INNOVATION La clinique Belharra Capio, à Bayonne, née de la fusion de cinq établissements. Capio déploie les outils de la récupération rapide après chirurgie © Erick Saillet © Erick Saillet Le groupe Capio se dote d’une application qui devrait lui permettre de faire un nouveau saut en qualité dans un domaine où il a pris le leadership : la récupération rapide après chirurgie. Son directeur général délégué et directeur des activités médicales du groupe en France, François Demesmay, nous expose les gains escomptés. « Nous sommes convaincus que cela améliore notre attractivité, donc nos parts de marché. S Si le concept de récupération rapide des patients après chirurgie (RRAC) remonte à plus de 20 ans, il a longtemps été ignoré en France. Leader en la matière en Europe, le groupe suédois Capio l’a formalisé et, bien sûr, importé dans l’Hexagone, dans ses 20 établissements (sur les 22 qu’il compte ici) où l’activité chirurgicale domine. Il s’est d’ailleurs fait une spécialité d’accumuler les « premières » en chirurgie ambulatoire ! « La démarche est très structurée, à la fois sur le plan clinique et de l’organisation, explique le Dr François Demesmay. Nous avons modélisé une quarantaine d’items1 sur la base desquels nous réalisons un audit dans nos cliniques. Quand une équipe atteint 80 % du score maximal, elle bénéficie de notre label interne RRAC, ce qui nous permet aussi de mesurer le chemin parcouru. » Depuis, Capio a fait des émules. Une association, Grace2, qui labellise également des établissements qui s’engagent dans cette démarche a même été créée en 2014. Personnaliser les prises en charge Réduire le temps d’hospitalisation d’un patient suppose un travail préparatoire en amont de l’intervention et un suivi, à son issue, qui ne laissent rien au hasard. En préopératoire, Capio a institutionna1 2 3 lisé l’entretien infirmier, qui complète la consultation chirurgicale : « Elle est toujours trop courte pour le patient, note François Demesmay, alors qu’il faut prendre le temps de répondre à ses questions, de s’assurer qu’il a tout compris. Bref, de le mettre au cœur du système. » Longtemps géré via des appels téléphoniques, ce mode de surveillance a montré ses limites. « Une fois sur deux les appels sonnent dans le vide, note le médecin. Sachant que nous allions vers des flux de plus en plus importants, nous avons décidé de travailler sur des algorithmes permettant de personnaliser les prises en charge, de structurer et de hiérarchiser tant les messages que la communication avec le patient. » Trois étapes En se dotant, l’hiver dernier, d’un outil de gestion de la relation patient, e-Fitback3, Capio France tient à faire preuve à la fois d’ambition et de prudence. Ambition dont témoigne l’effort d’investissement consenti pour le projet : environ 500 000 euros. Prudence, car le déploiement doit se dérouler par étapes. Dans un premier temps, c’est le module de suivi à la sortie d’une hospitalisation qui est déployé. Suivra le volet préparation de l’intervention. « Nous serons prêts, ensuite, à ouvrir le système aux médecins généralistes et aux infirmières à domicile habilités par les patients », prévoit François Demesmay. L’utilisation d’objets connectés de santé est également au programme. « Dans une logique “Keep it simple” au départ, précise le directeur médical. Les patients opérés de la hanche pourraient par exemple suivre leur nombre de pas via leur smartphone. » Attractivité et parts de marché Si le patient est le premier gagnant (dans des conditions où la démarche est menée avec rigueur), la clinique aussi. « Nous sommes convaincus que cela améliore notre attractivité, donc nos parts de marché. » Sans oublier le potentiel de gains de productivité dus à des processus plus efficients, comme la préadmission à distance. Fort d’un accueil plutôt favorable de la part des Agences régionales de santé (ARS), Capio France réfléchit déjà « au coup d’après : les pathologies chroniques », annonce François Demesmay. Une initiative encouragée par le grand intérêt manifesté côté assureurs, dans un contexte de maîtrise des coûts. « Ils seront sans doute cofinanceurs de l’outil », veut croire le directeur France, qui s’apprête à lancer un pilote avec une société d’assurances. n Dominique Lehalle Veiller, par exemple, à ce que les patients aient été informés à l’avance, ou prendre systématiquement en charge les vomissements. Groupe francophone de réhabilitation améliorée après chirurgie. http://www.grace-asso.fr Développé par Nouveal. 90 MAI 2016 | WWW.DSIH.FR