Le Nouvelliste VALAIS 23 Samedi 21 janvier 2006 jcz - gb L’IRO change de tête MÉDECINE Le professeur Nicolas Ducrey devient le nouveau président de l’Institut de recherche en ophtalmologie de Sion. Schorderet nommé à l’EPFL Le Conseil des écoles polytechniques fédérales vient d’octroyer le titre de professeur titulaire externe en génétique humaine à Daniel Schorderet. Ce dernier demeure en parallèle directeur de l'Institut de recherche en ophtalmologie (IRO), Sion. La nomination du Fribourgeois doit permettre à la faculté des sciences de la vie de l’EPF Lausanne d'étoffer ses capacités dans le domaine de la transmission du savoir. Daniel Schorderet bénéficie à cet égard d'une expérience confirmée dans techniques et des instruments de pointe utilisés pour la recherche de base de la fonction visuelle, ainsi que pour des études cliniques. Originaire de Fribourg, Daniel Schorderet est né en 1954. Après ses études de médecine à Fribourg et à Genève, il devient en 1985 Senior Fellow in Medical Genetics au Centre de maladies génétiques, à l'Université de Washington, Seattle (USA). Il revient en Suisse en 1991 et rejoint le CHUV, en tant que professeur associé et responsable de l'Unité de «Je donnerai 28 heures de cours par an à l’EPFL.» DANIEL SCHORDERET DIRECTEUR DE L’IRO Gilbert Debons, (à gauche) vice-président et le prof. Nicolas Ducrey, nouveau président du conseil de fondation, vont s’attacher à trouver de nouvelles sources de financement pour l’IRO. MAMIN BERNARD-OLIVIER SCHNEIDER L’Institut de recherche en ophtalmologie (IRO), Sion, s’est trouvé un nouveau président. Le professeur Nicolas Ducrey a succédé hier au professeur Claude Gailloud. Ce dernier s’est vu immédiatement nommé président d’honneur. Membre du Conseil de fondation de l’IRO, le vice-président Gilbert Debons a relevé que Claude Gailloud, professeur honoraire de la Faculté de médecine de Lausanne, s’était dépensé sans compter pendant plus de quinze ans pour que l’IRO trouve une bonne vitesse de croisière et l’assurance de survivre dans le paysage suisse de la recherche. «Dénicher un successeur digne de lui ne tenait pas de la sinécure. Nous y sommes parvenus, avec le professeur Nicolas Ducrey, directeur médical adjoint à la Clinique ophtalmologique de Lausanne. Mieux. Nous permettons ainsi à ce Sédunois d’origine, exilé dans la capitale vaudoise, de renouer avec ses racines.» Nicolas Ducrey a tout lieu d’être satisfait. Il se félicite en particulier d’être bien entouré. «Le directeur de l’IRO, le professeur Daniel Schorderet est un scientifique de réputation internationale, un chercheur doublé d’un clinicien, ce qui est rare.» Reste que l’horizon n’est pas forcément rose bonbon: «Aujourd’hui, faute de moyens, l’Etat réduit son soutien à la recherche. Or un pays sans recherche est un pays qui meurt. Nous ne pouvons demeurer les bras croisés. Nous allons chercher de nouvelles lignes de financement en faisant davantage appel aux privés. Voire aux particuliers: parce que l’on sait bien que ce sont les petites rivières qui font les grands fleuves.» Budget de 2,5 millions A cet égard, Gilbert Debons a annoncé qu’il mettra en orbite la semaine prochaine une structure de recherche de fonds professionnelle. Elle doit servir à bétonner les assises financières de l’IRO. Le directeur Daniel Schorderet précise: «Notre budget annuel, environ 2,5 millions, est aujourd’hui en bonne partie pris en charge par la Confédération, le canton du Valais et la ville de Sion. Nous ne serions pas contre un sponsoring provenant d’une entreprise pharmaceutique, par exemple. Mais il faudrait bien sûr que cela cadre avec les options stratégiques de notre programme de recherche» (lire l’encadré). L’IRO compte vingt-cinq collaborateurs, des biologistes, des ingénieurs, des laborantines, des apprentis en informatique... Nombre d’entre eux sont originaires du Valais. «Nous permettons à des Valaisannes et à des Valaisans qui ont suivi une formation de pointe à l’extérieur de revenir. C’est tout bénéfice, pour eux, pour nous, comme pour le canton», se félicite le professeur Schorderet. Le mot de la fin appartient au professeur Claude Gailloud: «Au départ, créer une structure de recherche en Valais, l’IRO, était une aventure à haut risque, à la limite de l’utopie. Aujourd’hui, on peut affirmer que la réussite est au rendez-vous. Nous sommes bien partis pour durer.» OBJECTIF ZEBRAFISH En collaboration avec l’Hôpital ophtalmique de Lausanne, l’IRO a mis en place le programme «Gènes et Vision». Ledit programme se propose d’étudier les mécanismes impliqués dans le développement de l’œil et de la vision, ce de la période embryonnaire à l’âge avancé. A cette fin, l’institut de recherche s’appuie notamment sur des recherches impliquant des animaux, en l’occurrence le zebrafish. Avantage: ce petit poisson a notamment de gros yeux, que les chercheurs peuvent observer en continu, du stade larvaire à l’âge adulte. l'enseignement de la génétique humaine, tant fondamentale qu'appliquée à la clinique. Au bénéfice d’une longue pratique, il est à même de communiquer dans ses cours les défis présents et à venir de la recherche dite «translationnelle», autrement dit traduite en pratiques thérapeutiques. La théorie et la pratique. Daniel Schorderet dirige depuis septembre 2003 l'Institut de recherche en ophtalmologie (IRO), une fondation à but non lucratif créée en 1989, à Sion, qui a notamment pour pour mission de contribuer, en collaboration avec les hautes écoles et universités du pays, à une meilleure connaissance des maladies oculaires, dans le but de développer des diagnostics plus précoces et des thérapies plus efficaces. A cette fin, Daniel Schorderet a rassemblé au sein de l'IRO un groupe de physiciens, ingénieurs, biologistes et médecins pour cerner la génétique des maladies ophtalmiques et développer des génétique moléculaire de la Division autonome de génétique médicale dont il est médecin chef de 1997 à 2003. Un défricheur couronné. Depuis 2003, Daniel Schorderet est médecin chef à l'Unité d'oculogénétique de l'Hôpital Jules Gonin, à Lausanne. Ses travaux scientifiques ont eu un impact significatif dans le domaine de la génétique clinique, aussi bien que dans celui de l'ophtalmologie et de la génétique ophtalmique. Ses pairs le créditent de découvertes importantes en rapport avec plusieurs pathologies oculaires d'origine génétique, en particulier la dystrophie de la cornée. Membre du comité éditorial de Human Mutation, siègeant dans plusieurs comités scientifiques ou médicaux en Suisse, le Fribourgeois préside actuellement la Commission de la recherche de l'Université de Lausanne. En 1999. il a été lauréat de l'Albert Vogt Award pour ses travaux sur la dystrophie de la cornée. BOS Constructions illégales, quelles conséquences? IMMOBILIER Réponses objectives avec Hans Meier, président de la commission cantonale des constructions. CHRISTIAN CARRON Les trois constructions de Verbier mises en cause mercredi par un groupement de propriétaires de chalets dans le secteur Daboné sont-elles conformes ou non aux plans autorisés («Le Nouvelliste» d’hier)? En attendant que le dossier soit instruit par la justice, Le Nouvelliste a demandé à Hans Meier, président de la commission cantonale des constructions (CCC), qui a la compétence pour intervenir et quelles peuvent être les mesures possibles lorsqu’un bâtiment est effectivement déclaré illégal. «Il faut d’abord distinguer si la construction est réalisée en zone à bâtir ou non. Dans le premier cas, c’est la commune, qui a délivré l’autorisation de construire, qui est compétente; dans le second, la CCC.» Si on considère le premier cas, la commune intervient dès qu’elle remarque – ou dès qu’un tiers lui fait remarquer – des irrégularités. «Si la construction n’est effectivement pas conforme aux plans autorisés, la commune doit demander l’arrêt des travaux et exiger des constructeurs une explication.» torisés. Ce qui implique une intervention directe sur le bâtiment. «Le constructeur peut alors faire recours contre cette décision de remise en état auprès du Conseil d’Etat, du Tribunal Cantonal et jusqu’au Tribunal Fédéral. Des démarches qui prennent passablement de temps durant lequel les travaux sont arrêtés» précise Hans Meier. De recours en recours... Si l’explication est satisfaisante et les modifications par rapport aux plans approuvés sont autorisables, des nouveaux plans peuvent alors être déposés en vue d’une régularisation de ce qui est construit. Si ce n’est pas le cas, la commune doit exiger du constructeur la mise en conformité avec les premiers plans au- Dénonciation possible. Dans le cas où le bâtiment est terminé, une dénonciation est toujours possible après coup. «Dans ce cas, la commune se tourne vers le propriétaire, respectivement la personne inscrite au registre foncier qui est généralement le requérant. Celui-ci peut alors se retourner à son tour contre l’architecte, voire l’entrepreneur.» Hans Meier est catégorique: «Si la construction n’est effectivement pas conforme aux plans autorisés, la commune doit demander l’arrêt des travaux et exiger des constructeurs une explication.» LE NOUVELLISTE