gagner une élection à l`ère du marketing politique 2.0

publicité
Coalition d’électeurs majoritaire des conservateurs : gagner une élection à
l’ère du marketing politique 2.0
11 mai 2011
Hugo Delorme, directeur, relations gouvernementales, Cabinet de relations publiques NATIONAL /
Auteur d’un mémoire sur le marketing politique à HEC Montréal
L’influence du marketing politique lors de la campagne fédérale a atteint un sommet jusqu’ici
inégalé au Canada. Les partis ont concentré beaucoup d’efforts sur des segments précis de
clientèles susceptibles de les appuyer, sur la base de recherches comme celles effectuées dans
la sphère commerciale. Le raz-de-marée des néo-démocrates au Québec ne doit pas nous faire
perdre de vue que le grand gagnant de cette élection est le Parti conservateur qui est parvenu à
obtenir dans tout le pays une majorité convoitée et planifiée.
«L’influence du marketing politique lors de la campagne fédérale a
atteint un sommet jusqu’ici inégalé au Canada.»
L’ensemble des partis a clairement eu recours au marketing
politique, surtout les conservateurs. Il n’est plus ici
uniquement question de la manière dont le message sera
communiqué ou de l’image projetée, mais bien du concept à
la base de la relation avec l’électeur. Un parti doit faire le
choix d’emprunter une ou plusieurs orientations, que ce soit
vers le produit, la vente ou le marché. Une orientation vers
le marché est l’apanage des campagnes résolument
modernes et professionnelles, comme celle qu’ont menée les conservateurs.
«Le recours au marketing politique est souvent un sujet tabou et peu
discuté par les partis politiques.»
1
Parce qu’il ne pourra jamais y parvenir, un parti ne cherche pas à obtenir tous les votes. Un
appui populaire trop fort pourrait compromettre sa capacité à mettre en œuvre tous les
éléments de son programme, ce qui pourrait l’amener jusqu’à s’aliéner ses clientèles naturelles.
Un gouvernement ayant bénéficié d’un appui trop massif aura de la difficulté à satisfaire
l’ensemble de celles et ceux qui l’ont appuyé et à veiller à la cohésion de ses troupes et ce, tout
en compromettant son potentiel de croissance lors de l’élection suivante. L’objectif est donc de
former la coalition gagnante, soit de rejoindre seulement les groupes d’électeurs nécessaires
pour gagner l’élection puis former un gouvernement.
Le recours au marketing politique est souvent un sujet tabou et peu discuté par les partis
politiques. Le constat est toutefois clair : cela permet de gagner les élections. Tout comme la
publicité négative qui est tant décriée, cela génère des résultats tout en permettant de
contribuer à la création de la coalition d’électeurs gagnante.
Bien que conscient de la manière de gagner à l’ère du marketing politique 2.0, le Parti libéral du
Canada ne s’y est pas complètement engagé, non pas parce que les outils sont méconnus, mais
bien parce que la philosophie du marketing n’a pas été appliquée à l’ensemble de l’organisation
d’un point de vue managérial. Les néo-démocrates, particulièrement au Québec, ont bénéficié
d’un effritement entre la relation à la fois des libéraux et des bloquistes avec leurs clientèles
respectives et par leur incapacité de rejoindre des segments de l’électorat leur permettant de
croître.
Une considération éthique
Cette manière de faire de la politique qui soulève des questionnements éthiques n’est pas sur le
point d’être mise de côté. Le marketing politique 2.0 aurait pour impact de dénaturer le réel
leadership politique en donnant à la population ce qu’elle veut suite à des sondages et des
recherches sur l’opinion publique. Cela aurait aussi pour impact de diviser les électeurs entre
eux en ciblant des groupes bien précis. Son usage par les partis politiques est tout de même
appelé à s’accentuer, de même que par le gouvernement lui-même au cours des quatre
prochaines années.
Dans l’environnement concurrentiel qu’est celui d’une campagne électorale, rien n’est laissé au
hasard. Le Canada est dorénavant bel et bien engagé dans l’ère du marketing politique 2.0 et les
efforts des partis décimés devraient s’accentuer avec davantage de vigueur dans cette direction.
Enfin, dans cette ère où la campagne électorale est permanente, la préparation de la prochaine
campagne pour les partis modernes et orientés vers le marché débute dès le lendemain de
l’élection. Bonne campagne!
2
Téléchargement