DIX POINTS À RETENIR Les dix principales raisons d’une orientation en physiatrie par Perry Rush, M.D A près ses études de médecine, le physiatre poursuit une formation spécialisée en médecine physique et de réadaptation. La réadaptation a pour but d’améliorer la qualité de vie en maximisant la fonction et en réduisant au minimum l’invalidité attribuable à une déficience ou à une affection sous-jacente. En général, le physiatre travaille en collaboration avec une équipe multidisciplinaire de professionnels paramédicaux, entre autres les suivants : physiothérapeutes, ergothérapeutes, travailleurs sociaux, prothésistes, orthésistes, diététistes, orthophonistes, psychologues et récréothérapeutes. Quiconque est affligé d’une blessure ou d’une affection ayant un retentissement sur l’appareil locomoteur, le système nerveux ou cardiopulmonaire est susceptible d’obtenir des bienfaits des soins spécialisés d’un physiatre. Les physiatres exercent dans la collectivité, dans des hôpitaux généraux et des hôpitaux spécialisés en réadaptation, ainsi que dans les unités de soins de réadaptation de certains hôpitaux de soins aigus. Voici quelques circonstances dans lesquelles la consultation d’un physiatre pourrait être utile : 1. Votre patient a besoin d’une prothèse. Votre patient a subi l’amputation d’un membre (p. ex., pour traiter une vascularite) et il a besoin d’une prothèse. Il est préférable que le patient soit évalué préalablement à l’amputation. Le physiatre peut également prescrire la prothèse et traiter les complications reliées à l’amputation et à la prothèse (p. ex., un ajustement imparfait). 2. Votre patient a besoin de soins après un accident vasculaire cérébral (AVC). Votre patient a subi un AVC (p. ex., un AVC secondaire à un lupus érythémateux disséminé [LED]) et il a besoin d’un suivi et d’un traitement au long cours. Le physiatre est en mesure de déterminer si le patient obtiendrait des bienfaits d’un séjour dans une unité spécialisée en réadaptation post-AVC. Parmi les facteurs qui évoquent une détérioration de la capacité fonctionnelle, on note les suivants : la comorbidité, un déficit neurologique grave, l’incapacité à rester assis sans support, l’incapacité à retenir l’information d’un jour à l’autre, l’incontinence fécale et urinaire, et un score insatisfaisant à l’évaluation fonctionnelle. La réadaptation et le traitement d’un patient ayant subi un AVC peuvent allier les médicaments comme le baclofène 40 JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 et la toxine botulinique par injections pour réduire la spasticité, la physiothérapie, l’ergothérapie, l’emploi de dispositifs d’aide ou le recours à des services de soins à domicile. Le traitement et la prévention des complications d’un AVC peuvent comprendre les mesures pour empêcher l’aspiration causée par des troubles de la déglutition, ainsi que le traitement de la dépression, des syndromes douloureux, des escarres de décubitus, des thromboembolies, des déficits nutritionnels et des convulsions. 3. Votre patient a besoin d’un traitement à la suite d’un traumatisme cérébral. Votre patient a subi un traumatisme cérébral lors d’un accident d’automobile et vous n’êtes pas entièrement certain de la conduite du traitement. Ces patients manifestent parfois des déficits physiques et cognitifs complexes. Les complications d’un traumatisme cérébral qui motivent un traitement comprennent les fractures, les convulsions, l’hypertension, les troubles cardiopulmonaires, les dysfonctionnements endocriniens (p. ex., un dysfonctionnement hypophysaire antérieur), les anomalies des nerfs crâniens, moteurs et sensoriels, l’ossification hétérotopique, les troubles nutritionnels et les dysfonctionnements de l’intestin et de la vessie. Une évaluation neuropsychologique peut être utile, surtout en cas de problèmes médico-légaux. 4. Votre patient manifeste une faiblesse inexpliquée. Votre patient se plaint d’une faiblesse inexpliquée et vous vous demandez si la myosite ne serait pas en cause. Dans cette circonstance, un examen électrodiagnostique pourrait se révéler utile. Cet examen, réalisé par les physiatres, les neurologues et les rhumatologues, devrait confirmer l’impression diagnostique évoquée par l’anamnèse et l’examen physique. L’examen électrodiagnostique comporte deux volets : l’analyse des conductions nerveuses et l’électromyographie (ÉMG). L’analyse de la conduction des nerfs périphériques sensoriels et moteurs sert à déterminer le siège d’une lésion nerveuse périphérique. L’examen électrodiagnostique permet de vérifier si la faiblesse est attribuable à une maladie musculaire (myopathie) ou à une maladie ou à une lésion des nerfs périphériques (neuropathie). 5. Votre patient pourrait être atteint d’une lésion nerveuse périphérique. Votre patient a un pied tombant secondaire, par exemple, à une arthroplastie de la hanche, et vous vous demandez si une lésion nerveuse périphérique pourrait l’expliquer. Dans ce cas également, l’examen électrodiagnostique pourrait être éclairant. Le pied tombant pourrait-il par exemple être causé par une lésion du nerf sciatique ou une atteinte du nerf péronier? L’engourdissement de la main est-il attribuable à une lésion au niveau des nerfs cervicaux, du plexus brachial, du coude, ou est-il causé par le syndrome du canal carpien? 6. Votre patient pourrait avoir besoin de soins de réadaptation après une chirurgie orthopédique. Votre patient est hospitalisé en raison d’une arthroplastie totale du genou ou de la hanche, ou à cause d’une fracture du genou ou de la hanche, et vous vous demandez si des soins à l’unité de réadaptation seraient bénéfiques dans son cas. Le physiatre appelé en consultation postopératoire peut déterminer si le patient a retrouvé une capacité fonctionnelle suffisante pour lui permettre de retourner chez lui, ou s’il est préférable de le faire admettre à l’unité de réadaptation à cause des obstacles présents à son domicile (p. ex., un escalier), ou à cause des affections concomitantes présentes ou de l’absence de soutien familial. Le patient qui est admis à une unité de réadaptation postopératoire reçoit chaque jour des traitements intensifs de physiothérapie et d’ergothérapie. Il pourrait aussi être utile de demander à un thérapeute de visiter le domicile du patient pour évaluer son environnement. 7. Votre patient a besoin d’un traitement en raison d’une pathologie ou d’un traumatisme médullaire. Votre patient a été atteint d’une myélite transverse de la moelle épinière (p. ex., secondaire au LED ou au syndrome de Sjögren). Les patients touchés par des maladies ou des traumatismes de la moelle épinière ont besoin d’un traitement continu pour prévenir et traiter les nombreuses complications qui risquent de survenir comme l’insuffisance respiratoire, les escarres de décubitus, la spasticité, les troubles neurogènes de l’intestin et de la vessie, les troubles nutritionnels, la difformité vertébrale, les troubles de la fonction sexuelle; en outre, ils peuvent avoir besoin de dispositifs d’aide à la mobilité, p. ex., un fauteuil roulant. 8. Votre patient pourrait avoir besoin d’orthèses. Tel patient se plaint de douleurs ou de difformités des pieds et vous pensez aux bienfaits possibles des orthèses; tel autre patient manifeste une arthrose primaire de la section médiane du genou et vous vous interrogez sur l’utilité d’une attelle de genou. Les orthèses (elles peuvent être obtenues en vente libre ou fabriquées sur mesure, mais ces dernières sont plus coûteuses) comprennent les divers types d’attelles, les ceintures de soutien, les colliers cervicaux, et les chaussures adaptées. Lorsqu’elle est prescrite correctement, l’orthèse peut améliorer la fonction et atténuer la douleur, car elle modifie la biomécanique. Les orthèses peuvent réduire les forces qui traversent en totalité ou en partie une articulation portante (p. ex., prescrire une attelle de genou pour diminuer la charge sur la section médiane du genou touché par l’arthrose, ou une ceinture de soutien pour faciliter la mobilité d’un patient ayant subi une facture par tassement vertébral); les orthèses peuvent aussi stabiliser des articulations en cas de luxation incomplète (p. ex., un genou devenu instable à cause d’une lésion ligamentaire); elles peuvent aussi améliorer les mouvements (en réduisant l’énergie requise pour la marche) et maximiser la position fonctionnelle (une orthèse statique de poignet maintient l’articulation affaiblie dans la posture optimale pour l’utilisation de la main; une orthèse dynamique de poignet remplace l’extension du doigt chez un patient atteint de polyarthrite rhumatoïde (PR) ayant subi une rupture du tendon extenseur). 9. Votre patient a fait des chutes répétées. Chez les patients atteints de maladies chroniques, les chutes sont une cause de morbidité et de mortalité importantes; elles surviennent fréquemment, elles entraînent des coûts élevés et elles peuvent être prévenues. Le physiatre évalue et traite la cause des chutes qui est, en général, multifactorielle. Les risques de chute comprennent les médicaments (p. ex., les psychotropes et les diurétiques), les affections concomitantes (p. ex., les maladies musculosquelettiques, neurologiques et cardiopulmonaires), les troubles de la vue, de l’ouïe et de l’équilibre, l’incontinence, les arythmies et l’hypotension orthostatique. Pour réduire le risque de chutes, ces patients ont besoin d’aides à la mobilité. Vous pouvez demander qu’un thérapeute se rende au domicile du patient pour évaluer si son environnement devrait être modifié ou adapté pour réduire les risques et pour installer les dispositifs pertinents pour rendre son milieu de vie plus sécuritaire. 10. Votre patient est atteint d’une cardiopathie ou d’une pneumopathie. Votre patient a subi un infarctus du myocarde (causé par une athérosclérose précoce ou secondaire au lupus) ou il manifeste une pneumopathie (p. ex., une fibrose pulmonaire secondaire à la PR) et vous vous demandez si la participation à un programme de réadaptation cardiaque ou pulmonaire conférerait des bienfaits dans son cas. Ces programmes peuvent être supervisés par un physiatre ou par cardiologue ou un pneumologue; en général, ces programmes sont fondés sur l’exercice, l’enseignement des patients et la pharmacothérapie dans le but d’améliorer la fonction cardiaque et respiratoire ainsi que la qualité de vie. Perry Rush, M.D. Professeur adjoint, Division de médecine physique et de réadaptation, Département de médicine Université de Toronto, Toronto, Ontario JSCR 2013 • Volume 23, Numéro 1 41