Annexes - Etat de Genève

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V i t i c u l t u r e
Facteurs environnementaux et phénologie
de la vigne dans le canton de Genève
Stéphane BURGOS, Sébastien ALMENDROS et Elisabeth FORTIER, Ecole d’ingénieurs de Changins, 1260 Nyon
Renseignements: Stéphane Burgos, e-mail: [email protected], tél. +41 22 363 40 50
Pour mieux cerner l’influence de la température du sol sur le développement de la vigne, dans chaque parcelle de l’étude, un petit ordinateur
(boîtier jaune) a enregistré les températures à 2, 20 et 50 cm de profondeur durant trois ans.
Introduction
De nombreuses études de terroir ont été effectuées
dans le monde entier. Leur but est en général d’estimer
le potentiel cultural pour pouvoir conseiller les viticulteurs. Si de nombreuses études se focalisent sur le sol et
la géologie (Bodin et Morlat 2003), d’autres incluent
aussi les plantes et le climat (Murisier et al. 2004a; Barbeau et al. 2004; Lebon et al. 1996; Van Leeuwen et al.
2004). Il est généralement admis que le climat et le sol
jouent un rôle prépondérant sur la précocité des par288
celles (Jones et Davis 2000; Tesic et al. 2002). Cependant, les conditions climatiques locales sont souvent
difficiles à étudier car la densité de stations météorologiques est faible. Ainsi, on utilise de plus en plus les
systèmes d’information géographiques (SIG) pour analyser les climats et les terroirs (Kumar et al. 1997; Jones
et al., 2004; Carey et al. 2009). Un autre problème des
études de terroir est le manque d’information précise
sur les sols à l’échelle de la parcelle. Cette étude avait
pour but de décrire précisément les principaux paramètres du terroir (sol, climat et topographie) qui
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
agissent sur la phénologie des plantes et d’établir si
l’observation de parcelles existantes, non initialement
vouées à la recherche et très hétérogènes, permet de
caractériser le terroir.
Matériel et méthodes
L’étude a été effectuée dans le canton de Genève, où
les 1360 ha du vignoble bénéficient d’une cartographie
précise des sols (Dakhel et al. 2007). Les essais ont été
menés de 2007 à 2009 sur 49 parcelles de Gamaret
greffé sur 3309C, âgées de plus de huit ans, conduites
généralement en guyot et représentatives du vignoble
genevois (fig.1). Chaque parcelle était constituée de
quatre rangs de trente plantes et cultivée selon les
principes de la production intégrée. La topographie, le
type de sol, la température du sol (2, 20 et 50 cm de
profondeur), la réserve utile en eau du sol (RU, calculée
en fonction de la texture, de la teneur en éléments
grossiers et de la profondeur du sol) et le substrat géologique ont été relevés. La pente, l’orientation, l’exposition au Joran (NO) (fig. 2) ou à la Bise (NE) et la radiation potentielle (fig. 3) ont été calculées à partir d’un
modèle numérique de terrain (MNT) à 5 mètres (Spatial
!
Analyst, Arcview 9.2).
Résumé
Facteurs environnementaux et phénologie de la vigne dans le canton de Genève | Viticulture
De nombreuses études de terroir existent
à l’heure actuelle mais peu décrivent de
manière précise les conditions pédologiques
et climatiques locales influençant le potentiel
de précocité des parcelles. Les objectifs
de ce travail étaient de décrire les principaux
paramètres du terroir (sol, climat et
topographie) qui influent sur la phénologie
des plantes et d’évaluer si l’observation d’un
grand nombre de parcelles appartenant à des
particuliers permet de caractériser un terroir,
en dépit d’une variabilité importante.
Les résultats montrent que les 49 parcelles
de Gamaret étudiées diffèrent dans leur
dynamique au débourrement et durant la
période de végétation. Les facteurs
topographiques et pédologiques influents
durant ces deux périodes sont différents et
varient en cours de saison. Certains paramètres
dérivés des modèles numériques de terrain
comme la radiation potentielle semblent
prometteurs pour évaluer le potentiel de
précocité d’une parcelle. Au final, l’observation
de nombreuses parcelles de la pratique s’est
avérée appropriée pour caractériser le
potentiel de précocité, en dépit de leur très
grande variabilité intrinsèque.
Figure 1 | Répartition des parcelles dans le canton de Genève.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
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Viticulture | Facteurs environnementaux et phénologie de la vigne dans le canton de Genève
Figure 2 | Exposition au Joran de la région de Satigny calculée avec le modèle numérique de terrain à 5 mètres. Vert: faible exposition,
rouge: forte exposition, points noirs: parcelles de l’étude.
Figure 3 | Radiation potentielle du mois de juin pour la région de Satigny calculée avec le modèle numérique de terrain à 5 mètres.
Jaune: radiation moins importante, rouge: radiation plus importante, points noirs: parcelles de l’étude.
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Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
Facteurs environnementaux et phénologie de la vigne dans le canton de Genève | Viticulture
Résultats et discussion
Développement phénologique de la vigne
L’ACP des paramètres phénologiques de la vigne a mis
en évidence deux dimensions principales (fig. 4a et b):
la première était fortement corrélée (57,9 % de la variance) à la durée (en jours) de la période débourrement-floraison (r = –0,91) et à la durée de la période
floraison-véraison (r = 0,79). La seconde dimension
!
Individuals factor map (PCA)
3
A
As1661
Cho
Ch1962
Sy7254 Sy10513b
CBe4374h Sy61
Sy7894
Sy3387
Vy2708
Bx1887
Sat
Sy7105b
Sy10513h
Al2314
CBe4374b
Lx732h
Bx2884
Da429
PLO5887
Da226 SorSy6376 An5138
Lx732b Ani
Sy5620
Sy1701h
Da476Rb Sy7105h
Dar
Da165
Da476L Lul
Da479
As1478
Da476Rh
Co32 Ba2131h
Da470
Sy1701b
Ju197
Sl10507
Bx2676
Pei
Ba13530
Sy10063
Bx5444
Ba2131b Sy7736
Bx2971
An5160
0
1
An3191
-1
Dimension 2 (30,11%)
2
Sy10102
Bl2539
Sy1703t
-2
La densité des ceps et la surface foliaire ont été notées et les dates de débourrement, floraison et véraison (BBCH 09, 65 et 85) relevées sur 100 organes représentatifs des parcelles. Une plante est considérée
comme ayant atteint un stade donné lorsque 50 % des
organes l’ont atteint. Toutes les grappes de trois
souches consécutives représentatives des parcelles ont
été récoltées et pesées séparément pour estimer la
charge par cep. Deux cents baies ont été prélevées le
même jour et analysées au Grapescan (FOSS). La teneur
en sucre, l’acidité, le pH et la teneur en anthocyanes
ont été mesurés. Le diamètre de l’avant-dernier sarment de 100 plantes a été mesuré pour estimer la vigueur.
Les paramètres influençant le développement de la
vigne et la qualité des moûts ont été sélectionnés à
l’aide d’une analyse en composantes principales (ACP).
Des modèles de régression linéaires (option stepwise)
ont été ensuite générés avec les paramètres sélectionnés. Les différents modèles ont été aussi testés d’après
leur signification biologique. Le canton de Genève a
été divisé en sept zones géographiques (tabl. 1), apparaissant comme variables qualitatives supplémentaires
dans l’ACP. Les zones ont été comparées par des ANOVA
et des tests de Tukey (HSD). Les analyses statistiques
ont été effectuées avec les systèmes FactoMineR,
Leaps, Lattice et Stats de la version 2.10.1 de R (© 2009
The R Foundation for Statistical Computing).
-3
-2
-1
0
1
2
3
Dimension 1 (57,94%)
Variables factor map (PCA)
B
date_D
date_F
N1
Altitude
(m)
Pente
(%)
Anières
8
428
5,8
245
1,0
Choully
4
478
3,5
322
10,1
Dardagny
8
419
14,5
93
12,0
10
462
5,9
184
7,1
Peissy
5
485
2,4
171
10,0
Satigny
8
429
3,8
121
8,0
Soral
6
425
5,8
192
11,6
Nb_j_DF
RU_corr
Tmax_DF_20
P200b
joran
interligne AT nbgrappe
date_VTmin_DF_20
hfil
Argile
bise
pgrappe
H_haie
L_haie jus
secv
ptcalc
Tmax_FV_20 distlac
pH
kgm2
rad_veg
Nb_j_VR
rad_01.03
dens
anthoalti
–0,5
Dimension 2 (30,11%)
0,5
Distance
du lac (km)
0,0
Zone
Lully
Exposition2
(°)
1,0
Tableau 1 I Caractérisation topographique des différentes
zones géographiques du canton de Genève
Nb_j_FV
Oe
Nombre de parcelles par zone.
0° correspond au Nord, 180° au Sud.
2
–1,0
1
–1,0
–0,5
0,0
0,5
1,0
Dimension 1 (57,94%)
Figure 4 | Analyse en composantes principales (ACP) des parcelles
de Gamaret (n = 49).
A) Graphe des individus sur le plan principal, violet: zones
géographiques, noir: parcelles.
B) Graphe des variables, noir: variables discriminantes (Date_D: date
de débourrement, Nb_j_DF: nombre de jours entre débourrement
et floraison, Nb_j_FV: nombre de jours entre floraison et véraison),
bleu: variables supplémentaires.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
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Viticulture | Facteurs environnementaux et phénologie de la vigne dans le canton de Genève
présentant une variance expliquée inférieure à 69 %,
beaucoup ont intégré la variable température minimale du sol à 20 cm de profondeur, montrant que le sol
joue un rôle important dans la phénologie. En effet,
l’effet d’une température du sol élevée est connu pour
accélérer le développement de la vigne (Bodin et
Morlat 2003) et du maïs (Stone et al. 1999).
Le nombre de jours entre la floraison et la véraison,
lui, a été influencé par la densité de plantation, la radiation entre juillet et septembre, la réserve en eau
utile (RU) des sols et la date de floraison avec respectivement 29, 11, 5 et 3 % de la variance (total 48 %). Les
parcelles présentant une densité élevée, une radiation
potentielle élevée, des sols peu profonds avec une RU
limitée et une floraison précoce ont montré les développements les plus rapides. Tous les facteurs favorisant l’augmentation de la radiation reçue ou de la température contribuent au développement rapide de la
végétation, comme l’ont mentionné d’autres études
(Lebon et al. 1996).
L’analyse multivariée de la seconde dimension de
l’ACP montre que les facteurs qui influent sur la date de
débourrement sont la réserve en eau utile des sols, la
radiation potentielle entre janvier et mars, l’exposition
au Joran et l’altitude à hauteur de 9, 6, 4 et 2 % de la
variance (total 21 %). Les modèles de régression ne sont
cependant pas aussi bons que pour les facteurs de la
première dimension. Les parcelles qui débourrent le
(30,1 % de la variance) était principalement corrélée à
la date de débourrement (r = 0,87). La bonne répartition des parcelles révèle une grande variabilité de
développement de la vigne.
Les régressions multivariées de la première dimension montrent que la durée débourrement-floraison
est influencée par la radiation entre avril et septembre,
la densité des plantes, l’altitude et la date de débourrement, à raison de respectivement 29, 18, 18 et 4 % de la
variance (total 69 %). La radiation est donc le facteur le
plus important, qui résulte en fait de la combinaison de
deux autres: la pente et l’orientation. Les paramètres
multifactoriels, comme la radiation ou la réserve en
eau des sols (intégrant profondeur et texture), sont plus
souvent présents dans les modèles explicatifs que les
paramètres simples (Murisier et al. 2004a), car ils font
appel au fonctionnement global de l’environnement
de la plante. Ainsi, les parcelles recevant une grande
quantité d’énergie entre avril et juin, plantées à haute
densité, situées à basse altitude et débourrant précocement ont montré un développement rapide entre le
débourrement et la floraison. Par exemple, les zones de
Lully et Peissy ont reçu significativement plus de radiations entre avril et juin, avec plus de 4,95 105 Wh/m2
contre une moyenne de 4,7 105 Wh/m2, ce qui explique
leur rapidité de développement (fig. 5).
Parmi les nombreux modèles possibles donnés par
la fonction «stepwise» de la régression multivariée,
Débourrement
Moyenne des 49 parcelles
min
Floraison
Moyenne des 49 parcelles
moy
max
min
Véraison
Moyenne des 49 parcelles
moy
max
min
moy
max
Soral
Satigny
Peissy
Lully
Dardagny
Choully
Anières
100
120
140
160
180
200
220
Jours Julien
Dormance
Période débourrement-floraison
Période floraison-véraison
Post-véraison
Figure 5 | Evolution phénologique (moyenne de 2007 à 2009) des différentes zones géographiques du canton de Genève comparée à la
moyenne des 49 parcelles (min: date de la parcelle la plus précoce, max: date de la parcelle la plus tardive, moy: moyenne de l’ensemble des
parcelles de la zone).
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Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
Facteurs environnementaux et phénologie de la vigne dans le canton de Genève | Viticulture
plus tôt sont celles qui reçoivent une grande quantité
de radiations à la fin de l’hiver, sont protégées du Joran
(non exposées NO) et ont des sols à RU moyenne à
faible (< 130 mm). Les zones exposées au nord, en altitude et à sols lourds et assez profonds (grande RU) ont
eu en moyenne un retard significatif (p < 0,05) de trois
jours, comme la zone de Choully qui est significativement plus tardive que les autres (fig. 5).
Ces résultats montrent que les parcelles ont des
rythmes de développement différents au débourrement et durant la période de végétation. Ces deux séquences ne sont pas régies par les mêmes paramètres
environnementaux: l’influence des paramètres du terroir varie en cours de saison. Une parcelle prompte à
débourrer mais recevant peu de radiations risque de
perdre cet avantage et se développer plus lentement
durant la saison. Par exemple, la région d’Anières, une
des premières au débourrement (fig. 5) probablement
à cause de sa proximité avec le lac Léman, a perdu son
avance à la floraison par son exposition NO.
Développement phénologique et qualité des moûts
Le taux de sucre (°Oe) a été principalement influencé
par la date de débourrement, la charge en raisin, la
date de floraison et la RU des sols à raison de 30, 13, 6
et 4 % de la variance (total 53 %). Il y a une charge-seuil
au-delà de laquelle une teneur élevée en sucre ne peut
être atteinte (fig. 6a). Le retard est important à partir
d’environ 1,2 kg/m2, conformément aux conclusions de
Murisier et al. (2004b) décrivant une baisse de qualité
liée à des rendements élevés si le rapport feuille-fruit
est trop faible. Les parcelles avec une date de débour-
rement précoce ont aussi montré une bonne avance en
termes de teneur en sucre (fig. 6b). Si la date de débourrement est trop tardive, les plantes ont de la peine
à compenser ce retard, même si la charge est peu importante. Si l’exposition est peu favorable, le débourrement doit donc intervenir suffisamment tôt pour
pouvoir obtenir une teneur en sucre élevée. La teneur
en anthocyanes a été influencée par les mêmes facteurs que pour le sucre. Notons que toutes les parcelles
de l’étude se situent dans un climat adapté pour la
culture de la vigne (Tonietto et Carbonneau 2004).
Utilisation de parcelles existantes pour analyser
la composante climatique du terroir
Les résultats montrent que l’observation d’un nombre
élevé de parcelles existantes et non initialement implantées pour la recherche permet l’appréciation des
conditions climatiques locales, ceci malgré une surface
relativement importante, d’altitude assez homogène
et malgré l’influence de l’homme. Le nombre de parcelles par zone, variant de 4 à 10, paraît suffisant
pour différencier ces zones statistiquement. La variabilité entre les parcelles d’une zone était inférieure à
celle qui existait entre les zones. Le choix du Gamaret,
dérivé d’un seul clone, a permis de limiter la variabilité
des plantes. Un grand nombre d’organes a dû toutefois être observé pour pouvoir déterminer de manière assez précise le stade phénologique des plantes.
L’effet du millésime a pu être réduit par l’observation
de trois saisons différentes. Les parcelles les plus tardives et les plus précoces ont été les mêmes durant les
trois années.
92
92
b)
a)
90
Degrés Oechslé
90
Degrés Oechslé
!
88
86
84
88
86
84
82
0,4
0,6
0,8
1,0
1,2
1,4
Rendement (kg/m2)
1,6
1,8
2,0
82
102
103
104
105
106
107
108
Date de débourrement (jours Julien)
Figure 6 | Teneur en sucre (° Oechslé) en fonction de a) la charge moyenne et b) la date de débourrement.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
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Viticulture | Facteurs environnementaux et phénologie de la vigne dans le canton de Genève
Conclusions
• La combinaison de facteurs observés sur le terrain et
obtenus par calcul à partir de modèles numériques
de terrain permet la caractérisation climatique
du vignoble genevois. Malgré la variabilité induite
par les parcelles, il est possible de former des zones
géographiques ayant des comportements similaires.
• Les parcelles et zones de l’étude peuvent être
discriminées en fonction de leur date de
débourrement et par la longueur des périodes
débourrement-floraison et floraison-véraison. Les
facteurs d’influence ne sont pas les mêmes pour ces
différentes périodes de développement.
• Un débourrement rapide est favorisé par une
grande quantité de radiations à la fin de l’hiver,
une exposition S ou SE, des sols à réserve en eau
moyenne à faible, se réchauffant rapidement,
et par la proximité du lac.
• Le raccourcissement de la période débourrementfloraison ou floraison-véraison est principalement
favorisé par une radiation potentielle élevée, une
densité élevée, des sols peu profonds (faible RU),
une basse altitude et un débourrement ou une
floraison précoces.
• Une parcelle débourrant tôt mais moins bien exposée
peut perdre son avance mais présenter malgré tout
une teneur en sucre importante. Une parcelle
à débourrement très tardif parvient difficilement
à combler son retard, avec comme conséquence
un déficit dans l’accumulation des sucres.
• La diversité des potentiels de précocité et de
dynamique en cours de saison des différentes zones
du canton de Genève offre des possibilités variées
pour le choix du couple porte-greffe/cépage et le
type de production.
• L’approche géostatistique basée sur l’observation de
paramètres simples d’un grand nombre de parcelles
semble prometteuse pour évaluer les différences
climatiques, même pour une région à faible variation
en termes d’altitude.
n
Remerciements
Nous remercions sincèrement tous les viticulteurs qui ont mis à disposition leurs
parcelles, toutes les personnes ayant participé aux récoltes, ainsi qu’Annabelle
Annex pour les travaux d’analyse en laboratoire. Ce travail a été soutenu par la
Haute école spécialisée de Suisse occidentale – projet SAGEX 17706 – et par le
Canton de Genève.
▪ Jones G. V., Nelson P. & Snead N., 2004. Modeling Viticultural Landscapes:
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GeoScience Canada 31 (4), 167–178.
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▪ Bodin F. & Morlat R., 2003. Characterizing a vine terroir by combining a
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(France). Journal International des Sciences de la Vigne et du Vin 37, 199–211.
▪ Carey V. A., Archer E., Barbeau G. & Saayman D., 2009. Viticultural Terroirs
in Stellenbosch, South Africa. Spatialisation of Viticultural and Oenological
Potential for Cabernet-Sauvignon and Sauvignon Blanc by Means of A
Preliminary Model. Journal International des Sciences de la Vigne et du Vin 43
(1), 1–12.
▪ Dakhel N., Docourt M., Schwarz J.-J. & Burgos S., 2007. Carte des sols viticoles
genevois. Rapport d’étude. Adresse: http://etat.geneve.ch/geoportail/geovit/
▪ Jones G. V. & Davis R. E., 2000. Climate influences on grapevine phenology,
grape composition, and wine production and quality for Bordeaux, France.
American Journal of Enology and Viticulture 51, 249–261.
294
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
Key words: phenology,
mesoclimate, PCA, precocity
potential, GIS, terroir.
Analyse der Umweltfaktoren,
welche die Phänologie der Rebe
im Kanton Genf beeinflussen
Zahlreiche Terroirstudien
wurden bis heute durchgeführt
aber nur wenige beschreiben
ausführlich die lokalen bodenkundlichen und klimatischen
Bedingungen, welche das Frühreifepotenzial der Rebe beeinflussen. Ziele dieser Arbeit
waren (i) die Beschreibung der
Parameter, die ein Terroir
charakterisieren (Boden, Klima
und Topografie), die Phänologie
der Pflanzen beeinflussen und
(ii) die Untersuchung ob die
Beobachtungen einer grossen
Anzahl von Parzellen eine
umfassende Beschreibung, trotz
grosser Variabilität, ermöglicht.
Die Ergebnisse zeigen, dass die
49 untersuchten Gamaret
Parzellen sich bezüglich des
Austriebverhaltens und des
Wachstums während der Vegetationsperiode voneinander unterscheiden. Der Einfluss der topografischen und bodenkundlichen
Faktoren, war während der zwei
Messperioden unterschiedlich
und varierte auch im Laufe der
Wachstumsperiode. Von numerischen Modellen abgeleitete
Bodenparameter, wie die potenzielle Strahlung, scheinen für die
Einschätzung der Frühreife einer
Parzelle vielversprechend zu sein.
Die Beobachtung einer grossen
Anzahl von Praxisparzellen
scheint für die Einschätzung
des Frühreifepotentials, trotz
unvermeidbarer Variabilität,
ein taugliches Mittel zu sein.
Riassunto
Impact of environmental factors
on the phenological vine
development in the Geneva
canton
Terroir studies are common
nowadays but few have used
precise pedoclimatic measures
for evaluating precocity
potential. This work aimed (i)
to assess the effect of terroir
main parameters (soil, climate
and topography) influencing
phenological vine development
and (ii) to evaluate the accuracy
of a geostatistic approach
using a high number of existing
plots (higher variability) to
analyze the terroir parameters’
impact. Results showed that
the plots had different
development timing for
budbreak and during growing
season. Both periods were not
influenced by the same
pedoclimatic parameters. This
emphasizes that the influence
of these parameters can vary
during the growing season.
Some parameters derived from
a digital elevation mode, like
modelized incoming radiations,
seem promising for estimating
the precocity potential of the
different zones. Finally, the
results showed that the
observation of numerous
vineyards of the practice is
convenient to define terroir
main factors, despite natural
variability or human influence.
Zusammenfassung
Summary
Facteurs environnementaux et phénologie de la vigne dans le canton de Genève | Viticulture
Analisi dei fattori ambientali che
influenzano la fenologia della
vite nel cantone di Ginevra
Numerosi studi sul terroir sono
stati condotti finora, ma pochi
descrivono accuratamente le
condizioni pedologiche e
climatiche locali che possono
influenzare la precocità della
vite. Gli obiettivi di questo
studio consistono (i) nel
descrivere i principali parametri
del terroir (suolo, clima e
topografia) che influenzano lo
sviluppo fenologico della vite, e
(ii) nel valutare se l’osservazione
di un gran numero di
appezzamenti è adatta per la
caratterizzazione del terroir,
nonostante una variabilità
considerevole. I risultati
mostrano che i 49 appezzamenti
di Gamaret studiati si
differenziano per quanto
riguarda la data di germogliamento e la durata delle fasi
di crescita vegetativa. I fattori
topografici e pedologici che
influenzano questi due periodi
non sono identici e variano
durante la stagione. Alcuni
parametri derivati da modelli
numerici utilizzati in campo,
come la radiazione potenziale,
sembrano promettenti per
valutare il potenziale di
precocità di un appezzamento.
Infine, l’osservazione di un gran
numero di appezzamenti è
adatta per la caratterizzazione
del potenziale di precocità,
nonostante un’elevata
variabilità naturale o indotta
dall’uomo.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (5) : 288–295, 2010
295
IMPACT OF PEDOCLIMATICAL CONDITIONS ON THE PRECOCITY
POTENTIAL OF VINEYARDS IN THE CANTON OF GENEVA
(SWITZERLAND)
S. Burgos(1), S. Almendros(1), E. Fortier (1)
(1)
Oenological school of Changins, University of Applied Sciences of south-western Switzerland
Rte de Duillier, CH-1260 Nyon Switzerland
[email protected]
ABSTRACT
Terroir studies are common nowadays but few have used precise pedoclimatic measures in order
to evaluate the precocity potential. The objectives of this work were (i) to assess the effect of
main terroir parameters (soil, climate and topography) influencing the phenological development
of the vine, and (ii) to evaluate a geostatistic approach by using a high number of already existing
plots (higher variability) to analyze the terroir parameters’ impact. The results showed that the
plots presented a different development concerning budbreak and concerning the speed of
development during the growing season. These two components are not influenced by the same
parameters. This emphasizes that the influence of the different terroir parameters can vary during
the growing season. Some parameters derived from a digital elevation mode, like modelized
incoming radiations, seem promising for estimating the precocity potential of the different zones.
Finally, the results showed that the observation of a large quantity of already existing vineyards
not intended for research is adapted to define the main factors of the terroir, despite natural
variability or human influence.
KEYWORD
Phenology–meso-climate – PCA – precocity potential – GIS
INTRODUCTION
A lot of terroir studies have been made all around the world. The aim is usually the estimation
of the viticultural potential in order to advise the growers. A lot of these studies focus on the soil
and the geology (Bodin and Morlat, 2003). Others include also the plant and the climate
(Murisier et al., 2004, Barbeau et al., 2004, Lebon et al., 1996). It is generally agreed that the
climate is one of the most important factors influencing the potential of precocity of a plot (Jones
and Davis, 2000). The study of local climatic conditions is generally difficult due to a low density
of meteorological stations. Moreover, precise soil information is often limited as well. The
following study was performed in the canton of Geneva (SW of Switzerland), where an extensive
soil survey had previously been done (1360 ha of vineyards) (Dakhel et al., 2007). The objectives
were (i) to describe the main terroir parameters (soil, climate and topography) influencing the
phenological development of the vine (precocity potential), and (ii) to estimate the possibility of
using already existing plots (higher variability) to analyze the terroir parameters’ impact.
MATERIALS AND METHODS
The results presented in this paper are the 3 year-averages (2007-09) of data, collected on 49
plots of Gamaret grafted on 3309C, older than 8 years, mostly Guyot trained, and representative
of the whole of Geneva’s vineyard. Each plot contained four rows of 30 plants. Plants were
treated according to the integrated production. Topography, soil type, soil temperature (2, 20 and
50 cm deep), available water (AW, depending on clay and stone content, and depth of the soil),
and geology were assessed for each plot. Slope, geographic exposure, exposure to the north
winds (joran (NW) or bise (NE)) and potential radiation were derived from a 5 meter digital
elevation model (DEM, spatial analyst, Arcview 9.2).
Plant density and foliar surface were noted, date of budbreak, flowering and veraison (BBCH
09, 65 and 85 respectively) were recorded by the observation of 100 organs chosen on
representative plants. A plant was considered at a given phenological stage when 50 % of the
organs reached this stage. All bunches of three representative and consecutive plants of the plots
were harvested and weighted separately to estimate the load. Two hundred grains were harvested
on the same day analyzed with a Grapescan (FT120, FOSS electric). Sugar, acidity, pH and
anthocyanin were assessed.
Principal component analyses (PCA) and Bayesian information criterion (BIC) were performed
to select parameters which sorted out the plots in relation to the vine phenology and the quality of
the must. These parameters were then used in multiple linear regression stepwise models. The
different proposed models were tested and chosen according to their biological significance. The
canton of Geneva was divided in 8 geographic zones (Ani (n=8), Cho (n=4), Dar (n=8),
Lul(n=10), Pei(n=5), Sat(n=8), Sor(n=6)). The measurements on the plots were averaged for each
zone. The zones were then plot as supplementary qualitative variable on the PCA individual
factor map. ANOVA and Tukey HSD tests were also performed to compare the different zones.
Statistical analyses were performed using the package FactoMineR, Leaps, lattice and stats of the
2.10.1 version of R (© 2009 The R Foundation for Statistical Computing, ISBN 3-900051-07-0).
RESULTS AND DISCUSSION
Vine phenological development
The PCA performed on the phenological parameters of the vine showed two main principal
dimensions (Fig. 1a and 1b). The first dimension (57.9% of the variance) was strongly correlated
to the length of the period between budbreak and flowering (r=-0.91) and between flowering and
veraison (r=0.79). The second dimension (30.1 % of the variance) was mostly correlated to the
date of budbreak (r=0.87). A good distribution of the different plots was obtained, reflecting the
high variability of the development of the vine.
a)
b)
Fig. 1: Principal composant analyzis (PCA) of the gamaret plots (n=49) A) individual map, violet : geographical
zones, blue : plots. B) variable factor map, black : discriminant variables, blue: supplementary variables.
The multivariate regression analysis of the first dimension (Fig. 1b) showed that the length of
the period budbreak-flowering was influenced by the radiation between April and June, the plant
density, the altitude and the date of budbreak, explaining respectively 29, 18, 18 and 4 % of the
variance (total 69%). Simulated radiation seems to be a better indicator than the slope because it
integrates slope and exposure. Indeed, parameters which integrated several single parameters like
available water (soil depth and clay content) or potential radiation (exposure and slope) are more
often present in the regression models. Those integrating parameters were also well-correlated
with plant development in other studies (Murisier, 2004). The plots with an important amount of
radiation between April and June, high plant density, low elevation and early budbeak showed
the fastest development from budbreak to flowering. For instance, the zones Lul and Pei received
a significantly larger amount of solar radiation between April and June with more than 4.95 105
Wh m-2 compared with a mean of 4.7 105 Wh m-2, explaining their fastest development (Fig. 2a).
Among all possible models given by the stepwise regression with a lower explained variance, a
lot contained also the average of the soil temperature minimum at 20 cm or a lower exposure to
the north-east wind as explicative factors. This shows the importance of the soil type.
The number of days between flowering and veraison (Fig. 2b) was influenced by the plant
density, the incoming radiation between July and September, the available water and the date of
flowering explaining respectively 29, 11, 5 and 3 % of the variance (total 48%). The earlyflowering plots, with high density, shallow soils (small AW) and a high incoming summer
radiation showed the fastest development. All the factors which allow en increase in radiation and
temperature are favorable to fast vegetation development, which is consistent with other studies
(Lebon et al., 1996).
The multivariate analyses of the second dimension of the PCA (Fig. 1b) showed that the main
factors influencing the date of budbreak were the available water, the potential radiation from
January to March, the exposure to NW wind and the elevation, explaining 9, 6, 4 and 2% of the
variance respectively (total 21%). The regression models are not as good as for the first
dimension. The earliest plots at budbreak were to be found on a steep slope or were exposed S or
SE and were located on soil with a moderate available water capacity. The plots located on heavy
soils, exposed N and with high elevation showed a significantly (p < 0.05) delayed budbreak of 3
days. This is the characteristic of the zone Cho which is significantly later at budbreak (Fig. 3a).
Also, the differences in the plants phenological development by zones tended to be less important
at the veraison (Fig. 3c) than at the budbreak and flowering (Fig. 3a and b).
Fig 2. Difference between the length of the period a) budbreak-flowering and b) flowering-veraison for each zone
compared to the mean average of the 49 plots.
Fig 3. Difference between period of a) budbreak b) flowering and c) veraison for each zone compared to the mean
average of the 49 plots.
These results showed that the plots presented a different development pattern concerning
budbreak and concerning the speed of development during the growing season. These two
differentiation components are not influenced by the same parameters. This emphasizes that the
influence of the different terroir parameters can vary during the growing season. Some early plots
at budbreak receiving a lower amount of radiation can, however, lose their advantage by a slower
development. For instance, the zone of Ani, which was among the earliest at budbreak (Fig. 3a)
probably because of its proximity to the Geneva lake, lost its advance (Fig. 3b) because of its
north-west exposure.
Effect of phenology on the quality of the must
The sugar content expressed in Oechsle degrees was mostly influenced by the date of budbreak,
the grape load (kg m-2), the date of flowering and the available water capacity of the soil
explaining 30, 13, 6 and 4% of the variance respectively (total 53%). There is a maximum yield
over which high sugar content might not be reached (Fig. 4a). When the load gets past about 1.2
kg m-2, it is difficult to obtain enough sugar. The plots with early budbreak showed a good
maturity (Fig. 4b), even if the exposure was not the best (data not shown). If the budbreak is too
late, it is difficult for the plant to overcome this delay despite a reduced load. If the exposure is
not optimal, the date of budbreak should be early enough to keep an opportunity of high sugar
maturity. Anthocyanine content was also influenced by the same factors as those for sugar
content.
Fig. 4 Degrees Oeschle as function of a) the mean load of 3 plants per m2 and b) budbreak.
Using already existing parcels for complete terroir analyses
The results showed that the observation of an elevated number of already existing plots can be
used to study local effect of the climate and so, even if the study area is spatially limited and
presents low relief variability. The number of plots for each zone varied from 4 to 10. This seems
to be sufficient to compare the zones with an accurate statistical precision. The high degree of
variability of the different plots inside a zone is still smaller than the variability between the
zones. The choice of gamaret, a variety derived from one clone, is a good tool to reduce the
plants variability. Moreover it is necessary to measure a great number of organs for the
phenological stadium in order to get enough precision. The effect of the annual climate could be
removed by observing 3 different seasons. However, the earliest and latest plots were generally
the same over the 3 years.
CONCLUSIONS
The results presented here show that the parameters influencing the plant at budbreak, and the
length of the period budbreak-flowering and flowering-veraison are not the same. The potential
radiation and the exposition to the north winds play an important role during the vegetative plant
development. The combination between observed variable and data derived from a digital
elevation model allows the classification of the different zones in a vineyard, despite the
variability of the plots. This variability can however be taken as an opportunity to produce a wide
varieties of wine by choosing an adapted couple variety-rootstock specific to a given plot. It
might be also possible to extrapolate these results on other zones or adjacent plots. This kind of
terroir studies can be useful for advising viticulturists on several decisions. A geostatistic
approach with a lot of plots but quite simple parameters seems to be a promising tool to evaluate
the environmental differences, even in a region with quite low variability in altitude. This is
important in a period of climate evolution (Jones and Davis, 2000).
ACKNOWLEDGMENTS
We are grateful to all people who worked principally during the harvest, to Irene for the
laboratory analyses and all the growers who kindly allowed us the use of their vineyards. We also
thank Elayne Wehrlin for her linguistic support.
BIBLIOGRAPHY
Barbeau G., Bournand S., Champenois R., Bouvet M.H., Blin A. and Cosneau M. 2004. The
behaviour of four red grapevine varieties of Val de Loire according to climatic variables.
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Bodin F. and Morlat R. 2003. Characterizing a vine terroir by combining a pedological field
model and a survey of the vine growers in the Anjou region (France). Journal International
des Sciences de la Vigne et du Vin, 37, 199-211.
Dakhel N., Docourt M., Schwarz J-J. and Burgos S. 2007. Carte des sols viticoles genevois.
Report of study. Site internet : http://etat.geneve.ch/geoportail/geovit/.
Jones G.V. and Davis R.E. 2000. Climate influences on grapevine phenology, grape
composition, and wine production and quality for Bordeaux, France. American Journal of
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Lebon E., Dumas V. and Morlat R. 1996. Réponses de la vigne à différentes situations
pédoclimatiques du vignoble d'Alsace. Revue Française d'Oenologie, 156, 22-25.
Murisier F., Briguet C., Letessier I., Pythoud K. and Zufferey V. 2004. Etude des terroirs
viticoles vaudois. Revue suisse Vitic.Arboric.Hortic., 36, 1-20.
Van Leeuwen C., Gaudillere J.P. and Tregoat O. 2001. The assessment of vine water uptake
conditions by C-13/C-12 discrimination in grape sugar. Journal International des Sciences
de la Vigne et du Vin, 35, 195-205.
V i t i c u l t u r e
Enherbement du vignoble genevois :
bilan et perspectives
Elisabeth FORTIER, Tal SHANI et Stéphane BURGOS, Ecole d’ingénieurs de Changins, 1260 Nyon
Renseignements : S. Burgos, e-mail : [email protected], tél. +41 22 363 40 50
L’enherbement du vignoble genevois est de plus en plus courant. Mais quelle est sa composition ?
Introduction
La mise en place d’une couverture végétale dans les
vignobles est une pratique de plus en plus courante. En
France, 33 % des surfaces viticoles sont enherbés, avec
un maximum de 85 % pour la région alsacienne (Grosman et Bourgouin, 2009). En Suisse, la région romande
emboite tranquillement le pas à la Suisse alémanique
et au Tessin. Ce choix est justifié par différents motifs,
d’ordre écologique (biodiversité), agronomique (lutte
contre l’érosion) et législatif (paiements directs). Les
vignerons sont ainsi confrontés à une nouvelle problématique : gérer avec efficacité cette flore spontanée.
Pour cela, il est nécessaire de connaître les caractéris-
96
tiques de cet enherbement cohabitant avec la vigne
(Delabays et al. 2009). Un premier inventaire de la végétation des vignes en Suisse romande a été effectué
en 2004 par Clavien et Delabays (2006) sur une très
grande superficie, allant de Genève au Valais, avec des
conditions géo-pédo-climatiques très variables. En
complément à cette première étude, un relevé botanique de 59 parcelles du vignoble genevois a été effectué en 2008 et 2009. Ces relevés ont pour objectif de
répertorier les plantes présentes dans l’environnement
genevois, en mettant l’accent sur les espèces dominantes et leur spectre biologique et écologique, tout
en reliant les techniques d’entretien du sol au type de
couverture végétale. Cette étude s’est accompagnée
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
d’une réflexion sur la possibilité de mettre en valeur
l’enherbement selon des critères de biodiversité dans
le cadre des prestations écologiques requises (PER). Enfin, dans une optique de protection des sols, une discussion sur les possibilités d’enherbement des parcelles
désherbées est amorcée.
Résumé
Enherbement du vignoble genevois : bilan et perspectives | Viticulture
Matériel et méthodes
L’étude porte sur 59 parcelles (51 enherbées et 8 désherbées chimiquement) bien réparties sur l’ensemble
du vignoble (fig. 1). Toutes font partie d’un réseau de
recherche sur la caractérisation du potentiel climatique du terroir genevois mené par l’Ecole d’Ingénieurs
de Changins (EIC). Les 59 parcelles sont plantées de gamaret ou de gamay sur porte-greffe 3309c, sans restriction quant au mode de conduite et d’entretien du
sol. Les parcelles étant établies depuis plus de 8 ans,
elles sont censées avoir atteint le niveau d’équilibre en
termes de diversité et de dominance des espèces, en
partant du principe que la gestion a été constante au
cours de ces années.
Les relevés floristiques ont été effectués sur une
longueur de 10 m au centre de la parcelle, représentant
entre 10 et 25 m2 selon la largeur de l’interligne. A l’exception de quelques parcelles, deux relevés ont été fait,
en novembre 2008 et juin 2009, de manière à couvrir
tout le spectre de la végétation. Les espèces ont été
identifiées à partir du Nouveau Binz (Aeschiman et
Burdet, 1994), du Flora Helvetica (Lauber et Wagner,
1998) et du Flora Vegetativa (Eggenberg et Möhl,
Au cours des dernières années, le vignoble
genevois a considérablement modifié ses
habitudes en matière d’entretien du sol :
l’enherbement est devenu une pratique
courante. Cet article dresse l’état des lieux
de l’enherbement du canton et lance une
réflexion sur les possibilités d’amélioration.
Il démontre que la flore du vignoble est
diversifiée mais dominée par quelques
espèces typiques des prairies grasses. Le
nombre de fauches ne semble pas avoir
d’influence sur cette composition.
Quelques petits efforts supplémentaires
permettraient de considérer la majorité
des parcelles enherbées comme surface de
compensation écologique, avantage non
négligeable pour les vignerons bénéficiant
des paiements directs. Pour les parcelles
désherbées étudiées, 50 % pourraient être
enherbées sans risque trop important.
2008). La dominance, c’est-à-dire la surface occupée
par chaque espèce, a été estimée à l’aide de l’échelle
de Londo (Londo, 1976), puis convertie en pourcentage et appelée «recouvrement relatif» (tabl. 1). Le recouvrement relatif indique donc la proportion de la
surface occupée par une espèce par rapport à l’ensemble de la surface couverte par la végétation. Cette
mesure de recouvrement relatif permet de mieux comprendre la répartition des plantes selon différents critères (type biologique et groupe écologique), obtenus
à partir du Flora Helvetica (Lauber et Wagner, 1998).
Les valeurs de richesse spécifique sont obtenues en
additionnant le nombre d’espèces présentes sur une
parcelle.
Une enquête auprès des vignerons a permis de rassembler des informations sur le nombre de fauches et
la vigueur des parcelles.
!
Figure 1 | Répartition des relevés botaniques dans les vignes
du canton de Genève.
Tableau 1 | Conversion de l’échelle de Londo en pourcentage de recouvrement.
Echelle de Londo
Recouvrement relatif (%)
0,1
0,2
0,4
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
1
2
4
10
20
30
40
50
60
70
80
90
100
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
97
Viticulture | Enherbement du vignoble genevois : bilan et perspectives
Résultats et discussion
Inventaire floristique
Richesse spécifique
Les parcelles enherbées comptent entre 5 et 37 espèces
différentes (moyenne 17), tandis que les parcelles désherbées en comptent entre 2 et 25 (moyenne 9) en incluant les plantes présentes sous les ceps (fig. 2). Au
total, 104 espèces différentes ont été recensées.
La largeur relative de l’enherbement influence significativement la richesse de la parcelle : plus la bande
enherbée occupe une proportion importante de la surface, plus le nombre d’espèces relevées est grand. Le
nombre de fauches des parcelles enherbées n’a pas influencé la richesse (données non présentées). Les
plantes présentes dans les parcelles désherbées ont
25
Surface enherbée
a
15
a
26 –40%
A
41 –55%
a
> 55%
Grande moyenne
10
B
5
0
Enherbé
Désherbé
Figure 2 | Richesse spécifique selon le type d’entretien du sol.
Les lettres différentes indiquent que les valeurs se distinguent
significativement (P < 0,05).
Fréquence et dominance des espèces dans l’interligne
Le nombre d’espèces relevé peut paraître impressionnant et témoigner d’une très grande variabilité de l’enherbement du vignoble genevois. Toutefois, l’étude
des plantes colonisant l’interligne démontre que ce
n’est pas le cas. Les espèces présentes dans un nombre
élevé de parcelles sont peu nombreuses (fig. 3). Au
contraire, une grande majorité d’espèces n’apparait
que dans peu de relevés : près de 50 plantes différentes
ne sont apparues que dans 1 à 4 relevés. Comme le
mentionnent Clavien et Delabays (2006), cette distribution s’explique principalement par des conditions
défavorables au développement des plantes dues aux
nombreuses perturbations humaines. Ainsi, seules des
espèces bien adaptées aux conditions culturales actuelles de la vigne se rencontrent régulièrement dans
les parcelles. Parmi les plantes peu communes, mentionnons la présence à quelques reprises de la picride
fausse vipérine (Picris echioides), espèce vulnérable en
Suisse (risque élevé d’extinction) selon la Liste Rouge
des fougères et plantes à fleurs menacées de Suisse
(fig. 4).
Les quelques espèces fréquemment retrouvées occupent une superficie au sol relativement importante
(tabl. 2). Ainsi, l’ivraie vivace (Lolium perenne) était
présente dans plus de 9 parcelles enherbées sur 10, y
occupant en moyenne plus du tiers de la surface. Cette
0
0
Nombre d’occurrence
50 – 51
10
45 – 49
10
40 – 44
20
35 – 39
20
30 – 34
30
25 – 29
30
20 – 24
40
15 – 19
40
10 – 14
50
5–9
50
1–4
DE
60
1–4
Nombre d’espèces
EN
60
5–8
20
Nombre d’espèces relevées
< 26%
b
échappé au traitement herbicide ou sont capables
d’un développement très rapide leur permettant de
croitre entre 2 traitements. L’étude des spectres biologiques et écologiques des plantes relevées renseignera
davantage sur les types de plante favorisés par le mode
d’entretien du sol.
Nombre d’occurrence
Figure 3 | Fréquence des espèces pour les vignes enherbées (EN) et désherbées (DE). La fréquence correspond au nombre de parcelles dans
lesquelles une même plante a été relevée.
98
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
Enherbement du vignoble genevois : bilan et perspectives | Viticulture
Tableau 2 | Principales espèces présentes dans les vignes
enherbées (EN) et désherbées (DE) et leur recouvrement
relatif.
EN
Fréquence (%)
Pissenlit (Taraxacum officinale)
Figure 4 | Picris echioides : espèce vulnérable de Suisse présente
dans quelques vignobles du canton situés à l’est du lac Léman
(crédit photographique : Stemonitis).
espèce peut ainsi être qualifiée de dominante dans le
vignoble genevois enherbé, à l’instar des vignobles de
la Suisse romande (Clavien et Delabays, 2006). En
conditions désherbées, des résultats similaires, et sans
grande surprise, sont obtenus avec le liseron des
champs (Convolvulus arvensis).
Types de végétation
L’analyse du recouvrement relatif des plantes de l’interligne permet de mieux comprendre la répartition
des plantes selon différents critères. Parmi ces critères,
le type biologique de Raunkier (Raunkier, 1934), permet de regrouper les plantes selon leur stratégie de
survie pendant l’hiver. Ainsi, dans le vignoble genevois,
un enherbement permanent favorise principalement
le développement d’hémicryptophytes (h ; fig. 5). Les
hémicryptophytes sont des plantes pluriannuelles dont
les bourgeons sont situés au niveau du sol ou juste audessous du sol (ex. ivraie vivace et pissenlit). Ce type
biologique, fort utile pour la protection des sols contre
l’érosion, est largement représenté par des graminées.
Dans les parcelles désherbées, on retrouve une plus
100,0
12,0
Trèfle rampant (Trifolium repens)
94,1
9,5
Ivraie vivace (Lolium perenne)
92,2
33,9
Grand plantain (Plantago major)
64,7
3,3
Pâturin annuel (Poa annua)
64,7
7,6
Véronique de Perse (Veronica persica)
62,7
1,2
Liseron des champs (Convolvulus arvensis)
60,8
2,2
Plantain lancéolé (Plantago lanceolata)
52,9
3,8
Pâturin des prés (Poa pratensis)
51,0
16,7
Pâquerette (Bellis perennis)
49,0
1,2
DE
Fréquence (%)
Recouvrement
relatif (%)
Liseron des champs (Convolvulus arvensis)
75,0
53,8
Véronique de Perse (Veronica persica)
75,0
18,0
Séneçon commun (Senecio vulgaris)
75,0
11,0
Pâturin annuel (Poa annua)
50,0
30,9
Vergerette du Canada (Conyza canadensis)
25,0
5,3
Le recouvrement relatif en italique signifie que ce recouvrement
n’est pas dans les plus importants.
forte proportion de géophytes (g) et de thérophytehémicryptophytes (u). Ces plantes survivent durant
l’hiver soit avec des bourgeons complètement cachés
sous la terre (ex. ail des vignes et liseron des champs),
soit par le biais de graines et / ou de bourgeons au niveau du sol (ex. pâturin annuel et véronique de Perse).
Ces plantes sont adaptées à leur environnement : elles !
EN
Recouvrement relatif (%)
Recouvrement
relatif (%)
DE
90
90
80
80
70
70
60
60
50
50
40
40
30
30
20
20
10
10
0
0
h
u
t
g
Type biologique de Raunkier
i
h
u
t
g
i
Type biologique de Raunkier
Figure 5 | Spectre biologique (type biologique de Raunkier) des espèces selon le recouvrement relatif pour les vignes enherbées (EN)
et désherbées (DE). h : hémicryptophyte ; u : thérophyte-hémicryptophyte ; t : thérophyte ; g : géophyte ; i : phanérophyte sempervirent.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
99
Viticulture | Enherbement du vignoble genevois : bilan et perspectives
complètent leur cycle rapidement et / ou ne sont pas
exposées aux traitements. Elles ont un effet incertain
et irrégulier sur la protection des sols, puisque leur présence est aléatoire et / ou de courte période.
Un autre critère utilisé pour caractériser le type de
végétation est le groupe écologique, c’est-à-dire le milieu de prédilection des espèces. Les surfaces enherbées montrent une large dominance de plantes de
prairies grasses (G ; fig. 6), qui regroupe les espèces
peu nombreuses liées aux prairies fertilisées. Cette
constatation, ainsi que le type biologique prédominant relevé, confirme que l’enherbement obtenu dans
le vignoble genevois est caractéristique d’une prairie
grasse. Quant aux surfaces désherbées chimiquement,
elles comportent une très grande majorité de plantes
dites rudérales (R ; fig. 6). Ce groupe, un peu large et
mal défini, comprend les plantes occupant les terrains
laissés ouverts mais non cultivés, ainsi que les compagnes des plantes cultivées, les mauvaises herbes.
Toutes ces observations confirment celles obtenues par
Clavien (2005) pour les vignobles de la Suisse romande.
Encore une fois, l’intensité du fauchage, entre 1 et 5
passages par saison, n’a eu aucun impact sur le spectre
biologique ou sur le groupe écologique de la flore présente (données non présentées).
Encourager l’enherbement
Delabays et al. (2009) ont résumé les différentes directives concernant la prise en compte des éléments floris-
tiques en viticulture. Parmi celles-ci, l’Ordonnance sur
les Paiements Directs (OPD) permet de considérer la
surface enherbée comme surface de compensation
écologique (SCE). En effet, une «surface viticole présentant une biodiversité naturelle» (SVBN) peut être
comptabilisée comme SCE. La SVBN doit posséder une
végétation naturelle sur au moins 50 % de sa surface.
De plus, la part totale de graminées de prairies grasses
(principalement Lolium perenne, Poa pratensis, Festuca rubra, Agropyron repens) et pissenlit (Taraxacum
officinale) ne doit pas dépasser 66 % de la surface enherbée. Un enherbement naturel et varié est donc très
intéressant pour atteindre la surface minimale en SCE
nécessaire à l’obtention des paiements directs (3,5 ou
7 % de la SAU selon le cas), mais cet avantage est encore peu connu et exploité.
Abstraction faite des autres conditions à remplir
pour obtenir la mention SVBN, seules 17 parcelles sur les
59 recensées dans le vignoble genevois pourraient obtenir ce titre (fig. 7). Pour les vignes dites larges (interrang
supérieur à 1,4 m), 16 parcelles pourraient être considérées comme SVBN. Ce chiffre pourrait être augmenté à
24 si certaines parcelles élargissaient la bande enherbée
pour atteindre 50 % de la surface viticole. De plus,
comme le montre la figure 2, l’augmentation du nombre
d’espèce est significative avec un enherbement de plus
de 55 %. Elargir l’enherbement permettrait sans doute
d’améliorer la composition botanique et de qualifier davantage de parcelles en SVBN. Il faut cependant tou-
Recouvrement relatif (%)
EN
DE
100
100
90
90
80
80
70
70
60
60
50
50
40
40
30
30
20
20
10
10
0
0
G
R
H
S
F
Groupe écologique
G
R
H
Groupe écologique
Figure 6 | Groupe écologique des espèces selon le recouvrement relatif pour les vignes enherbées (EN) et désherbées (DE).
G : plante de prairie grasse ; R : plante rudérale ; H : plante de marais ; S : plante de prairie sèche ; F : plante forestière.
100
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
S
F
Enherbement du vignoble genevois : bilan et perspectives | Viticulture
Vignes étroites (< 1,4 m)
Vignes larges (>1,4 m)
Désherbé
1
3
4
16
9
Enherbé à plus de 50 % mais
composition botanique inadéquate
15
18
Parcelle potentiellement SVBN
Enherbé à moins de 50 %
8
3
2
6
Bonne composition botanique
1
Composition botanique inadéquate
Figure 7 | Nombre de parcelles pouvant potentiellement être nommées Surfaces Viticoles à Biodiversité Naturelle (SVBN) et raisons
de la disqualification des autres parcelles.
jours considérer les risques de concurrence hydrique
avec la vigne. Dans le cas des vignes étroites (interrang <
1,4 m), une seule parcelle pourrait être SVBN (fig. 7). En
effet, en culture étroite, la surface enherbée est limitée
et la composition botanique souvent inadéquate. Un
enherbement sur plus de 50 % de la surface viticole permettrait d’améliorer la richesse botanique mais serait
techniquement plus difficile.
La majorité des parcelles ne pourraient obtenir la
mention SVBN en raison de leur composition botanique inadéquate, ce qui est peu surprenant. En effet,
comme démontré plus tôt, la gestion actuelle de l’enherbement favorise principalement une petite palette
de plantes de prairies fertilisées (tabl. 2 et fig. 6). Ces
plantes dominantes ne sont pas nécessairement celles
qui sont souhaitées. Le maximum autorisé de 66 % de
plantes de prairies grasses, selon la définition de la
SVBN, est ainsi rapidement atteint. Une modification
des périodes et des techniques d’entretien pourrait
peut-être changer la composition botanique. Le
nombre de fauches ne semble toutefois pas influencer
la richesse botanique. De nombreuses questions et hypothèses demeurent quant à la gestion adéquate de
l’enherbement pour obtenir une composition optimale. Toutefois, l’effort initial d’enherber ne doit pas
être négligé : même si la composition n’est pas toujours
celle souhaitée d’un point de vue biodiversité, la simple
présence d’herbe permanente est essentielle pour protéger le sol.
Enherber les vignes désherbées ?
L’enherbement a de nombreux avantages par rapport
au sol : il améliore la structure, la portance, la vie microbienne, etc. L’enherbement joue aussi un rôle primordial pour limiter les phénomènes érosifs (fig. 8). L’in-
fluence d’une couverture herbeuse sur la protection
du sol dépend de son interaction avec les autres facteurs (pentes, pluviométrie, etc.) et de sa proportion,
c’est-à-dire la surface de sol occupée. Dans les vignes
enherbées, la surface recouverte de végétation atteint
en moyenne 45 %, variant de 17 à 68 % de la surface
totale. Pour les vignes de moins de 1,4 m de largeur,
cette proportion atteint 33 % de la surface, et 53 %
pour les vignes de plus de 1,4 m de largeur.
Dans le cas des parcelles désherbées, une réflexion
doit être menée quant à la possibilité de les enherber.
La principale restriction est la réserve en eau du sol.
Celle-ci doit être suffisamment grande pour alimenter
à la fois la vigne et l’herbe. Pour s’en assurer, il s’agit de
calculer la réserve utile en eau (RU) potentielle du sol,
en mm (Letessier et Fermond, 2004). Toutefois, la présence d’une grande réserve en eau ne signifie pas nécessairement que la vigne sera capable de l’utiliser.
!
Figure 8 | Erosion d’une vigne désherbée : des moyens doivent être
pris afin de limiter ce phénomène.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
101
Viticulture | Enherbement du vignoble genevois : bilan et perspectives
Une limitation de la croissance du système racinaire
(hydromorphie, tassement, etc.) peut diminuer la capacité de la plante à puiser cette eau. En outre, la présence d’un écoulement souterrain peut augmenter la
RU, a priori très faible, et fausser les estimations. L’observation de la vigueur de la vigne est une technique
simple pour évaluer le bon fonctionnement du système racinaire et l’approvisionnement suffisant en eau.
Lorsque la croissance du système racinaire peut être
directement évaluée (creuse d’un profil), on obtient
une mesure de RU dite réelle. Dans ce cas, la limite a
été estimée, dans le canton de Vaud, à plus de 150 mm
pour ne pas avoir de concurrence hydrique (Zufferey et
Murisier, 2004).
Ainsi, sur les 8 parcelles actuellement désherbées, 4
pourraient être enherbées d’une manière permanente
sans trop de risques (tabl. 3). Les parcelles A à F possèdent toutes une grande réserve en eau potentielle,
mais la vigueur de la vigne varie. Les parcelles A et B
Tableau 3 | Possibilités d’enherbement des 8 parcelles
désherbées du réseau en fonction de la réserve en eau
(RU) et de la vigueur de la vigne.
Parcelle Pente (%) RU potentielle
Vigne
Recomman dation
(mm)
vigoureuse ?
A
1
165
oui
Enherbement permanent
B
1
149
oui
Enherbement permanent
C
15
184
moyen
Enherbement permanent,
à surveiller
D
0
146
moyen
Enherbement permanent,
à surveiller
E
0
160
non
Enherbement temporaire
maîtrisé
F
2
153
non
Enherbement temporaire
maîtrisé
G
30
Enherbement temporaire
maîtrisé
H
40
Enherbement temporaire
maîtrisé
Bibliographie
▪ Aeschiman D. & Burdet H. M., 1994. Flore de la Suisse et des territoires
limitrophes, le nouveau Binz. Edition du Griffon, Neuchâtel, 640 p.
▪ Clavien Y., 2005. La végétation des vignes de Suisse romande.
Rapport de stage, Agroscope Changins-Wädenswil, 14 p.
▪ Clavien Y. & Delabays N., 2006. Inventaire floristique des vignes de Suisse
romande: connaître la flore pour mieux la gérer.
Revue suisse Vitic., Arboric., Hortic. 38 (6), 335 – 341.
▪ Delabays N., Wirth J. & Vaz C., 2009. Nouveaux enjeux dans la gestion
de la flore des vignobles. Revue suisse Vitic., Arboric., Hortic. 41 (4), 207 – 211.
102
sont vigoureuses : l’enherbement y est conseillé. Les
parcelles C et D pourraient être enherbées, en surveillant activement les répercussions sur la vigne,
puisque la vigueur y est moyenne. Une RU similaire est
présente dans les parcelles E et F, mais le manque de
vigueur risque d’être accentué par un enherbement
permanent. Une présence temporaire et maîtrisée
d’herbe serait possible. Enfin, les parcelles G et H étant
en vigne basse, non-mécanisé et avec une pente de
30 – 40 %, il serait difficile de gérer un enherbement
permanent nécessitant des fauches. Un enherbement
temporaire maîtrisé (passage plus tardif durant la saison avec un herbicide de contact plutôt que systémique), un ensemencement à partir d’espèces sélectionnée (ex. orge des rats) ou un paillage pourraient y
être possibles.
Conclusions
• La flore du vignoble genevois est diversifiée,
mais dominée par quelques espèces occupant
une grande superficie.
• La gestion actuelle de l’enherbement favorise
les plantes de prairies grasses.
• Le nombre de fauches ne semble pas influencer
la richesse ou le type de plantes.
• Le tiers des parcelles enherbées peuvent être
considérées comme «surface viticole présentant une
biodiversité naturelle» (SVBN), car l’enherbement
occupe une surface suffisante et sa composition
botanique est adéquate, mais cette proportion
pourrait être augmentée.
• Des efforts doivent encore être faits pour promouvoir l’enherbement : parmi les parcelles désherbées
du réseau, 50 % pourraient être enherbées sans
n
craindre de concurrence hydrique trop forte.
▪ Eggenberg S. & Möhl A., 2008. Flora Vegetativa. Edition Rossolis, Berne,
680 p.
▪ Grosman J. & Bourgouin B., 2009. Entretien des sols viticoles.
Adresse: http://www.belchim.com/pdf/IT/2feb/BCP%20-%20Bologne_%20
2009_01_23_Grosman.pdf [20 novembre 2009].
▪ Lauber K. & Wagner G., 1998. Flora Helvetica - Flore illustrée de Suisse.
Editions Paul Haupt, Berne, 1616 p.
▪ Letessier I. & Fermond C., 2004. Etude des terroirs viticoles vaudois. 2.
Caractérisation des sols. Revue suisse Vitic., Arboric., Hortic. 36 (4), 4 – 10.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
Key words: vineyards, grass
cover, botanical composition.
Begrünung des Genfers
Weinberg: Charakterisierung
und Perspektiven
In den letzten Jahren haben
sich die Gewohnheiten im Genfer Weinanbau bezüglich der
Bodennutzung stark verändert:
eine Begrünung zwischen den
Zeilen ist häufig geworden. In
diesem Artikel wird eine Bestandsaufnahme der aktuellen
Bodenbedeckung im Kanton
gemacht und ausserdem werden einige Verbesserungsvorschläge lanciert. Es zeigt sich,
dass die Flora des Genfer Weinberges zwar vielfältig ist, aber
von einigen typischen Fettwiesearten, die eine grosse Fläche
bedecken, dominiert wird. Die
Anzahl der Mähungen scheint
keinen Einfluss auf diese
Zusammensetzung zu haben.
Mit wenig zusätzlicher Mühe
könnte die Mehrheit der
Parzellen als ökologische Ausgleichflächen (OAU) betrachtet
werden. Dies wäre ein nicht
unwesentlicher Vorteil für die
Weinbauern, die Direktzahlungen erhalten. Von den untersuchten unbegrünten Parzellen
könnten 50 % ohne besonderes
Risiko begrünt werden: folglich
sind noch einige Anstrengungen zu machen um die Begrünung zu fördern.
▪ Londo G., 1976. The decimal scale for relevés of permanent quadrats.
Vegetatio. 33, 61 – 64.
▪ Raunkier R., 1934. The Life Form of Plants and Statistical Geography.
The Clarendon Press, Oxford, UK.
▪ Zufferey V. & Murisier F., 2004. Etude des terroirs viticoles vaudois:
comportement de la vigne en fonction des conditions pédo-climatiques.
Agroscope Changins-Wädenswil, 221 p.
Riassunto
Grass cover of Geneva
vineyards: analysis and
perspectives
In the past few years, the
Geneva vineyard has significantly changed its soil
management practice:
permanent grass cover has
become a common practice.
This article provides a detailed
analysis of the grass cover in
the canton of Geneva and
launches a discussion on opportunities for improvement.
It demonstrates that the flora
of the vineyard is diverse but
dominated by a few species
typical of fertilized meadows,
occupying a large area. The
frequency of mowing does not
seem to influence the flora
composition. With some small
extra effort, the majority of
vineyards could be considered
as ecological compensation
areas, a good advantage for
vine growers qualifying for
direct payments. For the
weeded plots in this study,
50 % could be covered with
permanent grass without too
much risk. Therefore, there is
still much to be done to promote permanent grass cover.
Zusammenfassung
Summary
Enherbement du vignoble genevois : bilan et perspectives | Viticulture
Inerbimento del vigneto
ginevrino: stato attuale e
proposte di miglioramento
Negli ultimi anni, il vigneto
ginevrino ha notevolmente
cambiato le sue abitudini per
quanto riguarda la modalità
di manutenzione del suolo:
l’inerbimento è diventato una
pratica comune. Questo articolo descrive lo stato attuale dei
luoghi d’inerbimentotraccia
una panoramica sulla gestione
dell’inerbimento nel cantone e
avvia lancia una riflessione sulle possibilità di miglioramento.
Si è d Esso imostrato dimostra
che la flora del vigneto è diversificata, ma dominata da alcune
specie tipiche dei prati grassi
che occupano una vasta superficie. Il numero di sfalci sembra
non avere effetti su questa
composizione. Con qualche
piccolo sforzo supplementare,
la maggior parte degli delle
appezzamenti parcelle inerbiti
inerbite potrebbe essere considerata come Superficie di Compensazione Ecologica (SCE),
vantaggio non trascurabile per
i viticoltori beneficiari dei Pagamenti Diretti. In questo studio,
il 50 % degli appezzamenti
diserbati potrebbe essere
inerbito senza troppi correre
rischi troppo importanti: vi
sono quindi ancora diversi
sforzi da compiere per promuovere l’inerbimento!
Remerciements
Nous remercions tous les viticulteurs qui ont mis à disposition leurs parcelles,
ainsi que Nathalie Dakhel et Nicolas Delabays pour leurs précieux commentaires.
Revue suisse Viticulture, Arboriculture, Horticulture | Vol 42 (2): 96–103, 2010
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