La protection des écosystèmes s en question LA DÉMARCHE DE LAFARGE LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ 1. RÉHABILITATION, UNE OPPORTUNITÉ POUR LA BIODIVERSITÉ ? 2. RÉAMÉNAGEMENT : CONFRONTATION OU CONCERTATION ? 3. VERS UN SYSTÈME DE MANAGEMENT DE LA BIODIVERSITÉ ? 4. COMMENT PROTÉGER ET DÉVELOPPER LES SERVICES RENDUS PAR LES ÉCOSYSTÈMES ? Lafarge exploite 730 carrières dans le monde // 450 millions de tonnes de roches sont extraites // 64 % des carrières ont été évaluées selon des critères établis par le WWF // 79 % des carrières disposent d’un plan de réhabilitation // 35 % des carrières situées 04 DIVERSITÉ BIOLOGIQUE : AGIR FACE À L’URGENCE en zone sensible sont dotées d’un programme de développement de la biodiversité 06 BIODIVERSITÉ ET CARRIÈRES : DES INITIATIVES LOCALES À UNE DÉMARCHE DE PARTENARIATS 08 RÉHABILITATION, UNE OPPORTUNITÉ POUR LA BIODIVERSITÉ ? © Stéphane de Bourgies SOMMAIRE Un cadre global pour une politique au quotidien 14 RÉAMÉNAGEMENT : CONFRONTATION OU CONCERTATION ? BRUNO LAFONT Président - Directeur général de Lafarge Transparence et dialogue, une dynamique de progrès 16 VERS UN SYSTÈME DE MANAGEMENT DE LA BIODIVERSITÉ ? Outils d’évaluation et formation, gages d’efficacité ’ l Organisation des Nations unies a déclaré 2010, Année internationale de la biodiversité afin 20 COMMENT PROTÉGER ET DÉVELOPPER LES SERVICES RENDUS PAR LES ÉCOSYSTÈMES ? Le rôle inestimable du milieu naturel de mettre en lumière les enjeux et de nous alerter. Les scientifiques nous le confirment : notre planète enregistre une perte de richesse biologique et la préservation des écosystèmes est un défi capital pour l’avenir du monde. Notre engagement pour la construction d’un monde plus durable est ancien. Il est le reflet © Médiathèque Lafarge - Francis Vigouroux de nos valeurs et fondé sur une évidence : nous devons être exemplaires dans nos opérations et suivre une démarche responsable qui suppose transparence et dialogue avec les associations et les communautés voisines des carrières que nous exploitons. Notre ancrage au cœur des territoires nous a permis de développer une grande capacité d’écoute et de concertation. PAGES CENTRALES LES 3 VIES D’UNE CARRIÈRE Ainsi, nous avons appris à enrichir notre approche scientifique de protection de la nature avec des savoirs ancestraux. Aujourd’hui, nous avons fait des progrès importants. Nous sommes capables d’insérer la carrière dans son environnement naturel, de reconstituer des habitats pour la faune et la flore, et de préserver les espèces sensibles. Notre objectif est maintenant d’être reconnu partout dans le monde comme un contributeur > Carrière d’Anneville, Normandie, France. responsable, compétent et efficace, au progrès de la biodiversité. Cette ambition s’appuie sur des partenariats globaux et locaux – notamment avec le WWF International – sur des équipes dédiées et motivées, sur notre dynamisme et notre désir partagé de progresser et d’apprendre. © Charlotte Cauwer Une feuille de route pour la biodiversité Lancées en 2007, les Ambitions Développement durable 2012 scellent les engagements de Lafarge dans le domaine du développement durable en fixant des objectifs chiffrés. Le volet consacré à la protection de la biodiversité prévoit notamment d’évaluer, selon des critères validés par le WWF, la valeur écologique de l’ensemble des 730 carrières exploitées par le Groupe à travers le monde. Il préconise également la mise en place de plans de développement de la biodiversité sur les sites abritant des espèces animales ou végétales rares ou localisés dans des périmètres protégés, en collaboration avec les associations environnementales locales. BRUNO LAFONT > De l’élaboration du projet de réaménagement du site à sa réhabilitation, en passant par la période d’exploitation. 2 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ OLIVIER LUNEAU Directeur du Développement durable et des Affaires publiques Groupe © Alain Le Breton © Médiathèque Lafarge - ConstructionPhotography.com - Paul McMullin > Carrière réhabilitée de Caversham, Royaume-Uni. “ Au cœur de notre stratégie de développement durable, la protection de la biodiversité est une préoccupation ancienne pour nous. Mais elle a pris toute sa mesure depuis 2000, grâce à la signature du partenariat avec le WWF. Nous nous sommes alors formellement engagés à instaurer des plans de réhabilitation de toutes nos carrières en activité. Nos équipes se sont beaucoup professionnalisées et, aujourd’hui, nous avons atteint un niveau de maturité qui nous permet d’avoir des objectifs mesurables. En lien avec les parties prenantes, nous identifions les risques et appliquons notre politique. Nous mesurons constamment sa pertinence grâce à nos indicateurs clés de performance.” LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 3 Les espèces sont actuellement en phase d’extinction massive. Cette urgence Afin de mener une démarche de protection de la biodiversité sur ses anciennes appelle à une mobilisation des scientifiques, pouvoirs publics et acteurs carrières, Lafarge a noué, au fil des ans, de nombreux partenariats. À la clé, L’érosion de la biodiversité observée depuis les Pour comprendre et préserver la flore et la faune, le économiques, tenus d’intégrer rapidement des critères de développement durable. une connaissance approfondie du vivant et des outils de diagnostic écologique. partage des connaissances est un enjeu essentiel. années 1980 est en partie due à l’activité humaine. “ rigueur, de la discipline, et des investissements. Une approche responsable peut présenter un coût initial mais, au final, être un bon voisin, être une entreprise respectueuse des milieux naturels apporte des bénéfices.” Diversité biologique : agir face à l’urgence 2010 a été décrétée Année internationale de la biodiversité par les Nations unies pour sensibiliser l’opinion mondiale aux dangers qui pèsent aujourd’hui sur la survie de nombreuses espèces animales et végétales. Communément, la biodiversité désigne la variété des espèces vivantes sur notre planète. Or, aujourd’hui, la disparition des espèces s’opère à un rythme alarmant. « Le point de vue est unanime parmi les spécialistes : on assiste à une érosion, un recul profond de la biodiversité, constate Jean-Marie Pelt, professeur honoraire de biologie végétale à l’université de Metz et président de l’Institut européen d’écologie. Le taux d’extinction est, selon les espèces, de 50 à 1 000 fois supérieur au taux d’extinction attendu. C’est une érosion rapide, et qui s’accélère. » Phase d’extinction massive. En 2005, le rapport « Millennium Ecosystem Assessment » estimait que la disparition de 12 % des oiseaux, 25 % des mammifères et 32 % des amphibiens se produirait d’ici à 2100. Et nombre de scientifiques estiment aujourd’hui que la planète traverse sa sixième grande crise d’extinction. Une crise essentiellement due à l’action de l’espèce humaine sur son environnement. Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) distingue, en effet, quatre grandes causes, qui, interconnectées, sont à l’origine de cette extinction massive : l’exploitation intensive des 4 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ ressources (chasse, pêche…) ; les invasions ou les proliférations d’espèces (certaines algues ou cultures notamment) ; le réchauffement climatique, principalement dû à l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ; et la destruction ou la dégradation des écosystèmes (urbanisation, déforestation, pollution des sols et des eaux, prélèvement non durable de l’eau…). Si la disparition d’espèces vivantes peut parfois relever d’un phénomène de régulation naturelle, son rythme actuel est extrêmement élevé. Et l’effet d’entraînement de cette contraction de la biodiversité sur la planète est dévastateur : chaque espèce qui disparaît met en péril l’équilibre d’un écosystème entier, avec le risque de provoquer de nouvelles extinctions et de bouleverser des phénomènes naturels qui paraissaient immuables. Des pratiques remises en question. L’intervention humaine a souvent malmené les milieux naturels. La déforestation, la chimie agricole alliée à une culture intensive ou encore l’assèchement des zones humides ont causé d’immenses préjudices. « Le sol est un écosystème, souligne JeanPaul Jeanrenaud, directeur des relations avec les entreprises au WWF International. S’il est maintenu en bonne santé, il sera productif ad vitam æternam et fournira toujours de la nourriture. En revanche, si l’on détruit la faune et la flore naturelle qui sont à l’origine de sa fertilité, il faudra toujours plus d’apport extérieur, ce qui coûtera de plus en plus en cher. Et en définitive, le sol sera rendu stérile : il ne sera plus qu’une matrice pour maintenir les plantes dans une position verticale. » Les écosystèmes des marais, longtemps jugés improductifs, ont également pâti de l’activité humaine. « Quand on parlait des zones humides, autrefois, on parlait de marécages, indique Arnaud Colson, directeur des affaires publiques et du développement durable de l’Activité Granulats & Béton en France. Le marécage avait une connotation très négative : il attirait les moustiques et les maladies, il propageait les virus. Aujourd’hui, nous savons © DR © DR Médiathèque Lafarge Il y a des endroits particulièrement sensibles où il ne devrait y avoir aucune activité industrielle, et les entreprises doivent apprendre à respecter ces restrictions. Dans d’autres, il est parfaitement possible de protéger la biodiversité tout en exerçant une activité industrielle. Mais cela requiert une certaine © Irène R Lengui / L’IV JEAN-PAUL JEANRENAUD Directeur des relations avec les entreprises au WWF International LA VIE SUR TERRE, UN FRAGILE ÉQUILIBRE > Carrière réhabilitée de Meknès, Maroc. que le marécage est une zone humide riche au plan écologique parce que, justement, elle accueille de nombreuses espèces, dont les moustiques, qui font partie de la chaîne alimentaire des oiseaux et des batraciens. Nous savons aussi qu’elle procure un service d’écosystème essentiel : la purification de l’eau. » Devant le constat des dégâts causés par des pratiques irresponsables, une évidence s’impose. « Protéger l’environnement relève tout simplement du bon sens, souligne Jean-Paul Jeanrenaud (WWF International). Sans écologie, il n’y a pas d’économie : on ne fait pas de business sur une planète morte. » Face à l’urgence, pouvoirs publics, ONG, scientifiques, mais également industriels doivent se mobiliser pour prendre les mesures nécessaires à la protection des espèces et de leurs habitats. La mise en place de partenariats et d’initiatives communes paraît aujourd’hui indispensable pour mener des actions concertées et mobiliser l’expertise permettant de mesurer l’impact des activités humaines. « Non seulement l’industrie peut faire rimer business et préservation de l’environnement, mais elle le doit, conclut Jean-Marie Pelt. Elle doit intégrer l’ensemble des problématiques de développement durable. Il n’existe a priori aucune incompatibilité rédhibitoire, pour peu que l’on ait à l’esprit un autre modèle et que l’on mette en œuvre des pratiques adaptées. » La biodiversité est partout, sur terre et dans l’eau. Elle englobe toutes les formes de vie, des microorganismes aux plantes et animaux. La survie et la reproduction des espèces vivantes reposent sur un ensemble d’interactions communément désigné par le terme d’écosystème. Cette interdépendance rend la nature extrêmement vulnérable à une extinction accélérée des espèces. INDICE PLANÈTE VIVANTE (Indice 1 en 1970) 1,4 1,2 1,0 ESPÈCES TERRESTRES 0,8 ESPÈCES MARINES 0,6 ENSEMBLE DES VERTÉBRÉS 0,4 ESPÈCES D’EAU DOUCE 0,2 0 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 L’Indice Planète vivante est un indicateur de la biodiversité dans le monde. Son évolution accuse une régression à partir des années 1980, qui s’accélère après 1990. LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 5 LES ÉTAPES CLÉS DE LA POLITIQUE DE LAFARGE EN FAVEUR DE LA BIODIVERSITÉ Dès le début des années 1970, Lafarge prend en compte les enjeux environnementaux sur ses sites, et notamment les carrières. Le Groupe adopte alors plusieurs mesures qui anticipent les réglementations, comme en France et au Kenya. 1980 1987 1992 Au cours des années 1980, Lafarge noue de multiples partenariats, officiels ou informels, avec des associations locales de naturalistes sur des thèmes précis : un ornithologue qui vient compter les oiseaux sur une carrière, un botaniste qui a repéré des espèces intéressantes sur un site… Le rapport Brundtland de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement crée un nouveau concept : « Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » À Rio de Janeiro (Brésil) se tient la première conférence des Nations unies sur l’environnement. Elle aboutit notamment à la signature de la Convention sur la diversité biologique. Lafarge signe son premier partenariat en France avec le Muséum national d’histoire naturelle. Les études menées contribuent à développer une expertise dans la connaissance du vivant sur les carrières. 2000 Membres du Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (World Business Council for Sustainable Development ou WBCSD), Lafarge et Holcim créent l’Initiative ciment pour le développement durable. Cette démarche sectorielle novatrice réunit aujourd’hui 23 cimentiers du monde entier, qui travaillent ensemble à réduire les impacts écologiques de leurs activités. 2007 2009 Le plan Ambitions Développement durable 2012 de Lafarge fixe des objectifs chiffrés pour réduire l’empreinte environnementale des activités du Groupe. Dans la carrière de Presque Isle aux États-Unis, Lafarge lance pour la première fois une étude visant à analyser et évaluer la valeur des services rendus par les écosystèmes sur l’un de ses sites. Le WWF et Lafarge nouent un partenariat. Cette association inédite entre un acteur industriel et une organisation non gouvernementale de protection de l’environnement crée un précédent. © Médiathèque Lafarge La Communauté européenne adopte la directive oiseaux, relative à la préservation des espèces sauvages. La même année, la convention de Berne sur la protection de la vie sauvage est signée par la Communauté européenne et quarante-quatre autres pays. 1999 1995 © DR 1979 © DR Médiathèque Lafarge 1970 “ PIERRE DE PRÉMARE Directeur de l’environnement et des affaires publiques pour les carrières de Lafarge “ Il y a eu un véritable changement dans le contexte international. Auparavant, les industriels étaient considérés comme de grands destructeurs de la nature. Dans de nombreux pays, le Groupe commence aujourd’hui à nouer des relations de confiance avec les associations environnementales et les scientifiques. Comme le souligne le WBCSD, la préservation de l’environnement repose aussi sur les entreprises.” Dans les années 1980, on a pris conscience que, tout au long des Trente glorieuses, la reconstruction de nos différents pays engagée après la Seconde Guerre mondiale s’était faite dans des conditions discutables du point de vue de l’environnement. ` L’urgence de la reconstruction et une réglementation relativement souple ont favorisé des procédés industriels néfastes d’un point de vue écologique. Aujourd’hui, on se rend compte que les principes de développement durable, en plus d’être utiles pour l’environnement, se révèlent bénéfiques en matière de rentabilité.” © Médiathèque Lafarge - Olivier Coulange © Médiathèque Lafarge ARNAUD COLSON Directeur des affaires publiques et du développement durable de l’Activité Granulats & Béton, France HALLER PARK, UN SITE D’EXCEPTION Le réaménagement en parc naturel de l’ancienne carrière de la cimenterie de Bamburi, près de Mombasa au Kenya, a commencé dès le début des années 1970. Sur les 422 espèces végétales introduites ou apparues spontanément Biodiversité et carrières : des initiatives locales à une démarche de partenariats L’extraction de matières premières minérales est indispensable à la fabrication de matériaux de construction. Le calcaire et l’argile entrent dans la composition du ciment, le plâtre est fait à partir de gypse, tandis que les granulats sont des roches concassées. Lafarge exploite aujourd’hui 730 carrières à travers le monde, d’où sont extraites 450 millions de tonnes de roches. Sur ces sites, qui échappent à l’activité agricole et à l’urbanisation, existe l’opportunité de créer des zones adaptées pour accueillir diverses espèces animales et végétales. À condition de développer des procédés d’exploitation responsables et de recréer des espaces écologiques sur le site des anciennes carrières. Afin de mesurer et maîtriser l’impact de ses carrières sur l’environnement, Lafarge a progressivement mis en place une politique de partenariats. 6 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ Les prémices de la réhabilitation. Dès les années 1970 et tout au long des années 1980, le rapprochement des sites d’extraction avec des associations de naturalistes se faisait au niveau local, de façon ponctuelle et le plus souvent informelle. Mais au milieu des années 1990, une nouvelle étape est franchie, et la démarche est élargie. Elle constitue la première étape vers la définition d’une politique globale de préservation des milieux naturels et des espèces menacées. « En 1995, Lafarge a été le premier industriel à mettre en place un contrat avec le Muséum national d’histoire naturelle en France, se rappelle Arnaud Colson, directeur des affaires publiques et du développement durable de l’Activité Granulats & Béton du Groupe en France. Cela ne s’était jamais fait auparavant. Ce partenariat consistait à établir des inventaires scientifiques sur nos terrains, en totale transparence, et à travailler sur des projets de réhabilitation. Cela a été passionnant, car nous avons fait beaucoup de découvertes sur le plan scientifique, et effacé un certain nombre de nos préjugés. » C’est à cette période que s’est développée la notion de réaménagement progressif ou coordonné qui sera appliquée à toutes les carrières du Groupe, tandis que les actions menées auparavant, sur la base d’initiatives locales, souffraient de grandes disparités. Initier une dynamique à l’échelle du secteur. En 1995, Lafarge rejoint le Conseil mondial des entreprises pour le développement durable (World Business Council for Sustainable Development ou WBCSD), un groupement dans les écosystèmes forestiers, les zones humides et les prairies réaménagées de l’ancienne carrière, 364 ont survécu, dont 30 figurent sur la liste rouge des espèces menacées établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature de 200 entreprises engagées pour faire progresser les problématiques liées au développement durable. L’objectif affiché du WBCSD est d’imaginer et de promouvoir des processus industriels dont l’empreinte environnementale sera neutre, voire positive. Dans le secteur cimentier, un tel objectif nécessite de longues années et de profondes transformations. Mais, en prenant des engagements concrets et publics, Lafarge a initié une réelle dynamique à l’échelle du secteur. Associé au groupe de travail sur la biodiversité, Lafarge y est également actif sur les thèmes de l’énergie, du changement climatique et de l’eau. « Lafarge est engagé dans de nombreux programmes, souligne James Griffith, directeur général écosystèmes au WBCSD, notamment au travers de la cofondation de l’Initiative ciment pour le développement durable (Cement Sustainability Initiative ou CSI). » Ce programme réunit aujourd’hui 23 entreprises cimentières, qui représentent 40 % de la production mondiale. En partageant leurs expériences et en mettant en œuvre des bonnes pratiques et des innovations communes, ses membres s’attachent à réduire de façon concertée l’impact de leurs activités sur l’environnement. Une approche inédite. En signant en 2000 un partenariat au niveau mondial avec le WWF International, le Groupe a initié un genre d’association inédit, aussi bien dans le monde de l’entreprise que dans celui des ONG. L’approche des problématiques environnementales développée par le Groupe, et plus spécifiquement ses initiatives en faveur de la biodiversité, ont créé un précédent, tant dans le secteur cimentier que dans l’industrie dans son ensemble. (UICN). La beauté du site, rebaptisé Haller Park, l’intégration écologique réussie, ainsi que le nombre de ses visiteurs et l’activité économique générée, ont fait de cette réhabilitation une réalisation emblématique. « Pour nous, c’était une expérience : pouvons-nous travailler avec une très grosse entreprise, dont l’empreinte environnementale est importante, et pouvonsnous exercer une réelle influence ?, se souvient Jean-Paul Jeanrenaud (WWF International). Peu d’entreprises adoptent ce genre d’approche, ouverte à la discussion et au débat. » La mise en place de cette collaboration ne s’est pas faite sans heurts, mais le partenariat, qui a été renouvelé à deux reprises, en 2004 et en 2009, a apporté beaucoup au secteur cimentier et plus généralement aux relations entre l’industrie et les ONG environnementales. « La prise de conscience des industriels nécessitait une action forte et visible. C’est là le premier grand succès de notre collaboration », conclut Jean-Paul Jeanrenaud. Grâce aux outils élaborés avec ses partenaires, des plus petites associations locales au WWF, Lafarge s’est attaché à améliorer sa connaissance de l’environnement et, dans les zones sensibles, à mettre en place des programmes de gestion de la biodiversité à travers, notamment, la réhabilitation des carrières. Les unités opérationnelles du Groupe sont amenées à identifier les risques et les opportunités que représente leur activité pour la biodiversité locale. Et au terme de l’exploitation d’un site, des espaces écologiquement et économiquement viables sont recréés. « L’apport de ces partenariats est essentiel pour Lafarge, souligne Pierre de Prémare. Sans regard extérieur sur nos actions, nos initiatives et les possibilités de les améliorer, nous resterions juge et partie de notre travail. » Grâce à ces rapprochements, Lafarge a défini pour ses carrières des méthodes innovantes de revalorisation des sites, qui ont depuis révélé leur efficacité. LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 7 1. Réhabilitation, une opportunité pour la biodiversité ? Lafarge s’est appuyé sur son expérience et sur les bonnes pratiques pour structurer sa politique en matière de préservation des milieux naturels. Le plan de réaménagement, nécessairement conçu sur mesure, © Médiathèque Lafarge - Olivier Coulange en fonction de la sensibilité du milieu naturel, est élaboré selon des règles précises. “ René Haller J’ai commencé la réhabilitation de la carrière en 1971, avant qu’elle n’appartienne à Lafarge, en tant que directeur général de Baobab Farm qui avait été appelée par l’entreprise exploitante. Au début, il n’y avait pas de terre et nous avons dû faire des expériences avec différents types d’arbres pionniers pour ramener la vie dans la carrière. Sans notre intervention, la nature aurait mis bien plus longtemps à reprendre ses droits. Aujourd’hui, nous pouvons réhabiliter beaucoup plus vite grâce au soutien financier de Lafarge. Je suis fier que le site soit devenu si célèbre et soit pris en exemple par de nombreuses carrières dans le monde.” © Médiathèque Lafarge - Olivier Coulange © DR Naturaliste, créateur du Haller Park dans la carrière de Bamburi, au Kenya LA PREUVE PAR L’EXEMPLE UN SITE, TROIS RÉHABILITATIONS LA CARRIÈRE DE SOUTH PIT, PRÈS DE CALGARY, AU CANADA, A ÉTÉ EXPLOITÉE DE 1970 À 1998. Son réaménagement, engagé en relation avec de nombreux partenaires locaux, a consisté en la création de trois parcelles distinctes : le quartier résidentiel de Chaparral, le terrain de golf Blue Devil et le parc Lafarge Meadows. Cet espace naturel comprend notamment des zones humides à la végétation dense, où nichent de nombreuses espèces d’oiseaux. Les plans d’eau ont, en outre, été conçus pour drainer les éventuels débordements de la rivière voisine ou des bassins d’orage de la ville de Calgary. Les initiatives environnementales du Groupe dans la région ont été récompensées par le prix Alberta Emerald en juin 2009. Un cadre global pour une politique au quotidien © DR Médiathèque Lafarge l 8 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ e 27 décembre 2009, dans une tribune du quotidien espagnol El Pais, le célèbre écrivain péruvien Mario Vargas Llosa propose de sacrer personnalités de l’année Owen et Mzee, un hippopotame et une tortue. L’histoire de ce duo peu ordinaire est si exemplaire qu’on croirait à une fable. En décembre 2004, alors qu’un raz de marée dévastait les côtes kenyanes, un bébé hippopotame happé par les eaux a finalement été rejeté sur terre dans les environs de Mombasa. Recueilli par les employés du Haller Park voisin, il ne tarde pas à se choisir une mère adoptive : Mzee, une tortue d’Aldabra, âgée de 130 ans. Pendant des mois, elle lui a tout appris : nager, manger, chercher des endroits pour dormir… Et Vargas Llosa de conclure sa chronique en exhortant les belliqueux humains à suivre cet exemple de sagesse, de solidarité et d’harmonie. Cinq ans après, Owen et Mzee coulent toujours des jours heureux à Haller Park. Créé sur le site de l’ancienne carrière de Bamburi de la cimenterie de Lafarge à Monbassa, le parc, devenu un refuge de biodiversité, est un modèle de gestion du réaménagement d’une carrière, pris en exemple partout dans le monde. Mais la réhabilitation d’une carrière en un site naturel viable est une démarche inscrite sur le long terme, au succès de laquelle il faut consacrer des années. Et qu’il convient donc d’engager à temps. Une démarche responsable C’est pourquoi, aujourd’hui, toute nouvelle carrière ouverte par Lafarge doit être dotée d’un plan de réhabilitation avant même le début de son exploitation. C’est d’abord une question de légitimité. « Nous avons une devise qui est la suivante : “Nos réaménagements d’aujourd’hui sont nos carrières de demain”, explique Pierre de Prémare. Pour continuer à exploiter des carrières, nous devons montrer ce que nous avons fait sur d’autres lieux, comment nous avons recréé des milieux naturels viables, géré des forêts depuis vingt-cinq ans, et travaillé en bonne intelligence avec des partenaires et des communautés locales. » Aujourd’hui, obtenir un permis d’exploitation peut durer plusieurs années. Pour que ce permis soit accordé, la capacité de l’entreprise à rendre son activité acceptable est un critère essentiel. Et rendre une carrière acceptable, c’est, en grande partie, restituer après exploitation un site abritant un milieu naturel cohérent et une biodiversité importante. Dans certains cas, la biodiversité recréée grâce à la réhabilitation peut même se révéler plus riche que celle observée sur le site avant l’exploitation. Amorcer le travail de réhabilitation en amont permet d’associer les parties prenantes locales au projet et de déterminer avec elles les priorités et les LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 9 Juan Mota, PROFESSEUR À L’UNIVERSITÉ D’ALMERIA (ESPAGNE) objectifs. Sans compter que les études menées sur la sensibilité du site peuvent amener, le cas échéant, à adapter le plan d’exploitation à certaines particularités locales. « Nous prenons en compte la biodiversité sur toute la durée de vie d’une carrière, de l’élaboration du projet à la réhabilitation en passant la phase d’exploitation, explique David Park, responsable du réaménagement des carrières pour Lafarge au Royaume-Uni. Avant que la carrière entre en activité, nous examinons quelles mesures peuvent être prises pour limiter les conséquences de l’exploitation sur le terrain. Cela peut consister à laisser à l’écart des zones particulièrement sensibles ou à déplacer certaines espèces en créant des habitats adaptés en dehors de la zone d’impact de l’exploitation. » être très différentes, à parfois seulement dix kilomètres de distance. La deuxième condition, c’est la mise en œuvre d’un plan de restauration de la biodiversité. Lorsque je dis ‘restauration’, cela signifie ‘restitution du lieu dans son état d’origine’. Sur ce point, nous avons dû lutter contre certains a priori selon lesquels, en matière de préservation de la nature, le vert prime toujours sur le désert. Or, ici, sur ces sols gypseux, pauvres, et souffrant de difficultés d’approvisionnement en eau, nous n’allions pas créer une belle forêt ! Nous devions respecter la nature et sauver les écosystèmes : pour cela, nous avions besoin de modestes arbustes parsemés, pas plus hauts que 50 centimètres. Il nous a fallu du temps pour le faire comprendre aux entreprises. Nous avons aussi été confrontés à un problème d’ordre scientificotechnique : nous connaissons mal l’origine biogéographique des espèces et ne savions pas comment les aider à se propager. Afin de réunir suffisamment d’essences végétales pour la restauration d’une grande surface, nous avons dû faire des recherches et créer une pépinière. Lafarge nous aide dans cette démarche. Aujourd’hui, plusieurs hectares ont été partiellement restaurés. C’est une étape historique et un bon exemple à suivre, même si le travail n’est pas terminé.” 2 © DR 1 Les étapes du plan de réhabilitation Les standards établis en collaboration avec le WWF ont été définis par le plan Ambitions Développement durable 2012. Ils fixent les règles pour la mise au point d’un plan de réaménagement. « Nous nous sommes dotés d’un système de management complet qui comprend quatre étapes : analyse, planification, action et révision, explique Pierre de Prémare. Ce système, formalisé en 2009, permet de garantir la cohérence de l’ensemble de nos initiatives avec nos préconisations en matière de biodiversité. Il faudra ensuite le déployer progressivement à l’ensemble des sites. » La première étape consiste à analyser tous les sites du Groupe et à identifier leur niveau de sensibilité. « Si le milieu est jugé sensible, nous intégrons un plan de gestion de la biodiversité à celui de l’exploitation de la carrière », souligne Arnaud Colson. En 2009, plus de 64 % des sites de Lafarge avaient été évalués selon les critères validés par le WWF. Fin 2010, 100 % des carrières seront couvertes. « Une fois que nous connaissons la sensibilité d’un milieu, nous l’analysons à l’aune de ce que nous sommes capables de proposer comme schéma de réhabilitation, en nous appuyant sur les leçons apprises du passé et sur les habitats recréés avec succès ailleurs », indique Pierre de Prémare. 3 Le plan de réaménagement fait ensuite l’objet d’une carte détaillée présentant une vue d’ensemble du site après réhabilitation et où sont mentionnés l’usage final du site, les types de milieux recréés et les éventuelles infrastructures développées. Puis un échéancier recense les étapes successives de la revalorisation du terrain. Enfin, les fonds nécessaires sont provisionnés chaque année, afin de garantir la réalisation du plan. Le coût d’une réhabilitation est extrêmement © DR © DR Un investissement à long terme > Carrière de gypse de Sorbas en Espagne destinée à l’Activité Plâtre du Groupe. 1. Préparation du terrain avant plantations des jeunes plants élevés en pépinière. 2. Collecte des graines autochtones dans le milieu environnant. 3. Plantations des jeunes plants après développement et multiplication en pépinière. Dallen Wong, RESPONSABLE INDUSTRIEL DES CARRIÈRES ET PROPRIÉTÉS DE LAFARGE EN MALAISIE UNE PÉPINIÈRE EN GRÈCE. À Volos, dans la région de Thessalie, l’ancienne carrière de calcaire de la cimenterie Lafarge accueille désormais de nombreuses espèces d’arbres. L’exploitation du site a duré de 1971 à 1999 et son réaménagement a commencé dès 1978. Une pépinière de jeunes arbres adaptés © DR © DR “ La carrière de gypse de Sorbas est située au cœur d’une zone aride, au sud de l’Espagne. Les habitats y sont très fragiles et parmi la multitude d’espèces endémiques présentes, plusieurs sont menacées. La production de gypse étant vitale pour l’économie de l’Andalousie, nous devons trouver le moyen de concilier exploitation et respect de la nature. Pour répondre à cette problématique, notre groupe de recherche travaille depuis dix ans avec les entreprises d’extraction. Deux conditions sont nécessaires au succès de notre initiative. La première, c’est de protéger les zones à haute valeur écologique, grâce à la création d’un réseau d’espaces préservés. Nous avons opté pour un réseau plutôt que pour des îlots, car les espèces qui se développent dans les affleurements de gypse peuvent variable en fonction de la nature du site. « Rendre les sites conformes au plan est un investissement, confie David Park. D’autant qu’en Royaume-Uni, où nous sommes tenus par des accords de gérer nos carrières pendant cinq ans après la fin de l’exploitation. Pour certains sites localisés à proximité ou dans l’enceinte de zones sensibles, qui abritent une grande variété d’espèces végétales ou animales, ce délai peut atteindre vingt-cinq ans. » C’est le cas de Dry Rigg dans le North Yorkshire, en Angleterre. Le site, sensible, se trouve dans un parc national et jouxte une zone classée d’intérêt scientifique. Lafarge y a créé un habitat favorable à la faune locale pour étendre la zone classée. Le plan de réaménagement retenu tient aussi compte des points de vue exprimés par les parties prenantes locales (propriétaires, voisins, autorités et associations). Il n’est pas figé et peut être amené à évoluer. « La vie d’une carrière doit comporter des actions de réaménagement tous les ans, estime Pierre de Prémare. Cette démarche fait désormais partie de nos standards, même si elle n’est pas encore appliquée partout. La réhabilitation doit entrer dans l’activité quotidienne du site. » Recueillir les observations des partenaires locaux et des collaborateurs de la carrière permet également de dégager des axes d’amélioration. Appliquer les mêmes standards partout dans le monde « Nous essayons également de nous adapter à l’arrivée de nouvelles espèces que nous n’attendions pas, précise David Park. Le cas échéant, nous modifions le plan de réaménagement pour mieux les accueillir. » Par exemple, en France, les équipes ont noté que deux espèces d’oiseaux, l’hirondelle des rivages et le guêpier d’Europe, nichaient dans les stocks de matériaux. Depuis, certaines zones de stockages sont donc exclusivement réservées, le temps de leur séjour, à ces colonies d’oiseaux migrateurs. « Parfois, on fait aussi des rencontres inopinées, raconte Thierry Supiot, responsable terrassement Granulats Nord en France. Comme ce lundi matin où les équipes de la carrière de Sandrancourt en France, ont découvert une biche qui était tombée au fond d’un trou de plusieurs mètres. Les bulldozers lui ont créé une rampe pour qu’elle puisse en sortir saine et sauve.” Rencontres inopinées Selon les régions du monde, la réglementation environnementale est très variable. Lafarge, dont le niveau d’exigence en la matière est élevé, peut souffrir d’un désavantage compétitif dans les régions où les règles environnementales sont peu contraignantes ou peu contrôlées. « Nous considérons que nous ne pouvons exercer notre métier que lorsqu’un minimum de règles communes ont été instaurées, particulièrement en matière d’environnement, note Pierre de Prémare. Dans le cas contraire, nous dialoguons avec les autorités pour qu’elles développent un cadre. » “ © DR Nous avons trois carrières en Malaisie. Nous n’avions pas de plan de réaménagement avant l’arrivée de Lafarge en 2004. Le Groupe nous a fourni un manuel technique très clair détaillant la méthodologie et les différentes étapes pour l’élaboration d’un plan de réhabilitation. Nous avons toutefois dû adapter ces principes aux spécificités locales. Après deux ans de travail, nous venons de finaliser le plan de réhabilitation pour le site de Langkawi, avec l’accord de toutes les parties prenantes, notamment du Department of Environnement et du Land Office.” © DR à la pauvreté du sol et au climat méditerranéen a même été créée. Aujourd’hui, le site fournit des essences végétales diverses destinées à réhabiliter les autres carrières de Lafarge en Grèce. Une nouvelle activité économique est née et la diversité génétique est respectée par le choix d’espèces adaptées au site. Échantillon de 644 carrières en exploitation Mohamad Sayuti Bin Seapai, ENVIRONNEMENTALE CHEZ AONYX, MEMBRE DU PANEL CONSULTATIF LAFARGE SUR LA BIODIVERSITÉ ET ANCIENNEMENT MEMBRE DE LA CONVENTION DE RAMSAR SUR LES ZONES HUMIDES, MALAISIE RESPONSABLE DU DEPARTMENT OF ENVIRONNEMENT (DOE), DE LA PROVINCE DE JAS KEDAH, MALAISIE “ Nous avons beaucoup appris sur le réaménagement des carrières. Les cas pratiques et les processus développés par le Groupe pour gérer les relations avec les parties prenantes locales démontrent une réelle volonté de cohérence entre discours et actions. Il est essentiel, tout particulièrement pour la réhabilitation de zones humides, de poursuivre ces efforts et de mieux sensibiliser les communautés locales, en les intégrant au processus de réaménagement.” 10 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ “ Aujourd’hui, proposer un plan de réhabilitation est une des conditions requises pour obtenir le permis d’exploiter une carrière dans notre pays. Nous travaillons avec Lafarge notamment en apportant nos conseils pour les aider à respecter la réglementation environnementale malaisienne. Le Groupe a toujours observé les règles et les préconisations et nous avons de bonnes relations avec ses équipes.” Groupe Site inscrit dans une zone protégée ou abritant une espèce protégée (liste rouge) (données collectées sur un échantillon réduit) ©DR Médiathèque Lafarge Rebecca D’Cruz, CONSULTANTE 23 % Site proche d’une zone protégée locale ou nationale 28 % Site proche d’une zone protégée internationale (Natura 2000, Ramsar, etc.) 12 % Sites proches ou à l’intérieur d’une zone protégée 51 % Carrières présentant une opportunité de renforcement des habitats naturels ou à vocation pédagogique 31 % Sites engagés dans un partenariat officiel avec des ONG 14 % APRÈS LE CALCAIRE, L’HUILE D’OLIVE. Parmi les 70 000 arbres plantés depuis 2003 sur le site de l’ancienne carrière de la cimenterie de Meknès de Lafarge Maroc, on compte 12 000 oliviers. La première récolte d’olives a eu lieu en novembre 2009. L’huile d’olive produite, dont la quantité devrait augmenter au fil des années, sera commercialisée pour financer des initiatives sociales en faveur des communautés locales. LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 11 LES 3 VIES D’UNE CARRIÈRE La carrière est une étape dans la vie d’un sol. Trois temps sont ici illustrés dans des contextes variés de roches meubles et de roches massives. L’exploitation d’une ressource minérale peut contribuer au développement de la biodiversité grâce à un réaménagement bien mené dès l’ouverture de la carrière. En favorisant les conditions de recolonisation de certaines espèces animales et végétales, cet aménagement compense ainsi en partie les pertes momentanées de la biodiversité. Mais ce cercle vertueux doit commencer bien avant l’exploitation. Présentation des enjeux avant, pendant et après l’exploitation et des réponses apportées par Lafarge pour développer la richesse du patrimoine écologique des carrières. CARRIÈRE DE ROCHE MASSIVE CARRIÈRE DE ROCHE MEUBLE RAPACE (FAUCON PÈLERIN) ZONE NON EXPLOITÉE CAR PRÉSENCE D’ESPÈCES RARES CHAUVE-SOURIS HIBOU GRAND-DUC 1. LE PROJET L’ENJEU ZONE NON EXPLOITÉE - pouvoir extraire un gisement et recréer un nouveau paysage LA DÉMARCHE DE LAFARGE - analyser et réduire l’impact de l’exploitation sur les milieux naturels PRAIRIE PÂTURÉE - engager une concertation avec les parties prenantes et les communautés locales - élaborer et mettre en œuvre un plan de réaménagement concerté qui garantisse l’usage futur des sols et l’insertion paysagère tout en développant la biodiversité ÉBOULIS MARTIN-PÊCHEUR SCARIFICATION JACHÈRE FLEURIE 2. LA VIE ENSEMBLE ZONES REPLANTÉES LANDES ARBUSTIVES © Charlotte Cauwer MISE EN VALEUR DE VESTIGES ARCHÉOLOGIQUES PRAIRIE HUMIDE TRANSPORT FLUVIAL RIPAGE PIÈGE À CAILLOUX ZONE EN COURS D’EXPLOITATION L’ENJEU CARRIÈRE EN EXPLOITATION - construire et animer un projet concerté d’exploitation et de réaménagement de la carrière LANDES SÈCHES ORCHIDÉES ORCHIDÉE SEUIL D’ÉCRÊTAGE DE CRUES OLIVERAIES, VIGNES, VERGERS INSECTES LA DÉMARCHE DE LAFARGE - dresser un inventaire des espèces animales et végétales, ainsi que des écosystèmes PELOUSE SILICO-CALCAIRE OBSERVATOIRE OBSERVATOIRE GRAND CORBEAU NOIR HÉRON CENDRÉ LANDE - éviter les zones sensibles ÎLOT ÎLOTS ARBRES À CROISSANCE LENTE CONNEXION HYDRAULIQUE - réaménager au fur et à mesure de l’exploitation BERGES VARIÉES - respecter les engagements pris SAULES ET SUREAUX PIERRIERS 3. LA NATURE RETROUVÉE L’ENJEU MICROFALAISES HIRONDELLE DE RIVAGE FRÊNAIE ROSELIÈRE DOUBLE BERGEBERGE DOUBLE CULTURES À GIBIER - redonner ses droits à la nature en favorisant la biodiversité CHÊNAIE PENTES DOUCES ZONE RÉHABILITÉE APRÈS EXPLOITATION TERRE VÉGÉTALE AJOUTÉE TALUTAGE LA DÉMARCHE DE LAFARGE HIRONDELLE DE RIVAGE FAUNE ET FLORE DES SITES RÉAMÉNAGÉS Elle fait partie des espèces pionnières largement favorisées par les gravières et les sablières. Comme le martin-pêcheur, elle trouve un milieu de substitution important dans les carrières de roche meuble. VÉGÉTATION ET FAUNE AQUATIQUES VÉGÉTATION AQUATIQUE © Vignettes : DR Médiathèque Lafarge - créer des habitats appropriés : prairies humides, hauts fonds, nichoirs, berges à hirondelles des rivages, éboulis (pour lézards et reptiles), fractures (pour orchidées), saulaies (pour dénitrification), fronts rocheux (pour rapaces), mares (pour batraciens), pâturages et cultures, pelouses acidophiles ou calcicoles, landes à bruyère, refuges (pour amphibiens et poissons) STERNE Encore appelée hirondelle de mer, elle niche sur les îlots de graviers que les fleuves et rivières font et défont au gré de leurs crues. - faire évoluer le plan de réhabilitation pour intégrer d’éventuelles opportunités - respecter l’environnement local LIBELLULES REPTILES Elles trouvent dans les zones humides recréées par les carrières un milieu refuge pour leur développement : on y rencontre deux tiers des espèces françaises, dont quelques espèces peu communes comme le leste barbare ou le sympétrum méridional. De nombreuses espèces se développent dans les pierriers chauds et tranquilles : lézards, vipères… La proximité de zones humides permet de rencontrer des couleuvres ou des espèces plus farouches comme la cistude d’Europe : sa carapace grise et arrondie lui permet de se confondre avec les galets des rives où elle aime se chauffer aux rayons du soleil. PYGARGUE À TÊTE BLANCHE Le pygargue à tête blanche, symbole des États-Unis, chasse sur les carrières américaines et niche sur certaines d’entre elles comme à Presque Isle (Michigan). ORCHIDÉES BATRACIENS (OU AMPHIBIENS) NÉNUPHARS Indicateurs de la qualité des eaux, les herbiers à nénuphars et à potamots occupent les rives sur des profondeurs inférieures à 2 mètres. Ils constituent d’excellents refuges pour le développement de la vie aquatique : crustacés d’eau douce, larves d’insectes, poissons et batraciens. Plus de la moitié des espèces d’amphibiens de France ont été identifiées sur nos sites de roche meuble ou massive, certaines peu communes comme le crapaud calamite, le crapaud accoucheur, et le sonneur à ventre jaune. Pour ces animaux, les milieux associés aux carrières et à leurs réaménagements jouent donc un rôle essentiel et leur offrent de multiples potentialités de vie. LANDE À BRUYÈRE De plus en plus menacée dans les vallées, elle peut être reproduite sur des espaces ouverts avec un grand nombre d’espèces associées, comme les viornes, les aubépines et les cornouillers. Elle constitue le stade préliminaire à l’établissement d’une forêt spontanée. Beaucoup d’espèces pionnières comme les orchidées, parfois rares, se développent sur les terrasses et les pelouses silico-calcaires. Certains milieux ainsi reconstitués sont aujourd’hui classés. 20% de la flore de Bretagne s’observe sur les falaises des carrières de cette région. SAVANE TROPICALE D’OUGANDA © WWF - évaluer la valeur scientifique des réaménagements par des bilans réguliers ORYX Originaire d’Afrique de l’Est, il doit sa survie à la mise en place de mesures de protection. La restauration de la savane préexistante fait partie des objectifs de réhabilitation de la carrière de Dura, en Ouganda, située dans un parc national. Ce milieu permettra de maintenir une nourriture adaptée aux éléphants qui fréquentent le site. 2. Réaménagement : confrontation ou concertation ? La préservation d’un milieu naturel doit par définition s’inscrire sur le long terme. Or, aucun aménagement pérenne ne peut s’envisager sans tenir compte de son contexte humain et social. C’est pourquoi une démarche d’exploitation ou de réhabilitation de carrière doit être conduite dans la concertation avec les communautés locales. Transparence et dialogue, une dynamique de progrès LA PREUVE PAR L’EXEMPLE L’ACCORD D’OKKE a suscité une forte opposition de la part d’associations locales. Le Baekdudaegan est un territoire à la biodiversité très riche. En outre, il a une forte valeur symbolique, voire spirituelle, pour la population. Lafarge a conclu en 2004 un partenariat avec la Société de conservation de Baekdudaegan afin de mettre au point un projet écologique commun. Fondé sur un plan de réhabilitation progressif, il prend en compte, outre la préservation des écosystèmes et des réserves d’eau, de nombreuses questions liées aux nuisances (poussière, bruit…) et à la sécurité. Cette démarche globale ainsi que les réalisations passées du Groupe dans ce domaine ont constitué un gage de confiance pour les partenaires locaux. © DR Médiathèque Lafarge LORSQUE LAFARGE A ENVISAGÉ D’ÉTENDRE LE PÉRIMÈTRE DE LA CARRIÈRE D’OKKE, EN CORÉE DU SUD, JUSQU’AU MASSIF MONTAGNEUX DU BAEKDUDAEGAN, le projet ’ l acquisition d’un niveau d’expertise suffisant et le déploiement d’outils spécifiques permettent de poser les bases d’une politique de protection de la biodiversité à l’échelle d’une entreprise. Mais aucune initiative en ce domaine ne saurait être prise de manière unilatérale. Un processus de concertation avec les acteurs locaux (propriétaire du site, collectivités voisines, pouvoirs publics et associations) est indispensable. Une question d’intérêt général LA PREUVE PAR L’EXEMPLE RÉINVENTER MAGHERAMORNE À SUITE DE L’ACQUISITION DE L’ENTREPRISE BLUE CIRCLE EN 2002, Lafarge est devenu propriétaire de la cimenterie et de la carrière de Magheramorne, en Irlande du Nord, un site qui n’était plus en activité. Après une longue concertation avec les riverains, les associations, les autorités locales et le WWF, un dossier de réhabilitation baptisé « Reinventing Magheramorne » 14 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ est déposé en 2006. En 2009, le ministère de l’Environnement donne son feu vert. Ce plan de réaménagement prévoit la construction d’un éco-village portuaire de près de 450 habitations, construit selon le cahier des charges One Planet Living défini par le WWF International et BioRegional, ainsi que d’un centre de loisirs d’envergure internationale, qui devrait permettre la création de près de 400 emplois. Différends et rapprochements Ainsi, le dialogue s’engage. Quitte à mettre au jour des désaccords. Ce fut notamment le cas en Corée du Sud, où le projet d’exploitation d’une carrière sur le site d’Okke par Lafarge a soulevé une très vive opposition de la part des communautés locales et des associations environnementales (lire encadré page ci-contre). Mais les critiques formulées par les acteurs locaux peuvent également conduire à l’abandon pur et simple d’un projet. Heureusement, la relation qui s’instaure entre le Groupe et les acteurs locaux n’est pas systématiquement conflictuelle, loin de là. Et des liens de proximité se révèlent parfois très enrichissants. Dans le Staffordshire, au Royaume-Uni, une association environnementale, le Staffordshire Wildlife Trust, a installé ses bureaux sur le site même du Groupe. Membres de l’association et opérateurs, qui travaillent ensemble sur le terrain, ont appris à se connaître et à respecter le point de vue de l’autre. Avancer avec les ONG Aujourd’hui, 15 % des carrières de Lafarge disposent d’un partenariat local officiel, le plus souvent avec une ONG directement engagée dans le plan de réaménagement. Mais la plupart des sites entretiennent des relations plus informelles avec des associations locales. La création d’une commission de concertation et de suivi permet notamment d’associer les parties prenantes au processus de réaménagement des carrières. Le nombre de sites où de telles commissions existent est désormais un indicateur clé de la politique de développement durable du Groupe. « Notre groupe de parties prenantes se réunit au moins une fois par an pour discuter des actions menées par Lafarge au niveau environnemental, voire social », confie Jean-Paul Jeanrenaud, directeur des relations avec les entreprises au WWF International. Programmes sur l’eau, émissions de CO2, polluants persistants, optimisation des 15 % des carrières de Lafarge disposent d’un partenariat local officiel sur la biodiversité © DR © Médiathèque Lafarge - Esler Crowford Photography Pour être efficace, la démarche doit en effet concilier des considérations à la fois techniques, économiques, environnementales et sociétales. « L’enjeu écologique pour les industriels est une question d’intérêt public, et nous sommes conscients que notre action pour la préservation de l’environnement ne peut être mesurée que de l’extérieur, confie Chris Ettery, responsable du management des relations avec les parties prenantes à la direction de la communication de Lafarge. En tant que groupe, nous avons mis en place une méthodologie permettant d’aborder les enjeux de la réhabilitation dans le cadre d’une concertation avec nos interlocuteurs. » L’expérience a montré qu’un regard extérieur sur les projets peut contribuer à améliorer le processus de réhabilitation, même si le degré de concertation reste variable en fonction du contexte local. Notre méthodologie repose sur plusieurs dispositifs : des réunions formelles et de présentation, les relations avec les médias ou encore l’organisation de journées de portes ouvertes. « Notre but à long terme reste de contribuer positivement à la vie des communautés auprès desquelles nous exerçons nos activités, indique Chris Ettery. Et même si nos projets ne reçoivent pas tous un soutien unanime, maintenir le dialogue avec les parties prenantes est un enjeu essentiel à nos yeux. L’élaboration au niveau du Groupe d’une méthodologie encadrant la concertation aide à garantir que la démarche soit appliquée de manière systématique. » François Letourneux, PRÉSIDENT DU COMITÉ FRANÇAIS DE L’UNION INTERNATIONALE DE CONSERVATION DE LA NATURE (UICN) ET MEMBRE DU PANEL CONSULTATIF SUR LA BIODIVERSITÉ “ Les membres du panel consultatif sont informés des stratégies de Lafarge en faveur de la biodiversité et consultés sur les méthodes et les mécanismes mis en œuvre dans le cadre de cette politique. Nous nous réunissons deux ou trois fois par an, dont une fois sur le terrain, dans un site du Groupe. Notre action consiste à aider l’entreprise à se doter d’outils applicables partout dans le monde permettant de garantir une meilleure prise en compte de la biodiversité dans l’activité industrielle.” ressources en eau…, autant de sujets autour desquels les échanges entre le Groupe et les chargés de programmes de l’ONG sont réguliers. « Si nous étions totalement satisfaits, nous ne serions pas une ONG, plaisante Jean-Paul Jeanrenaud. Nous sommes cependant très contents du véritable engagement de la part de Lafarge, de ses grandes avancées. Bien sûr, on peut toujours faire mieux. Notre travail est de maintenir un haut niveau d’exigence en pointant les insuffisances et en formulant des critiques. Mais aussi de conseiller Lafarge pour proposer des solutions aux défis posés. » LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 15 Intégrer la question de la biodiversité dans l’exercice de son métier et améliorer en permanence ses pratiques en faveur de l’environnement sont les deux principaux axes de progrès identifiés par le Groupe. © DR 3. Vers un système de management de la biodiversité ? “ Santiago Sardinero Lafarge a pris contact avec l’université de Castille - la Manche pour évaluer et accroître la valeur de la biodiversité dans la carrière de Yepes. Nous avons effectué un travail d’analyse de l’abondance et de la diversité des espèces – notamment les lichens, les charançons, les oiseaux, les papillons et les collemboles (petits invertébrés) –, ainsi que le découpage de la carrière en zones de biodiversité homogènes. Nous avons également travaillé à des aménagements pour assurer un développement de la biodiversité sur le long terme, et à la mise en place d’un programme d’éducation environnementale centré sur la carrière. Sur ce site, nous avons dépassé la réglementation espagnole en matière de préservation de la biodiversité. Ce projet est destiné à servir d’exemple aux autres entreprises qui exploitent des carrières dans la région.” © DR Médiathèque Lafarge © DR Maître de conférences en botanique à la faculté des sciences environnementales de l’université de Castille - la Manche à Tolède, en Espagne LA PREUVE PAR L’EXEMPLE UN INVENTAIRE ÉCOLOGIQUE COMPLET LE SITE DE PRODUCTION DE CIMENT DE FREDONIA, DANS LE SUD DU KANSAS, AUX ÉTATS-UNIS, fait l’objet depuis novembre 2008 d’une étude environnementale poussée. Pendant six heures par semaine, tout au long de l’année, les équipes de Lafarge observent les espèces végétales et animales qui peuplent la carrière. Date et lieu d’observation, noms scientifiques et quantités sont consignés. Trois cent quatre-vingts espèces ont été recensées jusqu’à maintenant, et la plupart ont été photographiées. Beaucoup de ces photos ont été mises en ligne : un outil précieux pour la prise de conscience environnementale des employés et des parties prenantes locales. Les informations recueillies ont permis la création d’habitats spéciaux. En 2010, deux nouvelles zones humides ont été ainsi créées, ainsi qu’un refuge accueillant des lézards à collier et des cactus pincushion. Des espaces de nidification pour les canards colverts, les canards branchus et les bernaches du Canada ont également été réservés. Outils d’évaluation et formation, gages d’efficacité Lafarge fait également circuler son « livre blanc » sur la biodiversité, ainsi que diverses informations via son réseau intranet ou ses publications. Un programme de formation spécifique Parce que la mise en œuvre d’un plan de réaménagement ne s’improvise pas, Lafarge intègre progressivement la protection de la biodiversité à ses programmes de formation. « Nous testons actuellement des formations pilotes en matière de biodiversité », indique Pierre de Prémare. Un travail d’identification des collaborateurs concernés (responsables de carrières, équipes de terrassement, géologues…) et de leurs besoins spécifiques est en cours. Une vaste campagne de sensibilisation et de communication interne a également été lancée à l’occasion de l’Année de la biodiversité. © DR a u Kenya, la filiale Lafarge Eco Systems a été créée pour assurer la gestion de la carrière réaménagée de Bamburi, près de Mombasa. Le site, dont la réhabilitation a commencé en 1971 et se poursuit encore aujourd’hui parallèlement à l’exploitation, fait partie des sites pionniers en matière de gestion de la biodiversité. « La réhabilitation de Bamburi a été entamée avant même que la plupart des pays industrialisés se soient dotés d’une législation sur cette question et avec très peu de moyens, analyse Sabine Baer, directrice des opérations de Lafarge Eco Systems. Aujourd’hui, nous avons sur le site une ferme aquacole, nous produisons du biocarburant ainsi que du bois et nous avons développé une activité touristique centrée sur le parc naturel créé par Rene Haller. » Une réelle expertise a été développée par la filiale autour de ce modèle exemplaire de gestion. Lafarge Eco Systems est aujourd’hui en bonne voie pour accéder à la rentabilité, grâce à la véritable activité économique créée autour du site, ainsi qu’aux interventions de ses équipes en tant que prestataires auprès d’autres filiales du Groupe, notamment en Ouganda et en Tanzanie. Le partage des bonnes pratiques est aujourd’hui étendu grâce aux outils informatiques, mais surtout grâce au réseau des responsables qui peuvent les expliquer. Ainsi Shelley Frost, directrice régionale de l’environnement et des affaires publiques pour l'Europe du Nord et l'Europe centrale, peut s'appuyer sur la riche expérience de l'Angleterre pour créer des fonctions de responsables du réaménagement des carrières en Europe centrale. « Nous organisons également des journées de sensibilisation avec le WWF dans certaines unités du Groupe à travers le monde », souligne-t-elle. 16 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 17 James Griffith, Robert Johnson, PRÉSIDENT DIRECTEUR GÉNÉRAL ÉCOSYSTÈMES DU CONSEIL MONDIAL DES ENTREPRISES POUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE (WORLD BUSINESS COUNCIL FOR SUSTAINABLE DEVELOPMENT OU WBCSD) DE L’ONG WILDLIFE HABITAT COUNCIL (WHC), MEMBRE DU PANEL CONSULTATIF SUR LA BIODIVERSITÉ, ÉTATS-UNIS “ Notre ONG Wildlife Habitat Council contribue à la formation des employés des sites de Lafarge sur les processus d’intégration des thèmes environnementaux dans leurs opérations. Nous aidons ainsi les responsables locaux à mieux comprendre les enjeux de la biodiversité et l’impact que peuvent avoir leurs activités. Nous encourageons également le Groupe à entretenir le lien avec les communautés locales et à informer régulièrement le public de ses actions en faveur de la biodiversité. La contribution de notre ONG indépendante apporte une crédibilité externe aux initiatives menées par Lafarge et constitue un gage de transparence. Je suis par ailleurs membre du panel consultatif, et je dispose à ce titre d’une vision globale de la gestion de la biodiversité au niveau du Groupe.” PROJET DE RÉHABILITATION AU BRÉSIL Collaborateur dans la carrière d’Arcos, dont le plan de réaménagement est en cours d’étude. © DR © DR © DR “ Dans le cadre de notre Initiative d’évaluation des écosystèmes (IEE), nous élaborons un guide pour aider des secteurs d’activité à mesurer le coût de leurs effets et dépendance vis-à-vis des écosystèmes. Pour cela, nous cherchons à définir des critères d’évaluation économique des processus naturels. Cet indicateur permettra aux entreprises d’améliorer leur stratégie en prenant en compte les éventuelles dégradations ainsi que les avantages fournis par l’écosystème. Le guide est actuellement en relecture par les quinze membres du WBCSD, dont Lafarge.” Sabine Baer, DIRECTRICE DES OPÉRATIONS DE LAFARGE ECO SYSTEMS Un panel dédié à la biodiversité Pour étayer le déploiement de ses savoir-faire et s’assurer de la pertinence de ses actions, Lafarge fait appel depuis 2006 à un groupe d’experts indépendants spécialistes des questions d’écologie et des relations entre nature et entreprises. Cette relation d’échange et de réflexion permet, au fil des ans, d’esquisser un ensemble cohérent d’outils de management et de bonnes pratiques et d’identifier des axes d’amélioration de la démarche du Groupe. Composé de membres d’associations, de scientifiques reconnus ou de consultants, le panel consultatif sur la biodiversité apporte un point de vue extérieur sur l’activité de Lafarge. Il est ainsi amené à conseiller Lafarge sur ses priorités et ses méthodes de gestion de la biodiversité. Les informations précieuses qu’apportent ses membres sur l’évolution des grands enjeux environnementaux bénéficient à l’ensemble du Groupe. Et contribuent à faire progresser les initiatives en faveur des milieux naturels. Évaluer l’impact des réhabilitations Après avoir défini des critères pour l’étude écologique des carrières avant exploitation, Lafarge et le WWF sont actuellement en train de créer un système d’évaluation de la biodiversité dans les carrières réhabilitées. L’indice de la biodiversité à long terme (IBL) permettra de mesurer l’effet de la politique de réhabilitation des carrières sur le développement des PLAN DE RÉAMÉNAGEMENT EN CHINE © DR Dans la province de Chongqing, la carrière de Nanshan, actuellement exploitée par Lafarge Shui On Cement, est l’un des premiers sites du Groupe en Chine à faire l’objet d’un plan de réaménagement. L’image modélisée en 3D reproduite ici est extraite du projet de réhabilitation. Annelisa Grigg, “ Pour réaménager les zones de la carrière de Bamburi (Kenya), dont l’exploitation est terminée, nous utilisons comme espèce pionnière principale un arbre du genre Casuarina (filao, ou arbre à fer en Polynésie française). Il peut pousser sans terre en symbiose avec des micro-organismes présents dans le sol qui lui permettent d’assimiler l’azote de l’air. Ses épines, en tombant au sol, créent de la matière organique et, à terme, de l’humus. Au bout de cinq ans, nous en retirons une partie et nous colonisons avec des espèces indigènes des forêts côtières de l’Afrique de l’Est. Au bout de sept à dix ans, la réhabilitation en elle-même est terminée, et nous passons à la phase de gestion, d’utilisation à des fins éducatives, de loisirs et de surveillance de la biodiversité.” espèces animales et végétales. « L’IBL est le premier outil de mesure qui permet de chiffrer a posteriori notre impact sur la biodiversité, indique Pierre de Prémare. Il a pour finalité d’aider les responsables chargés de l’exploitation et du réaménagement des carrières à estimer régulièrement l’efficacité de leur travail en matière de préservation de la biodiversité. Au terme de l’évaluation, une note est attribuée au site, qui est comprise entre 1 (valeur écologique faible) et 7 (valeur écologique exceptionnelle). Sont pris en compte à la fois le nombre d’espèces observées sur le site ainsi que leur rareté. » Cet indice, encore en phase d’expérimentation, a été calculé pour une dizaine de carrières. Sous l’égide du WWF Autriche, il a été appliqué pour la première fois à Mannersdorf (lire encadré cidessous). En France, la carrière alluvionnaire de Saint-Ouen en bord de Loire, entre autres, a été étudiée. Son IBL indique que le site présente un intérêt écologique légèrement supérieur à la moyenne des sites environnants. Cinquante-deux espèces d’oiseaux et vingt d’odonates (libellules) y ont trouvé refuge dans douze types d’habitats naturels, ainsi que le crapaud calamite et la grenouille verte, qui s’y reproduisent. En Espagne, le professeur Sardinero, de l’université de Castille - la Manche, met en œuvre ce processus d’évaluation dans la carrière de Yepes (voir p. 17). La méthode repose sur un découpage de la carrière en zones homogènes, dans lesquelles les espèces sont analysées selon leur rareté et les surfaces qu’elles occupent. La méthode sera appliquée sur plusieurs sites pour vérifier sa pertinence et sa reproductibilité avant d’être utilisée pour l’étude des zones les plus sensibles de différentes régions du monde. | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ (Aonyx Environmental, Malaisie) ANNELISA GRIGG (Fauna & Flora International, Royaume-Uni) ROBERT JOHNSON (Wildlife Habitat Council, États-Unis) FRANÇOIS LETOURNEUX (Union internationale pour la conservation de la nature et Eurosite, France) ARNAUD COLSON (Lafarge, Activité Granulats & Béton, France) PIERRE DE PRÉMARE (Lafarge, France) REPRÉSENTANT DU WWF JEAN-PAUL JEANRENAUD (WWF International) SPONSOR TOM FARRELL (Lafarge, Activité Granulats & Béton, France) Mark Metcalf, COORDINATEUR ENVIRONNEMENTAL DU SITE DE FREDONIA, ÉTATS-UNIS “ Nos actions en matière de biodiversité ont permis de sensibiliser nos employés à ces questions. Ils mesurent mieux l’importance de la politique environnementale du Groupe et se sentent concernés par la protection de la biodiversité. Par ailleurs, ces actions les rendent fiers de travailler pour Lafarge. La satisfaction de nos employés et l’image du Groupe en sortent grandies. Nos programmes de gestion de la biodiversité ont ainsi une vraie valeur ajoutée pour l’entreprise.” LA PREUVE PAR L’EXEMPLE UN TEST GRANDEUR NATURE © DR Médiathèque Lafarge © DR 18 REBECCA D’CRUZ © DR “ MEMBRES EXTERNES MEMBRES DE LAFARGE CONSULTANTE POUR L’ONG FAUNA & FLORA INTERNATIONAL, MEMBRE DU PANEL CONSULTATIF SUR LA BIODIVERSITÉ, ROYAUME-UNI Le panel a été consulté sur le dossier de la carrière de Dura, en Ouganda. Si le site en lui-même n’est pas sensible, il est situé en bordure d’un parc national, et son exploitation peut entraîner des perturbations pour les habitats alentour. Notre rôle a été d’en évaluer l’impact. Nous avons également fourni à Lafarge des contacts locaux pour entamer une collaboration. Aujourd’hui, Lafarge travaille avec la Wildlife Conservation Society, les autorités ougandaises et les gestionnaires du parc pour développer un projet dont l’impact sur l’environnement sera minime.” LE PANEL CONSULTATIF SUR LA BIODIVERSITÉ APRÈS LA RÉHABILITATION DE LA CARRIÈRE DE MANNERSDORF, EN AUTRICHE, les pentes et les talus avaient été adoucis et plantés d’arbres, et des refuges pour les animaux avaient été créés. Au fil des ans, plusieurs espèces se sont installées dans les zones réaménagées. Une analyse de la biodiversité réalisée sur le site en partenariat avec le WWF a mis en évidence la présence de nombreuses espèces végétales et animales protégées. À la suite de cette expérience, un nouvel outil de mesure, l’indice de biodiversité à long terme (IBL), a été élaboré en 2003 afin de suivre et de piloter l’évolution écologique des carrières réaménagées. LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 19 4. Comment protéger et développer les services rendus par les écosystèmes ? Les milieux naturels assurent de nombreuses fonctions utiles à la vie et à l’activité humaines. Des recherches récentes visent à évaluer la valeur marchande de ces services. Cette démarche favorise une prise de conscience en faveur d’un mode de développement intégrant des principes écologiques. DR Médiathèque Lafarge Le rôle inestimable du milieu naturel > Sisymbre couché. p LE SISYMBRE COUCHÉ EST UNE PLANTE RARE DE LA FAMILLE DES CRUCIFÈRES, MENACÉE D’EXTINCTION. À la fin des années 1990, alors que s’achève l’exploitation de la carrière de Guerville (France), le sol crayeux du site est le seul endroit en Ile-de-France où l’on en trouve. Lafarge s’engage alors à réorienter les modalités de réaménagement 20 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ du terrain. Afin de créer les conditions écologiques favorables à la croissance du sisymbre couché, les scientifiques du Conservatoire botanique national du Bassin parisien établissent un protocole de sauvegarde : étude de la diversité génétique ; sélection des populations les mieux adaptées ; conservation des semences en vue de recoloniser d’autres zones. Le programme a obtenu l’aval du Conseil national de protection de la nature. En raison de la présence du sisymbre couché, l’ancienne carrière a été intégrée au réseau européen de sites naturels Natura 2000. Le même processus a été utilisé en Bretagne avec le Conservatoire botanique national de Brest et vient d’être exporté en Grèce avec le même conservatoire et l’université de Patras. © DR LA PREUVE PAR L’EXEMPLE LE SAUVETAGE D’UNE ESPÈCE MENACÉE urification de l’eau et de l’air, photosynthèse, écrêtage des crues, pollinisation des cultures… Le fonctionnement d’un écosystème repose sur une multitude de mécanismes permanents, dont on ne prend que rarement conscience. Sauf lorsque des perturbations grippent l’exécution de cette partition naturelle. Et les conséquences d’une dégradation des écosystèmes peuvent être très lourdes, y compris d’un point de vue économique (effondrement de la production agricole, pénurie de ressources naturelles, etc.). Le cas de l’approvisionnement en eau de la ville de New York est intéressant à cet égard. Dans les années 1990, la municipalité, confrontée à une dégradation de la qualité de l’eau puisée, envisage la construction d’une usine de traitement de l’eau potable. Elle décide cependant de commencer par mener une étude sur les causes de la dégradation de la ressource. La conclusion révèle que l’exploitation des écosystèmes, notamment forestiers, situés dans la zone de captage a privé l’eau d’un filtre naturel, constitué par les arbres et les racines. Le constat conduit à un comparatif sans appel : recréer et protéger les conditions originelles de purification naturelle de l’eau coûterait six à huit fois moins cher que de construire et d’entretenir un dispositif de traitement. S’inspirant de ce raisonnement, plusieurs études ont été lancées afin d’estimer la valeur marchande des services rendus gratuitement par la nature. Ainsi, selon une étude de la Commission européenne menée en 2008, la valeur de la pollinisation par les abeilles pour la production de café est estimée à 278 euros par hectare cultivé et par an. En 1997, l’équipe du professeur Robert Costanza, de l’université du Vermont, aux ÉtatsUnis, va plus loin en calculant la valeur économique globale des services rendus par les écosystèmes au niveau mondial : 33 000 milliards de dollars américains par an. Actuellement, l’étude TEEB (« The Economics of Ecosystems and Biodiversity »), pilotée par l’économiste indien Pavan Sukhdev dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique, porte également sur une évaluation économique des écosystèmes. Il est certes complexe d’estimer la valeur de ce qui ne s’achète pas – voire de ce qui n’a pas de prix –, ces indicateurs financiers permettent une prise de conscience du rôle économique majeur joué par les écosystèmes. Donc de la nécessité, ne serait-ce que pour la bonne marche des affaires, de les préserver. De la nature à l’audit Mené en 2005, le « Millennium Ecosystem Assessment » (« Évaluation des écosystèmes pour le millénaire ») est le premier audit mondial des forêts, zones humides ou autres écosystèmes. Il met en évidence l’accélération et l’extension de leur dégradation. L’étude recense environ vingtquatre services, qu’elle classe en quatre grandes catégories : approvisionnement (nourriture, eau douce, bois d’œuvre…), régulation (climat, pathologies, érosion…), services culturels (loisirs liés aux écosystèmes) et soutien (nutriments ou productions primaires nécessaires aux autres services). Le « Millennium Ecosystem Assessment » souligne que les entreprises dont l’activité dépend ou est étroitement liée à l’action des écosystèmes seront confrontées à des risques affectant leurs résultats financiers. Si l’analyse des écosystèmes au regard des services rendus par la nature est assez neuve, Lafarge est directement engagé dans cette problématique. D’une part, la responsabilité environnementale LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 21 LES ABEILLES DE YEPES-CIRUELO La carrière de Yepes-Ciruelo, située près de Tolède, en Espagne, abrite deux espèces végétales endémiques protégées. Pour permettre à ces plantes de prospérer, Lafarge a réintroduit près d’un million d’abeilles sur une partie du site. En assurant la pollinisation de nombreuses variétés de végétaux, les abeilles contribuent à la restauration et à la protection de la flore locale. Les zones réhabilitées ont été dévolues à la recherche universitaire aux termes du partenariat conclu entre Lafarge et l’université de Castille - la Manche. Le professeur Santiago Sardinero et son équipe y étudient l’évolution de la recolonisation naturelle pour comprendre la succession des apparitions d’espèces végétales sur les sites réaménagés. PRÉSERVATION DU VIEUX CHÊNE Sur la carrière de Panshanger (Hertfordshire, Grande Bretagne), un très vieux chêne, ainsi que certains autres individus, est protégé en raison de sa longévité exceptionnelle (diversité génétique). “ Jean-Marie Pelt Professeur honoraire de biologie à l’université de Metz et président de l’Institut européen d’écologie © DR Médiathèque Lafarge © Image 2 Ltd. 2005 © Pascal Bastien / Fédé Photo Nous avons conscience que la nature offre des ressources minières, alimentaires, médicinales, textiles, forestières…, mais nous connaissons très mal les services rendus par les écosystèmes. Par exemple, les services rendus par une forêt ne se mesurent pas en stères de bois. Une forêt fixe le carbone, dépollue l’air et l’eau, draine l’eau pluviale vers les nappes souterraines, alimente les sources. Nous sommes directement dépendants de la nature. Or un récent rapport de l’ONU signale que 60 % des écosystèmes sont partiellement amputés, et les services qu’ils rendent réduits d’autant.” de l’entreprise exige de limiter ou de compenser l’impact de ses activités. D’autre part, la disponibilité de ressources naturelles, de combustibles ou d’eau, conditionne la production de matériaux de construction. Une étude expérimentale aux États-Unis L’ancienne carrière de schiste du site de Cauldon, en Angleterre, a été transformée en bassin pour réduire la dépendance en eau de l’usine de ciment. Jusqu’en 2007, l’eau était pompée dans la rivière Hamps, dont l’aval est classé en zone d’intérêt scientifique. Grâce au plan de réaménagement, le site a cessé de puiser l’eau de la rivière en 2009. Les risques de pollution et d’inondation des zones résidentielles voisines ont en outre été réduits, et le bassin est désormais colonisé par de nombreuses espèces d’oiseaux. Pour développer une meilleure compréhension des mécanismes inhérents aux écosystèmes, Lafarge mène actuellement une étude novatrice à Presque Isle, aux États-Unis. « Notre projet d’évaluation et de valorisation des services rendus par le milieu naturel se décompose en trois phases, explique Harve Stoeck, directeur des affaires publiques et de l’environnement de l’Activité Granulats & Béton de Lafarge en Amérique du Nord et en Amérique latine. D’abord, le groupe de réflexion environnemental World Resources Institute (WRI) appliquera à la carrière de Presque Isle le modèle d’évaluation des services rendus par les écosystèmes ESR, mis au point en collaboration avec le WBCSD et le Meridian Institute. Cette étude préalable permettra d’identifier les risques, les opportunités et les stratégies liés au © Médiathèque Lafarge - ConstructionPhotography.com - Paul McMullin L’EAU DE CAULDON tèmes. L’expérience et les recommandations serviront d’orientations aux futurs projets d’analyse et de préservation des milieux naturels. La mise en évidence des différentes fonctions assurées par les écosystèmes et de leur interconnexion inspire également la recherche. Un domaine encore méconnu, la biomimétique, s’attache à développer des techniques s’inspirant du fonctionnement de la nature (lire encadré cidessous). Ainsi, la protection et le développement du milieu naturel passeront aussi sans doute par l’innovation. milieu naturel. Ensuite, deux modèles d’estimation des écosystèmes, dont un a été créé par le WWF États-Unis, seront mis en œuvre afin de déterminer la valeur potentielle des services présents sur le site, ainsi que celle des services susceptibles d’être développés. Enfin, les équipes du groupe de réflexion rédigeront un compte rendu complet détaillant la fiabilité, la reproductibilité et l’application commerciale de ces modèles d’évaluation. » Les résultats seront partagés avec le WBCSD dans le cadre de l’Initiative d’évaluation des écosys- LA BIOMIMÉTIQUE, UNE SCIENCE BIEN INSPIRÉE Le projet d’évaluation et de valorisation des services rendus par le milieu naturel permettra d’identifier les risques et les opportunités liés aux écosystèmes. Au début des années 1990, la biologiste américaine Janine Benyus a posé les bases d’un nouveau domaine de recherche, qui consiste à s’inspirer de l’observation des modèles naturels pour permettre l’émergence de processus et de produits durables. La biomimétique consiste à reproduire artificiellement des mécanismes naturels en vue d’applications directes dans différents domaines technologiques ou même dans l’organisation des groupes ou des sociétés. « Le concept existe depuis une quinzaine d’années, souligne Jean-Paul Jeanrenaud (WWF), et il connaît aujourd’hui une rapide progression. De plus en plus de scientifiques estiment que l’imitation de la nature permettrait de réduire l’impact écologique de nos activités, mais aussi de réduire les coûts et d’augmenter la rentabilité. » Les bétons de demain pourraient-ils s’en inspirer? © DR 22 | L A FA R G E | LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ © DR Médiathèque Lafarge © DR > Centaurea niederi, espèce endémique du Péloponnèse en Grèce, sur la carrière d’Araxos. > Grèbe surveillant son nid, et transportant son bébé sur son dos. © DR “ Le projet InVest du Natural Capital a été mis au point par le WWF, l’université de Stanford et The Nature Conservancy. Ce système d’évaluation a pour but une compréhension systématique, détaillée et largement applicable des risques et opportunités environnementaux. Son expérimentation à Presque Isle permettra au WWF et à Lafarge de tester sa pertinence et sa reproductibilité.” © DR Médiathèque Lafarge Harve Stoeck, DIRECTEUR DES AFFAIRES PUBLIQUES ET DE L’ENVIRONNEMENT DE LAFARGE EN AMÉRIQUE DU NORD ET EN AMÉRIQUE LATINE > Iris aquatiques et plan d’eau. > Araignée dans la carrière de Matozinhos, au Brésil. LE GRAND JOURNAL DE LA BIODIVERSITÉ | L A FA R G E | 23 © DR Médiathèque Lafarge CONTACTS Directeur de la communication Groupe Sara Ravella [email protected] Tél. : + 33 1 44 34 58 36 Directrice de la publication Yolaine Galhié Rédactrice en chef Sophie Lachaud-Lambert Conception-réalisation Lafarge, Textuel La Mine Rédaction Lafarge, Textuel La Mine Impression E-Graphics Couverture 1. Jabiru d’Afrique, en Zambie. 2. Carrière réhabilitée de Bouskoura, au Maroc. © Médiathèque Lafarge - Ignus Gerber LAFARGE 61, rue des Belles-Feuilles, BP 40, 75782 Paris Cedex 16, France AU BORD DE L’YONNE La carrière de Misy-sur-Yonne, située dans le département français de Seine-et-Marne, a été exploitée de 1950 à 1975 par la Compagnie des Sablières de la Seine. Elle est devenue en 1973 la propriété de Lafarge. La réhabilitation du site a permis de créer un espace naturel qui s’étend sur une superficie de 60 hectares, ainsi qu’une zone résidentielle et de loisirs de 20 hectares. La voie d’eau est par ailleurs empruntée par des péniches qui assurent chaque année le transport de plus de 3 millions de tonnes de sables et graviers. Tél. : + 33 1 44 34 11 11 Fax : + 33 1 44 34 12 00 www.lafarge.com