le transport aérien, c'est tout de suite le 20 h de TF1 et je ne parle pas, là, des accidents. Enfin la dernière raison et la plus importante tient à la fusion avec KLM qui est une réussite dans tous les domaines et qui repose sur des principes de fonctionnement vraiment très spécifiques. Le modèle que nous avons créé n'existe pas dans les livres. Et je pense qu'il ne peut continuer à bien fonctionner que si ceux qui en ont la responsabilité ont suivi le projet depuis ses origines. Cette notion de continuité, d'absence de fracture, est essentielle à mes yeux.Je crois que c'était le bon moment pour passer le relais à Pierre-Henri Gourgeon. Il a trois ans de moins que moi. Plus tard, cela aurait été impossible. «Lorsqu'on commence soi-même, à dire: «mon entreprise», il est sans doute temps de partir» «Nous avons pris un soin extrême à ce que les entreprises continuent à exister» La fusion Air France/KLM Nous avons, avec le président de KLM,Léo Vanwild, créé un modèle respectueux des différences de chaque compagnie avec, en même temps, une instance de coordination très forte, le «strategic management comitee» (SMC).Y siègent quatre représentants d'Air France et quatre représentants de KLM avec une voix prépondérante pour le président que je n'ai jamais formellement utilisé. Cette instance est compétente pour tout ce qui touche aux alliances, aux achats. En revanche, j'ai tenu à ce qu'il y ait une étanchéité pour tout ce qui relève des opérations aériennes et du social. Roissy c'est Roissy et Schipol (siège de KLM) c'est Schipol. Pour les syndicats des deux entreprises, c'est extrêmement clair. Le comité exécutif qui se réunit tous les quinze jours ne comporte que les responsables des fonctions transversales telles que les finances, les achats, le fret ou encore l'informatique. Nous sommes dans un métier que les Américains appellent «people business» et nous avons pris un soin extrême à ce que les entreprises continuent à exister. Il y a bien une holding au dessus, mais elle n'est que financière et ne compte aucun salarié. L'usage de la grève Je n'ai sincèrement pas vu arriver la dernière grève dure des personnels navigants commerciaux (PNC).C'est une faute de management que j'endosse. Sur le plan social, j'ai essayé d'apporter à Air France des principes simples, aussi bien du côté syndical que de la direction. Le premier de ces principes est celui du respect de ce que l'on a signé et cela vaut d'abord pour la direction. J'ai vu, cinquante fois, des cadres, croyant bien faire, essayer de revenir sur un accord signé, au nom de la crise par exemple. Je leur répondais: dans ce cas, vous dénoncez l'accord dans les formes légales et vous le renégociez. Sinon il n'y a pas de jeu contractuel. Ceci n'est cependant pas valable pour les syndicats. Une organisation professionnelle peut signer un accord et, le lendemain matin, décider qu'il n'est plus valable et lancer un mouvement de grève. Cette possibilité n'existe toutefois qu'en France et dans aucun autre Etat européen où le contrat signé est un contrat qui engage la partie patronale et la partie syndicale de manière définitive. Pour en revenir à la grève, j'avais avec les hôtesses et stewards un accord à durée déterminée de 5 ans qu'ils ne pouvaient dénoncer. L'accord expirait en janvier 2008. Nous avons ouvert des négociations. J'avais la certitude que les signataires ne feraient pas la grève avant la fin de cet accord. Or ils ont trouvé que les négociations n'allaient pas assez vite et qu'on ne mettait pas assez de choses sur la table. C'était leur droit. Mais j'avais alors une forme d'intime conviction que les responsables syndicaux, que je connaissais, respecteraient non pas un principe juridique mais une forme de pratique sociale que j'avais instaurée et que, de mon coté, je respectais depuis 10 ans. Cela n'a pas été le cas et je l'ai mal pris. Nous nous en sommes expliqués de manière assez vigoureuse. Dans tout pays européen, sauf la France et peut-être l'Italie, ce type de grève aurait été immédiatement déclarée illégale par un juge des référés et les PNC renvoyés à l'expiration du contrat. «J'ai essayé d'apporter des principes simples, aussi bien du côté syndical que de la direction. Le premier de ces principes est celui du respect de ce que l'on a signé» Les relations sociales Je pense à ce livre de Gordon Béthune qui a été un grand manager du transport aérien (PDG de Continental Airlines) «From worst to first» dans lequel il dit: «Dans la vie, on peut mentir à tout le monde sauf à des salariés» . Si l'on a promis aux hôtesses et aux stewards qu'ils descendraient dans un hôtel quatre étoiles durant leurs es- cales, il faut leur réserver un quatre étoiles, ou alors réunir les syndicats et négocier un avenant prévoyant que, durant une période déterminée, et compte tenu des circonstances, nous leur demandons d'accepter un trois étoiles. La première règle, en matière de relations sociales, est de créer la confiance avec toutes les parties prenantes: les syndicats et l'ensemble des salariés. La deuxième repose sur le respect et l'écoute. Il est rare que les interlocuteurs qui vous sollicitent n'aient pas des choses intéressantes à vous dire. C'est l'une des raisons qui font que j'ai du mal à tenir mon agenda. Si un rendez-vous est programmé pour une demi heure et qu'il faut une heure, je ne vais pas me lever au bout de trente minutes. Au fond, pour ne pas être trop mauvais en matière de relations sociales, il faut savoir s'intéresser aux autres. Il n'y a rien de plus jouissif que d'être confronté à une question qui paraît ingérable et puis, à travers la rencontre, la discussion, le dialogue, trouver le chemin, qui permet d'aboutir à un accord. Intellectuellement, je déteste l'idée du management par le stress et par la terreur. Non seulement ça me déplaît m ais ça me choque intellectuellement. Le patron est celui qui doit créer une ambiance de sérénité avec ses collaborateurs, afin qu'ils travaillent dans la confiance. «Le patron est celui qui doit créer une ambiance de sérénité avec ses collaborateurs, afin qu'ils travaillent dans la confiance» L'information J'ai commencé ma carrière à la direction budgétaire au ministère de l'Education nationale et je m'élevais à l'époque contre la non maîtrise des dépenses jusqu'au jour où, on l'on m'a proposé de venir exposer mes vues en réunion et ça a été un désastre. J'en ai conclu que lorsqu'on a une idée, il faut la faire partager et expliquer pourquoi on prend telle ou telle direction. C'est une des raisons pour laquelle j'ai considérablement élargi le comité exécutif en arrivant à Air France. Dans une entreprise, chacun a toujours le sentiment que c'est son métier qui est difficile parce qu'il le connaît et en mesure les contraintes. il faut partager très, largement l'information au sein du groupe, notamment avec les syndicats, sauf ce qui est couvert par le secret des affaires, par des secrets commerciaux. Ma philosophie a toujours été d'informer les administrateurs salarié en les prévenant des notons de confidentialité et leur indiquant, qu'en cas de fuite, je serais contraint d'organiser deux conseils d'administration. «Lorsqu'on a une idée, il faut la faire partager et expliquer pourquoi on prend telle ou telle direction» Le Bonheur Je pense que nous sommes tous pareils. Nous recherchons tous l'équilibre entre vie personnelle et ambition professionnelle... J'ai quatre enfants et trouver le bon partage a été, pour moi, un problème permanent. On peut voir le résultat final après. C'est savoir si les enfants sont heureux, s'ils ont l'air épanoui. «Nous recherchons tous l'équilibre entre vie personnelle et ambition professionnelle» L'argent Comme beaucoup, je trouve que c'est bien agréable. Woody Allen a dit: «Il vaut mieux être riche que pauvre, ne serait-ce que pour des questions d'argent» . L'aisance matérielle donne une forme de liberté, de confort, de sécurité pour soi et pour ses proches qui est plus qu'appréciable. En revanche, je déteste cette idée anglo-saxonne qui veut que l'exercice performant des responsabilités passe forcément par le rapport monétaire. C'est une idée, au fond, obscène. «Je déteste cette idée anglo-saxonne qui veut que l'exercice performant des responsabilités passe forcément par le rapport monétaire» Les stock-options J'ai rencontré des investisseurs américains qui étaient choqués que je n'ai pas de stock-options et qui me demandaient: «Mais, comment pouvez-vous bien gérer votre boîte si vous n'en avez pas?» J'ai travaillé dans la haute fonction publique. J'ai vu tellement de femmes et d'hommes qui avaient un traitement modeste pour un engagement total... Je ne suis, cependant pas hostile, au principe des stock-options. Elles sont un formidable moyen de dynamisation de l'économie. Un jeune de 25 ans, diplômé de Centrale ou HEC, mais dépourvu d'expérience et de carnet d'adresses de relation, arrivera à créer une entreprise d'autant plus performante, qu'elle pourra, dès l'origine, agréger des gens de qualité. Ce mode de rémunération différé peut être un formidable moyen, pour des entreprises qui démarrent, d'avoir accès au plus hautes compétences du marché du travail en ne les payant pas immédiatement mais de manière différée. Tuer cette idée ne me paraît pas une bonne chose. En revanche, il faut tout de même que le patronat s'interroge sur le niveau de refus et d'incompréhension que suscite cette forme de rémunération. «Tuer cette idée ne me paraît pas une bonne chose» La Corse Quand j'y suis, j'y suis heureux, toujours. D'ailleurs, je ne sais pas ce qui fait qu'on a des liens avec un territoire. L'histoire, les souvenir , les odeurs, les couleurs. En Corse, je me sens bien, je suis chez moi. Dons j'y suis heureux. Participer au Tous droits réservés : Le Nouvel Economiste 339CE3DC8790E10945091DD0FE0431FA4A82EF39F9706027B721692 développement économique de la Corse et m'y impliquer? Je ne l'ai pas fait jusqu'à maintenant. Pourquoi pas, si l'occasion se présente, je le ferai volontiers. Mais il y a du travail à faire. Cela étant, je n'ai aucune - mais alors aucune! - espèce d'ambition élective, ni en Corse ni ailleurs. Non pas que je méprise ce métier, qui est l'un des plus beaux du monde, mais parce que le temps est passé. «Je ne sais pas ce qui fait qu'on a des liens avec un territoire. L'histoire, les souvenir, les odeurs, les couleurs» Jean-Cyril Spinetta, Président du conseil d'administration Air France/KLM Franck Bouaziz , Julien Tarby Diff. 30 510 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Les débats de l'Obs Les nouveaux déclassés par Camille Peugny En France, les jeunes générations vivent moins bien que celle de leurs parents. La crise sociale les frappe de plein fouet. Analyse d'un sociologue Le Nouvel Observateur. Aujourd'hui, une génération entière, même bardée de diplômes, est menacée de «déclassement» social et pense qu'elle vivra moins bien que la génération de ses parents. Quel peut être l'avenir de cette génération «stagiaire» alors que la crise va accentuer la précarité et le chômage? Camille Peugny.- D'un point de vue économique, cette génération vit objectivement moins bien que celle de ses parents. Elle est certes en moyenne plus éduquée, mais elle doit s'insérer sur le marché du travail dans un contexte économique dégradé. Au lendemain de la guerre, les premiersnés du baby-boom, majoritairement issus de familles paysannes ou ouvrières, ont bénéficié de la diffusion rapide du salariat moyen et supérieur qui accompagne les Trente Glorieuses pour s'élever massivement au-dessus de la condition de leurs parents. Les générations nées vingt ans plus tard font face au chômage de masse et à une catégorie d'emplois moins valorisants. Stages «gratuits», petits boulots précaires, chômage deviennent autant de points de passage obligés avant de pouvoir décrocher, à presque 30 ans en moyenne, un premier contrat à durée indéterminée. Par rapport aux générations précédentes, ce sont autant d'années perdues qui ne seront jamais rattrapées, tant l'état de l'économie lors des premières années d'activité est déterminant pour l'ensemble de la carrière. Pis, avec la crise, ce retard pourrait même encore se creuser, les accidents de carrière risquant de se multiplier. N. O.- Vous faites remonter dans votre essai l'accélération du déclassement au lendemain des Trente Glorieuses. Pourquoi les générations post-baby-boom sontelles selon vous des «générations sacrifiées»? . C Peugny.- Les perspectives de mobilité sociale sont maximales pour ceux qui sont nés au milieu des années 1940, puis elles se détériorent progressivement jusqu'à atteindre un seuil plancher pour les générations nées au tournant des années 1960. Cette détérioration est généralisée. Elle concerne les fils et les filles de toutes les origines sociales: pour les enfants d'ouvriers, les trajectoires vers les emplois d'encadrement sont plus rares; et pour les enfants de cadres, les trajectoires descendantes sont de plus en plus nombreuses. Dans la France des années 2000, un fils de cadres sur quatre (et une fille sur trois!) occupe à 40 ans un fouet. Analyse d'un sociologue déclassés ugny emploi d'ouvrier ou d'employé. Si une génération peut pré tendre au titre peu enviable de génération sacrifiée, c'est bien celle du début des années 1960. Lorsque les premiers-nés du baby-boom quittent la vie active, elle est quadragénaire et déjà trop âgée: dans les entreprises, on lui préfère celle des jeunes diplômés fraîchement sortis des études. Du moins jusqu'à une période récente, car avec la crise les jeunes diplômés sont à leur tour frappés de plein fouet. Camille Peugnyest sociologue et enseignant à l'Université de Bourgogne. Ses travaux portent sur la mobilité sociale et sur les conséquences politiques des inégalités entre générations. Il vient de publier chez Grasset «le Déclassement». N. O.- Avec les déclassés, alors qu on a assisté à une diffusion toujours plus large des diplômes, la méritocratie est-elle remise en question? Est-il responsable de continuer à encourager un tel fossé entre la formation et l'emploi? C. Peugny.- Plus d'éducation, moins de mobilité sociale: ces deux évolutions sont totalement contradictoires, a fortiori dans un pays comme le nôtre où le «mérite républicain» a longtemps cimenté la cohésion sociale. La France de 2009 n'est pas plus méritocratique que la France des années 1950 ou 1960. Certes, le lien entre l'origine sociale et le diplôme obtenu s'est distendu au cours du temps, ce qui va dans le sens d'une plus grande méritocratie. Mais parallèlement le lien entre le diplôme et la position sociale atteinte s'étiole pour les générations les plus récentes. L'accès à l'école est moins inégalitaire, mais le diplôme perd de son caractère déterminant. Que faire de ce constat? Le décalage entre la formation et l'emploi est un prétexte agité par certains pour remettre en cause les politiques de massification. Puisqu'il n'y a pas de place pour tous, il faudrait éviter de donner de faux espoirs. Ce raisonnement est en réalité dangereux. Certes, donner des objectifs chiffrés (80% au bac, puis désormais 50% d'une classe d'âge au niveau licence) n'a guère de sens. Mais si des politiques visant à rendre plus difficile l'accès à l'enseignement supérieur étaient décidées, les victimes en sont connues à l'avance: les enfants des classes populaires. Améliorons plutôt le fonctionnement de l'enseignement supérieur, par exemple en repensant la coexistence des deux filières que sont les grandes écoles d'un côté et l'université de l'autre (une exception française!). Alors même que les grandes écoles recrutent les meilleurs étudiants quasiment exclusivement issus des milieux favorisés (moins de 1% des enfants d'ouvriers accèdent à une grande école, contre 21% de ceux dont le père exerce une profession libé- rale!), un étudiant de ces grandes écoles coûte à l'Etat deux fois plus qu'un étudiant à l'université. Il est crucial de réduire ce fossé, en développant les diplômes communs notamment. Sinon les efforts nécessaires se traduiront par un système plus que jamais à deux vitesses, les grandes écoles reproduisant une élite qui trouverait naturellement sa place au sommet de la pyramide des emplois, et l'université s'efforçant seule de s'adapter à la réalité du marché du travail. Manifestation de jeunes stagiaires en entreprise, le 1er novembre 2005 à Paris. Ils dénoncent les abus dont ils sont victimes et réclament une réforme de leur statut. N.O.Quelles sont les conséquences politiques de la frustration sociale des déclassés? . C Peugny.- Les déclassés sont ouvriers ou employés et vivent avec un sentiment aigu de précarité. Ils sont donc attachés au rôle protecteur de l'Etat et hostiles au libéralisme économique. Mais, dans le même temps, ils travaillent et tiennent à l'encontre des chômeurs ou des bénéficiaires de l'aide sociale un discours d'une rare violence: oui à un Etat protecteur, mais pour ceux qui travaillent. La montée du déclassement n'est donc pas étrangère à une certaine «droitisation» de la société française. N. O.Voyez-vous avec l'accentuation de la crise la montée d'un mouvement de rébellion des déclassés ou sont-ils condamnés à la résignation? C. Peugny.- Personne n'est jamais préparé à l'échec, a fortiori lorsqu'on a joué le jeu: les déclassés ont fait des études supérieures, d'une durée non négligeable, et sont pourtant incapables de maintenir la position sociale de leurs parents, bien qu'ils soient très souvent plus diplômés qu'eux. Face à cette intense frustration, certains déclassés se rebellent, tiennent un discours très revendicatif et réclament un changement des règles du jeu. D'autres, au contraire, choisissent le retrait plutôt que la rébellion. Nos sociétés occidentales individualisent le succès: quand on veut, on peut; donc nous sommes nécessairement les seuls responsables de nos succès. Revers de la médaille, l'échec est également individualisé, et il devient très difficile pour les individus d'inscrire leur histoire personnelle dans un récit collectif qui les soulagerait d'un lourd sentiment d'échec. Sans doute tient-on là une des explications à l'absence de véritable mobilisation collective. Tous droits réservés : Le Nouvel Observateur 2B9AF3668BA0CF08A5051370930F41FE42C22C36C9B56C4C65726FF Mais la crise actuelle, dramatique, peut faire basculer bon nombre de déclassés de la résignation vers la rébellion. La présence de nombreux salariés peu habitués des cortèges dans les manifestations du 29 janvier en est peut-être le premier signe tangible. N. O.- Quels nouveaux types de solidarité intergénérationnelle, en dehors de celle de la famille, sont désormais envisageables? C. Peugny.- La solidarité de la famille, sauf quelques exceptions, ne peut qu'être provisoire: lorsque la génération des enfants aura consommé le patrimoine de la génération des parents pour faire face aux difficultés économiques, que restera- t-il à la génération des petitsenfants? La famille ne pourra pas indéfiniment remplacer l'Etat, et la solution passe par une vraie politique de redistribution des richesses. Comment accepter que le sommet de la distribution des revenus (le centile le plus riche) voie sa richesse exploser, grâce au bouclier fiscal notamment? Il est urgent d'en terminer avec ces mesures idéologiques et clientélistes et de rétablir une vraie progressivité de l'impôt Ce qui, au passage, permettra de faire en sorte que le poids de la redistribution pèse un peu moins lourdement sur les épaules des classes moyennes. C'est notamment un vrai défi pour la gauche: il est là, pour elle, le sillon à creuser. Juste socialement, et probablement efficace électoralement... FRANCOIS ARMANET , GILLES ANQUETIL Diff. 542 529 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Le point de la semaine Emploi-management Mesures sociales: qui va payer? Prime de 500 euros pour les jeunes n'ayant travaillé que deux mois, indemnisation du chômage partiel à hauteur de 75%: ces deux mesures seront financées par le fonds d'investissement social, dont la création a été annoncée la semaine dernière par Nicolas Sarkozy. Son financement (2,5 à 3 milliards d'euros) laisse les partenaires sociaux dubitatifs. L'Etat promet de mettre la moitié au pot: 500 millions issus du volet emploi du plan de relance et 800 millions d'argent frais qui doivent être votés par le Parlement. L'Unedic et les fonds de la formation professionnelle apporteraient le complément. Or syndicats et patronat sont loin d'être convaincus de l'efficacité du nouveau dispositif. La CFDT espérait une dote initiale de 6 milliards d'euros. La CGT redoute un Tous droits réservés : Le Point D298530D89A0A006050414D0700E716244B22A34B97E6A5906DA51D grand «fourre-tout» où l'Etat reprendrait la main sur des fonds gérés jusqu'ici par les partenaires sociaux. Enfin, le Medef dénonce une nouvelle «usine à gaz» aux missions tous azimuts... Aurore Gorius Diff. 396 633 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Mercredi 25 Février 2009 Faire des économies sans rogner sur la masse salariale Edition de Marseille - Avis de gros temps dans le secteur santé. Les syndicatsdes personnels hospitaliers appellent à une journée nationale d'action jeudi prochain pour protester contre le projet de loi Bachelot « Hôpital, santé, territoires ». Le texte prévoit de réorganiser le secteur hospitalier pour faire des économies. Son application serait un enjeu supplémentaire pour l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), qui, de fait, se réorganise déjà pour tenter de revenir à l'équilibre financier. Après un déficit de 57 millions d'euros en 2008, l'objectif est d'atteindre 5% d'économie par an, d'économiser 14 millions dès 2009 et d'atteindre l'équilibre en 2014. La CGT craint « 1 500 suppressions de postes » parmi les 14 000 agents de l'AP-HM. « Près de 70 % du budget est consacré aux salaires. Je ne vois pas comment on peut économiser sans essayer de réduire le personnel », estime Yves Castino (CGT). La direction dément : « Il n'est pas question de faire baisser le nombre d'agents, assure Pierre Pinzelli. Nous en avons besoin pour développer l'activité de nos services, qui est notre source de financement. » Parallèlement aux problèmes des personnels statutaires, les syndicats dénoncent la non-titularisation de personnels en contrats aidés, notamment des coursiers. Une réunion sur le sujet pourrait avoir lieu cette semaine avec la direction. ■F. L. dans 20 Minutes du 25/02/2009 Tous droits réservés : 20 Minutes 979E935488906A0055F61680300881C04792C13A29606546E2C2CBB Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 Evénement Abus de pouvoir en série L'urgence revendiquée par Sarkozy sert d'alibi pour contourner les contrôles démocratiques. L'hyper président, qui vient, dans l'affaire Pérol, de passer par-dessus une commission de déontologie, n'épargne pas grand-monde. Parlement, ministres, CSA ou encore syndicats ont fait les frais des petits arrangements sarkozystes avec les garde-fous démocratiques. Exemples. LE PARLEMENT court-circuité Tout à sa volonté de réformer à marche forcée, l'Elysée a depuis juin 2007 imposé un rythme d'enfer aux législateurs. Quitte à bousculer les us en vigueur et bâcler le travail. La procédure dite «d'urgence» qui permet l'adoption des textes gouvernementaux au terme d'une seule lecture par chambre est ainsi devenue la règle: la moitié des projets de loi examinés depuis juin 2007 et la quasi-totalité des textes d'envergure (réforme de l'université, de la justice, de l'hôpital, de l'audiovisuel public, loi de modernisation de l'économie et du marché du travail, Grenelle de l'environnement...) y ont été soumis. «L'urgence, c'est devenu le régime de croisière. C'est une mauvaise habitude, un vrai problème» , confirme un ponte UMP de l'Assemblée nationale. L'interventionnisme élyséen ne s'arrête pas là. «C'est une pratique courante et agaçante de voir débouler des amendements gouvernementaux en toute fin de discussion des textes» , confirme-t-on dans les coulisses du Palais Bourbon. «C'est d'autant plus exaspérant que ces dispositions souvent mal ficelées sont ensuite recalées par le Conseil constitutionnel.» Ce qui n'a pas empêché Sarkozy, en pleine polémique sur le projet de loi OGM, de se coller en personne à la rédaction de l'amendement censé apaiser sa majorité... Cette prédisposition élyséenne à réduire le Parlement à une chambre d'enregistrement a atteint son paroxysme le 7 janvier : ce jour-là, le Sénat fut appelé à débattre d'un projet de loi audiovisuelle dont la disposition phare, la suppression de la publicité sur France Télévision, était effective depuis deux jours... le président.» Début février, il remettait ça: «Nous passons d'un système d'hypocrisie totale à un système de transparence totale.» Bel exercice de transparence : plutôt que de réformer un CSA sous influence (et aujourd'hui entièrement nommé par la droite), le président de la République tient l'audiovisuel public par la télécommande (lire aussi page 29). Les responsables UMP se veulent plus optimistes pour l'avenir : l'entrée en vigueur le 1er mars de la révision constitutionnelle devrait ainsi contraindre l'exécutif à plus de mesure: «Au moins, le gouvernement sera obligé de déposer ses textes six semaines à l'avance!» Le président se substitue volontiers à ses ministres, voire à son Premier ministre. Et les humilie à l'occasion. Rachida Dati ou Yves Jego en savent quelque chose. Mais le cas de Christine Albanel est emblématique. L'an dernier, la ministre de la Culture et de la Communication apprenait qu'elle aurait à défendre une réforme de l'audiovisuel qui avait été élaborée sans elle et, mieux encore, à son insu. Rebelote cette année avec l'installation par Nicolas Sarkozy d'un «Conseil de la création artistique» , une grande gifle infligée au ministère de la Culture, sans doute pour mieux fêter ses cinquante ans. Ce conseil dirigé par Marin Karmitz doit impulser un «changement de culture» après des décennies de «mauvaises habitudes» . Sarkozy l'a dit sans détours : l'Etat n'arrive pas «à faire des choix et à assumer ses responsabilités» en matière d'aide à la création artistique, donc l'Elysée va s'en charger lui-même . Traduit dans le langage de la CGT spectacle, cela donne : on va«confier le rôle et la mission d'une institution républicaine à un Conseil privé présidé par Nicolas Sarkozy lui- LE CSA télécommandé «J'suis cocu, mais content.» Sur la playlist du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), Serge Lama tourne en boucle depuis que Nicolas Sarkozy a confisqué au gendarme du PAF sa prérogative la plus importante : la nomination des présidents de l'audiovisuel public. Ce qui n'a pas empêché Michel Boyon, patron de cette «instance administrative indépendante» qu'est le CSA de qualifier la loi sur l'audiovisuel, qui lui coupe pourtant le kiki, de «très bon projet» . C'est le 25 juin dernier que le PDG de la France a annoncé la nouvelle: «Les choses doivent être claires, il y a un actionnaire, cet actionnaire nomme LES MINISTRES bafoués même» . LES SYNDICATS trompés Côté social, la grande trahison date de mai 2008, quand Nicoals Sarkozy présente au Parlement son projet de loi sur «la rénovation de la démocratie sociale» et «la réforme du temps de travail», que Xavier Bertrand passe en force pour pouvoir clamer «Nous sortons enfin des 35 heures», signant le forfait. De fait, pour les syndicats et le patronat, il n'était jusque-là question que de modernisation du dialogue social. Aiguillonnés par l'Elysée dès mai 2007, la CGT, la CFDT, le Medef et la CGPME avaient fini par accoucher d'une «position commune» - au grand dam des plus «petits» syndicats - sur la représentativité, qui profite essentiellement aux «gros». Ils étaient même d'accord pour augmenter par accord majoritaire le contingent d'heures supplémentaires. Mais dans le projet de loi qu'il présente aux parlementaires, Xavier Bertrand travestit la «position commune» : il y ajoute 5 articles permettant aux entreprises de ne pas appliquer la réglementation des 35 heures. La CFDT et la CGT sont furieuses. «On ne peut pas avoir Tous droits réservés : Libération 589B13528620320AA5E61570D704610A4D82EA31498F61B24E8643A confiance dans un gouvernement qui ment», déclare François Chérèque. Le Medef de Parisot aussi : «Nous avons été pris en traître.» FO se marre, comme l'aile plus radicale de la CGT qui reprochait à Thibault d'avoir signé au côté du Medef, sur l'air du «On vous l'avait bien dit» . Bon gars, François Fillon a par la suite proposé aux syndicats «une charte du dialogue social» et «un code mutuel de bonne pratiques» . Tentative d'adoucir syndicats et patronat ou ultime provocation ? N.R., R.G., I.R., E.La. et S.F. Diff. 144 054 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Protection sociale Samedi 28 Février 2009 Radio La Sécu aurait-elle vécu ? Isabelle Giordano. Sécurité sociale. Service Public. Isabelle Giordano démarre aujourd’hui, à raison d’un par mois, une série de débats en direct et en public avec les auditeurs. Alors que l’on annonce un trou de 15 milliards d’euros pour 2009, la journaliste s’interroge : est-ce la fin de la Sécu ? Il lui faudra une bonne dose de sangfroid, d’autant qu’elle accueille les militants de l’UFC-Que choisir, qui sont très attachés aux principes de solidarité sur lesquels fonctionne la Sécu, depuis sa création, en 1945. Grand défenseur de l’assurance santé, Nicolas Pomiès (1) dénonce, sur le site de l’Union des familles laïques, les manœuvres du frère aîné du Président, Guillaume Sarkozy, et de Jean-Louis de Mourgues, grands patrons UMP du monde de l’assurance. Le premier est délégué général de Malakoff Médéric (protection complémentaire), le second est un ex de AG2R (retraite, prévoyance, épargne...), deux groupes qui espèrent prendre le relais de la Sécu, si celle-ci disparaît. Car il s’agit bien de cela : les assureurs privés convoitent depuis longtemps le marché de la santé, évalué à 200 milliards d’euros par an. Dans Il risque de pleuvoir (2), un roman sorti il y a un an sur la mort annoncée de cette belle particularité française, Emmanuelle Heidsieck dénonce les compagnies d’assurances « qui complotent pour faire main basse sur les données médicales confidentielles. » Certes, il y a des abus et la population vieillit. Mais à qui la faute si le déficit grandit ? Les militants de l’Union fédérale des consommateurs accusent les labos pharmaceutiques et les médecins. Ils Tous droits réservés : Télérama CA99535C8800DE0245671E80290C412840425A37892063AE14476FC vont le dire chez Isabelle Giordano : les mauvaises prescriptions auraient coûté l’an passé plus de 650 millions d’euros à la collectivité. Anne-Marie Gustave (1) Directeur, notamment, de l’Avenir mutualiste et de la Mutuelle solidaire d’aide à la personne. (2) Ed. du Seuil. Jeudi 10.05 - Service Public - France Inter Diff. 654 400 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 ECO Claude Frémont reste au chevet de la Sécu RAPPEL DES FAITS. Directeur de la Caisse primaire d’assurance maladie de Nantes, Claude Frémont claque la porte de la Sécurité sociale en octobre 2006. Connu pour son opiniâtreté dans la lutte contre la fraude il avait démissionné pour dénoncer les dysfonctionnements de l’assurance maladie. «ADIEU SÉCU » devait être son livre testament. Un ouvrage de 212 pages pour régler ses comptes avec l’assurance maladie et puis s’en va. Mais aujourd’hui, trois ans après cette publication, Claude Frémont n’a toujours pas tourné la page de ses années Sécu. Alors, à 65 ans, il reprend la plume. Son nouvel opus devrait sortir fin 2009 ou début 2010. Son titre (provisoire) ? « Et la santé bordel ! » Il y passera au crible les récentes réformes de l’assurance maladie. Dernière en date et en cours d’examen à l’Assemblée nationale, la loi dite Bachelot : « C’est une réforme antisociale qui poursuivra le démantèlement du service public de l’assurance maladie », fulmine-t-il. Adepte du parler vrai, Claude Frémont a chèrement acquis cette liberté de ton. Ses divergences de vue sur l’orientation de l’assurance maladie ont été à l’origine de son départ de la caisse primaire de Nantes. Avec lui, la Sécurité sociale a perdu un fort en bouche. Mais aussi un précurseur sur le plan de la lutte contre les fraudes. En 1994, la découverte d’une gigantesque Tous droits réservés : Aujourdhui en France 269033B086C09C0D75DC1CF0400531084EB2603369526924C2D68A5 escroquerie de la part d’un kinésithérapeute lui met la puce à l’oreille. Il fonde une cellule d’enquêteurs. Les affaires tombent les unes après les autres. Le Nantais gagne, peu à peu, des surnoms tels que le Chevalier blanc, Lucky Luke ou encore Zorro. Dernier gros coup en tant que directeur d’une caisse de Sécurité sociale, Claude Frémont obtient le remboursement des frais occasionnés par la blessure d’un joueur du FC Nantes, victime d’un tacle d’un footballeur de l’Olympique de Marseille. Bref, Claude Frémont est du genre « droit au but ». Boris Cassel Diff. 161 408 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire Jeudi 26 Février 2009 France Les évolutions familiales obligent à repenser le mode de calcul des retraites Les pensions de retraite des femmes représentent 48 % de celles des hommes en France. Face à ces inégalités, une étude de l'Ined fait le point sur les instruments correctifs mis en place dans plusieurs pays européens. Augmentation des divorces, multiplication des unions hors mariage : l'évolution des rapports sociaux au sein du couple a un impact significatif sur le niveau des retraites des femmes. Traditionnellement, ces dernières bénéficiaient pendant leur période de retraite des pensions versées à leurs maris, puis d'une pension de réversion une fois devenues veuves. Un modèle familial qui devient moins fréquent et qui pose la question d'une évolution des régimes de retraites vers l'acquisition de droits individuels par les femmes. Plusieurs pays européens sont concernés par cette mutation, comme le montre une étude de l'Ined parue aujourd'hui (1). Dans chacun d'entre eux, le constat de départ est clair : les écarts de pension entre hommes et femmes sont systématiquement défavorables aux femmes. Parmi les 5 pays étudiés (Allemagne, France, Italie, Suède et Royaume-Uni), la France est le pays où l'écart est le plus important : la pension de retraite de droit propre des femmes représente seulement 48 % de celles des hommes (contre 68 % en Suède). Des écarts qui s'expliquent en grande partie par une fréquence accrue du temps partiel pour les femmes (environ 40 % des femmes en emploi sont à temps partiel, une proportion qui croît avec le niveau d'activité des femmes) et des niveaux de rémunération plus faibles en moyenne. Face à ce constat, plusieurs logiques coexistent pour rétablir une égalité entre les sexes. Pour les uns, il s'agit de rendre moins étroit le lien entre cotisations et prestations. C'est le cas des minima de pension (pension forfaitaire au Royaume-Uni, minimum contributif en France) qui rehaussent le niveau des retraites sous certaines conditions mais ne font que limiter les écarts, sans les supprimer. Les règles de calcul de la pension peuvent aussi être adaptées pour ne pas désavantager les carrières courtes ou accidentées (en faisant par exemple un calcul sur la base des meilleures années), mais les récentes réformes intervenues dans les pays européens ont plutôt tendance à lier étroitement les pensions aux cotisations versées. Corriger l'impact des enfants Les défenseurs d'une parité stricte considèrent que le problème doit être traité avant la retraite et pendant le déroulement de carrière par des politiques d'égalité salariale et de soutien à la conciliation vie privéevie professionnelle. Un modèle qui tend à supprimer progressivement les dispositifs de compensation dont peuvent bénéficier les femmes. matrimoniales, une autre piste a été explorée : celle du partage des droits à la retraite au sein du couple, apparu en Allemagne puis au Royaume-Uni. La méthode consiste à faire la somme des droits à la retraite acquis par le mari et la femme au cours de leur union et à les partager également entre eux deux. Ce partage permet d'individualiser les droits acquis au sein du couple, notamment en cas de divorce. Le recours aux droits familiaux reste cependant le plus fréquent dans les pays européens étudiés. Ils permettent de compenser l'impact des enfants sur les carrières. Cet octroi de droits, sans supplément de cotisation pour l'assurée, existe depuis longtemps en France et prend des formes variées (majoration de la durée d'assurance de deux ans par enfant, majoration de la pension de 10 % à partir du 3e enfant), mais pose un problème de discrimination à l'égard des hommes récemment souligné par la Halde (2). C'est d'ailleurs un sujet sur lequel se penche actuellement le Conseil d'orientation des retraites. En Italie, en Allemagne ou encore en Suède, le couple peut choisir lequel de ses deux membres bénéficiera de ce droit, de manière à inciter à un partage de l'éducation des enfants plus équilibré entre mari et femme. MARIE BELLAN Pour tenir compte des évolutions Tous droits réservés : Les Echos E19CA3B58150AF0B754F1420E00831994B829931B9326A3C5979644 Diff. 140 313 ex. (source OJD 2005) Retour Sommaire