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LEÇON VI
TOUTE LA GAULE… TOUTE ? TOUTE.
A
près la chute d’Alésia, toute la Gaule est
conquise. Toute ? Pas encore tout à fait. Car
il reste un petit village qui résiste, encore et
toujours, à l’envahisseur. Il s’appelle Uxellodunum.
Tout comme Alésia, Bibracte et Gergovie, il a été difficile de le situer, si tant est qu’on ait réussi à le faire
avec certitude. Contentons-nous de dire qu’il se
trouve dans le Quercy. C’est seulement en 51 avant
notre ère que César obtient la reddition de cette
place. Le récit de ce siège, raconté au livre VIII des
Commentaires, est tout aussi passionnant que celui
d’Alésia, par l’ingéniosité dont firent preuve assiégeants et assiégés.
Après cette ultime bataille, la Gaule entière devint province romaine, et la colonisation, déjà faite
depuis un siècle dans la Narbonnaise, se poursuivit
sans violence. Pour conquérir la Gaule, César avait
profité de la supériorité des légions romaines, mais
il avait aussi su jouer des rivalités entre les tribus.
Rivalités qui, une fois la Gaule conquise, disparurent comme par enchantement.
Pourtant, les territoires gaulois conservèrent en
général leurs limites et leur gouvernement local, les
chefs Gaulois se voyant attribuer des titres et des
fonctions officiels : ils fournirent bientôt bon
nombre des meilleurs officiers et administrateurs de
l’empire, ou firent carrière dans l’armée. Chaque
territoire gaulois devint une cité (civitas), les plus
vastes divisées en pays (pagi). Toutefois, tandis que
la civilisation gréco-romaine s’était constituée à partir des villes, la Gaule fut organisée pour ainsi dire
en sens inverse, à partir du territoire de chaque
peuple, les villes apparaissant plus tard là où elles
n’existaient pas encore.
La Gaule romaine recouvrait la France tout entière, et même un peu plus. Elle se divisait en quatre
grandes parties dont il faut rappeler les limites : la
Narbonnaise s’étendait va du lac Léman jusqu’à
Toulouse ; l’Aquitaine, de Bourges aux Pyrénées ; la
Lyonnaise, de Lyon à la Normandie et la Bretagne ;
enfin la Belgique, comprenait toute la rive gauche
du Rhin, du lac Léman jusqu’à l’embouchure du
fleuve, englobant donc la Champagne, la Lorraine,
la Suisse, la Belgique, les Pays-Bas, la Rhénanie, la
Hesse, le Palatinat et le Luxembourg actuels. Autrement dit : la future Lotharingie. Ne nous hâtons
donc pas de confondre la Gaule et la France.
C’est à cette époque que les traits essentiels de la
future civilisation française apparaissent… en même
temps que les caractères essentiels de la Gaule celtique disparaissent ! D’abord, partout (et sans
contrainte), les langues locales laissèrent la place au
latin : seule la Bretagne conserva une langue celtique. Le fait que les Gaulois n’avaient pas l’usage
de l’écriture favorisa bien entendu cette disparition.
Les élites adoptèrent le latin en entrant dans l’administration, et les soldats, les marchands et les colons
le répandirent partout. Au bas de l’échelle, il s’agissait d’un latin corrompu – à partir duquel se formera
la langue française.
De tout ce que les Romains apportèrent, un élément important fut la culture de la vigne, qui s’étendit y compris là où le raisin pouvait à peine mûrir –
parce que l’Eglise avait besoin de vin pour la messe.
Car la romanisation allait vite entraîner la christianisation.
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