La morphine - Douleurs Sans Frontières

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Pharmacologie des antalgiques du palier 3
La Morphine et les opioïdes forts
DU Prise en Charge de la Douleur
Université de l’Etat d’Haïti
Janvier 2016
Dr Marie-Thérèse de Kergariou
anesthésiste-réanimateur
DSF
Le Plan
Présentation des opiacés
Rappel des mécanismes d’action des opiacés
La morphine
les propriétés pharmacologiques
les principaux effets indésirables
l’utilisation
indications
présentations
règles de mise en place et de surveillance d’un traitement
Les autres agonistes
palier 2 codéine et Tramadol
palier 3 fentanyl, pethidine, hydromorphone, oxycodone, methadone
Les agonistes partiels
buprémorphine, nalbuphine, nalorphine
Les antagonistes
naloxone, methylnaltrexone
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Les alcaloïdes du Pavot ont pour chef de file la morphine.
On les appelle opiacés, opioïdes ou morphiniques.
Ce sont : la morphine, la codéine, la thébaïne.
On peut classer les morphiniques
selon leur origine:
naturels : morphine, codéine
synthétiques : méthadone, péthidine, fentanyl et alfenta , sufenta,
remifenta, hydromorphone, oxycodone.
selon leur action sur les récepteurs :
les agonistes purs : morphine, péthidine , fentanyl, sufentanyl,alfentanyl,
hydromorphone, oxycodone.
les agonistes antagonistes: pentazocine, nalbuphine
les agonistes partiels:
buprénorphine , nalorphine
les antagonistes : naloxone
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Rappel des mécanismes d’action des morphiniques:
La théorie des récepteurs:
Les récepteurs sont des macro molécules. Les substances agonistes ou
antagonistes capables de se lier avec les récepteurs sont appelés les ligands
de ce récepteur.
Selon l’affinité pour les récepteurs un nombre de molécules plus ou moins
grand sera fixé induisant l’effet pharmacologique.
L’affinité pour un récepteur est la facilité avec laquelle une substance se lie
au récepteur.
La puissance d’une substance est la mesure de la relation entre le nombre de
molécules fixées par rapport à la quantité totale de molécules administrées.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Les différents types de récepteurs:
On distingue plusieurs types de récepteurs aux opioïdes :
mu, kappa et delta
La stimulation des différents récepteurs est responsable de différents
effets. A chaque récepteur correspond une ou des réponses d’effets
spécifiques. Exemple mu, delta, kappa
Les médicaments qui stimulent les récepteurs peuvent être des agonistes
purs, des agonistes-antagonistes, agonistes partiels et antagonistes purs
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
R écep teur s
Effets des différents
µ
Agon ist e
E ffets
typ e
P h ar m a cologiq ues
morphine
E ffet a ntin ocicept if µ1
récepteurs opioides
mu µ
delta ∂
kappa k
Dépr ession re sp ir atoir e µ2
Br ad ycar die
M yosis
∂
Enképhalines
E ffet a ntin ocicept if
E ffets com po r tem ent aux
(eup h or ie, con vulsion s)
k
Benzomorphane
E ffet a ntin ocicept if
Dynorphines
E ffets end ocr in es
E ffets com po r tement aux
(sédat ion)
Généralités
Morphiniques
Agonistes purs
Agonistes antagonistes
Morphinomimétiques
Morphine
Codéine
Nalbuphine
Fentanyl
Tramadol
Pentazocine
Hydromorphone
Oxycodone
Agonistes partiels
Antagonistes
Buprénorphine
Naloxone
Nalorphine
Methylnaltrexone
Alfentanil
Sufentanil
Rémifentanil
Péthidine
µ
µ
µ
k
µ
µ
k
L’effet d’un agoniste pur augmente avec la dose jusqu’à ce que les tous les
récepteurs soient occupés.
L’effet antalgique d’un agoniste partiel est moindre.
Un agoniste antagoniste ajouté à un traitement par un agoniste pur diminue son
effet : il devient antagoniste
L’effet d’un antagoniste est nul sur les récepteurs . Il supprime les effets d’un
agoniste
Un médicament peut être agoniste sur un récepteur et antagoniste sur un autre.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
La morphine chef de file des morphiniques
de Morphée : dieu des songes, fils de la nuit et du sommeil dans la mythologie grecque!
Les propriétés pharmacologiques:
A Sur le Système Nerveux Central SNC
action analgésique
selon la dose, vois d’administration, le type de douleur et la sensibilité
individuelle.
Elle agirait sur :
 la prise de conscience de la sensation douloureuse
 la transmission des messages nociceptifs au niveau médullaire «Gate Control »
 le renforcement des contrôles descendants.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
action psycho motrice
 Elle est sédative ou excitatrice selon les doses.
 Elle peut entraîner un effet euphorique voire dysphorique.
 A dose élevée on peut voir apparaitre des hallucinations
chez certains sujets.
 C’est une substance toxicomanogène c’est-à-dire qu’elle peut
entraîner :
tolérance,
dépendance physique
assuétude.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Tolérance, dépendance physique et assuétude
Ces 3 termes correspondent à des phénomènes distincts et ne doivent
pas être confondus.
1/ La tolérance dite aussi accoutumance se définit comme la nécessité
d’augmenter les doses pour obtenir les mêmes effets. Elle s’observe lors
de traitements prolongés mais également lors d’administration aigüe.
Elle peut apparaitre sans dépendance physique ni assuétude. Elle est
prévenue par les « épargneurs morphiniques » et par la « Rotation
d’opioides »
2/ La dépendance physique est un état physiologique . Il se caractérise
par l’apparition d’un sevrage à l’arrêt brutal de l’administration de
morphiniques. Les signes en sont : sueurs, larmoiement, tachycardie puis
crampes, nausées, vomissements et phases d’agitation, angoisses et
agressivité.
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3/ L’assuétude dite aussi addiction est la dépendance physique éprouvée
comme un besoin de compulsion qui pousse le sujet à répéter indéfiniment
l’administration du produit pour en percevoir les effets psychiques et/ou
éviter l’inconfort du sevrage.
C’est la crainte « classique » des médecins, des pharmaciens, des infirmières,
du malade et de sa famille !!!
En fait, quand le morphinique est prescrit de façon appropriée, pour une
douleur évaluée, l’assuétude est quasiment nulle que ce soit pour des douleurs
cancéreuses ou non cancéreuses.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
actions respiratoires
 action dépressive des centres bulbaires qui n’apparait que lors
d’augmentation brutale des doses et/ou lors de surdosage.
 action anti-tussive peu utilisée
 brochonconstriction par libération d’histamine
action sur le centre du vomissement
 à dose faible la morphine stimule le centre: action vomitive
 à dose forte elle déprime le centre: action anti-vomitive
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
B Sur le Système Nerveux Autonome SNA
 Tendance à la bradycardie et à l’hypotension orthostatique
C Sur les muscles lisses : spasme
 Tube digestif : ralentissement du transit et CONSTIPATION :on prescrit
systématiquement un régime fibre et/ou des laxatifs
 Voies biliaires : associer un anti spasmodique lors de l’utilisation de la
morphine pour les coliques hépatiques
 Voies urinaires : le myosis est un bon signe d’imprégnation morphinique
D Effets divers : histamino-libération, hypothermie et diminution du
métabolisme basal.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Les principaux effets indésirables découlent des propriétés :
 Nausées et vomissements répondant aux neuroleptiques
 Constipation qui doit être prévenue systématiquement
 Diminution de la fréquence respiratoire : c’est le meilleur
élément de surveillance. Elle doit rester supérieure à 10 / minute
 Rétention urinaire : il faut systématiquement rechercher un
globe urinaire en particulier chez le sujet non communiquant
 Sédation ou parfois excitation. La confusion, souvent rapportée à
la morphine est quasiment toujours liée à la douleur !
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Les présentations:
à libération normale 4H :
per os, buvable, injectable
à libération prolongée 12H
per os
ampoule 10 mg / 1 ml
La titration : c’est la détermination de la dose qu’il faut à un patient donné .
Elle se pratique avec des formes à libération Normale que l’on administre
toutes les 4 heures.
Une fois la dose journalière définie on prescrit cette dose journalière en forme
à libération prolongée.
On laisse toujours à disposition du patient une ou plusieurs « dose secours ».
En cas de majoration de la douleur il peut ainsi faire face.
On s’assure toujours de la disponibilité de l’antidote Naloxone.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
On prévient le patient des effets indésirables et on en assure la
prévention.
La dose initiale est en général de 1 mg/ Kg de poids / jour sauf chez le
sujet agé ou insuffisant rénal : 0,5 mg / Kg de poids / jour.
On évalue régulièrement pour s‘assurer de l’efficacité du traitement et
de l’absence d’effets indésirables.
On peut s’aider des co-antalgiques : anti inflammatoires, anxiolytiques,
corticoïdes etc …
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Les autres agonistes
Le palier 2
La codéine métabolisée en morphine et dihydrocodéine
Le tramadol
Le palier 3
le fentanyl utilisé en anesthésiologie et en clinique dans
sa forme transcutanée en patch
300 fois plus puissant que la morphine il a une demi vie longue: le patch est
changé tous les 3 jours.
Il prend le relais après titration et équilibration du traitement.
L’absence de métabolite actif dans les urines en fait un opiacé de choix pour
les insuffisants rénaux.
Le passage transcutané est un atout quand la voie orale n’est plus possible.
Il existe aussi des formes à libération immédiate sublinguale, nasale, gingivale
qui permettent de traiter rapidement les Accès Douloureux Paroxystiques
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
ADP.
La pethidine moins puissant que la morphine.
En cas d’insuffisance rénale les produit l’accumulation d’un
métabolite convulsivant.
L’hydromorphone existe en forme à libération prolongée 12H
L’oxycodone se présente en forme à libération normale 4H et à
libération prolongée 12h
Il n’y a pas de métabolites actifs dans les urines et trouve son
indication chez le sujet agé et l’insuffisant rénal.
La méthadone qui trouve son indication dans le sevrage de
toxicomanies aux opiacés et dans de rares cas d’échappement
thérapeutique aux molécules habituelles.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Palier 3
Morphiniques formes à libération normale LN
Orales délai d’action entre 30 mn et 60 mn pdt 4 h
morphine
4h
Actiskenan*
Oramorph*
oxycodone
4h
Oxynorm*
Dr MTh de Kergariou mai 2015
Palier 3
Morphiniques formes à libération prolongée LP
Orales délai d’action 4h pendant 12 ou 24 h
morphine 12 h
Moscontin*
Skenan*
oxycodone 12 h
Oxycontin*
Transdermique début d’action en 12 h
fentanyl 72 h
Dr MTh de Kergariou mai 2015
Durogésic*
Palier 3
Morphiniques formes à libération immédiate LI
délai d’action 5 à 15 mn pendant 2 h
transmuqueux fentanyl
Abstral* sublingual
Actiq* jugal
Effentora* gingival
Instanyl* nasal
Dr MTh de Kergariou mai 2015
Les Accès Douloureux Paroxystiques ADP correspondent à une augmentation transitoire de la douleur,
survenant sur un fond douloureux stable, chez des patients recevant un traitement opioïde de fond.
Ils sont soit spontanés, soit provoqués par des soins ou des gestes.
Ils concerneraient 60 à 80 % des patients cancéreux.
spontanés
ADP formes LN ou LI
provoqués
Douleur de fond formes LP
Dr MTh de Kergariou mai 2015
Traitement des ADP: Quelles galéniques pour quelles douleurs?
Traitement de la composante
douloureuse du cancer
Titration
Equilibration du traitement de fond
Douleur provoquée par les soins
Traitement de la douleur
de fond
Traitement des accès douloureux
paroxystiques spontanés ou
provoqués
soin, mobilisation etc…
Le Marec C, Béchier JG, Mayeur D.Nouveaux traitements des ADP.
Eurocancer 2010, 23 06 2010. Edition Eurocancer
/John Libbey Eurotext (current contents).
Galénique opioïde la plus adaptée
Morphine à libération
normale
LN
Morphine à libération prolongée
Fentanyl transdermique
LP
Fentanyl à libération
immédiate
LI
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Les agonistes partiels
La buprénorphine est un agoniste partiel.
Moins puissante que la morphine elle est limitée par un « effet plafond » :
l’augmentation des doses n’augmente pas la qualité de l’antalgie.
Elle est utilisée en sublingual comme antalgique.
Plus dosé le Subutex* est proposé comme traitement de substitution aux
toxicomanies par les opiacés.
La nalbuphine n’existe qu’en injectable. En intra rectale elle a un interet chez
l’enfant.
La nalorphine
Antalgique faible chez les sujets n’ayant pas reçu de morphiniques elle est
principalement utilisée pour combattre les effets dépresseurs respiratoires
des morphiniques en cas de surdosage.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Les antagonistes
non analgésiques
La naloxone
antimorphinique pur, puissant agit pendant 30 minutes.
injectable, c’est le traitement d’un surdosage aigüe ( overdose).
La methylnaltrexone
Antagoniste spécifique du ralentissement du transit chez le patient traité
par opiacés.
Indiqué en cas de constipation opiniatre résistante au traitement laxatifs.
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
Produit
Coefficient Estimation de la dose de morphine orale
Codéine
1/6
60 mg de codéine # 10 mg de morphine
Tramadol
1/5
50 mg de tramadol # 10 mg de morphine
Dihydrocodéine
1/3
30 mg de DHC # 10 mg de morphine
Morphine
1
= opioïde étalon
Oxycodone
2
10 mg d’oxycodone # 20 mg de morphine
Fentanyl
50
50 µg/h # 120 mg de morphine Orale par 24 h
Hydromorphone
7,5
4 mg d’hydromorphone # 30 mg de morphine
Nalbuphine
0,5
10 mg de nalbuphine # 20 mg de morphine
Buprénorphine
30
0,2 mg de buprénorphine # 6 mg de morphine
Méthadone
Sufentanil
variable
500
5 mg de méthadone # 10 mg de morphine
50 µg/h # 1200 mg de morphine Orale par 24 h
Dr Mh de Kergariou DSF Janvier 2016
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