Magazine d’information de La Tour, réseau de soins • Numéro 2 • Mai 2004 Urgences Aging Easy Actions humanitaires Prothèse du genou Ensemble contre la douleur Préparation pour l'été Radiologie de pointe Sus aux allergies Pour la beauté 02 SOMMAIRE 3 4 5 6 8 9 10 12 Editorial Urgences Symposium Radiologie Dermato laser Dangers du soleil Allergies Clinique de Carouge 13 14 Orthopédie Actions humanitaires 15 16 19 20 La rédaction n’est pas responsable des textes et illustrations publiés qui n’engagent que leurs auteurs. Cardiologie Contre la douleur Diabète Chiffres clés Magazine d’information de La Tour, réseau de soins Numéro 2 - Mai 2004 Comité de rédaction: James Bissell - Antoine Bloch - Véronique Harant Liliane Jacquet - Paul Nogent - Philippe Lamballe EDITIONS • INFOPUBLIC SA • ©Liliane Jacquet Case Postale 408 - 1215 Genève 15 Tél: ++41 (0) 22 798 63 80 - Fax: ++41 (0) 22 788 20 75 [email protected] PRODUCTIONS • OUTLINE COMMUNICATION Sàrl 1 rue des Lattes - 1217 Meyrin Tél: ++41 (0) 22 782 74 00 - Fax: ++41 (0) 22 782 74 01 [email protected] Crédit photos: ©La Tour SA (Sylvia Schibli - Gérard Suatton - Terres des hommes) Illustrations: ©Sidonie Carillat ©2004 EDITORIAL Le TARMED (« Tarif médical ») est entré en vigueur le 1er janvier 2004 après quasi 20 ans de travaux. Son but principal (et louable !) a été d’établir un catalogue des prestations ambulatoires en Suisse et d’en uniformiser la tarification ; plus de 4’500 actes médicaux ont été ainsi recensés. Le TARMED doit respecter la « neutralité des coûts », c’est-à-dire ne pas conduire à une augmentation des dépenses de santé. Il vise d’autre part à valoriser les actes intellectuels au détriment des actes techniques. Où va la médecine suisse ? Les messages lénifiants de nombreux dirigeants politiques et médicaux à propos du TARMED sont en contradiction avec ce que ressent la majorité des médecins, médecins qui oscillent entre la dépression et la révolte face à un nouveau système qui : • • • • Augmente considérablement le travail administratif et prive ainsi les médecins d’un temps qu’ils voudraient consacrer à leurs patients. Augmente les dépenses de santé en raison de la surcharge administrative (dépenses importantes en matériel informatique et en personnel pour les cabinets privés, les cliniques privées et les assurances). Remplace des injustices (les spécialistes chirurgicaux gagnaient souvent beaucoup plus que les autres médecins) par d’autres injustices (en diminuant certains revenus de manière si brutale et drastique que cela en devient matériellement insupportable). Modifie de manière si restrictive la notion d’urgence que l’existence des Centres d’urgence non subventionnés, comme celui de la Tour, en est menacée. 03 La Suisse avait une excellente médecine dont il était bien sûr possible d’améliorer l’organisation, mais le TARMED est une révolution qui nuira à la qualité de la médecine et constitue une menace pour la médecine privée. En outre, il aggravera considérablement ce qui existe déjà, à savoir une médecine à deux vitesses. La médecine coûte de plus en plus cher dans tous les pays industrialisés à cause des progrès techniques et du vieillissement de la population. De nombreux assureurs, politiciens et journalistes veulent faire croire que les médecins et les cliniques privées sont les principaux, voire les seuls responsables de l’augmentation des dépenses de santé. Cette affirmation est fausse, les responsabilités se partageant entre tous les « acteurs » du domaine. Les attaques injustifiées portées contre les médecins, les tracasseries administratives à l’encontre des patients et des médecins et les lettres accusatrices que les assurances envoient de plus en plus souvent aux patients compromettent gravement un élément essentiel à une bonne médecine, à savoir une relation médecin-malade basée sur l’estime et la confiance. En ce qui concerne la Suisse, le principal malade est en réalité le système de santé. Il était parfait autrefois, mais est inadapté aujourd’hui. En effet, son financement se partage entre les assurances, le gouvernement, les patients, sans vision d’ensemble. En voici un exemple : à Genève, une grande partie de la chirurgie ambulatoire était réalisée jusqu’à maintenant en dehors de l’Hôpital Cantonal. Cette activité est bien sûr bénéfique pour les patients et économique pour le système de santé puisqu’elle évite les hospitalisations, très coûteuses. Mais elle risque de disparaître puisque l’effondrement du tarif la rend non rentable pour les spécialistes chirurgicaux, les anesthésistes et les cliniques privées. Pour les patients qui, comme la majorité d’entre eux, n’ont qu’une assurance de base, il faudra donc choisir entre l’hospitalisation à l’Hôpital Cantonal, ce qui impliquera des listes d’attente et des dépenses supplémentaires dues à la nécessité d’engager du personnel ; et le développement de nouvelles structures « low cost » où la sécurité et le confort optimaux risquent de ne pas être assurés. La situation actuelle est difficile et inquiétante pour la médecine privée. Reste à espérer que le bon sens finira par l’emporter et permettra d’apporter au TARMED les améliorations indispensables. Dr Antoine Bloch Directeur médical de l’Hôpital de la Tour 04 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 «Vite, c’est une urgence !» Les urgences À l’hôpital de La Tour, une arrivée sur six entonne cet appel mobilisateur. S’il entraîne rarement le branle-bas familier aux téléspectateurs, il n’est jamais pris à la légère. S’agit-il vraiment d’une urgence vitale? Potentiellement vitale? Ou non vitale, mais qui bénéficierait d’un meilleur traitement s’il était appliqué dans les heures suivantes? S’agit-il simplement d’un état qui nécessite une consultation sans rendezvous? Un exemple : la douleur thoracique d’un patient arrivé en catastrophe manifeste-t-elle un infarctus? Une menace d’infarctus? Ou une affection beaucoup plus bénigne? Le premier cas relève du niveau I de gravité, le second du II ; l’un et l’autre justifient l’urgence, mais dans le calme. Le slogan médical «Le temps, c’est du muscle» dicte une action immédiate. Chaque minute peut prélever son tribut en fibres musculaires cardiaques. Il importe donc de ramener au minimum le délai entre les symptômes et l’instauration d’un traitement spécifique: dilatation mécanique du vaisseau ou thrombolyse (dissolution chimique du caillot). Même circonspection et même hâte pour une jeune femme qui se plaint de fortes douleurs abdominales. Présente-t-elle une grossesse extra-utérine? Nous pourrions multiplier les exemples à l’infini, ou plutôt par 25’000, le nombre des entrées annuelles aux Urgences… ce qui correspond parfois à une centaine dans la journée. Les médecins du SUM (Service d’Urgences Médicales) de l’Hôpital de La Tour sont sur le quivive en permanence absolue. Ils reçoivent toutes les urgences, à l’exception des urgences pédiatriques médicales qui sont traités directement par le service de Pédiatrie de 08.00 heures à minuit. La Tour Info n° 2 – Mai 2004 27 mai 2004 Aging easy Prévention des handicaps liés à l’âge 05 S ous les auspices de la Fondation de la Tour pour la recherche Cardiovasculaire, de la Fondation AETAS et de la Fondation pour la recherche sur l’ostéoporose et les maladies osseuses, un symposium public réunit quelques grands spécialistes face à une assemblée de dirigeants et cadres d’entreprises de la région romande, tous concernés personnellement par le passage des années. Quatre grands thèmes sont au centre des débats: • • • • maladies cardiovasculaires. intimité et prostate. arthrose. maladie d’Alzheimer, risques de démence. Modérés par le Pr Francis Waldvogel, président du Conseil des Écoles Polytechniques Fédérales, trois médecins du Johns Hopkins Hospital de Baltimore vont développer ces thèmes et répondre aux questions, avec une attention particulière pour les facteurs économiques et pratiques: commencer un traitement ou une action préventive, est-ce justifié et réalisable ? Les réponses sont encourageantes. 5 Dr Flynn 5 Dr Martin 5 Dr Schlott Les professeurs John Flynn, Don Martin et Bill Schlott seront invités par le Dr Claude de Senarclens, Médecin chef du service de Médecine de l’hôpital de La Tour. Ils seront les orateurs des conférences « Aging easy » ou comment diminuer les handicaps liés à l’âge, chez l’homme et la femme. Ces médecins dialoguent déjà régulièrement avec leurs confrères genevois par des vidéoconférences bimensuelles. Ils reçoivent par courrier électronique les dossiers des cas à débattre, si bien qu’ils se trouvent transportés virtuellement au chevet des patients de notre hôpital. Prévention des handicaps liés à l’âge (Aging easy) 27 mai 2004, de 18h30 à 21h00 Hôtel Ramada Av. Louis Casaï 75-77, Genève 5 Dr de Senarclens (à gauche) et le Service de Médecine 06 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 L a radiologie a plus de cent ans. Que de chemin parcouru depuis Roentgen et l’irruption de l’image dans le diagnostic ! Echographie simple ou 3-D, échographie Doppler, scintigraphie, scanner, IRM (imagerie par résonance magnétique)... tous ces nouveaux moyens détaillent l’anatomie et la maladie avec une précision incroyable. L’hôpital de la Tour n’est pas à la traîne, bien au contraire ! Radiologie Nouveau scanner et nouvelle IRM Scanner Dès 1982, il installait son premier scanner. La technologie évolue très vite et il n’est pas question de se laisser distancer. Voici donc le cinquième (3 tonnes de technologie pure) qui est capable de fournir 16 « coupes » en haute résolution en moins de temps qu’il fallait au précédent pour en produire une seule. C’est une vraie avalanche d’images, par milliers, qu’il n’est plus possible de photographier sur films. Les données numériques générées sont visualisées dynamiquement sur écran, comme une vidéo, et des outils informatiques puissants fournissent les représentations les plus appropriées à une analyse efficace. Il est ainsi possible de créer virtuellement des tranches du corps dans n’importe quel plan, de présenter une vision 3-D des organes, de reconstituer le mouvement du coeur... Le radiologue examine minutieusement toutes ces images, sélectionne et imprime celles qui sont importantes. Elles sont transmises avec un enregistrement de l’ensemble des données numériques sur CD-ROM voire sur DVD. Il est ainsi possible de reconstituer ultérieurement n’importe quelle analyse. Une autre merveille est l’endoscopie virtuelle : ces mêmes données obtenues dans des conditions adéquates permettent de voyager virtuellement dans les intestins sans réaliser d’acte traumatisant.444 3 Angiographie abdominale sous scanner avec reconstruction 3D 3 Scanner thoracique. Recherche d’embolie pulmonaire. Reconstruction coronale Avantages du scanner Il « découpe » le corps du patient en une suite d’innombrables images qui détaillent chaque élément : peau, os sous-jacent, cerveau à l’intérieur de la boîte crânienne, organes, vaisseaux, intestins, trachée... Il voit les cavités et permet aussi, par exemple, une bronchoscopie virtuelle non invasive. Grâce à l’injection de produits de contraste, il montre les vaisseaux et le coeur. Il est devenu l’outil standard pour la détection de l’embolie pulmonaire et permet ainsi d’éviter de nombreuses angiographies. Pourquoi le nouveau scanner de La Tour ? • Rapidité de la prise de vue (pendant laquelle il ne faut ni bouger, ni respirer) et confort accru pour le patient. • Réduction des problèmes dus aux mouvements du patient • Finesse des coupes (0,7 à 1,5 mm) qui permet de recomposer des vues dans d’autres plans pratiquement sans perte de qualité. • Reconstructions 3-D, analyses avancées des images... La Tour Info n° 2 – Mai 2004 07 IRM (Imagerie par résonance magnétique) L’hôpital de La Tour s’est doté d’un appareil en 1992 : onze années d’excellent service grâce aux mises à niveau technique régulières. Le nouvel appareil ne reprend aucun élément du précédent puisque l’aimant supraconducteur, pièce maîtresse du système, a été également remplacé. Il atteint maintenant un champ magnétique de 1,5 Tesla (30.000 fois plus intense que le champ magnétique terrestre). Il dispose également de bobines de gradient de hautes performances (ce qui produit le bruit caractéristique de l’appareil IRM), autorisant les techniques IRM les plus récentes. Les antennes et l’informatique sont également au top, l’ensemble permettant des examens rapides et très précis. Scanner et IRM, deux techniques qui permettent d’obtenir d’excellentes informations morphologiques et fonctionnelles ; l’IRM est incapable de « voir » le calcium, un des composants essentiels des os, tandis que c’est le point fort du scanner. L’IRM excelle dans l’imagerie du cerveau, des articulations ou pour évaluer le muscle cardiaque. Le scanner montre actuellement mieux les artères coronaires, mais tout évolue vite. Dans la plupart des cas, le scanner reste l’examen de première ligne pour le thorax et l’abdomen, et il permet notamment diverses interventions : ponction pour prélèvement, injection ciblée de médicaments anti-inflammatoires ou anti-douleurs, évacuation d’épanchements ou d’abcès. Il ne souffre pas des limitations du champ magnétique qui peut détruire un stimulateur cardiaque ou déplacer certains implants métalliques anciens. Les deux systèmes ne sont donc pas en compétition, mais apportent une inestimable complémentarité. Propos recueillis auprès du Dr Hermann Hauser, radiologue Angiographie abdominale sous IRM 6 Angiographie 6 cérébrale sous IRM Epaule droite. Arthrographie sous scanner avec reconstruction 3D 4 Scanner lombaire. 4 Reconstruction 3D en saggital. Fracture 3ème lombaire Parlons tarifs ! Présumée bien intentionnée à l’égard du porte-monnaie des patients, des caissesmaladie et de certains médecins, la nouvelle tarification TarMed n’en multiplie pas moins les drôleries ubuesques. Ainsi, certaines interventions telles que ponctions guidées par scanner sont tarifées à un niveau qu’un bon artisan dénoncerait avec un mépris apitoyé. L’aiguille coûte plus cher que le spécialiste, lequel devrait réaliser une centaine d’interventions de ce type pour payer simplement son assurance en responsabilité civile. Le tarif du scanner a, par exemple, chuté de près de moitié. TarMed contient ainsi de nombreuses erreurs de conception qui touchent notamment la radiologie, une discipline reconnue officiellement comme menacée. Or la procédure de correction entamée au plan fédéral prend plusieurs années... La Fédération des médecins suisses et les assureurs sont donc convenus d’une correction d’urgence pour éviter que nombre de cabinets de radiologie ne déposent leur bilan, mais ils n’ont pas prévu de l’appliquer aux hôpitaux privés ou publics qui seraient assez riches pour supporter une activité déficitaire ! Autant dire qu’avec ce raisonnement, le secteur privé devra peu à peu abandonner tous les domaines déficitaires. Encore un transfert vers les hôpitaux publics surchargés et déficitaires... aux frais du contribuable. 08 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Laser pour embellir Dermatologie Epilation au laser Comment éloigner durablement les poils foncés indésirables ? Aucune des techniques traditionnelles (rasoirs, pince à épiler, cire, crèmes dépilatoires) ne permet d’envisager une épilation de longue durée. L’épilation à l’aiguille expose au risque d’infections, nécessite d’innombrables séances et les résultats dépendent beaucoup de l’habileté de l’exécutant. La meilleure solution pour une épilation de longue durée est sans conteste le laser. Chaque traitement apporte un confort épilatoire de 2 à 3 mois. Lorsque les poils sont très foncés, 5 à 8 séances réparties sur 2 à 3 ans permettent de viser une réduction pilaire d’environ 90%. Les poils restants sont miniaturisés (duvet). Visage, aisselles, bras, ventre, dos, bikini, jambes et cuisses constituent les sites les plus fréquemment traités. L’épilation a longtemps été une démarche plutôt féminine : elle intéresse désormais aussi de plus en plus les hommes ! L e laser est un outil précieux pour le dermatologue. Il lui permet de traiter les problèmes médicaux et esthétiques de façon inégalée par les autres techniques. Depuis la fin 2000, sous l’impulsion de deux dermatologues, les Dr J. Krischer et M. Pechère, l’hôpital de La Tour s’est doté d’un Centre Laser Dermatologique. Ce centre d’excellence est utilisé par une équipe de sept dermatologues qui ont à leur disposition toute une panoplie de lasers. Trois grandes familles de problèmes sont prises en charge. La première traite les problèmes vasculaires tels que la couperose et les angiomes. La seconde concerne les troubles pigmentaires (tels que les taches de « vieillesse » (lentigines) et enlève les tatouages. Enfin, la structure est également équipée de plusieurs lasers destinés à l’épilation de longue durée. Ces soins dermatologiques sophistiqués se font sous la responsabilité de spécialistes de la peau. Ceux-ci sont particulièrement à même de poser les bonnes indications ou de mettre en garde en cas de contre-indications au laser, afin de garantir une efficacité optimale tout en ne faisant pas courir de risques aux patients. Réservé autrefois à une clientèle aisée, l’accès aux lasers est désormais possible pour tout un chacun ! >> Avant Après >> La Tour Info n° 2 – Mai 2004 09 Dermatologie Peu de bronzages, peu de dommages J e vais m’asseoir parmi les Dieux dans le soleil », écrivait Leconte de Lisle. Poétique, mais téméraire intention ! Conseillé sans réserve aux dieux, l’astre du jour l’est également aux pauvres mortels, mais à faibles doses. Notre poète ne craignait ni les allergies, ni les cancers imputables aux rayons UV. Chacun de nous vient au monde avec un « capital solaire », une capacité personnelle à emmagasiner les conséquences de l’impitoyable lumière. « Emmagasiner », car la peau n’oublie aucun des bronzages subis tout au long de l’existence. Leurs effets nocifs sont cumulatifs. Sachons donc nous économiser ; sachons surtout protéger nos enfants, vulnérables par leur goût du plein air et du plein soleil. Selon leur phototype (peau claire ou mate, par exemple) ils peuvent consommer dès leur jeune âge le potentiel accordé par Mère Nature pour toute leur vie. Alors, peu d’expositions entre 11 heures et 16 heures, des jeux à l’ombre, un T-shirt, un chapeau et des lunettes. Trois cancers de la peau en quatre mots Le premier mot : prévention, donc précautions. Ne pas jouer avec le feu en jouant abusivement au lézard. Ensuite trois noms pour les trois types de cancers cutanés. En tête, le mélanome malin, le moins fréquent mais le plus redouté, en augmentation progressive chez les jeunes. Pigmenté, il ressemble à un grain de beauté. Soyons attentifs à l’apparition inopinée de cet étranger couleur café sur notre peau. Exceptionnel avant la puberté, le mélanome malin se manifeste en général dans la maturité — âge moyen : 48 ans. Les deux autres cancers cutanés portent des nom plus barbares, bien qu’ils mettent rarement nos jours en danger : carcinome spinocellulaire et carcinome basocellulaire. Pour ces trois indésirables, une seule solution : la chirurgie. Pour le premier : au plus tôt ! Mais les crèmes direz-vous ? Il ne faut pas les oublier, et même privilégier les indices à partir de 15. Sachons cependant qu’elles n’ont pas fait chuter le nombre de cancers attribués à l’excès de soleil. Pourquoi ? En raison même de leur efficacité, qui nous pousse à de plus longues expositions. Autres dommages de plus en plus fréquents à mesure que l’âge avance : les allergies solaires. Certes, elles ne tuent personne, mais elles en empoisonnent beaucoup. Comment les reconnaître ? Comment s’en prémunir et les traiter ? Avant de vous gratter, lisez l'article de la page suivante. 10 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Allergies I solaires Allergie Désensibilisation: la solution sensée Paradoxe : au cours de l’existence, les expositions au soleil sensibilisent ; au cours de la belle saison, elles semblent désensibiliser temporairement. Les personnes sujettes aux allergies solaires voient souvent leurs crises diminuer tandis que l’été avance. Alors, pourquoi ne pas anticiper en prévision des beaux jours ? Surtout, ne répétons pas la fable de l’ours et du dormeur par une descente immodérée et catastrophique au solarium ! De la mesure ! Dans une cabine spéciale, le dermatologue va entreprendre une photothérapie aux rayons ultraviolets sur tout le corps, de durée et d’intensité progressive sur 3-4 semaines (10 à 15 séances). Et vous voilà mieux armé pour la grand-messe des vacances et votre communion avec le dieu Soleil — communion toujours circonspecte, souvenons-nous ! l est devenu très bien porté d’être allergique à certaines choses — pollen, chats, compote, pénicilline — qu’on se contentait autrefois de ne pouvoir supporter. » Si Pierre Daninos avait souffert de véritable allergie solaire, gageons qu’il ne l’aurait pas bien porté ni supporté. Ne lui en déplaise, le front des allergie ne fait que s’élargir. Parmi elles, au moins deux formes imputables à l’exposition au soleil : l’urticaire solaire et la lucite. Comme pour beaucoup d’allergies, la sensibilisation est progressive. Rares chez l’enfant, elles peuvent apparaître à l’adolescence. L’urticaire se manifeste dès le début de l’exposition pour former des petites plaques rouges et gonflées, qui ne sont pas sans rappeler les piqûres d’orties, rappel fâcheusement confirmé par de vives démangeaisons. Moins prompte, mais également désagréable, la lucite attend en général la fin de la journée. Elle affecte surtout le décolleté, les avant-bras, le haut des cuisses, et se manifeste par une multitude de petits boutons rouges et rapprochés, des « papules confluantes ». Les poussées de lucite se traitent par une crème à base de cortisone et l’urticaire solaire par des antihistaminiques oraux. Le meilleur traitement reste toutefois la prévention (exposition progressive au soleil) éventuellement associé à des comprimés à base de carotabène. Dans les cas rebelles où une « désensibilisation » n’est pas possible, certains antimalariques (qui se révèlent photoprotecteurs) peuvent être prescrits. Mais avant de faire donner l’artillerie lourde, pourquoi ne pas essayer la désensibilisation ? Propos recueillis auprès du docteur Claudia Ricci, dermatologue au Centre Médical de Meyrin (membre du Groupe La Tour) Important à retenir : • Catastrophe à crédit ! L’addition se paye 20 ou 30 ans plus tard. • La peau des enfants est particulièrement fragile. • Une peau bronzée ne protège pas complètement contre la nocivité des UV. • Béta-carotène et pièges à radicaux libres… les pilules préparatrices n’ont pas démontré d’action protectrice. • Cabines et lampes à ultraviolets : pas d’effet protecteur. La Tour Info n° 2 – Mai 2004 À vos souhaits ! » Cynique politesse pour saluer nos éternuements. Préférons le plus laconique et moins ironique « Santé ! » qui prévaut en Suisse romande. Il sait faire référence à un état perfectible. Le souhait était-il plus efficace au début du siècle dernier ? 5% de la population souffrait du rhume des foins ; aujourd’hui : 20%. Notre “excès“ récent d’hygiène pourrait avoir déboussolé un système immunitaire qui balance entre infections et allergies. Par souci d’insensibilisation naturelle, certains allergologues conseillent donc d’exposer nos enfants aux contacts de la crèche et à celui d’un animal domestique, dont les endotoxines devraient les armer pour la vie. D’autres assurent que « tout est réglé d’avance » sur le terrain de la prédisposition génétique, terrain que l’environnement et l’alimentation modernes viennent fertiliser d’abondance. Voici le printemps ; vous toussez et larmoyez à n’en plus finir; le nez et les yeux vous piquent. La crise est-elle inaugurale ? L’allergologue confirmera ou infirmera votre soupçon et vous soignera en conséquence. Êtes-vous déjà abonné à ce désagrément ? Vous savez qu’il vous atteindra avec tel ou tel pollen, et que votre anti-histaminique habituel soulagera les symptômes. Si le problème est à la fois récurrent, prolongé et insupportable, il faudra envisager une désensibilisation. Propos recueillis auprès du Dr Sietse Hogendijk, allergologue et immunologue À vos souhaits ! Le rhume des foins nouveau est arrivé Allergie 11 Désensibilisation Votre allergie est devenue intolérable. Il est illogique et peut-être dangereux de persister dans le calvaire. L’allergologue va procéder à une induction expérimentale de votre réaction allergique. Mais qui est le coupable ? Parmi la multitude presque infinie des suspects, il doit désigner l’allergène qui sollicite votre hypersensibilité permanente : ce fameux “état anaphylactique“ d’excessive protection. Les tests cutanés vous soumettent à un large éventail de pollens et allergènes de toutes sortes. La réaction inflammatoire désigne le ou les coupable(s). C’est l’exposition répétée à d’infimes quantités qui a induit votre sensibilité. Paradoxe : l’allergologue va vous administrer sous surveillance une dose « massive » de la protéine responsable. Le traitement des allergies a fait d’énormes progrès, grâce à la purification des protéines. Plus la pharmacopée devient spécifique, plus la désensibilisation est efficace. 12 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Réseau La Tour La Clinique de Carouge C réée en 1972, membre du Groupe La Tour depuis cinq ans, une clinique polyvalente « de proximité », située en plein centre ville, et au bord de l’Arve : 100 collaborateurs et un superbe équipement en constant renouvellement, pour un éventail de soins dont certains réputés lourds. Petite clinique cependant, juste 40 lits, mais plusieurs départements : service d’urgences, bloc opératoire, centre médico-oncologique, centre cardio-pulmonaire, cabinets médicaux pour une quinzaine de praticiens, alors que la clinique en agrée quelque deux cents. Ajoutons l’important centre de radiologie en partenariat avec le CDRC (Centre de Diagnostic Radiologique de Carouge), qui dispose de toutes les techniques avancées : IRM, scanner, scintigraphie, radiologie numérisée, bientôt une deuxième IRM. La Clinique de Carouge se veut beaucoup plus qu’un simple complément de l’hôpital de La Tour. Elle le dédouble pour un large éventail de prestations médicales et chirurgicales. * Positron Emission Tomography – Computer Tomography PONT DE LA FON FO NTENETT E tte C. M erm illod R. Ru e de la An cie n Fo ne nt e ne r utie Va rd r -Gira seph R. Jo Ave nue de la Rue du Gra nd R Qua i Cap o-d'I stria ue Aven e Ru Bo e us Cl la e d rd va ule PONT DE Place de CARO OU UG G GE l'Octroi Rue St-Victor B lv d . des P rromen des Place du Rondeau Place de Augustin s s .d e C aro ug e u rea Bu nc val-Bla u Che Quai d Rte s acia Ac des -Page harles Quai C PONT DES AC CAC A IAS Roseraiaie Clinique de Carouge Rue de Vey rie r Traitement Remicade© Clinique de Carouge, seul centre privé agréé à Genève Mis au point par le laboratoire Essex Chemie de Lucerne, le Remicade© est un médicament utilisé contre des maladies inflammatoires et rhumatoïdes parfois associées, ainsi la maladie de Crohn (variété d’entérite) , la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Bechterew (maladie inflammatoire du squelette), le rhumatisme psoriasique… Son administration s’effectue par perfusion intraveineuse d’une durée de deux heures, suivie de deux heures d’observation. Elle se répète au bout de quelques semaines. Souvent, les médecins spécialistes qui prescrivent le traitement ne sont pas équipés pour la lente perfusion dans un lieu adéquat, puis la phase de surveillance dictée par de rares réactions anaphylactiques. Le laboratoire Essex Chemie a donc choisi dans chaque canton un centre privé de perfusion. Pour Genève, c’est la Clinique de Carouge, appartenant au groupe La Tour. Un médecin interniste y supervise l’exécution du protocole d’injection et intervient en cas de signes allergiques. Le Remicade© et son administration sont remboursés par les caisses maladie. La Tour Info n° 2 – Mai 2004 13 Orthopédie Genou Du saint, au chirurgien L es malheurs du genou ne datent pas d’hier, les spécialistes non plus. Au Ve siècle, le bon saint Genulphe, évêque de Cahors, guérissait le « Mal Saint-Genou », autrement dit la goutte, douloureuse inflammation qui affectionne les articulations. Parmi elles, le genou. Articulation complexe et très sollicitée, à la fois mobile, souple et robuste, le genou est sujet à bien d’autres maux, et il n’est pas notre unique point faible. L’hôpital de La Tour propose donc un éventail complet de soins et interventions orthopédiques pour les différentes articulations, sans oublier le dos ni le volet pédiatrique. N’opérer qu’à moitié ? Loin d’évoquer une intervention bâclée, le titre salue un progrès de la chirurgie prothétique. L’articulation du genou comporte deux compartiments de contact (par l’intermédiaire des ménisques) entre l’épiphyse du fémur et celle du tibia. Parfois, l’usure ou l’arthrose n’affecte qu’un des compartiments. Dans les cas relativement bénins, une réorientation chirurgicale de l’axe du tibia, effectuée à la hauteur de l'épiphyse, va faire porter sur l’autre compartiment le poids du corps. La douleur disparaît et la mobilité revient. Solution radicale : la prothèse unicompartimentale. L’intervention est sans doute plus ardue, s’il se peut, que la pose d’une prothèse complète, mais elle sauve la partie saine du genou et minimise la présence de corps étrangers implantés. 3 Prothèse de genou Les sports modernes ont familiarisé beaucoup d’entre nous avec le tempérament obligeant, mais chatouilleux du genou. Combien de ménisques, ligaments croisés et rotules doivent-ils une deuxième vie à l’art du chirurgien ? Pour certains genoux, même une troisième vie. Malgré l’arthrose, malgré le vieillissement, elle leur sera offerte par une prothèse partielle ou complète, dont la mise en place représente un acte chirurgical délicat. Une grande expérience et beaucoup de pratique régulière sont indispensables. Le chirurgien commence par réséquer (aplatir) partiellement ou totalement le sommet de l’épiphyse (l’extrémité renflée des os longs), tant sur le fémur que le tibia, puis il fixe des implants métalliques arrondis qui remplacent la partie osseuse de l’articulation. Leur conception « press-fit » assure la solidarité avec l’os. Ces implants en haut et en bas ne seront pas en contact direct, mais s’articuleront sur un ménisque de polyéthylène, qui avait autrefois la fâcheuse réputation de s’user vite. Tel n’est plus le cas. Aujourd’hui, la prothèse du genou se révèle sensiblement plus durable que celle de la hanche ; et elle confère à l’opéré une excellente mobilité. Propos recueillis auprès du Dr Burkhard Mathies, chirurgien orthopédiste 14 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Sauver les enfants Actions humanitaires de La Tour Q uatre ou cinq petits bouts de chou, certains d’une maigreur et d’une taille révélatrices de leur détresse physique, d’autres épanouis et dodus. Ce sont les invités de La Tour. Les premiers attendent une intervention, le plus souvent cardiaque, les seconds, déjà opérés, se préparent au retour. Même sévères, la plupart des malformations cardiaques congénitales, telles qu’une communication interventriculaire, sont aujourd’hui parfaitement guérissables, mais elles exigent des moyens chirurgicaux inexistants dans de nombreux pays. Sur place — en Afrique généralement — Terre des Hommes prend en charge les petits malades et se charge du voyage. S’ils ont dépassé l’âge de bambins, ils sont accueillis, avant et après l’opération, dans une maison appartenant à Terre des Hommes. Quant aux bébés et tout jeunes enfants, l’hôpital de La Tour s’en occupe. À titre gracieux, et avec l’aide de la Fondation Gourgas ! Les premières semaines de séjour permettent l’adaptation accompagnée d’un bilan de santé. À l’évidence, l’état cardiaque sera privilégié, mais sans oublier pour autant les affections secondaires éventuelles : en tête, la parasitologie et la recherche d’infections. La reconnaissance précise de la cardiopathie nécessitera plusieurs passages à l’Hôpital Cantonal de Genève. La Fondation Gourgas Les murs du service de Pédiatrie de l’hôpital de La Tour sont garnis des joyeux dessins du monde de l’enfance. Plus discrète, une petite plaque rappelle que l’Institution Gourgas a été créée en 1872 par Hélène Vernet. D’abord installée dans l’éponyme et élégante rue Gourgas, la fondation offrit à Genève son premier hôpital pour enfants ; il devait rester actif plus d’un siè- cle. La fondation prit part à la naissance de l’hôpital de La Tour. En 1976, elle décidait de s’y transporter et d’y fondre une partie de ses activités. C’est ainsi qu’elle participe à l’accueil des enfants malades ou blessés que Terre des Hommes achemine vers Genève. Le financement de la Fondation Gourgas est assuré par des dons privés et des legs. (CCP : 12-688-1) Cependant, l’enfant habite La Tour, où il s’est reconstruit son petit monde. Soulignons la compassion et la tendresse d’une équipe — pédiatres et infirmières — au dévouement quasi parental. Ces pauvres petits, gravement épuisés par la maladie, bouleversés par l’arrachement aux bras maternels, puis par le voyage, enfin par l’environnement étranger, sont confiés à leurs soins et leur amour. Les infirmières et aides-infirmières vont pratiquement se substituer à la mère absente. Après quelques semaines, les enfants subissent aux HUG la chirurgie très particulière que leur cas nécessite. Les journées aux soins intensifs pédiatriques passées, ils retrouvent le calme de l’hôpital de La Tour où ils vont rester en convalescence plusieurs mois. Enfin, le grand jour arrive. Métamorphosés par une santé qu’ils n’avaient jamais connue, ces enfants devenus « comme les autres » retournent dans leur lointaine famille. L’excellent programme de Terres des Hommes assurera le suivi auprès de médecins locaux. Propos recueillis auprès du Dr Laurent Reinhard, pédiatre. La Tour Info n° 2 – Mai 2004 15 Cardiologie R assurez-vous : le cœur battant évoqué dans le titre n’est pas celui du chirurgien — plus serein que jamais — mais du patient. Autrefois, le cœur était réputé presque inopérable pour la simple raison qu’il bat. Révolution voici un demi-siècle: la circulation extra-corporelle. Cœur et poumon artificiels assurent la circulation et l’oxygénation du sang pendant que l’équipe chirurgicale intervient sur le cœur un instant arrêté. Parfaitement maîtrisée, cette technique a permis des centaines de milliers d’opérations. Cependant, le prix de l’appareil et celui des accessoires à usage unique devaient encourager certains chirurgiens d’Amérique latine à explorer une voie plus simple. Pourquoi la circulation extracorporelle pour des interventions qui ne demandent pas d’ouvrir le cœur : un pontage coronarien par exemple ? Ces chirurgiens mirent au point un procédé de stabilisation mécanique de la région d’intervention. L’opération à cœur battant était inventée. Et elle devait essaimer en se perfectionnant. À l’hôpital de La Tour, le Dr Velebit la pratique depuis 1997. Préparation pour une anastomose (abouchement chirurgical de deux conduits, canaux ou cavités) 64 Artère mammaire Artère coronaire Stabilisateur Opérer à cœur battant Sur la zone du myocarde qui va recevoir le greffon artériel, une pièce ressemblant au cadre d’un tout petit tableau est appuyée par une tige, elle-même fixée à l’écarteur. Le chirurgien opère à l’intérieur de ce cadre. Dans sa fenêtre, le muscle cardiaque apparaît presque immobile, alors qu’il bat résolument à l’extérieur de celle-ci. Les yeux chaussés d’une loupe binoculaire, le chirurgien peut accomplir sa routine d’horloger, raccorder les artères du myocarde au greffon, par exemple l’artère mammaire prélevée non loin du cœur. Ce travail terminé, le cadre s’ouvre pour libérer le champ opératoire intérieur. Élémentaire, mon cher docteur, serions-nous tentés de conclure, si cette simplicité ne couronnait une chaîne de petits miracles cumulatifs. Moins coûteuse, la technique est également plus rapide et, par conséquent, mieux tolérée. Elle n’exige plus de canules dans de gros vaisseaux. Résultat : bien des risques sont évités. Enfin, la récupération post-opératoire est bien plus rapide. Propos recueillis auprès du Dr Vladimir Velebit, chirurgien 16 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Dossier synapse Tous ensemble contre la douleur F ace à la douleur, la médecine n’est plus désarmée. Chacun connaît l’action remarquable menée par « Ensemble contre la douleur » et la « Ligue Suisse contre le Cancer ». L’hôpital de La Tour prend aussi une part militante au front contre la douleur avec son propre réseau : le « Groupe Synapse ». Les médecins qui l’encadrent et les infirmières et infirmiers qui exercent dans différentes unités “pilotes“ : chirurgie, médecine, soins intensifs et pédiatrie, sont le reflet de l’indispensable approche pluridisciplinaire d’un très vaste problème. Si l’évaluation de la douleur tolère la subjectivité, son combat se veut fonctionnel et mesurable. Un véritable label de qualité, accordé après audit par un organisme extérieur indépendant — la Ligue Suisse contre le Cancer — certifie les moyens, les méthodes et la valeur du travail de Synapse. Un journal contre la douleur Echelle visuelle analogique (EVA) 6 La communication est importante ! Dans "Synapse", journal publié par l’hôpital de La Tour, médecins spécialistes et infirmiers donnent des informations de première main sur les associations internationales et nationales, le groupe Synapse, la morphine, les coanalgésiques et les traitements interventionnels, sans oublier les événements, les cas vécus et même les petits « trucs » souvent très utiles face à la souffrance. Mais qu’est-ce que la douleur ? Comment l’évaluer ? Comment se sensibiliser à celle d’autrui ? Comment lutter? Une formation spécifique et beaucoup d’expériences partagées fournissent les réponses. Seul le patient peut exprimer son niveau de souffrance et d’anxiété (car la douleur est souvent anxiogène), mais sa sensibilité personnelle, son appartenance sociale ou culturelle et même sa pudeur en altèrent l’appréciation. Chacun reçoit un dossier spécifique qui comprend une sorte d’outil : une simple réglette graduée de 1 à 10. Elle permet d’illustrer l’évolution comparative au jour le jour et de la reporter sur un tableau. Le personnel soignant intervient alors en conséquence par l’administration dosée d’analgésiques . La médecine dispose aujourd’hui de tout un éventail de « coanalgésiques » aux effets souvent bien ciblés. Propos recueillis auprès du Dr Nadji Abbas-Terki La Tour Info n° 2 – Mai 2004 17 Dossier synapse Douloureux préjugés > la douleur a-t-elle un sens ? Notre journal Synapse rapporte les propos de Claudine Godat : « La douleur chronique peut être soulagée dans neuf cas sur dix. C’est prouvé par de nombreuses études scientifiques. On appréhende souvent le phénomène [de la douleur] à travers le filtre de croyances et de préjugés plus ou moins conscients. La douleur a-t-elle un sens ? Est-elle même rédemptrice ?… » Rejoignons plutôt Henri Laborit lorsqu’il écrit : « En ce qui concerne la douleur, je ne puis me convaincre qu’elle élève, et les hommes que j’ai vus souffrir m’ont toujours paru enfermés dans leur douleur et non point ouverts sur des vues cosmiques. Si la douleur élève, je voudrais savoir vers quoi ». > La morphine, fausse drogue, médicament authentique ! Groupe Synapse 5 Un autre préjugé récurrent est celui attaché à la morphine. Le Dr Abbas-Terki consacre un long article à son véritable usage médical : « La morphine est classée par la loi dans la catégorie des stupéfiants. Or cette substance est introuvable sur le marché noir : les consommateurs de stupéfiants (toxicomanes) n’en veulent pas ! » 6 Analgésie Controlée par le Patient (PCA) La douleur des enfants Pourquoi Synapse ? Il est inadmissible de laisser souffrir quiconque, mais que dire des enfants ? Comme leurs aînés, ils reçoivent un petit dossier qui mêle les documents explicatifs simples et les documents interrogatifs. Ainsi une silhouette identifiable (fille ou garçon) sur laquelle l’enfant peut localiser par coloriage d’une suite de visages qui expriment la douleur qu’il ressent, et la zone douloureuse. Les crayons de couleur ne manquent pas dans le petit dossier. Grand chirurgien et professeur au Collège de France, René Leriche disait : « L’étude de la douleur conduit à une médecine humaine en tous ses gestes. » L’utilité du réseau Synapse ne fait aucun doute, mais pourquoi ce nom ? Une synapse est une région de contact entre deux neurones. Elle transmet l’information douleur, comme l’information soulagement. Le Groupe Synapse se veut source d’information et lien entre les diverses unités concernées à l’hôpital de La Tour, pour multiplier les actions contre la douleur. 18 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Dossier synapse S oignant à l’hôpital de La Tour, Dominique Mathieu nous dit : « Faire face à la douleur ! C’est le devoir et l’astreinte quotidienne du soignant. Quelle douleur ? Comment évaluer un phénomène aussi subjectif et insaisissable ? Aucune douleur ne ressemble à l’autre. Sans jamais prétendre à la science exacte, nous savons mener un combat qui assure au patient écoute et soulagement. » La Douleur, obsession du soignant « La douleur constitue un signal d’alerte, mais une fois la cause identifiée, il faut combattre le signal. Dans plus de 95% des cas, nous y parvenons : l’apaisement est satisfaisant, souvent total ; il garde au patient son autonomie et lui assure un certain bien-être. Restent les 5% rebelles, qui vont mobiliser une attention plus vigilante encore. Jamais le patient douloureux ne doit éprouver d’abandon. Approche de haute valeur, la relation soignant-soigné implique une écoute sans jugement, un investissement sans réserves, une communication sans non-dits, une énergie sans fléchissement… mais aussi une ambition marquée d’humilité. Tout le personnel soignant partage le désir permanent de s’améliorer encore et toujours pour le bénéfice du patient. » Un travail récompensé 4 mars 2004 : Le Dr Peter Mueller, responsable du programme antidouleur de la Ligue suisse contre le cancer, a remis à l’hôpital de La Tour une attestation qui souligne la haute qualité de sa prise en charge des malades souffrant de douleurs. L’hôpital de La Tour est la dixième institution suisse à être ainsi distinguée. La Tour Info n° 2 – Mai 2004 19 Diabètologie « Blanc, pur et mortel. » Consacré aux méfaits du sucre, un livre américain porte ce titre provocateur. Toute bonne histoire voulant son bon méchant, le voici désigné ; mais dans l’actuelle inflation des affections dues au diabète, il n’est pas le seul coupable. A le diabète de la maturité s’en prend aux jeunes ujourd’hui à La Tour, comme partout, l’essentiel des consultations en diabétologie intéresse le diabète dit de type 2, non-insulinodépendant. Autrefois surnommé « diabète gras », il apparaît en général vers la quarantaine chez les heureux habitants des pays florissants. Le régime riche en graisses et en toutes sortes de bonnes choses favorise les surcharges pondérales et les tempéraments pléthoriques. Ajoutez la sédentarité ! Les États-Unis sont particulièrement frappés, ainsi que la Russie, qui connaît une véritable explosion. Quant à la Suisse, elle talonne. Diabète de la maturité, le type 2 frappe 20% de la population âgée… mais le voici qui rajeunit ! Il inquiète désormais beaucoup de trentenaires parfois un peu enveloppés. On le voit même en pédiatrie. Bonne nouvelle: le traitement ne recourt pas forcément à l’insuline, mais à des médicaments. Cependant, la moitié des cas aboutit un jour ou l’autre à l’insuline. Reste l’indispensable action du régime alimentaire. Fixé par les diabétologues de l’hôpital de La Tour, il est mis en place par son service de diététique, dont le rôle persuasif et pédagogique doit être souligné. Propos recueillis auprès du Dr Alain Pernet, diabétologue 6 Trousse moderne pour diabétique Insuline sans l’aiguille Le diabète est un problème chronique, donc ambulatoire. Composée de deux médecins diabétologues, d’une infirmière spécialisée et d’une diététicienne, l’unité de Diabétologie de l’hôpital de La Tour va le diagnostiquer et mettre en place la routine du traitement. Le diabète de type 1, le plus rare, apparaît plus volontiers dans le jeune âge, en général brutalement. Le traitement recourt impérativement à des injections quotidiennes d’insuline, dont le dosage est ajusté selon la mesure de la glycémie. L’insuline exogène est aujourd’hui bien tolérée grâce à ses caractéristiques humaines ; elle en est redevable au génie génétique. De nouveaux produits — les analogues de l’insuline — permettent de piloter une action qui peut être immédiate (à l’occasion d’un repas) ou étalée dans le temps pour favoriser la régularité. Des recherches en cours tendent à libérer le patient de la contrainte des injections. Elles visent à terme la voie orale, nasale, bronchique ou transcutanée. Autre direction prometteuse : les greffes. Celles du pancréas entier impliquent la lourde obligation d’une immunosuppression constante. L’avenir semble privilégier les greffes de cellules productrices d’insuline, dérivées de cellules souches ou de cellules embryonnaires. Implantées dans une veine du foie par un cathéter, elles formeront des d’îlots générateurs d’insuline. Grand espoir et optimisme fondé ! 20 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Chiffres Clés Clinique de Carouge Nombre d'admissions La Tour 9'000 8'000 Seules les admissions d’une durée supérieure à la journée sont considérées dans ce tableau. Il ignore donc les admissions d'un jour. 7'000 6'000 La saturation de 1999 et 2000 a été suivie d’une période plus calme qui reflète la diminution du nombre des personnes assurées en régime privé. L’hôpital de La Tour l’a mise a profit pour investir dans un aménagement « hôtelier » important. Le nombre de chambres à un ou deux lits a été augmenté pour améliorer encore le confort. 5'000 4'000 3'000 2'000 1'000 0 Admissions 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Hospitalisations de jour La baisse des admissions a été compensée par une augmentation des hospitalisations d'un jour, et surtout, de la chirurgie ambulatoire. Cet effet positif de l’hospitalisation d’un jour risque cependant de se voir sévèrement affecté par la nouvelle tarification TarMed. Il faut souligner l’appoint de la Clinique de Carouge qui a rejoint le groupe La Tour en 1999. Nombre d'hospitalisations de jour Clinique de Carouge La Tour 6'000 5'500 5'000 4'500 4'000 3'500 3'000 2'500 2'000 1'500 1'000 500 0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 21 Durée moyenne de séjour Après des années de ralentissement, qu’il faut mettre au crédit des techniques opératoires de moins en moins invasives, la durée de séjour marque une légère hausse, due sans doute à l’augmentation des cas complexes. Ils peuvent allonger les passages aux soins intensifs et soins continus. Nombre de naissances Durées moyennes de séjours en jours Durées moyennes de séjours en jours Clinique de Carouge La Tour 7 7 6 6 5 5 4 4 3 3 2 2 1 1 0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 0 1999 2000 2001 2002 2003 La Tour 1'000 900 800 700 Naissances 600 500 400 300 200 100 0 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 8'000 Nombre total de chirurgies Clinique de Carouge La Tour 7'000 6'000 5'000 Interventions chirurgicales Nette stabilité du nombre d’interventions. Une analyse fine révèle une augmentation des cas traités en chirurgie ambulatoire, mais cette tendance va sensiblement fléchir à cause de la tarification TarMed. 4'000 3'000 2'000 1'000 0 Plusieurs facteurs expliquent la baisse régulière du nombre d’accouchements. En tête, la diminution des assurances complémentaires due à la très sensible augmentation de l'assurance de base. Ensuite, l'ouverture de deux nouveaux services de maternité, l'un à l'Hôpital Cantonal de Genève et l'autre à la Clinique Générale Beaulieu. 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 22 La Tour Info n° 2 – Mai 2004 Chiffre d’affaires Chiffre d’affaires total >hospitalier du réseau Augmentation modérée et régulière du chiffre d’affaires du secteur hospitalier, que l’acquisition de la clinique de Carouge en 1999 est venue encore accentuer. Depuis 2001, le chiffre d'affaires s'est stabilisé en raison du gel de certains tarifs. > Chiffre d’affaires « ambulatoire et hospitalisation de jour » Chiffre d'affaires total (revenu net) en millions de fr. 160 Chiffre d'affaires ambulatoire et hospitalisation de jour Chiffre d'affaires hospitalier du réseau 140 120 100 80 60 40 20 0 Salaires & charges sociales Frais fixes 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 ±60% ±8% ±13% ±19% Autres charges Médicaments & matériel médical Salaires et charges sociales + honoraires en millions de fr. Réseau La Tour Genève 100 90 80 70 Dans tout établissement hospitalier, la charge du personnel vient en tête, suivie par les médicaments et le matériel, qui ont subi de fortes augmentations. 60 50 40 30 20 10 0 Salaires et charges sociales 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Les salaires et charges sociales, auxquels sont rajoutés les honoraires versés aux médecins, ont augmenté très régulièrement. Dès 1999, ils incluent les chiffres de la Clinique de Carouge. A partir de 2002 seulement, la charge salariale a pu être légèrement diminuée par la réduction des postes de travail. La Tour Info n° 2 – Mai 2004 23 Coût des médicaments et du matériel médical La hausse des prix au cours de la période 1995-2001 a été suivie d’une stabilité relative. Dès 1999, les chiffres de la Clinique de Carouge s'ajoutent à ceux de l’Hôpital de La Tour. Actuellement, l’augmentation régulière des produits pharmaceutiques est accentuée par l’apparition de nouvelles molécules. La récente réglementation entraîne une généralisation du matériel à usage unique, ce qui augmente automatiquement les coûts. Coût des médicaments et du matériel médical en millions de fr. Réseau La Tour Genève 27 25 23 21 19 17 15 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 Investissements A chaque année son grand projet: > Le Bloc opératoire était déjà inclus dans l’ambitieux plan de développement des années 2000. > L’imagerie médicale a vu l’installation d’un nouveau scanner et d’une IRM en 2003, afin d’encore et toujours améliorer la précision des diagnostics. > Maternité : un projet de renouvellement et développement pour 2004. > Routine : renouvellement régulier des équipements existants. 16 Investissements en millions de fr. 14 12 10 8 6 Routine 4 Bloc opératoire Scan + IRM 2 0 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 Maternité Av. J.D. Maillard 3 1217 Meyrin/Genève T: +41 (0)22 719 61 11 F: +41 (0)22 719 61 12 Urgences 24/24: T: +41 (0)22 719 60 00 Av. Cardinal Mermillod 1 1227 Carouge T: +41 (0)22 309 45 45 Urgences: T: +41 (0)22 309 46 46 Promenade des Artisans 24 1217 Meyrin/Genève Tél: +41 (0)22 719 74 00 Urgences: Tél: +41 (0)22 719 74 00 www.latour.ch Anesthésiologie Angiographie Angiologie Allergologie Cardiologie Réadaptation cardio-vasculaire Chirurgie prothétique Chirugie endoscopique Chirurgie Générale Chirurgie ophtalmologique Chirurgie des voies digestives Chirugie de la main Chirugie plastique & constructive Clinique du dos Centre laser dermatologique Dermatologie Diabétologie Ecole du dos Ergothérapie Gastro-entérologie Gynécologie/Obstétrique Hémodialyse Imagerie médicale (CT/IRM) Laboratoire d’analyses médicales Laboratoire d’électrophysiologie cardiaque Lithotripsie Médecine nucléaire Médecine interne Médecine du sport Neurochirurgie Néonatologie Oncologie Ophtalmologie O.R.L. 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