LE SOLEIL Le 19 décembre 2011 Croisade non consentie par le peuple Il est temps de mettre les pendules à l'heure à la suite des doléances du chef Raphaël Picard exprimées lors de sa sortie aux médias, le 21 novembre dernier. Avant de s'adresser aux journalistes, a-t-il considéré les gens pour qui il parlait? Cet homme qui se prétend un chef protecteur du Nitassinan, sur lequel il consent lui-même à des projets d'exploration, et ce, sans le consentement populaire. D'ailleurs, nous a-t-il consultés pour entreprendre une négociation que nous savions perdue d'avance? Nous a-t-il fait connaître le contenu de la négociation? A-t-il obtenu notre consentement pour faire un blocus sur la 138 en juin dernier? A-t-il consulté sa population sur les préjudices causés aux employés licenciés et aux enseignants coupés dans leur salaire? A-t-il consulté les parents lorsqu'il a pris la décision de rationaliser le calendrier scolaire et d'imposer un programme bidon aux élèves des écoles primaire et secondaire de notre communauté? Encore aujourd'hui, la question des écoles n'est pas réglée. Une autre chose que vous ne savez sûrement pas: une promesse électorale, soit la construction de 35 maisons et dont le chantier est abandonné depuis un an et dont les coûts ne sont pas connus de la population. Des dettes judiciaires, des dettes aux fournisseurs, des dettes bancaires, des déficits budgétaires et ça continue... Qui allez-vous croire? Remémorez-vous l'année passée, lorsque M. le chef Picard a fait une annonce dans laquelle il permettait à la compagnie Argex Mining l'exploration d'une mine au Lac LaBlache, souvenez-vous de son projet d'exploration du gaz naturel situé dans le fleuve St-Laurent. Ne croyez-vous pas que c'était dans le but d'en faire l'exploitation? Tout ça, à nous aussi, citoyens de Pessamit, ça nous a pris par surprise. À votre tour, chers Québécois, M. le chef Picard tente de vous endoctriner en tentant de vous convaincre qu'il veut protéger les ressources naturelles en allant faire une croisade internationale contre le Plan Nord. Mon oeil, M. le chef! Cet homme nous a endettés, depuis qu'il a acquis le pouvoir, pour des millions et des millions de dollars. Nous, il y a des lunes que nous ne lui faisons pas confiance. Autre dossier non résolu à Pessamit, le dépotoir clandestin, qu'il a voulu faire passer sur le dos des gens de la communauté, pollue la nappe phréatique et l'environnement. La coupe à blanc sans reboisement, voilà un autre désastre écologique consenti par le chef. Alors que Monsieur le chef veut vous faire croire à vous les Québécois, qu'il est protecteur de la nature! Autre chose encore, posez-vous la question, a-t-il la fortune nécessaire pour faire le tour de l'Europe et des États-Unis afin d'entreprendre sa croisade utopique? Pendant que son peuple vit des difficultés sociales et surtout financières, où croit-il trouver l'argent pour voyager? Sans doute, Monsieur profitera-t-il de commandites de partenaires à la recherche de gisement ou de partenaires environnementaux qu'il aura convaincus par ses fabulations. Quant à nous, les citoyens, Innus de Pessamit, nous subissons les dommages collatéraux causés par ses déboires administratifs. Ce chef avait, avant tout, le devoir de soutenir, de protéger, de voir au bien-être de son peuple et non pas le larguer en le couvrant de dettes et de problèmes sociaux pour ensuite voyager à sa guise. Pour couronner le tout et sans se préoccuper de la conscience collective de sa population, il a entraîné des gens de sa communauté dans un débat judiciaire à n'en plus finir (requête d'injonction permanente). Tout ça, pour gagner du temps afin de gouverner comme bon lui semble, sans tenir compte d'aucune façon, des problèmes existants dans notre communauté. Citoyens du Québec, citoyens de la Côte-Nord, je vous en conjure, ne prêtez pas attention aux doléances pathétiques de ce chef Picard, qui se prétend protecteur du territoire. Il ne tient qu'à son propre bénéfice et à sa notoriété à travers la province. Sachez, chers Québécois, que nous, les membres de la communauté de Pessamit avons la vive intention de s'opposer au chef Picard qui nous a entraîné dans une folie démesurée... Je vous assure que nous ne contribuerons pas à son blocus, ni à d'éventuelles actions pour ralentir l'économie nord-côtière. Nous dénoncerons plutôt ses actions non consenties par la communauté. Je vous prie de me croire, chers Québécois, que ce chef ne nous consulte pas et il se donne, tout de même, le droit de parler en notre nom... André Pikutelekan Membre de la communauté de Pessamit