DP Carmen - Théâtre Pour l`Avenir

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DOSSIER PEDAGOGIQUE
Le dossier pédagogique est un outil mis à la disposition de l’enseignant pour donner des éléments sur le spectacle et la
compagnie qui l’a créé. Nous vous proposons des pistes pédagogiques sous formes d’exercices, de jeux ou d’expériences
à réaliser. Ce dossier peut être utilisé avant la représentation pour sensibiliser les enfants et après la représentation pour
approfondir la compréhension du spectacle et poursuivre l’expérience. Toutefois, attention de ne pas dévoiler le
spectacle avant la représentation.
Carmen
Cie Karyatides
Théâtre d’objets
Durée : 1h
La tournée du spectacle :
Laval – Avant-Scène : Mardi 27 novembre 10h et 14h30 et Mercredi 28 novembre 18h
St Aignan - Salle de l’Orion : Vendredi 30 novembre 10h et 14h
LE SPECTACLE
Synopsis :
(D’après la célèbre nouvelle de Prosper Mérimée et l’opéra de Georges Bizet en théâtre d’objets)
Don José est brigadier à Séville. Dans cette ville, où il est étranger, tous parlent de la belle
gitane, la Carmencita. Un jour qu’il est de faction près de l’usine à cigares, il la voit pour
la première fois. Carmen l’apostrophe et se moquant de lui, elle lui lance une fleur de cassis
entre les deux yeux. Don José est envoûté. Dans l’usine de cigares, Carmen blesse une ouvrière
en lui tailladant la joue. Don José doit la conduire en prison. Elle le charme et le supplie
de la laisser s’échapper, et s’enfuit. C’est le début de leur passion, mais c’est aussi le début de la
déchéance de Don José. Pour l’amour de Carmen, Don José va en prison, déserte l’armée,
devient contrebandier, puis meurtrier. Car l’amour de Carmen n’a qu’un temps.
Elle a d’autres amants, et bientôt elle devient la maîtresse d’Escamillo, le toréador. Don José
consumé par la jalousie tue ses amants et menace de la tuer. Un jour, elle lit dans les cartes son
destin tragique. Elle semble l’accepter, car elle préfère mourir, dit-elle, que de renoncer à sa
liberté. Don José tue Carmen, tandis que dans l’arène, Escamillo tue le taureau.
L’équipe artistique :
Adaptation : Félicie Artaud et Karine Birgé
Jeu : Karine Birgé, Guillaume Istace et Vincent Cahay (en alternance)
Mise en scène : Félicie Artaud
Assistanat à la mise en scène: Marie Delhaye
Création sonore : Guillaume Istace
Création Lumière : Dimitri Joukovsky
Costumes : Françoise Colpé
Décor : Mathieu Boxho
Marionnette Carmen : Toztli Godinez De Dios
Ombre : Marie Delhaye
Accompagnement artistique : Agnès Limbos
La compagnie Karyatides :
Créée en 2009, la compagnie Karyatides est le fruit d'une rencontre. Karine Birgé et Marie Delhaye
se connaissaient déjà depuis leurs études au conservatoire d'Art dramatique de Liège. Mais
l'histoire a vraiment commencé lorsqu'elles ont fait la rencontre d'Agnès Limbos (compagnie Gare
Centrale), et avec elle, d'un univers de bric à brac, de vierges clignotantes, de poupées brûlées au
chalumeau, d'automates rouillés, de soleils en papier crépon, de paysages taillés dans la farine...
un univers visuel, poétique, où l'acteur raconte avec les objets, où le monde tient sur une table. Et
ça leur a plu, alors elles ont créé ensemble un spectacle de marionnette: Le Destin, explorant
toutes les possibilités plastiques et métaphysiques qu'offre le papier aluminium, squattant
littéralement l'atelier d'Agnès Limbos, qui signa la mise en scène.
Depuis, Karine et Marie ne se quittent plus. A l'âge de la maturité (la trentaine!), elles ont donc
fondé la compagnie Karyatides. Leurs spectacles s'adressent à tous les âges : Le Destin, Virginie
Nati des étoiles, Madame Bovary et Carmen.
Site internet de la compagnie : http://www.karyatides.net/Karyatides/Accueil.html
LE CONTENU DU SPECTACLE
o La nouvelle de Prosper Mérimée
Prosper Mérimée (1803 – 1870) est un auteur
romantique par le choix des sujets de son théâtre, de ses
nouvelles et de son unique roman, Chronique du règne de
Charles IX. Écrivain précoce, il ne sera pas qu'un homme de
lettres. Il consacre la plus grande partie de sa vie à la sauvegarde
et à la restauration des chefs-d’œuvre de l'art gothique et même
roman. Il écrit à 44 ans, son chef-d’œuvre, Carmen.
Il a rencontré Stendhal, rentré d'Italie, en 1822. Il le retrouve, en
même temps que Delacroix, dans les salons libérauxbonapartistes. Il écrit Les Espagnols en Danemark, Le Ciel et
l'enfer et Une femme est un diable sous l'influence des comedias
du Siècle d'or espagnol. C'est peut-être de Stendhal qu'il tient le
goût des pseudonymes et des mystifications puisque, lorsqu'il
publie ces pièces et celles qui suivent, il les attribue à une femme de lettres espagnole imaginaire,
Clara Gazul. Toutes ces pièces, insolentes, rapides, intelligentes, sont trop peu jouées. En revanche,
vers 1830 il rédige des nouvelles qui ont un succès notable et qui font de Mérimée le véritable
classique du romantisme : Mateo Falcone, Tamango, Aventure d'un esclave noir, La Vision de
Charles XI, La Double Méprise.
De par sa nomination au poste d'inspecteur général des monuments historiques, il voyage
beaucoup et s’attache à l’Espagne où il rencontre, à la sortie de la cigarería de Séville, la jeune
Carmen ou sa sœur gitane. Récit dans le récit, Carmen, dès qu'on cesse d'interposer l'image du bel
opéra de Bizet, frappe par la modernité de la composition, par la froideur du ton qui contraste, en
de surprenants effets, avec la violence du propos. Mérimée se met en scène dans la nouvelle
comme archéologue en mission en Espagne. C'est vrai puisqu'en 1834 il fait des voyages en
Espagne pour étudier des sites archéologiques. Mérimée a un goût prononcé pour les minorités
ethniques : Il met en scène des noirs, des corses (Colomba, Mateo Falcone), des Bohémiens. Il
s'intéresse à leur culture et à leurs coutumes. Le choix dans la nouvelle d'une bohémienne et d'un
basque n'est pas innocent. En 1834 les visites se multiplient avec la famille Montijo (Eugénie sera
impératrice de France), elle serait la muse de cette nouvelle.
o L’opéra de Bizet
Après une autre tentative dans le domaine lyrique (Don Rodrigue,
1873, resté inachevé), Bizet consacre toutes ses forces à la composition
de Carmen en 4 actes, sur un livret de Meilhac et Halévy d'après la
nouvelle de Prosper Mérimée (1873-1874). L'ouvrage est mal accueilli à
l'Opéra-Comique, où la critique juge l'intrigue indécente et vulgaire. Il est
vrai que l'ouvrage avait de quoi surprendre, tant il s'écarte des
conventions de l'époque avec cette antithèse d'héroïne et cette fin
tragique. Mais la véritable nouveauté de Carmen réside surtout dans la
vérité des personnages, l'expression de leurs sentiments, le sens de la
couleur et du mouvement.
Georges Bizet (1838-1875) meurt le 3 juin 1875 peu après la
création de Carmen. Saint-Saëns est à l'origine de la légende selon
laquelle Bizet se serait laissé mourir, croyant à l'échec de son opéra. Après
sa mort, il y eut encore trois représentations de Carmen à Paris, et c'est de l'Opéra de Vienne, où
Brahms vint le voir et l'entendre vingt fois de suite, que le chef-d’œuvre reprit plus tard son vol.
C'est à Vienne également que Wagner le connut et l'admira sans réserve. Aujourd’hui Carmen est
l’un des opéras les plus joués dans le monde.
o De la nouvelle à l’opéra :
La nouvelle de Mérimée est, en effet, une sorte de tragédie passionnelle brève et intense
où les situations et les sentiments sont souvent d’un naturalisme violent. Une adaptation fidèle en
était impensable dans une maison vouée à des spectacles habituellement sentimentaux, aimables
et gracieux. Meilhac et Halévy ont donc effectué des changements notamment pour adoucir le
caractère des deux héros pour éviter qu’on ne crie l’indécence.
- Le personnage de Carmen de Bizet est plus « édulcoré », civilisé que dans la nouvelle de
Mérimée. Alors que l’héroïne de Mérimée se présente comme une voleuse, intrigante, criminelle
au comportement totalement amoral, cruel et cynique, la Carmen de l’opéra moins outrancière
dans les méfaits qu’elle peut produire, se veut plus sage et ne commet plus de graves délits.
- Meilhac et Halévy créèrent le personnage de Micaëla, absent chez Mérimée, permettant
de faire contrepoids au personnage de Carmen. Micaëla incarnait à elle seule la tradition
romantique. Vivante image de la pureté, de la fraîcheur et de l’ingénuité, elle offrait un contraste
saisissant avec Carmen, personnification de la sensualité, du péché et du vice.
o La note d’intention du spectacle
Le texte est emprunté et adapté de la nouvelle de Prosper
Mérimée, et du livret de l’opéra de George Bizet. Dans la nouvelle
écrite par Mérimée, le narrateur est un homme, un archéologue.
Dans ce spectacle, c’est une femme qui raconte. Comme Mérimée,
elle commence par la fin. Dans un compte à rebours fatal, elle met en
scène amour, jalousie, doute, trahison, fatalité. Elle nous entraine
dans les méandres de la passion de Don José et Carmen.
L’opéra de Bizet est l’opéra français le plus joué. Il est au cœur du
travail. Petits objets. Grande musique. A l’opéra, se mêlent des sons,
des extraits de films, des musiques. Sur la scène, objets,
marionnettes, tableaux, ombres chinoises. Les matériaux scéniques
et musicaux les plus divers sont mis en œuvre afin de trouver une
manière propre de raconter une histoire mille fois racontée. Traiter
Carmen en théâtre d’objets c’est adopter humour et distance,
sans annuler la dimension tragique. Les objets permettent la légèreté, mais ils entretiennent
aussi l’équivoque.
Carmen est à la fois “la femme damnée”, dévoreuse d’hommes. Elle est aussi l’incarnation d’un
être libre, qui ne peut être possédé par personne, pas même par Don José.
LES PISTES PÉDAGOGIQUES
En amont, il existe deux types de préparation à la représentation : la première dépendant de
l'expérience du théâtre des élèves en général (les lieux, les métiers, le comportement à adopter
lorsqu'on voit un spectacle, etc) et la deuxième plus spécifique portant sur le spectacle lui-même.
Aussi, quelques pistes pédagogiques proposées ci-dessous vont pouvoir vous aider à préparer
l' « avant » spectacle.
Juste avant la représentation, l’enseignant peut rappeler les codes de vision d’un spectacle et les
règles à suivre. Il peut attirer l’attention des élèves sur certains points du spectacle (les décors, la
lumière, la musique, le jeu des personnages).
En aval, l’enseignant peut exploiter les pistes pédagogiques proposées ci-dessous, la bibliographie et
les documents complémentaires : Lexique du spectacle vivant, Lire une représentation. Ce travail
permettra de familiariser les élèves au spectacle vivant, de trouver un sens à l’œuvre, d’éveiller leur
esprit critique et de donner le goût des arts.
Pour compléter ce dossier, vous pouvez aller sur le site http://www.letheatre.laval.fr et regarder le
répertoire de connaissances sur le spectacle vivant.
I) PREPARATION AVANT LE SPECTACLE
1) Affiche du spectacle :
-Avant le spectacle : formuler des hypothèses sur le spectacle avec les élèves en se basant sur
l’interprétation de l’affiche et du titre du spectacle. Il ne s’agit pas de comprendre le spectacle mais
de susciter l’intérêt et la curiosité des élèves.
2) Entrer par les répliques :
(Ressources : "Coup de théâtre en classe entière", Bernard Grosjean, Scéren, CRDP Créteil, 2004.
chapitre 3, disponible au cddp ou au Théâtre de Laval)
-Avant de travailler le jeu théâtral, faire des exercices physiques de conscience du corps et de
cohésion du groupe :
o Marcher dans l’espace de jeu défini en veillant à occuper tout l’espace. Bien relâcher
bras et épaules, regard ouvert. Mettre de l’énergie dans la marche, ralentissements,
accélérations.
o Puis se croiser, chercher le regard de l’autre et se dire bonjour en se présentant (le
prénom).
-Délimiter un espace de jeu au sol avec du scotch de couleur. Cet espace sera la scène.
-L'enseignant distribue au hasard une réplique à chaque élève issue du carnet d’opéra de Bizet (cf.
répliques à la fin du document).
-En cercle et en deux groupes : un groupe reste assis les yeux fermés pendant que l'autre groupe
murmure les répliques à chaque personne assise. Varier les manières de dire les répliques : près de
l'oreille, d'en bas, d'en haut, de loin. Puis inverser les deux groupes.
-En cercle, un élève doit regarder un camarade en face de lui et proférer sa réplique avec une
contrainte (comme si son interlocuteur était sourd, en allongeant les syllabes, en accentuant les
consonnes, …) ou avec une émotion (joie, tristesse, colère, peur, douceur, etc).
-Distribuer la liste des personnages : Carmen, Don José, Escamillo, Michaëla, le lieutenant).
Chaque élève doit imaginer quel personnage prononce sa réplique. Les élèves qui ont le même
personnage forment un groupe (ex : groupe des carmens, des escamillos, des Don José, des
Michaëla, des lieutenants). Chaque élève du groupe profère sa réplique en jouant le personnage
(l'élève cherche une voix à son personnage, voire un corps) dans l'espace de jeu.
Dossier réalisé à partir des documents fournis par la compagnie – Ligue de l’enseignement / FAL 53
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3) Préparer à aller au théâtre :
-Expliquer les lieux et les métiers du théâtre : (cf. Lexique du spectacle vivant joint à ce dossier +
plan
du
théâtre
sur
le
site
du
Théâtre
de
Laval
:
http://letheatre.laval.fr/public/actions/index.php?page=outils.
-Lire la distribution du spectacle et expliquer les différents métiers (page 2 du dossier). Qui sera sur
scène, en régie, en coulisse ?
-Lire, réécrire ou mimer la charte du jeune spectateur (cf. pièce jointe au dossier)
-Jouer le bon / le mauvais spectateur ; les 3 qualités / les 3 défauts.
II) RETOUR APRES LE SPECTACLE
1) Reconvoquer les souvenirs (Théâtre, art de l’éphémère : pas de relecture, ni de revisionnement
possibles !)
Mise en pratique (avant de verbaliser ce qui a été vu, préférer reconvoquer les souvenirs par le
jeu, ce qui permet aux enfants de se familiariser avec la pratique du théâtre et de s’exprimer
autrement.)
- Avant de travailler le jeu théâtral, faire des exercices physiques de conscience du corps et de
cohésion du groupe :
o Marcher, bien relâcher bras et épaules, regard ouvert. Mettre de l’énergie dans la
marche, ralentissements, accélérations. Arrêter la marche au claquement de main.
o Continuer la marche, cette fois une personne s’arrête et dit un mot en lien avec le
spectacle. Tous s’arrêtent et l’écoutent. Reprendre la marche et répéter l’exercice.
-Par groupe de 5, chaque élève se remémore une image du spectacle qu'il reconstitue en sculptant
les corps de ses camarades de jeu et lui-même. Puis on remet en ordre les images et on les
présente au reste des élèves qui les identifient en leur donnant un titre.
-Par groupe de 5, réaliser un tableau vivant (sans parole) fixe ou en mouvement illustrant le début
et la fin du spectacle. Echange : trouver des explications pour le passage de l'une à l'autre.
Mise en mots
-Comparer les hypothèses émises avant de voir la représentation avec la réalité du spectacle vu.
-Chacun note un moment du spectacle qui l'a marqué (description précise de la scène). Lecture au
groupe sans commentaires.
-Si ce spectacle était une couleur, une musique, un objet, une odeur, un personnage célèbre, un
goût, une matière ? Quel adjectif qualifierait le mieux le spectacle ?
-Chaque élève écrit 4 phrases qui résument son appréciation du spectacle positivement et/ou
négativement. Lire et justifier son choix. Les critiques de la classe peuvent être envoyées aux
autres classes présentes lors de la représentation.
-S’aider de l’annexe Lire une représentation et demander aux élèves de décrire la pièce selon les
domaines énoncés (le récit, les objets, les personnages, les thèmes abordés) puis de l’analyser.
2) La Nouvelle de Mérimée et l’Opéra de Bizet
-Lecture de la nouvelle de Carmen (cf. bibliographie à la fin du document). Comment est relatée
l’histoire et par qui ? Où se déroule l’histoire ? Qui sont les personnages ?
-Lecture du carnet d’opéra de Bizet : Qui sont les personnages ? Comment sont-ils traités par
rapport à la nouvelle de Prosper Mérimée ? Qu’est-ce qui change d’une œuvre à l’autre ?
-Lire le célèbre extrait de l’opéra de Carmen et l’écouter (cf. bibliographie). Connaissiez-vous déjà
cet air ?
3) Dans le spectacle de la compagnie Karyatide
-Qui raconte l’histoire ? Comment sont traités les personnages ? Quelles sont les différences entre
l’histoire originale de Carmen et le spectacle ? Les scènes ont-elles été coupées ou ajoutées ?
Dossier réalisé à partir des documents fournis par la compagnie – Ligue de l’enseignement / FAL 53
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Existe-t-il une signification différente dans le spectacle ? A quel moment du spectacle retrouvet-on l’opéra de Bizet ? Quelle forme prend-il dans le spectacle ? Quelle était la signification des
objets : la poupée folklorique, le soldat, le manteau, la fleur rouge ?
4) Prolonger le spectacle et garder une trace
-Après le spectacle : par groupe, à l’aide du dessin, du collage, de la peinture, de l’informatique,
réaliser une nouvelle affiche qui pourrait remplacer l’affiche originale en donnant un nouveau titre
au spectacle.
-Écrire une lettre à l'auteur, au metteur en scène, au comédien/marionnettiste, à un personnage...
-Se mettre dans la peau du metteur en scène et décrire ce qui pourrait être changé dans le
spectacle.
5) Le théâtre d’objet
-Expliquer aux enfants ce qu'est le théâtre d'objets :
o Voici une courte définition : dans le théâtre d'objets, les objets ne sont plus accessoires de
théâtre servant au comédien, mais personnages. Ils ont leur vie propre et peuvent être
manipulés directement ou à l'aide de contrôle (comme une marionnette). Ce sont en
général des objets à l'état brut, non transformés pour le spectacle et utilisés comme des
personnages (comme des figurines dans le spectacle). Le manipulateur doit trouver la
respiration, le déplacement et la voix de l'objet, en tenant compte de sa forme et de sa
matière.
-Que permet le théâtre d’objet dans le spectacle ? Quelle est la place des objets et celle des
comédiens/marionnettistes?
-Par groupe de 5, trouver des objets qui pourraient représenter Carmen, Don José, Escamillo,
Michaëla, le lieutenant. Proposer de rejouer les scènes manquantes du spectacle en inventant une
mise en scène et un décor.
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POUR ALLER PLUS LOIN
Extraits de presse :
Passions et transmission
Aux Rencontres de Huy, une Carmen enflammée et des questions à l’infini…
Par Sarah Colasse – La Libre Belgique, août 2011
Elle nous avait impressionnés l’été dernier avec sa "Madame Bovary" en théâtre d’objet. La voici
qui revient avec une autre figure féminine de premier plan. La Cie Karyatides propose "Carmen",
dès 10 ans, et nous voilà à nouveau bluffés devant un tel travail d’orfèvre ! Au bout d’une corde,
une petite poupée "action man" danse dans le vide. Solennelle, Karine Birgé déclare "José Navarro
est sorti de ce monde par amour pour Carmen !" avant de nous raconter le drame de ces
amoureux-là.
Pour ce faire, sur sa table-plateau recouverte d’argile, en arc de cercle devant elle, surplombée
d’un cadre en métal, elle va brandir des cartes, de tout petits objets, des poupées, une toile
d’ombres En fond, à plusieurs reprises, les premières notes de l’air lancinant de Bizet puis d’autres
extraits de l’opéra. Avec aussi un excellent travail sur les lumières et les voix enregistrées ou en
direct (en compagnie de Guillaume Istace).
L’ambiance, la sensualité, la façon de raconter, de manipuler ainsi que la gestuelle raffinée de la
comédienne nous plongent tout de go sous l’air chaud de Séville et au cœur de la trame de Prosper
Mérimée. Véritable prouesse.
"Le théâtre d’objet a un réel pouvoir de synthèse", expliquent Félicie Artaud, la metteure en scène,
et Karine Birgé. "L’objet permet de donner les métaphores à voir. En une seule image, la violence
d’une situation, de sentiments, nous parvient." Tel le moment où José reçoit en pleine face la
grande fleur fuchsia que lui lance Carmen. La fleur couvre le visage de la poupée, racontant
l’aveuglement soudain de l’homme tombé amoureux. "Travailler avec des objets, de si petites
choses, sur une telle puissance musicale nous a permis de trouver les codes pour raconter
l’histoire." Avec une réelle liberté d’adaptation également : "Carmen est un si grand mythe ! Il en
existe tellement de versions à travers le monde qu’on s’est senties totalement libres pour jouer
avec les codes et les références."
Un mythe ici merveilleusement transmis au jeune public ! "Les mômes le chantent en sortant. C’est
aussi une manière de leur transmettre le goût de l’opéra. Même pour les adultes : on peut
connaître le tube de Bizet mais pas forcément l’histoire "
Crise et tragédie en deux leçons
Par J.M. Wynants, C. Makereel - Le Soir, supplément Scènes, 23/08/2011
A ma gauche Carmen, l’héroïne de la nouvelle de Prosper Mérimée et de l’opéra de Bizet. A ma
droite, Antigone, héroïne de Sophocle et de la mythologie grecque. Cet été, toutes deux se
croisent aux Rencontres de théâtre jeune public à Huy. Mais aucune n’apparaît en chair et en
os. La première (compagnie Karyatides, à partir de 10 ans) surgit du sable, sous forme d’une
poupée à la robe rouge affriolante. La seconde (compagnie Sac à dos, dès 9 ans) est sculptée dans
la terre glaise comme tous ceux et celles qui l’entourent.
Dossier réalisé à partir des documents fournis par la compagnie – Ligue de l’enseignement / FAL 53
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Dans les deux cas un couple de narrateurs est aux commandes. L’humour vient alléger le
propos au début. Puis, lorsque le spectateur est ferré, il est entraîné vers la tragédie sans plus
aucune échappatoire.
Dans Carmen, Karine Birgé (accompagnée par Guillaume Istace qui gère le son et lui donne la
réplique) manipule les poupées de la belle séductrice, de José et d’Escamillo mais aussi d’amusants
taureaux dodelinant de la tête. Elle tire les cartes comme une vraie gitane, transforme l’arène de
sable en un champ verdoyant d’un coup d’éponge ou fait surgir un night-club avec une boule à
facettes. Extraits d’opéra et de chansons populaires jalonnent cette plongée aux enfers d’une
redoutable efficacité.
Une passion en miniatures
Par Michel Voiturier - Rue du Théâtre, 24/08/2011
L’opéra de Bizet et la nouvelle de Mérimée dont il est tiré sont traités en théâtre d’objets.
Ainsi la folle et meurtrière passion du brigadier José pour l’aguichante et volage Carmen éclate-telle en raccourci sur une scène minuscule peuplée de poupées et d’accessoires miniatures.
Après le succès, l’an passé, de Madame Bovary, la Cie Karyatides remet cela avec une autre
histoire d’amour tragique du XIXe siècle. Mais cette fois, ce n’est plus une manipulatrice
quasi invisible qui mène ce fait divers.
Karine Birgé en dispose les éléments et les protagonistes tout en étant comédienne qui dialogue
avec un José installé en régie (Guillaume Istace). Elle se dissimule parfois derrière une
mantille. Il lui arrive de chanter l’opéra. Par moments, on peut même avoir l’impression d’un
commentaire à la Hondelatte dans son émission « Faites entrer l’accusé ».
La magie existe. Voir évoluer les figurines sur le sable du pays, du désert, de l’arène ou sur la
verdure de la campagne est fascinant. Comme lorsqu’un gosse joue avec des petits soldats, des
pièces de Légo ou des bouts de bois qu’il met instinctivement en scène et intègre dans un récit
improvisé.
Les traits sont évidemment grossis. La structure du récit apparaît dans son schéma le plus
nu, dépourvu de ses afféteries littéraires. L’actualisation parle de dancing plutôt que de bal. La
musique est là, celle de Georges Bizet mais aussi d’autres, totalement anachroniques.
(…)
L’ensemble ne manque pas de trouvailles. Il navigue entre drame, parodie et une pointe de
dérision. Ce qui constitue un début d’antidote à l’omniprésence envahissante des faits divers
sanglants dans les quotidiens, les journaux parlés et télévisés, les documentaires puissant
leur contenu à travers les procès d’assises.
Dossier réalisé à partir des documents fournis par la compagnie – Ligue de l’enseignement / FAL 53
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Bibliographie
•
Les ouvrages faisant partie du fonds d’ouvrages de la Bibliothèque Départementale de la
Mayenne ou du CDDP de la Mayenne sont signalés :
Documents sur le mythe de Carmen :
-Carmen de Prosper Mérimée ; préf. Bernard Leblon ; Actes Sud, 1986. BDM
-Carmen de Prosper Mérimée en BD ; scénario Frédéric Brrémaud ; dessin Denis Goulet ; couleur
Valérie Vernay ; Paris : Delcourt, 2012. BDM
-Film de Carlos Saura : Carmen ; paru en 2000 aux éditions Suevia films. CDDP - COTE :
372.886:791/DVD 0055.
-Film de J.L Godard : Prénom Carmen
-Tragédie de Peter Brooks : Carmen – pièce filmée, parue en 1983 aux éditions INA. CDDP- COTE :
82-2/V 1005
-Carmen de Georges Bizet par Francesco Rosi, film musical paru en 2000 aux éditions Gaumont.
CDDP – COTE : 791:78/DVD 0280
-Carmen Jones d'Otto Preminger, adaptation de l'histoire dans le milieu noir américain.
Documents audio sur Carmen :
- Carmen de Georges Bizet, compositeur ; Tatiana Troyanos, soprano (Carmen) ; Placido Domingo,
ténor (Don José) ; José van Dam, basse (Escamillo) ; Kiri Te Kanawa, soprano (Micaëla)... [et al.] ;
John Alldis choir ; John Alldis, chef de choeur ; London Philharmonic orchestra ; Sir Georg Solti,
direction. - Polygram, 1976.
-La Divina / Maria Callas, S. - EMI, 1992 (P). - 1 d. c. ; 12 cm + 1 brochure.
Contient : " Madama Butterfly / Puccini. Carmen / Bizet. La Wally / Catalani. Il barbiere di Siviglia /
Rossini. Norma / Bellini. Samson et Dalila / Saint-Saens. Rigoletto / Verdi. La Traviata / Verdi.
Roméo et Juliette / Gounod. La Bohème / Puccini. Don Giovanni / Mozart. Cavalleria rusticana /
Mascagni. La Gioconda / Ponchielli. Gianni Schicchi / Puccini. Turandot / Puccini. Tosca / Puccini.
Document sur l’œuvre de Prosper Mérimée :
-Construire une mise en scène de Matéo Falcone de Prosper Mérimée par Agnès Perrin en p.45-46;
paru dans Nouvelle revue pédagogique 2000/01-09 paru en Juin 2001. CDDP
-Tamango ; paru en avril 2001 aux éditions Magnard. CDDP – COTE : 372.884 MER
-Colomba ; La vénus d'Ille ; Les âmes du purgatoire de Prosper Mérimée, Paris, Garnier, 1962. BDM
-Mateo Falcone : Tamango et autres nouvelles de Prosper Mérimée ; ed. établie par Antonia Fonyi;
chronologie par Pierre Salomon ; Paris : GF-Flammarion. BDM
-La partie de trictrac ; La chambre bleue de Prosper Mérimée ; Paris : Hachette, 2001. BDM
Document à l’usage des enseignants sur le mythe de Carmen :
-Carmen : s'initier aux notions nouvelles de la lecture méthodique par Anne-Marie Hubat-Blanc,
1995, éditions CRDP de l'académie d'Amiens. CDDP - COTE : 372.884(C) HUB
-Carmen, chap. 3 (lecture dirigée) dans Ecole des Lettres second cycle 85/86-15 paru en Juin 1986
en 27-37. CDDP
Documents sur la marionnette et le théâtre d'objets à l'usage des enseignants :
-Marionnettes et le théâtre d'objets ; CRDP de l'Académie de Lyon ; Entrer en théâtre ; 2010. CDDP
-Marionnette : de l'objet manipulé à l'objet théâtral ; Cara Anne, CRDP de Champagne-Ardenne ;
2006. CDDP
-Marionnettes : atelier et création ; Albert Mourey ; Fleurus ; 1993. CDDP
-Théâtres et marionnettes ; Isabelle Ancori ; Hachette ; Les petits chefs ; 1995. CDDP
-Créer des marionnettes, articles de périodique, PEMF-Bibliothèque de Travail ; 1997. CDDP
Dossier réalisé à partir des documents fournis par la compagnie – Ligue de l’enseignement / FAL 53
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ANNEXES
•
Répliques piochées dans le livre d’opéra de Bizet
-Mon brigadier à moi s’appelle Don José, le connaissez-vous ?
-Je viens de me rappeler que votre mère m’a chargée de quelques petits achats
-Eh bien, eh bien ! Qu’est ce qui arrive ? Les ouvrières sortent rapidement et en désordre.
-Et la blessure de l’autre femme ?
-Prenez et attachez moi ces deux jolies mains.
-Quand je vous aimerai ? Ma foi…je ne sais pas.
-Ton épinglette, vraiment ! Ton épinglette…épinglier de mon âme.
-On m’avait provoqué, je n’ai fait que me défendre.
-Elle avait commencé à dessiner des croix de Saint André sur le visage de sa camarade
-Coupe moi, brûle-moi, je ne te dirai rien : je brave tout, le feu, le fer et le ciel même
-A la prison, ma pauvre enfant !
-Mon officier n’est pas un capitaine, pas même lieutenant, il n’est que brigadier.
-Carmen, je suis comme un homme ivre
-Si je cède, si je me livre, ta promesse tu la tiendras ? Si je t’aime, tu m’aimeras ?
-Vivat vivat le torero : Vivat vivat Escamillo !
-Dis-moi ton nom, et la première fois que je frapperai le taureau, ce sera ton nom que je
prononcerai.
-On m’a mis en prison, on m’a ôté mon grade, mais ça m’est égal !
-Qu’est-ce que tu as? …est-ce que tu serais jaloux par hasard ?
-Où sont mes castagnettes ? Qu’est-ce que j’ai fait de mes castagnettes ?
-Non tu ne m’aimes pas, non ! Car si tu m’aimais là-bas, tu me suivrais !
-Es-tu des nôtres maintenant ?
-Ce que je veux c’est être libre de faire ce qu’il me plaît.
-Tu es le diable, Carmen ?
-Je suis venue ici justement pour parler à un de ces contrebandiers
Dossier réalisé à partir des documents fournis par la compagnie – Ligue de l’enseignement / FAL 53
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-Je suis Escamillo, torero de Grenade
-C’est une zingara, mon cher.
-Elle avait un amant qui jadis a déserté pour elle
-Quelle maladresse ! J’en rirais vraiment ! Chercher la maîtresse et trouver l’amant !
-Frappe ou bien meurs…Ceci n’est pas un jeu.
-Moi ? Je viens te chercher. Là-bas est la chaumière, où sans cesse priant, une mère, ta mère pleure
sur son enfant.
-Pourquoi t’occuper encore d’un cœur qui n’est plus à toi ?
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Chanson de Carmen
L'amour est un oiseau rebelle
Que nul ne peut apprivoiser,
Et c'est bien en vain qu'on l'appelle
S'il lui convient de refuser.
Rien n'y fait, menace ou prière;
L'un parle bien, l'autre se tait,
Et c'est l'autre que je préfère;
Il n'a rien dit, mais il me plaît.
L'amour est enfant de Bohême,
Il n'a jamais connu de loi;
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime;
Si je t'aime, prends garde à toi!
L'oiseau que tu croyais surprendre
Battit de l'aile et s'envola...
L'amour est loin, tu peux l'attendre;
Tu ne l'attends plus, il est là...
Tout autour de toi, vite, vite,
Il vient, s'en va, puis il revient...
Eh bien, parle... ma mère?...
Tu crois le tenir, il t'évite;
Tu veux l'éviter, il te tient.
L'amour est enfant de Bohème,
Il n'a jamais connu de loi;
Si tu ne m'aimes pas, je t'aime;
Si je t'aime, prends garde à toi!
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