Balade 16 20 FÉVRIER 2014 1 2 3 7 5 1. Avec sa floraison qui démarre en février déjà, les bulbocodes se trouvent régulièrement pris sous un tapis de neige. 2. Le chemin longe un socle rocheux poli par le glacier du Rhône lors de la dernière glaciation. 3. De la taille d’un moineau, le bruant fou porte sur sa tête grise un masque facial noir. 4. Ces mousses, lichens, orpins et joubarbes entourent une petite fougère à feuillage persistant, le cétérach officinal. 5. Jérôme Fournier examine la coquille d’une hélice strigelle. 6. Ne pas confondre le bulbocode avec le crocus. 7. Cette plante un brin échevelée est un asplénium septentrional, une fougère. 6 LES FOLLATÈRES Un parterre de fleurs roses au cœur de l’hiver valaisan Partir à la découverte de fleurs sauvages en plein mois de février, alors que la neige saupoudre le paysage, pourrait passer pour une bien étrange démarche. A Branson, dans le Bas-Valais, la chose est habituelle. C’est le temps des bulbocodes, plantes à bulbe à floraison hivernale. B iologiste travaillant pour le bureau d’études de l’environnement Drosera de Sion, le Valaisan Jérôme Fournier se passionne pour les Follatères depuis plus de trente ans. «La floraison très précoce du bulbocode de printemps constitue à elle seule un bon motif pour une balade aux Follatères, dit-il. Cette fleur est une grande amatrice de soleil. Son apparition au milieu des feuilles mortes et des herbes sèches représente aussi une belle amorce aux nombreuses floraisons qui vont se succéder sur ce coteau orienté plein sud.» Prenant la petite route en dur qui monte à gauche du parking situé en bordure du canal de Fully, lieux de départ de notre balade, nous bifurquons d’abord à droite une centaine de mètres plus loin pour suivre ensuite un sentier grimpant directement à travers les vignes. Vieux murs en pierres sèches, tas de cailloux et broussailles se succèdent alors que nous progressons à travers les ceps. «Bien que très petits pour certains, ces divers milieux grouilleront d’une biodiversité variée à la belle saison, explique le biologiste, tout en désignant une terre brune d’allure compacte. Ces entrées de galeries, par exemple, sont des terriers d’abeilles et de guêpes fouisseuses.» Ayant rejoint une petite route facilitant l’accès au vignoble, nous grimpons alors sur un étroit sentier le long duquel nous tombons sur un premier bulbocode, puis quelques pas plus loin sur un champ entier de ces splendides fleurs roses. La forêt enneigée qui nous domine rend alors le contraste assez saisissant. «Afin d’éviter l’embroussaillement de ce sol propice à cette plante de la famille des Colchicacées qui, dans notre pays, ne pousse qu’en Valais, des ânes y sont mis à pâturer plus tard dans la saison», explique Jérôme Fournier. Le point culminant de notre parcours atteint, nous longeons à flanc de coteau la magnifique transversale menant à Branson alors que la neige se met à tomber. Jérôme Fournier regrette un peu ces conditions atmosphériques. «Avec un bon ensoleillement, nos chances auraient été bonnes d’observer quelques insectes. Des abeilles, voire un papillon. Il n’est pas rare d’en voir voleter lors des belles journées d’hiver sous ce climat très sec.» Une diversité qui rappelle le sud L’oreille du spécialiste se dresse alors que nous étudions la steppe herbeuse qui constitue l’une des particularités de l’adret valaisan. Le cri ne retentit qu’une fois, cela lui suffit toutefois pour repérer un joli passereau. «C’est un bruant fou. Il fait partie des oiseaux rencontrés ici à longueur d’année.» Les bulbocodes n’étant plus présents sur ce tronçon de la balade, Jérôme Fournier repère d’autres plantes insolites, comme cette étrange fougère, l’asplénium septentrional, et, plus loin les premières feuilles de la coquelourde, un grand silène rouge qui ne fleurira qu’en juin. «S’ils devaient rater la floraison du bulbocode, qui s’étale tout de même jusqu’à fin mars, les amateurs de flore ne manqueront pas d’apprécier l’éclosion des anémones ou de l’étoile jaune des rochers, une plante à bulbe elle aussi. C’est une autre rareté botanique du Valais.» Daniel Aubort Y ALLER En voiture Sortie No 21 Fully sur l’autoroute A9 Lausanne-Sion. Suivre Fully. Passer le pont sur le Rhône puis, au rond-point, prendre la direction de Branson. Un parking est situé tout de suite à droite, le long du canal de Fully. Train et bus Gare de Martigny sur la ligne CFF du Simplon. Le car postal No 311 relie Martigny à Fully. Descendre à l’arrêt «Pont du Rhône» de Branson. Trajet de 4 minutes. LE PARCOURS Ce parcours sans difficulté peut s’effectuer à longueur d’année. Si le temps de marche est d’environ 1 h 30 pour la boucle, en compter le double, ou même davantage, n’est pas excessif tant il y a matière à observer. Après une montée à travers les vignes (indiqué par la lettre D pour départ sur la carte), le chemin longe un sentier à flanc de coteau avant de redescendre sur le village de Branson. A noter que d’autres petits sentiers permettent de relier le haut et le bas de ce parcours. Bonnes chaussures recommandées. SE RESTAURER Le pavillon agritouristique Fol’terres. Dégustation de vins et vente de produits du terroir. Tél. 027 746 13 13. L’Hôtel de Fully propose des spécialités de poisson et fruits de mer. Fully, rue de l’Eglise, tél. 027 746 30 60. SE RENSEIGNER Les Follatères grandeur nature, Raymond Delarze, édité par le Département de l’environnement du Valais. Retrouvez toutes nos randonnées © PHOTOS DANIEL AUBORT 4