le mot du président

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Mars 2014
Bulletin mensuel du club d’astronomie
Les Vagabonds du ciel de Lanaudière
LA PROCHAINE
RÉUNION DU
CLUB AURA LIEU:
MERCREDI LE 5 MARS
Heure: 19:30
Lieu: Centre Alain Pagé
À apporter(optionnel):
calculatrice
Jean-Marc Perreault nous
entretiendra des liens entre la
science et la science-fiction avec
sa conférence:
«Que reste-t-il de la science dans la science-fiction?»
En voici une courte description :
Après une petite présentation des
lois de Newton grâce à un
simulateur spatial, nous
regarderons des exemples dans
lesquels les lois de la physique
sont totalement respectées ou
carrément ignorées dans des
films où l’action se déroule dans
l’espace. Vous pourrez porter
un nouveau regard sur les
classiques de la science-fiction.
La réunion est ouverte à tous,
invitez vos amis.
site internet : http://www.vagabondsduciel.ca
LE MOT DU PRÉSIDENT
Je suis donc le nouveau président du
club suite à l’adoption des règlements
généraux et à la nouvelle procédure
d’élection décrite dans ceux-ci. Mon
rôle s’est décidé lors de la première
réunion du CA suite à cette assemblée
avec un bon café au Tim en compagnie
de Marcel qui est de nouveau trésorier,
Samy notre vice-président, Sylvie notre
secrétaire et Alexandre qui sera
administrateur.
d’autres. Pour la relativité d’Einstein je
passe mon tour car je serais encore incapable de l’expliquer et j’étais bien
content de ne voir aucune question à ce
sujet dans l’examen. Mais j’apprends
beaucoup, ce qui me ravit, car j’ai déjà
vécu un certificat de trente crédits en
informatique
pédagogique
de
l’Université du Québec au cours duquel
je peux affirmer que je n’ai absolument
rien appris d’utile.
Il est certain que pour 2014 le
développement du site de St-Zénon sera
une grosse préoccupation pour le club
et j’espère que tous pourront y vivre
notre passe-temps de façon encore plus
intense et joyeuse. Nous sommes
toujours en attente de grosses nouvelles
pour l’observatoire et j’espère que ce
dossier sera bientôt réglé. Mais à part
l’observatoire il y a maintes façons de
préparer de petites choses pour notre site
officiel d’observation et vos suggestions
sont importantes, votre imagination collective est une grande ressource.
Plusieurs d’entre vous ont visité d’autres
sites d’observation et vous pouvez
certainement nous dire ce qui rendrait
notre site encore plus spécial.
Côté observation c'est plutôt tranquille
on dirait avec ce fabuleux hiver qui vient
de me coûter un record en électricité et
en granules de bois, alors je vous
souhaite de bonnes lectures en attendant
les soirées plus clémentes. N'hésitez pas
à partager des informations surprenantes
sur la page Facebook du club.
Une grosse année en perspective pour
les Vagabonds et j’espère que je serai à
la hauteur. Je consulte déjà beaucoup
mes collègues du CA quand il me passe
une bulle dans le cerveau et que de
nouvelles idées me viennent. J’espère
qu’ils seront patients avec moi car je suis
un passionné qui aime innover.
Jean-Marc Perreaul
Nous avons maintenant des règlements
généraux qui seront disponibles sous
peu sur le site du club, des règlements
pour le site d’observation devront aussi
être élaborés.
Je suis en ce moment le cours PHY1972
« Comprendre l’Univers » de
l’Université de Montréal et je compte
bien vous en faire profiter en explorant
avec vous des sujets pour lesquels je
n’étais pas assez confiant comme
animateur. Leur contenu est quand
même assez accessible, même s’il y a
certaines sections plus coriaces que
Le Messager Céleste, mars 2014
Notre nouveau
conseil
d’administration :
Jean-Marc Perreault, président
Samy Savignac, vice-président
Marcel Ducharme, trésorier
Sylvie Moreau, secrétaire
Alexandre Sauvé,
administrateur
page 1
DEUX AMAS GLOBULAIRES
DE CHARLES MESSIER
M79 (ou NGC 1904) est un amas globulaire situé dans la
constellation du Lièvre. Il a été découvert par Pierre
Méchain le 26 octobre 1780, et Charles Messier calcula sa
position avant de l'inclure dans son catalogue le 17
décembre de la même année.
denses amas de petites étoiles que je me souvienne avoir
vus ».
Source: astronomeamateur.ca
Dominic Marier
M79 est situé à environ 42 000 années-lumière du système
solaire, dont il s'éloigne à la vitesse de 200 km/s environ.
Cet amas est situé à un endroit plutôt inhabituel : en effet,
la plupart des amas globulaires connus
se trouvent aux alentours du centre
galactique, mais M79 est situé plus loin
du centre que le système solaire, ce qui
fait qu'un observateur situé au centre de
la Voie lactée verrait M79 derrière le
Soleil. En fait, il semble que M79 fasse
partie d'une autre galaxie naine satellite
de la notre, la galaxie naine du Grand
Chien, découverte en 2003 et qui est en
train d'être mise en pièces par les forces
de marée engendrées par la Voie lactée.
M79
Compte tenu de la distance de M79 et de
son diamètre apparent de 8,7 minutes
d'arc, l'amas a une étendue réelle de 100
années-lumière environ.
M80 (ou NGC 6093) est un amas
globulaire situé dans la constellation du
Scorpion. Il fut découvert en 1781 par
Charles Messier et ajouté à son catalogue.
M80 est un bel amas globulaire de 8e
magnitude. Son diamètre angulaire de 9
minutes d'arc correspond en gros à 86
années-lumière en linéaire pour une distance de 27 400 années-lumière.
Visuellement il ressemble tout à fait à
une comète.
M80
Cet essaim stellaire très fourni contient
plusieurs centaines de milliers d'étoiles,
maintenues ensemble par les forces de
gravitation. C'est l'un des amas les plus
denses de notre Voie lactée. M80 est l'une
des découvertes personnelles de Charles
Messier qu'il catalogua avec la mention
« Nébuleuse sans étoile, ... et ressemble
à un noyau d'une petite Comète ». William Herschel fut le premier à le résoudre
en étoiles (avant 1785), et le décrivit
comme « l'un des plus riches et des plus
page 2
Le Messager Céleste, mars 2014
UNE AUTRE GRANDE
PERTE POUR LES
ASTRONOMES AMATEURS :
JEAN
TEXEREAU
Après le départ de John Dobson,
voilà qu’un autre grand ayant inspiré
des générations de fabriquants de
télescopes nous a quitté. Jean
Texereau est mort le 6 février 2014
alors qu’il approchait les 95 ans.
Tout comme John Dobson, on peut
dire qu’il a eu une vie longue et bien
remplie.
La publication en 1951 de son livre
La construction du télescope
d’amateur a marqué une évolution
importante des techniques de
polissage des miroirs. Le livre a été
traduit en anglais et a servi de
principale référence à plusieurs
générations de fabriquants de
télescopes.
Avec la disparition de John Dobson
et maintenant de Jean Texereau, c’est
toute une époque qui semble nous
glisser sous les pieds. De moins en
moins d’amateurs fabriquent leurs
instruments. Mais l’oeuvre de ces
géants est puissante et peut-être
reverrons-nous un retour en force ce
ce magnifique hobby qu’est la fabrication de télescopes.
Jean Paul Pelletier
20 ans déjà que le club d’astronomie les
Vagabonds du ciel de Lanaudière existe.
Depuis ce temps les constellations
figurent toujours au même endroit dans
le ciel, mais beaucoup de membres ont
bénéficié d’informations, de matériels
astronomiques et de soutien afin
d’apprendre davantage sur leur passion.
En relisant les Lettres patentes, j’ai
constaté que l’objectif premier est :
« À de fins purement récréatives et
scientifiques, et sans intention
pécuniaire pour ses membres; »
Félicitations à tous les astronomes
amateurs depuis 1996, et remercions
notre membre fondateur Jean-Paul
Pelletier avec Brigitte Belleville et
Jacinthe Parent qui furent les premiers
administrateurs.
Lorsque j’ai adhéré en 2009, l’accueil
fut chaleureux et les membres
m’apportèrent leur soutien et leur aide
afin que je puisse m’initier à
l’astronomie avec facilité et
convivialité. Ils m’ont appris
différentes techniques de
travail, et différentes
visions de la
d é m a r c h e
astronomique.
Mon intérêt pour
le
monde
astronomique a
toujours
été
présent dans ma
vie, mais à partir
de ce moment il
prit une direction
majeure.
C’est la générosité, le
partage
des
connaissances,
le
dévouement des membres, la
camaraderie, la cordialité, les échanges
amicaux et charitables qui donnent à
mon avis la personnalité et la renommée
du club.
Le Messager Céleste, mars 2014
Le second objectif est :
« Promouvoir l’astronomie comme
loisir scientifique auprès de la
population de Lanaudière; »
Au fil des ans le club a fait plusieurs
présentations auprès du public et dans
les écoles pour faire connaître ce monde
astronomique à monsieur et madame
tout le monde qui ne sera pas
nécessairement des astronomes. Nous
aurons répondu à leur curiosité et c’est
déjà bien.
Il y a eu à travers ces 20 ans des périodes
de turbulences. Un club c’est fragile.
Les gens y adhèrent pour le plaisir, pour
le loisir. Même si plusieurs ont des
intérêts scientifiques, nous ne devons
jamais oublier cette fragilité et que nous
devons écouter et comprendre le besoin
de nos membres dans leur ensemble.
Je rappelle souvent à mes confrères que
l’astronomie ce n’est pas une téléréalité. La cote d’écoute n’est pas la
même. La population ici au
Québec n’a pas comme
en Europe l’habitude
astronomique.
Soyons indulgents
et reconnaissants à
la fois, nous avons
cette
chance
extraordinaire de
faire
de
l’astronomie
ensemble.
Notre passion est
belle. Qu’elle soit
partagée
avec
Bonheur, pour encore
plusieurs années.
MERCI JEAN PAUL pour
cette folle et magnifique idée que tu
as eue.
Ginette Beausoleil
page 3
L
a planète Mars, est-ce que ça
vous allume ? Historiquement,
c’est la planète qui a suscité le
plus de passions en raison des
théories voulant qu’elle soit habitée
par des petits bonshommes verts qui
construisaient des canaux. Nous
savons aujourd’hui qu’il n’y a ni
canaux ni petits bonshommes verts
sur Mars, mais elle reste la planète
la plus semblable à la Terre. Pour les
observateurs comme nous, le plus
important est le fait que c’est la seule
planète sur laquelle nous pouvons
distinguer des détails de surface. On
peut y voir l’évolution des saisons,
principalement par l’élargissement
ou la réduction des calottes polaires.
On y voit aussi des nuages et des
tempêtes de sable ainsi que des formations de surface qui peuvent être
sombres ou plus claires. On peut
même y voir le plus grand volcan de
tout le système solaire, Olympus
Mons.
Bien sûr, pour voir ces détails de surface, la belle planète rouge doit nous
présenter un diamètre angulaire le
plus grand possible, ce qui n’a pas
été le cas depuis au moins 6 ans.
Cette année, Mars sera en opposition
le 8 avril et nous présentera alors un
diamètre de 15,1”, ce qui est fort respectable. Nous sommes encore loin
du diamètre de 25” qui nous a donné
un
spectacle
inoubliable en
2003, ou encore du
24,3” qui nous attend en juillet 2018.
Mais c’est clair que
2014 sera une très
bonne année pour
l’observation de
Mars.
En observant Mars,
on
ne
peut
s’empêcher de
penser aux divers
engins placés en
orbite par les
humains ou qui
sillonnent la surface. Bien sûr, on
ne peut pas les voir, mais nous savons
qu’ils sont là pendant que nous
observons, et cela ajoute une dimension toute particulière qui s’impose
avec force dans notre imaginaire.
Mieux encore, le jour où une mission humaine sera envoyée sur Mars,
les observateurs pourront alors
page 4
LE RETOUR DE LA
PLANÈTE
ROUGE
affirmer que, oui, il y a de la vie sur
Mars!
Mars tourne sur elle-même en 24 heures
et 37 minutes, ce qui est
presqu’identique à la rotation de la
Terre. Ça veut dire que si vous
l’observez chaque soir à la même heure,
vous verrez presqu’exactement la même
hémisphère, avec un léger décalage. Au
bout de 38 jours, on revient exactement
à la même position.
Pour savoir quel côté de Mars fait face
à la Terre à un moment précis, on peut
utiliser un outil mis en ligne par Sky and
Telescope qui s’appelle Mars Profiler.
Si vous souhaitez voir une formation
comme Syrtis Major par exemple, Mars
Profiler vous permettra de savoir à
quelle heure elle sera visible. Ou à
l’inverse, sachant à quelle heure vous
Mars Profiler
h
t
t
p
:
/
/
www.skyandtelescope.com/
observing/objects/
javascript/mars
allez faire de l’observation, Mars
Profiler vous dira quelles formations
seront visibles à cette heure. Pour
atteindre Mars Profiler, rendez vous sur
le site de Sky and Telescope, au http://
www.skyandtelescope.com/observing/
objects/javascript/mars.
Présentement, c’est l’été dans
l’hémisphère nord de Mars, et ce n’est
pas très propice à l’apparition de
grandes tempêtes de sable. C’est
malheureux pour ceux et celles qui
auraient aimé en voir car c’est une
belle expérience à vivre. Je me
souviens en 2003 d’une soirée que
nous avions organisé pour des scouts
dans le rang St-Charles à St-Thomas.
Les parents accompagnaient les
scouts et un de ces parents était un
compagnon de travail à l’hopital.
Quand nous avons pointé les
télescopes sur Mars, nous avons
constaté qu’une vaste tempête de
sable couvrait une grande partie de
la planète, voilant ainsi la plupart des
détails de surface normalement
visibles. Quand j’ai expliqué cela au
compagnon en question, je lui ai
demandé s’il allait dire à ses autres
compagnons de travail qu’il avait vu
une tempête de sable sur Mars. Il m’a
aussitôt répondu qu’il n’en était pas
question et qu’il n’avait pas envie de
se retrouver en psychiatrie au 2D !
C’est bien impressionnant les
tempêtes de sable, mais pour ceux et
celles qui veulent voir certains détails
de surface, c’est une plaie. Alors si
c’est votre cas, profitez bien des mois
qui viennent pour voir tous les détails
de surface qui vous intéressent. La
météo vous sera favorable. Regardez
bien la calotte polaire nord alors
qu’elle rapetisse au fur et à mesure
que l’été dans le nord avance. Scrutezla à fort grossissement et vous verrez
bien l’anneau sombre qui apparaît
autour de la calotte à mesure qu’elle
fond. Des tas d’autres phénomènes
sont aussi à observer, tel les petits
nuages blancs qui se forment grâce à
la fonte de la calotte.
Bonne observation.
Jean Paul Pelletier
Le Messager Céleste, mars 2014
F
in décembre, le solstice est derrière
nous;
je
suis
heureux.
Imperceptiblement les journées
rallongent. Oui, l’ensoleillement
augmente. Cependant je suis perplexe :
le Soleil a commencé à se coucher à
chaque jour un peu plus tard en aprèsmidi alors qu’il se lève toujours un peu
plus tard également le matin. La lumière
croît le soir, mais pas encore le matin.
En effet, bien que le jour le plus court
soit le 21 décembre, le coucher du Soleil
le plus tôt a lieu le 9 décembre alors que
le lever le plus tard se produit le 4
janvier. Le jour est-il asymétrique? Estce à dire que le jour se divise en deux
parties inégales, de chaque côté du midi?
Est-ce que midi est encore le milieu de
la journée? Le Soleil culmine-t-il au
méridien à midi à nos montres? Le midi
solaire vrai diffère-t-il du midi moyen
de nos montres?
Eh oui! le mouvement apparent du Soleil
sur la voute céleste est asymétrique. À
preuve, une superposition de photos
prises à chaque jour à la même heure
toute l’année à un site donné crée une
image en huit allongé appelée analemme
(figure 1). La figure 2 montre que l’axe
de l’analemme varie selon l’heure de la
journée.
Le tracé ne
change pas
avec
la
figure 1
latitude.
Comment
peut-on
expliquer
c e t t e
forme bizarre, en
boucle,
asymétrique
en hauteur
et
en
largeur?
figure 2
Allons-y étape par étape. Si l’orbite de
la Terre était parfaitement circulaire
(excentricité nulle) et si l’axe de rotation de celle-ci était perpendiculaire au
plan du système solaire (obliquité nulle),
le Soleil, tout au long de l’année,
culminerait toujours au même endroit
L’analemme:
un huit énigmatique
dans le ciel à une heure donnée.
L’analemme serait un point.
Si on ajoute un angle de 23°26’ à l’axe
de rotation de la Terre, le Soleil se
déplacera dans le ciel de haut en bas dans
une double boucle verticale et
symétrique (figure 3).
Par ailleurs, une orbite elliptique amène,
selon les lois de Kepler, des vitesses plus
grandes autour du périhélie (près du solstice d’hiver) et plus lentes à l’aphélie
(près du solstice d’été). Dans ces conditions, le Soleil se déplacerait dans le ciel
sur une ellipse. Comme le solstice
d’hiver ne coïncide pas parfaitement
avec le périhélie, cette ellipse est
légèrement déformée et désaxée (figure
3).
figure 3
figure 4
équinoxes.
La forme de l’analemme varie d’une
planète à l’autre selon les propriétés de
son orbite. Par exemple, l’analemme de
Mars a l’aspect d’une goutte, son
excentricité étant plus marquée que celle
de la Terre (figure 5).
figure 5
En combinant l’effet de l’obliquité et
l’excentricité de l’orbite terrestre on
obtient l’analemme tel que photographié
patiemment par les amateurs. Ces positions du Soleil, de chaque
côté d’un axe imaginaire de
haut en bas représente le retard ou l’avance du temps
solaire sur le temps moyen
(celui de nos montres). Cette
relation est exprimée par
l’équation du temps (figure
4). On y note que le temps
solaire égale le temps moyen
en seulement 4 points : le 15
avril, le 13 juin, le 1er
septembre et le 25
décembre. Évidemment le
Soleil croise l’équateur
céleste à deux endroits : les
Le Messager Céleste, mars 2014
Quel est l’intérêt de l’analemme? Dans
le passé, il était utilisé pour bâtir des
cadrans
solaires.
Jusqu’au
développement
d’horloges fiables au
XXVIIème siècle, les
cadrans
solaires
représentaient la manière
la plus précise de
mesurer le temps. Depuis
l’avènement
des
horloges atomiques
modernes l’analemme
devient
un
défi
photographique. Peutêtre vous laisserez-vous
tenter par l’expérience?
Jean-Claude Berlinguet
page 5
VICTOIRE SUR SIRIUS B !!!
Depuis l’an dernier, je ne cesse de vous parler de Sirius B
et de vous inciter à tenter de la voir. Sirius B, c’est la
compagne de Sirius qui fait un tour complet autour de
cette dernière en environ 50 ans. On la surnomme “le chiot”
puisque Sirius est l’étoile du chien. La séparation angulaire
entre ces deux astres devrait être suffisamment importante
(de 3” à 11,3”) pour pouvoir distinguer les deux, mais la
tâche est rendue extrêmement compliquée par le contraste
extrême de luminosité. Sirius B, trois fois plus chaude
que sa compagne, est surtout beaucoup plus petite, du fait
de sa nature de naine blanche, avec un diamètre comparable à celui de la Terre. Son éclat est bien moindre que
celui de Sirius A. Avec une magnitude apparente de
seulement 8,44 Sirius
B est 8200 fois moins
brillante que Sirius.
Même lorsque leur
séparation est à son
maximum de 11.3”,
comme elle le sera en
2025, la secondaire est
facilement perdue
dans l’éclat de la
primaire.
La
séparation actuelle est
de 9”.
Depuis mes débuts en
astronomie il y a de cela 28 ans, j’ai toujours rêvé de voir
Sirius B. Malheureusement, cela me fut impossible car la
séparation était trop petite. Mais depuis une couple
d’années, la séparation est suffisante. Alors je m’y suis
mis. Ou plutôt, nous nous y sommes mis moi et JeanClaude car, tout comme moi, il rêvait depuis longtemps
de voir cette chose.
Lundi le 10 février dernier, nous nous sommes donc attaqué
à l’objet de notre convoitise chez Jean-Claude à Lanoraie.
Nous avons sorti le 10 pouces et tout l’attirail d’oculaires
nécessaires. Le ciel était magnifique de transparence, mais
quelque peu turbulent. Nous avons commencé par jeter
un coup d’oeil à Rigel, une étoile d’Orion qui est
accompagnée d’une étoile secondaire de séparation
semblable. Ceci nous a permis d’évaluer à l’oeil à quelle
distance de Sirius nous allions trouver Sirius B. Au premier coup d’oeil à 130X, la secondaire était bien visible,
ce qui nous a semblé fort encourageant pour Sirius B. Mais
Sirius est plus brillante que Rigel. Son éclat et la turbulence lui donnent un semblant de diamètre qui est plus
grand que celui de Rigel. En fait, ce semblant de diamètre
est même plus grand que la séparation entre la primaire et
la secondaire. Inutile de dire que nous n’avons pas aperçu
Sirius B aussi facilement que la secondaire de Rigel.
diffraction causés par l’araignée. Pourquoi une telle intermittence de Sirius B ? C’est une simple question de
comportement de la turbulence. Quand la turbulence est
furieuse, elle envoit de l’éclat de Sirius dans toutes les
directions, ce qui cache complètement la secondaire. Mais
pendant les très brefs moments où la turbulence devient à
peu près nulle, Sirius semble rétrécir et devient un plus
petit point très lumineux, ce qui laisse voir Sirius B mais
cela ne dure généralement qu’une fraction de seconde.
En tout et partout, nous avons vu Sirius B chacun à peu
près 6 fois. C’était vers 21 heures, au moment ou Sirius
passait au méridien, son point le plus élevé dans le ciel.
Nous étions vraiment fiers de l’accomplissement. Plus tard,
nous nous sommes promis de faire un autre test pour
comparer la vue dans le 10 pouces avec celle que donnerait
la lunette de 4 pouces TeleVue 101. Est-ce que l’absence
de pics de diffraction dans la lunette suffirait pour rivaliser
avec le 10 pouces malgré le plus petit diamètre ? Cette
comparaison côte à côte n’a pas encore été réalisée, mais
ça va venir et vous en aurez des nouvelles. Le samedi
suivant notre soirée d’observation mémorable, alors que
nous étions, Jean-Claude, Jacques et moi-même, en plein
souper avec nos conjointes, nous avons sorti la lunette
seule. Nous n’avons rien vu. On ne peut en tirer aucune
conclusion, faute de comparaison côte à côte, mais cela a
jeté un petit doute sur la capacité de la lunette de séparer
Sirius B. Nous verrons.
Une autre chose à essayer avec le 10 pouces serait de placer
une barre d’occultation au plan focal de l’oculaire . Cela
permettrait de carrément masquer Sirius et son éclat et
ainsi voir Sirius B de façon plus ou moins ininterrompue.
Nous avons amplement le temps de faire ce test d’ici la
fin de l’hiver et ça aussi, vous en aurez des nouvelles.
Jean Paul Pelletier
Après plusieurs minutes à scruter le point éclatant qui nous
aveuglait, Sirius B nous est enfin apparue pendant une
fraction de seconde. Nouvelle attente, nouvelle apparition
toute aussi brève, toujours à la même place, soit en position de “4 ou 5 heures” et juste à côté d’un des pics de
page 6
Le Messager Céleste, mars 2014
Sirius B
LES ÉPHÉMÉRIDES DE MARS 2014
Les temps sont donnés en heure normale pour Montréal (73° 30' 0" O, 45° 36' 0" N, zone R).
Date
Heure Description du phénomène
1er mars
3 mars
7 mars
8 mars
8 mars
8 mars
9 mars
10 mars
11 mars
11 mars
11 mars
12 mars
12 mars
13 mars
13 mars
13 mars
14 mars
15 mars
16 mars
19 mars
19 mars
20 mars
22 mars
23 mars
23 mars
23 mars
25 mars
25 mars
27 mars
27 mars
27 mars
28 mars
29 mars
30 mars
30 mars
30 mars
30 mars
02:59
01:15
01:40
08:27
19:47
21:09
22:30
23:09
00:19
02:19
14:46
03:23
19:19
00:04
00:56
18:50
00:00
03:30
12:08
03:38
18:00
11:57
13:45
00:00
20:46
21:12
01:57
05:59
13:30
22:16
23:38
05:14
21:13
00:15
13:45
20:01
21:16
NOUVELLE LUNE
Maximum de l'étoile variable delta de Céphée
Minimum de l'étoile variable Algol (bêta de Persée)
PREMIER QUARTIER DE LA LUNE
Début de l'occultation de 119 Tau (magn. = 4,32)
Fin de l'occultation de 119 Tau (magn. = 4,32)
Minimum de l'étoile variable Algol (bêta de Persée)
Début de l'occultation de 54-lambda Gem (magn. = 3,58)
Fin de l'occultation de 54-lambda Gem (magn. = 3,58)
Maximum de l'étoile variable zêta des Gémeaux
Lune à l'apogée (distance géoc. = 405364 km)
Minimum de l'étoile variable bêta de la Lyre
Minimum de l'étoile variable Algol (bêta de Persée)
Début de l'occultation de 60 Cnc (magn. = 5,44)
Fin de l'occultation de 60 Cnc (magn. = 5,44)
Maximum de l'étoile variable delta de Céphée
PLUS GRANDE ÉLONGATION OUEST de Mercure (27,5°)
Maximum de l'étoile variable êta de l'Aigle
PLEINE LUNE
Maximum de l'étoile variable delta de Céphée
Mercure à son aphélie (distance au Soleil = 0,46670 UA)
ÉQUINOXE DE PRINTEMPS
Rapprochement entre Mercure et Neptune (dist. topocentrique centre à centre = 1,2°)
PLUS GRANDE ÉLONGATION OUEST de Vénus (46,5°)
DERNIER QUARTIER DE LA LUNE
Transits multiples sur Jupiter : deux ombres de satellites.
Minimum de l'étoile variable bêta de la Lyre
Rapprochement entre Mars et Spica (dist. topocentrique centre à centre = 4,8°)
Lune au périgée (distance géoc. = 365703 km)
Transits multiples sur Jupiter : deux satellites.
Transits multiples sur Jupiter : deux satellites et une ombre de satellite.
Rapprochement entre la Lune et Neptune (dist. topocentrique centre à centre = 3,9°)
Maximum de l'étoile variable delta de Céphée
Minimum de l'étoile variable Algol (bêta de Persée)
NOUVELLE LUNE
Transits multiples sur Jupiter : deux satellites.
Transits multiples sur Jupiter : deux satellites et une ombre de satellite.
SN2014J est encore là !
Plus de 6 semaines après avoir explosé dans la belle
galaxie M82, la supernova SN2014J continue de briller
à une magnitude de 11.7. Mais elle pâlit. Profitez de la
première semaine de mars pour aller la voir alors que la
Lune n’est pas trop forte.
M82 est une galaxie très active, comme en témoignent
les bandes de poussières qui semblent déchirer la galaxie.
La lumière qui nous parvient de la supernova doit traverser ces poussières qui agissent alors comme un filtre.
Cela a pour effet de faire rougir la supernova. Il parait
que sans ces poussières, la supernova nous apparaîtrait 2
magnitudes plus brillantes.
Jean Paul Pelletier
S&T: J. Kelly Beatty / Sean Walker
Le Messager Céleste, mars 2014
page 7
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