C’est dans la tête Dans notre société, la valeur esthétique est donnée aux corps longilignes et élancés, bronzés et musclés de préférence. Dans d’autres cultures, ce sont les rondeurs qui sont préférées chez les femmes. L’image de la femme bien en chair représente alors tout ce qu’il y a de plus féminin et maternel. Enfin, le miroir plan, celui que nous avons dans notre salle de bain, nous donne des informations sur ce que nous voulons bien voir notre corps après les deux filtres précédents. Il existe des écarts plus ou moins grands entre le reflet et le jugement que nous portons sur cette image. L’exemple extrême est sûrement celui de l’anorexie. Une jeune fille dont on peut voir les os sous la peau peut se regarder dans un miroir en disant « Je suis trop grosse ». L’image qu’elle a de son corps est alors totalement déformée. Agir Se regarder autrement Se sentir bien dans son corps relève donc pour une grande part de l’image que l’on se fabrique de soi. Il n’est pas facile de faire changer radicalement cette manière de se regarder, mais il est possible de nous envisager de manière plus positive. En générale, nous n’écoutons pas assez les signaux que nous envoie notre corps. Par exemple, les problèmes de peau ou les tics sont les symptômes psychosomatiques qui nous indiquent que le corps a pris en charge une tension psychique. Commençons donc d’abord par être plus à l’écoute de nos sensations. • À la fin de la journée, allongez-vous et essayez de sentir où se trouvent les contractions accumulées (souvent par des positions soutenues pendant longtemps). Prenez 5 minutes pour masser les endroits de votre corps qui ont ainsi été mis à contribution. • Faites également le compte des moments où votre corps a éprouvé du plaisir. Rire, recevoir la chaleur du soleil ou faire l’amour sont différents moments de plaisir qui permettent au corps de se retrouver. • Les activités sportives peuvent provoquer de la souffrance si elles sont pratiquées à outrance ou de manière inadaptée. Mais choisir un sport du niveau adéquat accompagné de tous les étirements nécessaires peut provoquer une détente importante et d’agréable sensations musculaires. • De nombreuses autres activités comme les activités manuelles procurent du plaisir. Les mains réunissent un grand nombre de terminaisons nerveuses, ainsi modeler de l’argile par exemple, permet de ressentir douceur, chaleur et calme. Se concentrer sur toutes les petites choses agréables au long d’une journée dans le domaine des sensations permet d’inscrire dans le corps des expériences de plaisir et d’induire ainsi une image plus positive. Petit dictionnaire de psychologie Le schéma corporel : il est constitué par l’intégration psychique des différentes parties de notre corps de façon spatiale afin de nous mouvoir. L’image du corps : c’est une image subjective que l’on a de son corps et qui relève de l’inscription des expériences de plaisir et de déplaisir. La petite histoire d’Émilie Il neige dehors et nous demandons à tous les enfants de mettre leur manteau avant de sortir du car qui les emmène à la montagne. Ali, 9 ans, n’écoute pas et tente de sortir sans se vêtir. Je l’attrape au passage doucement mais fermement. Il s’oppose et commence à crier. À la vue de Loïc l’adulte qui apporte le manteau. Ali se met en colère. « Ça va pas, je mettrai pas ça !» « De toute façon, c’est un manteau de fille !» Et il se débat de plus belle. Le problème était bien là : pour Ali, qui était souvent en conflit avec des filles pour mieux afficher sa différence sexuelle, il était insupportable d’affubler son corps d’une marque féminine. Le manteau fut essayé avec joie par Loïc, figure d’identification d’Ali. La mise en scène humoristique donna la possibilité à Ali d’exprimer son angoisse de manière plus adaptée car, comme Loïc, il put jouer à son tour, se vêtir et rester un petit garçon. Le saviezsaviez-vous ? Toulouse Lautrec et le regard vide d’une mère Le célèbre peintre adepte des maisons closes était atteint de priapisme. Sa mère n’accepta jamais sa maladie qui le rendait nain et affublé d’un sexe imposant. Dès sa naissance, malgré l’amour qu’elle lui portait, elle ne pu regarder ce corps infirme. Lautrec écrit lui-même qu’il souffrait du vide du regard de sa mère. Tous les portraits qu’il a peints d’elle montraient deux grands trous noirs à la place des yeux. La fin de sa vie, il la passa dans un hôpital psychiatrique n’ayant pu combler ce vide qui emplissait son corps.