journal - Theatre de la Ville

publicité
LE
JOURNAL
novembre-décembre 2012
ÉDITORIAL
Ce qui anime notre projet au Théâtre de la Ville est la volonté de partage. Partage de nos deux
scènes et partage d’un théâtre de création, de ses outils et de ses financements, avec des artistes
de disciplines différentes. Après avoir vu naître la création mondiale du polonais Krystian Lupa
récemment, nous découvrirons celle de Jean-Claude Gallotta, en hommage à Hervé Guibert, puis
celles de deux artistes d’une autre génération, que nous avons associés à cette grande maison :
l’auteur et metteur en scène David Lescot et le chorégraphe Rachid Ouramdane. Le premier créera
Les Jeunes, où il s’empare d’une représentation de l’adolescence, le second verra avec Sfumato sa
« danse documentaire » se déployer sur le grand plateau du Théâtre de la Ville.
Dans ce même mouvement, il nous importe constamment d’accompagner les compagnies d’aujourd’hui dans leurs visées artistiques, David Lescot, Rachid Ouramdane, mais aussi en cette fin
d’automne, Marie-Louise Bischofberger qui nous fera découvrir Une petite douleur, pièce rare
d’Harold Pinter.
Nous portons également une attention renouvelée à l’ouverture au monde. Accompagner les
artistes internationaux sur la durée, exposer les expériences singulières qui forment leur répertoire, demeurent un axe essentiel de notre Théâtre. Ainsi, après les Chœurs Slovènes de Heiner
Goebbels, pourrons-nous découvrir DESH, solo dans lequel Akram Khan, fidèle compagnon du
Théâtre de la Ville, interroge ses racines.
Cet accompagnement fidèle ne va pas sans le désir d’ouvrir notre maison à ceux qui n’y ont
jamais été présentés : le directeur de troupe ukrainien Vlad Troitskyi présentera son théâtre
rêveur et musical, le collectif berlinois She She Pop une adaptation hautement personnelle du
Roi Lear et le Ballett am Rhein avec deux pièces de son directeur Martin Schläpfer. Tous viennent
pour la première fois au Théâtre de la Ville, qu’ils y soient les bienvenus.
Le Parcours {enfance & jeunesse} poursuit sa deuxième édition. Cette aventure nouvelle à Paris,
développée avec cinq théâtres partenaires, est issue de notre volonté d’offrir aux plus jeunes et à
leurs parents un ensemble de grands spectacles de théâtre, de danse et de musique, français et
internationaux, visible dès le plus jeune âge. Tout au long de la saison, ces spectacles sont proposés
à des horaires adaptés aussi bien au temps scolaire qu’à celui de la sortie familiale, et sont
accompagnés d’un vaste projet d’école du spectateur ouvert à tous.
J’ai souhaité que le Théâtre de la Ville s’investisse dans un travail sur la mémoire, proche ou lointaine, des arts de la scène. Après la réflexion sur la trajectoire de Merce Cunningham, entamée
bien avant sa disparition, le retour du Berliner et de son flamboyant répertoire ou le portrait
Maguy Marin imaginé pour le Festival d’Automne – le Théâtre de la Ville en a été un partenaire
actif –, nous aurons l’occasion rare de retrouver Jours étranges, une pièce créée en 1990 par Dominique Bagouet, revitalisée par Catherine Legrand et Anne-Karine Lescop avec dix adolescents de
Rennes. Jeunesse et transmission, là encore.
Si centrale que soit la capitale, il importe constamment que le Théâtre de la Ville se « décentre »,
s’ouvre à toutes les nations, d’Europe et du monde, aille pratiquer son art aussi dans ces pays
qu’il invite. Notre compagnie est ainsi partie cet automne durant un mois jouer Rhinocéros de
Ionesco dans quatre grandes villes des États-Unis, grâce tout d’abord au désir de Joe Melillo,
directeur de la Brooklyn Academy of Music à New York, rejoint par d’autres à Los Angeles, Berkeley/San Francisco et Ann Arbor/Detroit. D’est en ouest, dans des salles immenses, nous avons
tenté de renouer avec cette grande histoire artistique transatlantique, rencontré au total près de
20 000 spectateurs et mesuré l’immense appétit de tous pour le Théâtre venu d’ailleurs – beaucoup
plus rare aux États-Unis que chez nous – et pour une langue française qui suscite encore
aujourd’hui un intérêt puissant.
Si la tâche qui nous incombe est de donner du plaisir, des lumières et de l’intelligence aux vivants
que nous réunissons, ce que nous visons c’est la plus grande diversité possible de cette assemblée,
dans un Théâtre où l’acte artistique sous toutes les formes qu’il peut adopter porte toujours une
manière de penser l’à-venir.
Emmanuel Demarcy-Mota
Des étudiants de l’University of Michigan attendent le Rhinocéros dans les rues de la ville © TRULY RENDER
2 • THÉÂTRE DE LA VILLE I THÉÂTRE DES VILLES DU MONDE
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
RHINOCÉROS AUX USA • 3
novembre-décembre 2012
LA TROUPE
DU THÉÂTRE DE LA VILLE
AUX ÉTATS-UNIS
Rhinocéros d’Eugène Ionesco, mis en scène par Emmanuel Demarcy-Mota, a été invité cet automne dans quatre
grandes villes des États-Unis (Los Angeles, San Francisco, New York, Ann Arbor). Retours sur une tournée-événement.
À GAUCHE
Salle du Royce Hall à l’UCLA-Los Angeles © J. C. // À DROITE Les étudiants d’Ann Arbor sont-ils devenus rhinocéros ? Power Center for Performing Arts-Ann Arbor (Detroit) © TRULY RENDER
Quelles conclusions tirez-vous de la présence du
Théâtre de la Ville et de Rhinocéros dans votre
théâtre ?
Il est important que vos lecteurs comprennent le
succès artistique énorme de Rhinocéros au Howard
Gilman Opera House de la BAM. La salle contient
2000 places et les trois représentations étaient complètes. Le spectacle a capturé l’imagination de notre
public, les spectateurs étaient à l’écoute des acteurs
travaillant sur la scène, complètement fascinés par le
travail et très généreux avec leurs applaudissements
à la fin de la pièce. Rhinocéros est un triomphe artistique. Emmanuel Demarcy-Mota a réuni un groupe
d’acteurs talentueux, sélectionné des collaborateurs
artistiques très imaginatifs et mis en scène la pièce
de Ionesco avec beaucoup d’énergie, c’était une vision
épique de cette pièce. Ce sera une étape importante
pour le Next Wave Festival 2012 à la BAM.
À GAUCHE
EXTRAITS DE PRESSE
Salut des comédiens à New York © CHRISTOPHE LEMAIRE // À DROITE L’équipe à l’entrée des artistes du Théâtre de l’UCLA-Los Angeles © J. C.
NEW YORK TIMES Charles Isherwood
UNE HISTOIRE
LA TROUPE DE « RHINOCÉROS » EN TOURNÉE
Serge Maggiani, Hugues Quester, Céline Carrère, Philippe Demarle, Jauris Casanova, Pascal Vuillemot, Gérald Maillet,
Stéphane Krähenbühl, Charles-Roger Bour, Sandra Faure, Sarah Karbasnikoff, Gaëlle Guillou, Walter N’Guyen
COMÉDIENS
Emmanuel Demarcy-Mota, ASSISTANT MISE EN SCÈNE Christophe Lemaire, SCÉNOGRAPHIE & LUMIÈRES Yves Collet, MUSIQUE Jefferson Lembeye,
Corinne Baudelot, MASQUES & ACCESSOIRES Clémentine Aguettant
MISE EN SCÈNE
COSTUMES
ÉQUIPE TECHNIQUE FRANÇAISE
Stan Daubié, COORDINATION TECHNIQUE Pascal Baxter, RÉGIE LUMIÈRES Nicolas Bats, INGÉNIEUR SON Victor Koeppel, RÉGIE PLATEAU Romain Cliquot,
Séverine Gohier, RÉGIE ACCESSOIRES Kevin Raymond, OPÉRATRICE SURTITAGE Pauline Clément
RÉGIE GÉNÉRALE
HABILLEUSE
Quels sont les points principaux
de votre projet à la BAM ?
© EMERIC LHUISSET
La troupe qui accompagne Emmanuel Demarcy-Mota depuis plusieurs années a d’abord été une compagnie indépendante. Le
Théâtre des Millefontaines fondé en 1991 a travaillé au Théâtre de la Commune, puis au Forum du Blanc-Mesnil et enfin au Théâtre
de la Ville à partir 1998 (où avec la même équipe d’acteurs, Emmanuel Demarcy-Mota a présenté Peine d’amour perdue de Shakespeare, puis créé successivement Six Personnages en quête d’auteur de Pirandello, une première version de Rhinocéros de Ionesco et
dernièrement Victor ou Les enfants au pouvoir de Vitrac).
Durant toutes ces années, la troupe crée aux Abbesses plusieurs pièces inédites de Fabrice Melquiot.
À la direction du CDN de Reims, Emmanuel Demarcy-Mota fonde en 2001 le « Collectif artistique » réunissant l’ensemble des
acteurs et les collaborateurs artistiques proches :Yves Collet-scénographe, Fabrice Melquiot-auteur, Jefferson Lembeye-musicien.
L’équipe s’engage alors dans un vaste projet d’éducation artistique et de transmission, et travaille à développer des liens organiques
avec la ville et ses habitants.
Au Théâtre de la Ville, Emmanuel Demarcy-Mota et son équipe artistique engagent de nouveaux partenariats européens (Londres,
Lisbonne, Athènes, Milan, Berlin…), tournent dans de nombreux pays, guidés par un double questionnement : Qu’est-ce que le
Théâtre apporte à l’Europe ? Qu’est-ce que l’Europe apporte au Théâtre ?
Aujourd’hui, l’équipe porte une attention renouvelée à la dimension d’ouverture à l’international, engageant la troupe dans un
voyage sur differents continents. Cet automne Rhinocéros a joué dans quatre villes majeures des États-Unis dans des salles de
1000 à 2000 places, rencontrant près de 20 000 spectateurs nord-américains. Cette saison, la troupe se retrouvera également à
Moscou, puis dans d’autres villes du monde…
TROIS QUESTIONS À JOE MELILLO,
DIRECTEUR DE LA BROOKLYN ACADEMY OF MUSIC
L’objectif principal de ma vie
artistique est d’amener à la BAM
les plus importants spectacles
américains et du monde et, en
cela, je suis au service de la ville
de New York. Je travaille pour
faire de la BAM « le Centre Mondial des arts du spectacle de
New York ». Je cherche des aventures créatives originales et
novatrices et qui vont de l’avant dans tous leurs aspects artistiques. Rhinocéros est l’exemple parfait de mes choix en matière
de programmation.
Comment voyez-vous la situation artistique présente et à venir
aux États-Unis ?
Nous sommes aujourd’hui dans un contexte difficile, marqué
par un manque de ressources financières suffisantes pour permettre aux artistes de faire leur travail et aux organismes culturels de produire et présenter des formes artistiques pour leurs
communautés. C’est un très grand territoire géographique qui
compte beaucoup d’artistes et d’institutions culturelles, mais
où les moyens financiers ne se développent pas proportionnellement au nombre d’artistes et d’organisations qui ont besoin
de soutien.
[…] Rhinocéros, une œuvre rarement montée sur les
grandes scènes américaines, arrive aux États-Unis
grâce à la troupe du Théâtre de la Ville de Paris et au
metteur en scène Emmanuel Demarcy-Mota. Ce
spectacle de grande envergure se déploie parfaitement sur le plateau modulable du Howard Gilman
Opera. La mise en scène de M. Demarcy-Mota offre
une multitude d’effets théâtraux au service de la
pièce d’Ionesco qui met magistralement en évidence les dangers toujours présents du conformisme et du fascisme. […] Monsieur Quester, dans
le rôle de Jean, qui émet de sinistres grognements et
qui se débarrasse avec délectation de son humanité ;
Jauris Casanova, Botard, cassant et sceptique collègue de Bérenger ; Céline Carrère, dans le rôle de
Daisy, objet de l’amour dévoué de Bérenger mais
sans effet sur elle – tous jouent de manière précise
et puissante. Monsieur Maggiani porte le spectacle
sur ses frêles épaules avec une aisance merveilleuse.
D’aspect débraillé, au comportement un peu confus,
semblant toujours à la recherche de ses clés, c’est un
Bérenger tellement tourmenté par l’échec et le doute
de soi, que sa résistance à l’épidémie soudaine de
« rhinocérite » semble l’étonner et même le décevoir.
[…]
LOS ANGELES TIMES Charles McNulty
La mise en scène intelligente et très élégante de Rhinocéros par Emmanuel Demarcy-Mota au Royce
Hall de l’UCLA nous fait accéder à une vision profondément humaine d’Ionesco, incarnée magnifiquement par Serge Maggiani, un Bérenger non
héroïque, à l’humanité débraillée. Les superbes
décors d’Yves Collet et ses éclairages, qui enserrent
l’action dans des puits de lumière, contribuent à la
sensation que cette « rhinocérite » furieuse vient de
l’intérieur. […] Le spectacle équilibre remarquablement réel et surréel : les destructions auxquelles
aboutit l’action sont réellement effrayantes mais
leur puissance onirique fait apparaître l’inconscient
comme la véritable cible de la maladie. […]
SAN FRANCISCO CHRONICLES Robert Hurwitt
[…] La mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota,
mêlant effroi spectaculaire et résonances intimes,
est totalement inventive, et ses interprètes incroyables. Il est excitant, aussi, d’entendre Ionesco dans sa
langue originale dont les acteurs excellent à rendre
les jeux de mots et autres délires langagiers. […]
Le passage (hors scène) du premier rhinocéros – au
son tonitruant de la partition bestiale de Jefferson
Lembeye – est un chef-d’œuvre, un chaos chorégraphié, collectif et individuel à la fois. […]
LOS ANGELES WEEKLY Steven Leigh Morris
[…] Le Théâtre de la Ville-Paris est l’un des plus
importants théâtres français. […] Une excellente
version de Rhinocéros ; mise en scène et scénographie superbes. Rhinocéros nous parle. C’est un plaisir de voir le théâtre international de retour à UCLA,
de voir cette porte s’ouvrir une fois encore. […]
Rencontre à l’université de New York sur Rhinocéros,
avec Israel Horovitz, Edward Albee, Marie-France Ionesco
& Emmanuel Demarcy-Mota © DR
LÀ-BAS, ICI
Tout au long de cette tournée aux USA, Vie et destin
de Vassili Grosmann a été ma compagnie principale. On y lit dans la préface ce qu’évoquait Blaise
Pascal : « Quand l’univers l’écraserait, l’homme serait
encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il
meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers
n’en sait rien ». Dans Vie et Destin, l’espoir demeure
car en dépit des dictateurs impitoyables et de la
toute-puissance bureaucratique des forces anti CENT ANS APRÈS
humaines, le vivant peut être préservé dans la plus « L’origine de Cal Performances
petite, la plus imperceptible cellule de la vie sociale : (le Théâtre de Berkeley, banlieue
la simple bonté humaine. « Je suis le dernier homme, de San Francisco) remonte
je ne capitule pas » sont les derniers mots prononcés à 1906. La grande tragédienne
française Sarah Bernhardt joua
par Bérenger dans le Rhinocéros de Ionesco.
De Los Angeles à Berkeley, New York, Ann Arbor, le cette année-là Racine, un mois
après l’immense tremblement
public américain a été un exemple de spontanéité de terre qui ravagea la ville.
en acte avec Rhinocéros, le dynamisme impulsé par Elle dirigeait alors un théâtre
la mise en scène, l’énergie de chacun.
parisien portant son nom, qui
Hudson Street. Après un tournage en Italie il y a deviendra le Théâtre de la Ville.
plusieurs décennies – Harvey Keitel m’a invité chez Rhinocéros de Ionesco mis en
lui. Grâce à sa générosité, j’ai découvert le mythique scène par Emmanuel DemarcyActors Studio. Arthur Penn donnait une Cession. Ce Mota, plus de cent années
après, réunit à nouveau nos deux
que m’enseignait mon professeur à Malakoff en
grandes maisons de Théâtre. »
1966 me semblait si proche. Ensuite ce fut une visite
Matías Tarnopolsky, Directeur du Cal
au studio Stella Adler. Les élèves acteurs semblaient Performances-Berkeley/San Francisco
tétanisés par tant d’autorité, face à leur « néant ».
La différence avec Emmanuel est là, il part de ce
qu’est l’acteur, sa nature profonde, ses convictions et
ses doutes. Il lui ouvre des
espaces imaginaires et lui
donne sa respiration à l’intérieur du collectif artistique. Il
place enfin chacun d’entre
nous devant ses propres responsabilités et sa conscience.
Al Pacino jouait American Buffalo, génial, chargé d’électricité comme la foudre, cependant si seul à la recherche
d’une voix lui indiquant le ni
trop, ni trop peu.
RENCONTRE. À la BAM, le dernier soir, Harvey Keitel vient Harvey Keitel (AU CENTRE) avec la troupe © CL
voir le spectacle, s’enthousiasme, nous rejoint en coulisses avec toute sa
famille pour des retrouvailles suivies d’une longue
conversation avec Emmanuel et toute la troupe.
Hugues Quester. USA. sept.-oct. 2012
4 • PaRCouRS { enfance & jeunesse } 2e édition
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
novembre-décembre 2012
POUR VOUS
ENFANTS,
ADOS,
ADULTES...
CIE THÉÂTRE À CRU
IL EST LIBRE, STIRS
Comment vivre le présent lorsqu’à peine vécu, le passé disparaît ?
En se réinventant, sans cesse, en toute liberté.
J’avance
et j’efface
CRÉATION
CONCEPTION, ÉCRITURE
& MISE EN SCÈNE
Alexis Armengol
CRÉATION SON Frédéric Duzan
CRÉATION LUMIÈRES François Blet
& Rémi Cassabé
SCÉNOGRAPHIE James Bouquard
COSTUMES Audrey Gendre
INTERPRÉTATION Laurent Seron-Keller
DESSIN & INTERPRÉTATION Shih Han Shaw
CONCEPTION
& RÉALISATION VIDÉO
ENTRETIEN AVEC ALEXIS ARMENGOL
Stirs, enfant de neuf ans, ne se souvient de rien au-delà de trois minutes et découvre le
monde par sa nourrice japonaise. Comment peut-il se construire sans mémoire ?
ALEXIS ARMENGOL : Cette amnésie pose la question de la transmission, entre les générations, avec
autrui. Stirs ne peut s’inscrire dans une généalogie, dans son histoire. L’individu souvent est mu
par son passé, par un certain atavisme familial et social. Délié de ces attaches, Stirs est libre mais
doit perpétuellement réinventer son présent et son avenir. Avec sa nourrice, ils conçoivent des
astuces et stratagèmes pour que leur relation perdure dans l’oubli permanent. Comment partage-t-on le souvenir ? Par des photos, par des fichiers informatiques, ou par le savoir-faire, le
rapport à l’autre.
Frank Ternier
INTERPRÉTATION, CHANT
MUSICALE
& COMPOSITION
Camille Trophème
Théâtre à cru est conventionné par le Ministère de la culture et de la communication DRAC Centre, la Région Centre et la Ville
de Tours.
COPRODUCTION Centre dramatique régional
de Tours – Théâtre Romain Rolland, Villejuif –
La Halle aux Grains, scène nationale de
Blois – Théâtre Paul Eluard, Choisy-le-Roi.
SOUTIENS & ACCUEILS EN RÉSIDENCE Le Rayon
Vert, scène conventionnée de Saint-Valéryen-Caux - CRÉA / Festival Momix / Scène
conventionnée Jeune Public d’Alsace,
Kingersheim.
AVEC LE SOUTIEN DE la Fondation Ecart
Pomaret, de l’Institut Français, de la Région
Centre et du Volapük (Tours).
AVEC L’AIDE À LA CRÉATION du Conseil Général
du Val-de-Marne ET L’AIDE À LA PRODUCTION
d’Arcadi.
Merci à la ville de Takamatsu et au Festival
du théâtre pour la Jeunesse d’Okinawa
(Japon) pour leurs accueils.
DU 8 AU 24 NOVEMBRE HORAIRES P.23
A. A. : Lors de mon premier séjour, j’ai découvert un pays loin des clichés qui confrontent l’effer-
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 14 ANS
vescence de l’hyper-modernité et la sérénité des temples anciens. Au Japon, l’homme porte en lui
la permanence, la mémoire, la transmission, tandis que les objets sont considérés comme temporaires. Sans doute cette conception est-elle liée à la vulnérabilité des constructions, exposées aux
tremblements de terre et aux tsunamis. J’ai écrit une nouvelle qui a servi de base de travail sur le
plateau. Lors du second voyage, avec l’équipe, nous avons rencontré des gens, filmé, photographié… Ces matériaux et une immersion physique partagée viennent nourrir la scénographie et la
dramaturgie.
DAVID LESCOT
Ces multiples médias offrent autant de points de vue et de palettes de sensations. Leur
combinaison reflète notre relation au monde, que l’on appréhende par nos différents sens. Elle
permet d’exprimer la richesse de l’instant où se produisent simultanément plusieurs événements,
où les perceptions se superposent, s’entremêlent. Nous essayons ainsi de restituer l’expérience
sensible de la mémoire, de faire surgir l’émotion et d’ouvrir l’imaginaire. C’est le merveilleux paradoxe du théâtre que de pouvoir s’affranchir du réalisme tout en étant très réel, par le corps de
l’acteur, par la présence, en prise avec l’ici et maintenant.
A. A. :
© ALEXIS ARMENGOL
Entretien réalisé par Gwénola David
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 7 ANS
LES PERCUSSIONS CLAVIERS DE LYON
MAURICE RAVEL I CHARLES PERRAULT
Trois contes
ADAPTATION, MISE EN SCÈNE
Les Jeunes CRÉATION
voir aussi p.6
CONFIDENCES
S’adresser à tous, quel que soit l’âge, réunir les
générations, tel est l’un des talents de David Lescot.
Le voilà intégré au Parcours {enfance & jeunesse}…
Vous le retrouverez tel quel chez les adultes.
L’adolescence, maintenant que j’en suis sorti (du moins officiellement), je la regarde comme un monde en soi. Elle m’apparaît
comme une fiction à elle toute seule, une sorte de conte fantastique avec ses codes indéchiffrables, son langage hermétique,
ses phénomènes paranormaux, ses personnages aux corps
étranges, son mélange inimitable de bêtise et de génie. La vie à
l’intérieur de ce monde semble plus intense, plus romantique,
plus tragique, plus idéaliste. On y vit plus fort et plus dangereusement.
De plus en plus valorisée mais aussi récupérée dans la société
actuelle, l’adolescence est à la fois un idéal, un paradis perdu, et
un point aveugle. Adolescent, les enfants veulent le devenir le
plus vite possible, et les adultes le rester le plus longtemps possible. C’est tout à la fois un rêve impossible et un marché
juteux.
En cela, l’adolescence est sans doute un bon sujet pour le théâtre (…) J’ai cherché quel pouvait être ce théâtre de forme adolescente, et je me suis dit « le rock », parce que c’est pour cet
âge le rêve et l’échappatoire absolus, le fantasme le plus
répandu (…).
David Lescot
Gérard Lecointe
Véronique Bettencourt
AVEC les Percussions Claviers de Lyon
LA LECTRICE (À L’ÉCRAN)
ADIPAC / Percussions Claviers de Lyon.
Théâtre de Vénissieux – le Grand Angle de Voiron, scène Rhône-Alpes
de Voiron – Théâtre de Givors, Les Saisons. Avec le soutien du Théâtre à Châtillon.
AVEC L’AIDE DE la SPEDIDAM, du FCM, de la SACEM et de la Compagnie Lyonnaise
de Cinéma.
PRODUCTION
COPRODUCTION
À SUIVRE SUR : www.theatredelaville-paris.com
LES AUTRES SPECTACLES DU PARCOURS :
Mon amoureux noueux pommier à partir de 7 ans
JEAN-LAMBERT WILD I STÉPHANE BLANQUET { théâtre & art visuel }
→ Théâtre national de Chaillot I du 30 nov. au 8 décembre
Faim de loup à partir de 8 ans
ILKA SCHÖNBEIN I LAURIE CANNAC { marionnettes }
→ Le Grand Parquet I du 4 janvier au 3 février
Kathputli à partir de 4 ans
{ danse & marionnettes du Rajasthan }
→ Le Grand Parquet I du 15 février au 3 mars
Nos amours bêtes CRÉATION à partir de 6 ans
FABRICE MELQUIOT I AMBRA SENATORE { théâtre I danse }
→ Théâtre des Abbesses I du 6 au 13 avril
Sobre la cuerda floja VERSION FRANÇAISE à partir de 8 ans
David Sanson
MIKE KENNY I TEATRO MILAGROS { marionnettes du Chili }
→ Théâtre des Abbesses I du 13 au 18 mai
L’ÂGE DE CRISTAL
L’Après-midi d’un foehn à partir de 6 ans
Les cinq musiciens des Percussions Claviers de Lyon
et la metteuse en scène Emmanuelle Prager associent la musique de Maurice Ravel et Trois contes
de Charles Perrault pour imaginer un spectacle
envoûtant.
L’enfance est l’un des plus sûrs sésames pour accéder à cette
caverne d’Ali Baba que constitue la musique de Maurice Ravel
– ce « rêve d’enfant », ainsi que l’a qualifiée un jour Manuel
Rosenthal. De Ma mère l’Oye (1910) à l’opéra L’Enfant et les Sortilèges (1925), son insouciance translucide et ses pouvoirs mystérieux irriguent toute l’œuvre d’un compositeur qui, comme l’a
écrit son biographe Hans Heinz Stuckenschmidt, « n’a jamais
cessé de retrouver le ton particulier aux contes, le pont de cristal qui
relie la vie à l’illusion, l’élégance à la naïveté, et qui n’appartient
peut-être, après lui, à nul autre que le poète danois Christian
Andersen ».
Cristallines et féeriques, liquides et lumineuses sont les sonorités que les cinq virtuoses des Percussions Claviers de Lyon parviennent à tirer de leurs instruments (vibraphone, xylophone,
marimba). Avec la metteuse en scène Emmanuelle Prager, ils se
sont probablement souvenus des mots de Stuckenschmidt
lorsqu’ils ont conçu ces Trois contes qui, associant vidéo, texte
et musique, entendent réunir la vie et l’illusion, la naïveté et
l’ironie, le passé et le présent, les enfants et les adultes. Plutôt
que vers Andersen, c’est vers l’univers de Charles Perrault qu’ils
se sont tournés, avec le souci d’aborder ses contes – Le Petit
Chaperon rouge, La Belle au bois dormant, Le Petit Poucet – pour
ce qu’ils sont : comme « un petit chef-d’œuvre du classicisme ».
Prenant à rebours les nombreuses entreprises d’édulcoration
qui, au fil des siècles, sont venues brouiller l’œuvre de Perrault,
ils réussissent, dans leur adaptation, à redonner vie à cette
Emmanuelle Prager
PROPOSITION ORIGINALE, DIRECTION MUSICALE, TRANSCRIPTION
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
Vous êtes parti au Japon, d’abord seul en juillet 2011 puis avec votre équipe un an plus tard.
Qu’avez-vous rapporté ?
Comment le théâtre, le dessin, le chant, la vidéo et la danse se croisent-ils dans votre écriture
scénique ?
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
JEUDI 27 & VENDREDI 28 DÉCEMBRE 19 H 30 I
SAMEDI 29 DÉCEMBRE 15 H & 19 H 30
PHIA MÉNARD { cirque }
→ Le Monfort I ddu 21 mai au 8 juin
→ Le Centquatre I ddu 11 au 15 juin
NOUVEAU !
CARTE PaRCouRS {enfance & jeunesse}
PRIX DE LA CARTE 16€
TARIF A accompagnant 13 € • jeune - 16 ans 6 €
TARIF C accompagnant 10 € • jeune - 16 ans 6 €
1 carte permet l’achat de 7 places maximum par spectacle
du Parcours (1 accompagnant & 6 jeunes ou 2 accom.
& 5 jeunes), dans la limite des places disponibles.
Location ouverte dès à présent sur tous les spectacles
du Parcours.
« LE JEUNE PUBLIC A/À L’ÂGE DE LA MATURITÉ »
SAM. 20 OCT. DE 10 H À 17 H 30 I AU MONFORT
En présence d’Aurélie Filippetti, colloque organisé par “Scène(s)
d’enfance et d’ailleurs” et ses partenaires
© ARIANE MESTRE
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 8 ANS
langue « vive, nerveuse, légère, piquante », et à ses histoires
bien moins univoques qu’on ne pourrait le croire. C’est un
même pari de fidélité et de modernité qui a guidé le travail de la
plasticienne Louise Kehl, dont les vidéos, cherchant à renouer
avec l’idée d’illustration au sens de la tradition éditoriale des
contes, adressent quelques clins d’œil aux inoubliables gravures
de Gustave Doré, tout en échappant intelligemment au piège
de la « reconstitution » : elles composent une succession de
tableaux, un film muet qui, suivant la trame de la narration,
s’avère étonnamment parlant. Au même titre qu’une scénographie tirant parti de toutes les qualités « sculpturales » des instruments de musique, ou que la présence diaphane de la narratrice,
la vidéo contribue à faire revivre sous nos yeux le monde de
Perrault, puissant mariage entre le clair et l’obscur, l’élégance et
l’innocence – la géométrie et le mystère, pour paraphraser le
mot célèbre de Roland-Manuel au sujet de Ravel.
Car tout autour de cela, présidant à la magie de l’ensemble, il y a,
bien sûr, sa musique. Le Petit Poucet et La Belle au bois dormant
figurent, aux côtés de contes de Mme d’Aulnoy et de Mme de
Beaumont, parmi les histoires que Ravel a mises en musique,
pour les enfants de ses amis Cypa et Ida Godebski, dans Ma
mère l’Oye. Comme toujours chez lui, la pureté classique avec
laquelle s’égrènent leurs lignes mélodiques contient avec peine
des trésors d’émotion, que l’on retrouve également, dissimulés
derrières d’incessantes et éblouissantes trouvailles sonores,
dans l’orchestration que le compositeur, dès 1911, réalisa de ce
bref cycle pour piano à quatre mains. Tous ces caractères se
trouvent magnifiés par la dramaturgie musicale imaginée par
Gérard Lecointe, qui, outre Ma mère l’Oye, a puisé, pour sa
transcription, dans l’ensemble du corpus ravélien : Les Valses
nobles et sentimentales, L’Enfant et les Sortilèges, Le Tombeau de
Couperin, La Pavane pour une infante défunte, Daphnis et Chloé,
Une barque sur l’océan, La Fanfare pour l’Éventail de Jeanne ou
encore Gaspard de la nuit fournissent la trame d’une partition qui
rend pleinement justice à cette musique dont les inépuisables
sortilèges n’en finissent pas de résonner en nous.
© ARIANE MESTRE
HORAIRES P.23
…LA FÊTE CONTINUE
© ÉRIC DIDYM
→ LE MONFORT I A
DU 8 AU 24 NOVEMBRE
PaRCouRS { enfance & jeunesse } 2e édition • 5
Parmi les nombreux intervenants : des universitaires, Pierre Péju
(écrivain), Claire Rannou (Anrat), Jean-Pierre Saez (Observatoire
des politiques culturelles), Geneviève Lefaure (présidente de Scène(s)
d’enfance et d’ailleurs), Dominique Bérody (CDN de Sartrouville),
Emmanuel Demarcy-Mota…
www.scenesdenfance.com
6 • DAVID LESCOT // ARTISTE ASSOCIÉ
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
LE PUBLIC C’EST LA MER
Auteur, metteur en scène, acteur et musicien, David Lescot est artiste associé du Théâtre de la Ville.
Son parcours protéiforme dévoile progressivement les différentes facettes d’une œuvre sensible et réfléchie en prise
avec la réalité du monde.
novembre-décembre 2012
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 8 AU 24 NOVEMBRE HORAIRES P.23
TOUT PUBLIC I À PARTIR DE 14 ANS
DAVID LESCOT
Les Jeunes
CRÉATION
TEXTE, MISE EN SCÈNE
LUMIÈRES
& MUSIQUE David Lescot
Laïs Foulc
1 ARTISTE ASSOCIÉ // 2 SPECTACLES • 7
TOUS LES GARÇONS
ET LES FILLES DE MON ÂGE
Musicien formé par le jazz, David Lescot met en compétition deux groupes
rock, et s’interroge sur les ados d’aujourd’hui, sur leur présent, leur avenir.
Charlotte Lagrange
Michael Schaller
COSTUMES Marianne Delayre
EFFETS SPÉCIAUX Benoît Dattez
RÉGIE GÉNÉRALE Anna Sauvage
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE
SON
Alexandra Castellon, Bagheera Poulin, Catherine Matisse,
Martin Selze, Marion Verstraeten
MUSICIENS Flavien Gaudon, David Lescot, Philippe Thibaut
AVEC
LES JEUNES
Deux groupes de rock rivaux s’opposent dans Les Jeunes. Des garçons raisonneurs et des filles un peu fofolles – ados rageurs et
attachants bien décidés à montrer de quoi ils sont capables.
Avec Les Jeunes, vous abordez un âge réputé difficile, l’adolescence. Pourquoi ce sujet ?
Cie du Kaïros – Théâtre de la Ville-Paris – le Carreau, scène nationale de
Forbach – Théâtre de l’Union, CDN de Limoges – la Filature, scène nationale de Mulhouse
Le texte du spectacle est édité chez Actes Sud-Papiers.
COPRODUCTION
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 9 AU 21 NOVEMBRE HORAIRES P.23
TTHÉÂTRE I DANSE
DAVID LESCOT
Quarante-cinq tours
TEXTE
& MUSIQUE David Lescot
DeLaVallet Bidiefono
Anna Sauvage
RÉGIE Ludovic Losquin
DAVID LESCOT : J’avais envie de me tourner vers cette tranche d’âge. J’ai une fille qui a 16 ans. Tout d’un coup l’adolescence m’est
apparue comme un monde particulier. J’ai l’impression qu’elle est de plus en plus présente autour de nous. Socialement, c’est
devenu une valeur en soi qui fait l’objet d’une promotion intensive. Dans La Commission centrale de l’enfance, je parlais plus de l’enfance, n’abordant l’adolescence proprement dite que vers la fin. Là j’ai eu envie d’aller vers d’autres formes, une approche différente.
La musique que je jouais quand j’étais ado et que j’ai apprise c’était le jazz, qui est toujours très présent dans ce que je fais. Mais
j’ai commencé comme tout le monde par jouer du rock quand j’avais 10 ans. Trois accords de guitare et on y va. C’est ce que j’ai
voulu retrouver dans ce spectacle.
Le rock est considéré à tort ou à raison comme la musique de l’adolescence. C’est pour ça que vos personnages montent
des groupes de rock ?
CHORÉGRAPHIE
D. L. : Oui. Le spectacle raconte l’épopée d’un groupe de rock adolescent. Il y a un groupe de garçons et un groupe de filles, mais les
CRÉATION LUMIÈRES
deux sont joués par les mêmes actrices, chacune jouant un garçon et une fille. C’est complètement écrit, mais je souhaite garder
un côté brut ; un peu comme dans L’Instrument à pression dont c’est en quelque sorte le pendant rock. L’idée, c’est que la musique
soit au même niveau que le texte. Je me suis beaucoup amusé dans cette opposition entre les garçons et les filles à faire ressurgir
le garçon que j’ai pu être et à m’inspirer de ma propre fille. Les catégories sont très tranchées. Les garçons sont dogmatiques, ils
rédigent des manifestes artistiques, veulent changer le monde. Les filles sont complètement filles, dangereuses, sans aucune
limite, elles vont beaucoup plus loin.
AVEC
DeLaVallet Bidiefono, David Lescot
Compagnie du Kaïros.
SACD & Festival d’Avignon dans le cadre des “Sujets à Vifs” 2011 pour la version
33 tours. Le Théâtre National de Bretagne pour la version 45 tours
AVEC LE SOUTIEN DE la Maison des Arts de Créteil.
PRODUCTION
COPRODUCTION
Comment voyez-vous l’adolescence ? Qu’est-ce qui caractérise cet âge selon vous ? Et comment cela se traduit dans le
spectacle ?
D. L. : Je m’inquiète beaucoup pour cette génération. C’est mon instinct de père qui s’exprime-là, bien sûr. Je constate que la violence
est très présente aujourd’hui chez les adolescents. Ils ont une lucidité que nous n’avions pas. Notre vision du monde était assez rassurante au fond. Eux sont confrontés à une complexité plus grande. Le spectacle dégage, je crois, une vraie violence qui se
mélange avec l’humour que j’essaie d’y mettre. Mais les coups qu’ils prennent, ce sont de vrais coups. Cet âge intermédiaire où l’on
n’est plus enfant mais pas encore adulte m’apparaît menacé par le monde adulte qui essaie de le récupérer, de l’exploiter. Il y a
quelque chose de ça dans le spectacle. Et puis il y a la musique qui entraîne toute l’affaire, l’énergie du rock.
Propos recueillis par H. L. T.
À GAUCHE
Catherine Matisse & David Lescot // À DROITE Alexandra Castellon & Bagheera Poulin en répétition des Jeunes © ÉRIC DIDYM
ENTRETIEN AVEC DAVID LESCOT
On ne le sait pas forcément, mais David Lescot c’est aussi
une compagnie de théâtre, la compagnie du Kaïros qui a
dix ans cette année. Pourquoi avoir créé une compagnie ?
À quoi fait référence ce nom de Compagnie du Kaïros ?
DAVID LESCOT : Le kaïros est une notion de philosophie politique
qui signifie le bon moment. Il y a des choses qui sont bonnes,
mais seulement dans la mesure où elles sont accomplies à tel
instant et non à tel autre. Cette notion remet en question l’absolu de la morale. Il n’y a pas de catégories fixes. La réalité ne
cesse de bouger et de se reconfigurer. Il faut être à l’écoute du
mouvement du monde pour s’efforcer d’être en accord avec lui.
Quant à l’envie de créer une compagnie, cela vient, je crois, du
besoin à un moment donné de ma vie de réunir des personnes
avec lesquelles je me sentais des affinités. Le fait de se choisir et
de faire un bout de chemin ensemble, quelque chose qui est lié
en même temps au hasard des rencontres et de la vie est une
idée qui me plaît beaucoup. Cela passe par l’amitié, l’admiration, l’estime réciproque. On se rassemble et puis on progresse.
Vous êtes auteur et metteur en scène. Les deux ont-ils toujours été liés ?
D. L. : Oui. Le premier texte que j’ai écrit en tant qu’auteur, ce
n’était pas tant pour être auteur que pour réunir des gens et
inventer ensemble une forme mêlant jeu et musique. C’était Les
Conspirateurs il y a une quinzaine d’années. Cela s’est fait avec
les moyens du bord, sans savoir si on allait le jouer en public.
Dès qu’il a été question de le montrer, j’ai compris que je devenais metteur en scène et non plus seulement l’ordonnateur
d’un projet. Parce que tout d’un coup se posait la question du
public. Le rôle du metteur en scène, c’est de prendre en charge
cette responsabilité du rapport au public. On construit un
bateau, le public c’est la mer. Il y a un architecte, des marins…
Le bateau commence à voguer quand le public arrive. Le responsable, c’est le capitaine, autrement dit le metteur en scène.
Un homme en faillite, L’Européenne, Le Système de Ponzi…
vos spectacles sont très souvent en prise sur le présent. Est-ce
délibéré ? Pensez-vous que votre théâtre a une dimension
politique ?
D. L. : Ce qui m’intéresse c’est de guetter dans le réel le potentiel
poétique, plutôt que de projeter directement ma propre intériorité. Je regarde autour de moi ; je suis à l’écoute du monde. J’estime faire un théâtre politique, mais pas un théâtre militant. Je
n’ai rien contre l’agit-prop, mais ce n’est pas là que je me situe.
Même si j’ai pu écrire un texte sur les Pussy Riots en août dernier
à la Mousson d’été, parce que je les trouve vraiment courageuses.
Vous êtes artiste associé du Théâtre de la Ville. Qu’est-ce
que cela signifie pour vous ?
D. L. : Cela s’inscrit dans la continuité d’une relation de fidélité
avec Emmanuel Demarcy-Mota, qui remonte à l’époque où il
dirigeait la Comédie de Reims. Fabrice Melquiot m’avait invité
là-bas en tant qu’auteur. Un homme en faillite a été produit par
la Comédie de Reims inaugurant une collaboration qu’Emmanuel Demarcy-Mota envisage comme une construction, c’est-àdire quelque chose qui se développe. Il est conscient que ce qui
est acquis aujourd’hui dans le théâtre public ne l’est pas pour
toujours. D’où la nécessité d’une inscription dans le temps qui
fait qu’à un moment on va vous reconnaître, vous identifier et
que cela ne se fait pas en une seule fois. Emmanuel est aussi
sensible au fait que je travaille avec un collectif d’acteurs auquel
je suis fidèle. Le fait que nous appartenions à la même génération
est important aussi. Enfin nous sommes tous deux héritiers à
travers nos parents d’une histoire du théâtre public. Emmanuel
est très sensible à ça parce qu’il a un sens historique. Il a ce
souci d’inscrire le Théâtre de la Ville dans une histoire du théâtre
d’art non seulement en France, mais aussi en Europe.
LA RENCONTRE
L’un a regardé l’autre travailler, et puis ensemble ils ont travaillé, dansé, joué.
Façon de symboliquement se battre pour mieux se connaître.
QUARANTE-CINQ TOURS
On ne se connaissait pas, ou presque pas. Alors pour le connaître mieux, pour un peu le comprendre, en mars 2011 je suis parti une
semaine à Brazzaville, là où il travaille, où il vit, là où il invente ce qu’il fait. Pendant une semaine donc, j’ai été le spectateur de
DeLaVallet. C’est une bonne manière de commencer à travailler avec quelqu’un.
À Brazzaville, capitale de la République du Congo, il existe un seul studio de répétition pour la danse. Il se trouve au Centre culturel
français, qu’on doit appeler maintenant l’Institut français mais qu’on appellera toujours “le CCF”. C’est une salle en longueur,
assez exiguë, avec une baie vitrée qu’on laisse ouverte sur le jardin. C’est là que DeLaVallet travaille, tous les jours, avec sa troupe
de danseurs, ou avec des danseurs apprentis. Il se met face au miroir, les autres sont derrière lui et essaient de le suivre. Il y a de
la musique enregistrée, mais il y a aussi des vrais musiciens qui jouent de la basse ou de la batterie par-dessus.
Souvent avant l’heure prévue, DeLaVallet annonce la fin de la répétition : « Sinon vous allez mourir », il dit. Par terre il y a de la
sueur, pas des gouttes, des flaques. Certains sont allongés et rient de fatigue, et quand ils se relèvent, la transpiration a dessiné leur
silhouette sur le sol.
DeLaVallet dit que danser au Congo, c’est un combat, c’est comme se battre. Ce ne sont pas que des mots. Ça me fait penser à Heraklès
II ou L’Hydre, un texte de Heiner Müller, où le héros marche au combat, à la rencontre de l’ennemi et, en fait, le combat a déjà commencé et l’ennemi il marche dessus, c’est une forêt et c’est en même temps une bête, quelque chose qui vous avale et qui prend
votre mesure. L’ennemi c’est le champ de bataille. C’est peut-être ça aussi la guerre, c’est se battre contre le sol sur lequel on
marche.
Alors DeLaVallet et moi on s’est dit que se battre, se faire la guerre de toutes les manières symboliques possibles, ce serait sûrement
un bon moyen de mieux se connaître.
David Lescot
Propos recueillis par Hugues Le Tanneur
David Lescot & DeLaVallet Bidiefono dans 33 Tours, Avignon 2011 © CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE/WIKISPECTACLE
8 • SHE SHE POP // ALLEMAGNE
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
VLAD TROITSKYI // UKRAINE • 9
novembre-décembre 2012
VLAD TROITSKYI
→ LE MONFORT I A
UN THÉÂTRE DE VIE
PÈRES
& FILLES
Qu’il s’appuie sur Shakespeare ou Gogol, ce metteur en scène qui a fait flamboyer
le théâtre ukrainien nous raconte son pays, nous en fait découvrir les complexités
et contradictions.
DU 28 NOVEMBRE AU 7 DÉCEMBRE 20 H 30 I
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE 16 H
VLAD TROITSKYI
Le Roi Lear - prologue
LIBREMENT INSPIRÉ DE
William Shakespeare
Vlad Troitskyi
LUMIÈRES Mariya Volkova
MASQUES Natalia Marinenko
MISE EN SCÈNE
Natalka Bida, Daria Bondareva,
Dmytro Iaroshenko, Roman Iasynovskyi,
Ruslana Khazipova, Dmytro Kostyumynskyi,
Tetyana Vasylenko, Solomiia Melnyk,
Volodymyr Minenko, Anna Nikityna,
Igor Postolov, Vyshnya, Zo,
Lytvynenko-Iasinovska Viktoriia
MUSICIENS DakhaBrakha
Marko Halanevych, Iryna Kovalenko,
Nina Garenetska, Olena Tsybulska
AVEC
PRODUCTION
Centre of Contemporary Art “DAKH”
Théâtre Vidy-Lausanne
Festival Passages – Metz
PRODUCTION DÉLÉGUÉE
COPRODUCTION
De Berlin à Hambourg, pour la première fois à Paris,
les She She Pop nous regardent, se regardent vivre.
Sans pitié, en tout humour et complicité.
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
DU 10 AU 14 DÉCEMBRE 20 H 30
SPECTACLE EN UKRAINIEN & EN FRANÇAIS
VLAD TROITSKYI
Viï - le roi terre CRÉATION 2012
Klim (INSPIRÉ DE Nicolas Gogol)
& MISE EN SCÈNE Vlad Troitskyi
TEXTE Klim
TRADUCTION Julia Batinova
AVEC LA COLLABORATION DE René Zahnd
SCÉNOGRAPHIE Dmytro Kostiumynskyi, Vlad Troitskyi
COMPOSITION MUSICALE DakhaBrakha, Roman Iasinovskyi,
Solomiia Melnyk, Vlad Troitskyi
CRÉATION VIDÉO Maksym Poberezhskyi,
Oleksii Tyschenko
CRÉATION LUMIÈRES Zvezdan Miljkovic
CONSTRUCTION DÉCOR Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
PEINTURE Sibylle Portenier
COSTUMES Kateryna Vyshneva
MASQUES Valentina Voityuk
TRADUCTION & INTERPRÉTATION Maksim Ilyashenko,
Romain Bovy
DE
CONCEPTION
Le testament en question est celui du Roi Lear,
qui, chez Shakespeare, entreprend de léguer son
royaume à ses trois filles. Il n’a pas réellement
envie d’abandonner le pouvoir, de prendre sa
retraite. Avant tout il veut leur offrir l’occasion
de le remercier, et surtout de dire combien
elles l’aiment. Il veut être aimé, regretté, il veut
à tout prix y croire. Y croire jusqu’à en mourir.
Mais l’a-t-il vraiment mérité, cet amour ?
Qu’attend donc un père de ses enfants ? Que
peut-il leur offrir ? Et comment ? Par étapes ou
en une seule fois ? Mais d’abord, qu’attendent
les enfants de leur père ? Telles sont les questions posées par les She She Pop, un groupe –
comme son nom ne l’indique pas – allemand,
composé principalement de jeunes actrices
performeuses. Alors, pour traiter clairement de
la situation, chacune met en jeu son propre
père. Un à un ils arrivent, s’assoient sur des
fauteuils, leurs visages souriants repris en
grand sur écran, tandis que les filles, après les
avoir présentés, dévident leurs rancœurs. Tels
qu’elles les décrivent, nous avons là : un bourgeois tranquille, un intellectuel hargneux, un
bon vivant. Trois figures courantes de notre
société, de notre temps. Des hommes, des
seniors d’aujourd’hui en pleine forme, qui, pas
plus que Lear, n’ont réellement envie, quoi
qu’il se passe, d’abandonner leur pouvoir, de
prendre leur retraite.
Évidemment, la première chose à laquelle on
pense, c’est : comment ces jeunes filles sontelles parvenues à persuader leur père respectif
de se prêter à un jeu pour le moins risqué ? Car
bien entendu personne ne se fait de cadeau.
D’autant qu’après avoir calmement écouté, les
pères s’expriment…
Seulement voilà : avant tout, il s’agit de théâtre
et non pas d’un psychodrame chaotique. D’ailleurs, pour éviter toute dérive, de soir en soir,
les interprètes des trois filles (deux actrices, un
acteur) changent de personnage, et donc de
père.
Oui, un théâtre d’une énergie joyeusement
féroce, et parfaitement maîtrisé. Et qui rejoint
Shakespeare, dans la mesure où s’élaborent à
partir de la pièce, des situations, des conflits
qui la construisent, la mènent de scène en
scène. Des textes s’affichent sur écran, lus par
le personnage impliqué, qui alors enchaîne sa
propre histoire. Comme encouragé, chacun peut,
sans jamais verser dans le sentimentalisme –
c’est d’autant plus frappant – exposer ses problèmes, faire exploser sa fureur, sa douleur.
Étranges, bouleversants rappels de ce que le
quotidien le plus banal peut se gaver d’incompréhensions mutuelles, de décalages affectifs,
toutes ces petites choses qui parfois font mal,
et quoi qu’il en soit, marquent l’existence.
Sans quitter la réalité de leur présent, avec une
distance non pas d’ironie, mais de tendre
malice, d’humour funèbre, les She She Pop
retrouvent la force de Shakespeare, cette impitoyable force de vie qui traverse les siècles. Et
puis, elles ne se contentent pas de suivre
l’exemple, elles poursuivent, elles creusent. Car
après tout, les pères, ils ont eux-mêmes été des
fils. Les filles, elles sont ou seront des mères.
Sans reproche ? Comment se situer, avec toutes
ces questions sur ce qu’on a fait, que l’on aurait
dû, mais que l’on n’a pas… Comment se
connaître, avec tous ces problèmes d’héritage,
d’hérédité, de transmission, de malentendus
ou de conflits générationnels…
« L’homme-clé du renouveau artistique d’une Ukraine qui peine à se trouver une identité. »
Le Monde, Fabienne Darge mai 2011
Né en Russie, Vlad Troitskyi grandit en Ukraine. À Kiev, où il suit l’École
polytechnique, tout en fréquentant la scène. Après s’être perfectionné
au GITIS de Moscou, il revient et fonde le Théâtre Dakh. Autrement dit
« le Théâtre sur le toit » puisque c’est à l’air libre sur le toit d’un immeuble de la capitale ukrainienne que tout commence. Puis il s’installe en
périphérie, dans une salle vraiment petite (60 places). En 2004, vient se
joindre le Groupe DakhaBrakha, qui mêle folklore et musiques d’aujourd’hui. En 2007 Vlad Troitskyi lance le Festival Gogol, qui chaque
année pendant un mois, entraîne spectateurs et acteurs dans sa fête.
La morale de l’histoire ? D’un côté, on est
content de soi quand on est fier de la façon
dont on s’imagine avoir élevé ses enfants… De
l’autre, on est content de soi quand on s’imagine « s’être fait tout seul ».
Colette Godard
Testament de She She Pop © DORO TUCH
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I B
DU 28 NOVEMBRE AU 3 DÉCEMBRE 20 H 30 I DIMANCHE 2 DÉCEMBRE 15 H
UN GRAND VOYAGE
EN ALLEMAND SURTITRÉ EN FRANÇAIS
SHE SHE POP & LEURS PÈRES
Testament
D’APRÈS
CONCEPT
LE ROI LEAR DE WILLIAM SHAKESPEARE
She She Pop & leurs pères ASSISTANT Kaja Jakstat
& INTERPRÉTÉ PAR Sebastian & Joachim Bark, Fanni & Peter Halmburger, Mieke & Manfred Matzke,
Lisa Lucassen, Ilia & Theo Papatheodorou
CRÉÉ
She She Pop. CORÉALISATION Théâtre de la Ville-Paris et Festival d’Automne à Paris.
Hebbel am Ufer Berlin – Kampnagel Hambourg et FFT Düsseldorf. Avec le soutien financier de la ville de Berlin,
de la ville de Hambourg et les fonds du Darstellende Künste e.V.
PRODUCTION
COPRODUCTION
Dans le cadre du tandem Paris Berlin organisé à l’occasion des 25 ans d’amitié entre les villes de Paris et de Berlin.
Gogol, mais aussi Shakespeare, ont inspiré les deux œuvres qu’il nous
présente.
Avec Le Roi Lear - prologue, il s’agit d’un spectacle purement visuel et
musical, autour d’un thème essentiel de la pièce : famille, amour et trahison, avec ses personnages centraux : les trois filles du roi. Ici, un trio
de femmes en robes de mariée, chantant au cœur d’un étrange rituel
païen, patchwork d’influences diverses. Sur fond de musiques non
moins diverses jouées live par « l’ethno-chaos-band », le DakhaBrakha,
on pense aux marionnettes japonaises du Bunraku, manipulées à vue…
Manipulation, mélange qui reflètent la situation aujourd’hui en Ukraine.
C’est encore autour d’une jeune fille que tourne l’histoire de Viï-le roi terre.
Elle est mourante, demande à être veillée par un jeune philosophe élève
d’un séminaire, lequel bientôt se rend compte qu’en fait, elle est la sorcière
qu’il croyait avoir tuée. Et c’est là qu’il rencontre une créature abominable,
venue à la demande de la jeune morte : Viï, le chef des gnomes…
& MUSIQUE Pierre-Antoine Dubey, Bartek Sozanski,
Anatolii Cherkov, Nina Garenetska,
Marko Halanevych, Nataliia Halanevych,
Tanya Havrylyuk, Dmytro Iaroshenko,
Roman Iasinovskyi, Ruslana Khazipova,
Dmytro Kostiumynskyi, Iryna Kovalenko,
Solomiia Melnyk, Volodymyr Minenko,
Olena Tsybulska, Tetyana Vasylenko,
Kateryna Vyshneva, Nataliia Zozul
JEU
Le Roi Lear - prologue mise en scène Vlad Troitskyi © THÉÂTRE DAKH
Théâtre Vidy-Lausanne
Théâtre de la Ville-Paris – Festival Passages, Metz
AVEC LE SOUTIEN DE Ukrainian Art Project, Fondation Landis & Gyr
PRODUCTION DÉLÉGUÉE
Selon vous, de quoi parle Viï ?
COPRODUCTION
VLAD TROITSKYI : Il ne s’agit pas seulement d’un conte d’épouvante, mais
avant tout d’une histoire qui porte à la réflexion, et que depuis longtemps, je voulais aborder. Cela dit, je ne mets pas en scène le texte littéral
de Gogol, je m’appuie sur le travail du dramaturge Klim, autour de
quelques thèmes.
Tout d’abord : la femme. Qu’est-ce que la femme, principalement en
Ukraine ? Et puis je veux insister sur les rapports, les liens entre les
individus d’une même culture ou de cultures différentes, y compris traditionnelles. Je ne tiens pas à mettre en avant les traditions, je voudrais
dire d’où nous venons, qui nous sommes. Ce n’est pas le folklore qui
m’intéresse, c’est la vie. Dans sa réalité.
Je voudrais montrer une Ukraine inconnue. Une Ukraine différente de
l’image que l’Europe peut s’en faire. Pour moi, ce pays n’est pas compris.
Tout au moins il est mal compris.
À travers cette création, je souhaite éclairer le côté mystique de la culture
ukrainienne, mais pas seulement. C’est-à-dire que je souhaite m’appuyer
sur le conflit entre la tendance européenne – que je perçois comme
raffinée, délicate – et quelque chose d’autre, pas encore entaché par une
« pseudo civilisation ». Une culture proche de la terre.
Vous montez Vïi avec deux comédiens francophones, pourquoi ?
V. T. : C’est l’histoire d’un voyage, celui de deux étrangers en Ukraine.
Les deux comédiens francophones incarnent parfaitement ces personnages. Pour les préparer, je les ai emmenés dans les Carpates, et je les ai
laissés, seuls, dans des conditions assez sévères. Se trouver là-bas, sans
connaître la langue ni personne, c’est un peu comme se perdre dans la
jungle. À mon avis, pour eux comme pour le spectacle il est essentiel
d’avoir vécu cette expérience, loin de la civilisation, proche de la terre,
du peuple. Proche du rite.
D’après le dossier presse de Vidy-Lausanne
Création au Théâtre-Vidy Lausanne le 29 mai 2012
M. Vitalyi Chudnovskyi
REMERCIEMENTS PARTICULIERS À
Viï – le roi terre est dédié à René Gonzalez.
10 • HAROLD PINTER // MARIE-LOUISE BISCHOFBERGER
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
JEAN-CLAUDE GALLOTTA • 11
novembre-décembre 2012
DE JOIE
ET DE PEUR
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
DU 31 OCTOBRE AU 10 NOVEMBRE 20 H 30 I
DIMANCHE 4 NOVEMBRE 15 H
JEAN-CLAUDE GALLOTTA
Racheter la mort des gestes
Chroniques chorégraphiques 1
CRÉATION MONDIALE AU THÉÂTRE DE LA VILLE
CHORÉGRAPHIE
CONCEPTION
Jean-Claude Gallotta
& TEXTES Jean-Claude Gallotta
& Claude-Henri Buffard
Mathilde Altaraz
Jacques Schiotto & Marion Mercier
ASSISTANTE À LA CHORÉGRAPHIE
COSTUMES
Sarah Barrau, Christophe Delachaux,
Ximena Figueroa, Ibrahim Guetissi, Mathieu Heyraud,
Georgia Ives, Cécile Renard, Gaetano Vaccaro,
Thierry Verger, Béatrice Warrand
& UN GROUPE DE 20 intervenants
AVEC
Parce qu’elle aime le théâtre où se heurtent le concret et l’irréel, où se manifestent
les mouvements d’humour et d’angoisse, Marie-Louise Bischofberger aime Pinter,
et tout particulièrement Une petite douleur.
Centre chorégraphique national de Grenoble.
Théâtre de la Ville-Paris.
la MC2 : Grenoble.
Le Centre chorégraphique national de Grenoble est financé par
la DRAC Rhône-Alpes / ministère de la Culture et de la Communication,
la ville de Grenoble, le conseil général de l’Isère, la région RhôneAlpes, et soutenu par l’Institut français pour les tournées internationales.
PRODUCTION
COPRODUCTION
AVEC LE SOUTIEN DE
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I A
DU 7 AU 22 DÉCEMBRE 20 H 30 I DIMANCHE 9 DÉC. 15 H
HAROLD PINTER I
MARIE-LOUISE BISCHOFBERGER
Une petite douleur
CRÉATION
Gisèle Joly, Séverine Magois
(NOUVELLE TRADUCTION) © L’Arche Editeur
CONCEPT & MISE EN SCÈNE Marie-Louise Bischofberger
SCÉNOGRAPHIE & COSTUMES Bernard Michel
TRADUCTION
Ateliers du Théâtre Vidy-Lausanne
Bertrand Couderc
SON André Serré
ASSISTANTE À LA MISE EN SCÈNE Pauline Masson
CONSTRUCTION DÉCOR
LUMIÈRES
AVEC
Ximena Figueroa & Gaetano Vaccaro dans Racheter la mort des gestes de Jean-Claude Gallotta © GUY DELAHAYE
Marie Vialle, Louis-Do de Lencquesaing, Christian Le Borgne
Théâtre Vidy-Lausanne
Théâtre de la Ville-Paris
PRODUCTION DÉLÉGUÉE
COPRODUCTION
L’Arche est éditeur et agent théâtral du texte représenté. www.arche-editeur.com
Louis-Do de Lencquesaing & Marie Vialle en répétition au Théâtre de la Ville © DR
Un beau jour de juin dans la campagne anglaise, un couple
savoure son thé, et puis une guêpe vient les perturber, et puis un
homme arrive, impose sa présence silencieuse. Qui est-il, que
veut-il ?… Ainsi s’amorce cette Petite Douleur, d’Harold Pinter
que met en scène Marie-Louise Bischofberger.
Née près de Zurich, elle a beaucoup voyagé. D’abord avec ses
parents, tous deux peintres, et qui lui donnent – indirectement
– le goût du théâtre : elle les voit pendant la journée, sans un
mot, se concentrer sur leurs gestes. Alors le soir, fébrilement ils
parlent, dialoguent, racontent des histoires…
Elle se rêve actrice, suit des cours, envisage l’école de cinéma de
Berlin. Puisqu’elle doit travailler, qu’elle aime découvrir et écrire,
elle devient reporter pour des journaux suisses, et finalement
renonce à Berlin. Non pas pour rester dans la presse, mais elle
rencontre celui qui devient son mari : Luc Bondy. Avec lui, elle
parcourt les scènes d’Europe. À ses côtés, elle travaille en tant
qu’assistante et dramaturge. Aurait-elle pu rêver d’une meilleure
école ? Pour autant, elle ne renonce pas à sa carrière, prend des
cours auprès de l’immense actrice de la Schaubühne, Edith
Clever, qui lui demande d’écrire une pièce en vue d’un concours.
Ce sera Jeanne la folle, qui est choisie, où elle ne joue pas, mais
qu’elle met en scène ; la voie est tracée. Suivent des auteurs
comme Marguerite Duras, Thomas Bernhard, Jon Fosse… Et
Shakespeare, Le Viol de Lucrèce, où principalement elle s’attache
aux relations entre les principaux personnages, dans toute leur
violence. En fait, elle se passionne pour un théâtre que l’on
pourrait qualifier d’intimiste angoissé, et qui tout naturellement
l’amène à Pinter : « Le quotidien est un entrelacement de joie et de
peurs, cette alternance lui ressemble. J’ai entendu un entretien
entre un metteur en scène anglais et lui. Il garde son humour tranquillement acéré et, sans raison apparente, une sorte de rage le
prend, monte, puis s’arrête d’un coup… On retrouve ça dans Une
petite douleur qui date de 1959, juste après L’Anniversaire, mal
accueilli à sa création, ce qui, je pense, l’a stimulé.
Je tiens à cette pièce depuis longtemps. Pour interpréter le couple,
j’ai fait appel à Louis-Do de Lencquesaing que je connais depuis
toujours, et Marie Vialle qui a joué pour moi Je t’ai épousée par
allégresse de Natalia Gin à la Madeleine *.
« Pinter a d’abord écrit Une petite douleur pour la radio, on doit
donc “matérialiser” l’espace, et aussi les silences, qui ne sont pas
dans le même rythme si l’on voit ou ne voit pas les personnages.
C’est possible, puisque lui-même l’a fait en 1961. Il n’est pas question
de retrouver l’époque, mais l’étrangeté de la situation : un couple de
la middle class qui lit le Times – garder la dimension anglaise est
important – et n’a plus les moyens de vivre au centre-ville. La campagne n’est pas vraiment un choix, ils en souffrent. Lorsqu’ils
voient l’autre homme, un rapport de force s’établit. D’abord, ils le
traitent avec un léger mépris, en inférieur. Et progressivement,
comme chez Thomas Bernhard, s’impose la puissance du silence,
qui ouvre la carapace des convenances et des habitudes, amène à
parler, parler, se dévoiler…
« Tout commence en comédie de boulevard, avec une légèreté, un
humour peu à peu glissant dans le cauchemar tangible. On ne sait
plus où est le réel. Cette pièce est peut-être celle qui met le plus en
évidence les mouvements liés à l’angoisse, voilà pourquoi je l’aime
tant. »
C. G.
* À l’origine, le couple devait être interprété par Hugues Quester
et Valérie Dashwood. Mais le temps a passé, Hugues Quester
est en tournée aux États-Unis avec Rhinocéros, et Valérie Dashwood
est indisponible.
DES GESTES ANCRÉS
DANS LA VIE
Avec Racheter la mort des gestes, création mondiale au Théâtre de la Ville, Jean-Claude Gallotta ouvre le journal
de ses souvenirs. Figures de l’amitié, moments de répétition et tranches de vie se passent le relais dans le voyage
d’une mémoire sensible.
LE SPECTACLE SÉQUENCE PAR SÉQUENCE (extraits)
SÉQUENCE A
Nous avions créé une première ébauche de ce spectacle dans
notre studio de Grenoble ouvert sur la ville. Aujourd’hui, en
répétition, dans la boîte noire du théâtre, le “dehors” nous a
manqué. Une part du jeu entre la fiction et le réel, qui constitue
un des axes de ce spectacle, n’y était plus. C’est une chorégraphie qui s’amuse avec la profondeur et la perspective, qu’elles
soient spatiales ou temporelles. Le tram qui traverse de jardin à
cour et de cour à jardin nous était essentiel.
SÉQUENCE B
Avec Hervé Guibert, nous parlions des grands films populaires
qui nous avaient aidés à construire notre imaginaire. Lawrence
d’Arabie étaient l’un de ceux-là. De ces films qui ne se contentaient pas de nous distraire, ils nous racontaient intelligemment le monde. Cette histoire si somptueusement filmée fait
rêver par la beauté de ses plans et en même temps traite d’un
sujet grave, le désir et le projet de fondation d’une nation arabe
indépendante moderne.
Par ailleurs, cet extrait placé en début de spectacle montrant,
dans le désert, venant vers nous, un homme comme un point
tremblant sur la ligne de l’horizon, ouvre le champ de la scène
à l’infini.
SÉQUENCE I
George Mac Briar est l’un des invités du spectacle. Nous l’avons
rencontré en audition. Il est à la fois celui que je serai peut-être
plus tard (avec notamment mon mal au genou qui a conditionné ma danse à mes débuts) et une figure possible de Merce
Cunningham (à qui il peut vaguement ressembler) qui nous
avait dit à New York devant nos efforts démesurés pour plaire :
« Ne jouez pas les héros »…
SÉQUENCE U
Au cours des auditions, il y a des moments d’une grande intensité auxquels le public n’a pas accès. Ces chroniques chorégraphiques nous permettent enfin de les montrer. Nous avons
choisi trois personnes venues passer l’audition, qui nous ont
touchés, mais qui n’auraient pas trouvé leur place dans nos
autres spectacles. Elles s’appellent Sylviane, Annie, Frédéric.
Pour eux, comme pour les autres danseurs et acteurs du spectacle, je reprends à mon compte la belle phrase de Robert Bresson : « Je vous imagine tels que vous êtes ».
SÉQUENCE W
Une invitée, seule sur la scène. Elle appelle : « Maman ! ». Il n’y
a pas d’âge pour chercher sa mère. Elle ne cesse de l’appeler.
Sur tous les tons. On en frissonne.
En amont, dans le spectacle, on a déjà entendu cette quête. Oui,
bien sûr, il s’agit de nous tous, mais plus particulièrement…
SÉQUENCE X
… de moi. J’ai appris la mort de ma mère le soir d’une de nos
représentations à Paris. C’était comme un signe, comme si ma
mère me réclamait que je lui rende hommage dans un de mes
spectacles.
Une de nos invitées, Marie-Alice, arrive de la salle, accueillie sur
la scène par les danseurs et par la musique d’Armide de Lully
que j’ai chorégraphié il y a quelques années. Elle est ma mère,
caressée, palpée, manipulée, enveloppée, emportée…
SÉQUENCE Y
Lorsque nous avons créé l’ébauche de ce spectacle en studio en
2008, nous commencions à préparer L’Homme à tête de chou
avec Alain Bashung. Je lui avais demandé la permission d’utiliser
sa chanson Résidents de la république dans ces Chroniques. Il en
était ravi et insistait pour savoir quels gestes étaient effectués
sur sa chanson. Ce n’était pas de la politesse. Déjà très malade,
chaque instant de vie avait de l’importance pour lui.
En 2008, cette fin dansée/chantée était un petit signe amical
pour sceller notre projet ; en 2012, Bashung disparu, elle est
devenue un hommage.
Jean-Claude Gallotta, Claude-Henri Buffard
12 • RACHID OURAMDANE // ARTISTE ASSOCIÉ
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I A
DU 13 AU 15 NOVEMBRE 20 H 30
RACHID OURAMDANE
Sfumato CRÉATION 2012
Rachid Ouramdane
Sonia Chiambretto
MUSIQUE Jean-Baptiste Julien
CHANT Deborah Lennie-Bisson
DÉCOR Sylvain Giraudeau
LUMIÈRES Stéphane Graillot
VIDÉO Aldo Lee, Jacques Hoepffner
COSTUMES La Bourette
ASSISTANTE DE CRÉATION Erell Melscoët
CONCEPTION, CHORÉGRAPHIE
TEXTE
Jean-Baptiste André, Brice Bernier,
Jean-Baptiste Julien, Lora Juodkaite,
Deborah Lennie-Bisson, Mille Lundt,
Ruben Sanchez
AVEC
L’A.
L’A. est subventionnée par le ministère de la Culture et de la Communication / DRAC Île-de-France au titre de l’aide à la compagnie
conventionnée, par la région Île-de-France au titre de la permanence
artistique et culturelle et par l’Institut français pour ses projets
à l’étranger.
Rachid Ouramdane est artiste associé au Théâtre de la Ville de Paris
et à Bonlieu, scène nationale Annecy.
PRODUCTION
COPRODUCTION Biennale de la danse de Lyon – Bonlieu Scène nationale
Annecy – Le Quai, Angers – Kaaitheater, Bruxelles – Dans le cadre
du réseau Imagine 2020, Art et changement climatique – King’s
Fountain – Théâtre de la Ville-Paris – Théâtre national de Bretagne,
Rennes – Centre chorégraphique national de Tours dans le cadre
de l’accueil-studio
AVEC L’AIDE DE la MC2 – Grenoble - du Musée de la danse,
Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne
et du Centre national de danse contemporaine, Angers pour
l’accueil en résidence
AVEC LE SOUTIEN DE l’associationBeaumarchais – SACD au titre
de l’aide à l’écriture et de la SPEDIDAM.
Mille Lundt dans Sfumato de Rachid Ouramdane © AGATHE POUPENEY
CLIMAT MÉTAPHORIQUE
Pluie tropicale sur le plateau de Sfumato ! Rachid Ouramdane, artiste associé du Théâtre de la Ville, choisit la métaphore
poétique et visuelle pour évoquer les dérèglements climatiques et les drames qu’ils engendrent.
La scène, le monde. Vases communicants. En
entamant la création de Sfumato, Rachid
Ouramdane disait vouloir « transposer le témoignage des “réfugiés climatiques”, confrontés à la
disparition et la dissolution de leurs territoires. »
Mais comment la danse peut-elle « transposer »
un drame planétaire, avec sa cohorte de situations intimes et collectives ? Et n’est-ce pas là
prendre le risque d’esthétiser les souffrances
du monde ? L’écrivain Jean-Luc Raharimanana
répondait sur un précédent spectacle de Rachid
Ouramdane, Des témoins ordinaires, nourri de
rencontres avec des personnes ayant subi des
actes de torture : « La question n’est pas de
reproduire la laideur du monde sur scène, elle est
de rappeler que l’intolérable nous est contemporain, par ces visages que nous pouvons situer
quelque part dans notre monde actuel, dans notre
histoire récente, et que nous avons refoulés quelque
part, par lâcheté… »*.
Il y a chez Rachid Ouramdane, comme d’autres
artistes de sa génération, le souci de répondre,
dans les matériaux mêmes de la fabrique artistique (ici, le corps, l’image, éventuellement la
parole), à ce qui, du dehors, influe sur nos existences communes. Car quand bien même nous
n’aurions connu quiconque ait subi l’épreuve
de la torture (Des témoins ordinaires), que nous
ne connaîtrions aucun « réfugié climatique »
(Sfumato), cela fait partie du sentiment d’humanité qui constitue chacun. En fondant sa
compagnie, L’A., en 2007, Rachid Ouramdane
disait vouloir en faire un « lieu de réflexion artistique sur nos identités contemporaines. » Avec
Loin, magnifique solo créé en 2008, il commence véritablement à déployer les enjeux qui
l’animent aujourd’hui. Il part alors sur les traces
de son père, né en Algérie, enrôlé dans l’armée
française partie combattre en Indochine : « Je
me suis alors senti très proche de personnes vivant
dans des géographies très éloignées. Cela m’a
donné envie de sonder davantage les endroits où
l’on vit, qui sont souvent constitués de plusieurs
couches culturelles. » Au Vietnam, il tombe sur
un village en passe d’être enseveli sous les eaux.
C’est là, peut-être, que naît le désir d’évoquer le
sort des populations déplacées, déracinées.
L’exil peut être causé par des raisons politiques,
économiques, et aujourd’hui climatiques. Ces
dernières ont suscité la trame de Sfumato. Non
à la façon d’un documentaire (même si y contribuent des portraits filmés en Chine par Aldo
Lee), mais sur un mode poétique et métapho-
rique, où le plateau devient paysage noyé dans
le brouillard, puis douché par une pluie tropicale. Les images, puissantes, prennent corps
dans l’alternance dansée de solitudes cosmiques
(le tournoiement prodigieux de Lora Juodkaite)
et de corps détrempés. Une scansion à laquelle,
en ouverture de Sfumato, un texte de Sonia
Chiambretto donne la respiration et le tempo.
« Le climat, écrit-elle, cristallise aujourd’hui la
question de l’effroi. » À l’aune des dérèglements
environnementaux et des catastrophes qu’ils
engendrent, Rachid Ouramdane compose avec
cet effroi contemporain pour inscrire, dans
l’ici et maintenant de corps en mouvement, les
échos et les traces des bouleversements qui
restent à venir.
Jean-Marc Adolphe
* Jean-Luc Raharimanana, Mouvement n° 53,
octobre-décembre 2009.
Ruben Sanchez dans Sfumato © A. POUPENEY
HOMMAGE À DOMINIQUE BAGOUET • 13
novembre-décembre 2012
LA VIVE
JEUNESSE
DE
DOMINIQUE
BAGOUET
Vingt ans après sa mort, le legs de Dominique Bagouet,
ce funambule des ellipses, reste porteur d’une épatante
liberté, comme le manifeste la reprise de Jours étranges
par un groupe d’adolescents rennais.
Disparu voici vingt ans, Dominique Bagouet
a imprimé à la danse contemporaine
française une ligne en taille douce, dont
la sève a été prolongée par les danseurs
des Carnets Bagouet. Avec eux, le Théâtre
de la Ville rend hommage à une œuvre dont
les traces restent vibratiles, et se transformera,
dimanche 18 novembre, en véritable ruche,
avec deux ateliers danse, une rencontre
et plusieurs projections, dont l’émouvant
Noces d’or en soirée, documentaire
de Marie-Hélène Rebois qui reconstitue,
à la façon d’un puzzle, la dernière création
que Dominique Bagouet n’a pu achever.
« Un jour, Dominique [Bagouet] était parti en
laissant la musique des Doors assez fort dans le
studio. Et nous, comme il y avait pas mal de tension accumulée, on s’est mis à se défouler et à faire
tous ces gestes qu’on fait quand on est seul et
qu’on met de la musique. En fait, il était dans un
bureau derrière la vitre et il nous regardait. Et il
a noté pour chacun des choses assez caractéristiques qu’on a ensuite réutilisées. » Cette anecdote
de répétition, rapportée par l’une des interprètes
de Jours étranges, au lendemain de sa création
en juillet 1990 au festival Montpellier Danse 1,
en dit assez long sur un processus d’écriture
assez inhabituel chez Dominique Bagouet. Luimême évoquait, lors de cette même rencontre
publique, le rôle « assez provocant » de Catherine Legrand, qui fut son assistante sur la pièce
et qui « ne poussait pas du tout dans le sens de
chorégraphier les choses ». Une complicité qui ne
pouvait qu’inciter Dominique Bagouet à rompre
avec une écriture « bien clean », voire même à
« ruer dans les brancards » et « jeter le bonnet
par-dessus les moulins », comme il disait…
En 1990, le chorégraphe ne savait pas qu’il ne
lui restait hélas plus que deux ans à vivre. Avec
Jours étranges, il revisite ce moment de « l’adolescence qui cherchait alors, dans ce qui est devenu
une sorte de mythologie, ses propres valeurs et
vivait aussi d’obscurs désirs mal définis de révolte
contre les normes et les codes établis ». La fièvre
de mai 1968 n’avait pas encore enflammé les
esprits et les corps, qu’en 1967 Dominique
Bagouet faisait ses classes au Centre de danse
de Rosella Hightower, à Cannes. Dans ses
bagages, une jeune élève américaine rapporte
cette année-là le second album des Doors, un
groupe fondé deux ans plus tôt à Los Angeles
et alors quasiment inconnu en France. « Avec
la voix chaude de Jim Morrison, le climat de ces
Strange Days correspondait parfaitement au
désarroi de notre adolescence », se souviendra
Dominique Bagouet au moment de la création
de la pièce. L’album des Doors, inscrit dans la
mémoire, lui permet « de renouer avec un état
qui n’est pas si éloigné de celui d’aujourd’hui où
la remise en question, la quête d’aventures, se
heurtent encore à de nouvelles conventions, des
systèmes qui redeviennent pesants et qu’il semble
urgent de secouer 2 ».
Vingt ans après la mort (bien trop prématurée)
du chorégraphe, ce qu’il disait en 1990 demeure
d’actualité. Et le legs de Dominique Bagouet,
ce funambule des ellipses qui a su allier exigence et fantaisie, légèreté et gravité, reste porteur d’une épatante liberté. Dans la continuité
du travail considérable qu’ont mené les Carnets
Bagouet pour faire vivre, de façon non muséale,
la mémoire du chorégraphe, Catherine Legrand
et Anne-Karine Lescop ont entrepris, à Rennes,
de transmettre Jours étranges à un groupe de
dix lycéens. Outre que cette expérience est, en
elle-même, un modèle de ce qui peut être tenté
entre les milieux artistiques et ceux de l’éducation, elle colore l’écriture de Dominique Bagouet,
en toute confiance d’interprétation, de toute la
palette d’exubérance et de fragilité, de chahut
et de rêverie, qui en manifeste la vive jeunesse.
Dominique Bagouet © MARC GINOT
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I A
DU 17 AU 20 NOVEMBRE 20 H 30 I DIMANCHE 18 NOVEMBRE 15 H
DOMINIQUE BAGOUET
LE TRIANGLE CITÉ DE LA DANSE
Jours étranges
Dominique Bagouet 1990
Catherine Legrand & Anne-Karine Lescop
MUSIQUE 5 CHANSONS EXTRAITES DE L’ALBUM Strange Days DU GROUPE The Doors
DÉCOR Laurent Gachet RÉALISATION Vincent Gadras LUMIÈRES Serge Dées
RECRÉÉES PAR Robin Decaux COSTUMES Laure Fonvieille
CHORÉGRAPHIE
REPRISE SOUS LA DIRECTION ARTISTIQUE DE
10 ADOLESCENTS DE RENNES Leslie Degot, Alexis Hédouin, Eve Jacquet, Matéo Labrosse, Shankar Lestréhan,
Sarah Montreuil, Isaac M’Vemba, Melvin Nze-Eyoune, Valentine Petitjean, Pauline Rip
AVEC
Le Triangle, cité de la danse. avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication,
le Centre national de la danse dans le cadre du dispositif « Danse en amateur et répertoire », de la DRAC
Bretagne, de la ville de Rennes et de la Caisse des Dépôts.
PRODUCTION
EN COLLABORATION AVEC
J.-M. A.
Hélène Cathala, lors d’une rencontre publique
animée par Lise Ott au festival Montpellier Danse
en juillet 1990, avec Dominique Bagouet, Hélène
Cathala et Fabrice Ramalingom. In Dominique
Bagouet, coffret livre DVD, ouvrage collectif sous la
direction de Anne Abeille, La Maison d’à côté, 2010.
2 Citations de Dominique Bagouet extraites
du texte-programme de Jours étranges en 1990.
1
HOMMAGE À DOMINIQUE BAGOUET
DIM. 18 NOVEMBRE À PARTIR DE 11 H
Ateliers, films, rencontre, soirée hommage
(cf page 20)
Jours étranges, version 2012 © CAROLINE ABLAIN
14 • MARTIN SCHLÄPFER // BALLETT AM RHEIN
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
AKRAM KHAN • 15
novembre-décembre 2012
LE SENS
DES
CONTRASTES
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
DU 19 DÉCEMBRE AU 2 JANVIER 20 H 30 I
DIM. 23 & LUNDI 31 DÉC. 15 H
AKRAM KHAN
AKRAM KHAN COMPANY
DESH (SOLO) CRÉATION 2011
DIRECTION ARTISTIQUE, CHORÉGRAPHIE
& INTERPRÉTATION
Akram Khan
Tim Yip
Jocelyn Pook
CONCEPTION LUMIÈRES Michael Hulls
HISTOIRES IMAGINÉES PAR Karthika Nair & Akram Khan
ÉCRITES PAR Karthika Nair, PolarBear & Akram Khan
DRAMATURGIE Ruth Little
DIRECTION D’ACTEUR Zoë Nathenson
VOIX D’ESHITA Sreya Andrisha Gazi
VOIX DE JUI Eesha Desai
ANIMATION VISUELLE Yeast Culture
DIRECTION TECHNIQUE Fabiana Piccioli
VIDÉO & CONSTRUCTION DÉCOR Sander Loonen (Arp Theatre)
CRÉATION SONORE Nicolas Faure
PRODUCTION Farooq Chaudhry
CONCEPTION VISUELLE
COMPOSITION MUSICALE
Akram Khan est artiste associé à la MC2 : Grenoble et à Sadler’s
Wells, Londres dans le cadre d’un accord de coopération
internationale.
PARTENANRIAT COLAS/Akram Khan company. COPRODUCTION MC2 :
Grenoble – Curve Leicester – Sadler’s Wells, Londres, Théâtres
de la Ville de Luxembourg – Concertgebouw, Bruges.
CRÉÉ EN RÉSIDENCE au Curve, Leicester et à la MC2 : Grenoble.
AVEC LE SOUTIEN DE l’Arts Council England.
AKRAM KHAN COMPANY REMERCIE la Bangladesh High Commission,
Londres, pour son soutien.
Invité par le Théâtre de la Ville, le directeur du Ballett am Rhein à Düsseldorf, Martin Schläpfer
présente pour la première fois en France deux pièces au climat fort différent : l’une est ludique,
l’autre plus spirituelle.
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I E
DU 28 NOVEMBRE AU 5 DÉCEMBRE 20 H 30 I
SAMEDI 1ER DÉCEMBRE 15 H & 20 H 30
MARTIN SCHLÄPFER I
BALLETT AM RHEIN
Forellenquintett I Neither
FORELLENQUINTETT
Don’t be shy DE The Libertines
& Quintette pour piano, violon, alto, violoncelle
et contrebasse en la majeur D 667 (La Truite)
DE Franz Schubert
CHORÉGRAPHIE Martin Schläpfer
DÉCOR, COSTUMES & VIDÉO Keso Dekker
LUMIÈRES & VIDÉO Franz-Xaver Schaffer
Akram Khan dans DESH © RICHARD HAUGHTON
MUSIQUE
AVEC
23 danseurs
NEITHER
Neither, OPÉRA EN UN ACTE DE Morton Feldman
Samuel Beckett
MISE EN SCÈNE & CHORÉGRAPHIE Martin Schläpfer
INSTALLATION VIDÉO LUMIÈRE, DÉCOR & COSTUMES rosalie
LUMIÈRES Volker Weinhart
MUSIQUE
TEXTE
LA SOURCE
DES ORIGINES
À GAUCHE
M. SCHL.: Si Forellenquintett est ma création la plus joyeuse, Neither
Akram Khan, dont la compagnie a été créée en
dont la mémoire se transmet ou pas. Lorsque
j’étais adolescent, mon père s’est battu pour partager ses souvenirs avec moi. » Rébellion de la
part d’un jeune homme dont l’environnement
se situe à des années-lumière du Bangladesh ;
frustration et tristesse du côté du père. « Ma
mémoire n’a rien à voir avec la sienne, ajoute
Akram Khan. Ce n’est que récemment que j’ai eu
envie de me confronter à son histoire – je suis allé
dans son village – et à mes racines. »
fait partie des pièces auxquelles j’accorde le plus d’importance,
puisque dans sa polyphonie effervescente, la composition de
Feldman est absolument singulière. C’était ma première œuvre
pour toute la compagnie du Ballett am Rhein et la première où
j’ai interdit aux maîtres de ballet de « nettoyer » la gestuelle et
de parfaire les unissons. Je voulais préserver les différences
individuelles, rendre ainsi la danse indépendante du rythme
musical et la faire vivre dans l’instant même.
2000, à Londres, en rêvait depuis longtemps.
Les risques que ce type de projet représente le
retenaient. Puis, il a foncé. Questions d’urgence,
de temps qui passe et qui pousse, d’énergie à
vif… Entouré d’une équipe de proches collaborateurs dont l’écrivain Karthika Nair, il a décidé
de séjourner pendant quelques semaines au
Bangladesh, le pays d’origine de ses parents –
Akram Khan est né à Londres –, d’y collecter
dans les villes comme à la campagne, images,
sensations, histoires et témoignages. Ce socle
de vie commune racontée dans un texte de
Karthika Nair, est le cœur battant de DESH, créé
en 2011, à Londres.
Desh troisième syllabe du nom Bangla-desh,
signifie « terre ». « Je suis parti sur les traces de
mon père et de sa mémoire personnelle, explique
le chorégraphe. À travers l’évocation de la relation père-fils, j’avais envie de questionner la façon
Sur le plateau, Akram Khan, formidable danseur, a traduit en tourbillons de gestes électriques les multiples visions qu’il a engrangées
lors de son voyage. Mains volubiles et vibrantes,
jambes déliées toujours prêtes à sauter, chuter,
rebondir… Les mouvements quotidiens des
tisseurs avec leurs machines à filer rudimentaires, les attitudes des mendiants dans la rue,
la simple beauté d’une immense roue d’osier
qui tourne… ont soufflé un répertoire chorégraphique nourri de toutes les rencontres faites
par le chorégraphe. Si le kathak, danse traditionnelle indienne dans laquelle Akram Khan
est virtuose depuis l’enfance, innerve évidemment sa gestuelle, son écriture déborde toute
étiquette, tirant des bords entre abstraction et
narration sans jamais perdre sa nervosité profonde.
Bodgan Nicula dans Forellenquintett // À DROITE Ainara García Navarro, Jörg Weinöhl, Ensemble dans Neither © GERT WEIGELT
ENTRETIEN AVEC MARTIN SCHLÄPFER
Dans leur rapport au mouvement, privilégiez-vous le temps,
l’espace ou la musique ?
Né en Suisse alémanique, Martin Schläpfer dirige le Ballett am
Rhein (Düsseldorf/Duisbourg) depuis 2009 et en a fait une
M. SCHL. : La musique, clairement. C’est elle qui va décider s’il
me faut des pointes ou le pied nu. Après ces choix, je fais des
recherches sur le compositeur et d’autres thèmes. J’accumule
du matériel, ensuite je crée la structure.
référence. Pour la première fois invité à se produire à Paris, il
vient avec deux pièces emblématiques, éclairant deux facettes
de son savoir-faire unanimement acclamé outre-Rhin.
Vous êtes venu à la danse grâce au patinage artistique !
MARTIN SCHLÄPFER : En effet, j’avais quinze ans quand un professeur de ballet, Marianne Fuchs, m’a découvert lorsque je pratiquais le patinage. Mais ma famille était fortement opposée à ce
que je devienne danseur, jusqu’à ce que je sois lauréat du prix
de Lausanne. L’essentiel de ma carrière s’est déroulé au Ballet
de Bâle sous la direction de Heinz Spoerli.
De votre temps d’interprète, comment avez-vous pris vos
marques dans le paysage chorégraphique ?
M. SCHL. : J’ai surtout dansé des chorégraphies de Heinz Spoerli,
et un peu de Hans van Manen ou de Balanchine, vers le début
des années 1980. Après avoir cessé de danser, j’ai ouvert une
école de danse. Ensuite je me suis installé aux États-Unis. Comme
j’étais un des rares danseurs suisses connus, on m’a proposé de
diriger le Ballet de Berne. Voilà comment je suis devenu chorégraphe.
Pendant les années 1980, la scène française s’est divisée entre
le courant bauschien et le courant cunninghamien. Votre
danse, construite à partir de personnages et pourtant très
graphique, résonne telle une synthèse des deux.
M. SCHL. : On se trouve toujours confronté aux œuvres des plus
grands, et si on a de la chance, on élabore une approche personnelle à travers cet héritage. Il est essentiel qu’une création soit
portée par tout ce qui lui a précédé. Le Ballett am Rhein donne
des pièces très contemporaines et aussi du Balanchine ou autres
néoclassiques. Ces contrastes m’inspirent. La question n’est pas
de savoir si danser sur pointes est contemporain ou pas. Ça
l’est, par définition. Il s’agit uniquement du comment et du
pourquoi. Je suis connu pour des frappes violentes au sol, ce qui
confère à la ballerine un côté phallique. Mais nous ne le faisons
pas dans Forellenquintett qui est plus ludique.
On détecte dans Neither des accents spirituels, qu’il s’agisse
de la musique de Morton Feldman ou de la chorégraphie.
Cette dimension est importante. Chez Feldman, les
influences bouddhistes sont moins fortes que chez Cage, mais
elles sont présentes.
M. SCHL. :
Un solo, ce n’est pas rien. Autoportrait, carte
d’identité, mise au point, ADN artistique,
confidence…, le solo, pas loin aussi parfois du
monologue théâtral, est un livre ouvert et
exige de la part de son créateur un taux élevé
d’engagement et de transparence. Il faut avoir
envie de se mouiller pour relever le défi d’un
solo, d’un vrai.
Que représentent ces pièces dans votre œuvre ?
Neither est une pièce pour plus de quarante danseurs. Au
Théâtre de la Ville ce sera un événement en soi, voire une
transgression par rapport aux codes de la maison.
M. SCHL. : Je mesure ce que Paris représente pour la danse et son
histoire. Je suis très curieux de voir les réactions. Si elles sont
négatives, je ne changerai pas forcément de métier. Je suis très
reconnaissant au Théâtre de la Ville d’avoir rendu possible la
venue d’une troupe aussi nombreuse.
Propos recueillis par Thomas Hahn
DESH concentre les atouts nombreux du danseur et chorégraphe en revenant à l’essence
même de son besoin de danser. Akram Khan
aime souligner sa relation profonde avec l’eau.
« Je suis fasciné par l’eau à l’intérieur de la terre,
c’est le noyau dur de ma façon de penser et de
bouger, confie-t-il. Il y a énormément d’eau et de
terre au Bangladesh… J’ai eu envie d’explorer
une histoire qui rassemble la tragédie et la comédie des vies dans ce pays. »
Akram Khan n’est pas tout à fait seul en scène.
Les mots de Karthika Nair, le design visuel
magique signé par Tim Yip, la musique de
Jocelyn Pook, enveloppent et portent l’élan d’un
homme qui sait s’entourer et aime les rencontres. Depuis 2000, au gré d’une quinzaine de
spectacles qui ont fait connaître son nom dans
le monde entier, Akram Khan a collaboré avec
des écrivains comme Hanif Kureishi, le musicien
Nitin Sawhney, le plasticien Anish Kapoor… Il
a aussi conçu et interprété des duos avec Sidi
Larbi Cherkaoui, Sylvie Guillem et Juliette
Binoche. Désir d’en découdre encore et toujours,
vitalité extrême et virtuosité sensible, l’alchimie Akram Khan ne cesse de se raffiner.
Jeanne Liger
© PAMELA RAITH
Né à Londres, Akram Khan renoue avec le Bangladesh, pays de ses parents. Il traduit en tourbillons de gestes électriques
les multiples visions qu’il a engrangées lors de son séjour.
16 • HOMMAGE À JOSÉ AFONSO
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
PORTUGAL • 17
novembre-décembre 2012
UNE VOIX REBELLE,
UN ÉVEILLEUR
DE CONSCIENCE
J’ai eu la chance, enfant, de connaître José Afonso au moment de la Révolution des Œillets,
puis de le revoir dans les années qui suivirent. La beauté de l’homme, de l’être humain,
reste étrangement présente dans mon esprit, autant que le talent qui fit de lui cet immense
compositeur-chanteur-poète jusque dans les années 90. Il sut tant réinventer des fados
de Coimbra et des ballades que revivifier les chants populaires de son pays, les mâtinant
parfois de sons africains. Je suis heureux et fier que le Théâtre de la Ville rende aujourd’hui
hommage à celui qui fut l’auteur de Grandola Vila morena, la chanson qui passa sur
les ondes de Radio Renaissance, déclenchant le signal de la Révolution des Œillets –
et de nombreuses chansons engagées toujours teintées de merveilleux et de fantastique.
Vie, œuvre, action de José Afonso ont préludé à la Révolution des Œillets, la forge
de l’Histoire. Qui a entendu une fois le chant de ce poète, de cet artiste généreux
autant que chaleureux le porte en soi comme la voix d’un ami.
Emmanuel Demarcy-Mota
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
MERCREDI 21 NOVEMBRE I 20 H 30
HOMMAGE À JOSÉ AFONSO
Francisco Fanhais, Joao Afonso, Antonio Zambujo,
Mayra Andrade & Yara Gutking CHANT
Julio Pereira DIRECTION MUSICALE, MANDOLINE, GUITARE, VOIX
Miguel Vera GUITARE, VOIX
Yara Gutking CLAVIERS, CHANT
Marcos Alves PERCUSSIONS
Portugal
CONCERT DIFFUSÉ EN DIRECT SUR
NOUVEAU PARTENARIAT
MEDIAPART
Afin d’offrir une plus large audience aux artistes,
le Théâtre de la Ville et Mediapart, journal indépendant d’information en ligne, poursuivent un partenariat élaboré en juin 2012 dans le cadre de Chantiers
d’Europe avec le concert d’Angélique Ionatos.
Au cours de la saison 2012-2013, plusieurs concerts
de Musiques du monde seront diffusés en direct
et en accès libre sur Mediapart. Après le concert
du groupe chilien Bloque Depresivo diffusé le
20 octobre, c’est l’hommage à José Afonso que
de nombreux internautes pourront suivre en direct
sur Mediapart en partenariat avec Dailymotion.
José Afonso © DR
Au terme d’une enfance partagée entre Portugal,
Angola et Mozambique, et d’études secondaires
et universitaires à Coimbra, José Afonso commence à chanter en 1949. Il a vingt ans ; il ne
cessera guère, quelles que soient les difficultés,
d’exercer cet art. Du fado lyrique de Coimbra,
il évolue vers la ballade ; à partir du début des
années soixante, il s’engage dans « la chanson
d’intervention politique ». En ces temps de censure et de répression, ces chansons, diffusées
par les radios d’Alger et de Conakry, sont écoutées en cachette.
José Afonso est, sous la dictature de Salazar et
Caetano (1932-1974), l’une des voix les plus
Janita Salome, Carlos Salome, José Afonso, Julio Pereira en concert © DR
écoutées par les opposants au régime. Une voix
rebelle quand, officiellement, Amália Rodrigues
règne sur les scènes. Diffusée dans la nuit du
25 avril 1974, Grandola, l’une des chansons du
proscrit, donne le signal de la Révolution des
Œillets. Reprise dans tout le pays, elle devient
un hymne. Célèbre auprès du grand public, au
Portugal comme à l’étranger, son auteur ne cède
pas à la tentation du vedettariat ; sa fonction est
d’une autre nature, éveiller les consciences.
José Afonso choisit la chanson comme arme
politique; orfèvre, il en cisèle la forme artistique,
textes et musiques. Pour assurer l’impact de ses
paroles, souvent poétiques, il imagine de solides
mélodies, soutenues par des rythmes efficaces,
à l’occasion, inspirés de la tradition populaire
du centre du Portugal, ou bien par l’Afrique
voire le Brésil. Sa voix séduit d’emblée ; elle
traduit une vive sensibilité et exprime toutes
les nuances de l’émotion.
Intellectuel, ce francophone émérite est professeur de portugais, d’histoire et de philosophie
dans les lycées du Portugal, puis du Mozambique, de 1964 à 1967. En 1968, il est chassé de
l’enseignement pour raisons politiques… Il vit
alors de leçons particulières et de son activité
musicale ; celle-ci, soumise aux tracasseries et
aux avanies des autorités, se déroule dans la
clandestinité. Au cours des cinq années qui
précèdent la Révolution des Œillets, il pratique
la pédagogie du chant et de la parole, activité
propice à la prise de conscience politique de
ses disciples. Le 29 avril 1973, il est embastillé
à la prison de Caxias.
Après le 25 avril 1974, il se consacre à une
chanson qui reflète les événements politiques
et s’investit – et s’épuise – dans la défense du
pouvoir populaire : campagne de « dynamisation culturelle » et mouvement des coopératives. Après quelque répit, il poursuit sa tâche
d’éveilleur de conscience, voire de provocateur,
dans un Portugal alors gouverné à droite :
chansons-documents, écriture automatique,
mots empruntés à Michelet ou à Reich… Sans
délaisser le langage direct de la chanson destinée
à informer, il tend, depuis quelques années, à
user d’un langage plus métaphorique.
En novembre 1981, il offre une série de cinq
récitals au Théâtre de la Ville. Quelque temps
plus tard, victime d’une incurable maladie, il
se trouve fort démuni. Le 28 janvier 1985, le
Théâtre de la Ville organise, en son honneur et
à son profit, une soirée destinée à recueillir
quelques fonds, avec Paco Ibañez, le Cuarteto
Cedrón, Gilbert Laffaille…
Auteur de quatorze disques, José Afonso s’éteint
le 23 février 1987. Sa dépouille repose au cimetière de Setubal : une sépulture modeste, à son
image.
C’est la mémoire de cette voix rebelle et de cet
éveilleur de conscience que le Théâtre de la Ville
célèbre : soirée en son hommage, sous la direction musicale de Julio Pereira, à ses côtés sur
scène, en novembre 1981, à laquelle participent
Francisco Fanhais, un autre de ses compagnons,
Joao Afonso, son neveu, chanteur lui aussi,
l’illustre interprète de fado Antonio Zambujo,
la talentueuse chanteuse cap-verdienne Mayra
Andrade et, Yara Gutking, voix de l’ensemble
de Julio Pereira.
Article de presse, Libération, 5 mai 1974
Jacques Erwan
Affiche 1974 (COLLECTION JACQUES ERWAN)
Affiche célébrant le 1er mai 1974 (COLLECTION JACQUES ERWAN)
18 • MUSIQUES DU MONDE
Théâtre de la Ville PARIS
DIALOGUES RYTHMÉS
Éternellement jeune, Zakir Hussain (né en 1951!)
est l’unique musicien de l’Inde à attirer un
public mêlé, souvent très jeune, sous tous les
continents. Idole vivante dans son pays où il
devient un mythe, il a hissé le tabla au sommet
des percussions du monde, explorant les possibilités sonores de son instrument fétiche là
où personne encore ne les avait entrevues à un
tel point de perfection et de nouveauté. Ses
doigts d’or, d’une vélocité vertigineuse, opèrent
une magie électrisante. Et la beauté des sons
graves produits par la main gauche sur le baya
reste un mystère : nul joueur de tabla ne peut
atteindre une rondeur du son aussi satisfaisante par sa force, sa souplesse et sa plénitude,
ni produire des mélodies avec tant de justesse.
Non content de savoir accompagner tous les
genres (chant, art instrumental, danse kathak),
le fils aîné d’Alla Rakha (accompagnateur
fétiche de Ravi Shankar) s’adonne depuis trente
ans au plaisir d’un partage enrichissant avec
des artistes de jazz, tels John McLaughlin ou
Jan Garbarek.
Nous le retrouvons ici dans la tradition classique de l’Inde, avec le sitariste Niladri Kumar
qui prend tous les risques d’une haute voltige
dans le vif tirage et relâchement des cordes sur
leurs arceaux. Le jeune Dilshad Khan, neveu du
regretté Sultan Khan, accompagne Zakir pour
son solo. Deux percussionnistes de la tradition
carnatique viennent compléter l’aspect rythmique du programme avec le tambour mridangam et le pot de terre ghatam.
Christian Ledoux
SANAM MARVI
SAMURAI
À la vaillante beauté de Sanam Marvi fait écho
celle de sa voix, une de ces voix d’âme dont le
chant fond d’un coup d’aile sur le bonheur du
présent, caresse les siècles passés, embrasse les
vastes paysages où naquit la contemplative
poésie soufie. Sanam Marvi, chanteuse pakistanaise de vingt-six ans, a le chant dans la peau,
en témoigne la tranquille évidence de sa présence, où son souffle prend sa source et ses vertigineuses envolées. Elle est née à Hyderhabad,
Pakistan, dans le Sindh, terre d’un des plus
grands poètes du soufisme, Shah Abdul Latif
(1689-1752). En son sanctuaire vénéré, tous les
ans pendant trois jours, le temps d’un festival
rituel (« Urs »), s’y rassemblent les maîtres
musiciens et chanteurs soufis. Dès l’enfance,
Sanam Marvi fut nourrie de ce paisible et rassembleur mysticisme. Son père, Faqir Ghulam
Rasool, était l’un de ces chanteurs soufis, et
c’est de lui, dit-elle, qu’elle a tout appris. Sans
doute, mais elle y a mis du sien. La légende qui
l’entoure déjà raconte qu’à l’âge de sept ans,
un jour où elle accompagnait son père à Radio
Pakistan et l’attendait dans le jardin, elle n’eut
de cesse de le convaincre de l’autoriser à passer
à son tour une audition. Ce qui fut fait, à une
condition: qu’elle fasse fructifier le talent qui lui
était donné par le travail, et le travail encore.
Alors, Sanam Marvi apprend (notamment
auprès d’Ustah Fateh Ali Khan de l’école de
Gwalior) à sertir de sa voix les joyaux de la
poésie soufie : Shah Abdul Latif bien sûr, et
Baba Sheik Farid, Baba Bullet Shah et autres
messagers de la foi dans la paix et l’amour.
Sanam Marvi donne ses premiers concerts en
2004 sur une chaîne régionale du Sindh. Puis
sa participation aux « Saisons » télévisées du
Coke Studio lui ouvre les portes d’une gloire
qui dépasse les frontières de la musique traditionnelle, la mène de « Bollywood » aux ÉtatsUnis. Mais Sanam Marvi, jeune femme du
moderne Pakistan, sait où est sa juste place de
pacifique guerrière du soufisme.
Cinq accordéons diatoniques, dix mains, cinquante doigts, cinq pays, autant de traditions
et de personnalités mélangées, autant de styles
différents et de découvertes. Ces cinquante doigts
en amour avec des centaines de petits boutons
ont choisi pour nom Samurai et on s’en amourache de ces fous du petit piano à bretelles !
Didier Laloy pour la Belgique, Bruno Le Tron
pour la France, David Munnelly pour l’Irlande,
Riccardo Tesi pour l’Italie et Markku Lepistö
pour la Finlande… Accrochez-vous, vous aurez
le souffle coupé par ces fêlés du soufflet, vous
allez tanguer sous le roulis de leur croisière au
royaume de l’accordéon. Ce diable d’instrument
redore ici son blason, si besoin en est encore.
C’est un orchestre, une fanfare, une harmonie,
c’est une symphonie, une polyphonie. Ce sont
des basses qui ronflent, des mélodies qui s’enchaînent et se superposent, des rythmes qui se
poursuivent fouettés par cinq fougues. C’est un
festival, une fête, c’est le bonheur d’une rencontre qu’il fallait oser entre ces cinq agendas
chargés de cinq spécialistes du piano du pauvre.
Mais quelle richesse, quelle énergie, quelle vie
dans cette musique ! Et quelle musicalité dans
cette vie ! L’Europe musicale n’est pas en danger avec de tels ambassadeurs. Et sur scène, ça
bouge, ça s’amuse, ça se répond, ça s’écoute, ça
se déchaîne et, forcément, ça étonne non seulement le public mais parfois les musiciens euxmêmes, surpris par leurs comparses, éblouis
des possibilités de leurs moulins à musique.
Un régal.
Étienne Bours
UNE PRINCESSE AU ROYAUME
DES POÈTES SOUFIS
RÉJOUISSANTE VITALITÉ
DE L’ACCORDÉON !
© ANNE FERMI
© LIEVE BOUSSAUW
© KAMROUZ
© KAMROUZ
ZAKIR HUSSAIN
MUSIQUE CLASSIQUE • 19
novembre-décembre 2012
novembre-décembre 2012
THE DELANO
ORCHESTRA
FOLK VOLCANIQUE
DE CINQ AUVERGNATS DÉTONANTS
The Escape
« MVAT
MVCT MLWY » I « EITSOYAM »
Un programme en deux actes. Une invitation au voyage mental, évocation
de paysages, des cycles de la nature
et du temps, des sensations intimes.
Épure accompagnée d’images vidéo.
Puis exploration d’un nouvel univers :
« compositions brutes, courtes, rock ».
Marc Coppey (au centre) et les solistes de Zagreb © ROMANO GROZIC
MVAT MVCT MLWY est une pièce instrumentale
composée pour un ensemble de chambre de six
solistes – violoncelle, violons, piano, trompette.
Véritable réflexion sur le temps et ses variations,
ce prolongement musical, qui mêle de nouvelles
compositions à la réorchestration de thèmes
des précédents albums, invite l’auditoire à prendre le temps et à se plaire dans ce temps suspendu. Au centre des nappes atmosphériques
déployées, les cordes et les pianos sont introduits avec légèreté et dépouillement pour une
douce intensité. Par la transcription intime des
sensations générées par les premières pluies
automnales, le tremblement des feuilles sous le
vent, la friction des herbes hautes sur les jambes
et le frémissement des fourmis volantes estivales, on assiste à une formidable émancipation
– une ritournelle amoureuse tout en retenue.
Avec EITSOYAM, le groupe dans sa formation
traditionnelle libère un second temps électrique où chants intimistes et guitares rageuses
reprennent leurs droits dans des compositions
rock brutes, percutantes et lumineuses. Cette
quête de soi, romantique et combative, commence par des bruits de pas dans la neige pour
s’évanouir dans un bain de soleil. Fort de sentiments nouveaux et de motifs amples et colorés,
il est fait le récit d’une plénitude retrouvée :
« Il y a la douceur, l’intensité, le jeu, le mystère, la
sensualité, il y a TOUT ».
Émilie Fernandez
Odile Quirot
MARC COPPEY & LES SOLISTES DE ZAGREB
DES ARTISTES EN PLEIN IDYLLE
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
SAMEDI 10 NOVEMBRE I 17 H
LES SOLISTES DE ZAGREB I MARC COPPEY DIRECTION & VIOLONCELLE SOLO
AMANDO IVANCIC Sinfonia pour cordes, n° 9
JOSEPH HAYDN Concerto pour violoncelle, n° 1 en do majeur, Hob/VIIb.1 (Marc Coppey VIOLONCELLE)
IVO MALEC “Lumina” pour cordes et bande magnétique
PIOTR ILLICH TCHAÏKOVSKI Sérénade pour cordes, en ut majeur, op. 48
De vraies histoires naissent parfois sans que quiconque ait vraiment soupçonné leur devenir. Il en
va ainsi de la rencontre récente de Marc Coppey avec les Solistes de Zagreb (Zagrebački Solisti),
qui fêtent leurs cinquante ans en 2013. Le 24 septembre 2011, le violoncelliste français débutait
avec eux en Croatie, au Festival de Samobor, dans le double habit de soliste et chef d’orchestre. Ce
jour-là, les musiciens ont certainement songé aux premiers pas des Solistes, créés en 1953 à l’initiative de Radio-Zagreb : l’Italien Antonio Janigro (1918-1989), premier directeur musical, qui
donna aux douze musiciens de départ leur profil artistique, était lui aussi violoncelliste et chef
d’orchestre. À la veille de leur demi-siècle, la nostalgie a-t-elle joué un rôle ? Toujours est-il que
Coppey succède directement à Janigro, étant seulement le deuxième violoncelliste à hériter des
responsabilités de directeur artistique – la place avait été trop bien tenue ! On n’y verra aucun
hasard : soliste réputé, Coppey est un subtil chambriste dont les cinq années passées au sein du
Quatuor Ysaÿe ont enrichi de l’intérieur son expérience du jeu d’ensemble.
Conscient de leur riche histoire, il a immédiatement apprécié leur polyvalence et leur état d’esprit :
« C’est un ensemble d’un excellent niveau musical, qui a intégré ces dernières années nombre de jeunes et
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I B
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
→ THÉÂTRE DE LA VILLE I D
LUNDI 5 NOVEMBRE I 20 H 30
SAMEDI 1ER DÉCEMBRE I 17 H
SAMEDI 15 DÉCEMBRE I 17 H
JEUDI 20 DÉCEMBRE I 20 H 30
ZAKIR HUSSAIN
SANAM MARVI
SAMURAI
THE DELANO ORCHESTRA
TABLA
& FRIENDS
Niladri Kumar SITAR
Dilshad Khan SARANGI
Sridar Parthasarathy MRIDANGAM
Uma Shankar GHATAM
Inde du Nord & du Sud
CHANT
Ali Babar NEY
Ajmal Muhammad TABLA
Amanat Ali HARMONIUM
Pakistan
POUR LA PREMIÈRE FOIS À PARIS
ACCORDÉONS
Didier Laloy Belgique
Markku Lepistö Finlande
Bruno Le Tron France
David Munnelly Irlande
Riccardo Tesi Italie
Alexandre Rochon COMPOSITION & RÉALISATION
Guillaume Bongiraud VIOLONCELLE, COMPOSITION & ARR.
Florent Cardinale VIDÉO Marc Chalosse PIANO
Thomas Dupré BASSE Annick Fongarnand VIOLON
Alexandre Kondo ALTO Matthieu Lopez GUITARE
Christophe Pie BATTERIE Fabrice Planchat ALTO
Julien Quinet TROMPETTE Alexandre Rochon GUITARE, VOIX
Kütu Folk Records, de la DRAC Auvergne
et de Clermont Communauté.
AVEC LE SOUTIEN DE
A GA K HAN TRUST FOR C ULTURE
Music Initiative
France
→ THÉÂTRE DES ABBESSES I D
SAMEDI 8 DÉCEMBRE I 17 H
CÉLINE FRISCH
CLAVECIN
BACH
er
Intégrale du 1 Livre du Clavier bien tempéré
2e CONCERT
Toccata en ré majeur, BWV 912
Préludes et fugues de 13 à 24, BWV 858 à BWV 869
2e CONCERT
talentueux musiciens. Il a su faire face aux terribles conséquences de la guerre de Yougoslavie, parvenant à se maintenir et à se renouveler en dépit de l’adversité ». La saison 2012-2013 est la première
où Coppey assume ses fonctions de plein exercice : « Nous souhaitons mêler de manière harmonieuse la musique ancienne, les répertoires classique, romantique ou contemporain ainsi qu’un certain
nombre de transcriptions […] Ce sont donc des artistes en pleine idylle qui visitent aujourd’hui le
Théâtre de la Ville. L’année de la Croatie a en outre fourni au nouveau directeur musical prétexte
à exercer sa réelle curiosité. En ouvrant son programme avec la brève Sinfonia n° 9 pour cordes
d’Amando Ivancic (1727-1790), il révèle un compositeur croate du siècle des Lumières inconnu
chez nous : « C’est une œuvre de très belle facture, s’enthousiasme Coppey, joyeuse, dynamique,
transparente ». Composé en 1762 pour son collègue Joseph Weigl, le Concerto pour violoncelle n°
1 en ré majeur Hob. VIIB. 1 de Joseph Haydn (1732-1809) est au contraire une pierre angulaire du
répertoire. Il exige à la fois une élégance particulière du son et du phrasé, un sens aigu de la respiration juste, et une énergie virevoltante dans l’irrésistible Allegro molto final : les qualités
mêmes qui font de Marc Coppey l’un des plus purs héritiers de l’école française de violoncelle.
En proposant ensuite Lumina, œuvre pour cordes et bande magnétique d’Ivo Malec, Coppey
revient lui aussi sur ses pas : « J’ai passé mon prix au Conservatoire de Paris en présentant Arco I,
un solo pour violoncelle de 1987, très intense et virtuose, que j’ai eu alors le privilège de travailler avec
Ivo Malec lui-même. Lumina, qui date de 1968, est une œuvre dont les douze cordes sont traitées avec
une grande indépendance. Si le déclenchement de la bande obéit à un protocole précis, la pièce comporte
une part d’aléatoire. La bande a été préparée par le GRM ». Le GRM, c’est-à-dire le Groupe de
recherches musicales, laboratoire source depuis 1958 de nombreuses créations et expérimentations
dans le domaine du son et des techniques électro-acoustiques […] Conclure ce très beau parcours
avec la Sérénade pour cordes op. 48 de Tchaïkovski (1840-1893), c’est parier sur du velours, tant
cette partition à l’inspiration mélodique profuse et séduisante trône depuis toujours au centre du
répertoire des orchestres à cordes. À considérer les axes programmatiques définis par Marc Coppey,
ne manque guère à ce panorama qu’une transcription. Sans doute le bis y pourvoira-t-il…
Rémy Louis
CÉLINE FRISCH
AMOUREUSE DE BACH
L’artiste au son plein et à la virtuosité joyeuse, fascinée par le clavecin dès l’âge de six ans, pratique un jeu précis et racé qui sait
ne plus être sage quand la fougue du contrepoint commande.
Il n’est guère meilleure carte de visite que les Toccatas pour clavier et les 48 préludes et fugues du Clavier bien tempéré pour exposer
son art.
Vincent Borel
20 • BRÈVES
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
À DÉCOUVRIR • 21
novembre-décembre 2012
DIMANCHE 18 NOVEMBRE À PARTIR DE 11 H
RENCONTRES & CONFÉRENCES
« HOMMAGE À DOMINIQUE BAGOUET »
RÉSERVATION SUR LE SITE INTERNET
www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER & INSCRIPTIONS)
2 ATELIERS DE PRATIQUE DE DANSE I 3 FILMS I 1 RENCONTRE
OUVERTURE DE LA LOCATION LE 30 OCTOBRE
« LES VOYAGES DU COMÉDIEN »
PAR GEORGES BANU, essayiste & critique, connaisseur de la scène
européenne, de ses metteurs en scène & acteurs
OUVERT À LA LOCATION • TARIF UNIQUE 5 €
JEUDI 15 NOVEMBRE 19 H I YOSHI OIDA I AU CAFÉ DES ŒILLETS
OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 30 OCTOBRE • TARIF UNIQUE 5 €
JEUDI 13 DÉCEMBRE 19 H I HUGUES QUESTER I AU CAFÉ DES ŒILLETS
© M. SAKAMOTO // © P. MESSINA
CALENDRIER
« PORTRAIT
MAGUY MARIN »
« UN DIMANCHE POUR UNE RENCONTRE »
DU 13 AU 15 NOV. I
LE CENTQUATRE
Cap au Pire
AUTOUR DE UNE PETITE DOULEUR
DIMANCHE 9 DÉCEMBRE 2012 I AU THÉÂTRE DES ABBESSES I À L’ISSUE DE LA REPRÉSENTATION
TARIF UNIQUE 5 €
ATELIER DANSE À PARTIR DE 16 ANS
(non danseurs)
Catherine Legrand INTERPRÈTE DE LA COMPAGNIE BAGOUET
* Pour faire écho à la pièce que vous aurez déjà vue, ou anticiper sur votre
point de vue de spectateur si vous êtes sur le point de l’être, et cela après
une brève mise en mouvement, nous aborderons ensemble l’apprentissage
d’une des danses de Jours étranges.
→13 H - 14 H 30 // AU CAFÉ DES ŒILLETS
ENTRÉE LIBRE DANS LA LIMITE DES PLACES DISPONIBLES
JOURS ÉTRANGES FILM
« MA BIBLIOTHÈQUE IDÉALE »
GRATUIT SUR RÉSERVATION
(projection en boucle) durée 45 mn
Captation de Jours étranges par la Compagnie Bagouet le 25 juillet 1993
à la cour d’honneur du Palais des Papes d’Avignon. © Les Carnets Carnets Bagouet
→ 15 H - 15 H 50 // GRANDE SALLE
JOURS ÉTRANGES SPECTACLE
durée 50 mn
ATELIER DE DANSE POUR ADOLESCENTS DE 11 À 16 ANS
DIRIGÉ PAR
Anne-Karine Lescop INTERPRÈTE D’ODILE DUBOC ET RESPONSABLE ARTISTIQUE DE LA REPRISE DE JOURS
ÉTRANGES
* Voir texte du premier atelier de 11 H.
→ 17 H - 18 H30 // AU CAFÉ DES ŒILLETS
GRATUIT SUR RÉSERVATION
PLANÈTE BAGOUET FILM
RÉALISATION
durée 90 mn
Charles Picq © Agat Film
Plus qu’un portrait, ce film tente de saisir la portée de l’œuvre de Dominique
Bagouet : le travail du chorégraphe, ses rapports avec les interprètes et son
installation au début des années 1980 au Centre chorégraphique de Montpellier. L’enseignement qu’il y dispensa ne fut pas la moindre de ses actions.
Tourné lors du festival Montpellier Danse en 1993, quelques mois après
la mort du chorégraphe, le film donne la parole aux danseurs et aux fidèles
de son équipe (Christine Le Moigne, Alain Neddam, Sven Lava Pohlhammer,
etc.), dans un ultime hommage qui fut le fil conducteur de l’ensemble
du festival.
→ 20 H 30 - 22 H 15 // GRANDE SALLE
GRATUIT SUR RÉSERVATION
NOCES D’OR OU LA MORT DU CHORÉGRAPHE FILM
durée 75 mn
(20 H 30) PRÉSENTATION DU FILM
Jack Ralite, AMI ET PRÉSIDENT DES CARNETS BAGOUET
DE
(21 H) PROJECTION
RÉALISATION Marie-Hélène Rebois © Daphnie Production
Jours étranges, version 2012 © CAROLINE ABLAIN
L’histoire d’une œuvre inaboutie, Noces d’or, que Dominique Bagouet voulait
offrir à ses parents et à son public avant de mourir. La réalisatrice a retrouvé
tous ceux qui faisaient partie de l’équipe de création de cette pièce,
leur a demandé ce qu’ils savaient du projet et, comme dans un puzzle,
a reconstitué les intentions du chorégraphe. Ce documentaire revient aussi
sur la personnalité complexe et hors du commun de Dominique Bagouet
et sur la naissance de sa vocation.
DU 31 OCTOBRE AU 16 NOVEMBRE I AU THÉÂTRE DE LA VILLE
La Geste d’Émile exposition des photos de Racheter la mort des gestes. Chroniques chorégraphiques 1 de Jean Claude Gallotta par Guy Delahaye.
À PARTIR DU 20 OCTOBRE I AU THÉÂTRE DE LA VILLE
Hommage à José Afonso
Photos & documents sur la Révolution des Œillets 1974.
À LA LIBRAIRIE DU THÉÂTRE DE LA VILLE
QUELQUES RÉFÉRENCES POUR UN PARCOURS DE SPECTATEUR
FACES I MAGUY MARIN I DU 13 AU 19 OCTOBRE
• Sabine Prokhoris, Le Fil d’Ulysse-retour sur Maguy Marin (édition Presses du Réel)
• Maguy Marin et Denis Mariotte, Ça quand même (édition Tarabuste)
• Edward Bernays, Propaganda : comment manipuler l’opinion en démocratie (Zone)
RACHETER LA MORT DES GESTES I JEAN-CLAUDE GALLOTTA I DU 31 OCT. AU 10 NOV.
• Claude-Henri Buffard – Photographies de Guy Delahaye, Mon lointain parent :
pour la chorégraphie de Jean-Claude Gallotta, 99 Duos (éditions Comp’Act)
• Jean-Claude Gallotta, Les Variations d’Ulysse (Lansman)
• Hervé Guibert, Articles intrépides (Gallimard)
• Hervé Guibert, Le mausolée des Amants : Journal 1976-1981 (Gallimard)
SFUMATO I RACHID OURAMDANE I DU 13 AU 15 NOVEMBRE
• Sonia Chiambretto, Une petite randonnée (Actes sud-Papiers)
• Sonia Chiambretto, Zone éducation prioritaire (Actes sud-Papiers)
• Sonia Chiambretto, Chto : interdit au moins de 15 ans (Actes sud-Papiers)
• Sonia Chiambretto, Polices (Grmx. ed)
Parole intime d’un artiste à travers l’évocation des 10 livres qui ont compté dans son parcours.
« CYCLE DE CONFÉRENCES SUR L’HISTOIRE
DE LA DANSE » 4e SAISON
JOURS ÉTRANGES I DOMINIQUE BAGOUET I DU 17 AU 20 NOVEMBRE
« Parler de… Dominique Bagouet » (La maison d’à côté)
« Les carnets Bagouet : la passe d’une œuvre » Sous la direction d’Isabelle Launay
(Solitaires Intempestifs)
• Isabelle Ginot, Dominique Bagouet, un labyrinthe dansé (Centre national de la danse)
LA DANSE À LA RENCONTRE DES AUTRES ARTS
Par Sonia Schoonejans, historienne, journaliste, réalisatrice de documentaires.
VIÏ-LE ROI TERRE I VLAD TROITSKYI I DU 10 AU 14 DÉCEMBRE
• Nicolas Gogol, Nouvelles complètes (Gallimard)
• Nicolas Gogol, Théâtre complet (Actes sud)
LA DANSE ET LES ARTS PLASTIQUES 2e partie
RETROUVER LES AUTEURS PROGRAMMÉS AU THÉÂTRE DES ABBESSES
TARIF UNIQUE 5 € : OUVERT À LA LOCATION PAR TÉLÉPHONE •
PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS) • OU AUX CAISSES
DIMANCHE 2 DÉCEMBRE 2012 À 11 H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE
EN BREF
GRATUIT SUR RÉSERVATION
Jean-Marc Adolphe AVEC des danseurs de Dominique Bagouet (Sylvain Prunenec,
Olivia Grandville SOUS RÉSERVE) & AVEC Anne Abeille ASSISTANTE DU CHORÉGRAPHE
* 30, RUE YVONNE LE TAC, PARIS 18
LE 3 DÉC. I LA CINÉMATHÈQUE FRANÇAISE
Maguy Marin : retour
sur Umwelt (cinéma)
→ 18 H30 - 20 H // AU CAFÉ DES ŒILLETS
ANIMÉE PAR
MERCREDI 7 NOVEMBRE 2012 I 18 H I À LA LIBRAIRIE DES ABBESSES*
DU 29 NOV. AU 1er DÉC. I
TH. NAT. DE CHAILLOT
DU 6 AU 8 DÉC. I MAISON
DES ARTS CRÉTEIL
DU 13 AU 15 DÉC. I THÉÂTRE
DE ST-QUENTIN-EN-YVELINES
Cendrillon
Extraits du texte de Fabienne Arvers, in Catalogue images de la culture n° 19, CNC, janvier 2005.
DANSEURS, TRACES VIVANTES DU CHORÉGRAPHE RENCONTRE
PAR JEAN-CLAUDE GALLOTTA
© STEPHEN BERKELEY-WHITE
→ 16 H 30 - 18 H // À LA COUPOLE
TARIF UNIQUE 5 €
DIRIGÉ PAR
Rencontre avec l’équipe artistique.
DU 22 AU 27 NOV. I
TH. CITÉ INTERNATIONALE
Ça quand même
Prises/Reprises
→ 11 H -12 H 30 // À LA COUPOLE
EXPOSITIONS
OUVERTURE DE LA LOCATION MARDI 30 OCTOBRE • GRATUIT SUR RÉSERVATION
LES 16 & 17 NOV. I
LE CENTQUATRE
DU 20 NOV. AU 1ER DÉC. I
TH. DU ROND-POINT
May B
Dominique Bagouet © DR
Le théâtre ces derniers temps redécouvre la place
de l’acteur et il est temps de l’entendre. Georges
Banu qui vient de publier Les Voyages du comédien
(Éd. Gallimard) invite chaque mois un grand acteur
pour dévoiler aussi bien des éléments biographiques, des récits de travail, des aveux sur le jeu :
Angela Winkler, Yoshi Oïda, Hugues Quester,
Laurent Poitrenaux, Josse De Pauw, Valérie Dréville,
André Wilms… Le Théâtre de la Ville, au carrefour
de la France et de l’Europe les accueille.
• Rachid Ouramdane, artiste associé, travaillera avec un lycée de Goussainville et l’option
Danse du lycée Brassens, autour de Sfumato sa création 2012.
• Intervention en milieu scolaire autour du concert Hommage à José Afonso, avec Jacques
Erwan – conseiller Musiques du monde et la participation de Francesco Fanhais,
en partenariat avec l’Inspection générale de portugais et l’Inspecteur Général, M. Pérez.
Un jury de 36 personnalités
a attribué à Can We Talk About
This ?* de DV8/Lloyd Newson
le prix de la Meilleure production
de l’année (2011-12) en Allemagne. La cérémonie de remise
des prix, organisée par Tanz
Magazine, a eu lieu à Berlin
en août. Parmi les autres artistes
primés : Alina Cojocaru et Anne
Teresa De Keersmaeker nommées
meilleures interprètes de l’année.
Can We Talk About This ? a
également reçu le Helpmann
Award dans la catégorie Meilleur
spectacle de danse.
La cérémonie a eu lieu à l’Opéra
de Sydney le 24 septembre 2012.
*spectacle présenté au Théâtre
de la Ville en octobre 2011.
La plupart des artistes peintres ou sculpteurs sont fascinés par l’idée de rendre le mouvement,
et la danse reste pour eux un défi. Degas, Matisse, Picasso, Nolde, Rauschenberg, autant
de peintres pour qui la danse a été source d’inspiration. Quant aux artistes chorégraphiques,
ils ont depuis toujours, entouré leurs danses de matières picturales participant à l’illusion
théâtrale. Le tissage de la danse avec les arts plastiques s’est encore resserré après que
le spectacle chorégraphique s’est rapproché de la performance ou de l’installation. Quelques
exemples pris dans la création contemporaine nous aideront à mieux comprendre la grande
porosité qui existe aujourd’hui entre ces disciplines.
LES JEUNES I DAVID LESCOT I DU 8 AU 24 NOVEMBRE
• David Lescot, Les Jeunes suivi de On refait tout et la réfection (Actes sud-Papiers)
(L’ensemble de l’œuvre théâtrale de David Lescot est édité chez Actes sud-Papiers)
LES VOYAGES DU COMÉDIEN
YOSHI OIDA I JEUDI 15 NOVEMBRE
• Coffret Yoshi Oida : L’Acteur Flottant - L’Acteur invisible - L’Acteur rusé
PARCOURS JEUNESSE : UNE SÉLECTION POUR OFFRIR AUX PLUS PETITS
PROCHAINEMENT
« LES LUNDIS DE LIBÉRATION »
• Charles Perrault, Le Petit Chaperon rouge et autres contes (Pockett)
• Le Petit Poucet, raconté par François Morel (Gallimard Jeunesse)
• La Belle au bois dormant, raconté par Annie Duperey (Gallimard Jeunesse)
• Le Petit Chaperon rouge raconté par Claude Aufaure (Gallimard Jeunesse)
• Le Petit Chaperon rouge illustré par Lydie Arickx (Actes sud Junior)
• Jacques Prévert, Contes pour enfants pas sages (Gallimard Jeunesse)
PREMIÈRE RENCONTRE LUNDI 5 NOVEMBRE À 18 H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE
Et retrouvez notre choix de livres pour la jeunesse : albums, pièces de théâtre…
Le Théâtre de la Ville et le quotidien Libération proposent huit rendez-vous/débats avec
des invités prestigieux autour de grands thèmes société et culture. Durant toute la saison,
un lundi par mois, à 18 h, dans la grande salle.
À DÉCOUVRIR
JEUDI 31 JANVIER 2013 À 20H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE : La Danse et la littérature
DIMANCHE 21 AVRIL 2013 À 11H I AU THÉÂTRE DE LA VILLE : La Danse et le cinéma
TARIF UNIQUE 5 € : OUVERT À LA LOCATION PAR TÉLÉPHONE •
PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com (RUBRIQUE RENCONTRES PUIS CALENDRIER ET INSCRIPTIONS) • OU AUX CAISSES
Programme à suivre sur le site internet du Théâtre de la Ville.
ÉDUCATION ARTISTIQUE, ACTIONS PÉDAGOGIQUES
• La compagnie de Jean-Claude Gallotta va assurer un atelier de pratique avec Difé Kako,
la compagnie de jeunes lycéens guadeloupéens avec qui le Théâtre de la Ville est en
partenariat pour la 3e année.
• Bertolt Brecht, La Résistible Ascension d’Arturo Ui
(L’Arche Éditeur, nvlle trad.)
• Gidon Kremer, Lettres à une jeune pianiste
(L’Arche Éditeur)
22 • TÉMOIGNAGE
MERCI
ROBERT DOIZON
1921-2012
Après avoir épaulé Jean Vilar au TNP comme
à Avignon, où il a poursuivi sa tâche avec Paul
Puaux, Bernard Faivre d’Arcier et Alain Crombecque,
Robert Doizon a participé à la naissance du Théâtre
de la Ville en 1968. Pendant plus de 33 ans, il s’est
consacré aux relations avec le public, puis au
conseil d’administration. Pour lui rendre hommage,
je donne aujourd’hui la parole à Gérard Violette,
qui avant de devenir le Directeur que l’on sait
de 1985 à 2008, était administrateur général
aux côtés de Jean Mercure dès 1968.
Emmanuel Demarcy-Mota
Théâtre de la Ville PARIS
novembre-décembre 2012
Infinie tristesse, Robert Doizon nous a quittés le 8 juillet, date
hautement symbolique marquant à la fois la fin de la saison
2011-2012 du Théâtre de la Ville et le début de l’édition 2012 du
Festival d’Avignon.
Les trompettes de Maurice Jarre, qui annoncent depuis toujours
l’ouverture au public de la cour d’honneur du palais des Papes,
ont dû saluer l’arrivée de Robert Doizon au paradis des gens bien.
INTIMES CONFIDENCES
Cher Gérard,
J’ai vécu au cours de ma carrière théâtrale trois aventures
exceptionnelles: celle du TNP-Jean Vilar, celle d’Avignon au cours
de quarante-deux festivals, celle du Théâtre de la Ville, depuis
son ouverture en décembre 1968, appelé par Jean Mercure et
vous-même pour me joindre à une équipe dynamique et motivée.
J’ai, du premier instant, aimé et assumé avec enthousiasme
la responsabilité de ces contacts privilégiés avec les représentants
des collectivités, comités d’entreprises, groupes d’amis, associations
culturelles, enseignants, tout en veillant particulièrement
aux meilleures conditions d’accueil d’un public découvrant
un nouveau théâtre.
Toujours inconditionnel des spectacles de ce théâtre, où je me
sens chez moi, mon grand plaisir sera maintenant de vous
apercevoir dans la salle, toujours aussi enthousiaste.
Le temps passe et je vous assure de mon indéfectible attachement
Robert Doizon, juin 2008
et de mon affection.
Pour un public d’adultes, un théâtre sans œillères
NOVEMBRE 2012
— Il y a ceux qui voudraient voir le théâtre populaire s’engager
dans une voie résolument moderne, voire d’avant-garde, et
ceux qui voudraient au contraire le voir s’attacher, en les renouvelant, aux grands classiques ?
— Le théâtre populaire n’est pas un compartiment, une catégorie
de théâtre, c’est au contraire le seul théâtre sur lequel on peut
traiter tous les sujets : un théâtre « sans œillères » où le spectateur est considéré comme un adulte. C’est en même temps un
retour aux sources et l’image, le témoin d’une société, de son
époque.
Jean Mercure, journal n°1, juin 1968
THÉÂTRE DE LA VILLE
20 H 30
THÉÂTRE DES ABBESSES
20 H 30
UN PARCOURS
« L’unique joie au monde c’est de commencer. »
Cesare Pavese
Quand j’ai été pressenti, mes pensées sont allées tout naturellement vers Jean Vilar, dont j’avais suivi, jour après jour, l’expérience
avec un intérêt passionné. Je savais qu’il me fallait partir de là,
mais pour aller plus loin et vite. Et tout de suite, il m’est apparu
comme une évidence qu’un théâtre à vocation populaire ne
pouvait plus se restreindre au seul répertoire dramatique.
Un large public pouvait, devait être initié à la danse et à la
musique, et être à même de suivre leur évolution.
Il fallait avant tout éveiller ce désir de connaissance qu’est la
curiosité.
Et pour cela, il fallait défendre et promouvoir, avec rigueur, la
politique de l’abonnement en l’étendant pour la première fois à
la danse et à la musique. C’était un risque, nous l’avons pris.
Jean Mercure, journal, 1977
« Que demande le peuple ? » s’interrogeait récemment Bertrand
Poirot-Delpech dans un article d’une lucidité remarquable et
assez désolée. Démontrant l’impossibilité, sinon l’imposture,
d’élaborer des œuvres et d’établir un répertoire à partir d’une
consultation systématique du public populaire, il concluait en
définissant ainsi le pari fondamental de l’action culturelle :
« Présumer ce qui manque le plus à qui manque de tout. »
Ce propos qui fait la part belle à l’intuition, à l’instinct, à une
divination heureuse, nous paraît, à nous autres, éducateurs, gens
d’enseignement, plus judicieux encore si nous l’appliquions à
cette jeunesse qui nous est confiée.
Pierre Descazeaux, professeur de collège d’enseignement général,
• aux côtés de Jean Vilar et de Jean Mercure dès les débuts
© DR
de leurs belles aventures
• 33 ans au Théâtre de la Ville
• 42 festivals d’Avignon dont 33 pendant ses vacances !
• au fil des saisons, de plus en plus de responsabilités : contrôleur chef au TNP à Chaillot ; à la tête de l’équipe d’accueil au
Festival d’Avignon, sous les directions successives de Jean Vilar,
Paul Puaux, Alain Crombecque et Bernard Faivre d’Arcier ;
créateur de trois services essentiels, location, accueil, relations
publiques, au Théâtre de la Ville.
Robert a su, dans les premiers, faire bénéficier le public d’importants progrès techniques : informatisation de la location et des
fichiers, location et information par internet… une amélioration
considérable pour le public.
• en 1996, Robert participe activement à la création du Théâtre
journal n°1, juin 1968
Traiter le public en ami
Ceux qui renoncent au confort de leur chez-soi pour venir jusqu’à
nous sont déjà des amis, et je voudrais les traiter comme tels. Il
ne suffit pas d’offrir aux spectateurs des œuvres de qualité, il
faut aussi veiller à leur accueil. Ce que je voudrais, c’est essayer
de leur épargner tous les petits tracas administratifs, toutes les
difficultés qu’ils rencontrent dès qu’ils ont l’intention d’aller au
théâtre. Ce n’est pas toujours facile, mais cela me semble d’une
importance capitale.
Jean Mercure, journal n°1, juin 1968
Aujourd’hui, tout a changé : le théâtre, la société, les comportements. Robert a su s’adapter, ce n’était pas facile pour lui, qui,
de son travail avec les représentants des collectivités, avait fait
une priorité. Mais aujourd’hui, et depuis longtemps, l’individualisme a triomphé du collectif…
UN RETOUR AUX SOURCES –
LE CREDO DE ROBERT DOIZON
Robert avait une haute idée des missions d’un théâtre public à
vocation populaire… Sans nostalgie, quelques souvenirs rafraîchissants de l’importance du public pour Jean Vilar et Jean
Mercure.
Serons-nous jamais assez nombreux ?
Nous savons bien, en effet, que les problèmes que nous imposent
désormais une culture, un savoir et le divertissement étendus au
plus grand nombre et aux plus déshérités sont infinis. Et quelle
tâche, enfin, de rapprocher pour un temps au moins la solitude
souvent amère du créateur, de la curiosité de ces assemblées
nouvelles !
Jean Vilar, journal n°1 du Théâtre de la Ville, 1968
« Pour ne rien rater de l’actualité quotidienne
du Théâtre de la Ville, découvrir les coulisses
des spectacles, suivre les équipes en tournée,
participer à des concours… Rejoignez-nous. »
1
Jean-Claude Gallotta
Buchettino 14 H 30 & 19 H 30
VE
2
Jean-Claude Gallotta
Buchettino 14 H 30 & 19 H 30
SA
3
Jean-Claude Gallotta
DI
4
Jean-Claude Gallotta 15 H
LU
5
Il mérite bien cette page dans ce journal. Emmanuel DemarcyMota l’a bien compris, n’oubliant pas ce qu’il a apporté avec son
équipe dévouée et efficace au Théâtre de la Ville d’aujourd’hui.
Six Personnages en quête d’auteur de Pirandello mis en scène
en 1968 par Jean Mercure et en 2001 par Emmanuel DemarcyMota, deux dates marquant le début et la fin de son remarquable
parcours. Une pièce majeure du théâtre contemporain, pour
rappeler le goût de Robert pour les grands textes. Un signe du
destin ?
Une grande estime, une sincère affection pour l’ami fidèle auquel
je dois tant. Et quel bonheur pendant toutes ces années de l’avoir
eu à mes côtés prenant tant de plaisir à faire son travail et à le
faire bien.
Pour tout, merci Robert.
Gérard Violette
Zakir Hussain & Masters of Percussions
MA 6
Jean-Claude Gallotta
ME
7
Jean-Claude Gallotta
JE
8
Jean-Claude Gallotta
Les Jeunes
J’avance et j’efface
VE
9
Jean-Claude Gallotta
Les Jeunes 15 H // 45 tours 20 H 30
J’avance et j’efface 14 H 30 & 20 H 30
Solistes de Zagreb I M. Coppey 17 H
Jean-Claude Gallotta
Les Jeunes 15 H // 45 tours 20 H 30
J’avance et j’efface
SA 10
Quarante-cinq tours 15 H
DI 11
LU 12
MA 13
Rachid Ouramdane
Les Jeunes 14 H 30 & 20 H 30
J’avance et j’efface
ME 14
Rachid Ouramdane
Quarante-cinq tours
J’avance et j’efface 14 H 30 & 20 H 30
JE 15
Rachid Ouramdane
Les Jeunes 14 H 30 // 45 tours 20 H 30
J’avance et j’efface
VE 16
Les Jeunes 14 H 30 & 20 H 30
J’avance et j’efface 14 H 30 & 20 H 30
45 tours 15 H // Les Jeunes 20 H 30
J’avance et j’efface 16 H & 20 H 30
Dominique Bagouet
DI 18
Journée D. Bagouet à partir de 11H (H. abo.)
Dominique Bagouet 15 H
LU 19
Dominique Bagouet
Les Jeunes 14 H 30 // 45 tours 20 H 30
MA 20
Dominique Bagouet
Les Jeunes 14 H 30 // 45 tours 20 H 30
J’avance et j’efface
ME 21
Hommage à José Afonso
Quarante-cinq tours
J’avance et j’efface 14 H 30 & 20 H 30
JE 22
Les Jeunes 14 H 30 & 20 H 30
J’avance et j’efface
VE 23
Les Jeunes 14 H 30 & 20 H 30
J’avance et j’efface 14 H 30 & 20 H 30
€
€
JEUNE -12 ANS * toutes catégories ..................... 9 €
SA 24
Les Jeunes 15 H & 20 H 30
J’avance et j’efface
TARIF B
THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUES
ME 28
M. Schläpfer I Ballett am Rhein
Testament
Le Roi Lear - prologue
TARIF PLEIN
JEUNE
1 Cat. 30 €
2 Cat. 25 €
1re et 2e catégories .................17 €
JE 29
M. Schläpfer I Ballett am Rhein
Testament
VE 30
M. Schläpfer I Ballett am Rhein
PRIX DES PLACES
TARIF A
TARIF PLEIN
JEUNE
TARIF C
THÉÂTRE I DANSE I MUSIQUE
1re Cat. 26 €
2e Cat. 20
1re et 2e catégories ................ 15
re
e
DI 25
LU 26
MA 27
THÉÂTRE
DÉCEMBRE 2012
1 seule catégorie ....................16
1 seule catégorie ....................12
THÉÂTRE DE LA VILLE
20 H 30
€
€
JEUNE -12 ANS * 1 seule catégorie ....................... 9 €
TARIF PLEIN
JEUNE
TARIF D
MUSIQUE I MUSIQUES DU MONDE
TARIF PLEIN
JEUNE
1 seule catégorie ..................
1 seule catégorie ..................
20 €
15 €
TARIF E
THÉÂTRE I DANSE
TARIF PLEIN
JEUNE
1re Cat. 35 €
2e Cat. 30
1re et 2e catégories ............... 26
€
€
JEUNE : MOINS DE 30 ANS (JUSTIFICATIF OBLIGATOIRE)
*accompagnant un adulte pour J’avance et j’efface, Nos amours bêtes, Sobre la cuerda floja,
L’Après-midi d’un foehn, Faim de loup & Trois contes (max. 4 enfants).
Location
Le Roi Lear - prologue
Le Roi Lear - prologue
THÉÂTRES PARTENAIRES
THÉÂTRE DES ABBESSES
20 H 30
M. Schläpfer I Bal. am Rhein 15 H & 20 H 30 Sanam Marvi 17 H
Testament
LE MONFORT
20 H 30
SA
1
DI
2
LU
3
M. Schläpfer I Ballett am Rhein
MA 4
M. Schläpfer I Ballett am Rhein
Le Roi Lear - prologue
ME
5
M. Schläpfer I Ballett am Rhein
Le Roi Lear - prologue
JE
6
VE
7
Une petite douleur
SA
8
Céline Frisch 2 e concert 17 H
Une petite douleur
DI
9
Testament 15 H
Le Roi Lear - prologue
Le Roi Lear - prologue 16 H
Testament
Le Roi Lear - prologue
Le Roi Lear - prologue
Une petite douleur 15 H
LU 10
Viï - le roi terre
MA 11
Viï - le roi terre
Une petite douleur
ME 12
Viï - le roi terre
Une petite douleur
JE 13
Viï - le roi terre
Une petite douleur
VE 14
Viï - le roi terre
Une petite douleur
Samurai 17 H
Une petite douleur
SA 15
DI 16
COMMENT RÉSERVER
LU 17
01 42 74 22 77
du lundi au samedi de 11 h à 19 h
Robert est devenu un exemple, une référence et, le temps qui
passe aidant, un sage.
Robert a formé bon nombre de personnes, des femmes en majorité, certaines d’entre elles toujours, en ce début de saison, au
Théâtre de la Ville à des postes de responsabilités.
LE MONFORT
20 H 30
SA 17
PAR TÉLÉPHONE
UN EXEMPLE - UNE RECONNAISSANCE
des Abbesses, un événement capital pour moi et le Théâtre.
• en 2001, l’année de sa retraite, toujours prêt à servir, il entre
au conseil d’administration et accepte le rôle sérieux et ingrat
de trésorier.
http://www.facebook.com/TheatredelaVille.Paris
THÉÂTRES PARTENAIRES
JE
Un large public pour la danse et la musique
Un public jeune, l’importance du théâtre en pédagogie
« Pour Robert, le théâtre c’était toute sa vie », m’avouait,
en m’annonçant sa disparition, Marcelle sa femme, respectueuse de sa passion et toujours fidèle à ses côtés les jours
de premières !
Une longue vie riche, parfaitement réussie au service
Gérard Violette
des autres.
CALENDRIER • 23
novembre-décembre 2012
AUX CAISSES
Une petite douleur
MA 18
ME 19
Une petite douleur
Akram Khan
Une petite douleur
JE 20
The Delano Orchestra
Une petite douleur
VE 21
Akram Khan
Une petite douleur
Une petite douleur
SA 22
Akram Khan
Théâtre de la Ville I 2 place du Châtelet, Paris 4
du mardi au samedi de 11 h à 20 h (lundi de 11 h à 19 h)
DI 23
Akram Khan 15 H
Les Abbesses I 31 rue des Abbesses, Paris 18
du mardi au samedi de 17 h à 20 h
ME 26
Akram Khan
JE 27
Akram Khan
Trois contes I Ravel I Perrault 19 H 30
VE 28
Akram Khan
Trois contes I Ravel I Perrault 19 H 30
PAR INTERNET www.theatredelaville-paris.com
SA 29
Akram Khan
Trois contes I Ravel I … 15 H & 19 H 30
LU 24
MA 25
DI 30
QUAND RÉSERVER
LU 31
Akram Khan 15 H
OUVERTURE DE LA BILLETTERIE
21 jours avant la 1re représentation et pour toutes les représentations du spectacle concerné.
CONSULTEZ NOTRE SITE INTERNET POUR CONNAÎTRE :
→ Les rencontres du Théâtre de la Ville, organisées dans les deux théâtres et en partenariat
avec les bibliothèques, les arrondissements, des associations ou des librairies.
→ Les surprises programmées par le Théâtre de la Ville au fil de la saison: bal littéraire, ateliers,
expositions, émissions de radio, projections de films, cycle de conférences sur l’histoire
de la danse du XXe siècle, rencontres exceptionnelles avec les auteurs associés et l’Ensemble
Artistique du Théâtre de la Ville.
JOURNAL DU THÉÂTRE DE LA VILLE
direction, administration : 16 quai de Gesvres 75180 Paris Cedex 04 I Tél. : 01 48 87 54 42
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION : Emmanuel Demarcy-Mota
COORDINATION ÉDITORIALE: Anne-Marie Bigorne, Colette Godard, François Regnault, Christophe Lemaire
CONCEPTION GRAPHIQUE : Émilie Paillot graphiste
ASSISTANTE : Marie-Pierre Lasne CORRECTEUR : Philippe Bloch
IMPRESSION : BLG Toul - 54200 TOUL I ISSN 0248-8248 I tirage à 24 000 exemplaires
4e COUVERTURE : 33 Tours à Avignon, David Lescot © CHRISTOPHE RAYNAUD DE LAGE // José Afonso © INÁCIO LUDGERO // Le Roi Learprologue, Vlad Troitskyi © THÉÂTRE DAKH // Une petite douleur, Marie-Louise Bischofberger © DR // J’avance et j’efface, cie théâtre à cru
© ALEXIS ARMENGOL // Samurai © LIEVE BOUSSAUW // Racheter la mort des gestes, Jean-Claude Gallotta © GUY DELAHAYE // Neither,
Martin Schläpfer © GERT WEIGELT // Testament, She She Pop © DORO TUCH
www.theatredelaville-paris.com
2 PL. DU CHÂTELET PARIS 4
Téléchargement