Hypertension artérielle du sujet âgé

publicité
Mise au point
mt 2011 ; 17 (3) : 234-43
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Hypertension artérielle
du sujet âgé : après la
publication du consensus
américain
d’experts
de
∗
∗∗
l’ACCF /AHA , quelles
recommandations de prise
en charge thérapeutique ?
Béatrice Bouhanick
CHU Rangueil, Service d’HTA et Médecine Interne TSA 50 032, 31059 Toulouse cedex 9
<[email protected]>
L’HTA du sujet âgé est majoritairement systolique et concerne jusqu’à 90 % des hypertendus
après 70 ans. En raison d’un effet « blouse blanche » marqué, une mesure ambulatoire de la
pression artérielle diagnostique est largement recommandée. Une hypotension orthostatique
doit être recherchée. Les diagnostics de sténose des artères rénales ou de syndrome d’apnées
du sommeil sont parfois à évoquer. Y compris après 80 ans, la preuve est maintenant faite
que traiter l’HTA améliore le pronostic cardiovasculaire. Les mesures hygiéno-diététiques
sont efficaces même si après 80 ans, un régime désodé est déconseillé. La mise en place
d’un traitement est graduelle en privilégiant au départ une monothérapie mais le consensus
signale qu’en cas de pressions artérielles > 20/10 mmHg au-dessus des objectifs fixés, une
bithérapie est d’emblée possible. Pas plus de trois antihypertenseurs sont recommandés. En
cas d’échappement tensionnel, la qualité de la mesure est à vérifier et la recherche d’un facteur
de résistance est nécessaire – notamment médicamenteux. Les diurétiques thiazidiques et
les inhibiteurs calciques dihydropiridines sont les mieux validés dans l’HTA systolique. Les
objectifs tensionnels avant 80 ans sont < 140/90 mmHg tandis qu’au-delà, la pression artérielle
systolique doit être < 150 mmHg ou entre 140 et 145 mmHg si elle est bien tolérée.
Mots clés : HTA systolique, recommandations américaines de l’HTA, sujet âgé, traitement
antihypertenseur, objectifs tensionnels
L
Tirés à part : B. Bouhanick
234
*American College of Cardiology Foundation
**American Heart Association
âgés. Cependant, il y a déjà 3 ans,
l’étude HYVET a permis d’étudier la
prise en charge du sujet de plus de
80 ans [1]. La publication récente
d’un consensus d’experts élaboré
par le Collège américain de Cardiologie en collaboration avec les
neurologues, les gériatres, la Société
européenne d’Hypertension notamment, fait le point sur la prise en
charge de l’HTA du sujet âgé et sera
largement repris ici [2].
Il sera confronté aux recommandations HAS disponibles sur ce thème
mais plus anciennes et non spécifiquement dédiées au sujet âgé [3].
Pour citer cet article : Bouhanick B. Hypertension artérielle du sujet âgé : après la publication du consensus d’experts ACCF/AHA américain, quelles recommandations de prise en charge thérapeutique ? mt 2011 ; 17 (3) : 234-43 doi:10.1684/met.2011.0334
doi:10.1684/met.2011.0334
mt
a
prise
en
charge
de
l’hypertension (HTA) du sujet
âgé constitue un véritable enjeu de
santé publique dans la mesure où
l’hypertension affecte la plupart des
sujets âgés de plus de 65 ans. Ces
patients sont les plus susceptibles
d’avoir une atteinte des organes
cibles et des maladies cardiovasculaires. Malheureusement, la gestion
de cette HTA reste difficile dans la
mesure où la plupart des essais cliniques n’incluent pas les patients très
Quelle est la définition du sujet âgé ?
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
En réalité, la définition est arbitraire et subjective. Par
exemple, dans le document publié dans Circulation, un
sujet âgé a été traditionnellement défini par un âge de
plus de 65 ans [2]. Les experts ont toutefois reconnu qu’il
y avait des différences cliniques et physiopathologiques
entre un patient qualifié d’âgé jeune c’est-à-dire avec un
âge compris entre 65 et 74 ans, un sujet âgé dit plus âgé,
entre 75 et 84 ans, et le plus âgé des sujets âgés c’est-à-dire
plus de 85 ans.
Épidémiologie
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, il est prévu
que d’ici 2030, 20 % des Américains auront plus de 65 ans
contre 13 % aujourd’hui. Aux États-Unis, la prévalence
de l’HTA chez le sujet de plus de 18 ans est de 27 %
avec une prévalence qui augmente progressivement avec
l’âge si bien que la majorité des sujets âgés est hypertendue. Ainsi, dans l’étude de FRAMINGHAM, 90 % des
participants normotendus à l’âge de 55 ans développent
ultérieurement une HTA [4]. L’HTA est un très important facteur de risque cardiovasculaire puisque 60 % des
patients avec un infarctus du myocarde, 77 % de ceux
avec un accident vasculaire cérébral (AVC) et 74 % des
insuffisants cardiaques présentent des antécédents d’HTA
[5]. De surcroît, l’HTA est un facteur de risque majeur
de fibrillation auriculaire et d’insuffisance rénale chronique [5]. C’est un véritable problème dans la mesure
où plus l’âge avance et plus le contrôle tensionnel se
détériore.
De par l’augmentation de la rigidité aortique, la fréquence de l’HTA systolique augmente avec l’âge puisque
si 65 % des patients hypertendus de plus de 60 ans sont
concernés, ce pourcentage atteint plus de 90 % après
70 ans [6]. La pression artérielle systolique est un facteur
de risque indépendant majeur de survenue d’événements
cardiovasculaires à tous les âges de la vie et un traitement actif réduit la mortalité totale de 13 % [7, 8]. Ainsi,
après 70 ans, l’HTA diastolique concerne moins de 10 %
de tous les patients hypertendus. La relation entre la pression artérielle diastolique et le risque cardiovasculaire est
bimodale chez le sujet âgé, puisqu’une pression artérielle
diastolique supérieure ou égale à 90 mmHg est associée
au même risque que celui observé pour une pression
artérielle diastolique inférieure à 70 mmHg [6, 8]. Ainsi,
quel que soit le niveau de pression artérielle systolique,
le risque cardiovasculaire augmente au fur et à mesure de
la baisse de la pression diastolique. La pression pulsée
(qui représente la différence entre la pression artérielle
systolique et la pression artérielle diastolique) augmente
avec l’âge et reflète le degré de rigidité vasculaire. C’est
un facteur de risque potentiel de maladie cardiovascu-
laire chez le sujet âgé, parfois identifié comme étant un
meilleur prédicteur du risque que les pressions systoliques,
diastoliques ou moyennes [9-11].
Y a-t-il une différence de fréquence en fonction du
sexe ? Jusqu’à 45 ans, la prévalence de l’HTA est plus faible
chez la femme que chez l’homme, devient identique dans
les deux sexes entre 45 à 64 ans puis augmente chez la
femme plus que chez l’homme après 65 ans. Une grande
majorité des femmes âgées a une HTA de stade 2 et le
contrôle tensionnel est difficile à obtenir chez elles sans
qu’il soit possible de déterminer quelle est la part des responsabilités entre un traitement moins intensif prescrit, un
choix inadéquat des médicaments, un manque d’adhésion
au traitement, une véritable résistance au traitement ou
entre d’autres facteurs non identifiés. Ainsi, après 80 ans,
seules 23 % des femmes hypertendues contre 38 % des
hommes ont une pression artérielle < 140/90 mmHg [12].
Physiopathologie
de l’hypertension chez le sujet âgé
Des modifications de la structure artérielle et de sa
fonction sont observées avec le vieillissement. Les grosses
artères deviennent rigides et contribuent à l’augmentation
de la vitesse de l’onde de pouls responsable d’une HTA
systolique. Une augmentation de la demande myocardique en oxygène est mesurée alors qu’une réduction du
débit vasculaire est également observée, favorisée par les
sténoses coronaires et par les médicaments qui baissent la
pression artérielle diastolique. Une dysautonomie est fréquente et provoque une hypotension orthostatique, facteur
de risque de chute, de syncope, et d’événements cardiovasculaires tandis que l’hypertension clinostatique, facteur
de risque d’hypertrophie ventriculaire gauche, d’atteinte
coronaire ou d’accidents vasculaires cérébraux en est également la résultante.
Une glomérulosclérose et une fibrose interstitielle
sont responsables d’une réduction du débit de filtration glomérulaire et d’une aggravation d’une insuffisance
rénale. D’autres mécanismes sont également observés
comme une altération de la pompe Na/K (ce qui favorise l’augmentation de sodium intracellulaire) ou une
réduction de la pompe Na/Ca. L’atteinte microvasculaire
contribue à l’insuffisance rénale chronique et la réduction de la masse tubulaire réduit l’excrétion urinaire de
potassium ce qui explique que le sujet âgé hypertendu ait
fréquemment des hyperkaliémies.
Les causes secondaires d’hypertension
Malgré l’âge avancé, se réfugier derrière une étiologie
dite « familiale » de l’HTA n’est pas adéquat et une cause
secondaire d’hypertension doit parfois être recherchée.
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
235
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Mise au point
La sténose des artères rénales
Sa prévalence augmente avec l’âge et s’échelonne
entre 4 % et 50 % en fonction des études. À titre
d’exemple, dans une étude chez des personnes âgées en
moyenne de 77 ans sans altération de la fonction rénale,
une sténose des artères rénales (> 60 % en écho-Doppler)
est trouvée dans 6,8 % des cas [13]. Une sténose est associée à une coronaropathie indépendamment des pressions
artérielles et 19% des patients qui subissent une coronarographie ont aussi une sténose de l’artère rénale >50 %
(7% si > 70%) [14, 15]. Cependant, dans une population
âgée en moyenne de 83 ans, seuls 14 % des sténoses
mises en évidence à cet âge progresseront et parmi elles,
la progression n’est considérée comme significative que
chez seulement 4 % d’entre elles sur 8 ans de suivi [16].
L’impact fonctionnel de la sténose chez le sujet âgé n’est
pas connu et si le but d’une prise en charge par angioplastie est double, à savoir contrôle des pressions artérielles
et stabilisation de la fonction rénale, en réalité le bénéfice
escompté est mal connu dans cette population.
En pratique, la sténose des artères rénales sera évoquée chez des patients âgés, polyvasculaires, avec un
cholestérol augmenté, un souffle abdominal, ou chez des
patients âgés hypertendus résistants malgré la prescription
d’au moins trois antihypertenseurs. L’œdème pulmonaire
flash ou une augmentation de la créatininémie de plus
de 20-30 % après initiation d’un traitement bloqueur du
système rénine-angiotensine sont aussi des points d’appel
diagnostiques.
Le syndrome d’apnées du sommeil
Il est rappelé qu’environ 30 % des adultes hypertendus
ont un syndrome d’apnées du sommeil et que la prévalence fait plus que doubler pour chaque décade d’âge
supplémentaire. Il est le plus souvent associé à une HTA
diastolique isolée ou à une HTA systolo-diastolique avant
60 ans mais pas après si bien qu’un syndrome d’apnées
du sommeil serait moins susceptible de contribuer à une
HTA que chez le sujet jeune [17].
L’hyperaldostéronisme primaire
C’est un diagnostic qui serait beaucoup plus rare que
chez le sujet jeune (environ 10 % des hypertendus) mais
les données épidémiologiques chez le sujet âgé manquent.
Il s’agirait la plupart du temps d’un hyperaldostéronisme
lié à un adénome surrénalien, plus rarement à une hyperplasie et très rarement à un carcinome surrénalien. Sa prise
en charge n’est guère différente de celle proposée chez le
sujet plus jeune [2].
Dysthyroïdies
Il a été montré que l’hyperthyroïdie méconnue est rencontrée chez 3,8 % des patients hypertendus entre 15 et
236
70 ans. Comme la prévalence de l’HTA augmente avec
l’âge, les données sont éparses pour relier hyperthyroïdie
et HTA [2].
L’hypothyroïdie a aussi été décrite comme associée
à une HTA à une fréquence voisine de 3.6 % : il s’agit
d’une HTA diastolique dans 1.2 % des cas qui se normalise avec la mise en place d’un traitement hormonal
substitutif [18]. Une relation entre T3 libre basse et disparition du cycle nycthéméral des pressions artérielles est
aussi suggérée [19].
Autres causes d’HTA secondaire
Le tabac augmente la pression artérielle systolique en
particulier chez le sujet âgé et sa réduction permet une
baisse de celle-ci de l’ordre de 4 mmHg [20]. L’alcool par
différents mécanismes élève également la pression artérielle sans spécificité chez le sujet âgé. Les données sur le
café restent controversées même s’il est parfois conseillé
de réduire la consommation de café chez certains sujets
âgés hypertendus. L’évaluation des apports en sel, la
prise de médicaments comme les anti-inflammatoires stéroïdiens, les corticoïdes ou certains antidépresseurs qui
inhibent la recapture de la noradrénaline, très fréquente à
cet âge, sont également à prendre en compte.
Atteinte des organes cibles
Accidents vasculaires cérébraux
et altération des fonctions cognitives
L’HTA du sujet âgé est un facteur de risque majeur
d’accident ischémique ou hémorragique cérébral, en particulier l’HTA systolique. La force de l’association entre
les pressions artérielles et l’accident ischémique diminue
avec le vieillissement mais à cause de l’augmentation du
risque de mortalité lié à l’AVC avec l’âge, le bénéfice
obtenu constaté lors de la prise d’un traitement antihypertenseur est particulièrement net chez le sujet âgé. Ainsi,
dans l’étude SHEP, qui évalue un traitement actif sur la
pression artérielle systolique par chlortalidone (avec ou
sans aténolol et antagoniste calcique en troisième ligne)
versus placebo, le risque relatif d’AVC mortels ou non est
de 0,64 (p = 0,003) sur 5 ans. La baisse des événements
est observée aussi bien pour l’accident ischémique (37 %),
qu’hémorragique (54 %) [21]. Dans l’étude PROGRESS,
l’utilisation de périndopril et d’indapamide pendant 4 ans
réduit la survenue des accidents ischémiques cérébraux
de 24 % et hémorragiques de 50 % par rapport au placebo [22]. Enfin, dans l’étude Syst-Eur, chez des patients
âgés en moyenne de 70 ans, avec une HTA systolique,
l’utilisation de nitrendipine réduit la survenue des AVC de
42 % (p < 0,003) [23].
L’HTA est un facteur de risque de démence vasculaire et de maladie d’Alzheimer, et un mauvais contrôle
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
tensionnel est associé à une altération plus importante des fonctions cognitives. Cependant, l’impact
du traitement antihypertenseur sur l’évolution de la
démence est controversé : observé dans Syst-Eur et
PROGRESS (avec une réduction de 50 % et de 19 % de
l’incidence de la démence), absent dans l’étude HYVET
COG [24].
L’atteinte coronaire
La prévalence de l’infarctus du myocarde est plus
élevée chez les sujets âgés hypertendus que chez les normotendus. En cas d’angor, l’hypertension peut jouer un
rôle causal comme facteur de risque sur l’état coronaire
sous-jacent ou comme facteur précipitant. Entre 60 et
69 ans, une augmentation de la pression artérielle systolique de 20 mmHg double le risque cardiovasculaire [25].
Cependant, la relation positive entre le risque absolu et
la pression artérielle systolique décroît avec l’âge si bien
que les traitements antihypertenseurs paraissent moins
efficaces avec l’augmentation de l’âge. Ainsi, l’étude
INVEST a montré qu’entre 70 et 79 ans et après 83 ans,
des pressions artérielles systoliques plus élevées comprises entre 135-140 mmHg sont associées à un risque
de décès, d’infarctus du myocarde ou d’AVC plus faible
que celui constaté pour des pressions < 130 mmHg. Les
patients les plus âgés semblent mieux tolérer des pressions artérielles systoliques plus élevées et moins bien
des pressions artérielles plus basses que des sujets plus
jeunes [26]. L’HTA est aussi un facteur de risque établi de
mort subite chez le sujet âgé et son traitement réduit ce
risque [27].
L’insuffisance cardiaque
L’insuffisance cardiaque, qui touche 55 % des plus
75 ans, et l’hypertension sont étroitement associées. Elle
peut être systolique (baisse de la fraction d’éjection à
moins de 45-50 %) ou diastolique. Chez des patients
de plus de 65 ans ayant fait un infarctus du myocarde,
l’insuffisance cardiaque se développe chez les trois quarts
d’entre eux sur 5 ans de suivi [28].
La fibrillation auriculaire
La fibrillation auriculaire (FA) est une maladie du sujet
âgé avec une prévalence de 10 % chez l’octogénaire.
L’HTA est un des facteurs de risque majeur de FA et
après 65 ans, le risque de FA de novo est de 2 % par
an [29]. La FA survient d’autant plus volontiers chez le
sujet âgé, de sexe masculin, et en présence d’une maladie cardiovasculaire. Chez le sujet âgé, sa survenue est
due à une augmentation de la rigidité artérielle et à une
réduction de la distensibilité ventriculaire gauche, autant
de facteurs responsables d’élévation de la pression pulsée,
critère intermédiaire de jugement de rigidité aortique. La
FA est associée à une augmentation de la mortalité, à la
mort subite, l’insuffisance cardiaque, l’AVC embolique, et
à une réduction de la qualité de vie.
Atteinte vasculaire
L’HTA est un facteur de risque d’anévrisme de l’aorte
abdominal (défini par diamètre antéropostérieur supérieur
ou égal à 30 mm) qui survient avec une prévalence de
12,5 % chez les personnes âgées de plus 75 ans [30].
L’anévrisme de l’aorte thoracique est également plus fréquent chez le sujet âgé tandis que l’HTA favorise la
survenue d’une dissection de l’aorte de pronostic sombre
à cet âge. Enfin, l’atteinte vasculaire périphérique dont la
prévalence après 75 ans est d’environ 20 % et de 50 %
après 85 ans doit être dépistée. Elle est le reflet d’un risque
multiplié par 4 d’infarctus du myocarde, par 3 d’AVC et
de mortalité totale [31, 32].
L’insuffisance rénale chronique
Sa prévalence est de l’ordre de 10 % en Europe et
75 % des insuffisants rénaux chroniques ont plus de 65 ans
[33]. C’est un facteur de risque indépendant d’insuffisance
cardiaque congestive tandis que la pression artérielle systolique est un facteur de risque prédictif indépendant de
déclin de la fonction rénale chez les patients âgés.
Atteinte ophtalmologique
Pour un non initié, il est difficile d’interpréter les résultats des fonds d’yeux des patients âgés hypertendus car des
modifications sont visibles aussi bien liées à l’âge qu’à la
présence et à la durée de l’HTA. Cependant, il est suggéré
que la présence d’une rétinopathie hypertensive indique
une atteinte des organes cibles : il s’agit d’hémorragies,
d’exsudats, de nodules cotonneux ou d’œdème papillaire. L’HTA peut également être associée à une occlusion
artérielle rétinienne et à une atrophie antérieure du nerf
optique.
Une hypothèse serait que l’atteinte vasculaire ait des
mécanismes physiopathologiques communs avec ceux de
la dégénérescence maculaire liée à l’âge, première cause
de cécité dans les pays industrialisés.
Diagnostic d’hypertension artérielle
chez le sujet âgé
Il est basé sur au moins trois mesures différentes de
pressions artérielles prises au cours d’au moins deux
consultations séparées pour prendre en compte la variabilité naturelle des pressions artérielles et tous les autres
facteurs de risque pouvant l’influencer. Le patient doit être
confortablement installé au repos pendant 5 minutes ; la
pression artérielle est mesurée en position assise, le bras en
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
237
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Mise au point
position horizontale, le brassard étant au niveau du cœur.
La pression artérielle doit également être mesurée chez
un patient debout pendant 1 à 3 minutes à la recherche
d’une hypotension orthostatique. Lors de la consultation
initiale, la pression artérielle doit être mesurée aux deux
bras et c’est le bras avec la pression artérielle la plus élevée qui est retenu pour les mesures ultérieures. La taille du
brassard doit être adaptée à la circonférence du bras avec
un cousin qui entoure au moins 80 % de la circonférence.
L’utilisation d’un trop petit brassard surestime les pressions
artérielles. La recherche d’une hypotension postprandiale
chez le sujet âgé peut être suggérée en particulier chez
ceux qui cumulent les traitements antihypertenseurs.
La pseudo-hypertension systolique résulte de la rigidité artérielle accrue et peut concerner jusqu’à 70 % des
personnes âgées. Elle doit être identifiée sous peine de surtraitement. Elle doit être suspectée en cas d’hypertension
résistante sans atteinte d’organes cibles et en présence de
symptômes de surtraitement.
L’HTA « blouse blanche » est fréquente chez le sujet
âgé avec une prévalence qui varie entre 15 et 25 % : il
s’agit d’une hypertension décelée au cabinet mais absente
au domicile. Elle est suspectée en cas d’hypertension
au cabinet sans atteinte des organes cibles. Une mesure
ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) ou l’automesure tensionnelle est ainsi recommandée pour en faire
le diagnostic.
La mesure ambulatoire de la presse artérielle
Elle est largement recommandée en cas de suspicion
de pseudo-hypertension, d’HTA « blouse blanche », pour
évaluer la réponse à un traitement, et plus rarement à la
recherche d’épisodes d’hypotensions responsables de vertige et d’asthénie. Les normes pour définir l’hypertension
sont les mêmes que chez le sujet plus jeune (tableau 1). La
mesure ambulatoire de la pression artérielle (MAPA) permet en outre d’évaluer le cycle nycthéméral des PA et de
s’assurer d’une chute des PA nocturnes avec une absence
de réascension des pressions artérielles en fin de nuit. Certains travaux suggèrent que la MAPA prédit mieux le risque
cardiovasculaire que les mesures casuelles en cabinet de
consultation en particulier chez les sujets âgés ayant une
hypertension systolique [34, 35].
L’automesure tensionnelle
Elle nécessite l’éducation du patient et permet
d’évaluer les pressions artérielles grâce à la règle des 3
adoptée en France : 3 mesures le matin et 3 mesures le
soir pendant 3 jours avec une moyenne des 18 mesures
diurnes qui doit être < 135/85 mmHg. Il s’agit d’utiliser des
appareils validés qui sont en vente libre et non remboursés par la Sécurité sociale : le conseil du pharmacien est
ainsi indispensable. À condition de s’assurer qu’il n’y a pas
d’altération des fonctions cognitives et que le patient est
capable de se servir de l’appareil au domicile, c’est d’un
appoint utile pour la surveillance du traitement notamment. Des erreurs sont à connaître : en cas d’arythmie
cardiaque, les mesures peuvent être erronées avec la technique oscillométrique retenue dans l’automesure [36]. Par
ailleurs, le report de mesures fausses peut survenir chez
les patients qui ont une HTA non contrôlée, condition qui
n’est pas rare chez le sujet âgé et il est ainsi utile que
l’appareil dispose d’une mémoire qu’il faut consulter [37].
L’évaluation clinique
Les examens complémentaires conseillés ne sont pas
différents de ceux proposés dans l’HTA du sujet plus jeune
(tableau 2) [3].
Chez certains sujets âgés, une échocardiographie est
à considérer pour permettre un diagnostic d’hypertrophie
ventriculaire gauche, mesurer la façon d’éjection, évaluer
un souffle souvent présent à cet âge.
Prise en charge thérapeutique
La prescription d’un traitement antihypertenseur est
à mettre en perspective avec les comorbidités associées, la nécessité d’une polymédication, la compliance,
l’espérance de vie et les conditions socio-économiques
des patients et de leur famille [2, 3].
Tableau 2. Examens complémentaires préconisés
devant une HTA : recommandations HAS [3].
Sang
Glycémie à jeun
Cholesterol, triglycérides, HDL-CT, LDL-CT
Ionogramme sanguin (kaliémie, natrémie)
Créatininémie et calcul de la clairance (MDRD de
préférence)
Urines
Bandelette urinaire : hématurie, leucocyturie,
nitrites, protéinurie semi-quantitative
Quantification de la protéinurie
sur 24 h si protéinurie bandelette > 1 croix
Autres
ECG : recherche d’un retentissement de l’HTA
Tableau 1. Valeurs seuils
des pressions artérielles en MAPA [3].
PAS/PAD des 24 heures (mmHg)
< 130 et/ou < 80
PAS/PAD diurne (mmHg)
< 135 et/ou < 85
PAS/PAD nocturne (mmHg)
< 120 et/ou < 70
PAS : pression artérielle systolique ; PAD : pression artérielle diastolique.
238
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Les mesures hygiéno-diététiques
Elles ne sont pas très différentes de celles préconisées chez le sujet plus jeune : arrêt du tabac, prise en
charge d’un surpoids ou d’une obésité, consommation
d’un régime à base de fruits et légumes, réduction des
corps gras et des graisses saturées, activité physique modérée à adapter au patient (en général 30 minutes de marche
par jour), limitation de la consommation d’alcool (pas plus
de 2 verres par jour chez l’homme et d’un verre par jour
chez la femme dans le consensus américain, respectivement 3 et 2 verres par jour en France).
Un régime limitant les apports sodés à moins de 6 g
de Nacl par jour est conseillé hormis chez la personne de
plus 80 ans chez qui il faut craindre une dénutrition mais
il s’agit là encore un consensus d’experts [3]. Ainsi, une
étude menée chez des patients âgés de 60 à 80 ans avec
une pression artérielle < 145/85 mm Hg traitée par monothérapie et soumis à un régime peu salé a montré une
réduction des pressions artérielles systoliques/pressions
artérielles diastoliques de 4,3/2 mmHg après 3 mois de
mesures qui s’est accompagnée d’un allégement du traitement antihypertenseur [38].
Prise en charge
des facteurs de risque associés
La plupart des algorithmes signalant que le patient
âgé est à haut risque cardiovasculaire de par son âge, il
s’agit de prendre en charge le diabète et la dyslipidémie
éventuels ce qui ne sera pas abordé ici.
Traitement médicamenteux
Depuis 10 ans, au moins quatre recommandations
internationales préconisent la prescription de médicaments si besoin chez le sujet âgé hypertendu [39-42].
Cependant, force est de constater que les études menées
chez le sujet de plus de 80 ans sont très limitées. Cela
explique sans doute que les recommandations ne soient
pas trop strictes à cet âge soulignant le manque de niveau
de preuve. Il est cependant rappelé qu’il n’y a pas de raison
d’interrompre un traitement bien toléré et efficace chez un
patient qui atteint 80 ans. La méta-analyse de Gueyffier et
al publiée en 1999 avait en outre semé le trouble à cet
âge en suggérant que le bénéfice d’une réduction de 36 %
du risque d’AVC était à mettre en balance avec une augmentation de 14 % de la mortalité certes à la limite de la
significativité [43]. L’étude HYVET randomisée versus placebo menée chez 3 845 patients de plus de 80 ans avec
une PAS > 160 mmHg au départ a heureusement démontré une réduction des AVC, mortels ou pas, de 30 %, critère
principal de jugement toutefois à la limite de la significativité (p = 0,06), mais aussi de l’insuffisance cardiaque
(- 64 %) et de la morbimortalité cardiovasculaire (- 23 %)
[1]. Les patients recevaient soit un diurétique (indapamide
1,5 mg), soit un placebo. ± un IEC, le périndopril 2 ou
4 mg, avec un objectif tensionnel atteint < 150/80 mmHg.
La différence de PAS/PAD était de 15/6 mmHg entre les
2 groupes. Cette étude démontre ainsi qu’un bénéfice est
attendu y compris après 80 ans lors de la prise en charge
d’une HTA même s’il faut prendre en compte l’une des
limitations de cette étude à savoir notamment que les
patients étaient en trop bon état général et pas forcément
représentatifs de la population âgée de plus 80 ans que
nous rencontrons d’habitude. . .
Les classes thérapeutiques
Les diurétiques thiazidiques
Ils sont pour les Américains recommandés en 1re intention mais en l’absence d’étude qui favorise les thiazidiques
plus que les autres classes thérapeutiques dans l’HTA systolodiastolique, la première intention n’est valable que
pour l’HTA systolique en France. Ils réduisent le volume
vasculaire, diminuent les résistances vasculaires périphériques et artérielles, et bien maniés, ils sont en général
bien tolérés [2]. Leur efficacité a été démontrée chez le
sujet âgé avec HTA systolique notamment avec la chlortalidone [21]. En contrepartie, les diurétiques thiazidiques
peuvent provoquer une hypokaliémie, une hyponatrémie,
favoriser les arythmies cardiaques, l’hyperuricémie et les
crises de goutte, altérer la tolérance au glucose et majorer
une dyslipidémie.
Les diurétiques non thiazidiques
L’indapamide est un diurétique sulfamidé qui perturbe la glycémie, provoque des hypokaliémies mais aurait
moins d’effet sur l’acide urique. Des précautions sont à
prendre lors de la prescription conjointe avec le lithium
qui a une marge thérapeutique étroite.
Le furosémide ou le bumétanide, diurétique de l’anse
est parfois utilisé dans l’HTA compliquée d’insuffisance
cardiaque ou d’insuffisance rénale chronique (et ne devrait
pas être utilisé dans l’HTA isolée) ; il peut perturber la
glycémie et provoquer une hyponatrémie et hypokaliémie.
Les antagonistes des minéralocorticoïdes : la spironolactone est utile dans l’hypertension en association avec
d’autres médicaments. L’éplérenone n’a pas d’AMM dans
l’hypertension artérielle. Ces 2 molécules provoquent une
hyperkaliémie et sont contre-indiquées dans l’insuffisance
rénale sévère.
L’amiloride est plus utilisé pour sa vertu d’épargne
potassique que comme véritable antihypertenseur, dans
l’hyperaldostéronisme primaire notamment.
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
239
Mise au point
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Les antagonistes calciques
dihydropiridines ou non
Certaines dihydropiridines (non bradycardisantes) ont
été validées chez le sujet âgé et sont efficaces en
cas de rigidité artérielle, de dysfonction diastolique ou
d’altération de la compliance vasculaire [23]. Elles sont
de surcroît indiquées dans l’angor et pour les nondihydropiridines dans les arythmies supraventriculaires.
Les événements indésirables les plus fréquents sont
l’hypotension orthostatique favorisée source de chutes,
œdème des membres inférieurs, céphalées.
240
Les inhibiteurs de l’enzyme de conversion
Largement prescrits, les inhibiteurs de l’enzyme de
conversion (IEC) réduisent les résistances vasculaires périphériques et leur efficacité a largement été démontrée
dans l’insuffisance cardiaque, l’infarctus du myocarde et la
néphroangiosclérose hypertensive. Les effets indésirables
sont connus et à dépister : hypotension, toux, angiodèmes
et apparition d’une insuffisance rénale. Une surveillance
de la kaliémie et de la créatininémie est donc indispensable.
Les sartans
Ils font partie de l’arsenal thérapeutique de première
intention chez le sujet âgé avec HTA systolodiastolique et
nécessitent aussi une surveillance de la natrémie, kaliémie
et créatininémie lors de leur introduction et ultérieurement
Les inhibiteurs directs de la rétine
L’aliskiren, le seul disponible dans sa classe est plus
récent, a fait l’objet d’une étude publiée chez le sujet âgé et
n’est pas utilisable en cas d’insuffisance rénale chronique
sévère par manque de données [44]. Cette molécule ne
doit pas être associée au vérapamil et peut provoquer des
diarrhées justifiant l’interruption du traitement.
Les bêtabloquants
Ils sont utilisables chez le sujet âgé en cas d’HTA
systolodiastolique et en combinaison de préférence soit
avec les diurétiques, soit avec les antagonistes calciques
dihydropyridines, l’effet antihypertenseur en association
aux bloqueurs du système rénine-angiotensine étant plus
modeste. Ils sont utiles en cas d’arythmie, de migraine, de
tremblements, chez les patients coronariens, insuffisants
cardiaques. Force est de toutefois de constater qu’ils sont
mal étayés, prescrits seuls chez le sujet âgé hypertendu
mais dans la mesure où le patient en général cumule les
facteurs de risque et pathologies cardiovasculaires, ils font
partie ipso facto de l’arsenal thérapeutique. Ils peuvent
toutefois provoquer un syndrome dépressif, une dysérection, une altération de la tolérance au glucose et favoriser
une dyslipidémie.
Les alphabloquants
Ils ne doivent pas être utilisés en 1re intention chez
le sujet âgé comme chez le plus jeune en raison d’un
surrisque d’insuffisance cardiaque qui a été décrite par
l’étude ALLHAT [45].
En conclusion :
que disent les recommandations ?
La mise en place du traitement
Elle est progressive avec des posologies initiales faibles
et graduellement augmentées en fonction de la réponse
tensionnelle pour atteindre la dose maximale tolérée. En
cas d’échec, un second traitement d’une autre classe thérapeutique doit être ajouté. En cas d’absence de réponse
thérapeutique ou en présence d’effets indésirables, la
molécule doit être substituée par celle d’une autre classe
thérapeutique. Les recommandations stipulent en général
de ne pas excéder trois médicaments antihypertenseurs
chez la personne âgée.
Le consensus récemment publié signale qu’en cas de
pressions artérielles > 20/10 mmHg au-dessus des objectifs fixés, une bithérapie peut être d’emblée initiée, l’une
des deux molécules devant être un diurétique thiazidique.
Dans HYVET, plus des 2/3 des patients sont sous bithérapie pour être aux objectifs [1]. Il est également souligné
que chez le sujet âgé le traitement doit être individualisé
[2].
Il est rappelé dans ce consensus qu’en cas de
d’inefficacité du traitement et avant de majorer les
doses ou de rajouter des molécules, il est important
de prendre en compte un problème d’observance éventuel, la surcharge volémique possible à cet âge, la
présence d’interactions médicamenteuses qui réduiraient
l’efficacité de la molécule (anti-inflammatoires non stéroïdiens, antidépresseurs, sympathomimétiques nasaux
notamment), d’évaluer si la quantité d’alcool prise n’est
pas excessive. Il est également nécessaire de s’assurer de
la qualité satisfaisante de la mesure tensionnelle. Enfin
une cause d’hypertension artérielle secondaire est parfois
à rechercher et à traiter.
Les objectifs tensionnels
Les recommandations HAS françaises non dédiées au
sujet âgé ont été élaborées avant la publication de l’étude
HYVET mais restent néanmoins applicables et sont en
cours de réécriture [3]. Le consensus d’experts américains
largement repris dans cette synthèse est plus récent [2].
Ainsi, en France, avant 80 ans, les objectifs tensionnels sont les mêmes que ceux de la population
générale : < 140/90 mmHg [3]. Les recommandations
américaines sont du même ordre en précisant que jusqu’à
79 ans, des pressions artérielles systoliques < 140 mmHg
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
semblent appropriés et mettent l’accent sur les mesures
d’hygiène de vie [2].
Au-delà de 80 ans, les recommandations HAS stipulent que l’objectif thérapeutique est d’atteindre une
pression artérielle systolique < 150 mmHg, en l’absence
d’hypotension orthostatique (grade B). Ces objectifs sont
cependant à moduler en fonction du niveau de pression
artérielle initiale : si elle est très élevée (>180 mmHg),
une diminution de 20 à 30 mmHg est déjà un résultat
acceptable. Les recommandations américaines précisent
qu’après 80 ans, un objectif de pression artérielle systolique compris entre 140 et 145 mmHg est acceptable
s’il est bien toléré. De faibles doses de diurétiques thiazidiques, des antagonistes calciques des bloqueurs du
système rénine-angiotensine sont préférables et une augmentation de la fréquence des visites est souhaitable [2]. Il
convient d’éviter des PAS/PAD < 138/65 mmHg pour éviter l’hypoperfusion des organes [2].
Chez le sujet de plus de 80 ans, il est également recommandé de ne pas proposer de restriction sodée pour ne pas
favoriser la dénutrition ou l’hyponatrémie liée à la prise de
diurétiques par exemple [3].
En cas d’HTA systolique, les diurétiques thiazidiques
et/ou les inhibiteurs calciques dihydropyridines de longue
durée d’action sont préconisés en France [3].
En cas d’HTA systolodiastolique, les recommandations
françaises comme les recommandations européennes
2009 préconisent d’initier un traitement chez le sujet
âgé qui peut comprendre que diurétique thiazidique, des
antagonistes calciques, les IEC, des sartans ou des bêtabloquants en soulignant que la plupart des patients âgés
ont besoin d’au moins 2 médicaments pour contrôler les
pressions artérielles [3].
Le choix de la molécule
Il repose sur les comorbidités associées et les effets
indésirables. Ainsi, et de façon non exhaustive :
En cas d’atteinte coronaire, le traitement de choix sera
le bêtabloquant et en cas d’échec, une dihydropyridine
peut être ajoutée. Un IEC peut aussi être utilisé en particulier en cas d’insuffisance cardiaque systolique.
En cas d’insuffisance cardiaque systolique et d’hypertension, les diurétiques, les bêtabloquants, les IEC et
les antialdostérones peuvent être utilisés (l’utilisation du
vérapamil ou du diltiazem est contre-indiquée).
En cas d’intolérance aux IEC, les sartans sont à utiliser.
En cas d’AVC ou d’accident ischémique transitoire, le
traitement de choix repose sur un diurétique plus ou moins
un IEC même s’il est rappelé que la réduction de risque
dépend de la baisse tensionnelle et peu de la classe thérapeutique utilisée.
Chez le sujet diabétique, il a été montré qu’il était
délétère d’avoir des pressions artérielles systoliques
< 120 mmHg [46]. Le choix du médicament dépend des
comorbidités associées.
En cas de néphropathie microalbuminurique ou protéinurique, le choix se portera sur un inhibiteur du système
rénine-angiotensine.
Assez intéressant dans le consensus américain, il est
rappelé qu’en cas d’ostéoporose, l’utilisation de diurétiques thiazidiques permettrait de préserver la densité
osseuse et d’augmenter la calcémie contrairement à ce
qui est observé avec les diurétiques que l’anse hypocalcémiants [2].
Dans tous les cas, une réévaluation périodique du traitement est nécessaire.
Conflits d’intérêts : aucun.
Références
1. Beckett NS, Peters BR, Fletcher AE, et al. Treatment of hypertension
in patients 80 years of age or older. N Engl J Med 2008 ; 358 : 1887-98.
2. Aronow WS, Fleg JL, Pepine CJ, et al. ACCF/AHA 2011 expert
consensus document on hypertension in the elderly : a report of the
American college of Cardiology foundation task Force on clinical
expert consensus documents. Circulation 2011 ; 123 : 2434-506.
3. Prise en charge des patients adultes atteints d’hypertension artérielle essentielle. Actualisation 2005. Recommandations HAS (Haute
Autorité de Santé), juillet 2005.
4. Vasan RS, Beiser A, Seshadri S, et al. Residual lifetime risk for
developing hypertension in middle-aged women and men : The Framingham Heart Study. JAMA 2002 ; 287 : 1003-10.
5. Lloyd-Jones D, Adams R, Carnethon M, et al. American Heart
Association Statistics Committee and Stroke Statistics Subcommittee.
Heart disease and stroke statistics–2009 update : a report from the
American Heart Association Statistics Committee and Stroke Statistics
Subcommittee. Circulation 2009 ; 119 : 480-6.
6. Franklin SS, Gustin W 4th , Wong ND, et al Hemodynamic patterns of age-related changes in blood pressure. The Framingham Heart
Study. Circulation.1997 ; 96 : 308-15.
7. Stokes J 3rd, Kannel WB, Wolf PA, D’Agostino RB, Cupples LA.
Blood pressure as a risk factor for cardiovascular disease. The Framingham Study-30 years of follow-up. Hypertension 1989 ; 13 (5 Suppl) :
I13-8.
8. Staessen JA, Gasowski J, Wang JG et al. Risks of untreated and
treated isolated systolic hypertension in the elderly : meta-analysis of
outcome trials. Lancet 2000 ; 355 : 865-72.
9. Blacher J, Staessen JA, Girerd X, et al. Pulse pressure not mean
pressure determines cardiovascular risk in older hypertensive
patients. Arch Intern Med 2000 ; 160 : 1085-9.
10. Franklin SS, Larson MG, Khan SA, et al. Does the relation of
blood pressure to coronary heart disease risk change with aging ?
The Framingham Heart Study. Circulation 2001 ; 103 : 1245-9.
11. Franklin SS, Lopez VA, Wong ND, et al. Single versus combined
blood pressure components and risk for cardiovascular disease : the
Framingham Heart Study. Circulation 2009 ; 119 : 243-50.
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
241
Mise au point
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
12. Lloyd-Jones DM, Evans JC, Levy D. Hypertension in adults across
the age spectrum : current outcomes and control in the community.
JAMA 2005 ; 294 : 466-72.
13. Hansen KJ, Edwards MS, Craven TE, et al. Prevalence of renovascular disease in the elderly : a population-based study. J Vasc Surg
2002 ; 36 : 443-51.
28. Ezekowitz JA, Kaul P, Bakal JA, Armstrong PW, Welsh RC, McAlister FA. Declining in-hospital mortality and increasing heart failure
incidence in elderly patients with first myocardial infarction. J Am
Coll Cardiol 2009 ; 53 : 13-20.
14. Edwards MS, Craven TE, Burke GL, Dean RH, Hansen KJ. Renovascular disease and the risk of adverse coronary events in the elderly :
a prospective, population-based study. Arch Intern Med 2005 ; 165 :
207-13.
29. Mozaffarian D, Furberg CD, Psaty BM, Siscovick D. Physical
activity and incidence of atrial fibrillation in older adults : the cardiovascular health study. Circulation 2008 ; 118 : 800-7.
15. Rihal CS, Textor SC, Breen JF, et al. Incidental renal artery stenosis among a prospective cohort of hypertensive patients undergoing
coronary angiography. Mayo Clin Proc 2002 ; 77 : 309-16.
16. Pearce JD, Craven BL, Craven TE, et al. Progression of atherosclerotic renovascular disease : A prospective population-based study. J
Vasc Surg 2006 ; 44 : 955-62.
17. Haas DC, Foster GL, Nieto FJ, et al. Age-dependent associations
between sleep-disordered breathing and hypertension : importance
of discriminating between systolic/diastolic hypertension and isolated
systolic hypertension in the Sleep Heart Health Study. Circulation
2005 ; 111 : 614-21.
18. Streeten DH, Anderson GH Jr, Howland T, Chiang R, Smulyan H.
Effects of thyroid function on blood pressure. Recognition of hypothyroid hypertension. Hypertension 1988 ; 11 : 78-83.
19. Kanbay M, Turgut F, Karakurt F, et al. Relation between serum thyroid hormone and ’nondipper’ circadian blood pressure variability.
Kidney Blood Press Res 2007 ; 30 : 416-20.
30. Hirsch AT, Haskal ZJ, Hertzer NR, et al. ACC/AHA 2005 Practice Guidelines for the management of patients with peripheral
arterial disease (lower extremity, renal, mesenteric, and abdominal
aortic) : a collaborative report from the American Association for
Vascular Surgery/Society for Vascular Surgery, Society for Cardiovascular Angiography and Interventions, Society for Vascular Medicine
and Biology, Society of Interventional Radiology, and the ACC/AHA
Task Force on Practice Guidelines (Writing Committee to Develop
Guidelines for the Management of Patients With Peripheral Arterial
Disease) : endorsed by the American Association of Cardiovascular and Pulmonary Rehabilitation ; National Heart, Lung, and Blood
Institute ; Society for Vascular Nursing ; TransAtlantic Inter-Society
Consensus ; and Vascular Disease Foundation. Circulation 2006 ;
113 : e463-654.
31. Wilterdink JL, Easton JD. Vascular event rates in patients with
atherosclerotic cerebrovascular disease. Arch Neurol 1992 ; 49 : 85763.
32. Criqui MH, Langer RD, Fronek A, et al. Mortality over a period
of 10 years in patients with peripheral arterial disease. N Engl J Med
1992 ; 326 : 381-6.
20. Oncken CA, White WB, Cooney JL, Van Kirk JR, Ahluwalia JS,
Giacco S. Impact of smoking cessation on ambulatory blood pressure
and heart rate in postmenopausal women. Am J Hypertens 2001 ; 14 :
942-9.
33. Hallan SI, Coresh J, Astor BC, et al. International comparison of
the relationship of chronic kidney disease prevalence and ESRD risk.
J Am Soc Nephrol 2006 ; 17 : 2275-84.
21. Perry HM, Davis BR, Price TR, et al. Effect of treating isolated
systolic hypertension on the risk of developing various types and
subtypes of stroke : the Systolic Hypertension in the Elderly Program
(SHEP). JAMA 2000 ; 284 : 465-71.
34. Staessen JA, Thijs L, Fagard R. Predicting cardiovascular risk using
conventional vs ambulatory blood pressure in older patients with
systolic hypertension. Systolic Hypertension in Europe Trial Investigators. JAMA 1999 ; 282 : 539-46.
22. PROGRESS Collaborative Group. Randomised trial of a
perindopril-based blood-pressure-lowering regimen among 6,105
individuals with previous stroke or transient ischaemic attack. Lancet
2001 ; 358 : 1033-41.
35. Burr ML, Dolan E, O’Brien EW, O’Brien ET, McCormack P. The
value of ambulatory blood pressure in older adults : the Dublin outcome study. Age Ageing 2008 ; 37 : 201-6.
23. Staessen JA, Fagard R, Thijs L, et al. Randomised double-blind
comparison of placebo and active treatment for older patients with
isolated systolic hypertension. The Systolic Hypertension in Europe
(Syst-Eur) Trial Investigators. Lancet 1997 ; 350 : 757-64.
24. Peters R, Beckett N, Forette F, et al. Incident dementia and blood
pressure lowering in the Hypertension in the Very Elderly Trial cognitive function assessment (HYVET-COG) : a double blind placebo
controlled trial. Lancet Neurology 2008 ; 7 : 683-9.
25. Lewington S, Clarke R, Qizilbash N, Peto R, Collins R ; Prospective Studies Collaboration Age-specific relevance of usual blood
pressure to vascular mortality : a meta-analysis of individual data for
one million adults in 61 prospective studies. Lancet 2002 ; 360 :
1903-13.
26. Denardo SJ, Gong Y, Nichols WW, et al. CJ Blood pressure and
outcomes in very old hypertensive coronary artery disease patients :
an INVEST substudy. Am J Med 2010 ; 123 : 719-26.
27. Dahlöf B, Devereux RB, Kjeldsen SE, et al. Cardiovascular morbidity and mortality in the Losartan Intervention For Endpoint reduction
242
in hypertension study (LIFE) : a randomised trial against atenolol.
Lancet 2002 ; 359 : 995-1003.
36. O’Brien E, Beevers G, Lip GY. ABC of hypertension : Blood
pressure measurement. Part IV-automated sphygmomanometry : self
blood pressure measurement. BMJ 2001 ; 322 : 1167-70.
37. Williams B, Poulter NR, Brown MJ, et al. British Hypertension
Society guidelines for hypertension management 2004 (BHS-IV) :
summary. BMJ 2004 ; 328 : 634-40.
38. Whelton PK, Appel LJ, Espeland MA, et al. Sodium reduction
and weight loss in the treatment of hypertension in older persons : a
randomized controlled trial of nonpharmacologic interventions in the
elderly (TONE). TONE Collaborative Research Group. JAMA 1998 ;
279 : 839-46.
39. Chobanian AV, Bakris GL, Black HR, et al. The Seventh Report of
the Joint National Committee on Prevention, Detection, Evaluation,
and Treatment of High Blood Pressure : the JNC 7 report. JAMA 2003 ;
289 : 2560-72.
40. Mancia G, Laurent S, Agabiti-Rosei E, et al. Reappraisal of European guidelines on hypertension management : a European Society of
Hypertension Task Force document. J Hypertens 2009 ; 27 : 2121-58.
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
41. 1999 World Health Organization-International Society of
Hypertension Guidelines for the Management of Hypertension. Guidelines Subcommittee. J Hypertens 1999 ; 17 :
151-83.
44. Duprez DA, Munger MA, Botha J, Keefe DL, Charney AN. Aliskiren for geriatric lowering of systolic hypertension : a randomized
controlled trial. Journal of Human Hypertension 2010 ; 24 : 600-8.
45. Major outcomes in high-risk hypertensive patients randomized to
angiotensin-converting enzyme inhibitor or calcium channel blocker
vs diuretic : The Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to
Prevent Heart Attack Trial (ALLHAT). JAMA 2002 ; 288 : 2981-97.
43. Gueyffier F, Bulpitt C, Boissel JP, et al. Antihypertensive drugs in
very old people : a subgroup meta-analysis of randomised controlled
trials. INDANA Group. Lancet 1999 ; 353 : 793-9.
46. ACCORD Study Group, Cushman WC, Evans GW, Byington RP,
et al. Effects of intensive blood-pressure control in type 2 diabetes
mellitus. N Engl J Med 2010 ; 362 : 1575-85.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
42. 2003 European Society of Hypertension-European Society of Cardiology guidelines for the management of arterial hypertension. J
Hypertens 2003 ; 21 : 1011-53.
mt, vol. 17, n◦ 3, juillet-août-septembre 2011
243
Téléchargement