II. Pour Approfondir • Ou bien on les oppose en dévalorisant la théorie, ou bien elles se complètent en vérité, toujours au bénéfice de la pratique qui en tire ses progrès (par exemple, le progrès technique qui se fonde sur la science théorique). • La théorie tire en effet de l'analyse de la réalité des règles d'action et des principes généraux, la pratique se nourrit de son dialogue avec la théorie pour mieux satisfaire les besoins de l'homme. Dans l'Antiquité, l'opposition entre la théorie et la pratique est franche : • Aristote distingue la théorie de la pratique en séparant le savoir théorique qui représente la partie la plus haute de l’âme, à l’intelligence pratique ou prudence qui structure le désir. Ainsi, la praxis (action) s’oppose à la poeisis (production) et à la théoria (contemplation). • Autrement dit, pour Aristote la praxis, l’action morale et politique doit être distinguée de la théoria, la contemplation philosophique ou scientifique. Le domaine des choses humaines est sujet aux changements, aux variations, on ne saurait donc en exiger une exactitude, une précision, qui ne se trouvent que dans les sciences théoriques telles que la physique, les mathématiques ou la métaphysique. Cette science pratique dont il sera question avec Aristote traite de l'homme en tant que sujet agissant, c'est-à-dire en tant que son action s'inscrit dans un monde changeant et en partie imprévisible. Ainsi, la science pratique se préoccupe moins de la fin de toute action (le Bien absolu) que des moyens pour parvenir au meilleur possible. Sa faculté propre, c'est la phronésis, la prudence, qui règle rationnellement l'action (voir le livre VI de l'Ethique à Nicomaque). • Dans l’introduction à la Critique de la faculté de juger, il distingue ainsi la philosophie théorique, qui n’use que de concepts de la nature rendant possible une connaissance a priori des phénomènes, et une philosophie pratique, qui recourt au concept de liberté, ce qui n’autorise aucune connaissance, mais « institue en revanche pour la volonté des principes élargissant cette volonté et qui, pour cela, sont appelés pratiques ». Ainsi, lorsque la raison donne des directives à la volonté, cette raison est pratique, dans la mesure où elle contient la règle de la moralité. Elle est théorique ou spéculative lorsqu'elle concerne la connaissance. • Théorie et pratique sont pourtant indissociables. Kant remet en cause le lieu commun suivant : « il se peut que ce soit juste en théorie mais en pratique cela ne vaut point ». Car si la théorie est juste, elle doit permettre de rendre compte de la pratique et de la guider. Les expériences pratiques qui ne correspondent pas à la théorie montrent simplement que la théorie doit être corrigée. C'est l'exercice même du jugement qui assure « le lien et le passage de l'une à l'autre » : en permettant de discerner « si quelque chose est ou non le cas qui tombe sous la règle », c'est lui qui autorise et assure les avancées positives de la réflexion comme de l'action. • Réflexion sur la pratique humaine, qui cherche moins à interpréter le monde qu’à le changer (Marx) • Chez Marx, la praxis, définie comme activité humaine sensible et production matérielle par les hommes, détermine la pensée théorique. La philosophie ne doit pas se contenter de contempler la réalité mais plutôt chercher à la transformer. Kant : Philosophie théorique et philosophie pratique • Cette antique division entre theoria et praxis se retrouve dans la pensée kantienne où elle met en rapport deux domaines complètement séparés : celui de la nature qu’il faut aborder par l’expérience, et celui de la morale où seule la raison peut légiférer. Editeur : MemoPage.com SA ©/2006/Auteur : Crépineaud Mathilde / Expert : Julie Poulain • Du Grec pratteîn : agir. Exercice d'une activité volontaire de nature à modifier ce à quoi l'on se rapporte (exemple : pour l'homme, son environnement.) • L’adjectif pratique, au sens philosophique du terme, signifie : - qui concerne l’action, l’activité concrète. Opposé à la théorie. - moral ou éthique, c'est-à-dire réglant l’action en vue du bien. (Que dois-je faire ? est la question pratique selon Kant) • Praxis : terme grec signifiant action mais utilisé, à la suite de Marx, pour insister sur le fait que la pratique est socialement déterminée et qu’elle détermine les pensées en général, c'est-à-dire pour souligner que l'ensemble de la conscience est le produit d'une situation historique. • En pratique § Du Grec theorein : voyager, observer, contempler. Connaissance spéculative, activité désintéressée ayant pour but la connaissance pure (et le plaisir intellectuel qu'elle procure). § Ce qui est intellectuellement connu par opposition à ce qui est réalisé, appliqué à des choses concrètes. § Dans le raisonnement, propositions premières dont découlent des connaissances particulières ou des procédures d'expérimentation ou d'action. § En science, ensemble lié d'énoncés qui ont pour but de rendre compte rationnellement d'un groupe de phénomènes. § Sens péjoratif : construction hypothétique, sans fondement et sans valeur. • En théorie I. Définitions En théorie / En pratique