Le loup Dossier préparatoire pour les enseignants © Sainte-Croix Association Parc Animalier de Sainte Croix 57 810 Rhodes Tél. : 03 87 03 92 05 www.parcsaintecroix.com Édition 2015 SOMMAIRE Votre visite 3 Identification du loup 5 Evolution du loup 14 Repartition 16 Le loup dans le monde 17 Le loup en Europe 18 Le loup en France 19 Le retour du loup 22 Milieux de vie 24 Dynamique des populations 25 Vie sociale 31 Communication 33 Régime alimentaire 41 Chasse 44 Reproduction 47 Piste pédagogiques 49 Pour en savoir plus 50 Crédits 51 ... au Parc Animalier de Sainte-Croix, à Rhodes, en Moselle. association Vous trouverez à travers ce dossier quelques informations générales concernant le loup. Cette brochure est téléchargeable gratuitement sur notre site internet dans la partie «scolaires» : parcsaintecroix.com BIENVENUE ... Nous sommes à l’écoute de toute remarque ou recommandation afin de développer et d’améliorer ce document. Merci de votre confiance, bonne lecture et bonne visite au Parc Animalier de Sainte-Croix. Alexandra Kruch Responsable pédagogique 03 87 03 92 05 (standard) / 03 87 03 93 61 [email protected] Les règles d’or pour une visite agréable Limiter les bruits et les grands gestes pour ne pas effrayer les animaux (nécessaire à leur bonne observation.) Ne pas nourrir les animaux sous peine de les rendre malades ou de modifier leur comportement. Ne pas quitter les sentiers balisés. Des ongulés (cerfs, daims, mouflons) sont en semi liberté, vous les feriez fuir si vous les approchiez. Ne pas toucher les fils électriques signalés et ne pas passer les doigts à travers les grillages des animaux. Ne rien jeter dans le Parc ni sur les animaux. Ne pas arracher les feuilles des arbres. Nous vous rappelons que les enfants, même durant les activités, sont sous votre responsabilité et celle des accompagnateurs. Si le guide reste maître de son activité, TOUS les adultes doivent faire respecter la discipline élémentaire. 3 Votre sortie au Parc Animalier est une étape initiale, un temps fort ou un association aboutissement de votre projet pédagogique. Les aspects transversaux de ces apprentissages seront mis en avant en développant le respect, l’observation, l’expression orale et l’écoute particulièrement sollicités chez les Votre projet pédagogique élèves par de nombreuses situations d’échange. Activités préalables en classe Afin de préparer au mieux votre visite dans notre parc, nous vous proposons de prendre appui sur : Les malles pédagogiques : Celles-ci sont à votre disposition dans les différentes circonscriptions de Moselle. Pour vous les procurer, vous pouvez contacter les conseillers pédagogiques de votre circonscription ou locaux : C. MULLER (Sarrebourg Sud) [email protected] F. BONARD (Sarrebourg Nord) [email protected] Quelques pistes pédagogiques : Nous vous proposons ci-dessous quelques scénarios pédagogiques : Acquisition lexicale : Nous vous proposons de constituer un carnet d’explorateur dans lequel les élèves s’approprieront les noms des animaux découverts : lémuriens, bisons, .... Mise en œuvre : jeux quotidiens de mémory, devinettes, questions/réponses, .... permettant à tout un chacun de mémoriser les mots nouveaux. Découverte de l’écrit : Lecture d’albums : «le loup qui voulait changer de couleur» de Orianne Lallemand et Eléonore Thuillier, «Le loup est revenu !» de Geoffroy de Pennart, «La revanche des trois ours» de Gwyneth Williamson et Alan MacDonald. ... Mise en oeuvre de recherche documentaire Ecriture de mots. 4 RÈGNE : Animal EMBRANCHEMENT : Chordés association classification SOUS-EMBRANCHEMENT : Vertébrés (animaux à colonne vertébrale) IDENTIFICATION DU LOUP CLASSE : Mammifères (animaux munis d’un pelage et de glandes mammaires pour l’alimentation des jeunes) ORDRE : Carnivores. Animaux pourvus de canines permettant de découper des morceaux de viande. Les carnivores sont soit des digitigrades (qui marchent en appuyant sur les doigts par ex. le loup, le lynx) soit des plantigrades (qui marchent sur la plante des pieds, par ex. l’ours). FAMILLE : Canidés GENRE : Canis ESPECE : lupus (loup) signalement Taille : 100 à 150 cm de long - Queue : 30 à 50 cm - Hauteur : 65 à 90 cm au garrot. Poids : 12-80 kg, en fonction de la sous-espèce et de l’individu. COULEURS : Le plus souvent un mélange de beige et d’anthracite, mais aussi noir, blanc ou fauve. Poils du dos beiges avec la pointe noire, formant une sorte de légère crinière. On ne trouve pas de poils complètement noirs. En revanche, on observe souvent sur les pattes avant une ligne nettement plus sombre. Poitrine beige. DENTITION : 42 dents (32 chez le louveteau, dentition définitive à 7 mois). REGIME ALIMENTAIRE : Carnivore, mais mange aussi des fruits et des insectes. 5 Maturité sexuelle : 2 ans chez les deux sexes Longévité : 5-10 ans, jusqu’à 17 ans en captivité association REPRODUCTION Saison des amours : De janvier à mars selon les régions Gestation : 61-63 jours, 5 paires de mamelles Mise bas : De mars à juin selon les régions IDENTIFICATION DU LOUP Nombre de jeunes : 3-8 par portée Poids à la naissance : 300-500 g Particularités Pression de la morsure :150 kg/cm2 Déplacement : jusqu’à 60 km par nuit (record prouvé : 190 km !) Vitesse de pointe : 45 à 50 km/h Nage : Bon nageur Odorat : Peut détecter un animal à 270 m contre le vent. Sa truffe est 100 à 10 000 fois plus sensible que la nôtre. Angle de vision : 250° (180° chez l’homme) Audition : jusqu’à 40 kHz (20 kHz chez l’homme). Peut entendre d’autres loups hurler jusqu’à une distance de 6,4 - 9,6 km - les deux oreilles triangulaires peuvent bouger indépendamment. Fréquence des battements cardiaques : 90 pulsations par minute, jusqu’à 200 lors d’efforts importants (Chez l’homme 70 puls/min - enfant de 6 à 12 ans : 95 puls/min +/- 30) Fréquence respiratoire : 15-20/minute, jusqu’à 100 lorsque le loup halète (20 à 30 cycles par minute chez l’enfant - 12 à 20 cycles par minute chez l’adulte) 6 7 Un poitrail musclé le rendant plus fort qu’un chien et une cage thoracique bien ventilée pour une grande endurance. Une queue qui lui permet de communiquer avec ses congénères. Fourrure imperméable sur laquelle la pluie glisse © Sainte-Croix association Des yeux dorés qui réfléchissent la lumière. Il voit dans l’obscurité comme un chat. IDENTIFICATION DU LOUP Le pelage est composé de 3 types de poils différents, remplissant 3 fonctions distinctes : association - les poils laineux, ou poils de bourre, qui mesurent jusqu’à 6-7 cm, sont courts, fins et très flexibles. Leur forme ondulée leur permet de s’accrocher facilement entre eux procurant ainsi une isolation thermique très efficace ; IDENTIFICATION DU LOUP - les poils de couverture, ou poils de jarre, longs, gros , raide et apparents donnent la couleur générale au loup. Ils mesurent environ 13 cm, excepté sur la nuque et les omoplates où ils atteignent 17 cm, et forment l’encolure caractéristique des loups. Le long de la colonne vertébrale les poils sont érectiles et traduisent un état de colère ou de peur. La glande disposée à la base de chaque poil sécrète du sébum qui imperméabilise les poils ; - les vibrisses qui sont des poils sensitifs tactiles situés sur le museau et les joues. Comme beaucoup de caractères physiques du loup, la composition en poils dépend de la région climatique et de la saison. Ainsi les loups arctiques ont des poils de bourre très développés alors que les loups indiens n’en ont presque pas. Lorsque vient l’automne, le pelage s’épaissit pour préparer le froid de l’hiver. 8 décembre juillet association IDENTIFICATION DU LOUP mue du loup septembre 9 © Sainte-Croix Truffe 100 à 10000 fois plus sensible que celle de l’homme association IDENTIFICATION DU LOUP Les deux oreilles bougent independamment ce qui permet une localisation auditive très fine. 4 crocs 42 dents 150 kg/cm2 de pression de mâchoire 10 Le loup est un digitigrade (se déplace sur les doigts) et possède 5 doigts sur la patte antérieure (dont un ne touche pas le sol) et 4 sur la postérieure. association IDENTIFICATION DU LOUP La structure de ses membres donne au loup sa démarche particulière : pendant ses déplacements, il déporte ses pattes vers le centre, les 2 pattes avant se posant presque sur la même ligne, formant une voie rectiligne (bien visible dans la neige). Il peut adopter 4 allures différentes (pas, trot, course et galop), toutes très souples. Au pas, les empreintes des 4 pattes sont facilement distinguables alors qu’au trot le pied postérieur se pose exactement sur la trace du pied antérieur (sauf pour la louve pleine et les jeunes). Dans la neige, afin de limiter la dépense énergétique, les meutes se déplacent en file indienne en marchant chacun dans les traces du premier individu. Il est de ce fait très difficile de les dénombrer par l’observation d’une trace. La trajectoire tracée par le loup est, contrairement à celle d’un chien, généralement la plus droite possible. De plus, les meutes utilisent préférentiellement des espaces dégagés, où la locomotion est facilitée et moins dangereuse (chemins, bordures de lacs ou de cours d’eau…) même si la distance parcourue est allongée. Le trot est l’allure la plus fréquemment utilisée car elle offre le meilleur compromis dépense énergétique/distance parcourue. Il est capable de parcourir de grandes distances au trot (jusqu’à 60 km en une seule nuit) comme au galop (3 km à une vitesse de 40 à 45 km/h). La largeur importante de l’extrémité de ses pattes lui confère une grande portance, avec une pression exercée au sol de 90 à 120 g/cm², contre 350 à 1250 g/cm² pour les ongulés. Le loup se déplace ainsi relativement facilement dans la neige en s’enfonçant moins. Ceci explique notamment ses facilités à chasser le mouflon, dont la pression au sol, comprise entre 750 et 1250 g/cm², et la longueur des pattes inférieure à celle des chamois et bouquetin (10 à 25 cm plus grands au garrot), le rend particulièrement mal adapté aux terrains enneigés. L’empreinte est difficilement reconnaissable de celle d’un chien, bien que généralement plus étroite et plus allongée. La longueur du pas varie avec la vitesse de déplacement. Au pas, elle est de 90 à 130 cm. 11 12 association IDENTIFICATION DU LOUP Jusqu’à 60 km en une nuit. IDENTIFICATION DU LOUP Des griffes non rétractiles pour enterrer la nourriture ou creuser la tanière. © Sainte-Croix association Des grosses pattes pour se déplacer sur de longues distances. Vistesse maximale : 60 km/h Vitesse moyenne : 40 km/h La vitesse moyenne de course du loup est de 40 km/h mais il peut atteindre 60 km/h sur de courtes distances. Ce n’est pas un spécialiste du sprint, en revanche ses qualités de coureur endurant sont reconnues. Longueur de saut : 7 m Hauteur de saut : 2 m 13 Le loup est classé dans la famille des Canidés (Linné 1758). association Toutes les espèces de cette famille possèdent des caractères morphologiques et comportementaux communs : animaux terrestres mettant bas dans des cavités naturelles ou artificielles, qui communiquent par des mimiques faciales et des postures du corps. Ils sont digitigrades avec 5 doigts aux pattes antérieures et 4 aux postérieures ; leurs griffes ne sont pas rétractiles. Ils ont 42 dents (3 espèces font exception). Des prémolaires et molaires sont modifiées en « carnassières ». La reproduction n’a lieu qu’une fois par an (sauf pour les chiens dont la femelle a ses chaleurs 2 fois dans l’année). EVOLUTION DU LOUP Les espèces du genre Canis sont génétiquement très proches les unes des autres puisque leurs séquences d’ADN sont identiques à 94 à 96%. Certaines possèdent 78 chromosomes et sont interfécondes et leur descendance est parfois fertile. C’est notamment le cas entre le loup (Canis lupus) et le coyote (Canis latrans). Coyote (canis latrans) L’existence d’une seconde espèce de loup aux États-Unis, au sud-est du pays, le loup rouge (Canis rufus), est assez largement admise dans la communauté scientifique. Cependant certaines études génétiques récentes avancent que le loup rouge ne serait pas une espèce à proprement parler, mais un croisement naturel entre le loup gris (Canis lupus) et le coyote (Canis latrans). Ces conclusions sont controversées notamment par des études craniométriques qui confortent l’hypothèse d’espèces distinctes. 14 Chacal EVOLUTION DU LOUP Fennec Renard Chien association Exemple de canidés Le chien et le loup sont en revanche génétiquement si proches que la plupart des auteurs suggèrent qu’ils ne forment qu’une seule et même espèce, le chien n’étant qu’une sous-espèce de loup (Canis lupus familiaris). Il existe plusieurs sous-espèces de loup, dont le nombre varie selon les auteurs et l’état des connaissances : signatus (Espagne), italicus (Italie, France), pallipes (Inde), arctos (Arctique), occidentalis (Alaska), nubilus (Minnesota), baileyi (Mexique, Californie)… Elles se sont probablement différenciées au Pléistocène suite aux isolations géographiques provoquées par les glaciations. Rien qu’en Amérique du Nord, 24 sous-espèces étaient décrites avant d’être regroupées en 5 sous-espèces seulement suite à des travaux récents de génétique. En Eurasie, les travaux conduits depuis le début du 20ème siècle ont dénombré successivement 8, puis 12, puis 15 sous-espèces. Ces estimations ont été revues à la baisse par les études les plus récentes avec notamment pour l’Europe le regroupement de Canis lupus signatus et Canis lupus italicus. La différenciation génétique de ces deux sous-populations est toutefois aisée et intéressante pour l’étude de leur dispersion. Nous utiliserons par la suite les terminologies de «lignée espagnole» et «lignée italienne» (seule présente en France). Les différences entre les diverses sous-espèces restent encore sujettes à discussion et les études actuelles continuent d’apporter de nouvelles propositions de classification. 15 16 © Sainte-Croix association répartition du loup association Il est impossible de dénombrer précisément le nombre de loups présents sur un territoire du fait de sa discrétion et de ses capacités de déplacement. Tous les chiffres donnés sont donc des estimations à prendre avec précaution. Le loup est potentiellement présent dans presque tout l’hémisphère nord, à l’exception de l’Afrique du Nord. Le loup dans le monde Après avoir été quasiment exterminé aux États-Unis, le loup a été protégé intégralement en 1973 (sauf en Alaska). Depuis, les loups ont commencé à recoloniser le territoire américain à partir des populations résiduelles du Minnesota et du Michigan. Après être passé de 400.000 individus au XVIIIème siècle à moins de 1000 en 1960 dans tous les USA (hors Alaska), on en compte aujourd’hui environ 3000. Dans les pays de l’ex-URSS il est extrêmement difficile d’estimer les populations du fait de l’étendue des territoires et du manque de moyens attribués aux programmes de suivi. Il y aurait entre 100.000 et 200.000 loups sur cet immense espace, mais ces chiffres restent très théoriques et approximatifs. En Asie du Nord-Est, l’état des connaissances est également très partiel mais laisse penser que les populations sont en déclin, à l’exception peut-être de la Chine où le loup aurait profité de l’interdiction des armes à feu et des pièges et où le cheptel d’ovins est en expansion. En Inde, malgré une protection depuis 1972, la situation des 2 sous-espèces (pallipes et chanco) est très difficile à évaluer et certainement variable selon les régions : à certains endroits le loup est bien vu car il se nourrit des buffles qui ravagent les cultures, alors que dans les hautes montagnes il est chassé par les bergers car il s’attaque aux yaks, moutons et chèvres. Au Moyen et Proche-Orient, deux sous-espèces ont été identifiées : arabs et pallipes. Le loup ne disposant pas de protection dans la plupart de ces pays, l’ensemble des populations semble plutôt en déclin, même si les données de suivi sont souvent partielles, voire inexistantes. 17 À l’origine, le loup était présent dans toute l’Europe, dans tous les milieux. association Après avoir été persécuté et avec le déclin des populations d’ongulés et les déforestations massives, le loup a disparu de la majeure partie de l’ouest et du nord du continent entre la fin du XIXème siècle et la première moitié du XXème. Il ne restait alors que 2 populations sur la façade occidentale : une en Italie dans les Abruzzes (au centre des Apennins) et une en Espagne (région nord-ouest). Le loup en europe La péninsule ibérique possède aujourd’hui une population d’environ 2500 loups, dans le quart nord-ouest de l’Espagne et dans les zones proches du Portugal, en voie d’expansion par le sud et le sud-est. L’espèce est également présente dans le Pays Basque espagnol, ce qui pourrait conduire à une recolonisation des Pyrénées par l’ouest. En Italie, les Abruzzes ont constitué un refuge pour une petite population de loup. À partir des années 1970, suite à la protection de l’espèce, sa population italienne s’est développée et a recolonisé la péninsule vers le sud et le nord jusqu’aux Alpes. Les effectifs sont estimés en 2008 sur le territoire italien entre 600 et 800 individus. La zone alpine italienne hébergeait en 2010 au moins une soixantaine d’individus résidents, répartis en 19 meutes dont 7 actuellement transfrontalières avec la France (non comptabilisées dans les effectifs français). En Suisse, 8 loups différents étaient identifiés en 2011. Le premier cas de reproduction a été détecté en 2012 dans les Grisons. En 2013, après plus de 160 ans d’absence, un loup a été observé dans le canton de Neuchâtel. Au total, sur l’arc alpin franco-italo-suisse, et en l’état actuel des connaissances, il y aurait au moins 30 zones de présence permanente de l’espèce parmi lesquelles 26 sont constituées en meutes (i.e. 1 mâle + 1 femelle pendant 2 hivers successifs ou reproduction identifiée). En Europe, la diversité des méthodes de suivi mises en œuvre pour renseigner l’évolution des populations de grands carnivores limite les possibilités de comparaisons internationales. Toutefois, une tendance générale semble se dégager : parmi 25 pays européens enquêtés, Salvatori et Linnel (2005) en documentent au moins 20 dont les populations de loups sont stables ou en hausse, dont la France. 18 association En France, bien que des témoignages attestent de sa présence ponctuelle jusque dans les années 1960, le loup a officiellement disparu du pays dans les années 1930. Suite au développement de la population italienne, un premier couple installé a été observé en novembre 1992 dans le Parc National du Mercantour, à la frontière franco-italienne. Le loup en france C’est officiellement le 5 novembre 1992 que les deux premiers loups ont été aperçus en Alpes maritimes, dans le Parc national du Mercantour, formant la meute Vésubie-Tinée, meute historique du retour du loup en France. Des analyses ADN de loups installés en France et en Italie ont montré qu’il s’agissait d’individus appartenant à la même sous espèce. La population lupine qui s’étendait déjà en Italie a fait sa réapparition dans le nord de l’Italie, puis en France, dans le parc national du Mercantour, non par l’intermédiaire des Abruzzes, mais par les Alpes ligures et le nord des Apennins. Sa réinsertion est donc naturelle, et non volontaire, favorisée par l’exode rural qui a permis la reforestation et l’instauration de plans de chasse ainsi que la création d’espaces protégés. Livre de Geoffroy de Pennart 19 association On parle de Zone de Présence Permanente (ZPP) lorsque des loups occupent un territoire précis durant au moins deux hivers consécutifs. Une ZPP peut correspondre soit au territoire d’une meute, soit à celui d’un loup solitaire. En 2000, il y avait une trentaine de loups dans les Alpes françaises, dont une vingtaine dans le massif du Mercantour En 2009, il y avait entre 180 et 200 loups en France. Il existe 29 zones de présence permanente en 2011 dont 26 sont situées dans les Alpes, deux dans les Pyrénées et une dans les Vosges. Le loup en france En 2011, la présence du loup a été attestée dans le massif des Vosges, après une période de forts soupçons (attaques de bétail). Un cliché a été pris le 8 juillet par un piège photographique sur le territoire de la commune du Bonhomme en Alsace, à la limite entre les départements des Vosges et du Haut-Rhin. La photographie a été authentifiée par l’ONCFS. La présence de louveteaux a été enregistrée fin août 2013, dans le partie Haut-Rhinoise du parc. Les louveteaux seraient nés en mai 2013. Il s’agit de la première reproduction confirmée en France en dehors des Alpes. Le retour du loup dans les Vosges en 2011 est une étape importante de sa réapparition en France. En effet, la présence du canidé est désormais confirmée dans la totalité des massifs français (Vosges, Jura, Pyrénées, Alpes, Massif central) que le loup a recolonisés naturellement. Par ailleurs, au printemps 2012, des dizaines d’attaques sont attribuées au loup en plaine, dans l’Ouest des Vosges et le sud de la Meuse. pièges s quinze e d n u l’ r phier pa national de e ra c g ffi to o O l’ h p e d illet agents ’est fait L’animal s inés par les prise le 8 ju t m té é s é is a d e s g e hiqu emen . L’ima photograp à déclench ne sauvage il u re fa a p la p e a l’ d t ué par la chasse e mme indiq o c , 4 5 h 2011 , à 18 e. automatiqu 20 association Un loup a par ailleurs été vraisemblablement observé à Gedinne, dans les Ardennes belges à proximité de la frontière française, en juillet et août 2011, ainsi qu’à Duiven aux Pays-Bas à la même époque, en provenance d’Allemagne. LE Le RETOUR loup en DU france LOUP Le 30 janvier 2014, un loup est pris en photo dans le cadre du programme de suivi des lynx dans le massif du Donon à Walscheid en Moselle. Une identification est en cours car il se peut qu’il s’agisse d’un loup venant d’Allemagne et non des Alpes. Le 1er avril 2014, ce loup a pu être identifié dans la région de Lunéville. Cette recolonisation se manifeste notamment par de la prédation sur les troupeaux domestiques, provoquant la colère et l’inquiétude des éleveurs. Malgré son expansion, la population française reste fragile et sensible à d’éventuels actes de braconnage (empoisonnement par exemple) ou à des agents pathogènes provenant notamment des chiens (parvovirose, maladie de Carré entre autres). EFFECTIFS DE LOUPS SUR LE TERRITOIRE FRANCAIS Données au 14 mai 2014 L’expansion géographique du loup se poursuit. Actuellement il y a 38 ZPP ( Zones de présence permanente) Estimation de l’effectif total : 301 loups . 21 Meute présente 1999 2013 1992 2013 LE RETOUR DU LOUP 2011 association Déplacement des loups 22 Population constante Population en augmentation association LE RETOUR DU LOUP © Sainte-Croix Nombre de loups : 1 à 100 100 à 500 500 à 1 000 + de 1 000 23 association Le loup est une espèce capable de vivre dans des biotopes très variés : zones céréalières et plantations de pins en Espagne, plantations d’Eucalyptus au Portugal, plateau semi-aride du Golan en Israël/Syrie, désert du Sinaï en Égypte, zones arctiques de Sibérie, grandes forêts de Pologne... Il peut adapter sa stratégie d’occupation du territoire à la pression humaine en évitant de préférence les zones anthropisées. La superficie forestière reste un facteur essentiel à la présence du loup, lui offrant un lieu de refuge pendant la journée ainsi que des sites de mise-bas. La forêt abrite également souvent le gibier nécessaire à la survie de la meute. milieu de vie du loup Au milieu du XIXème siècle, il peuplait l’ensemble de l’Europe et tous les milieux étaient occupés (plaines, montagnes, vallées, forêts...). En France, les loups étaient surtout présents dans les forêts des étages collinéens et montagnards (entre 500 et 1500 m d’altitude). Les campagnes d’abattages ont peu à peu repoussé le loup vers des zones refuges encore moins habitées, surtout en altitude. Aujourd’hui, les populations se concentrent essentiellement en montagne : Monts Cantabriques (Espagne), Apennins (Italie), Alpes... Mais l’enneigement important en hiver les pousse souvent à descendre en altitude, parfois jusqu’en plaine. La présence de troupeaux domestiques sur les alpages pendant une partie de l’année est un facteur supplémentaire du développement de la population lupine : le report de prédation sur la faune domestique ménage les densités de faune sauvage, facteur limitant pendant l’hiver. Loup arctique Loup d’Europe - Finlande 24 Loup ethiopien association dynamique des populations Une meute de loups occupe un territoire de taille très variable, selon l’offre en nourriture. En Amérique, on a mesuré des territoires de 50 à 1800 km2. Dans les Abruzzes (Italie), les meutes de loups occupent des territoires de 120 à 200 km2, dans le Mercantour(France) de 200 km2 à 300 km2. Les densités de populations de loups sont généralement faibles, de l’ordre de 4 à 5 individus pour 300 km². Les plus fortes densités observées sont de l’ordre d’un loup pour 12 km². Le plafonnement de la densité est directement lié à l’abondance des proies. L’accroissement naturel annuel varie selon l’état de la population : - en phase de colonisation, l’espace disponible est important et la compétition entre les meutes relativement faible, ce qui peut permettre un taux d’accroissement élevé, de 15 à 46% ; - lorsque l’espace est bien occupé par les différentes meutes, le taux d’accroissement est plus faible, entre 10 et 15% ; - lorsque la population occupe tout l’espace, la compétition entre les meutes est importante et fait chuter le taux d’accroissement entre 0 et 5%. 25 association La limitation du taux d’accroissement est essentiellement causée par la très forte territorialité de l’espèce : chaque meute possède un territoire exclusif. Lorsque tout l’espace est occupé, il n’y a plus de place pour de nouvelles meutes. dynamique des populations Des loups solitaires se déplacent et vivent dans les espaces séparant ces territoires.Un habitat favorable au loup comprendra plusieurs refuges où les animaux peuvent demeurer au calme. Le territoire est défendu contre les intrus, qu’il s’agisse de congénères ou d’autres prédateurs. Le hurlement permet de marquer le territoire, ce qui désamorce les conflits. La mortalité des loups peut être due à de nombreux facteurs : la malnutrition, qui entraîne la mort d’environ 50% des louveteaux (avec une très forte variabilité locale et annuelle, de 12 à 80 %), les querelles entre meutes et/ou individus et diverses maladies, certaines transmises par les chiens (maladie de Carré, parvovirose, leptospirose, hépatite de Rubarth, gale sarcoptique, échinococcose...). Par ailleurs, de nombreux cas de mortalité relevés sont d’origine anthropique (relatifs à l’activité humaine) : chasse, braconnage, piégeage, empoisonnement, accidents. 26 association Le loup est une espèce sociale vivant en meute sur de vastes domaines couvrant l’ensemble de ses besoins. Ces domaines sont composés de plusieurs entités occupant des fonctions différentes : - l’espace vital, très vaste et non défendu sur lequel la meute peut trouver la nourriture dont elle a besoin ; dynamique des populations - le territoire, zone plus restreinte mais strictement défendue contre les autres meutes ou individus étrangers. Sont assurées sur cet espace les fonctions de reproduction, protection, repos, alimentation… Sa superficie varie selon la latitude et l’abondance des proies : moins il y a de ressources alimentaires, plus il est grand. Pour les loups de lignée italienne, il est de l’ordre de 150 à 300 km². Son utilisation n’est pas uniforme tout au long de l’année : pendant l’élevage des jeunes, la meute est plutôt sédentarisée autour de la tanière et des sites de rendez-vous, alors que pendant le rut, elle est plus mobile. L’occupation du territoire dépend également des mouvements saisonniers des proies ; - la tanière, lieu indispensable pour la reproduction, car c’est là que la femelle va mettre bas et élever les jeunes pendant leurs premières semaines. Elle est en général orientée au sud, dans un sol bien drainé et sur une pente modérée. La tanière peut-être une cavité creusée par le loup lui-même, une tanière de renard ou de blaireau agrandie, une grotte, une cavité sous une souche ou un rocher, dans un taillis très dense… et doit être située à proximité d’un point d’eau (nécessaire à l’allaitement). 27 association dynamique des populations Le territoire possède au moins une tanière qui sera utilisée plusieurs années de suite. Les perturbations humaines peuvent être la cause de l’abandon d’une tanière . Le site de rendez-vous est l’endroit où la meute se repose et se réunit pendant l’été et le début de l’automne (pendant l’élevage des louveteaux). Quand les jeunes ont 6 à 10 semaines, la meute quitte la tanière pour ce site. Les louveteaux, parfois accompagnés d’un adulte, y attendent les autres membres de la meute partis à la chasse. Un territoire possède plusieurs sites de rendez-vous qui sont utilisés successivement (entre 10 jours et 2 mois par site) jusqu’à ce que les jeunes soient capables de suivre les adultes. Les sites de rendez-vous ont une superficie assez restreinte (< 1ha) et sont en zone ouverte et proches d’un point d’eau. Au-delà de la disponibilité alimentaire, il y a deux limites principales à l’installation d’une nouvelle meute sur un territoire. La première est sociale : dans un secteur où les meutes sont proches, il est très difficile pour de nouveaux individus de trouver un espace libre où s’installer. C’est maintenant le cas dans une bonne partie des Alpes françaises, ce qui renforce le phénomène de colonisation d’autres massifs. La seconde est anthropique : elle est liée à l’occupation du territoire et à la densité des infrastructures. Une étude américaine a montré qu’au-delà de 0,58 km de route par km², l’installation des loups est très compromise, même si certains loups s’établissent à proximité de grands axes routiers qui servent alors de frontières territoriales. Il est rare que les territoires des meutes soient contigus : on observe souvent une «zone tampon» non fréquentée par les loups entre deux meutes, «no wolf’s land» d’environ 1 km. 28 dynamique des populations PHYSIOLOGIE ET REPRODUCTION association La dispersion peut être due à : - un changement physiologique entrainé par le rut et la compétition pour la reproduction. Chez le loup mâle qui atteint sa maturité sexuelle entre 22 et 46 mois, cela est marqué par l’augmentation de la taille des testicules et du scrotum dès que les jours rallongent et une augmentation de la production de testostérone. Pendant la période de reproduction, le mâle alpha est plus agressif et accroît la fréquence de marquage de territoire. Il défend sa place avec vigueur, il s’interpose sans relâche. Chez la louve qui atteint sa maturité sexuelle vers 22 mois, cela est marqué par un gonflement vulvaire et un écoulement de sang. Elles sont monocycliques, avec un oestrus par an. Caractéristique qui ne leur confère qu’une seule opportunité de se reproduire dans l’année. La cause physiologique de cette monoestrie est l’allongement des périodes du cycle ovulatoire, notamment le proestrus qui dure six semaines et l’oestrus une semaine. Pour éviter que les autres femelles s’accouplent, la femelle alpha exerce une pression psychologique tellement puissante que l’oestrus des autres femelles de la meute est bloqué. - des agressions (dominance), une pression sociale (seuls les dominants se reproduisent) ou des restrictions alimentaires. Elle est essentiellement corrélée à la densité de loups et à la disponibilité en nourriture. Il y a 3 périodes préférentielles de dispersion dans l’année : - l’hiver (de janvier à mars) : elle est due à la compétition pour la reproduction - le printemps (avril à juin) : elle est due à la mise bas qui entraîne des bouleversements sociaux - l’automne (octobre à novembre) : elle est due à la migration des jeunes. La période d’élevage des jeunes est défavorable à la dispersion car les meutes sont cantonnées et concentrées sur cette activité. Un quart à un tiers des individus sont susceptibles de se disperser. La majorité sont des jeunes de moins de 2 ans mais des adultes de plus 4 ans migrent également. La dispersion est plutôt le fait d’individus solitaires que de couples et dure entre une semaine et un an, les mâles prenant plus de temps pour s’installer que les femelles. 29 Un bon emplacement pour la tanière 30 © Sainte-Croix association dynamique des populations Le loup vit en meute de taille variable en fonction de la densité de proies (de 2 à association 15 individus selon les régions). En France, elle dépasse rarement 5 à 8 individus. Le groupe est régi par une hiérarchie très stricte : un couple dominant (couple alpha), suivi d’un mâle bêta, puis des subordonnés. Les jeunes de l’année échappent jusqu’à 6 mois aux contraintes hiérarchiques. Il existe parfois un individu oméga vivant en marge qui subit de nombreuses agressions : c’est le «souffre-douleur» de la meute. Le rang social de chacun est probablement dû aux différences de tempérament qui sont visibles dès l’âge de 3 à 4 semaines sans pour autant prédire avec certitude l’avenir social d’un individu. Les liens sont très forts au sein de la meute car les membres sont souvent apparentés. vie sociale Les activités vitales comme la chasse, les déplacements, la défense du territoire et la reproduction sont dirigées par le couple alpha. Cette hiérarchie a une grande influence pour l’accès à la nourriture, particulièrement lorsqu’elle se fait rare. La reproduction est réservée au couple alpha (et parfois au mâle bêta) : il est le seul à s’accoupler et produire des louveteaux afin de limiter les besoins énergétiques de la meute tout en assurant son avenir. Quelques jours avant la mise bas, la femelle recouvre le sol de ses poils, libérant ainsi l’accès aux mamelles. Tout est prêt, les louveteaux peuvent naître. Lorsque la femelle met bas, elle produit une hormone qui stimule son comportement maternel mais également celui des autres femelles, facilitant ainsi l’intégration des louveteaux. Tous les membres s’occupent alors des jeunes : alimentation par régurgitation de viande, jeux, apprentissage… Au moment du rut, la hiérarchie peut être remise en question, notamment pour le mâle alpha qui garde la domination entre 1 et 8 ans en général. Le couple dominant est tout en haut de la hiérarchie et veille à la survie du groupe. Les jeunes partent en dispersion au plus tard à l’arrivée de leur maturité sexuelle. Noms des loups 0 à 6 mois : louveteau 6 moi à 1 an : louvard - louvarde 1 à 2 ans : jeune loup - jeune louve 2 à 4 ans : loup - louve 5 à 8 ans : grand loup - grande louve à partir de 9 ans : vieux loup - vieille louve 31 vie sociale association e lo u p s . d e ll i m a F . .f u lte s e t d ’a d Me ut e : n le p u o c n ’u omp o s é e d iv ante , av e c Un e m e ute e st c u s e é n n ’a L . e é n d e l’an e l’ann é e d s e n u je s d e le ur s je un e s le it o ell e p or té e , s v u o n la e d e é ti on d e s a iv c u d l’ar r é l’ à t e e s nt à la ch a s pré c é d e nte aid e e r sion . p is d n e t n te r a je un e s , s oit il s p 32 association La vie en société demande aux loups une communication élaborée. Elle est basée sur des expressions faciales et des postures corporelles, sur le regard, sur des vocalisations et sur des messages olfactifs. vie sociale - communication Les mimiques faciales et le langage corporel du loup ont été étudiés dès 1940 et synthétisés dans un «éthogramme» qui compte 190 comportements regroupés en 11 catégories : les comportements agonistiques (agression + soumission), de soins, de nutrition, d’accueil, de locomotion, de marquage, de jeux, de prédation et de chasse, de repos, de reproduction et de vocalisations. Les gestes À ces mimiques et postures s’ajoutent le regard qui a une grande signification pour les relations entre individus. Par exemple, fixer un loup dans les yeux signifie la défiance. Dominance © Sainte-Croix Soumission active 33 association Dominance vie sociale - communication Soumission active © Sainte-Croix Menace © Sainte-Croix Peur 34 Les postures de soumissions ou de domination association La position de soumission : vie sociale - communication C’est celle utilisée par un loup montrant qu’il est soumis, qu’il accepte l’autorité supérieure, qui lui demande de le pardonner ou dans quelques cas pour se faire oublier. Cette posture est presque constamment utilisée par les Omégas. Par contre, les louveteaux et les louvards, si ils la connaissent, n’en font pas grand usage :) Les loups qui viennent de se mesurer à l’Alpha et qui ont le dessous l’utilisent également, pour montrer qu’ils arrêtent le combat et reconnaissent que l’autre loup est le plus fort, qu’il est leur maître/chef. Elle est souvent utilisée en réponse à la position de domination. Un loup en posture de soumission se fait plus petit, il a la queue entre les pattes arrières, parfois légèrement agitée, le regard fuyant, le front lisse, les oreilles et la tête baissées. Il fléchit ses pattes avants, comme si il s’inclinait. Son échine est basse tandis que ses yeux cillent. Souvent, une de ses pattes avant est levée et ses empreintes peuvent être humides, on pense à cause d’un sorte de sueur. Les commissures de ses babines sont tirées vers l’arrière. En cas de soumission active, le dominé se place à côté du dominant et lui lèche le museau, pour une raison encore inconnue. Il peut aussi donner des coups de langue dans le vide. 35 association Le plus souvent après un combat, dans un cas de soumission passive, le loup peut rouler sur le dos et exposer sa gorge, se rendant ainsi très vulnérable. Son museau est dans ce cas-là lisse, comme son front, sa tête est contre le sol pour éviter de croiser le regard du dominant, ses yeux sont aussi à moitié fermés pour la même raison et sa queue est collée à son ventre. Il peut éventuellement uriner. vie sociale - communication Cependant les loups respectent cette posture et pratiquement aucun ne se risquerait à attaquer un adversaire dans une telle position, pas parce que ils ont établi un interdit, mais parce qu’ils ne peuvent concevoir d’attaquer un des leurs sans raisons, alors qu’il reconnaît son tort et la domination de l’autre. Le loup peut parfois accompagner cette posture de petits gémissements plaintifs. © Philippe Coutret 36 © Morgane Bricard La posture de domination : association Cet posture est utilisée par le loup qui veut montrer qu’il est le chef, le plus fort, qu’il domine. Et aussi qu’il n’hésitera pas à se battre, qu’il est sûr de lui. Elle est souvent utilisée par le couple Alpha, partciulièrement par le mâle, ce qui est normal vu qu’il domine toute sa meute. Les louveteaux et louvards l’utilisent aussi, mais plus par jeu que pour transmettre sa véritable signification Il imitent les adultes. Le loup Oméga la voit souvent, étant donné que tout le monde le domine. vie sociale - communication Elle est souvent utilisée en même temps ou juste avant que la position de soumission. Un loup qui veut exprimer sa domination a sa queue hérissée et raide, à l’horizontale ou dressée, dans le prolongement du corps, agitée d’un tremblement ou se balançant de droite à gauche, les oreilles dressées pouvant former un V très écarté, la tête haute et le regard fier et direct (contraire de fuyant, il regarde l’autre loup droit dans les yeux). Il se tient bien droit. Il garde la gueule ouverte, dévoilant ses crocs. Ses babines ne se retroussent pas vers l’arrière, et remontre même un peu. Des «rides» peuvent plisser son front tandis que son museau est presque toujours froncé Il se hérisse souvent ses poils, gonflant le poitrail et le ventre, paraissant ainsi plus gros et plus imposant, donc plus fort. Aucun loup n’irait déranger un des leurs dans une telle position, surtout si c’est l’Alpha. Le message est enregistré par tous, pas que par le loup dominé. Même les jeunes semblent l’avoir compris, pour une fois ils se tiennent tranquilles, comme si ils connaissaient déjà l’importance du moment. Il corrige quelque fois le loup dominé d’une morsure au museau. Le loup qui domine peut aussi grogner (ou gronder). 37 association vie sociale - communication © Philippe Coutret © Philippe Coutret 38 © Morgane Bricard association Les sons Par la voix : hurlements, grognements, grondements, gémissements ou aboiements. Par des bruits : claquement de dents ou soufflements. vie sociale - communication Le loup communique grâce à différents sons le plus connu étant le hurlement. À un mois, les louveteaux commencent à japper en groupe ; le hurlement à proprement parler est maîtrisé vers 4 ou 5 mois. Les hurlements poussés par un individu peuvent être liés à : une émotion : excitation, inquiétude, plaisir mais aussi douleur. la reproduction : quête d’un partenaire, défense de la tanière. Le hurlement a des impacts sur le groupe et peut servir à : marquer le territoire : il dissuade ainsi les autres loups de venir sur leur territoire. assurer la cohésion et la motivation de la meute : il permet aux membres éloignés de localiser le groupe pour se rassembler. Leur fréquence augmente pendant l’élevage des louveteaux afin d’éviter les rencontres et conflits avec d’autres meutes/individus. Contrairement aux idées reçues, le loup ne hurle pas que la nuit ! L’aboiement est utilisé en général pour signaler à un individu qu’il est près d’une tanière et des louveteaux. C’est un signal d’alarme que le loup produit souvent lorsqu’il est surpris. © Sainte-Croix 39 Les odeurs association Plusieurs méthodes sont employées par le loup pour délimiter olfactivement son territoire. vie sociale - communication Leur odorat est presque 100 000 fois plus développé que le nôtre. Chaque loup possède sa propre odeur, ce qui lui permet d’être reconnu sans même être vu. Cela permet aussi de déceler des intrus sur leur territoire. Le territoire est marqué par des « bornes d’odeur » que le couple dominant réactive à chaque passage en urinant, grattant le sol ou en laissant une crotte visible. Le marquage urinaire par miction avec la patte levée est surtout pratiqué par le couple alpha sur des objets en évidence. Il est plus intense près des frontières du territoire qu’en son centre. Il est aussi utilisé en période de rut pour courtiser ou marquer la dominance. La composition chimique de l’urine de marquage varie suivant la saison, en fonction du cycle sexuel et des différents taux d’hormones. Les excréments sont également utilisés comme marqueurs olfactifs : les glandes anales recouvrent les crottes d’une substance odorante, caractéristique de chaque individu. Ce marquage peut aussi être utilisé comme simple moyen de communication au sein de la meute et effectué sans production d’excréments, par frottement de l’arrière-train au sol. D’autres glandes excrétant des produits odorants sont présentes au niveau des coussinets et permettent un marquage par grattage du sol. © Sainte-Croix © Sainte-Croix 40 Le loup est un animal carnivore et un prédateur. Il se nourrit de la viande d’animaux qu’il a tués. Il est également charognard quand l’occasion se présente. association Le loup est un excellent chasseur, pourtant il ne mange pas tous les jours ! 9 fois sur 10, les proies réussissent à lui échapper ! Elles ne se laissent pas faire. Pour être plus efficaces, les loups chassent à plusieurs animaux les plus faibles. et poursuivent les Au sommet de la chaîne alimentaire, son rôle est crucial dans l’équilibre naturel. Il choisit en priorité les animaux qui courent le moins vite (vieux, malades, blessés) donc plus faciles à attraper et permet aux animaux en bonne santé de se reproduire. regime alimentaire Dans le grand nord canadien, on l’appelle le «docteur des caribous». Le loup est un carnivore opportuniste qui adapte son régime alimentaire à la région où il vit, à la saison, au type et à la densité des proies. Il consomme préférentiellement des ongulés (en France : Cerf élaphe, Chevreuil, Chamois et Isard, Mouflon, Bouquetin, Sanglier…) mais ne dédaigne pas des proies plus petites comme les lagomorphes, les rongeurs, les oiseaux, les reptiles… Le loup peut également se nourrir, selon les conditions, de carcasses, de fruits ou même de détritus. En moyenne, un loup consomme chaque jour 17% de son poids en viande, soit 4 à 5 kg pour un loup européen. Et il n’hésite pas à consommer des fruits, sources de vitamines et de l’herbe utilisée surtout comme purgatif. Les diverses études réalisées sur le régime alimentaire du loup semblent montrer qu’il chasse de préférence des ongulés sauvages. Cependant, en zone d’élevage, il s’attaque également aux troupeaux domestiques et particulièrement aux petits ruminants. Dans son régime alimentaire, la proportion de proies domestiques est généralement faible mais varie selon la saison (plus importante pendant les estives) et selon la région (elle peut être majoritaire dans des zones où les ongulés sauvages ont pratiquement disparu). 41 regime alimentaire Carnivores décomposeurs association Chaîne alimentaire herbivores © Sainte-Croix végétaux Lorsque les animaux meurent (carnivores ou herbivores non consommés), leurs restes sont décomposés et retournent à la terre. 42 © Sainte-Croix association regime alimentaire Tableau de chasse des loups 75 % 15 % 10 % ongulés sauvages ongulés domestiques autres proies Les quantités de proies varient en fonction des zones de présence des meutes et de l’abondance du gibier. 43 association Comme tous les prédateurs, le loup développe des techniques de chasse pour subvenir à ses besoins alimentaires. Les comportements prédatoires sont innés et apparaissent très tôt chez les louveteaux (dès 21 jours) : le mouvement d’une proie déclenche l’orientation, l’approche et l’attaque. Mais l’expérience et l’apprentissage auprès des adultes restent indispensables. L’apprentissage se fait surtout par observation des adultes. Il est facilité par la vie en meute. Le jeu est primordial : les louveteaux s’attrapent et se mordent naturellement au museau, à la gorge, à l’épaule… zones qui seront les cibles principales des morsures sur les proies. chasse La première étape lors de la chasse est le repérage de la proie. Il est effectué à l’odeur (le plus fréquemment), par surprise (proie trouvée par hasard) ou par suivi des traces de la proie. Lorsqu’elle est localisée, le loup tente de s’en approcher au plus près sans se faire repérer. Il se déplace furtivement, tous les sens en alerte, les oreilles et le museau pointés en avant, pattes fléchies et corps proche du sol, à contre-vent. Une fois que le loup est repéré, il y a confrontation proie/prédateur et la proie peut réagir de 3 façons différentes : - elle fait front : ce cas est assez rare (proies de grande taille) mais efficace car le loup stoppe rapidement son attaque en général ; - elle fuit : cas le plus fréquent et cette réaction déclenche immédiatement la poursuite ; - elle reste immobile : l’immobilité de la proie semble avoir un effet inhibiteur du comportement de chasse du loup. 44 association Si la proie fuit, le loup se lance immédiatement dans la poursuite. Le démarrage est crucial (phase «d’approche précipitée») : si la proie réussit à distancer rapidement le loup, il a peu de chances de la rattraper alors que s’il arrive à se rapprocher d’elle, il sera en mesure d’attaquer. La poursuite s’effectue ensuite sur plusieurs centaines de mètres. Si les loups sont distancés, ils abandonnent rapidement. Les poursuites sont généralement rapides et de courte distance. Dès que le loup abandonne, la proie s’arrête pour l’observer afin d’économiser ses forces en cas de besoin d’une nouvelle fuite si une nouvelle attaque est lancée. Le loup chassant en fuite, les attaques se font plutôt sur l’arrière-train. Pour les grosses proies comme l’élan ou le bison, la chasse présentant des risques importants, les loups peuvent blesser l’animal puis l’attaquer de nouveau lorsqu’il est affaibli. chasse Pour les proies plus grosses comme le cerf ou le sanglier adulte, plus dangereuses, les loups les déséquilibrent en s’agrippant à différentes parties du corps ou en les harcelant jusqu’à épuisement. Une fois l’animal à terre, la mise à mort est rapide. Dans certains cas, un individu s’agrippe au museau de la proie : des études sur les rats ont montré que lors d’une telle prise, le cerveau sécrète une substance qui calme l’animal. Les stratégies de chasse des loups varient en fonction des proies prédatées, du climat, de la topographie… Certains loups sont même capables d’utiliser des éléments de leur environnement en conduisant les proies vers des clôtures, des barres rocheuses, des rivières… 45 association chasse Bien que les loups ne chassent en général que le nombre de proies qui leur est nécessaire pour survivre, il est possible d’observer dans certaines conditions un phénomène de surchasse appelé «surplus killing» ou «over-killing». C’est notamment le cas des hivers très enneigés pendant lesquels les ongulés ont du mal à s’échapper, leurs pattes s’enfonçant dans la neige. La majorité des cas de surplus killing sont cependant observés sur des troupeaux domestiques. Ils s’expliquent par le comportement de chasse inné du loup qui tue chaque fois que c’est possible, son taux de réussite étant très faible, de l’ordre de 10 à 15%. Lorsqu’il se met en chasse, il en résulte toute une série de comportements jusqu’à la mise à mort. Une fois que la proie est tuée et que le mouvement cesse autour de lui, le loup commence à la manger et le comportement de chasse s’arrête. Les troupeaux domestiques, contrairement à la plupart des espèces sauvages, se regroupent pour fuir en cas d’attaque au lieu de se disperser. Alors que la harde de cerfs s’éclate lors de l’attaque, les moutons fuient ensemble dans un mouvement de panique ; il y a donc continuité de mouvement et le comportement prédatoire du loup peut continuer à être stimulé. Ce phénomène peut aussi s’observer sur des proies sauvages grégaires comme le renne ou le caribou. On observe le même type de comportement lorsqu’un renard entre dans un poulailler. En montagne, ces pertes peuvent encore être aggravées par la topographie escarpée qui est alors un facteur d’augmentation du nombre de victimes pendant une attaque. De plus, il peut arriver qu’une meute revienne se nourrir sur la même carcasse. Si les loups sont dérangés pendant la consommation de la proie ou si la carcasse est manipulée ou déplacée, ils ne reviendront pas et devront attaquer à nouveau pour manger. Dans certains cas, un loup ou une meute peut se spécialiser sur une proie. Cette spécialisation est liée à plusieurs facteurs : le nombre d’individus de la meute, le chevauchement des habitats respectifs proie/prédateur, l’abondance et l’accessibilité des proies, la probabilité de rencontres avec la proie, la densité ou la biomasse relative d’une proie potentielle, la probabilité de succès de la chasse, le risque de blessure, la profitabilité de la proie, les conditions environnementales. 46 association reproduction La période de l’accouplement du loup survient entre janvier et mars, plus tôt dans le sud que dans le nord. Le couple alpha partage beaucoup de temps. Les femelles sont fécondes une fois par année. Après l’accouplement, la femelle creuse un terrier dans lequel elle élèvera ses petits. Une gestation de 61 à 63 jours précède la mise bas d’une portée de 1 à 8 louveteaux. Nés sourds et aveugles, pesant 300 à 500 g, les petits resteront durant 8 à 10 semaines dans le gîte protecteur. Une fois qu’ils ont ouvert leurs yeux bleue à l’âge de six semaines, ils sont nourris avec de la viande régurgitée par tous les membres de la meute. Une fois qu’ils se tiennent sur leurs pattes, ils commencent à explorer les alentours du terrier et à jouer à la lutte. Cette période d’imprégnation leur enseigne leur futur rang social dans la meute. Les jeunes grandissent vite, et ils devront être capables de suivre la meute dans ses déplacements et ses chasses à leur premier hiver. Dès l’âge de dix mois, ils commencent à participer à la chasse. 47 association CYCLE DE VIE DES LOUPS © Sainte-Croix © Sainte-Croix reproduction Année 1, mars : Période de reproduction, seul le couple dominant peut se reproduire. © Sainte-Croix Année 1, avril : La femelle aménage la tanière. © Sainte-Croix Année 1, mai : Après 63 jours de gestation, la femelle met au monde 1 à 8 louveteaux. © Sainte-Croix Juillet, année 1 : De véritables petits princes, les louveteaux apprennent la vie de loup en s’amusant. © Sainte-Croix Année 2, juin : Les jeunes partent à la recherche de leur propre territoire. Année 3, janvier - septembre : Le mâle et la femelle se rencontrent, se plaisent et restent ensemble avant de s’établir sur un territoire. © Sainte-Croix Année 4, mai : Première naissance pour ce couple de loups qui forme maintenant une meute. Ils sont les dominants et doivent veiller sur leur famille. 48 pistes pedagogiques Motricité Jeux style saute mouton Marcher comme les loups (queue leu leu) association Voici quelques pistes pédagogiques spécifiques au Loup Découvrir l’écrit - Maîtrise de la langue Elaboration d’un questionnaire pour la visite Lecture d’albums ou d’histoires sur le loup (travailler sur les contes et faire des exercices pour remettre l’histoire dans l’ordre ou des textes à trous) Connaître les expressions se rapportant au loup (plusieurs d’entre elles sont présentes sur le sentier des loups) Lire des textes documentaires sur l’animal Vivre ensemble Retenir les règles de sécurité lors de la visite : ne pas crier, ne rien jeter chez les animaux ... Respecter l’écoute des autres, respecter le discours des autres (animateurs, camarades) Education artistique Comptines Dessins, bricolages (masque, marionnette...), participer à des spectacles, faire des spectacles Histoire Géographie La bête du Gévaudan La louveterie (un mur entier y est consacré sur le sentier des loups) Le retour du loup en Europe Le loup à travers le Monde (zone Mercantour, Zone Yellowtone, zone Churchill) écouvrir le monde D Placer sur une carte les régions où se trouvent les loups Observation des animaux : nutrition, régime alimentaire (dentition)… Sciences expérimentales et technologie Le fonctionnement du vivant : reproduction, alimentation L’unité et la diversité du vivant : les sous espèces de loups, le loup dans l’écosystème ... 49 Documentaires : association Pour en savoir plus .... Mes P’tits docs Loups de Stéphanie Ledu et Sébastien Mourrain - Editions Milan - 2011 Les docs Ribambelle cycle 2 éd. 2012 - Le loup – Halier - 2012 de Valérie Videau, Jean-Pierre Demeulemeester Loup qui es-tu ? – Editions Milan 2011 Collectif pour aller plus loin Kididoc - les loups - Nathan 2012 Collectif Docàpattes - Le loup brignad des bois - Editions Milan 2012 Collectif L’ABCdaire du loup de Geneviève Carbone, Gilles Le Pape - Flammarion 1999 Albums jeunesse : Pas sage ? de Alex Sander - Ecoles des loisirs 2012 Le loup qui voulait changer de couleurs de O. Lallemand, Eléonore Thuillier - Auzou 2009 Histoire du grand méchant poulet de Anne Jonas et Emile Jadoul - Editions Milan 2007 Si le loup y était ... de Philippe Jalbert - Editions Milan 2004 Loup gris de Jean-Marie Robillard et Sébastien Mourrain - Editions Milan 2012 Mes p’tits contes Le petit chaperon rouge, le loup et les 7 chevraux, les 3 petits cochons Editions Milan Quelques sites à visiter www.ferus.fr www.loup.developpement-durable.gouv.fr www.cap-loup.fr www.parcsaintecroix.com 50 association Une réalisation : association credits Conception du dossier : Alexandra Kruch [email protected] Illustrations : Morgane Bricard Brice Martin Photos : Morgane Bricard Philippe Coutret Anthony Kohler Jean Lavergne www.Shutterstock.com Remerciement : Frédéric Bonard Christophe Muller Philippe Sornette sources : Ministère de l’Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement - www.loup.developpement-durable.gouv.fr © Association du Parc Animalier de Sainte-Croix Tous droits réservés Novembre 2015 51