communication en santé

publicité
Communication en santé
LAMINE DOUMBIA
Chargé de cours /MASTER I Santé publique & communautaire
ACI 2000 Hamdallaye, Avenue Cheick Zayed/Rue : 432 Porte : 887
 65764602/[email protected]/[email protected]
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Sommaire
Chapitre I Introduction à la communication
 Objectif
 Définition
 Le but de la communication
 Le contexte de la communication
 Les principaux types de communication
 Les modèles de communication
 Les principes nécessaires à la bonne compréhension du message
 Les difficultés liées à la communication
Chapitre II Stratégie de communication
 Définition de la stratégie de communication
 Les paramètres de la communication
 Canaux de communication
 Les points clés de la communication
Chapitre III
Communication en santé publique
 Définition
 Un processus complexe
 Du bon usage des campagnes

La limite de la communication en santé publique
Chapitre IV Persuasion et coercition dans les interventions de santé publique
 Éducation, coercision, endoctrinement

Les techniques de persuasion
Chapitre V Les modèles d’argumentation utilisés
1
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
 La contrainte
 La séduction
 La connaissance
2
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Chapitre I
Introduction à la communication
L’objectif principal de ce module est d’initier les étudiantes et les étudiants à une variété de
perspectives leur permettant de mieux saisir l’étendue des pratiques de communication
publique dans le domaine de la santé. Ce cours leur permettra aussi d’appliquer au moins
deux de ces perspectives; l’une pour faire l’examen approfondi d’une stratégie concrète
d’intervention et l’autre pour étudier une question liée à la communication en santé.
Finalement, le cours vise le développement de l’esprit critique tant à l’égard des pratiques de
communication que des chemins empruntés pour les analyser.
Objectifs spécifiques :
Au terme de ce module, l'étudiante et l’étudiant seront en mesure de:
• Produire une synthèse des différents aspects d’un problème de communication en santé;
• Se documenter sur un sujet d’actualité en lien avec la santé;
• Distinguer les perspectives théoriques auxquelles correspondent les différentes formes
d’intervention dans le domaine de la communication en santé;
• Faire l’examen critique d’une intervention en communication de la santé;
• Produire une réflexion critique sur un thème lié à la communication dans la pratique des
soins de santé.
3
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Définition de la communication
La communication est l'action, le fait de communiquer, d'établir une relation avec autrui, de
transmettre quelque chose à quelqu'un, l'ensemble des moyens et techniques permettant la
diffusion d'un message auprès d'une audience plus ou moins vaste et hétérogène.
Elle est l'action pour quelqu'un, une entreprise d'informer et de promouvoir son activité
auprès du public, d'entretenir son image, par tout procédé médiatique.
Elle concerne aussi bien l'être humain (communication interpersonnelle, groupale...) que
l'animal et la plante (communication intra- ou inter- espèces).
Communiquer c’est transmettre un message d’un émetteur à un récepteur.
Dans cette optique, on considère que les informations transmises sont toujours multiples,
que la transmission d'informations n'est qu'une partie du processus de communication et
que différents niveaux de sens circulent simultanément.
Le but de la communication
•
Passer une information, une connaissance, ou une émotion ;
•
Créer une norme commune pour se comprendre ;
•
Créer une relation pour dialoguer fréquemment,
•
Relancer le dialogue;
•
Obtenir une influence pour inciter l'autre à agir selon sa volonté ;
•
Donner son identité, sa personnalité au tiers, pour être connu,
Le contexte de la communication
La communication est gravée dans un contexte. Elle peut avoir lieu à un instant donné, dans
un lieu donné, et vis-à-vis d'une situation, d'un évènement donné.
 Les réseaux
POn nomme réseau un ensemble d'acteurs, d'agents économiques, de nœuds, ou lieux de
communication grâce auxquels les messages circulent. L'information se concentre et se
redistribue.
Ce sont les réseaux d'anciens élèves de grandes écoles, d'universités, d'associations,
d'ONG, de centres de recherche, d'organismes publics...
La temporalité
4
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Une communication qui peut durer dans le temps (le message n'est pas supprimé au
moment où il est envoyé) est dite « intemporelle ». Par exemple, un message rédigé dans un
livre est intemporel. Cette notion est liée au contact entre les entités qui communiquent.
Un message éphémère, est lui dit « temporel ». Par exemple, une discussion orale est
éphémère, temporelle.
 La localisation
Dans l'espace, une communication peut être :
 localisée (concentrée à un endroit) telle une discussion ;
 Alocalisée (disponible de n'importe quel endroit) - par exemple internet, extranet
 Délocalisée (le lieu d'émission est loin du lieu de réception) C'est le cas d'une
discussion téléphonique.
 Le code
Pour communiquer, l'émetteur et le récepteur doivent disposer d'un code commun. La
communication se caractérise alors surtout par l'utilisation d'un code établissant les
correspondances entre un signe et son sens qui doit être commun aux interlocuteurs.
L'absence de code commun entre émetteur et récepteur est l'une des sources d'échecs de la
communication, chacun pouvant supposer que l'autre comprend son code, sans que ce soit le
cas.
•Un chef de projet états-unien est choqué de voir son équipe française exiger du matériel
pour son travail. Elucidation faite, cette équipe ne voulait que demander ce matériel (or to
demand signifie exiger).
•Un collègue japonais désirant montrer le grand respect qu'il éprouve pour la famille d'un
collègue européen l'invitant à dîner apporte à la maîtresse de maison une fleur considérée
comme l'une des plus belles au Japon : un chrysanthème. Gêne garantie chez celle-ci, pour
qui cette fleur est symbole de cimetière.
 La transmission
La communication consiste à transmettre un message afin d'établir un contact.
L'établissement du contact comporte certains risques, notamment lors de "l'ouverture" et
"fermeture" de la communication. Les risques d'intrusion, de non réponse, de blocage et
d'abandon existent réellement.
5
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Les principaux types de communication
 Communication interpersonnelle
 Communication du type émetteur - message - receveur
 La communication interpersonnelle est fondée sur l'échange
1 émetteur - 1 récepteur.
Entre humains, c'est la base de la vie en société.
La rétroaction est quasi systématique. Il y a notamment le téléphone, la conversation orale...
Mais la communication n'est pas qu'orale. Elle est aussi non verbale.
 Communication de masse
La Communication de masse c'est un émetteur (ou un ensemble d'émetteurs liés entre eux)
s'adressant à tous les récepteurs disponibles. Là, la compréhension est considérée comme la
moins bonne, car le bruit est fort, mais les récepteurs bien plus nombreux. Elle dispose
rarement d'une rétroaction, ou alors très lente possible.
On parle de médias de masse ou « Mass Media ». En font partie la radiocommunication, la
radiodiffusion et la télévision.
L'apparition de l'internet rend la rétroaction possible.
 Communication de groupe
La communication de groupe part de plus d'un émetteur s'adressant à une catégorie
d'individus bien définis, par un message (communication) ciblé sur leur
compréhension et leur culture propre.
C'est celle qui est apparue avec les formes modernes de culture, souvent axées sur la culture
de masse (société de consommation), dont la publicité ciblée est la plus récente et la plus
manifeste.
 Sciences de l'information et de la communication
Concernant la communication en tant que science, certaines notions ont été dégagées par les
différents modèles de communication explicités plus bas.
Durant les années 1980, S.H. Chaffee et C.R. Berger proposèrent une définition généraliste
qui reste de nos jours une base connue des sciences. Et si tout le monde s'accorde pour la
définir comme un processus, les points de vue divergent lorsqu'il s'agit de qualifier de ce
processus.
6
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
La science de la communication cherche à comprendre la production, le traitement et les
effets des symboles et des systèmes de signes par des théories analysables, contenant des
généralisations légitimes permettant d'expliquer les phénomènes associés à la production,
aux traitements et aux effets."
 Une communication verbale est faite de signes linguistiques.
Ces signes confèrent un corpus appelé langue, ou plus généralement langage, mais les
linguistes
viennent
à
distinguer
langue
et
langage.
L'écriture, la langue des signes, la voix sont des médias, des moyens de communiquer...
 Est dite « non verbale » une communication basée sur la compréhension implicite de
signes non exprimés par un langage : l'art, la musique, les couleurs, voire les
vêtements ou les odeurs. Ces signes, leur assemblage et leur compréhension ou leur
interprétation sont dans leur grande majorité dépendants de la culture
Les modèles de communication
 Modèle de Lasswell
Harold Dwight Lasswell, politologue et psychiatre américain
Ce modèle conçoit la communication comme étant un processus d'influence et de
persuasion, très proche de la publicité. Ce modèle dépasse la simple transmission du
message (même s'il y reste centré) et envisage notamment les notions d'étapes de
communication, la capacité de pluralité des émetteurs et des récepteurs et de finalité d'une
communication (ses enjeux).
7
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Les cinq éléments de la communication
Pour mieux faire une communication il est important de connaître ce qui se passe dans une
situation de partage de l’information et de répondre aux questions suivantes : qui? Source ou émetteur
 dit quoi? Message
 par quel moyen? Canal ou medium
 à qui? Récepteur ou auditoire
 avec quel effet? feed back ou rétro information
1. Emetteur ou source
Toute communication provient d’une source
La source peut être :
 Une personne ou un groupe de personne
 Elle dépend de sa compétence à communiquer de sa capacité de penser de parler et
des attitudes envers les auditeurs et du système social dans lequel il s’opère.
 La réussite ou l’échec de la communication dépend dans une large mesure de la
source.
2- Message
C’est l’information qu’il faut faire passer ; les connaissances les attitudes à faire apprendre
soit dans une causerie débat soit dans une communication de masse. Très simplement, un
message peut se définir par son canal (film, émissions radiophoniques, livres, affiches), par
la manière dont sont présentés les conseils (textes courts, exposés explicatifs,
démonstrations) et par leur contenu émotionnel (séduction, appel à la peur, etc.).
3-le canal ou le medium
C’est le moyen le plus efficace pour faire passer le message.
 Si vous avez plusieurs possibilités de faire passer le message choisir le canal le plus
approprié ou le plus utilisé pour faire passer le message.
4-Recepteur ou auditeur
8
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
C’est la frange de personne auquel s’adresse la source ou l’émetteur. Il est l’élément le plus
important dans le processus de la communication, 1
Il est avant tout, dans ce schéma, la « cible visée par le message », celui dont on espère
transformer les attitudes et les comportements afin de les rendre plus adéquats aux
préceptes sanitaires.
5-Feed back ou rétro information
Le message de Rétroaction (ou Feedback, ou encore message de feed-back en anglais), est le
message, verbal ou non, renvoyé par réaction par le récepteur, à l'émetteur. Lorsqu'il existe,
on parle de communication bidirectionnelle. Ses enjeux sont différenciés de ceux du message
dont il est issu. Le feed-back peut servir, suivant les cas, à:
•Confirmer la réception du message ;
•Infirmer la réception du message ;
•Demander des précisions ;
•Relancer la discussion ;
•Terminer la discussion.
Cette notion a permis aux chercheurs en sciences humaines de passer d'une vision linéaire
(unidirectionnelle) de la communication, à la conception d'un processus circulaire
(bidirectionnelle).
On peut distinguer selon Wiener deux formes de Feed-Back :
•Le Feed-back positif, qui conduit à accentuer un phénomène, avec un effet possible de boule
de neige (hausse de la tension entre les communicants. Entre humains il s'agirait
d'énervement entre deux personnes).
•Le Feed-back négatif peut être considéré comme un phénomène de régulation, qui en
amoindrissant la communication, tend à la maintenir stable et équilibrée. Cette régulation
prend plusieurs formes notamment la reformulation ou le questionnement.
1
La notion de rétroaction (feed-back) est issue des travaux de Norbert Wiener sur la cybernétique
(Cybernetics or Control and Communication in the Man and the Machine (1948) et Cybernétique et société
(1950)). Elle semble issue de travaux ayant eu lieu aux États-Unis au cours de la seconde guerre mondiale pour
convertir l'industrie américaine en industrie de guerre (1941-1942). Elle correspond au saut technologique du
passage de la mécanographie à l'informatique, et à l'apparition des premiers ordinateurs basés sur des
technologies électroniques
9
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Ces deux formes du Feed-back assurent la réception du message. Le troisième cas, dans
lequel le Feed-back n'est pas exprimé (néant), crée un frein à la communication: on ne sait
même pas si le message a été reçu ou pas.
La boucle de rétroaction a conduit à définir des modèles théoriques et systémiques de
système d'information (niveaux opérationnel, organisationnel, décisionnel).
C’est la réaction ou la réponse du lecteur .Il permet d’évaluer la réponse du récepteur. Il est
important de savoir les effets produits par l’auditoire.
Les principes nécessaires à la bonne compréhension du message
M.R Chartier avance sept principes nécessaires à la bonne compréhension d’un message
1. Le principe de pertinence (atteindre le cadre psychologique du récepteur)
2. le principe de simplicité
3. le principe de définition (définir avant de développer)
4. le principe de structure (organiser le message en une série d’étapes successives)
5. Le principe de répétition (répéter les éléments clés du message)
6. le principe de contraste et de comparaison (procéder par association d’idées)
7. le plan de l’appui sélectif (attirer l’attention sur les aspects les plus importants)
Les difficultés liées à la communication
La communication est omniprésente dans nos sociétés mais c’est un art difficile .Les enjeux
et sens entendus sont multiples; le récepteur n’est pas toujours attentif ni le message bien
élaboré.
Ce qui compte dans le message n’est pas ce qui est dit mais ce qui est compris.
A -Élément sémantique
Le langage est une méthode de communication basé sur les symboles (les mots) pour
transmettre une expérience; un sentiment une description de fait.
 Le jargon spécialisé (recherche de terme adéquat)
 Le contexte (tenir compte de l’ordre du jour)
10
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
B- Élément psychologique

Le statut social du sujet

le rôle qu’il assurera;

la situation générale alourdissant ou allégeant

le climat de dialogue;

le langage et les normes du groupe d’appartenance
C- Au niveau de l’émetteur

Incompétence lié à la non maîtrise du sujet;

Impatience; émotion ;

Mauvaise prononciation
D- Au niveau du message
 Manque de précision
 Le choix des mots
 Le langage utilisé
 Insuffisance de communication ou sur communication
11
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Chapitre II Stratégie de communication
Définition de la stratégie de communication
La stratégie de communication est l'art de planifier et de coordonner la communication.
Une stratégie de communication est un ensemble de réflexions, de choix et de décisions
visant à définir :
 les objectifs d'un investissement en communication ;
 le budget permettant cet investissement ;
 Les canaux devant drainer les messages communicants selon les cibles à toucher ;
 La répartition dans le temps de l’effort de communication par message et par canal ;
Les paramètres de la communication
 Communication institutionnelle
 communication de marque
 communication produit
 communication interne
 communication de crise
 Image et notoriété
 La communication institutionnelle
La communication institutionnelle regroupe l’ensemble des actions de
communication qui visent à promouvoir l’image de l’entreprise ou d’une organisation
vis à vis de son public cible et différents partenaires.
 Communication financière
La communication institutionnelle
Les entreprises ou autres organismes sont tenues par des obligations légales en
matière de communication financière.
Cette communication passe par la présentation et le dépôt des états comptables et
financiers (bilan, compte de résultat, annexe, comptes consolidés, rapports de
gestion...) à une date donnée.
12
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
 Image et Notoriété
L’image de marque est composée de toutes les représentations tangibles ou mentales,
des connaissances et croyances que le public associe à une marque ou un produit. Il
ne faut pas confondre l’image voulue et l’image réelle.
Par exemple le préservatif, la contraception
En effet, l’image voulue correspond à l’identité du produit qu’on veut communiquer
au public, on parle alors d’identité de marque. En revanche l’image réelle est celle que
le public a de l’organisation en question.
 Communication de marque
Pendant longtemps, la communication persuasive de la marque a consisté à décrire le
produit ou le service promu, à expliquer ce à quoi il se destinait, ce qu'il était censé
faire, ainsi que les avantages qu'il procurait.
C'est vers 1896 qu’E. St.Elmo Lewis proposa un modèle qui allait pouvoir être
également appliqué quelques années plus tard à la communication publicitaire de la
marque. [...] Autant de variations qui offrent au discours de la marque une
communication visuelle, sonore et/ou littéraire, la possibilité de respecter les codes
usuels et de continuer à s'adresser au plus grand nombre.
 Communication produit
La communication produit regroupe l’ensemble des actions de communication
publicitaire destinées à promouvoir un produit ou service. Il s’agit de la forme la plus
courante de communication publicitaire.
 Communication interne
Cette communication se destine à réduire les impacts directs de la crise et la
communication sur les enjeux qui se destine à limiter les polémiques et à protéger la
réputation d'une organisation en crise.
 Communication de crise
La communication de crise est également l'une des composantes de la gestion de
crise, elle peut se distinguer en deux branches : la communication directement utile à
la gestion de crise (alerte des clients ou des populations, consigne)
Une crise correspond à la phase ultime d’une suite de dysfonctionnements qui met en
péril la réputation et la stabilité de l’entreprise ou de l’organisation. D'autres auteurs
mettent plutôt l’accent sur le caractère déstabilisant de la crise.
13
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Nous devons garantir que les cibles prioritaires seront atteintes, et maximiser le
retour sur investissement de l'opération.
Mais au-delà des souhaits explicités par le bénéficiaire, son passé, son actualité, son
environnement, son contact sont autant de facteurs qui nous dictent une conduite
dans chaque situation où la rigueur doit être épaulée par l'intuition, la subjectivité ou
la sensibilité
Canaux de communication
Voici une liste de canaux de communication ou véhicules dans laquelle nous puisons
généralement, et dont la variété est propre à illustrer la richesse de la réflexion
stratégique.
Les canaux de communication sont :
•
édition (plaquette, livre, newsletter...)
•
média (publicité, annonce presse, relations...)
•
hors média (mailing, annonces, journal interne, packaging-design, jeux, concours...).
Les points clés de la communication
1. Que dois-je attendre de la communication, dans le cas précis qui est celui de mon
entreprise ou organisme ?
La réflexion doit être guidée en prenant en compte de certains éléments:
 les informations disponibles (études, articles parus dans la presse professionnelle
ou spécialisée).
 les avis de ceux qui, à l’intérieur de l’entreprise ou l’organisme, sont en contact
avec le public cible, connaissent bien le terrain, ont si possible une vue globale des
interactions.
 des objectifs qui soient cohérents avec ce que peut légitimement faire la
communication ;
 établir avec une bonne probabilité la réalité des résultats obtenus (se méfier des
déclarations gratuites et rumeurs).
2. la mise en avant d’un problème clairement exprimé qui peut être résolu par une
forme ou une autre de la communication. Se concentrer sur la résolution d’une seule
problématique, en communication, est obligatoire.
14
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Définir, de manière aussi précise que possible, le ou les publics prioritaires auxquels
on devra exclusivement s’adresser.
Saisir leur profil dans toutes les dimensions, aussi bien que leurs rapports aux
produits ou service.
Les interactions des publics entre eux devront être décrites (prescripteurs, leaders
d’opinion éventuels, quelle est leur influence, au travers de quels moyens…).
. Evaluer à la lumière des paramètres énoncés, la pertinence des actions de
communication menées durant ces dernières années :
A-t-on visé les bonnes cibles, avec cohérence dans la durée, en utilisant les bons
dispositifs, le bon niveau de budget.
. Utiliser une méthode qui permet de tirer la quintessence opérationnelle de ces
données,
de
les
hiérarchiser
de
les
mettre
en
ordre.
Pour être valide, cette démarche suppose d’être appliquée à tous les niveaux
constitutifs de la stratégie.
Cette méthode existe et elle est à la portée de toutes les organisations : c’est le SWOT
(en français AFOM = Atouts, Faiblesses, Opportunités, Menaces).
A chaque niveau les forces et faiblesses, les problèmes et opportunités, fera émerger
les variables décisives sur lesquelles il sera le plus pertinent, le plus efficace.
6. Formalisation de la stratégie de communication.
Dans sa formalisation, la stratégie de communication est la résultante de l’application
stricte de deux éléments :
•
Etre concis et précis dans la rédaction de chacun d’eux (ne pas oublier que la
finalité de la stratégie est en quelque sorte d’être la « bible » de la
communication, compréhensible.
•
La cohérence est l'autre qualité d‘une stratégie de communication
15
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Chapitre III Communication en santé publique
 Définition
La communication en santé se définit comme la transmission et l'échange des savoirs,
opinions et sentiments entre patients et fournisseurs de soins impliqués dans la démarche
thérapeutique, mais aussi, au sens large, entre patients, soignants, administrateurs de la
santé et citoyens intéressés par les implications sociétales de la politique de la santé.
 Un processus complexe
La conception d’une campagne de communication est un processus complexe. Il faut
entendre par « campagne de santé publique » l’ensemble des actions qui utilisent l’achat
d’espace payant pour délivrer un message. Une campagne doit tout d’abord reposer sur une
connaissance préalable et précise de l’opinion du public auquel elle s’adresse. Pour ce faire,
sont menées des enquêtes dites « KAPB » (pour knowledge, attitudes, practices, beliefs), qui
visent à mesurer les connaissances, attitudes, pratiques et croyances des personnes
interrogées.
Ce type d’études permet de mesurer l’état des connaissances de la population et sa capacité
à adhérer ou pas à une stratégie de communication donnée. Il fournit par ailleurs des
indications précieuses sur la modification des comportements et donc l’impact des
politiques de santé publique au fil du temps.
Le projet de campagne est ensuite discuté avec les différents partenaires intéressés,
ministère de la santé, agences sanitaires, service d’information du gouvernement, caisse
nationale d’assurance maladie, etc. Cette étape est importante : elle constitue une phase
d’appropriation collective de la campagne par les institutions qui seront, chacune à leur
niveau, amenées à la porter ou à la décliner.
La stratégie de communication va être affinée à la fois par la concertation avec des groupes
d’experts (professionnels de la santé ou de l’éducation, associations, sociétés savantes, etc.)
et par la réalisation de « prétests ». Ces travaux préparatoires vont amener la campagne à
évoluer, souvent à la marge, mais parfois plus en profondeur.
16
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
 Du bon usage des campagnes
Elles présentent en effet trois avantages
Il est donc tentant pour les responsables du système de santé de réagir à un problème donné
par une action de communication.
On relèvera d’ailleurs, au passage, que la décision de réaliser une communication publique
sur un sujet donné a pour effet quasi mécanique de légitimer l’existence d’un problème de
santé. Il est également important de maintenir une grande stabilité dans les thèmes des
campagnes.
En effet, ces dernières pèsent avant tout sur les représentations. Ce n’est qu’à très long
terme, par ce biais et pourvu que lesdites campagnes s’inscrivent dans un dispositif
d’ensemble durable et cohérent, que l’on peut espérer modifier les comportements
Il a ainsi fallu trente ans de campagnes antitabac pour parvenir à « dénormaliser » l’image de
la cigarette dans les sociétés occidentales.
17
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Les décideurs doivent aussi admettre qu’en aucun cas une campagne de santé publique ne
peut à elle seule tenir lieu de politique de santé publique.
Bien pire, une campagne de santé publique intervenant sur un terrain non préparé peut
avoir des effets dévastateurs, En ce sens lorsque les dispositifs d’information, d’éducation, et
a fortiori de prise en charge par le système de santé ne sont pas en mesure de supporter la
demande sanitaire ou sociale que va générer la campagne.
En outre, une politique de prévention a d’autant plus d’impact qu’elle ne se contente pas
d’aborder les comportements individuels, Elle cherche à peser sur des comportements
collectifs ou environnementaux. Or, reconnaissons-le, les campagnes de santé publique
visent en priorité les comportements individuels.
Une campagne de santé publique n’est efficace que lorsque son ton est en phase avec
l’opinion. Il est ainsi devenu possible de faire des campagnes beaucoup plus directes sur le
tabac à partir du moment où un consensus minimum sur la dangerosité du produit a été
trouvé y compris avec les fumeurs eux-mêmes. La même approche serait par exemple
inappropriée pour l’alcool, dont toutes les études montrent qu’il s’agit toujours d’un produit
« culturel». La consommation d’alcool fait encore partie de la transmission d’un héritage
familial.
Toute attaque frontale du produit n’aurait pour effet que de susciter un rejet par l’opinion. Il
convient enfin de souligner que la recherche de l’image ou de la formule choc conduit parfois
les communicants à privilégier des formes d’expression qui comportent un danger de
stigmatisation, dont il faut bien entendu se prémunir.
18
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
. Un exemple souvent cité par les spécialistes des questions d’éducation pour la santé est
celui, dans les années 1990, de la campagne de lutte contre la consommation excessive
d’alcool et dont la signature était :
« Tu t’es vu quand t’as bu ? ».
Ce slogan a marqué les esprits ; il fut efficace sur la majorité des buveurs, mais souleva aussi
de nombreuses critiques, justifiées, tant il stigmatisa les personnes dépendantes de l’alcool.
La limite de la communication en santé publique
Les limites du genre
La première question est celle, récurrente, de l’approche normative induite par ce type
d’action : le message se doit d’aller à l’essentiel
L’objectivité appelle toutefois à plus de nuance. Et tout d’abord en soulignant l’ambiguïté du
rapport de nos concitoyens à la norme. Celle-ci est ressentie comme une atteinte au libre
19
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
arbitre, qui sera d’autant plus mal vécue qu’elle porte sur ce qui est considéré comme un
risque choisi : boire, fumer apparaissent ainsi d’abord comme des choix individuels.
Il importe également pour l’avenir et parce que la prévention est aujourd’hui beaucoup plus
visible qu’elle ne l’était voici encore quelques années de pouvoir mieux mesurer le degré
d’adhésion de l’opinion à cette approche par les normes et les risques qui tendent à se
systématiser.
En effet, une certaine saturation de l’opinion ne saurait être écartée et une évaluation
s’impose.
Un autre élément clef de réponse réside dans le processus d’appropriation des campagnes.
Chaque message de prévention va, en quelque sorte, être « reconstruit » par chacun de ses
destinataires.
L’objectif est ici avant tout le développement des aptitudes individuelles et non pas l’édiction
exogène de normes de comportement.
Les messages de prévention obéissent désormais à trois règles :
20
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
La communication par les risques doit cependant s’inscrire dans une démarche d’ensemble
reposant sur une volonté de pédagogie. La peur n’est pas une fin en soi et les campagnes ne
sont pas conçues pour effrayer le spectateur, mais bien pour donner du corps à une notion
abstraite, le risque.
Elle est un ressort créatif, mais il importe cependant de présenter dans le même temps des
moyens efficaces de répondre au risque évoqué. On peut ainsi interpeller un fumeur par ce
moyen, si, dans le même temps, on lui explique qu’il existe des possibilités de sortir du
tabagisme.
Et l’on voit bien que, de ce point de vue, il y a une réelle complémentarité entre les différents
médias.
Tout aussi fondamentale est l’adéquation de l’outil à l’objectif recherché. Autrement dit, il ne
faut pas assigner aux campagnes une fonction qu’elles ne sauraient avoir. Le sida en offre un
exemple particulièrement illustratif.
L’ensemble des experts s’accorde pour souligner un relâchement de la prévention et une
recrudescence des comportements à risque dans la communauté homosexuelle. Or, toutes
les études démontrent que cette population est particulièrement bien informée sur les
comportements à risque.
21
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
De ce point de vue, les campagnes de santé publique ont joué leur rôle et ont atteint l’objectif
qui leur était fixé. Mais l’enjeu se situe sans doute ailleurs, dans la remobilisation d’une
communauté qui a vu s’essouffler le militantisme originel et qui se trouve confrontée à
l’apparition de nouvelles générations qui n’ont pas connu l’hécatombe des années 1980-90,
Les nouvelles générations qui sont lasses d’un discours ressenti comme moralisateur de la
part des pouvoirs publics et des associations et qui ont connu l’arrivée de solutions
thérapeutiques laissant – faussement – penser que l’on ne meurt plus du sida C’est bien ici
que l’on mesure les limites des campagnes de santé publique.
Elles sont indispensables, car elles modifient en profondeur les représentations et les
connaissances ; elles interpellent souvent et permettent de maintenir un indispensable bruit
de fond. Mais elles ne peuvent influencer durablement les comportements. Autrement dit,
elles ne sont réellement efficaces que si elles s’adossent à de véritables politiques
d’éducation pour la santé. Des politiques qui s’intéressent au rôle des milieux d’acquisition
des connaissances en santé : l’école et les différents lieux de soins, mais aussi les entreprises,
les collectivités locales.
Des politiques qui développent des approches populationnelles et ne se limitent pas à
égrener les risques sans les contextualiser. Mais aussi des politiques qui demandent des
ressources humaines autrement plus importantes que celles aujourd’hui consacrées aux
politiques de prévention, puisqu’elles reposent sur l’action de proximité
22
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Chapitre IV
Persuasion et coercition dans les interventions de santé publique
Sous ces diverses étiquettes, les actions de prévention et d'éducation sont présentées
comme déterminantes pour la réussite de tout programme sanitaire. Malheureusement,
victime de sa richesse et de la difficulté de rendre compte de la diversité des actions
entreprises ou peut-être de son indigence théorique, cette pratique semble éprouver
quelques difficultés à se définir.
Selon certains, « l'éducation sanitaire est l'action qui cherche à informer les populations en
vue de leur faire comprendre l'intérêt et ensuite de leur donner le désir et ensuite les
moyens de chercher à protéger, rétablir ou perfectionner leur propre santé et celle de leur
collectivité » (Labusquière 1982),
« L’éducation pour la santé se définit comme l'ensemble des moyens et actions permettant à
chaque individu de prendre sa santé en main, à la fois individuellement et collectivement. Se
prendre en main afin de protéger cette ressource non renouvelable entre toutes : la santé,
partant la vie » (Plamandon 1976).
L’éducation sanitaire est donc définie comme l'ensemble des efforts destinés à modifier
volontairement le comportement des individus d'une population en face de leur santé »
(Isely 1985), Éduquer, ce n'est pas seulement instruire ou informer. C'est faire adopter des
attitudes nouvelles, c'est apporter le changement... comment quelqu'un apprend-il quelque
chose ?
L'éducation pour la santé est un art, l'art de convaincre les gens » (Sillonville 1979).
Parmi d'autres définitions, nous pourrions encore citer l'invocation à la « trilogie » du «
savoir » ce qui est bon, « vouloir » changer et « pouvoir » agir (Berthet 1973) où l'espérance
tient lieu d'analyse.
Une certaine utilisation de la planification par objectifs programmés où la stratégie se
propose de résoudre les difficultés liées à la diversité des systèmes sociaux ; la «
mobilisation sociale », le « marketing social »,
La lecture de ces diverses définitions ne surprendra aucunement ceux qui travaillent dans
des programmes de santé dans des pays en voie de développement.
Si le virage promotion de la santé marque un déplacement de la responsabilisation de
l’individu vers l’identification de causes sociales ou environnementales de la maladie;
l’individu n’en demeure pas moins une cible importante des interventions de protection et
de prévention. Pendant que l’individu fait un choix libre entre divers comportements en
fonction de la recherche d’un équilibre entre bénéfice (souvent à court terme) et des
23
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
bénéfices à (long terme), la santé publique se trouve confrontée dans sa responsabilisation
d’un individu qui ne saurait pas trouver certainement un bon équilibre. On ne peut pas
responsabiliser un individu qui n’est pas parfaitement conscient de la nature et de la gravité
des conséquences de ses comportements.
Le mandat fondamental de la santé publique n’est pas d’abord un mandat d’éducation mais
d’information.
Éducation, coercision, endoctrinement
La nouvelle santé publique procède moins par la coercition que par la promotion d’une
attitude positive face à l’évitement de comportement à risque et à l’adoption de saines
habitudes de vie. L’objectif est d’amener le citoyen à intégrer à ses propres valeurs, à ses
propres objectifs de vie, les normes proposées par une santé publique qui peut
difficilement éviter de devenir une sorte de vaste entreprise d’acculturation aux normes
dont elle fait la promotion. Mis à part certains dossiers impliquant l’usage de la coercition.
EX: loi de protection des non-fumeurs, loi sur le port obligatoire de la ceinture
règlementation contre l’alcool au volant etc.) Il s’agit de persuader les citoyens d’avoir une
meilleure alimentation, une sexualité protégée, de recevoir les vaccins proposés ou de
développer leurs compétences parentales.Certains d’entre eux soutiendront que persuader
c’est limiter l’autonomie de l’interlocuteur.
Ainsi pour un professionnel il y a une différence entre informer et convaincre. Mes propos
véhiculent mes propres valeurs.
Pour BEAUCHAMPS il existe trois formes d’influence.
24
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
25
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
La manipulation de l’information
26
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
La coercition
Campbell
L’éducation à la santé ne signifie pas automatiquement brimer la liberté individuelle. On
peut voir comme une condition essentielle au développement de l’autonomie. L’éducation à
la santé offre dans cette perspective la liberté de définir leurs vies personnelles en accord
avec leurs propres buts. L’autonomie n’est possible que quand nous sommes en mesure
d’agir de façon cohérente et sur la base d’un niveau acceptable d’information.
William
Guette ceux qui font usage de certaines techniques de promotion de la santé, s’inspirant
des stratégies persuasives de marketing, ces derniers n’auront qu’un impact superficiel
sur le rapport du citoyen aux facteurs de risque. Une implication à long terme pour des
comportements sains est nécessaire si nous souhaitons vraiment améliorer la santé et ceci
en fonction de l’éducation et non en fonction de la promotion. Une implication à long terme
27
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
pour des comportements sains est nécessaire si nous souhaitons vraiment améliorer la
santé et ceci en fonction de l’éducation et non en fonction de la promotion.
Les techniques de persuasion
La coercition, comme l’ont démontré les analyses de Foucault, n’est pas toujours explicite et
opérationnelle dans des règlementations. Elle est insidieuse, dans l’esprit du citoyen
moderne qui finit par faire sienne les normes. En mettant tout en œuvre pour persuader la
population des risques associés à tel ou tel facteur de risque, la santé publique opère-t-elle
un processus de manipulation et de façonnement des perceptions? C’est ce que craignent
ceux pour qui les messages de persuasion risquent parfois à l’image des pratiques de
marketing, de glisser dans la manipulation de l’information. Ici le problème n’est pas la
diffusion d’informations fausses ou non démontrées scientifiquement, mais plutôt la
sélection des éléments d’information qui frappe le plus l’imagination aux dépens d’une
éducation populaire fondée sur un portrait global de la réalité.
Exemple la présentation des risques de contracter le VIH comme étant un quasi
automatisme lors des relations sexuelles non protégé afin d’encourager la pratique des
relations sexuelles sécuritaires.
28
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Chapitre V Les modèles d’argumentation utilisés
Malgré l'impressionnante quantité de projets et de textes publiés en ce domaine, il nous semble
possible de dégager quelques invariants. Le divers s'ordonne autour de quelques modèles
simples valorisant la contrainte, la séduction ou la connaissance.
29
La contrainte
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Il s'agit du modèle le plus simple utilisant la législation et la répression envers des particuliers
ou des firmes commerciales :
Sa mise en œuvre révèle bien souvent les contradictions des États, hésitant par exemple
entre la mise en œuvre de campagnes sanitaires et les revenus conséquents procurés par les
taxes prélevées sur certains produits notamment sur les alcools et les tabacs.
Celle-ci peut être soit implicite, soit explicite. Dans le premier cas, ce modèle ne requiert de
la part du récepteur du message qu'une implication intellectuelle et affective minimale.
la séduction
L'hypothèse en est que, stimulés par la vision ou l'audition répétitive d'un message (affiches,
« spots » audiovisuels...), les individus adopteront les conduites proposées par celui-ci sans
même que les thèmes proposés aient à franchir la barrière d'une réflexion consciente ou
d'un choix volontaire. Dans le second cas, il s'agira souvent de messages plus métaphoriques
qu'argumentatifs. Utilisé très fréquemment dans le cadre commercial, comme par exemple
dans la publicité de parfums aux appellations suggestives, ce modèle trouve son application
dans le domaine de l'éducation pour la santé sous forme de la « méthode des contes », ou de
l'utilisation du théâtre, des chansons, des bandes dessinées, des pagnes imprimés avec des
slogans etc. Bien que ces pratiques semblent diverses, l’hypothèse en reste la même :
intéressés par l'intrigue, le jeu des comédiens, les suaves évocations, un mot ou l'élégance et
un « boubou », les lecteurs ou les spectateurs assimileront sans difficultés les thèmes
sanitaires inclus dans les divers récits.
Si les divertissements populaires ont maintes fois fait la preuve de leur capacité à intéresser
le public et par suite à transmettre de nouvelles connaissances, il importe malgré tout de
souligner quelques difficultés liées à leur utilisation. Inventer des récits sans tenir compte de
ces règles est bien souvent se condamner à être incompris de ceux à qui l'on souhaitait
30
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
s'adresser. De la même manière, la perception des images, qu'elles soient fixes ou mobiles
est à étudier avant d'utiliser des affiches, des montages photographiques ou des films.La
lecture d'une image n'est pas « naturelle », mais obéit à des règles culturelles.
Les symboles utilisés (flèche, équivalence, stylisation du décor) sont souvent
incompréhensibles pour un rural les découvrant pour la première fois. Les diverses
figurations ne peuvent être comprises que si elles correspondent à l'univers matériel de
celui à qui elles s'adressent (nomade, rural, urbain...) (Jahoda 1988).
La connaissance
Il s'agit là du modèle le plus courant d'actions en éducation pour la santé, postulant après
une première étape d'information. Les populations concernées seront convaincues par le
message délivré et donc adopteront des comportements conformes aux préceptes sanitaires;
Cette conception, implicite aux actions dites de démonstration (montrer et démontrer
rationnellement), qu'elles soient nutritionnelles ou d'hygiène, n'a dans sa forme la plus
frustre (long monologue d'un formateur devant des auditeurs silencieux) que bien peu
prouvé son efficacité. Depuis une dizaine d'années, d'autres approches se désignant du nom
de « pédagogie du microscope » essaient d'améliorer cette méthode.
« Une fois les explications données, les médecins prélèveront sur les malades les plus
atteints quelques fragments de peau (snip) que chacun, jeunes et vieux, peut observer au
microscope. Il faut dire à nouveau ici toute l'importance de ce que nous avons appelé la «
pédagogie du microscope ».
Ce n'est que lorsque les gens ont réellement vu les petits vers s'ébattre sur la lame qu'ils
acceptent vraiment les explications qu'on leur a données » (Belloncle 1979 : p. 26).
Dans ce dispositif, le rôle de la démonstration ou du microscope sera double.
Pédagogiquement, il sert à montrer le vecteur de la maladie. Linguistiquement, la vision de
l'agent pathogène (référent) doit permettre d'établir des équivalences entre le discours
médical et celui des populations. Les secondes remarques sont plus anthropologiques. Le
vraisemblable ne se confond pas avec le rationnel.
« La distinction entre un monde naturel et un monde surnaturel, ou entre un « ici-bas » et un
« au-delà » est répandue, elle n'est pas universelle. C’est cette distinction entre deux modes
d'existence qui entraîne une distinction entre deux façon d'appréhender ce qui est:
perception et savoir d'un côté, croyance de l'autre ». (Pouillon 1979 : 44).
C'est là une manière de voir assez étrange pour notre univers intellectuel fondé sur l'idée
que la vérité consiste en une correspondance entre ce qui est dit et ce qui est » (Boyer 1986).
31
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Ces remarques n'ont pas pour but « ironiser sur les déboires des pédagogues, mais de
montrer les limites d'un certain nombre de méthodes et de souligner la complexité des
transferts de connaissances entre équipes de terrain et populations.
C'est dans le cadre de cette question de transmission de messages techniques, qu'il est le
plus souvent fait appel au sociologue ou à l'anthropologue :
« Nous voulons bien communiquer avec les populations, mais des obstacles culturels
(conception de la maladie, tabous, etc.) s'y opposent ; aidez-nous à faire passer notre
message » En fait, porter l'interrogation sur la manière dont les populations réagissent aux
messages qui leurs sont adressés revient à complexifier cette conception de l'acte de
communication.. En fait, porter l'interrogation sur la manière dont les populations réagissent
aux messages qui leurs sont adressés revient à complexifier cette conception de l'acte de
communication. Les récepteurs en chaque lieu et instant, sélectionnent, choisissent, relient
les divers messages qui leurs sont adressés : « on dit », « bruits qui courent », « radio trottoir
Introduire la dimension culturelle n'est pas non plus suffisant. Celle-ci ne peut se limiter à
une technique de persuasion au même titre que la recherche publicitaire. Autrement dit, la
prise en compte des valeurs, des besoins et de l'inconscient collectif, c'est-à-dire de tout ce
qui compose les modèles culturels et symboliques d'une société, est une condition
nécessaire mais non suffisante à la réussite d'un projet.
Ces modèles s'inscrivent eux-mêmes dans des rapports de pouvoir et des enjeux
économiques dont la prise en compte conditionne la résolution ou non du problème de la
participation » (Des jeux 1985).
Le modèle E ----- > R, homogène avec celui de la psychologie behavioriste « stimulus réponse », que l'on trouve implicitement à l'origine des méthodes de « stratégie » («
mobilisation sociale », « marketing social »), où le bon message devrait entraîner un bon
comportement. Ce modèle s'avère insuffisant pour rendre compte des liens complexes
s'établissant entre l'émetteur et le récepteur lors de la transmission d'un savoir dans une
situation interculturelle et ceci pour au moins deux raisons : - Un stimulus (ici un message)
ne peut être compris d'une seule façon, mais sera interprété en fonction du savoir, de
l'expérience, de la mémoire et des divers réseaux d'appartenance sociale du récepteur.
Les multiples déterminations des pratiques sociales. Si ce terme est utilisable pour
dénombrer des actes, il ne permet aucunement de les expliquer et son emploi conduit
souvent les développeurs sanitaires à confondre les effets d'une situation avec ses causes.
Comment par exemple, dans les pratiques du corps distinguer celles qui relèvent de
l'hygiène, de l'esthétique ou du religieux ? et dans l'alimentation, ce qui relève du goût, des
contraintes économiques, de la « distinction sociale » (Bourdieu 1979).
32
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
DILEMMES ENTOURANT LA COMMUNICATION
DU RISQUE A LA POPULATION :
QUAND COMMENT ET JUSQU OU DOIT ON INFORMER
LA POPULATION DES RISQUES POUR LA SANTE ?
La communication du risque à la population, l’une des intervenu- tirons les plus importantes de la santé
des plus sensibles pour les enjeux éthiques. La
question fondamentale à laquelle sont confrontés les professionnels de la santé
publique est la suivante : considérant le degré d’incertitude quant aux données
dispo-niables, quelles sont les informations qui doivent être diffusées au grand
public dans le souci de leur droit à l’information et quelles sont Celles qui devraient
être retenues dans le souci de en pas indument induire un stress inutile, exagéré ?
En encore, jusque’ ou doivent-ils aller dans l’expli- cation des tenants et
aboutissants d’un risque pour la santé pour faire en sorte que l’information soit
bien comprise par la population d’agir ?
publique, peut s’avérer aussi l’une
la communication des risques environnementaux dans le cas des dossiers de
pollution en est un exemple. La transparence des informa- tirons est primordiale,
s’accordent à dire les professionnels. Mais un communiqué de presse, une étude
d’impact de l’implantation d’une industrie ou une simple évaluation de la
perception des risques dans une population peut générer une inquiétude
importante. Toute la question se résume à déterminer le niveau acceptable de
risque toléré avant d’informer la population (1 sur100.000 ?sur 1000 ?) Se pose
aussi la question du <<ton<< à prendre dans la communication. Adopter un ton
prudent et rassurant risque de dépouiller le message de son potentiel d’impact, de
banaliser le facteur de risque visé. Toutefois, adopter un ton trop ferme, impératif,
peut soit alimenter la panique et le stress dans la population, soit, à l’inverse,
susciter des réactions du type :<voila un autre exemple d’alerte inutile de
professionnels alarmiste<< (exemple : l’interdiction des formages au lait cru, les
campagnes en faveur du port du casque à vélo, etc. ).
Spire (1991) rappelle que les quatre principes de base de la bioéthique sont ici
concernés. la divulgation d’informations affectant potentiellement des individus,
comme dans le cas des maladies à décala- ration obligatoire, risque de contrevenir
33
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
au principe de la protection de la confidentialité et, de là au non- respect de
l’autonomie, en dépit du fait que, dans certaines circonstances, le bien collectif
impose la divulgation de cette information. C’est alors le principe de bienfaisance
qui primera, la santé publique étant dans l’obligation d’informer les individus des
risques réels auxquels ils sont exposés. Le principe de non- malfaisance, pour sa
part, interviendra pour rappeler cette obligation de ne pas cacher ou de minimiser
un risque réel pour une populations(qui s’exposera, par exemple, à des substances
toxiques émises par une entreprise polluante) ou, au contraire, exagérera
l’importance réelle dudit risque, par manque d’analyse critique des données
disponibles ou pour des motifs politiques, et, de là sera susceptible de créer un
climat de panique. Enfin, la communication du risque, dans un souci de justice
sociale, devra savoir répartir les responsabilités de chacun des acteurs sociale,
devra éviter les accusations et déclarations intempestives, afin de ménager
l’équilibre des pourvoir des parties en présence.
Un autre facteur à prendre en considération, et qui n’est aucune ment rattaché à la
précision et à l’incertitude dans la mesure du risque, est celui de la disponibilité de
thérapie ou de solutions alternatives. Atherley et al’(1986) par exemple, ont
souligné qu’en l’absence de solutions accessibles et effaces, la communication d’un
risque donné est susceptible d’entrainer des comportements d’autodestruction et
des traumatismes émotifs chez les individus informés, de même que le rejet
Par leur entourage, la discrimination et la stigmatisation.
André Beauchamp définit la gestion du risque comme<< le processus de décision
ou un gestionnaire, disposant d’informations scientifiques,
Tenant compte des valeurs sociales et pondérant les gains et les pertes pour
chacun des acteurs concernés en arrive à prendre une décision prudente et
éclairée<< (Beauchamp, 2001 : 711) Un risque serait parti- clairement inacceptable
s’il est plus élevé que les risques encourus par les activités de la vie courante. Audelà de la marge d’incertitude des mesures du risque, se posent alors les questions
de la définition de ces valeurs sociales ou du statut que la santé publique devra
accorder à l’évaluation que pourrait faire la population de l’acceptabilité du risque,
principalement de la sensibilité différente que présente la population à un risque
assumé librement versus un risque imposé de l’extérieur.
34
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Savoir composer avec les conception populaires du risque
Evidemment la pratique quotidienne de la santé publique se charge de venir
compliquer la mise en œuvre de principes théoriquement valables. Un premier
problème découle du manque de familiarisation de la population avec la notion de
probabilité. Alors que les mesures de risque s’expriment, dans le savoir
scientifique, en termes de probabilité, de risque relatif, de ration diverse, le savoir
populaire fonctionne habituel- liement selon une logique catégorielle : présence
ou absence de risque. L’individu concerné est susceptible de demander si, oui ou
non, lui, sa famille, sa communauté, les ouvriers de son usine sont exposés à des
conséquences sur leur état de santé. Une grande partie de l’art d communication
du risque réside dans la transpositions, dans le langage populaire, de réalités
complexes et irréductibles à la logique binaire, et ces, sans que la population y
sent une volonté de se soustraire à l’noli-gâtions d’information ou que les
responsables légaux de la santé publique y voient une procédure de<<
théâtralisation<< . La conception probabiliste du risque est en effet difficile d’accès
pour le commun des mortels. De plus, Lepère et al. (1996) proposent que<<les
probabilités perçues par les sujets en sont pas une fonction linéaire des fréquences
observées(…) les propriétés de cette fonction de pondération suggèrent que les
risque sont surestimés quand les probabilités objectives sont faibles, mais que les
sujets les identifient à zéro quand elles deviennent trop faibles, il y a une rupture
de pente<< (LEP lège, Fagot-Largeault et Spiral, 1996 : 1334). Beauchamp et
Chiades (1987 :102) rappellent pour leur part que<< la littérature indique que
l’information sur le risque conduit souvent les sujets à déformer l’information et
qu’elle peut contribuer à promouvoir des erreurs dans les prises de décisions et
des craintes disproportionnées face aux risque<<.
Notons que si le savoir populaire véhicule une<<conception<< diffué- rente du
risque, la population montre aussi fréquemment une<<évalua- timon<< différente
de la dangerosité. Beauchamp rapporte par exemple que<< à taux d’occurrence
plus faible, un risque nucléaire est toujours perçu comme plus grave qu’un risque
familier comme la conduite automobile<< (Beauchamp, 2001 : 712) .
Enfin, il est toutefois important de rappeler que si la notion épié myologique de
risque situe le danger à l’extérieur de l’individu en le dépersonnalisant,
l’identification de groupes à risque, peut être par des tests de dépistage, ou la
35
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
définition de groupes à risques, peut être traumatisante et porteuse d’enjeux
éthiques. Bref, la porte est ouverte ici appelé une<< épidémiologie populaire<< soit
une science des conceptions populaires des risques pour la santé.
La construction socioculturelle du risque
Mais les valeurs sociales véhiculées par le professionnel sont sus cep- tables
d’intervenir dans le processus alors que, dans plusieurs, dossiers, les données se
prêtent rarement à des jugements clairs et indiscutables. En fait, faut-il encore
décider de ce qu’est un risque<< significatif<< et<< accepté- table<< et trancher
parmi les critères en fonction desquels on jugera de rance de vie, impacts sur
liquette signification- acceptabilité ( impacts sur la santé, impacts su l’esp- rance de
vie, impacts sur les couts économiques, impacts sur la crédibilité des institutions
de santé publique, etc.). Aussi, dans certaines dossiers (ex : celui de la vaccination
massive contre la méningite au Québec en 1992) les considérations politiques sont
susceptibles de prendre le dessus sur la stricte évaluation de la situation faite par
les<< experts<<.
Nous avons déjà abordé, au premier chapitre, le fait que l’improbe-ment de la
valeur mathématique de la probabilité qui lui est associée Dans certains cas, la
société en général, et la santé publique qui s’y trouve parfaitement inscrite,
présentent un niveau élevé de tolérance envers certains risques, comme dans le
cas des risques élevés pour la santé représentés par des causes<< culturellement
acceptables<< telles que le tabagisme, l’alcool et certaines pratiques sportives. A
l’inverse, des pratiques à très faible risque objectif canaliseront une large portion
des ressources financières et professionnelles. LEP lège et al. (1996) rap- pellent,
par exemple, que la presse spécialisée indiquait que la probe- bilié qu’une
personne entre en contact avec le VIH lors d’un rapport sexuel non protégé avec
une personne n’appartenant pas à un groupe à risque est de 2 sur 10000 000. Si le
rapport sexuel a lieu avec une personne séropositive, le risque se situe entre 5 et
30 pour 1000 (LEP lège, Fagot-Largeault et Sapir, 1996 : 1334). Sans nier la réalité
de ce risque de contaminât nous ne pouvons que constater qu’il a bénéficié d’une
contamination, nous en pouvons que constater qu’il a bénéficié d’une attention
toute particulière par la santé publique.
36
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
Bibliographie
37
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
1. Le juge Anderson, Birkhead, D., Eason, DL et Strine, MS (1988). La caravane de la
communication et de ses multiples histoires. En RP Hawkins, JM Wiemann, & S.
Pingree (dir.), Faire avancer la science de communication: Fusion processus de
masse et interpersonnelles (p. 276-307). Newbury Park, CA: Sage.
2. Arcenas, EM (1995). "communication" dans l'élaboration de la communication
académique. Thèse de doctorat, Université de Pennsylvanie.
3. Barnouw, E., Gerbner, G., Schramm, W., Worth, TL, et Gross, L. (dir.). (1989).
Encyclopédie internationale des communications (4 volumes). New York: Oxford
University Press.
4. Benson, TW (1992). Communication et le cercle d'apprentissage. Quarterly Journal of
Speech , 78 , 238-254.
5. Berelson, B. (1959). L'état de la recherche en communication. Public Opinion
Quarterly, 23 , 1-6.
6. Brownell, J. (1982). Elwood Murray laboratoire dans
interpersonnelle. Communication Education , 31 , 325-332.
la
communication
7. Burgoon, M. (1994). Pour rêver le rêve impossible: La rhétorique de Gerald R. Miller
(1931-1993). Communication Research homme , 20 , 431 - 436.
8. Cappella, JN, Cegala, DJ, Farrell, la tuberculose, McPhee, RD, Monge, PR, Poole, M.
Scott, Smith III, TJ, et Woelfel, JN (1986). Plus grand que nature: Donald Cushman.
Communication Quarterly , 34 (4), 379 à 388.
9. Carey, J. (1979). Études supérieures en communication de masse. Communication
Education , 28 , 282-293.
10. Cohen, H. (1994). L'histoire de la communication orale: L'émergence d'une
discipline, 1914-1945 . Annandale, VA: Speech Communication Association.
11. Craig, RT (1990). La tradition de la parole. Monographies de la communication, 57 ,
310-314.
12. Craig, RT (1995). Examen de A History of Communication Research: Une approche
biographique de EM Rogers, et L'Histoire de la Communication Parlée: L'émergence
d'une discipline, 1915-1945 par Herman Cohen. Théorie de la communication, 5 ,
178-184.
38
M.DOUMBIA Communication en santé EHESP
13. Delia, JG (1987). La recherche en communication: Une histoire. Dans CR et SChaffee
Berger (Eds.), Manuel de la communication scientifique (pp. 20 - 98). Newbury Park,
CA: Sage.
14. Dennis, EE, et Wartella, E. (dir.). (1996). Communication Research américaine:
L'histoire se souvenait. Mahwah, NJ: Erlbaum.
15. L. Harold Dwight Propaganda in the World War, 1927
16. L. Harold Dwight World Politics and Personal Insecurity, 1965
17. L. Harold Dwight politics: Who Gets What, When, How, 1936
18. L. Harold Dwight The Garrison State, 1941
19. C.ROGER Histoire de la culture écrite (XVe-XVIIIe siècle) ,2004
39
Téléchargement