Traumatisme oculaire - Des gestes simples et sans danger

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Soins Libéraux
Traumatisme oculaire
Des gestes simples et sans danger
Quelles que soient les circonstances déclenchantes, les
traumatismes oculaires nécessitent des soins adaptés,
parfois ophtalmologiques spécialisés, pour éviter que les
lésions ne deviennent assez graves au point de compromettre la vision.
U
n traumatisme oculaire est
accidentel dans la majorité
des cas : que ce soit un
polytraumatisme, un accident du travail, un problème domestique... Il faut
distinguer trois situations : les contusions oculaires, les traumatismes perforants, les corps étrangers du globe et
les brûlures oculaires.
Un examen soigneux
Certaines pathologies peuvent être
prises en compte par le médecin généraliste, d’autres doivent l’être par le
spécialiste. Pour les premiers : les
hémorragies conjonctivales, les érosions cornéennes superficielles, un
corps étranger superficiel. En cas d’atteinte plus grave, un avis spécialisé doit
être sollicité. Il peut s’agir ainsi d’une
brûlure chimique, par produit à pH
basique essentiellement. Lorsqu’il
existe une baisse significative de
l’acuité visuelle, la méfiance est de
mise. On doit également prendre
garde de traumatisme interne, de plaie
du globe oculaire, en cas de plaie palpébrale atteignant le bord libre, les
voies lacrymales, mais aussi en cas de
corps étranger intra-oculaire. En
sachant que l’atteinte peut être due à
plusieurs causes et donc comporter
plusieurs conséquences.
Les brûlures
Si les brûlures sont la cause du traumatisme, on les classe en trois types selon
l’agent causal : thermique, chimique et
par radiation. Les brûlures chimiques
sont de loin les plus fréquentes. Elles
représentent une véritable urgence
ophtalmologique. Elles peuvent être
dues à la projection de produits pétroliers, de produits acides, avec une note
particulière pour le peroxyde utilisé par
les porteurs de lentilles de contact, ou
à celle de base dont l’ammoniaque, la
chaux, le chlore des piscines. Devant la
multitude des substances pouvant être
en cause, il faut rapidement identifier
l’agent causal, son type mais aussi estimer la quantité projetée, le temps de
contact, la durée d‘exposition, et donc
mesurer le temps écoulé entre l’accident et sa résolution. L’estimation doit
être complète, précise, mais rapide,
pour ne pas retarder l’acte thérapeutique. Le soin comprend essentiellement un lavage oculaire abondant
après instillation d’un collyre anesthésique. A défaut de sérum physiologique, on peut utiliser l’eau, stérile de
préférence. Le lavage doit être prolongé au moins 20 minutes mais surtout effectué très rapidement, si possible, dans les trois minutes, sous
peine de grever lourdement le pronostic. Effectué par le patient ou son
entourage, le lavage doit être reproduit
par le médecin en prenant soin de
maintenir les paupières ouvertes. C’est
à ce stade qu’il faut, le plus souvent,
demander l’avis de l’ophtalmologue. La
gravité de l’atteinte est fonction du
type de l’agent caustique : les acides
sont ainsi plus dangereux superficiellement, les bases plus profondément,
causant aussi des dommages aux
effets plus prolongés. Toute brûlure par
produit alcalin doit être confiée systématiquement au spécialiste. En
deuxième position en termes de fréquence sont concernées les atteintes
par radiation. C’est l’accident de l’arc
chez le soudeur. Après lavage, en ce
cas, l’occlusion palpébrale est préconisée à titre thérapeutique. En cas d’expositions solaires prolongées, l’irradia-
tion par les UV cause surtout des kératites légères et sans conséquence.
Les contusions
A côté des brûlures, la cause la plus
fréquente d’atteinte oculaire est le traumatisme direct résultant d’un coup
comme lors d’une altercation. Ce sont
ici les os de l’orbite qui souffrent le
plus du traumatisme direct, du plancher au rebord orbitaire. Ce traumatisme peut survenir lors d’un accident
comme la réception d’une balle ou...
d’un bouchon de champagne. En ce
cas, plus le projectile est petit, plus le
traumatisme peut être grave. S’il
n’existe aucun trouble de la vision, en
particulier pas de diplopie, aucune
anomalie des mouvements oculaires,
que la pupille est intacte, qu’aucune
douleur n’existe, on peut considérer
que les lésions sont mineures, même
si une hémorragie sous-conjonctivale
apparaît rapidement. Le traitement
consiste alors en l’application de glace,
de compresses froides, la prise médicamenteuse d’anti-œdémateux. En cas
de plaie, l’évaluation passe par la réalisation d’un test à la fluorescéine instillée dans l’œil pour un examen sous
lumière bleue. En cas d’ulcération cornéenne superficielle, une prise en
charge en urgence s’impose : elle
comprend l’instillation d’un collyre
ophtalmoplégique mettant l’œil au
repos. La récupération est en général
rapide, fonction de l’étendue des
lésions. En ce cas, il faut attendre un
mois avant de remettre des lentilles de
contact. Les traumatismes perforants
nécessitent, quant à eux, une prise en
charge en urgence afin de réaliser la
suture de la ou des plaies du globe
oculaire. Les corps étrangers du globe
oculaire constituent une pathologie
très fréquente. Il faut distinguer les
corps étrangers superficiels, cas le plus
bénin, et les corps étrangers intra-oculaires, qui mettent en jeu le pronostic
fonctionnel.
JB
Professions Santé Infirmier Infirmière N° 62 • mars-avril 2005
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