corrigé bac 2012 Examen : Bac Toutes series techno Epreuve : Philosophie France-examen.com RAPPEL DU SUJET SUJET 2 : FAUT-IL ETRE CULTIVE POUR APPRECIER UNE OEUVRE D'ART ? LE CORRIGÉ I- Analyse du sujet Le sujet propose d’examiner l’idée selon laquelle il faut être cultivé pour apprécier une œuvre d’art. Une telle position sous-entend que l’appréciation d’une œuvre d’art, qu’elle soit positive ou négative (qu’on l’apprécie ou pas) suppose comme sa condition une culture artistique . Autrement dit, que le jugement esthétique (celui par lequel on déclare qu’une œuvre plaît ou non) ne saurait s’exercer sans que des connaissances relatives au domaine de l’art viennent l’éclairer ou l’accompagner. Dans cette perspective, il n’y aurait pas de jugement esthétique valable sans une culture artistique : celui qui en serait dépourvu serait incapable d’apprécier une œuvre d’art, et il n'aurait pas la capacité de discerner le beau. Le verbe apprécier renvoie ici à ce qu’on appelle le jugement esthétique ou le goût, c’est-à-dire la capacité à discerner, reconnaître le beau. La culture s’entend ici comme ce qui n’est pas donné mais acquis. Etre cultivé, c’est avoir reçu une éducation artistique que l’on peut définir à la fois comme un ensemble de connaissances mais aussi comme une expérience issue de la fréquentation des œuvres d’art. Il faut aussi souligner que le recours au verbe "falloir" souligne le caractère de nécessité de cette culture. Sans elle, le rapport aux œuvres d’art serait aveugle et sans valeur. II- La problématique du sujet Une telle perspective, qui relie de manière nécessaire le goût et la connaissance, semble aller à l’encontre d’une idée courante selon laquelle l’art serait affaire de sensibilité ou d’émotion, et qu’il n’aurait donc rien à voir avec la connaissance ou la culture. Le jugement du néophyte n’aurait alors pas plus de valeur que celui de l’amateur : chacun serait la norme de son propre goût. On dit ainsi "à chacun ses goûts", ce qui sous-entend que tous les goûts se valent, qu’aucun n’a d’autorité sur un autre. France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 1/3 corrigé bac 2012 Examen : Bac Toutes series techno Epreuve : Philosophie France-examen.com Etablir un lien nécessaire entre l’appréciation esthétique et la culture, c’est peut-être s’exposer aussi à une forme de conformisme, si l’on définit la culture comme la possession de normes et de valeurs établies, reconnues à un certain moment de l’histoire. Détenir la culture permettrait de reconnaître les véritables œuvres d’art, de faire le tri entre ce qui est digne d’être qualifié d’art et ce qui ne l’est pas. On voit donc que la thèse que le sujet propose à l’examen s’expose à un risque : si elle évite le relativisme du "à chacun ses goûts" (tous se valent, le jugement éclairé et celui qui ne l’est pas), elle s’expose à un rapport intellectualisé et conformiste aux œuvres, qui ne laisse aucune place à la spontanéité de l’émotion ou du plaisir esthétique. Mais il est peut-être tout aussi contestable de considérer que l’œuvre d’art n’est susceptible d’aucun rapport d’ordre cognitif. Si l’œuvre d’art n’est pas seulement ce qui suscite des émotions, si elle est aussi ce qui donne à penser le monde, ce qui permet de le connaître, si en particulier, les œuvres nous font réfléchir sur ce qu’est l’art, alors il n’est pas exclu de lier appréciation esthétique et culture artistique (ne serait-ce que parce que les œuvres d’art dialoguent entre elles, se répondent les unes aux autres). Est-il donc légitime d’affirmer qu’il faut être cultivé pour apprécier une œuvre d’art ? Le goût ne gagne-t-il pas à être formé ? Mais s’il peut l’être, est-ce par l’acquisition de connaissances ? Comment définir la culture artistique et comment s’acquiert-elle ? III- La boîte à outils : idées et connaissances utiles pour traiter le sujet On peut convoquer avec profit la distinction kantienne entre le beau et l’agréable qui permet de distinguer la spécificité du plaisir esthétique et de montrer pourquoi il peut échapper au relativisme et prétendre à l’universalité. Dans Critique de la faculté de juger, Kant montre que l’agréable relève de préférences subjectives alors que le beau est "ce qui plaît universellement sans concept". On soulignera avec Kant cette absence de concept qui signifie que le jugement de goût n’est déterminé par aucune conception a priori du beau, que le jugement esthétique n’est pas un jugement de connaissance et qu’aucune culture spécifique n’est requise pour apprécier une œuvre d’art. Il n’empêche, la fréquentation des œuvres d’art affine et enrichit la perception que nous en avons, tout comme une certaine connaissance de l’histoire de l’art peut ouvrir les points de vue que nous avons sur les œuvres. Si chacun nourrit un rapport éminemment singulier avec les œuvres, il peut aussi renouveler ce rapport à la lumière des autres œuvres. Cela vaut spécialement pour l’art contemporain qui joue souvent de la reprise, de la parodie de chefs d’œuvre et repose sur la référence à des artistes du passé. Et même pour les chefs d’œuvre de l’histoire de l’art, on saisit d’autant mieux ce qui fait leur originalité en les mettant en perspective avec d’autres œuvres. Si notre rapport aux œuvres n’est pas réductible à la seule intellectualité, il se tient dans ce va et vient entre le sensible et l’intelligible : l’art dit Hegel "est la manifestation sensible du vrai". (Leçons sur l'esthétique) France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 2/3 corrigé bac 2012 Examen : Bac Toutes series techno Epreuve : Philosophie France-examen.com France-Examen 2012 Tous droits réservés Reproduction sur support électronique interdite page 3/3