COMPTES-RENDUS DE LECTURE F.LAPLANTINE, P.L.

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COMPTES-RENDUS DE L E C T U R E
F.LAPLANTINE,
P . L . R A B E Y R O N , Les
médecines
p a r a l l è l e s , PUF, Paris, 1987 Que sais-je
? n° 2395
Ce
petit
livre
montre
la
voie
d'une
approche
anthropologique et épistémologique des médecines parallèles,
au-delà des sournoises prises de position "pour ou contre" qui
sont bien souvent la règle dans les ouvrages sur ce sujet.
Les auteurs soulignent l'ampleur du phénomène dans les
sociétés i n d u s t r i e l l e s : près d'un français sur deux aurait
a u j o u r d ' h u i recours aux médecines parallèles. A p r è s a v o i r
esquissé
une
classification
des
médecines
parallèles
(caractérisées avant tout par leur extrême h é t é r o g é n é i t é ) ,
s u i v a n t quatre axes ( l a l é g i t i m i t é
sociale,
l'inscription
t r a d i t i o n n e l l e , le caractère populaire ou savant, la f o n c t i o n
diagnostique et/ou thérapeutique), les auteurs montrent que
l'émergence de cette n o u v e l l e c u l t u r e médicale d o i t être
inscrite dans une sensibilité beaucoup plus l a r g e , prenant
dans les années 1965-1970 la consistance d'un phénomène
socioculturel de plus en plus organisé. Cette sensibilité se
manifeste en réaction aux mutations des sociétés industrielles
avancées : refus d'un certain mode de rationalité scientifique
censé faire évoluer les hommes vers le bien-être (passage
d'une "mythologie du progrès" à une "mythologie du regret");
refus de l'uniformisation, de la massification, et des excès de
la consommation; contestation des rapports de p o u v o i r (dans
la relation soignants-soignés entre autres) revendication d'une
réappropriation
du
corps...
Ce
qui
est
peut-être
i n s u f f i s a m m e n t souligné est l'extrême a m b i v a l e n c e de ce
courant idéologique, qui cohabite, i l nous semble, avec son
double exact. C'est bien "entre la tisane et le scanner" que les
médecins sont sommés de composer aujourd'hui.
Dans le chapitre i n t i t u l é "le noyau dur des médecines
douces", les auteurs regroupent quatre tendances idéologiques
qu'ils
considèrent
comme
constitutives
des
médecines
parallèles:
la
"protestation
"
humaniste
(contre
la
" n o r m a l i s a t i o n " par l'institution médicale, contre la "brutalité
allopathique" de la biomédecine officielle); la préoccupation
de
la totalité
et la primauté
LAPLANTINE
reprend
accordée
ici
les
(F.
au rôle de l'endogène
catégories
proposées
dans
"Anthropologie de la maladie"); l'idée de nature (la confiance
accordée
aux
"l'instinct"...)
capacités
et
"naturelles"
l'importance
de
la
de
régulation,
temporisation^
à
de
l'expectation
(en
réaction
à
la
spacialisation
et
à
l'ontologisation du mal dans la pensée médicale officielle). Les
guérisseurs modernes sont considérés par les auteurs comme
les héritiers d'un mouvement tentant "d'intégrer la pensée
magique dans le courant de la science". Selon eux, tous
prennent en charge le malheur social
et donnent de la
maladie une interprétation religieuse, mais le registre du
sacré est aussi mobilisé "en vue de combler (...) une carence
du savoir, et de trouver (...) un principe de légitimation". E n f i n ,
les guérisseurs d'aujourd'hui seraient rarement les spécialistes
d'une thérapie exclusive mais procéderaient généralement à
un très large syncrétisme.
Deux chapitres abordent certains aspects institutionnels
et épistémologiques des médecines parallèles. Sont ainsi
envisagées
les t h é o r i s a t i o n s
auxquelles
se r é f è r e n t
les
praticiens
des techniques
parallèles
(énergie,
analogie,
r y t h m o l o g i e . . . ) ; les querelles d'école entre les praticiens
empiristes et ceux qui adhèrent à une v i s i o n du monde
fondamentalement
ésotérique;
enfin
les
rencontres
difficiles-et les racines historiques du clivage-entre médecines
parallèles et sciences expérimentales.
Le dernier chapitre traite de la "relation thérapeutique"
sous un angle f a m i l i e r aux anthropologues et aux psychistes.
Sont ainsi invoqués comme cadres conceptuels de l'analyse
des médecines parallèles (comme de toute pratique médicale)
l'efficacité s y m b o l i q u e ( L é v i - S t r a u s s ) , la c i r c u l a t i o n de la
m a l a d i e et le transfert ( F r e u d , V a l a b r e g a ) , la
"fonction
apostolique" du médecin ( B a l i n t ) , et la relation thérapeutique
conçue comme confrontation de deux "idéologies médicales".
P. C A T H E B R A S
J.P.DOUMENGE,K.E.MOTT,CCHEUNG,D.VILLENAVE,
O.CHAPUIS,M.F.PERRIN,G.REAUD-THOMAS
A t l a s de la
répartition
mondiale
des
Schistosomiases
Talence
CEGET-CNRS;Genève,OMS;TalencePUB1987 400p.,fig.,47tabl.48
cartes en couleur,bibliogr.
On d o i t être reconnaissant envers les auteurs de ce
travail très soigné d'avoir collecté une si abondante masse
d ' i n f o r m a t i o n s et de les avoir présentées avec autant de
clarté. Cet A t l a s est
un
ouvrage
considérable,dont
la
r é a l i s a t i o n cartographique est tout à f a i t r e m a r q u a b l e . I l
permet
de d é t e n i r
en un
seul v o l u m e
une
véritable
bibliothèque sur l'état des schistosomiases dans le m o n d e ,
bien que les auteurs insistent dans leur présentation sur le
f a i t que "l'atlas d o i t être considéré c o m m e l ' u n e d e s
nombreuses sources d ' i n f o r m a t i o n (...) et non c o m m e la
référence ultime et d é f i n i t i v e " .
Une i n t r o d u c t i o n très claire présente d'abord la pat h o l o g i e schistosomienne et les grandes
l i g n e s de ses
caractéristiques é p i d é m i o l o g i q u e s . S u i v e n t
les 47
dossiers
consacrés aux 74 pays jugés h a b i t u e l l e m e n t
endémiques.
Chacun comprend une notice et une ou plusieurs cartes.Le
plan des notices, à quelques variantes près ,permet de passer
successivement en r e v u e : la r é p a r t i t i o n des p o p u l a t i o n s
i n f e s t é e s , par espèce de s c h i s t o s o m e s ,
l'environnement
physique de la schistosomiase, et l'écologie humaine de la
maladie.Le rassemblement des textes consacrés à ce dernier
thème constitue une véritable mise au p o i n t sur l'écologie
humaine d'une maladie parasitaire et peut servir de guide
pour
l'étude
des r e l a t i o n s
de
l'homme
avec
d'autres
parasitoses. Les cartes souffrent évidement de leur échelle.Si
elles donnent une vue globale de ce qui se passe à l'échelle de
vastes t e r r i t o i r e s , elles n'expriment bien entendu que des
tendances.La microépidémiologie régionale est beaucoup plus
rarement abordée,(à l'exception de quelques cas tout à f a i t
intéressants comme ,page 5 3 , le périmètre irrigué de Gazira-El
M a n a q i l , au Soudan).Les données pour atteindre à cette
précision manquent d'ailleurs le plus souvent, et on ne saurait
le reprocher aux auteurs Si même elles eussent existé,on voit
mal comment ils auraient pu les exploiter toutes.La lecture
des cartes montre également que des zones sont très mal
connues, et la densité des parasitoses signalées correspond
plus à celle des recherches
effectivement publiées qu'à celle
des parasiteseux-mêmes .Beaucoup d'inconnues
demeurent.
On doit être reconnaissant aux auteurs d'avoir su signaler les
enquêtes négatives, l ' A t l a s présentant non seulement
la
présence des parasites mais l'attestation de leur absence dans
les régions étudiées.
La réalisation du volume sous forme de pages perforées
amovibles laisse augurer de remises à j o u r ultérieures, qui
permettront
de
suivre
l'enrichissement
de
la
documentation.Cela aussi est un point à l'actif de cette fort
utile et très belle réalisation.
J.BENOIST
M.-F. P O I Z A T - C O S T A
Le Problème corse.
Essai
d'anthropologie
p h i l o s o p h i q u e , Paris, L ' H a r m a t t a n , 1987,
189 p.
Tiré d'une thèse de doctorat en philosophie, l'ouvrage de
M a r i e - F r a n ç o i s e Poizat-Costa se présente c o m m e un essai
d'anthropologie
philosophique
du p r o b l è m e
corse.
Pour
l'auteur, la source en serait l'absence de l ' i n d i v i d u , tenu en
m i n o r i t é par l'oppression c o m m u n a u t a i r e ; de cette absence
découlerait l'absence d'histoire et un rapport aussi c o m p l e x e
que douloureux à l'identité.
D u p o i n t de vue, plus spécifique, de l ' a n t h r o p o l o g i e
médicale, l'absence de l ' i n d i v i d u se traduirait par la négation
de la sexualité. Chez la femme, la maladie servirait d'exutoire
à cette double dépossession : dépossession d'une i d e n t i t é
personnelle valorisée et de son sexe. L a maladie serait ainsi
une stratégie d'individualisation en accord avec les attitudes
culturelles de la société corse : jouer de l'étouffante affectivité
communautaire et se faire plaindre pour se faire reconnaître ;
mais aussi se plaindre dans le seul langage tolérable, celui du
deuil du corps et de sa jouissance individuelle, le langage de la
maladie. L'auteur propose, en outre, un subtil parallèle entre
le sentiment d'enfermement de la maison corse et ce qu'elle
nomme la "pré-naissance de l ' i n d i v i d u " , c l i m a t porteur d'une
m o r b i d i t é toute particulière.
Les notations de M . - F . Poizat-Costa sont séduisantes,
surtout si l'on a vécu dans cette atmosphère. Toutefois, on ne
sait trop à quel p o i n t cela est vrai : décrire les sociétés
méditerranéennes comme fascinées par la maladie et la mort,
répressives vis-à-vis de l ' i n d i v i d u et de la sexualité est un
peu trop général pour être explicatif. On peut regretter aussi
que l'auteur ne se soit pas intéressé aux nombreux travaux
anglo-saxons sur les sociétés méditerranéennes ( P i t t - R i v e r s ,
Péristiany, Schneider, e t c . ) , q u i l u i eussent permi de situer
son approche en perspective, et d'approfondir ce qu'il pouvait
y avoir de particulier dans l'identité corse. On peut surtout
regretter que son discours soit souvent en suspens par
rapport aux faits quand l'anthropologie se caractérise par leur
interprétation.
Jean-Noël FERRIE
E. C O R I N , S. L A M A R R E , P. M I G N A U D
et
M.
TOUSIGNANT
(sous la d i r e c t i o n de )
Regards
anthropologiques
en
p s y c h i a t r i e , G I R A M E , CP 6 1 2 8 ,
M O N T R E A L , 277 p., I S B N 2-9800 963-0-X
Le titre de cet ouvrage, compte-rendu d'un colloque tenu
à Montréal, situe très exactement son contenu: au cours d'une
rencontre entre psychiatres et anthropologues, ces derniers
passent
en
revue
les
diverses
contributions
que
l'anthropologie
peut
apporter
à la p s y c h i a t r i e
et
les
psychiatres s'interrogent sur la dimension culturelle. L'écoute
et les réponses des uns et des autres viennent rappeler une
fois de plus combien, de tout le corps médical, les psychiatres
sont les plus sensibles à l'approche anthropologique.
L'ouvrage commence par une mise au p o i n t de Gilles
Bibeau q u i souligne opportunément combien M o n t r é a l "est
devenu d'une certaine façon la capitale de la psychiatrie
t r a n s c u l t u r e l l e " à la suite des travaux de W i t t k o v e r , de
M u r p h y et de Prince. L'indispensable revue
"Transcultural
Psychiatry
Newsletter"
qu'ils ont fondée et animée le
confirmerait si besoin était. Se plaçant du point de vue de
l'anthropologue, mais tendant la main au psychiatre, Bibeau
pose la q u e s t i o n q u i est au coeur
des r a p p o r t s
de
l'anthropologie avec la médecine tout entière, et même avec la
b i o l o g i e générale de l'homme. Pour l'anthropologue, même
pour l'anthropobiologiste, la nature n'est qu'au point de départ
du chemin. Ce qui l u i importe "est d'essayer de comprendre
comment un donné biologique de base sert à construire ce
donné de base (...). Cette idée d'une dynamique bioculturelle
est quelque chose de f o n d a m e n t a l dans la r é f l e x i o n de
l ' a n t h r o p o l o g u e " (p. 11). M a i s l ' é q u i l i b r e , déjà d i f f i c i l e à
trouver au sein de l'anthropologie elle-même, l'est encore plus
dans la rencontre avec la psychiatrie. Car cette dernière oscille
entre un organiscisme extrême et le refus de c e l u i - c i .
Construisant alors sa propre v i s i o n de la genèse i n d i v i d u e l l e ,
sociale et culturelle des troubles, elle en arrive à parler un
langage s u f f i s a m m e n t t o t a l i s a n t pour laisser l ' a p p o r t
de
l'anthropologie hors de sa réflexion.
A y a n t si bien situé le débat, Bibeau laisse la parole à
Z e m p l e n i dont le texte " l ' e f f i c a c i t é m a g i q u e " mérite toute
notre attention. Après avoir discrètement i n d i q u é c o m b i e n
fragiles étaient les bases du texte fameux de Lévi-Strauss sur
" l ' e f f i c a c i t é s y m b o l i q u e " , Z e m p l e n i examine avec soin la
fonction de la force impersonnelle qui est propre à l'action
magique. I l décompose littéralement le processus magique en
ses étapes. Son analyse est une contribution très précieuse à la
q u e s t i o n , bien plus c o m p l e x e qu'on n'a pu le d i r e , de
l ' e f f i c a c i t é thérapeutique. A u coeur du processus, l'action
magique, qu'elle soit une i n c a n t a t i o n , ou une m a n i p u l a t i o n
d ' o b j e t peut apparaître l i t t é r a l e m e n t
comme
insensée à
l'observateur non i m p l i q u é . En f a i t
tout s'ordonne si l'on
conçoit qu'il s'agit d'un "défilé de signes, de mots que la magie
u t i l i s e c o m m e si les r e l a t i o n s
de s i g n i f i c a t i o n
étaient
assimilables à des relations de cause à effet" (p. 18). Mais alors,
le malheur attribuable à la magie prend ainsi sens et diffère
de c e l u i que p r o v o q u e r a i t directement la haine de m o n
ennemi (ennemi que j e hais, avant de l u i i m p u t e r cette
haine).Car même si j e sais que c'est moi qui le hais, j e sais
aussi que c'est l u i qui m'aggresse, par la magie. "Vue sous cet
a n g l e , la magie se présente c o m m e une sorte
d'objet
transitionnel entre soi et autrui qui s'apparente au fétiche du
psychanaliste" (p.21).
Ce premier niveau d'interprétation semble c o n f i r m é par
un phénomène que notent tous les observateurs de sociétés en
transition rapide: l'essor des pratiques magiques. L o i n d'être
s i m p l e m e n t l'expression d'une c u l t u r e , elles prennent en
compte les tensions vécues par ceux que ces changements
affectent.
Qu'en est-il alors de la f o n c t i o n thérapeutique de la
magie? Z e m p l é n i décrypte un enchaînement que nous ne
pouvons que résumer i c i . Le rituel auquel assiste celui qui se
j u g e v i c t i m e vient d'abord conforter sa croyance dans la
réalité d'un autre r i t u e l inaccessible à son o b s e r v a t i o n x e l u i
qu'a accompli contre l u i son ennemi. M a i s en même temps
l'affrontement est mis en scène de façon nouvelle. A u soupçon
succède la certitude, mais la certitude en un conflit en quelque
sorte " d é s u b j e c t i v é " . L a défense peut devenir active, sans
toutefois se diriger vers l'agresseur supposé. Le guérisseur ,en
prenant l'action en charge, évite le passage à l'acte. La coupure
avec l'autre s'accomplit sans heurts sociaux ou interpersonnels
explicites puisque l'autre n'est pas directement en cause. Mais
la magie a remanié les relations sociales, à la façon d'un
" b i s t o u r i symbolique q u i coupe franchement dans un corps
social malade" (p.22). Revenant à la dimension i n d i v i d u e l l e ,
Z e m p l é n i achève son exposé en posant la question de
l'existence de processus analogues dans la médecine et la
psychiatrie occidentales.
Les chapitres suivants nous rapprochent du terrain. M .
L o c k , à partir de ses travaux bien connus, met en évidence la
dimension culturelle de la perception de la ménopause, par les
sujets comme par les médecins et le rôle de cette perception
dans le tableau clinique. M u r p h y étudie comment la demande
des immigrants et les réponses qu'elle reçoit, sont modulées
par les perceptions différentes q u ' i m m i g r a n t s et originaires
du pays d'accueil ont des problèmes qui se posent. Plusieurs
autres travaux s'appuient sur des données propres à une
culture particulière ( M . Pandolfi sur l'Italie, C. Sterlin sur les
Haïtiens de Montréal, B r o w n et Prudo sur les îles Hébrides).
Quelques cliniciens s'interrogent sur la place qu'ils doivent
faire à l'anthropologie
( T o u s s i g n a n t , Chandrasena)
; ils
souhaitent que soient évitées les erreurs q u i tiennent à une
trop facile généralisation où le clinicien prend sa culture pour
une norme générale
de l'humanité.
L a dernière p a r t i e de l ' o u v r a g e
s'écarte p l u s
des
préoccupations des a n t h r o p o l o g u e s . Consacrée au support
s o c i o l o g i q u e et organisationnel de la p r a t i q u e des soins
psychiatriques, elle se situe avant tout au sein du
débat
idéologique qui affecte la psychiatrie nord-américaine. De ces
quelques chapitres, comme de l'ensemble de l'ouvrage, i l
ressort
une
inégalité
de
ton,
entre
psychiatres
et
anthropologues.
Ces
derniers
abordent
les
questions
théoriques ou les travaux monographiques avec un souci
manifeste de r é f l e x i o n sur le f o n d du débat. Plusieurs
cliniciens les suivent (Toussignant, Sterlin par exemple). Par
contre un certain nombre d'interventions ou de "synthèses"
sont l o i n de présenter le même intérêt. L e verbal y empiète
sur le conceptuel, et l'on attend vainement un dialogue là où
des pirouettes tiennent lieu de débat.
Par bonheur le bilan du l i v r e est remarquablement tracé
par È. Corin ("la
référence
anthropologique
dans
la
pratique
clinique").
Elle y dit le souci de tous ceux q u i souhaitent
qu'une a n t h r o p o l o g i e médicale appliquée ouvre des voies
nouvelles et utiles. Le c l i n i c i e n , d i t - e l l e , rencontre certes les
variables sociales et culturelles. Mais "la demande immédiate
qui surgit dans ce contexte face à l'anthropologie est celle de
savoir comment intégrer cette dimension dans un modèle de
pratique s p é c i f i q u e " ( p . 2 4 9 ) . Inversement, la demande de
l'anthropologue à la c l i n i q u e psychiatrique a du mal à se
formuler,
car
celle-ci
hautement
individualisante
et
p a r t i c u l a r i s a n t e , concorde m a l avec les préoccupations de
l'anthropologue. Quelques voies apparaissent:l'une consisye à
inciter le clinicien à une "auto-analyse culturelle" en préalable
à la compréhension des prémisses culturelles de son patient.
Des n i v e a u x masqués de s i g n i f i c a t i o n peuvent alors l u i
devenir accessibles. Une autre voie porte sur la dimension
c u l t u r e l l e des faits soumis au c l i n i c i e n . Les travaux ne
manquent pas dans cette direction.Une question fondamentale
demeure, posée aux anthropologues comme aux psychiatres. E.
Corin la formule parfaitement : quel est "le degré d'essentialité
de l'influence de la culture sur ces différents processus :
s'agit-il d'une influence secondaire, accessoire, qui viendrait
donner une coloration particulière à des phénomènes dont la
logique de base suivrait d'autres principes, ou d'une influence
beaucoup plus essentielle sur la nature et l ' é v o l u t i o n des
phénomènes décrits?" (p.261). Cette question porte en elle la
démarche qui pourra être commune à ceux que ce colloque et
cet ouvrage ont su faire se rencontrer.Quoique parfois inégal,
comme
tout
ouvrage
issu
d'un
colloque,
"Regards
anthropologiques
en
p s y c h i a t r i e " est riche de la
multitude des regards qu'il rassemble et de la profondeur de
certains d'entre eux. I l mérite une large d i f f u s i o n ches les
anthropologues comme chez les psychiatres
J. BENOIST
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