François Rancillac: plus qu`un an au théâtre de L`Aquarium

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François Rancillac: plus qu’un an au théâtre de L’Aquarium
S’il y a quelque chose à admirer, dans l’action du ministère de la Culture, version Aurélie
Filippetti et Fleur Pellerin, c’est le génie qu’elles ont, toutes les deux, de casser ce qui
marche, de briser des élans, de défaire ce que vingt, trente ans ont construit et qu’aucune
décision ministérielle ne saurait reconstruire.
Aujourd’hui, c’est François Rancillac qui est sur la touche. Nommé directeur du théâtre
de l’Aquarium en 2009, il devra rendre le plateau en juin 2016. Donc, il a fait son temps.
D’autres piaffent pour avoir sa place. A moins que cette institution, née il y a 43 ans, dans
l’élan créatif qui embrasa la cartoucherie de Vincennes, ne soit affectée à une autre cause.
François Rancillac fait partie de ces metteurs en scène de talent qui se mettent corps et âme
au service du public et des auteurs, et laissent leur gloire de côté. Il n’est pas gourmand,
et s’il a de l’ambition, c’est pour le théâtre, pour Jean-Luc Lagarce, mis en scène maintes
fois, pour des poètes comme Jean Giono, mais Jean Giono est à l’index, on le sait. Peutêtre aurait-il fallu être plus calculateur…
On dirait que ces dames ne savent pas ce qu’est un artiste. Qu’elles n’imaginent pas qu’un
violoniste meurt sans son violon comme un peintre sans peinture. Combien de metteurs
en scène sont morts pour n’avoir plus d’instrument à leur mesure? Le grand Jacques
Lassalle s’est délité dès qu’il a perdu « son » théâtre. Dans quelques années, qu’en serat-il de Jean-Louis Martinelli, grand serviteur du service public, trop heureux de trouver
refuge dans le secteur privé avec L’Avare? qu’en sera-t-il de François Rancillac?
J’entends la réponse: mais ils partent avec une belle subvention! C’est vrai. Mais il s’agit de
bien autre chose et nous le savons bien. Il s’agit aussi du don de soi. Quelqu’un d’intéressé?
La question reste en suspend.
Laurence Liban
le 26 juin 2015
A l’Aquarium, François Rancillac organise un festival des écoles du théâtre public. Viré !?
Il y a toujours quelque chose de troublant à voir les jeunes
acteurs des écoles jouer leur (s) spectacles(s) de sortie. Ils
viennent de passer trois ans dans le cocon d’une école, les
voilà éjectés, les voici dans le monde du travail. Cela fait
chaud et froid au cœur à la fois, c’est tonique, angoissant,
vertigineux.
puis, je n’ai pas tout vu. L’école de Limoges présentait un
spectacle autour de Sophocle avec des élèves de seconde
année, moins aguerris que les troisièmes années des
autres écoles.
Merci monsieur Rancillac, vous êtes remercié
Pour Magali Léris qui mettait en scène ce spectacle
comme pour tous les autres spectacles d’école signés par
des metteurs en scène dont c’est le métier, l’os à ronger
est le même pour tous : le groupe, la promotion dans
son ensemble, primant sur l’individu. La difficulté est de
trouver des pièces ou des projets qui mettent en scène
l’ensemble de la promo tout en permettant à chacun de
s’exprimer à travers un ou plusieurs personnages. Tout
le théâtre de Sophocle considéré comme une vaste pièce
constitue en la matière un bon client. Le montage que
met en scène Magali oscille bien entre le chœur et les
protagonistes.
On a ressenti cela encore plus fortement à la Cartoucherie
de Vincennes, la semaine dernière. Un jour où l’on
assistait à la présentation de deux spectacles du « Festival
des écoles du théâtre public » au Théâtre de l’aquarium
(qui vient de s’achever), on apprenait que François
Rancillac, l’initiateur de cette manifestation qu’il a mis en
place en arrivant il y a six ans, venait d’être sèchement
remercié par le ministère de la Culture. Au bout de six
ans d’exercice, soit deux mandat de trois ans, alors qu’il
pensait, légitimement, pouvoir en assumer un troisième
et dernier (comme c’est l’usage), developper son projet et
passer tranquillement le relais.
Une fois encore les services du ministère de la culture (que
le gouvernement aille de droite à gauche ou inversement)
ne brillent ni par leur élégance, ni par leur savoir vivre, ni
par leur sens de l’écoute et de la concertation. Les jeunes
acteurs ont pu mesurer la fragilité des choses théâtrales,
les rapports souvent semés d’incompréhension avec
les décideurs. L’équipe de l’Aquarium a réagi avec force
et humour (lire ici), une pétition circule. Au-delà du cas
de la situation de François Rancillac, c’est le théâtre de
l’Aquarium qui est en danger (les projets du ministère
pour le lieu sont, pour le moins, flous). Ce n’est, hélas,
pas le seul établissement attentif au travail des jeunes
compagnies à être en danger. Le théâtre de la Cité
internationale (trois salles) en est un autre, d’une tout au
manière non moins inquiétante. A suivre.
Six écoles nationales étaient présentes au festival de
l’Aquarium : l’école du Nord (liée au théâtre du Nord à
Lille), l’Académie du Limousin (liée au théâtre de l’Union
à Limoges), le CNSAD (conservatoire national supérieur
d’art dramatique de Paris), l’ESAD (école supérieure d’art
dramatique de Paris), et la Manufacture (haute école du
théâtre de Suisse romande, à Lausanne). Chaque école
avait pris en charge ses élèves. L’accompagnement
professionnel des ex élèves se poursuivra quelques années,
via les dispositifs du JTN (Jeune théâtre national, réservé
à certaines écoles) ou d’autres dispositifs particuliers mis
en place par tel ou tel établissement.
En route pour la diversité
Ces écoles à la direction récemment renouvelée, sont à
l’aube d’un possible renouveau. Avec l’arrivée de Claire
Lasne-Darcueil au Conservatoire de Paris, Gildas Milin
à l’école de Montpellier, Christophe Rauck à Lille et
Stanislas Nordey à Strasbourg, pour ne citer que quelques
exemples. L’enjeu est de taille: que les écoles nationales
de théâtre soient, chaque nouvelle promotion un peu plus,
le reflet de la diversité. Y a du boulot.
Comme il semble d’un autre siècle (et, de fait, il l’est), ce
temps où il n’y avait en France qu’une seule école nationale,
celle du Conservatoire de Paris, à l’individualisme
exacerbé, auquel préparaient des cours privés (alors
qu’aujourd’hui certains conservatoires d’arrondissement
à Paris et de région sont très réputés). La création d’une
école au sein du théâtre National de Strasbourg, il y aura
bientôt un demi-siècle, allait inventer un contre-exemple
salvateur et pionnier. Aujourd’hui le nombre d’écoles
nationales dépasse la dizaine, la diversité est là, dans les
structures. C’est un début.
Il serait absurde de vouloir dresser un palmarès ou d’établir
des comparatifs entre les écoles ou les spectacles. Et
De Sophocle à Leslie Kaplan
Deux auteurs ont relevé le gant de ce casse-tête, Leslie
Kaplan et Pascal Rambert. Elise Vigier et Frédérique Loliée,
deux membres très actifs du collectif Les lucioles ont
signé et joué ensemble plusieurs spectacles jubilatoires à
partir de textes de Leslie Kaplan. Cette dernière travaille
à un roman sur la révolution (à paraître comme les autres
aux éditions POL) et c’est tout naturellement que ces trois
femmes complices se sont retrouvées autour de ce thème
pour mettre en scène la promotion sortante de l’école de
Lille.
C’est comme un jeu de société. La matrice de Révolution
française apparaît comme un sac où l’on puise des
mots et des noms clefs qu’il faut mettre en mouvement
autour d’une vague trame induite par le titre « Mathias
et la révolution ». En basse continue : l’envie, le rêve de
changement. De régime, d’attitude, d’horizon. De mots
aussi. Dans ses pièces Leslie Kaplan excelle dans les duos.
La polyphonie c’est comme la peinture à l’huile, c’est plus
difficile. Leslie, Elise et Frédérique e font l’expérience, le
spectacle part joyeusement dans tous les sens et il a le
charme du fourre-tout et du chantier d’un texte en train
de se faire. Les jeunes acteurs ont pu ainsi approcher le
processus d’écriture. Le spectacle a été présenté cinq soirs
au Théâtre du nord mais c’est l’autre spectacle de sortie,
avec les mêmes acteurs, qui est venu à la Cartoucherie.
De Leslie Kaplan à Cyril Teste
C’est une tout autre expérience qui les attendait avec
Cyril Teste et ses caméras. En suivant une chartre très
précise dont ils ont édicté les règles, Cyril et les membres
du collectif MxM font du cinéma en direct. Le temps du
film est celui du filmage, ce qui crée une tension toute
particulière. Le spectateur suit le film sur un écran, tout
en le voyant en train de se faire sur le plateau. Il y a deux
ans, intense souvenir, il avait ainsi créé « Nobody » sur des
textes de Falk Richter avec les élèves sortant de l’école
de Montpellier. Ce spectacle repris et développé cette
année au Printemps des comédiens de Montpellier avec
les mêmes acteurs a provoqué une onde de choc et a été
joliment salué. Le spectacle sera en tournée la saison
prochaine.
C’est à partir de « Punk rock », un texte de l’auteur anglais
Simon Stephens inspiré par un fait divers (un élève fait
une tuerie dans une école, tuant des élèves de sa classe)
que Cyril Teste a travaillé selon les mêmes principes
avec les seize élèves sortants de l’école du Nord. Le
spectacle n’atteint pas la force de « Nobody » mais c’est
une aventure qui marquera le groupe qui va se défaire.
Certains d’entre eux ont déjà créé leur compagnie. C’est
le cas de plusieurs acteurs et actrices très prometteurs
du groupe. Baptiste Dezerces à la tête de la compagnie
« Juste avant la compagnie », de leur côté Arnaud Vrech
et Jeanne Lazar ont fondé cette année la compagnie « Il
faut toujours finir ce qu’on a commencé ». Quant à Haini
Wang (née et formée en Chine), elle s’apprête à signer sa
première mise en scène.
De Rambert à Mishima
A peine sortis de scène, plusieurs jeunes acteurs de l’école
de Lille se sont empressés d’avoir le spectacle suivant venu
de Suisse. Pascal Rambert est allé à Lausanne au bord
du lac voir les élèves de l’école de la Manufacture. Il les
a écoutés, il les a regardés. Parler, bouger, vivre. Et il est
reparti avec les photos de chacun d’entre eux. C’est pour
eux et en pensant à chacun d’entre eux qu’il écrit « Lac ».
Habitude maison : chaque personnage porte le prénom de
l’acteur ou de l’actrice qui l’interprète. Comme on pouvait
s’en douter la pièce célèbre qui se passe au bord d’un lac,
« La mouette » de Tchekhov, s’invite au parloir. Et comme
la pièce de l’auteur russe, celle de Rambert parle souvent
de théâtre. Et pour cause puisque le sujet, c’est groupe
même que forme une promotion de quinze jeunes acteurs
d’une école à l’heure de sa dislocation, de sa clôture.
Le seizième acteur, le plus charismatique d’entre eux,
manque à l’appel. Il a disparu, mort.
Rambert reprend le principe d’écriture de « Clôture
de l’amour » -un affrontement entre des êtres, pas de
dialogues mais une succession de monologues- en
l’amplifiant, passant de 2 à 15. Chacun des quinze va
prendre tout à tour la parole. Un parti pris formel impératif
qui a ses vertus (il met chacun des quinze au pied du mur
et sur un même plan d’égalité) mais tourne aussi au
système. On s’y laisse entraîner malgré tout, toutefois
on sent poindre, dans l’écriture ici un procédé cent fois
remis sur le métier, là une certaine complaisance dans
la volubilité. Dit autrement, il se peut que chacun des
quinze ait inégalement inspiré l’auteur Rambert servi
humblement par le metteur en scène Denis Maillefer.
Cependant dans certains monologues comme celui qu’il
offre à Lola Giouse, Rambert trouve des accents dignes de
« Clôture de l’amour ».
Le CNSAD était la seule école à présenter un spectacle mis
en scène par un jeune élève metteur en scène, Raphaël
Trano de Angelis. Pas si novice que cela puisqu’il signe des
mises en scène depuis 2007. C’est en 2013 qu’il est entré
au Conservatoire en 2e cycle. Le Japon le fascine. Il s’y
rend régulièrement depuis 2005, a travaillé là-bas auprès
de différents maîtres et Zeami est pour lui une bible. Un
cheminement qui devait le conduire à se pencher sur les
« Cinq Nô modernes » de Yukio Mishima. Son choix s’est
porté sur « Aoi no ue » (Dame Aoi) traduit et adapté par
Dominique Palmé, joué essentiellement par des acteurs
professionnels et soutenu par un ensemble musical dirigé
par le compositeur Hacène Labri. Un spectacle présenté
comme un work in progress très prometteur avec en
particulier un impressionnant travail gestuel.
Une telle manifestation où la rencontre prime sur le
palmarès et l’échange sur la rivalité est très précieuse.
François Rancillac est un metteur en scène mais aussi un
directeur ouvert, qui partage sn lieu, et part vaillamment
à la recherche du public (qui a repris le chemin de
l’Aquarium). Et c’est cela qu’on lui reproche !Il ne fait pas
le remercier mais lui dire merci d’avoir mis sur pied ce«
festival des écoles de théâtre public ».
Jean-Pierre Thibaudat
le 30 juin 2015
photo Régis Nardoux
François Rancillac est remercié par le Ministère de la Culture et devrait quitter la direction du
Théâtre de l’Aquarium en juin 2016
Sous l’impulsion de François Rancillac, le Théâtre de l’Aquarium déploie depuis six ans un intense projet en
direction des compagnies, des artistes de théâtre et de musique, des auteurs, des amateurs, des comédiens en
formation, des publics les plus divers et notamment les adolescents. Ce projet (pour lequel F. Rancillac a été
choisi en 2009 par le Ministère de la Culture), qui associe donc au quotidien création et transmission, qui est aussi
fidèle aux valeurs fondatrices de ce lieu historique qu’aux missions de « service public » promues par le Ministère
lui-même, ce projet en plein essor est aujourd’hui remis brutalement en question et sans motifs par les services
de la Direction Générale de la Création Artistique, qui imposent à F. Rancillac de quitter son poste en juin 2016.
Pour quelle suite à l’Aquarium ? Rien n’est bien clair. On évoque d’abord une diminution du subventionnement du
lieu (pourtant déjà tellement insuffisant !) puis sa transformation probable en simple lieu de « fabrique » ou de
résidence de compagnies. Serait-ce d’ailleurs un modèle qui concernerait à moyen terme tous les théâtres de la
Cartoucherie ?
L’association et l’équipe du Théâtre de l’Aquarium ainsi que ses fondateurs expriment leur plus grande inquiétude
pour l’avenir de ce lieu si riche par son histoire et ses promesses d’avenir. Ils demandent que le projet proposé par
F. Rancillac pour les trois prochaines années de conventionnement soit enfin étudié par les services compétents,
et que l’Aquarium reste absolument le théâtre à part entière qu’il est depuis 43 ans, au sein de la si précieuse
Cartoucherie : un théâtre de service public, dévolu à des œuvres engagées et généreuses, adressées en acte à la
diversité des spectateurs de tous âges, de toutes cultures, venant d’Ile-de-France et d’ailleurs.
Cartoucherie: quel avenir pour le Théâtre de l’Aquarium?
Le mandat de François Rancillac, directeur de l’établissement, arrive à échéance dans un
an. Une transformation en «simple lieu de fabrique ou de résidence de compagnie» est
envisagée par le ministère de la Culture.
Le Théâtre de l’Aquarium qui fait partie de l’ensemble de la Cartoucherie de Vincennes,
est inquiet pour son avenir, alors que le mandat de son directeur vient à échéance l’année
prochaine. Transformation du lieu et diminution des subventions inquiètent le public et les
occupants.
«François Rancillac (directeur du théâtre) est remercié par le ministère de la Culture et
devrait quitter la direction du Théâtre de l’Aquarium en juin 2016», affirme un communiqué
de l’Aquarium. Selon ce texte, une «diminution de subventionnement du lieu puis sa
transformation en simple lieu de fabrique ou de résidence de compagnies» est envisagé
par le ministère, compromettant son activité actuelle.
Une pétition lancée sur Internet sous le titre «Pour que le Théâtre de l’Aquarium demeure
un théâtre de service public» a recueilli en trois jours 3300 signatures.
«L’État n’a jamais envisagé de se désengager du Théâtre de l’Aquarium», a-t-on indiqué
lundi au ministère de la Culture. L’État verse à cette scène conventionnée 743.000 euros de
subvention par an, que François Rancillac souhaitait voir augmenter. «Un renouvellement
ne va jamais de soi», observe-t-on dans l’entourage de Fleur Pellerin. Mais la «discussion»
ouverte avec le directeur de l’établissement n’a donné lieu à «aucune décision». Le projet
pour 2016-2018 de François Rancillac, qui brigue un troisième mandat de trois ans, est en
cours d’examen, pour une décision attendue à la rentrée.
François Rancillac, personnalité du théâtre qui a notamment dirigé le Théâtre du peuple
de Bussang et la Comédie de Saint-Etienne, avait été choisi en 2009 par le ministère de la
Culture sur la base d’un projet avec des artistes de théâtre et de musique, des auteurs, des
amateurs et des comédiens en formation.
Le Théâtre accueille en juin le Festival des écoles du théâtre public.
Marie Périer
le 29 juin 2015
François Rancillac en lutte
PARIS. François Rancillac n’est pas décidé à quitter le Théâtre de l’Aquarium sans se battre. La
Direction générale de la création artistique a l’intention de ne pas renouveler, au-delà de juin 2016,
la convention d’occupation de ce théâtre de la Cartoucherie de Vincennes, a Paris, qu’il dirige depuis
2009. « On m’a expliqué que je n’avais pas réussi a trouver un équilibre économique, explique le
metteur en scene, et on me propose une convention pour ma compagnie, tandis que le lieu serait
confie a des collectifs de jeunes artistes... Que je ne devrais pas essayer d’y appliquer un modele de
CDN parce que, de toutes façons, la subvention d’État (700 000 euros aujourd’hui) allait baisser. Mais
ce qui est attaqué, en vérité, c’est une mission de service public. » L’Aquarium a deux compagnies en
résidence (Aurélie Van Den Daele et La Revue Éclair), travaille à la saison avec 20 classes de lycées
partenaires, mène des ateliers avec les classes de conservatoire et les amateurs, programme 5 à 8
spectacles par saison sur des séries de trois à quatre semaines, organise le festival des écoles de
theâtres... Avec cette activité et huit permanents, l’Aquarium ne dégage que 10% de marge artistique
ce qui l’amène à accueillir les compagnies à la recette et à réclamer plus d’aide du ministère. « Avec
le temps, ajoute le metteur en scène, nous avons obtenu un soutien de la Région (58 000 euros),
d’Arcadi, de l’Adami, du rectorat pour l’éducation artistique et culturelle. Et il faudrait annuler tout
cela pour faire un affichage politique éphémère en faveur de la jeune création ? »
le 26 juin 2015
Crise au Théâtre de l’Aquarium: François Rancillac est remercié
Le metteur en scène François Rancillac va devoir quitter e Théâtre de l’Aquarium l’été prochain, c’est la Direction Générale de la
Création l’en a informé. Le lieu devrait devenir un simple lieu de «fabrique» ou de résidence de compagnies. L’équipe fait part de
ses inquiétudes pour l’avenir et demande que le lieu reste un théâtre à part entière comme cela est le cas depuis 43 ans.
Voici une lettre écrite par l’équipe au Ministère
Bien cher Ministère,
On voulait te dire combien on est content.
Car voilà une bien belle saison qui s’achève : le public a été de tous nos rendez-vous (on a même réussi à en refuser pour le
Godot !), et les gens n’arrêtent pas de nous féliciter pour la qualité de la programmation (créations-maison et compagnies invitées) et notre convivialité
: tu imagines combien cela fait plaisir ! Le mois de mai fût à la fête avec notre « Tous en scène(!) » : 87 amateurs et 102 apprentis comédiens des
Conservatoires parisiens qui ont réinventé à leur manière notre saison – sans parler des 142 autres amateurs qui ont suivi nos ateliers durant toute
l’année, et des 1177 collégiens et lycéens qui ont travaillé et présenté à l’Aquarium leurs projets inspirés de nos spectacles (qu’ils avaient bien sûr aussi
vus en amont).
Aujourd’hui, l’été pointe son nez, et la Cartoucherie est décidément le site idéal pour le « Festival des Écoles du Théâtre Public » : si tu pouvais voir tous
ces jeunes comédiens qui brûlent déjà les planches, tu comprendrais qu’on a bien fait de miser sur cette génération qui est déjà le théâtre de demain !
On est vraiment content.
Après 6 ans d’efforts, notre petite équipe a réussi à remettre ce magnifique théâtre sur ses deux pieds : d’une part la création in situ (avec tous nos
artistes associés, qui œuvrent au quotidien durant au moins trois ans dans la maison), et d’autre part la transmission auprès des publics les plus divers
(sais-tu qu’on a joué aussi des spectacles légers dans les salons, les cafés, les bibliothèques, les classes, etc. – histoire d’aller au devant de ceux qui
ne vont jamais au théâtre ?). Notre joie, ça a été de trouver au fur et à mesure de vrais partenaires pour nous aider à ces « missions de service public
du spectacle vivant » (c’est comme cela que tu les appelles, n’est-ce pas ?) : la Région Ile-de-France, la Drac, les Rectorats, la Ville de Paris, la Mairie
du 12ème, etc. D’ailleurs, savais-tu que grâce à RFI et à l’Association Beaumarchais/SACD, on accueille même chaque année un dramaturge africain
pour écrire dans notre petit studio ? Et toi qui aime tant les croisements entre les arts, tu devrais venir un
dimanche à nos brunch-concerts du Quatuor à cordes Leonis et de l’Ensemble Aleph : c’est de toute beauté !
On est content.
Et un peu fiers, faut-il l’avouer ? d’avoir mis en œuvre exactement le projet pour lequel tu nous avais choisis, il y a six ans.
Pour être honnête, on en fait plus qu’annoncé au départ – tu nous l’a d’ailleurs gentiment fait remarquer l’autre fois : « Attention, vous n’êtes pas dans
un CDN ! ». On n’a pas bien compris si c’était de l’humour… Au fait, as-tu eu le temps de lire notre projet pour les trois prochaines années, comme
promis ? Tu ne nous as fait encore aucun retour… On y a prévu entre autre des créations qui vont parler de laïcité, d’altérité, de démocratie, et on va
encore plus développer le travail avec les jeunes sur ces questions de société (on en a tellement besoin, n’est-ce pas ? Toi-même en parlais avec tant
d’émotion dans la manif de janvier, tu te souviens ?). Et grâce au Théâtre de la Ville, on va pouvoir enfin accueillir des spectacles « jeune public » à la
belle saison : les enfants pourront s’ébattre à tue-tête sur la pelouse, en sortant du théâtre !
Au fait, cher Ministère, on n’a pas bien compris pourquoi tu as dis l’autre jour à François que notre bilan était formidable, qu’il n’y avait rien à dire, sauf
qu’on n’aurait pas trouvé « le bon modèle économique » pour l’Aquarium : tu veux dire quoi ? Tu ne nous en veux quand même pas si on a choisi de
mettre le peu qui nous reste de « marge artistique » (une fois payés les frais fixes) dans la programmation des compagnies ? Mais c’est juste histoire de
les accueillir un tant soit peu dignement (déjà qu’elles jouent chez nous à la recette…) ! Du coup, c’est vrai, François n’a plus un euro pour ses propres
productions, et il est obligé de revenir chaque fois dans ton bureau pour te solliciter : mais est-ce notre faute si tu ne veux pas aider l’Aquarium à
avoir un minimum pour l’artistique ?
Du coup, François a été « remercié » et devrait nous quitter à la fin de la saison prochaine… Sans autre explication que cette histoire de « modèle
économique » ?…
On était content…
Et là, on ne comprend pas.
En bons petits soldats du service public, on défend hardiment la jeune création et l’écriture contemporaine (cf notre « émergente » et si prometteuse
Aurélie Van Den Daele, associée à l’Aquarium durant trois ans), on offre aux artistes l’espace/temps pour chercher, pour construire (tu as suivi le projet
d’exploration du Bois de Vincennes par la si singulière Revue Eclair – projet d’ailleurs prévu en 2017 et qui sera donc avorté si tout doit s’arrêter avant
?) ; on invite quantité de compagnies à jouer, à répéter chez nous ; on invente sans arrêt des projets qui permettent à tous l’accès à la culture, en
associant volontairement les plaisirs du spectacle et la pratique au plateau ; on fait le pari d’un théâtre qui questionne, qui fait directement écho à ce
qui agite notre société tellement malade d’elle-même, ce qui permet de retisser un peu de cohésion sociale entre les gens, entre les âges, entre les
cultures. Et on nous dit stop ?
Es-tu vraiment content de cela, cher Ministère ? Est-ce vraiment ton souhait de briser net ce projet en plein essor, cet Aquarium renaissant – comme
tous ces élus indignes de leurs fonctions républicaines qui cassent tant de théâtres, de festivals au nom de la « crise » et surtout pour servir les pires
démagogies ? Est-ce à toi de renier les théâtres de « service public» dont tu devrais au contraire être le protecteur et le promoteur ?
Et d’ailleurs que souhaites-tu au fond, pour l’avenir de l’Aquarium si ce ne doit plus être un vrai théâtre, comme tu le laisses entendre : une « fabrique
» ? Une salle de répétitions ? Est-ce toute la Cartoucherie qui serait aussi visée, à moyen terme ? Et tu crois que cela peut nous réjouir ?
Et vous, êtes-vous contents de cela, chers spectateurs ?
Stephane Capron
le 26 juin 2015
Communiqué de presse : François Rancillac est remercié par le Ministère de la Culture
et devrait quitter la direction du Théâtre de l’Aquarium en juin 2016
Sous l’impulsion de François Rancillac, le Théâtre de l’Aquarium déploie depuis six ans un intense
projet en direction des compagnies, des artistes de théâtre et de musique, des auteurs, des amateurs,
des comédiens en formation, des publics les plus divers et notamment les adolescents. Ce projet
(pour lequel F. Rancillac a été choisi en 2009 par le Ministère de la Culture), qui associe donc au
quotidien création et transmission, qui est aussi fidèle aux valeurs fondatrices de ce lieu historique
qu’aux missions de « service public » promues par le Ministère lui-même, ce projet en plein essor est
aujourd’hui remis brutalement en question et sans motifs par les services de la Direction Générale
de la Création Artistique, qui imposent à F. Rancillac de quitter son poste en juin 2016.
Pour quelle suite à l’Aquarium ? Rien n’est bien clair. On évoque d’abord une diminution du
subventionnement du lieu (pourtant déjà tellement insuffisant !) puis sa transformation probable
en simple lieu de « fabrique » ou de résidence de compagnies. Serait-ce d’ailleurs un modèle qui
concernerait à moyen terme tous les théâtres de la Cartoucherie ?
L’association et l’équipe du Théâtre de l’Aquarium ainsi que ses fondateurs expriment leur plus grande
inquiétude pour l’avenir de ce lieu si riche par son histoire et ses promesses d’avenir. Ils demandent
que le projet proposé par F. Rancillac pour les trois prochaines années de conventionnement soit
enfin étudié par les services compétents, et que l’Aquarium reste absolument le théâtre à part entière
qu’il est depuis 43 ans, au sein de la si précieuse Cartoucherie : un théâtre de service public, dévolu à
des œuvres engagées et généreuses, adressées en acte à la diversité des spectateurs de tous âges,
de toutes cultures, venant d’Ile-de-France et d’ailleurs.
Laurent Schteiner
le 27 juin 2015
François Rancillac est remercié par le Ministère de la Culture
Dashiell Donello
le 27 juin 2015
Marée basse à l’Aquarium
Le directeur, François Rancillac, sera remercié a la fin de la prochaine
saison. Le 30 juin 2016, françois
Rancillac ne sera pas reconduit a la tête de l’Aquarium, l’une des grandes
salles du lieu mythique de la Cartoucherie de Vincennes, à Paris. Le ministère
de la Culture a couvert Rancillac de compliments tout en lui montrant la
porte - mais en lui promettant une subvention à définir pour sa compagnie.
Ce qu’on lui reproche, selon nos sources, c’est de « ne pas avoir trouvé
le bon-modèle économique » ! C’est quoi, le bon modèle ? De faire venir
Fabrice Luchini ?
Rancillac, en place depuis mars 2009 apres avoir été l’un des responsables
du Théâtre du Peuple à Bussang, puis codirecteur de la Comédie de SaintÉtienne, a pourtant donné à cette salle historique
— ouverte dans l’après-68 par les Benoît, Bezace et Nichet — une nouvelle
impulsion. Il y a monté des auteurs d’aujourd’hui, comme Gilles Granouillet,
et des classiques. Oubliant d’être égoïste, il a accueilli de nombreux artistes
et compagnies. Il a créé le Festival des écoles du théâtre public, qui a lieu en
fin de saison et donne leur chance à de passionnantes troupes débutantes.
Rancillac a réalisé tout cela avec des moyens qui lui ont été comptés. Une
fois les salaires versés, il
ne lui reste que 70 000 euros par saison pour l’investissement artistique.
Cela l’a obligé à accueillir des équipes en partageant les recettes, mais, à la
différence de ce qui se pratique généralement ailleurs, l’Aquarium prenait
en charge le montage technique et la communication.
Le ministère voudrait transformer l’Aquarium en un lieu de passage et de
travail confié à un gestionnaire. Bientôt marée basse à l’Aquarium !
Gilles Costaz
le 1 juillet 2015
Théâtre de l’Aquarium à Paris : 1972-2016 ?
Lettre ouverte au ministère de la Culture et de la Communication qui vient d’annoncer pour juin 2016 l’arrêt du projet du Théâtre
de l’Aquarium mis en place par François Rancillac et son équipe depuis six ans.
Bien cher Ministère,
On voulait te dire combien on est content.
Car voilà une bien belle saison qui s’achève : le public a été de tous nos rendez-vous (on a même réussi à en refuser pour le
Godot !), et les gens n’arrêtent pas de nous féliciter pour la qualité de la programmation (créations-maison et compagnies invitées) et notre convivialité
: tu imagines combien cela fait plaisir ! Le mois de mai fût à la fête avec notre « Tous en scène(!) » : 87 amateurs et 102 apprentis comédiens des
Conservatoires parisiens qui ont réinventé à leur manière notre saison – sans parler des 142 autres amateurs qui ont suivi nos ateliers durant toute
l’année, et des 1177 collégiens et lycéens qui ont travaillé et présenté à l’Aquarium leurs projets inspirés de nos spectacles (qu’ils avaient bien sûr aussi
vus en amont).
Aujourd’hui, l’été pointe son nez, et la Cartoucherie est décidément le site idéal pour le « Festival des Écoles du Théâtre Public » : si tu pouvais voir tous
ces jeunes comédiens qui brûlent déjà les planches, tu comprendrais qu’on a bien fait de miser sur cette génération qui est déjà le théâtre de demain !
On est vraiment content.
Après 6 ans d’efforts, notre petite équipe a réussi à remettre ce magnifique théâtre sur ses deux pieds : d’une part la création in situ (avec tous nos
artistes associés, qui œuvrent au quotidien durant au moins trois ans dans la maison), et d’autre part la transmission auprès des publics les plus divers
(sais-tu qu’on a joué aussi des spectacles légers dans les salons, les cafés, les bibliothèques, les classes, etc. – histoire d’aller au devant de ceux qui
ne vont jamais au théâtre ?). Notre joie, ça a été de trouver au fur et à mesure de vrais partenaires pour nous aider à ces « missions de service public
du spectacle vivant » (c’est comme cela que tu les appelles, n’est-ce pas ?) : la Région Ile-de-France, la Drac, les Rectorats, la Ville de Paris, la Mairie
du 12ème, etc. D’ailleurs, savais-tu que grâce à RFI et à l’Association Beaumarchais/SACD, on accueille même chaque année un dramaturge africain
pour écrire dans notre petit studio ? Et toi qui aime tant les croisements entre les arts, tu devrais venir un
dimanche à nos brunch-concerts du Quatuor à cordes Leonis et de l’Ensemble Aleph : c’est de toute beauté !
On est content.
Et un peu fiers, faut-il l’avouer ? d’avoir mis en œuvre exactement le projet pour lequel tu nous avais choisis, il y a six ans.
Pour être honnête, on en fait plus qu’annoncé au départ – tu nous l’a d’ailleurs gentiment fait remarquer l’autre fois : « Attention, vous n’êtes pas dans
un CDN ! ». On n’a pas bien compris si c’était de l’humour… Au fait, as-tu eu le temps de lire notre projet pour les trois prochaines années, comme
promis ? Tu ne nous as fait encore aucun retour… On y a prévu entre autre des créations qui vont parler de laïcité, d’altérité, de démocratie, et on va
encore plus développer le travail avec les jeunes sur ces questions de société (on en a tellement besoin, n’est-ce pas ? Toi-même en parlais avec tant
d’émotion dans la manif de janvier, tu te souviens ?). Et grâce au Théâtre de la Ville, on va pouvoir enfin accueillir des spectacles « jeune public » à la
belle saison : les enfants pourront s’ébattre à tue-tête sur la pelouse, en sortant du théâtre !
Au fait, cher Ministère, on n’a pas bien compris pourquoi tu as dis l’autre jour à François que notre bilan était formidable, qu’il n’y avait rien à dire, sauf
qu’on n’aurait pas trouvé « le bon modèle économique » pour l’Aquarium : tu veux dire quoi ? Tu ne nous en veux quand même pas si on a choisi de
mettre le peu qui nous reste de « marge artistique » (une fois payés les frais fixes) dans la programmation des compagnies ? Mais c’est juste histoire de
les accueillir un tant soit peu dignement (déjà qu’elles jouent chez nous à la recette…) ! Du coup, c’est vrai, François n’a plus un euro pour ses propres
productions, et il est obligé de revenir chaque fois dans ton bureau pour te solliciter : mais est-ce notre faute si tu ne veux pas aider l’Aquarium à
avoir un minimum pour l’artistique ?
Du coup, François a été « remercié » et devrait nous quitter à la fin de la saison prochaine… Sans autre explication que cette histoire de « modèle
économique » ?…
On était content…
Et là, on ne comprend pas.
En bons petits soldats du service public, on défend hardiment la jeune création et l’écriture contemporaine (cf notre « émergente » et si prometteuse
Aurélie Van Den Daele, associée à l’Aquarium durant trois ans), on offre aux artistes l’espace/temps pour chercher, pour construire (tu as suivi le projet
d’exploration du Bois de Vincennes par la si singulière Revue Eclair – projet d’ailleurs prévu en 2017 et qui sera donc avorté si tout doit s’arrêter avant
?) ; on invite quantité de compagnies à jouer, à répéter chez nous ; on invente sans arrêt des projets qui permettent à tous l’accès à la culture, en
associant volontairement les plaisirs du spectacle et la pratique au plateau ; on fait le pari d’un théâtre qui questionne, qui fait directement écho à ce
qui agite notre société tellement malade d’elle-même, ce qui permet de retisser un peu de cohésion sociale entre les gens, entre les âges, entre les
cultures. Et on nous dit stop ?
Es-tu vraiment content de cela, cher Ministère ? Est-ce vraiment ton souhait de briser net ce projet en plein essor, cet Aquarium renaissant – comme
tous ces élus indignes de leurs fonctions républicaines qui cassent tant de théâtres, de festivals au nom de la « crise » et surtout pour servir les pires
démagogies ? Est-ce à toi de renier les théâtres de « service public» dont tu devrais au contraire être le protecteur et le promoteur ?
Et d’ailleurs que souhaites-tu au fond, pour l’avenir de l’Aquarium si ce ne doit plus être un vrai théâtre, comme tu le laisses entendre : une « fabrique
» ? Une salle de répétitions ? Est-ce toute la Cartoucherie qui serait aussi visée, à moyen terme ? Et tu crois que cela peut nous réjouir ?
Et vous, êtes-vous contents de cela, chers spectateurs ?
le 28 juin 2015
François Rancillac évincé?
Une fois de plus, le Ministère de la Culture, avec toute l’élégance qu’on lui connaît, se distingue par ses coups
bas, juste avant ou pendant l’été, histoire de faire passer les choses en lousdé… Les vieux routiers du Théâtre du
Blog n’ont pas la mémoire courte: ainsi Guy Rétoré, directeur du Théâtre de l’Est Parisien, que l’on voulait virer
en plein mois d’août n’avait dû son salut qu’à une mobilisation générale de la profession.
Un directeur du Théâtre de l’Odéon avait été prévenu de son renvoi par texto, et l’éviction de Jacques Lassalle de
la direction de la Comédie-Française avait été annoncée quelques jours avant la fin du festival d’Avignon pour
éviter les réactions…
On comprend alors la colère de Bartabas, cassant le mobilier du bureau de la DRAC , où une dame très sûre
d’elle venait de lui signifiait avec le plus grand cynisme une baisse très conséquente de sa subvention. Affolé,
le cabinet du Ministre que Bartabas avait alerté devant une telle médiocrité, avait fait aussitôt marche arrière et
avait demandé à la dame en question de revoir sa copie… Bravo!
Certes, François Rancillac est en fin de second mandat, et le Théâtre de l’Aquarium dépend du Ministère qui fait
ce qu’il veut, bien entendu mais ce qui est lamentable, c’est le manque de concertation comme d’habitude. Qui
a pris cette décision aussi sotte? Enfin François Rancillac n’est pas seul et a le soutien du Syndéac, mais quelle
confusion, quelle médiocrité!
Les rumeurs les plus folles courent sur l’avenir et la vie du Théâtre de l’Aquarium, mais aussi sur celle de la
Cartoucherie, endroit des plus symboliques… comme sur le Théâtre de la Cité Universitaire. Bien entendu, comme
dans n’importe quelle république bananière, le Ministère se garde bien d’annoncer la couleur! Courageux, mais
pas téméraire!
Qu’en pense Madame Fleur Pellerin, sans soute plus préoccupée de l’avenir du numérique que de celui du théâtre
en France? A-t-elle même jamais mis les pieds à la Cartoucherie ? Qu’en pense Madame Hidalgo, à la tête de
la mairie de Paris, propriétaire des lieux? Fleur Pellerin, a en tout cas, intérêt à préparer ses réponses pour sa
prochaine conférence de presse, et on espère qu’elle reviendra sur cette mesure. Pourquoi, par exemple, ne pas
reconduire François Rancillac pour une certaine durée, et réfléchir avec lui à la future mission du Théâtre de
l’Aquarium?
Ce serait à la fois plus élégant et surtout plus intelligent, et donc plus efficace que ces décisions sournoises qui
donnent une déplorable image de marque d’un Ministère de la Culture qui se dit de gauche! Allez, la dernière pour
la route, et encore plus élégant: Bernard Sobel, ancien directeur du Théâtre de Gennevilliers, vient de recevoir
par courrier l’annonce du non-renouvellement de sa convention triennale.
On espère en tout cas que les intermittents du spectacle, et la profession théâtrale en général, poseront les
bonnes questions, et sans ménagement aucun à Fleur Pellerin devant ce fait du Prince, à sa prochaine conférence
de presse, mais aussi quand elle viendra au Festival d’Avignon. qui,et elle le sait très bien-est toujours une une
excellente caisse de résonance. Bon courage, madame la Ministre… Il y a décidément quelque chose de pourri
dans votre royaume!
Vous pouvez signer la pétition dont l’adresse figure en bas de page; il y a déjà 6.000 signataires…
Au fait, qu’en pense Michel Orier, directeur de la Création artistique au Ministère de la Culture qui doit recevoir
prochainement François Rancillac?
« Tant que nous pouvons garder la tête haute et tant que nous pouvons agir, il ne faut pas faiblir », écrivait déjà et
avec raison, le grand Goethe. Avis aux décisionnaires maladroits et sans état d’âme…
Philippe du Vignal
le 2 juillet 2015
Fermer un théâtre est inadmissible...
Fermer l’Aquarium serait une faute inexcusable !
À l’annonce de la décision du gouvernement de révoquer l’actuel directeur François Rancillac d’ici l’été prochain,
le monde de la culture se révolte. La décision est injuste, d’autant que le bilan affiché est positif. François
Rancillac avait quitté la direction de La Comédie de Saint-Étienne qu’il co-dirigait au côté de Jean-Claude
Berutti pour celle de l’Aquarium.
En quelques années, ce metteur en scène et directeur a su faire de cet espace un haut lieu de la création et de
l’écriture contemporaine. Cette décision est arbitraire et injuste. Anne-Charlotte Lesquibe, chargée de production
du spectacle vivant, prend la parole. Le message est clair !
Comment un ministère qui défend la culture peut-il vouloir mettre fin brutalement à l’activité exemplaire de toute
une équipe et de son directeur François Rancillac ?
On reste sans voix, stupéfaits et incrédules. Non....Pas L’Aquarium quand même !!!!
Il faut vraiment ne rien connaître Ni au Théâtre Ni aux hommes et femmes qui continuent à le défendre pour
commettre une telle injustice. Les signatures affluent, pourquoi ?
Parce que François Rancillac est un grand serviteur du théâtre, un arpenteur des textes, un homme intègre et
respecté, un artiste à l’écoute des autres artistes (non, ce n’est pas si courant dans le «milieu») qui a fait avec
sa petite équipe ultra motivée, ce lieu vivant où l’on va avec curiosité et plaisir. On s’y sent bien, on aime le tapis
brosse violet, on y vient avec ses amis, on mange une tartine sur les grandes tables en buvant un ballon de rouge.
On se sent libre au Théâtre de l’Aquarium, on y respire.
Et il y a même des jeunes gens dans la salle ! Des jeunes accompagnés intelligemment, parfaitement attentifs,
certainement bien préparés à entendre du Beckett, du Sophocle, du Corneille, du Anja Hilling, du Gilles Granouillet
et tant d’autres auteurs classiques, contemporains, contemporains /classiques.
Quand on parle des quelques lieux à PARIS où le Théâtre résiste dans sa grandeur et sa puissance, l’Aquarium
s’impose. Il est l’un des derniers lieux de la capitale où se créent des expériences théâtrales (mais aussi musicales)
rares, intrigantes, fortes, courageuses toujours, voire un peu folles. Et que devrait-il devenir ? Une Fâââbrique ?
Qu’y fabriquerait-on de plus ou de mieux ?
Arrêtons le langage à la mode; on se croirait chez Molière, le rire en moins.
Non sérieusement... Toucher à L’Aquarium, c’est prendre le risque de l’assassinat de l’Archiduc François-Joseph
qui mit le feu aux poudres en 1914....
Anne-Charlotte Lesquibe et Sheila Louinet
le 1 juillet 2015
Théâtre, la politique du coup par coupe
Tandis que Bernard Sobel perd sa convention de compagnie, François Rancillac n’est pas reconduit
à la tête du Théâtre de l’Aquarium, à Paris, dont l’avenir est remis en question. Sobel n’est pas un
nouveau venu. Sans doute est-ce un défaut, puisque ce metteur en scène toujours alerte et fourmillant
d’idées à 84 ans vient de se voir refuser la reconduction de la convention triennale dont bénéficiait sa
compagnie. Privé de ce soutien, il lui sera impossible, faute d’apport, de proposer à partir de janvier
2016 le moindre projet à d’éventuels coproducteurs, passage obligé pour qui veut mettre sur pied un
spectacle.
Prétexte avancé, ses créations ne tournent pas assez. Sous-entendu «place aux jeunes». Or, à sa
manière, Bernard Sobel reste l’un de nos plus jeunes metteurs en scène par sa capacité à proposer
toujours de nouvelles expériences théâtrales. Qui d’autre serait capable de monter en regard des
textes de l’auteur classique chinois du XIIIe siècle Guan Hanqing et du génial dramaturge new-yorkais
Richard Foreman, fondateur de l’Ontological Hysteric Theater, comme il le fit en septembre aux
Déchargeurs à Paris ? Et ce, après une formidable mise en scène de Hannibal, de Christian Dietrich
Grabbe, présentée un an plus tôt au Théâtre de Gennevilliers, dont Sobel fut le fondateur dans les
années 60.
Voilà un homme qui crée des spectacles depuis plus de cinquante ans et dont on attend toujours
avec curiosité la prochaine aventure. Faut-il rappeler que Bernard Sobel fut parmi les premiers à
reconnaître le talent de Patrice Chéreau ? On a du mal à imaginer qu’au moment où il s’apprête à
entamer une résidence de trois ans au Théâtre de l’Epée de bois, à la Cartoucherie de Vincennes,
l’Etat lui retire sa subvention. À se demander si ce début d’été caniculaire ne serait pas une cause de
surchauffe du côté du ministère de la Culture, qui a annoncé la même semaine à François Rancillac,
metteur en scène dont la qualité du travail depuis 2009 à la tête du Théâtre de l’Aquarium - toujours
à la Cartoucherie - est unanimement saluée, que son mandat ne sera pas renouvelé. Ce ne serait pas
tant le projet du metteur en scène pour l’Aquarium qui serait remis en question que la pérennité du
lieu, pour lequel les tutelles envisageraient un nouvel avenir sans que les grandes lignes en soient
définies. Dans les deux cas, les décisions semblent prises de façon arbitraire avec, pour unique objet,
des économies de bouts de chandelle.
L’équipe du Théâtre de l’Aquarium, qui a appris la nouvelle en plein festival des Ecoles du théâtre
public, a fait part de son inquiétude sur un ton ironique, non sans élégance, dans une lettre au
ministère de la Culture. En attendant, une pétition circule pour soutenir le Théâtre de l’Aquarium
et son directeur. Une autre circule aussi pour soutenir Sobel. Espérons que tout ceci ne soit que
passager et que vienne bientôt l’heure du dialogue.
Hugues Le Tanneur
le 3 juillet
La ministre de la Culture est sur le pont
Pour son premier séjour au Festival d’Avignon, Fleur Pellerin aura vécu les affres d’une première
chahutée, où quelques invectives et autres noms d’oiseaux ont volé samedi soir. Mais la ministre
de la Culture a tenu à affirmer son soutien au metteur en scène et directeur du festival, Olivier Py,
estimant que « c’est la vocation du spectacle vivant de ne pas être tiédasse et d’interpeller » et que «
Shakespeare n’aurait pas renié » cette mise en scène. Elle a fait le job, comme on dit. Interrogée sur
plusieurs points chauds qui concernent l’actualité de la politique culturelle (lire notre édition du 3
juillet - NDLR), elle s’est voulue rassurante. À propos du devenir du Théâtre de la Cité internationale,
qui, depuis près de deux ans, connaît une situation ubuesque avec une direction pour le moins
fantomatique, elle a déclaré « souhaiter soutenir ce théâtre important ». « Hors de question que le
ministère l’abandonne, a-t-elle ajouté. Des discussions sont en cours avec la fondation (qui préside
aux commandes du Théâtre de la Cité - NDLR) » et a même évoqué la recherche « de solutions
innovantes ».
Pour ce qui concerne le cas de Bernard Sobel, dont on a appris il y a quelques jours qu’il était question
que sa subvention ne soit pas reconduite, la ministre a affirmé n’avoir «jamais envisagé de mettre un
terme au soutien » du metteur en scène et fondateur du Théâtre de Gennevilliers tout en évoquant la
nécessité de retisser « les liens entre maîtres anciens et les générations suivantes ». Elle ne s’est pas
privée d’envoyer une petite pique à l’intention des directeurs des institutions - qui lui ont à la quasimajorité adressé une lettre de protestation à ce sujet - regrettant que des artistes de la trempe et de
la génération de Sobel soient peu ou pas « programmés dans fes théâtres ». Autre sujet abordé par
Fleur Pellerin, le Théâtre de l’Aquarium et le cas Rancillac, son directeur. Là aussi, elle a affirmé son
« soutien sans faille à l’Aquarium », rappelant qu’il était normal, en cours de route, de procéder à des
évaluations. « Le mandat de François Rancillac a été prolongé de six mois. Une décision sera prise
en concertation avec tes équipes de l’Aquarium et de la Cartoucherie. » La ministre devait inaugurer
le village du Off pompeusement baptisé « le plus grand théâtre du monde » par son directeur Greg
Germain...
Marie-José Sirach
le 6 juillet
Fleur Pellerin : « Le théâtre doit choquer et le Lear d’Olivier Py est
dans l’esprit de Shakespeare »
Fleur Pellerin la Ministre de la Culture et de la Communication a tenu ce matin son traditionnel point
presse avignonnais. Elle a annoncé, sans donner de chiffre, que le budget de son ministère serait
en augmentation la saison prochaine, avec un volant conséquent autour de la jeune création. C’était
l’occasion d’évoquer les sujets brûlants du moment. Concernant la situation du Théâtre de l’Aquarium
et le non renouvellement de François Rancillac à la sa tête, Fleur Pellerin estime « qu’il n’est pas
question de mettre en péril le théâtre ni de sanctionner François Rancillac. Au terme d’un mandat
public il y a toujours une évaluation de l’action menée. Il a présenté un projet. Nous étudierons tous les
projets. » Concernant le Théâtre de la Cité Internationale et la vacance de sa direction depuis l’année
dernière, la ministre assure « qu’il y a des discussions avec la fondation qui le gère et qui souhaite
réduire son engagement financier. Moi je souhaite qu’il reste une vitrine pour la jeune création. »
Enfin nous avons évoqué avec Fleur Pellerin la première du Roi Lear dans la Cour d’honneur et son
accueil mitigé. La Ministre est sortie enthousiaste de la représentation.
« Je fais partie des « pour » parce que c’est la vocation du spectacle vivant de ne pas
être tiédasse. Le théâtre doit faire réagir, doit choquer, doit interpeller. La traduction
d’Olivier Py est très actuelle, il utilise du vocabulaire contemporain et c’est dans l’esprit
de Shakespeare car il y a dans les pièces de l’anglais cette trivialité, cette grossièreté,
cette violence que l’on retrouve dans ce nouveau texte. Je pense que Shakespeare ne
renierai pas cette mise en scène. »
A 19h00, Fleur Pellerin inaugure le village du Off.
Stéphane Capron
le 5 juillet
Les menaces pèsent sur les théâtres
La création culturelle se trouve menacée par l’austérité
budgétaire et la crise. Ce n’est pas nouveau mais
aujourd’hui, le théâtre est un des secteurs les plus touchés
par les coupes budgétaires. Fermeture des salles,
directeurs mis à distance, subventions supprimées… Le
spectacle vivant se porte mal avec un soutien minime
de l’Etat. Face à la crise de ces institutions culturelles,
des artistes tentent de se mobiliser. Toute la Culture
débrieffe sur cette hécatombe et ses enjeux.
Si la survie du Théâtre de la Cité Internationale
universitaire est mise en danger, il en est de même
pour le Théâtre de l’Aquarium et son directeur actuel,
François Rancillac. Nommé à la tête du Théâtre de
l’Aquarium à la Cartoucherie de Vincennes en 2009, le
comédien et metteur en scène s’est imposé comme une
figure ambitieuse, aux projets variés menés en majeure
partie en direction des artistes émergents (le Festival
des Ecoles du théâtre public notamment qui a accueilli
récemment Punk Rock, mis en scène par Cyril Teste).
Jusqu’à aujourd’hui, l’Etat versait une subvention de 743
000 euros par an. Une diminution du subventionnement
du lieu a été annoncée. Cette restriction budgétaire
menace fortement la programmation actuelle du lieu.
Par ailleurs, les services de la Direction Générale de
la Création Artistique imposent maintenant à François
Rancillac de quitter son poste ce mois-ci. Sans donner
de raisons… Inquiets de la pression qui se maintient sur
le théâtre, l’équipe du Théâtre de l’Aquarium a lancé une
pétition sur internet « Pour que le Théâtre de l’Aquarium
demeure un service public ».
Force est de constater que le financement du spectacle
vivant est mis à mal depuis plusieurs années. En témoigne
l’appel « collectif et solennel » lancé en décembre 2014
à l’attention de Fleur Pellerin et de tous les élus. Face
à « l’effritement déjà visible » du réseau culturel, une
dizaine d’artistes se sont mobilisés pour dénoncer la
remise en cause du financement du spectacle vivant.
Des artistes comme Mathieu Amalric, Emmanuel Béart
et Denis Podalydes ont été à l’initiative de cet appel.
Le monde du théâtre étant particulièrement touché,
des grands noms du milieu ont également participé à
cette manifestation (Ariane Mnouchkine, Jean-Pierre
Vincent). Sept mois après la mobilisation, les inquiétudes Autre lieu qui doit faire face aux menaces : la MC93,
du théâtre français sont toujours d’actualité.
Maison de la Culture située à Bobigny. Haut-lieu de
création et de production de spectacles depuis 1980,
Le Théâtre de la Cité Internationale universitaire, situé la MC93 est dans l’obligation de fermer ses portes de
dans le 14ème arrondissement de Paris, est l’illustration l’automne 2015 à décembre 2016 pour réaliser des
(malheureuse) du coup dur porté aujourd’hui au milieu travaux de mises aux normes. Le théâtre proposera une
théâtral. Le lieu et sa programmation se trouvent programmation hors les murs avec le Festival Standard
menacés par les restrictions des subventions. La baisse Idéal. Le 6 février 2013, la MC93 avait annoncé la perte
des dotations de l’Etat aux collectivités locales sont à d’une partie de ses subventions départementales. La
l’origine de cette baisse brutale des subventions. Le question qui se pose actuellement est de savoir quel
théâtre abrité par la Cité Internationale Universitaire sera le sort du lieu à la fin des travaux prévus sur deux
doit faire face à la réduction de sa dotation actuelle qui saisons. Le théâtre implanté à Bobigny doit également
représente 880 000 euros. A cela s’ajoute une gestion gérer un changement de direction : après 15 ans à la
critique de l’établissement puisqu’il ne possède pas tête de la MC93, Patrick Sommier quitte son poste pour
de directeur/trice depuis le départ de Pascale Henrot, laisser la place à Hortense Archambault qui prendra
partie il y a un an maintenant pour l’Office national de ses fonctions le 1er août 2015. L’ancienne co-directrice
diffusion artistique. La question qui se pose aujourd’hui du Festival d’Avignon devra prendre en charge de
est de savoir si le Ministère de la Culture et de la nombreuses problématiques notamment celle de la
Communication continuera d’accompagner le projet décentralisation théâtrale. En effet, le fossé qui se
sachant que la Fondation de la Cité Internationale creuse entre la banlieue et Paris explique en partie les
Universitaire de Paris met en péril le budget du théâtre. menaces qui pèsent sur la MC93.
A l’heure actuelle, un seul projet a été commandé par le
théâtre et il n’est pas sur qu’il aboutisse.
Milena Landre
le 3 juillet
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