Maurice Allais est l`un des esprits les plus brillants de notre temps. A

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Maurice Allais est l'un des esprits les plus brillants de notre temps.
A la fois physicien et économiste, il a réussi à imprimer sa marque dans ces deux
disciplines et il est le seul économiste français à avoir obtenu le Prix Nobel de
Sciences Economiques (1988).
Aussi bien en Physique qu'en Economie, il a passé sa vie à rechercher l'anormal,
l'exceptionnel et à redresser ce qu'il pouvait y avoir de faux dans les idées reçues.
Ce site a été créé par plusieurs de ses élèves et admirateurs, et lui est dédié.
Source :
http://allais.maurice.free.fr/index.htm
Les anciens élèves et amis du Professeur
Maurice Allais vous informent de la création de l' Association
AIRAMA
Alliance Internationale pour la Reconnaissance des Apports de
Maurice Allais en Physique et en Economie.
Rédacteur : Michel Gendrot.
Maurice Allais est issu d'une famille modeste : père commerçant, grand-père
menuisier. Il est né le 31 Mai 1911, à Paris, peu avant la guerre 1914-1918. Son père,
fait prisonnier, meurt en Allemagne en 1915. Il en restera profondément marqué et,
malgré son jeune âge, il se jure alors de faire honneur à son nom. Il tiendra parole.
Malgré ces conditions difficiles et grâce à sa mère admirable, il fait de brillantes études
classiques au Lycée Lakanal de Sceaux puis au Lycée Louis-le-Grand . Première partie de
baccalauréat Latin-Sciences en 1928. Deuxième partie en 1929 qu'il a la coquetterie de passer
deux fois : un baccalauréat Philosophie et un baccalauréat
Mathématiques. Il est toujours premier de sa classe, aussi bien
en lettres qu'en sciences.
A cette époque, il est fasciné par l'Histoire et envisage de
préparer l'Ecole des Chartes. Ses professeurs l'en dissuadent
et l'orientent sur l'Ecole Polytechnique où il entre en 1931. Il en
sort "major" en 1933 et choisit le Corps des Mines. De 1934 à
1936, il est élève à l'Ecole Nationale Supérieure des Mines de
Paris.
Après son service militaire effectué dans l'artillerie à
Fontainebleau, il débute sa carrière en 1937 comme Ingénieur
au service des mines de Nantes. Son secteur couvre 5
départements. Il doit également s'occuper du contrôle des
chemins de fer. Lorsque la guerre éclate en 1939, on lui
demande de rejoindre les chasseurs alpins de l'Armée des
Alpes. Il est lieutenant et reçoit le commandement d'une batterie d'artillerie sur la frontière
italienne dans la région de Briançon. Sa guerre durera en fait les deux seules semaines
séparant l'entrée en guerre de l'Italie le 10 Juin 1940 et l'armistice du 25 Juin 1940.
Il revient à Nantes jusqu'en 1943, et est alors nommé, à Paris, Directeur du Bureau de
documentation et de statistique minière, poste qu'il occupera jusqu'en 1948. Il sera Directeur
de Recherche au CNRS à partir de 1946 jusqu'à sa retraite en 1980. Il obtient en 1949, le titre
d'Ingénieur-docteur de la
faculté des Sciences de
l'Université de Paris.
Dès 1941, et parallèlement
au service de l'Etat, il avait
la recherche dans les
été marqué par la crise des
répercussions
que paraît son premier
d'une Discipline
de "Économie et Intérêt",
étant ses deux ouvrages
à ses fonctions d'Ingénieur
commencé à s'intéresser à
Sciences Économiques. Il a
années 30 et ses
dramatiques. C'est en 1943
ouvrage "A la recherche
économique" suivi en 1947
qu'il considère comme
fondamentaux.
En 1944, il est nommé
Professeur d'économie à
l'Ecole Nationale des Mines
de Paris, poste qu'il
occupera jusqu'en 1988, Directeur de recherche au Centre national de la Recherche
scientifique (1946-1980), Directeur du Centre d'Analyse économique à partir de 1946, Directeur
du Groupe de Recherches Economiques et Sociales (1944-1970). Professeur d'Economie
théorique à l'Institut de statistiques de l'Université de Paris (1947-1968). Notons un intermède
en 1958-1959 qu'il passe au Centre Thomas Jefferson de l'Université de Virginie avec le titre
de Distinguished Visiting Scolar. Professeur à l'Institut des Hautes études internationales de
Genève (1967-1970). A partir de 1970 et jusqu'en 1985, il dirige le Séminaire d'Analyse
monétaire de l'Université de Paris-X. Il prend sa retraite en 1980 avec le titre d'Ingénieur
Général Honoraire au Corps National des Mines.
Mais, ce que l'on sait moins, c'est que Maurice Allais a deux violons d'Ingres : l' Histoire et la
Physique.
L' Histoire est un sujet qui l'a toujours passionné. Depuis 1961, il a mis en chantier un livre
qu'il a intitulé : Essor et déclin des civilisations - Facteurs économiques. La première version a
vu le jour en 1966, mais Maurice Allais a toujours cet ouvrage sur le métier et continue à le
perfectionner et à l'enrichir. Il y passe en revue l'histoire des civilisations et essaie de dégager
quelques facteurs communs et permanents, notamment sur le plan économique.
Sa passion pour la physique théorique et expérimentale est mieux connue. Ses réflexions sur
la physique fondamentale datent de son passage à l'Ecole Polytechnique. Si le Centre National
de la Recherche Scientifique avait existé à cette époque, il est d'ailleurs probable qu'il aurait
orienté sa carrière exclusivement vers les sciences. A partir de 1953, il réalise une série
d'expériences sur la vitesse de la lumière et la gravitation dans un laboratoire fourni par
l'Institut de Recherche de la Sidérurgie (IRSID) à Saint-Germain-en Laye. Ces expériences
conduites jusqu'en 1959 l'ont amené à découvrir un phénomène insoupçonné, que la NASA a
baptisé "Effet Allais", qui est de nature à apporter certaines corrections à la Théorie de la
relativité générale d'Einstein. Nous en parlons plus loin. Maurice Allais est aussi un
passionné de l'aventure Européenne. Il en a vécu toute l'évolution depuis les premiers pas de
Jean Monnet et de Robert Schumann en 1951. Son œuvre en est imprégnée. En 1963-1964, il a
présidé à Bruxelles un Comité d'Experts chargé de travailler sur la politique tarifaire des
Transports. Mais il déplore les erreurs de politique économique qui ont été commises dans la
rédaction du Traité de Rome et des traités suivants, et qui assombrissent l'avenir. Il est
violemment contre la politique de Mondialisation telle qu'elle est actuellement suivie, qui peut
nous mener à un désastre. Nous en parlons plus loin dans le résumé de son dernier ouvrage
sur la Mondialisation.
Distinctions
- Prix Nobel 1988 de Sciences Economiques
- Membre de l'Institut - Académie des Sciences Morales et Politiques. Il y est élu le 25
juin(1990), au fauteuil de Guillaume Guindey, dans la section d'économie politique,
statistique et finances,
- Grand Officier de la Légion d'Honneur (2005)
- Grand-croix de l'ordre National du Mérite
- Officier des Palmes Académiques (1949)
- Chevalier de l'Economie Nationale (1962)
- Major de l'Ecole Polytechnique (1931-1933)
- Ingénieur-docteur de la Faculté des Sciences de
l'Université de Paris (1949)
- Membre du Comité National du C.R.N.S. (1947-1980)
- Membre de la commission de l'énergie du Conseil
économique et social (1960-1961)
- Président du Comité d'experts pour l'étude des
options de la politique tarifaire dans les transports,
Communauté Economique Européenne (1963-1964)
- Fellow de la Société internationale d'Econométrie (1949-1980)
- Membre de l'Institut International de Statistique (1951-1980)
- Fellow of the New York Academy of Sciences (1956-1970)
- Fellow of the Operations Research Society of America (1958-1970)
- Membre du Council of the Econometric Society (1960-1965)
- Président de l'Association Française de Science Economique (1972)
- Honorary member of the American Economic Association (1976)
- Docteur Honoris causa :
de l'Université de Groningue (1964)
de l'Université de Mons (1992)
de The American University of Paris (1992)
de l'Université de Lisbonne (1993)
- Diplôme d'honneur de l'Ecole des Hautes études commerciales de Paris (HEC), 1993
- Membre associé :
de l' US National Academy of Sciences (1989)
de l' Accademia Nationale dei Lincei (1991)
de l' Académie des Sciences de Russie (1999)
- Grande Médaille Vermeil de la Ville de Paris (1989)
- Grande Médaille d'Or de la Ville de Nice(1989)
de la Ville de Nancy (1990)
- Médaille d'or de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale (1970)
du CNRS (1978)
de l'Université de Paris-X Nanterre (1989)
de l'Etoile Civique (1990)
- Rédacteur du Manifeste pour une société libre et Délégué général du Mouvement
pour une société libre (1959-1962)
PRIX SCIENTIFIQUES :
ECONOMIE
- Prix Laplace 1933 et Prix Rivot de l'Académie des
Sciences pour son rang de sortie (n°1) de l'Ecole
Polytechnique.
- Prix Charles Dupin, 1954 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour son
ouvrage "A la recherche d'une discipline économique" (1943)
- Lanchester Prize of the John Hopkins University and the Operations Research
Society of America (1958) for the outstanding paper on operations re search published in 1957,
"Method of Appraising Economic Prospects of Mining Explorations over Large Territories - Algerian
Sahara Case Study".
- Prix Joseph Dutens, 1959 de l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour son
ouvrage "La Gestion de s Houillères nationalisées et la théorie économique" (1953)
- Grand Prix de la Communauté Atlantique (1960) de l'Association française pour la
communauté atlantique pour son ouvrage "L'Europe unie, route de prospérité" (1959)
- Grand prix André Arnoux (1968) de l'Association pour la Liberté Economique et le
Progrès Social pour l'ensemble de son œuvre.
- Médaille d'or (1970) de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale pour
l'ensemble de son œuvre.
- Médaille d'or (1978) du Centre national de la recherche scientifique pour l'ensemble de
son œuvre.
- Prix Robert Blanché (1983) de l'Académie des Sciences Morales et Politiques pour son
mémoire "Fréquence, probabilité et hasard" (1982)
- Grand prix Guido Zerilli Marimo de l'Académie des Sciences Morales et Politiques
(1984 ) pour l'ensemble de son œuvre.
- Prix spécial du jury, à l'occasion de la création du prix Dupuit-de-Lesseps (1987) pour
l'ensemble de se s travaux sur l'économie des infra structure s de transport.
- Prix Nobel de Sciences Economiques (1988).
PHYSIQUE
- Prix Galabert de la Société Française d'astronautique (1959) pour se s recherche s sur la
gravitation et le mouvement du pendule paraconique.
- Laureate of the Gravity Research Foundation, 1959, USA, for hi s memoir " New Theoretical
and Experimental Research Work on Gravitation. (1959)
Maurice Allais a publié de très nombreux ouvrages répertoriés plus loin dans la
rubrique Ses Œuvres
Maurice ALLAIS
Photo ENSMP de 1943
Rédacteur : Michel Gendrot
Rien, a priori, ne prédisposait Maurice Allais à se tourner vers l'étude des Sciences
Economiques.
Sa formation classique et scientifique, son tempérament empirique, sa curiosité de
l'inconnu, son passage par l'Ecole Polytechnique, tout le tournait naturellement vers
l'étude des sciences du concret. On a d'ailleurs vu (voir le chapitre : Le Scientifique)
l'empressement et l'acharnement qu'il a mis à se lancer dans des expériences de
physique fondamentale, et ceci sur une simple intuition de départ. Ce qu'il appelle
l'intuition créatrice.
Dans plusieurs de ses ouvrages, Maurice Allais nous explique le pourquoi de sa
vocation scientifique. Pour moi, il me semblait plus nécessaire de connaître le
pourquoi de sa vocation d'économiste !
Pourquoi, dès le début de sa carrière, s'est-il intéressé à ce point aux Sciences
Economiques auxquelles sa formation antérieure ne l'avait pas préparé ?
Un début de réponse se trouve certainement dans la haute conception qu'il a de la
philosophie de la vie, dans sa conception de l'éthique sociale, dans l'intérêt qu'il porte
à l'étude de la psychologie humaine et dans sa conviction de la nécessité du progrès
économique et social. Mais cela n'aurait pas été suffisant sans un concours de
plusieurs circonstances qui ont tout déclenché et que Maurice Allais a bien voulu me
confier.
Pendant les vacances de l'été 1933, à sa sortie de Polytechnique et avant d'effectuer
son service militaire, il va visiter les Etats-Unis. C'est l'époque de la Grande Crise et il
est très troublé par les conséquences sociales effroyables qu'elle entraînait, alors que
personne ne l'avait vu venir et que personne n'en avait vraiment bien compris l'origine.
Cela le conduisit à vouloir analyser le phénomène pour en démonter les mécanismes
afin d'affiner les connaissances économiques, le but étant d'éviter le retour de
semblables catastrophes et de promouvoir le progrès social pour le bénéfice de tous.
Un peu plus tard, faisant son service militaire comme jeune officier à l'Ecole d'Artillerie
de Fontainebleau, il avait l'habitude de venir passer le dimanche à Paris. Un lundi
matin, sur le trajet de retour à Fontainebleau, sa moto a un accrochage avec un taxi.
Son retard lui vaut 40 jours d'arrêts. Mais sa note de sortie s'en ressent, et au lieu
d'être affecté à une garnison prestigieuse comme il aurait pu prétendre, on l'affecte à
l'armée des Alpes ! Petite cause, grands effets ! Ce deuxième concours de
circonstances tout à fait fortuit lui sauva peut-être la vie car, lorsque la guerre se
déclencha, beaucoup de ses camarades furent tués ou blessés sur le front des
Ardennes en 1940. Sa guerre à lui se passa sur le front italien et ne dura que les 15
jours séparant l'entrée en guerre de l'Italie et l'armistice. Au surplus, son inactivité
forcée de plusieurs mois lui avait laissé beaucoup de temps pour la réflexion. Cette
visite aux Etats-Unis et cet accrochage anodin furent finalement à l'origine du tournant
pris par sa vie.
L'Economie fut dès lors son sujet de réflexion permanent, notamment pendant la
période de l'occupation, au moment où le Service des Mines qu'il dirigeait à Nantes
tournait quelque peu au ralenti. Ces réflexions lui étaient facilitées par sa formation
scientifique dont on sait qu'elle est une excellente école de raisonnements rigoureux
et d'impartialité dans le jugement.
En trente mois de travail acharné, de Janvier 1941 à Juillet 1943, il abat un travail
considérable. Il écrit un ouvrage de 1000 pages :
" A la recherche d'une discipline économique - L'Economie pure "
qu'il réussit à faire éditer sous forme dactylographiée, ce qui représentait en 1943 un
certain tour de force alors que le papier était contingenté et pratiquement introuvable.
C'est cet ouvrage qui lui a valu le Prix Nobel. Le plus surprenant, c'est qu'il n'était à
l'époque qu'un autodidacte dans cette discipline ! C'est seulement dans cette période
qu'il se préoccupe de trouver et d'étudier les ouvrages des grands économistes de ce
temps comme Léon Walras, Vulfredo Pareto et Irving Fisher.
De cette époque d'une mise en place d'une doctrine cohérente, Maurice Allais nous dit
dans son ouvrage "Autoportraits" (1989) :
" Ma préoccupation dominante a été celle de la synthèse. Faire rentrer dans une même
construction l'analyse des phénomènes réels et celle des phénomènes monétaires,
associer l'analyse des conditions d'efficacité et celle de la répartition des revenus,
relier étroitement l'analyse théorique et l'économie appliquée, rattacher l'économie aux
autres sciences humaines, la psychologie, la sociologie et l'histoire, tels ont été
constamment mes objectifs.
" C'est cette préoccupation d'une conception synthétique de tous les phénomènes
économiques et sociaux qui constitue le soubassement de toute mon œuvre, et le lien
étroit entre mes travaux d'économie théorique et ceux d'économie appliquée. C'est elle
qui explique la profonde unité sous-jacente à tous mes travaux.
" Dans leur élaboration, la démarche de ma pensée n'a jamais été de partir de la
théorie pour aboutir aux faits mais, tout au contraire, d'essayer de dégager des faits la
trame explicative sans laquelle ils apparaissent incompréhensibles et échappent à
toute action efficace.
" Mes travaux ont répondu au besoin que j'ai ressenti de comprendre la réalité
concrète, et de donner des réponses satisfaisantes aux questions que me suggéraient
les obscurités, les contradictions et les lacunes de la littérature existante. Mon œuvre
a ainsi représenté pour moi un long effort, souvent pénible, pour me dégager des
chemins battus et des conceptions dominantes de mon temps.
" Au début de ma carrière, mon désir de comprendre a été motivé par le désir profond
d'agir, par le souci d'influencer l'opinion et la politique ; cependant, progressivement,
au cours des années, cette motivation est passée tout à fait au second plan, très loin
derrière le désir de comprendre. "
Ces quelques phrases expliquent tout le personnage et toute l'œuvre de Maurice
Allais.
L'œuvre de Maurice Allais est considérable. Nous citons plus loin 90 de ses
principaux ouvrages ou publications. (Voir le chapitre : Son œuvre)
Si l'on tente de les cataloguer, on peut dégager cinq grandes orientations générales,
étroitement imbriquées, cinq domaines fondamentaux tous liés à la recherche des
conditions d'une efficacité aussi grande que possible de l'économie et à l'analyse de la
répartition des revenus qu'elle implique.
1. La théorie de l'évolution et de l'équilibre économique général, de l'efficacité
maximale, et des fondements du calcul économique.
A cette catégorie se rattache sa première œuvre de 1943, qui a constitué le fondement
de son approche et qui a en germe toutes ses réflexions ultérieures.
A la recherche d'une discipline économique - L'Economie pure
Cette œuvre est centrée sur la démonstration de deux propositions fondamentales :
Toute situation d'équilibre de marché est une situation d'efficacité maximale, et
réciproquement toute situation d'efficacité maximale est une situation d'équilibre
d'une économie de marché.
Dans les années 1966-1967, Maurice Allais a été conduit à préciser le concept de
surplus, qui figurait déjà dans l'ouvrage de 1943, et à abandonner le modèle général de
l'Economie de marché proposé par Walras, pour aboutir à un nouveau modèle de
l'Economie de marchés (au pluriel, avec un s) qui intègre la monnaie. Cette théorie
générale des surplus constitue un progrès considérable tout à fait révolutionnaire sur
les théories existantes.
2. La théorie des processus intertemporels et d'une efficacité capitalistique maximale
Cette catégorie est représentée par son ouvrage de 1947 :
Economie et Intérêt.
Lorsque l'on prend en considération les générations futures, des paramètres
essentiels apparaissent dont il faut tenir compte. Il élabore dans ce livre la théorie de
la productivité capitalistique maximale, situation qui correspond à un taux d'intérêt
salarial nul. De toutes les théories des processus capitalistiques dynamiques, la
théorie développée par Maurice Allais est la seule qui se prête à des applications
numériques. Elle est entièrement confirmée par les données de l'observation.
3. La théorie des choix aléatoires et des critères à considérer pour des décisions
économiques rationnelles.
Est-il possible d'étendre les théories de l'équilibre économique général au cas d'une
économie aléatoire ? Dans un mémoire de 1952 :
Fondements et applications de la théorie du risque en Econométrie,
Maurice Allais répond que c'est possible. Cela l'amène à refuser la Theory of Games
de Von Neumann et Morgenstein. Il appuie son argumentation par des exemples dont
l'un est resté célèbre sous le nom d' "Allais' Paradox".
4. La théorie de la monnaie, du crédit, et de la dynamique monétaire.
Il ne peut y avoir ni efficacité de l'économie, ni équité de la répartition des revenus
dans une économie monétairement instable. Le modèle proposé par Maurice Allais se
fonde sur une équation fondamentale de la dynamique monétaire qu'il expose dans
deux mémoires de 1954 :
Les Fondements comptables de la Macroéconomique - Les Equations Comptables
entre quantités globales et leurs Applications,
et de 1955 :
Explication des Cycles économiques par un modèle non linéaire à Régulation
retardée.
Cette théorie a reçu des vérifications empiriques tout à fait remarquables.
5. La théorie des probabilités, et l'analyse des séries temporelles et de leurs
composants exogènes.
Les conceptions de Maurice Allais dans ce domaine, ont fait l'objet de
communications, de conférences ou d'articles dans diverses publications. Il est
amené à énoncer un nouveau théorème : le Théorème T, selon lequel les valeurs
successives d'une fonction presque périodique se distribuent suivant la loi normale.
Pour conclure cet exposé, on peut dire que l'œuvre de Maurice Allais est tellement
considérable que les quelques lignes qui précèdent ne peuvent en donner qu'une idée
très incomplète, simplifiée à l'excès et très imparfaite. Il est certain que Maurice Allais
a donné aux Sciences Economiques une rigueur nouvelle et à ouvert des approches
d'un exceptionnel intérêt.
On connait le proverbe : "Nul n'est prophète en son pays". Il se vérifie hélas avec
Maurice Allais. Maurice Allais est plus connu aux U.S.A. qu'en France ! Bien d'autres
avant lui se sont trouvés dans la même situation et ont dû batailler pour faire
triompher leurs idées. Rappelons - nous Copernic, Galilée, Abel, Galois, Pasteur,
Wegener, et bien d'autres. En économie, il a fallu 75 ans pour que Walras soit traduit
en anglais, et 60 ans pour Pareto.
Il est tellement plus facile et plus commode de suivre les idées reçues, sans se poser
de questions dérangeantes ! L'honneur et le mérite de ces pionniers a justement été
de poser les questions dérangeantes qui font avancer la science et tous, finalement,
ont vu leurs mérites reconnus. Rendons grâces à l'Académie Royale de Suède qui a
un talent exceptionnel pour découvrir les mérites cachés.
Nous n'avons cité ici que les 90 œuvres les plus importantes de Maurice Allais. Il y en
a d'autres. Pour faciliter la recherche, ces publications ont été classées en catégories.
Nous en donnons ci-après le sommaire. Chaque rubrique peut être atteinte
directement en cliquant dessus.
La plupart de ces œuvres ont été publiées chez
Les Editions Clément Juglar, 62 Avenue de Suffren, 75015 PARIS Tél: 01 45 67 58 06
et peuvent être achetées en s'adressant à l'éditeur.
SOMMAIRE
Economie Fondamentale
- Théories de la dynamique économique, de l'efficacité maximale et des
fondements du calcul économique
- Théorie des processus intertemporels et d'une structure capitalistique
maximale
- Théorie des choix aléatoires
- Théorie de la monnaie, du crédit, et de la dynamique monétaire
- Théorie des probabilités, analyse des séries temporelles et de leurs
composantes exogènes
Economie Appliquée
- Gestion et développement économique
- Répartition des revenus et fiscalité
- Politique monétaire
- Echanges internationaux et développement économique
- Système monétaire international
- Intégration européenne
- Economie de l'énergie
- Economie des transports
- Economie de la recherche minière
- Recherche scientifique, méthodologie et enseignement
- Sociologie et science politique
- Ecrits politiques
Physique expérimentale et théorique
- Lois de la gravitation
- Vues d'ensemble sur les contributions scientifiques
Travaux académiques
ÉCONOMIE FONDAMENTALE
1. THÉORIES DE LA DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE, DE L' EFFICACITÉ
MAXIMALE, ET DES FONDEMENTS DU CALCUL ÉCONOMIQUE.
A la recherche d'une discipline Économique - Première partie - L' Économie
pure
Première édition, Ateliers Industria, 1943, 852 p. et Annexes 68 p.
Deuxième édition, 1952, publiée avec le concours du Centre National de la Recherche
Scientifique, sous le titre : Traité d' économie pure, Imprimerie Nationale, 5 vol., in 4°,984 p.
Cette seconde édition ne diffère de la première que par l'addition d'une "Introduction à la
deuxième édition" (63 p.)
Troisième édition, Éditions Clément Juglar, 1994, publiée avec le concours du Ministère de
l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, sous le titre : Traité d' économie pure, avec
l'addition d'une Troisième Introduction (p. 15-156).
_______________________
Économie Pure et Rendement Social , Paris, Sirey, 1945, 72 p.
_______________________
Les conditions de l' Efficacité dans l' Économie, École Nationale Supérieure des
Mines de Paris, 145 p.
_______________________
Les Théories de l' Équilibre Économique Général et de l'efficacité maximale.
Impasses récentes et nouvelles perspectives, Revue d' Économie Politique, p.
331-409.
_______________________
Fondements de la Dynamique Monétaire, Éditions Clément Juglar, 2001, publiée avec le
concours du Ministère de la Recherche, 1302 pages.
2. THEORIE DES PROCESSUS INTERTEMPORELS ET D'UNE
STRUCTURE CAPITALISTIQUE OPTIMALE
Économie et Intérêt, Imprimerie Nationale et Librairie des publications Officielles, Paris,
800 p., en deux volumes.
Deuxième édition, Éditions Clément Juglar, 1998, publiée avec le concours du Ministère de
l' Éducation Nationale, de la Recherche et de la Technologie, avec l'addition d'une Deuxième
Introduction, p. 11-265.
3. THEORIE DES CHOIX ALÉATOIRES
Fondements d'une Théorie Positive des Choix comportant un Risque et
Critique des Postulats et Axiomes de l' École Américaine. Imprimerie Nationale,
1955, 56 p. in 4°
_______________________
La Psychologie de l' Homme Rationnel devant le risque. La Théorie et l'
Expérience. Journal de la Société de Statistique de Paris, 1953, p. 47-73
_______________________
L' Extension des Théories de l' Équilibre Économique Général et du
Rendement Social au Cas du Risque. Econometrica, Vol. 21, 1953, p. 269-290
_______________________
Le Comportement de l' Homme Rationnel devant le Risque. Critique des
Postulats et Axiomes de l' École Américaine. Econometrica, Vol. 21, 1953, p. 503546
4. THEORIE DE LA MONNAIE, DU CRÉDIT, ET DE LA DYNAMIQUE
MONÉTAIRE
Les Fondements Comptables de la Macroéconomique - Les Équations
Comptables entre Quantités Globales et leurs Applications, Presses
Universitaires de France, Paris, 1954, 91 p.
Seconde édition, Presses Universitaires de France, 1993
Explication des Cycles Économiques par un Modèle non Linéaire à
Régulation Retardée. Partie I , Macroeconomica, Vol. VIII, 1956, p. 4-83. Partie I I,
Vol LXI I de la "Collection des Colloques Internationaux", CNRS, 1956, p. 259-308
_______________________
Reformulation de la Théorie Quantitative de la Monnaie , Éditions SEDEIS, in 4°,
Paris septembre 1965, 186 p.
_______________________
Le Concept de Monnaie, la Création de Monnaie et de Pouvoir d'Achat par le
Mécanisme du Crédit et ses Implications. Dans "Fondements de l'Analyse monétaire
et conjoncturelle", École des Mines de Paris, Fasc. IV, p. 1-104
5. THEORIE DES PROBABILITES, ET ANALYSE DES SERIES
TEMPORELLES ET DE LEURS COMPOSANTES EXOGENES.
Généralisation du Test de Shuster au Cas de Séries Temporelles
Autocorrélées dans l' Hypothèse d'un Processus de Perturbations Aléatoires
d'un Système Stable. Bulletin de l'Institut International de Statistique, 1962, T. 39, p.
143-194
_______________________
Fréquence, Probabilité, et Hasard. Journal de la Société de Statistique de Paris, p.
70-102 et 144-221
ECONOMIE APPLIQUEE
1. GESTION ET DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
Abondance ou Misère, Paris, Librairie de Médicis, 1946, 120 p.
_______________________
Productivites, Niveaux de Vie et Rythmes de Croissance comparés en Russie
Soviétique, aux Etats-Unis et en France (1880-1955). Travaux de l'Académie des
Sciences Morales et Politiques, 109ème année, 4ème série, p. 137-163
_______________________
Le Tiers-Monde au Carrefour - Centralisation Autoritaire ou Planification
Concurrentielle. Les Cahiers Africains, Vols. 7 et 8, Bruxelles, 152 et 147 p.
2. REPARTITION DES REVENUS ET FISCALITE
L' Impôt sur le Capital et la Réforme Monétaire. Editions Hermann, Paris, 370 p.
Seconde édition, 1988
_______________________
Pour la Réforme de la Fiscalité, Editions Clément Juglar, 131 p.
3. POLITIQUE MONÉTAIRE
L'Inflation Française et la Croissance - Mythologies et Réalité, Association pour
la Liberté Économique et le Progrès Social, Paris, 1974, 119 p.
_______________________
Pour l'Indexation , Éditions Clément Juglar, Paris, 184 p.
_______________________
La Crise Mondiale d'Aujourd'hui, Éditions Clément Juglar, Paris, 240 p.
4. ÉCHANGES INTERNATIONAUX ET DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
Un Paradoxe de la Théorie du Commerce International. Dans Money, Growth
and Methodology, Hugo Hegeland ed., Lund, Suède, Social Science Studies, n°20,
C.W.K. Gleerup, Publishers, p. 337-350
_______________________
La Libéralisation des Relations Économiques Internationales - Accords
Commerciaux ou Intégration Économique, Gauthier-Villars, 1971, 195 p.
5. SYSTÈME MONÉTAIRE INTERNATIONAL
Un Plan pour la Réforme du Système Monétaire International. Il Politico,
Université de Pavie, Anno XXX, n°4, p. 741 -749
_______________________
Caractéristiques comparées des Systèmes de l' Étalon Or, des Changes à
Parités Libres, et de l' Étalon de Change Or. Dans Les Fondements
Philosophiques des Systèmes Économiques, Payot, p. 356-372
6. INTÉGRATION EUROPÉENNE
L' Europe Unie, Route de la Prospérité, Calmann-Lévy, Paris, 1959, 369 p.
_______________________
L'Europe face à son Avenir, Que Faire ?, Éditions Robert Laffont et Clément Juglar,
Paris, 309 p.
_______________________
Erreurs et Impasses de la Construction Européenne , Éditions Clément Juglar,
Paris, 125 p.
_______________________
Combats pour l'Europe, 1992-1994, Éditions Clément Juglar, Paris, 530 p.
_______________________
La Mondialisation. La Destruction des Emplois et de la Croissance.
L' Évidence Empirique.
Éditions Clément Juglar, 650 p.
Cet ouvrage est résumé dans le présent site au chapitre Mondialisation
_______________________
Nouveaux Combats pour l'Europe 1995 - 2002
Un aveuglement suicidaire - Pour une autre Europe
Éditions Clément Juglar, 62 avenue de Suffren, 75015 Paris - Tél : 01 45 67 58 06 - Septembre 2002 - 502
pages.
_________________________________________________________________________________
La Philosophie de ma vie, Revue d' Économie Politique, Vol. 99, p. 28-54.
_______________________
Autoportraits, Montchrestien, Paris, 150 p.
_______________________
Autoportraits d'un autodidacte, Éditions Clément Juglar.
_______________________
Un Savant méconnu, Portraits d'un autodidacte,
Éditions Clément Juglar, Paris, 580 p.
TRAVAUX ACADÉMIQUES
Productivités, Niveaux de Vie et Rythmes de Croissance Comparés en
Russie Soviétique, aux États-Unis et en France 1880 - 1955, Revue des
Sciences Morales et Politiques, 109ème année, n° 4, p. 137-163
_______________________
Les Conditions Économiques d'une Société Libre, Revue des Sciences Morales
et Politiques, 112ème année, p. 37-51
_______________________
La Politique de l' Occident vis à vis du Tiers-Monde. Revue des Sciences
Morales et Politiques, p. 227-249
_______________________
Le Pouvoir Monétaire. Revue des Sciences Morales et Politiques, n° 1
_______________________
Notice sur la vie et les travaux de Guillaume Guindey, 1909 - 1989, Académie
des Sciences Morales et Politiques, Séance du 10 Novembre 1992, 23 p.
_______________________
Rendre constitutionnellement possible une élection présidentielle anticipée.
Colloque " La réforme de la Constitution", Publications de l' Institut de France.
_______________________
Le Chômage et l'ordre public. Colloque " L'ordre public", sous la direction de
Raymond Polin, Fondation Singer-Polignac, 22-23 mars 1995
_______________________
La formation scientifique, dans "Une éducation pour le XXI ème siècle", Séance du
27 mai 1997
_______________________
L' Union Européenne, la Mondialisation et le Chômage. Revue des Sciences
Morales et Politiques, 1998, n° 2, p. 63-72
Œuvres
1943 - A la recherche d'une discipline économique. Traité d'économie pure.
1945 - Economie pure et rendement social : constitution de la science économique moderne à
la construction d'une économie de bien-être.
1945 - Prolégomènes de la reconstruction économique du monde.
1946 - Abondance ou misère.
1947 - Economie et intérêt; présentation nouvelle des problèmes fondamentaux relatifs au rôle
économique du taux de l'intérêt et de leurs solutions, 2 volumes.
1949 - La Gestion des houillères nationalisées et la théorie économique.
1952 - Fondements d'une théorie positive du choix comportant un risque.
1954 - Les Fondements comptables de la macroéconomique. Les équations comptables entre
quantités globales et leurs applications.
1957 - Method of Appraising Economic Prospects of Mining Exploration over Large
Territories. Algerian Sahara Case Study.
1959 - L'Europe unie, route de la prospérité.
1959 - Cours d'économie générale.
1960 - Les Aspects essentiels de la politique de l'énergie.
1961 - Le Tiers-Monde au carrefour.
1962 - L'Algérie d'Evian.
1963 - The Role of Capital in Economic Development.
1965 - Reformulation de la théorie quantitative de la monnaie.
1967 - Growth without Inflation.
1967 - Les Conditions de l'efficacité dans l'économie.
1970 - La Libéralisation des relations économiques internationales. Accords commerciaux ou
intégration économique.
1972 - Forgetfulness and Interest.
1974 - The Psychological Rate of Interest.
1974 - La Création de monnaie et de pouvoir d'achat par le mécanisme de crédit.
1974 - L'Inflation franáaise et la Croissance.
1976 - L'Impôt sur le capital et la réforme monétaire.
1978 - Contributions à la science économique. Vues d'ensemble 1943-1978.
1978 - La Théorie général des surplus. Economies et sociétés.
1979 - Expected Utility Hypothesis and the Allais' Paradox.
1982 - Fréquence, probabilité et hasard.
1984 - The Foundations of the Theory of Utility and Risk : some central points of the
discussions at the Oslo Conference (june 1982).
1984 - Determination of Cardinal Utility according to an Intrinsic Invariant Model.
1984 - Theories of General Economic Equilibrium and Maximum Efficiency.
1985 - The Empirical Approaches of the Hereditary and Relativistic Theory of the Demand for
Money.
1987 - Les Conditions monétaires d'une économie de marchés. De la réflexion sur le passé à la
préparation de l'avenir.
1989 - Autoportraits.
1990 - Pour la réforme de la fiscalité : repenser les vérités établies.
1990 - Pour l'indexation : condition majeure d'efficacité, d'équité et d'honnêteté.
1990 - La Crise du Moyen-Orient.
1991 - L'Europe face à son avenir.
1992 - Erreurs et impasses de la construction européenne.
1994 - Traité d'Economie pure
1994 - Cardinalism : a fundamental approch.
1994 - Combats pour l'Europe, 1992-1994.
1997 - L'Anisotropie de l'espace.
1999 - La Crise mondiale aujourd'hui. Pour de profondes réformes des institutions financières
et monétaires.
1999 - La Mondialisation, la Destruction des Emplois et de la Croissance
1999 - Des régularités très significatives dans les observations interférométriques de Dayton
C. Miller 1925-1926.
2001- Fondements de la Dynamique Monétaire
2001 - La Passion de la Recherche
2002 - Nouveaux Combats pour l'Europe 1995-2002.
2002 - Ouvrage sur Maurice Allais : Un Savant Méconnu
2004 - L'Effondremnt de la Théorie de la Relativité. Implications irréfragable des données de
l'expérience.
2005 - Sur l'interprétation des observations interférométriques de Michelson. Les Données de
l'Expérience, aucun vent d'Ether de 30km/s mais un vent d'Ether de 8km/s. Une extraordinaire
vérification.
2005 - Albert Einstein. Un extraordinaire paradoxe
2005 - De très remarquables régularités dans les distributions des planètes et des satellites des
planètes.
Maurice Allais est un authentique Européen. Ceci apparaît clairement dans se s ouvrage s, dont
beaucoup concernent l'idée européenne ( Voir bibliographie). Il déplore cependant que des erreurs
aient été commises dans la rédaction des traités fondateurs, notamme nt dans le domaine de l'Economie
(Voir mondialisation).
Le présent chapitre comprend deux parties :
La première partie est consacrée au dernier livre qu'il vient de publier en septembre 2002.
La deuxième partie contient les articles publié s dans Le Figaro à partir du 20 septembre 2002.
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La première partie
En Septembre 2002, Maurice Allais a publié aux Editions Clément Juglar, 62 avenue de Suffren 75015
Paris Ŕ Tél : 01 45 67 58 06, un livre de 500 pages intitulé :
Nouveaux Combats pour l'Europe 1995 – 2002
Un aveuglement suicidaire - Pour une autre Europe
Il rassemble dans ce livre tous les arguments et toute s les propositions qu'il formule pour réussir la
Construction Européenne. Le présent site ne pouvait pas ignorer un document aussi capital et, dans les
lignes qui suivent, je me sui s efforcé d'en faire un résumé a ussi exact que possible.
Michel Gendrot Ŕ Avril 2003
La situation actuelle
Le sous-emploi en Europe
Ce sous-emploi est évident et massif. Il est en France de l'ordre de six millions de travailleurs, compte
tenu des divers systèmes de traitement social qui tentent d'y pallier.
Ce sous emploi fausse complètement la répartition des revenus. Il aggrave considérablement les
inégalités sociales, crée une insécurité insupportable et désagrège peu à peu le tissu social.
Il s'accompagne du développement de la viole nce et de comportements agressifs dans un monde
dominé par l'argent.
La réduction du temps de travail n'est qu'un pseudo -remède. Outre que les hommes ne sont pas
parfaitement substituables les uns aux autres, cette "solution" néglige complètement le fait indiscutable
que dans de nombreux secteurs il y a des besoins pre ssants insati sfaits. Ce n'est pas en travaillant
moins que l'on peut y faire face. En outre, cette "solution" implique des baisse s de revenus que les
intéressé s n'acceptent pa s et qu'il faut compenser par des prélèvements accrus. On peut s'étonner de
l'aveuglement de ceux qui ont insti tué une "solution" tellement contraire au simple bon sens.
De grandes organi sations comme la Commission de Bruxelles, l'O.C.D. E., la Banque Mondiale et le
F.M.I. estiment, eux, que le chômage ne serait dû qu'à des charges salariales trop élevées, autrement
dit : la "solution" serait de baisser les salaires. Un tel aveuglement est suicidaire.
Maurice Allais proclame depuis des années que la cause majeure de ce sous-emploi massi f est la
libéralisation mondiale des échanges dans un monde caractéri sé par de considérables disparité s de
salaires réels et par les délocalisations qu'elles entraînent.
Une immigration excessi ve
L'immigration étrangère extra - communautaire est un facteur aggravant car elle contribue à faire
supporter de nouvelles charge s à la collectivité française. Lorsque des travailleurs immigrés
supplémentaires arrivent, il faut réaliser pour eux des infra structures sous forme de logements,
hôpitaux, écoles, etc.. qui correspondent à 4 foi s le salaire annuel de ces travailleurs. Si un travailleur
arrive avec une femme et trois enfants, la dépense faite par la collectivité représente dix à vingt foi s le
salaire annuel de ce travailleur.
Même si l'on ne se place que du seul point de vue économique, une telle immigration est totalement
déraisonnable et constitue un insupportable fardeau dont les conséquence s sont lourde s pour la
collectivité.
Le Credo libre-échangiste
Cette nouvelle doctrine a été inventée, il y a deux décennies, par les multinationales américaines qui
l'ont littéralement imposée aux gouvernements américains succe ssifs, pui s au monde entier. Ces
multinationales di sposent d'énormes moyens financiers et, par personne s et médias interposés,
exercent un pouvoir politique exorbitant. Elles seules profi tent vraiment de cette doctrine.
Selon ce nouveau Credo, la disparition de tous les obstacle s aux mouvements de marchandise s, de
servi ces et de capitaux doit permettre à chacun de voir sa situation amél iorée. Les lois du marché sont
universelles, bénéfiques pour tous et vont conduire à l'instauration d'un nouvel âge d'or. Ceci est un
dogme qui n'a besoin d'aucune démonstration et ceux qui contestent ce dogme sont de s ignorants et
des demeurés.
Il est exact que le libre-échange aboutit à une spécialisation de chaque pays dans le domaine d'activité
où il est le mieux placé et le plus capable. Il en résulte une augmentation du niveau de vie moyen dans
ce pays pour le s personne s du secteur consi déré, qui para ît ainsi avantageuse.
Faut-il pour autant généraliser ceci à l'échelle mondiale ? La réponse ne peut être que négative.
Si, à titre d'exemple, on considère le domaine de l'agriculture, le libre -échange n'aurait d'autre effet que
de faire disparaître presque totalement l'agriculture européenne en raison de s avantages relatifs de
caractère permanent détenus par des pays comme les Etats-Uni s, la Nouvelle-Zélande, l'Australie ou
l'Argentine. Il est permis de considérer cette disparition comme non souhaitable.
Il serait de même tout à fait déraisonnable de vouloir contraindre le Japon à abandonner sa production
nationale de riz sous le prétexte que les Etats-Uni s di sposent dans ce secteur d'un avantage relatif.
La libéralisation totale des échanges à l'échelle mondiale, objectif affiché de l'O.M.C., doit être
considérée à la fois comme irréalisable et non souhaitable. Pour ce qui concerne la France en
particulier, la libéralisation mondiale des échanges ne peut qu'entraîner, à terme, une détérioration
profonde du niveau de vie français. Par contre, cette libéralisation est possible et souhaitable à
l'intérieur d'un ensemble régional homogène, comme l'Europe, groupant des pays de développement
économique comparable, sous réserve que l'Europe se protège raisonnableme nt vis à vis de s autre s.
On voit ainsi que ceux qui veulent ouvrir l'Union Européenne à tous le s vents d'une économie
mondialiste dominée par la loi de la jungle sont les défenseurs d'une idéologie abusivement
simplificatrice et sont finalement les naufra geurs de la Construction Européenne qu'ils prétendent
promouvoir.
Il suffit d'ailleurs de regarder les stati stique s des dernières années pour constater que l'application du
credo libre-échangiste conduit à un véritable désastre. L'Organi sation de Bruxelles qui, depuis 1974,
s'est laissée entraîner à pratiquer cette politique est responsable de la création en Europe de millions
de chômeurs, de la destruction de pans entiers de l'industrie et d'une réduction notable de la
croi ssance.
Le protectionni sme
C'e st un mot politiquement incorrect qu'il est devenu interdit de prononcer.
Certains pensent que la Grande Dépression de s années 1929-1934, qui à partir des Etats-Uni s s'e st
étendue au monde entier, a été causée par le protectionnisme. C'est une erreur : la Gra nde Dépression a
eu une origine purement monétaire et a résulté de la structure et des excès du crédit. Le
protectionni sme n'en a pas été la cause mais la conséquence : il a fallu se protéger des effets
déstabili sateurs engendrés par la crise.
Pour être bénéfique, le protectionnisme ne peut être que partiel. Il doit être dosé de manière à ce que
chaque économie puisse bénéficier à la fois d'une concurrence effective et des avantages procuré s par
les échanges avec l'extérieur. Il doit être concomitant à un l ibre-échange partiel, auquel il apporte une
limitation et un frein. Il doit intervenir comme une régulation s'opposant au laissez - fairisme de la
mondialisation. Une société libérale n'est pa s et ne saurait être une société anarchique. La confusion
actuelle du libéralisme et du laissez - fairisme consti tue un des plus grands dangers de notre temps.
L'Economie Mondiale
Elle est actuellement caractérisée par une forte situation d'instabilité. Cette instabilité résulte de
nombreux facteurs. Nous citerons par exemple :
Le financement, par les banques, d'inve sti ssements à long terme (prêts consenti s à des clients) avec
des dépôts à vue et à court terme. Les banque s seraient bien incapables de faire face à des retraits
massifs de leurs déposants.
Le développement universel des crédits bancaires, notamment ceux accordés à des pays en voie de
développement qui s'avèrent souvent incapables de les rembourser.
Les taux de change flottants. Ce système serait valable si les balances de s paiements s'identifiaient
avec les balances commerciales. Cela n'est jamais le cas, car les mouvements de capitaux sont
essentiellement spéculatifs. Il en résulte des taux de change très éloignés de ce qui serait leur valeur
d'équilibre.
La libéralisation totale des mouvements de capitaux dans le monde entier. Une spéculation massive
s'est développée à l'échelle mondiale. De gigantesques marché s à terme se créent sur de s valeurs
future s où les positions sont pri se s à crédit. Il en résulte la création d'énormes "bulles" financières
fondamentalement malsaines et potentiellement instables.
Le système actuel ne comporte aucune régulation réelle et se condamne de lui-même.
Une conclusion s'impose : les principe s fondamentaux sur lesquels repose actuellement le système
monétaire et financier mondial doivent être entièrement repensés.
En tenant compte de toute s les constatations décri tes plus haut, nous somme s obligés d'admettre que
le monde et l'Europe sont actuellement dans une situation de cri se.
Pour une autre Europe
La politique insensée de la Commission Européenne
La politique commerciale de la Commission Européenne a peu à peu dérivé vers une politique
mondialiste libre-échangiste qui est de toute évidence contradictoire avec l'idée même d'une véritable
Construction Européenne.
Cette politique est insensée car elle ne peut qu'entraîner déséquilibres et chômage. Cette situation, si
elle perdure, ne peut que s'aggraver et nous mener au désastre.
Penser que des pays à bas salaires, comme la Chine, vont se cantonner dans des acti vité s à faible
valeur ajoutée est totalement naïf et absurde. Il est clair qu'ils vont rapidement nous concurrencer aussi
dans les haute s technologies et que ceci va se faire dans un avenir proche. Il faut être aveugle pour ne
pas le comprendre.
Une nécessaire préférence communautaire
Un objectif raisonnable serait que pour chaque produit, ou groupe de produits, des di sposi ti ons soient
prise s pour qu' un pourcentage minimal de la consommation communautaire soit assuré par la
production communautaire. La valeur de ce pourcentage dépendrait du produit et pourrait être en
moyenne de l'ordre de 80 %.
Ceci devrait être la condition sine qua non fondamentale de notre participation à la Construction
Européenne.
Dire que l'intégration est maintenant trop avancée et qu'il est trop tard pour reprendre notre liberté est
inexact. Cela ne signifierait pas que tous nos engagements en cours sont annulés. Nous pratiquerions
simplement la politique de la chaise vide tant que la politique de la Communauté n'est pa s modifiée.
Cela ne serait certainement pas sans difficulté s mais il ne peut être question de sacrifier l'avenir de la
nation pour éviter des difficulté s temporaires.
L'erreur fondamentale du Gatt et de l'OMC
Depuis leur fondation en 1947, Le Gatt puis l'OMC ont commi s l'erreur d'orienter l'économie mondiale
vers un libre-échangi sme sans limite et de ne pas tenir compte dans les échanges commerciaux des
perversions monétaire s.
Les rapports des coûts salariaux aux cours de s change s, dans les pays développé s et dans les pays en
développement, sont si considérables Ŕ parfoi s de 1 à 10, voire plus encore Ŕ qu'il ne sera pas possible
à l'OMC de mettre en place des mesure s susceptible s de faire face aux effets pervers sur l'emploi.
Avec de telles différences, les pays développés vont subir inéluctablement une tendance au chômage
massif conjuguée avec la baisse de la rémunération des emplois les m oins qualifiés.
Quant aux pays du Tiers-Monde, si certains en petit nombre pourront tirer leur épingle du jeu, la plupart
voient compromi s leur développement industriel et leur sécurité alimentaire. Ils sont enfermés dans une
nouvelle colonisation qui n'ose pas dire son nom. Un exemple : Pense -t-on que les di sposi tions libreéchangiste s permettront la création d'une industrie automobile en Afrique noire ?
Une politique commune d'immigration
Partout en Europe, une immigration excessive soulève de grandes difficulté s. Il ne sert de rien de la
réprimer. On ne pourra la réduire que si l'on s'attaque résolument à se s cause s.
Les cause s les plus pui ssante s de cet afflux sont :
l'acquisition de la nationalité. Le droit du sol mène à des situations incohérente s.
l'octroi d'avantages financiers insti tués pour les nationaux pour des raisons spécifiquement
nationales, par exemple les allocations familiales.
L'amalgame trop souvent fait entre l'opposition à l'immigration et le racisme, la xénophobie et
l'antisémiti sme, repose sur une tromperie inadmissible et une totale mystification. Les pays européens
n'ont pa s vocation à servir de déversoir aux excédents ma ssifs de population de certains pays. C'e st un
problème purement économique.
Des organisations régionales
La libéralisation des échanges ne vaut qu'à l'intérieur d'organisations régionales dotées de marchés
communs et groupant de s pays de même niveau économique.
Chacune de ces organisations régionales doit mettre en place un cadre institutionnel approprié
assurant une protection raisonnable vis à vis de l'extérieur, ave c des règles permettant qu'un
pourcentage minimal de consommation soit a ssuré par la production locale.
Si ces principe s sont transgre ssé s, une mondialisation forcenée et anarchique devient un fléau
destructeur partout où elle se propage. Par contre, le re spect de ces principes e st une condition
essentielle du développement des pays concerné s.
Une protection contingentaire
La protection ne peut pas être une protection tarifaire, avec la création de droits de douane comme cela
existait autrefois. Les calculs se heurteraient à des difficulté s insurmontables.
La seule possibilité réaliste et efficace est la méthode des contingents d'importation avec des licences
vendues aux enchères. Ce système ne s'opposerait pas au libre jeu de l'économie de marché
communautaire, mais au contraire lui permettrait de fonctionner correctement. Au surplus, il est facile à
mettre en place et a l'avantage de ne rien coûter à la collectivité. Il rapporte même de l'argent.
Cette protection doit être dosée. Il n'est évidemment pas que stion d'i soler une communauté régionale
du reste du monde par une protection excessive.
Les insti tutions monétaires et financières
Le crédit doit être réformé sur les deux points suivants :
La création de monnaie "ex nihilo" par le mécanisme du crédit doit être rendue impossible.
L'argent disponible à court terme ne doit pas pouvoir être utilisé pour financer des prêts à long
terme.
Cette double condition nécessi te une réforme des activité s bancaires. Il devrait y avoir 3 catégories
d'établissements di stincts et indépendants :
des banque s de dépôt, assurant la seule gestion des compte s courants, sans possibilité de prêts.
des banque s de prêts, empruntant l'argent à des termes donné s et le prêtant à des termes plus
courts.
des banque s d'affaires, empruntant aux banques de prêts, ou directement auprès du public, et
investi ssant dans les entrepri se s.
Cette organisation permettrait la réalisation de toute s les conditions néce ssaires et fondamentales à la
bonne marche de l'économie.
Les emprunts doi vent être indexés.
Tous les contrats doi vent être protégés contre des variations du pouvoir d'achat de l'unité de compte.
Tous les emprunts, publics et privé s, devraient donc être indexés sur l'indice général des prix.
Il ne s'agit pas ici d'enserrer l'économie dans un systè me de contraintes, mais au contraire de la rendre
efficace, de la libérer de l'incertitude de l'avenir, et d'établir pleinement le principe de l'honnêteté dans
l'exécution des contrats.
Les marché s boursiers doivent être réformés.
Les bourse s sont devenue s de gigantesque s ca sinos. Que les uns gagnent de l'argent sur le dos de s
autres n'aurait pas grande importance si les fluctuations de s cours n'avaient pas une influence
considérable sur l'économie réelle.
Maurice Allais propose une série de dispositions, par exemple : une cote unique par jour Ŕ la
suppre ssion de la spéculation sur les indice s Ŕ l'augmentation (en liquide) des couvertures sur les
opérations à terme, etc…
Le retour à un système de changes fixes.
Les taux de change entre deux monnaies devraient correspondre à l'équilibre des balances
commerciales des pays concernés.
C'e st tout le contraire actuellement. Le système des changes flottants induit une spéculation
gigantesque. Chaque jour, les flux financiers s'élèvent en moyenne à plus de 1 100 mill iards de dollars,
soit plus de 40 foi s le montant des transactions commerciales internationales. Ce sont finalement les
spéculateurs qui fixent la valeur des monnaies, avec comme conséquence une instabilité permanente.
Une réforme du système monétaire inte rnational, un nouveau Bretton-Woods, est absolument
nécessaire. Cette réforme devrait impliquer :
le retour à un système de changes fixes.
l'abandon du dollar comme monnaie de réserve internationale.
la fusion du FMI et de l'OMC.
l'interdiction faite aux banques de créer de la monnaie "ex nihilo" et de spéculer pour leur propre
compte.
En ré sumé,
Les quatre proposi tions qui précédent concernant le crédit, l'indexation, les marchés boursiers et le
système monétaire international sont indépendantes et pourraient être instituée s séparément. Mais il
est certain que leur application conjointe verrait leurs effets béné fiques consi dérablement renforcés.
Ces réformes sont fondamentales.
Les institutions démocratiques
La dérive centralisatrice et totalitaire
Depuis 1974, la dérive centralisatrice de la Commission de Bruxelles est devenue sans limites et touche
les sujets les plus divers, y compri s ceux qui devraient rester du ressort de s Etats et des Parlements
nationaux.
Les déci sions pri se s par la Commission sont anti-démocratique s et, à vrai dire, de nature totalitaire.
Ceci n'est pa s acceptable.
Les principe s à respecter.
les nations européennes doivent rester maîtresse s de leur destin et non pa s di sparaître sous la
domination d'une technocratie totalitaire. Cela impose d'adopter le principe de la Confédération.
Cette Confédération doit reposer sur une Charte fixant les objectifs, les institutions et le s
délégations de compétence. Cette Charte doit être acceptée par référendum dans chaque Etat
Maurice Allais indique les principaux aspects que doit revêtir cette Charte pour instituer une
nécessaire décentralisation, quelles sont les institutions parlementaires à créer : Cham bre des
Député s et Sénat, les règles de majorité, la Cour de Justice, etc…
Il estime qu'un territoire communautaire doit être créé pour accueillir ces institutions. Il pense
qu'il pourrait avantageusement se situer à cheval sur les frontières française, al lemande et
luxembourgeoise.
En ce qui concerne l'élargissement, il le repousse à plus tard. Il pense que la priorité est à donner à la
mise au point urgente du cadre institutionnel de l'Europe, dont le retard est tout à fait regrettable.
L'élargissement viendra ensuite. Sur ce dernier point, il estime que ni la Russie ni la Turquie n'ont
vocation à rejoindre l'Union Européenne.
La réforme intellectuelle et morale
Il est patent que l'on assi ste actuellement à une désagrégation morale de la société française. Cette
si tuation est également constatée dans tout l'occident.
Maurice Allais le déplore et il essaye de formuler quelques vœux :
Il n'y aura d'indépendance réelle de la Justice que le jour où les juges arriveront à se rendre
indépendants de leurs propre s opinions politique s. Est -ce possible ?
Les scientifiques doivent également s'imposer à eux mêmes une indépendance d'esprit qui les
libèrent des "vérité s établies" . Il n'y a de vérité que celle qui découle de l'expérience.
une frontière infranchissable doit être établie entre les sciences de la nature et les croyance s
religieuse s. Ce que Maurice Allais appelle "un humanisme libéral".
Les Nations Unie s
Maurice Allais aborde également ce sujet et suggère quelques modifications de la Charte.
En ce qui concerne notamment le droit de véto, il trouve anormal qu'un seul pays pui sse, par son véto,
bloquer le fonctionnement du Conseil de Sécurité. Il propose que les déci sions du Conseil soient pri se s
par un vote d'au moins neuf membres (la moitié des 18 membres) dans lequel sont compri se s les voi s
d'au moins 4 membres permanents (sur 5).
Ce qui revient à dire que pour s'opposer à une décision du Conseil, il faudrait le véto d'au moins deux
membres, au lieu d'un seul actue llement.
FIN
La deuxième partie
Avant propos
Maurice Allais a formulé ses idées européennes dans une série de 11 articles dont la parution a
commencé dans Le Figaro à partir du 20 septembre 2002. J'ai pensé qu'il était essentiel d'incorporer
ces texte s dans le présent site en vue de leur donner toute la publicité souhaitable. C'est pour tous
l'occa sion d'un véritable examen de conscience.
Maurice Allais est un humaniste très exigeant. C'est aussi un vi sionnaire et nous serions bien inspiré s
de tenir compte de se s avis.
Michel Gendrot
On pourra atteindre directement chacun des chapitre s en cliquant sur les titre s ci -dessous.
L' EUROPE ET LE MONDE
Des Institutions démocratiques pour l'Union Européenne
Les conditions politiques
Une confédération européenne
Approfondissement ou élargissement ?
La crise intellectuelle et morale de l'Union Européenne et de l'Occident
La désagrégation morale de la société française
L'expérience des siècles
Une nécessaire réforme de la Charte des Nations Unies
Une responsabilité écrasante de l'Occident
Trois erreurs majeures
La domination des multinationales, les délocalisations et l'aveuglement des dirigeants
politiques
DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES POUR L'UNION EUROPEENNE ( I )
LES CONDITIONS POLITIQUES
Une dérive centralisatrice et totalitaire
Depuis 1974, on a constaté dans tous les domaines une dérive technocratique, dirigiste, centrali satrice,
unitaire et jacobine de la construction européenne. Non seulement cette dérive a entraîné partout des
effets pervers, mais par se s excès mêmes elle ne cesse de susciter de très forte s oppositions.
Les exemples de cette dérive sont innombrables. Ainsi, aucun droit de sécession n'e st prévu pour
permettre aux peuples de sortir d'une organisation qui ne tiendrait pas compte de leurs droits
fondamentaux. C'est ainsi le droit essentiel des peuples à di sposer d'eux-m êmes qui fondamental ement
leur est refusé.
L'intrusion de l'Organi sation de Bruxelles dans des domaines qui devraient rester du seul ressort des
Etats et des Parlements nationaux est sans limites. Ainsi, dans la Déclaration insérée dans l'Acte final
du traité d'Am sterdam des sanctions trè s lourde s sont prévue s à l'égard des Etats membre s qui
rétabliraient la peine de mort.
La dérive technocratique et centralisatrice de l'Union européenne rend plus que jamais nécessaire une
réflexion approfondie sur la finalité de la construction européenne et une totale révisio n de se s
institutions.
La dégénérescence actuelle de la Construction Européenne ne saurait se poursuivre. Il nous faut en
repenser complètement le s principe s et tous les textes, de toute évidence inadaptés, sur lesquel s elle
repose. Il nous faut revoir tou s les prétendus acqui s communautaires.
Il est ainsi nécessaire de mettre fin au développement démesuré des pouvoirs supranationaux de la
Commi ssion et à une extension indéfinie de processus de déci sions antidémocratiques et, à vrai dire,
de nature totalitaire. Il nous faut assurer la sauvegarde de nos intérêts fondamentaux. (Voir nota
suivant)
___________________
NOTA : On ne saurait trop méditer ici l'Arrêt de la Cour Européenne du 17 décembre 1970 :
"La validité des actes arrêtés par les institutions de la Communauté ne saurait être appréciée qu'en fonction du
droit communautaire ; le droit né du traité, issu d'une source autonome, ne peut, en raison de sa nature, se voir
judiciairement opposer des règles de droit national quelles qu'elles soient, sans per dre son caractère
communautaire et sans que soit mise en cause la base juridique de la Communauté elle-même ; dès lors,
l'invocation d'atteintes aux droits fondamentaux tels qu'ils sont formulés par la Constitution d'un Etat membre ou
aux principes de sa structure constitutionnelle, ne saurait affecter la validité d'un acte de la Communauté ou son
effet sur le territoire de cet Etat.
Un tel texte est manifestement exorbitant.
___________________
Deux principes fondamentaux
En fait, la Construction Européenne répond aux aspirations profonde s de s peuples, mais se s modalités
doivent être entièrement repensées suivant deux principes.
Le premier principe est que les nations européennes doivent rester maîtresses de leur destin et non
disparaî tre peu à peu sous la domination d'une technocratie totalitaire. De là résulte que la
Construction européenne doit s'édifier sur la base d'une Confédération, libérale, humaniste, et
démocratique préservant les intérêts fondamentaux de chaque nation. L'objectif essentiel est de
vivre ensemble dans de s conditions re spectant, dans ce qu'elles ont d'essentiel, les nations qui se
sont lentement édifiées au cours des siècles.
Le second principe est que cette Confédération doit reposer sur une Charte Confédérale défini ssant,
préci sément et expressément les objectifs, les institutions et les délégations limitées de
compétences. Dans chaque Etat, cette charte doit être soumi se à la ratification populaire par
référendum avec une majorité qualifiée des deux tiers. Il doit en être de même de ses révi sions
ultérieures éventuelles. Une telle Charte est le garant indi spensabl e contre toute dérive de la
construction européenne.
Cette Charte devrait être assortie d'une Déclaration des droits et des devoirs fondamentaux des
citoyens européens.
Une Confédération Politique Européenne
Une Confédération Politique Européenne démocratique implique que soient étendus au niveau
européen les principes de la démocratie qui, au cours de s siècles, se sont progressivement dégagés
des expériences nationales. Elle implique que les nations participante s décident de p oursui vre en
commun la réalisation de leurs intérêts communs et acceptent de régler leurs différends sur la base de
dispositions communes acceptées d'un commun accord et selon des procédures préétablies à cette fin.
Une telle Confédération doit disposer de pouvoirs limités mai s réel s, et tirer directement se s pouvoirs
des peuples eux-m êmes et non des gouvernem ents nationaux.
Une telle organisation politique implique le transfert à cette organisation de certains des droits
souverains de s Etats.
La seule question qui importe réellement est dès lors la sui vante : Est-il possible de définir des liens
institutionnel s préservant efficacem ent les di versi tés nationales dans ce qu'elles ont d'essentiel, tout en
assurant l'effi caci té de l'action commune pour la réali sation des objectifs communs ?
Une nécessaire décentralisation
Toute tentative pour édifier une organisation politique européenne sur une base unitaire où la majorité
ferait la loi sans aucune restriction serait fondamentalement antidémocratique. En fait, toute
organi sation valable d'une soci été démocratique doit être aussi décentrali sée qu'il est possible, et toute
centrali sation doit se limiter au minimum indispensable.
Pour chaque Etat, ce qui est souhaitable, c'est que d'une part il rétrocède un maximum de droits à se s
diverse s régions pour toute s les que stions où ce s régions sont plus compétentes et peuvent être plus
efficaces et que d'autre part il transfère à une confédération politique européenne ce minimum de droits
qu'implique la poursuite efficace en commun des seul s objectifs communs que l'on entend poursuivre.
La règle de la majorité
Dans une société réellem ent démocratique le pouvoir, quel qu'il soi t, doit être réparti entre autant
d'hommes qu'il est possibl e, et l'application de ce principe est le meilleur moyen d'atteindre et de
maintenir la liberté, et d'assurer à chaque individu un plein développement et un plein usage de ses
dons et de se s capacités.
Le remède réel au "déficit démocratique" qui se constate actuellement au sein de l'Union Européenne
ne saurait résulter à l'avenir de processus fondés sur la seule règl e de la majorité, car, une fois encore,
l'essence de la démocratie, c'est le respect des minorité s, et les majorités, l'histoire n'a cessé de le
démontrer, peuvent être plus oppre ssi ves encore que les pires de s tyrannies.
La règle de la majorité n'est valable que pour les questions d'importance mineure. Pour toutes les
autres, la solution doit être recherchée dans des votes à l'unanimité ou à la majorité qualifiée et dans
des clauses de sauvegarde.
Une Confédération
La solution à rechercher ne peut être ni une pure associ ation d'Etats, ni un Super -Etat fédéral. La
première solution qui repose fondamentalement sur de s traités entre Etats n'en est réellement pas une,
car elle maintient et risque même d'exacerber les opposi tions entre Etats souverains ; la seconde
transcende les Etats dans tous les domaines par un pouvoir qui en est indépendant et qui devient
inévitablement oppressif.
La solution réellement appropriée, c'est celle d'une Autorité Confédérale chargée de la gestion politique
sur une base démocratique des seules que stions d'intérêt commun avec des délégations de pouvoirs
limités à ces seules questions d'intérêt commun, spécifiées dans une Charte Confédérale.
Dans l'état actuel des chose s, l'Autori té Politique Confédérale doit nécessairement gérer toutes le s
questions relatives à l'organisation du Marché commun et à ses relations économique s avec des pays
tiers.
DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES POUR L'UNION EUROPEENNE ( I I )
UNE CONFEDERATION EUROPEENNE
Vivre ensemble
Les Européens d'aujourd'hui veul ent vivre ensemble. C'est là une réalité fondamentale qui se
superpose aux liens très pui ssants qui se sont ti ssés au cours des siècles à l'intérieur de chaque
Communauté nationale.
Autant toute tentative tendant à dissoudre aujourd'hui les Nations Européennes dans je ne sais quel
ensemble de nature totalitaire est fondamentalement inacceptable, autant l'émergence progressive,
dans les décennies qui s'approchent, d'une Nation Européenne ra ssemblant dans une Confédération
décentralisée les Nations Européennes et pré servant leur identité doit être favorisée.
Des institutions démocratiques
Qu'impliquent des institutions réellement démocratiques ? Les délégations de compétences à la
Confédération jugées nécessaires doi vent être gérées par une Autorité Politique Confédérale
responsable devant un Parlement Confédéral, constitué d'une Chambre élue au suffrage universel
direct et d'un Sénat Confédéral désigné par les Parlements nationaux.
Un Président et un vice - Président de la Communauté Européenne seraient élus par le Parlement
Européen. Le Président de la Communauté Européenne la représenterait. Il veillerait au respect de la
Constitution Européenne. Il désignerait le Président du Conse il Exécutif Européen. Le Président
désigné du Conseil exécutif choi sirait les ministre s européens parmi les membres du Parlement et
présenterait le Conseil Exécutif à l'agrément du Parlement.
Une Cour Confédérale doit être établie devant laquelle des recours pui ssent être présenté s, soit par des
groupe s de parlementaires, soi t par des groupe s de citoyens suffi samment représentatifs, contre toute
transgression de la Charte Confédérale par l'Autorité Politique Confédérale.
La souveraineté doit être fondamenta lement exercée par les peuples, et la possibilité de référendum s
d'initiative populaire à majorité qualifiée doit être insti tuée à la fois dans le cadre de la Confédération et
dans le cadre de chaque Etat membre.
Le non respect de s droits fondamentaux des nations, tels que préci sé s dans la Charte Confédérale, doit
entraîner le droit à la sécession.
La représentation et la défense des intérêts fondamentaux de s Nations Européennes ne peuvent être
valablem ent assurées actuellement par le Conseil Européen et le Conseil des Ministres qui ne siègent
pas en permanence et qui ne sont que des émanations des parti s au pouvoir dans chacun des E tats
membres. Elles ne peuvent l'être efficacement que par un Sénat Confédéral, désigné par les Parlements
nationaux, et dont les membres resteraient en liaison étroite et permanente avec ces Parlem ents.
Un territoire communautaire
Pour symboli ser et matérialiser la volonté des peuples européens de construire progressi vement une
Union Européenne réelle, le mieux sans doute dans l'immédiat serait de mettre en place un Territoire
Communautaire où seraient installées toute s les organi sations européennes. Un tel Territoire
Communautaire pourrait avantageusement être installé dans la zone des troi s frontières à cheval sur la
France, l'Allemagne et le Luxembourg.
En tout état de cause et du point de vue d'une construction équilibrée de l'Union Européenne qui ne voit
l'intérêt majeur, et à vrai dire la nécessité, d'un tel Territoire Communautaire et de sa localisation.
L'identité Européenne
La Confédération Européenne doit préserver son identité vis-à-vi s du monde extérieur et rester
totalement indépendante de toute ingérence étrangère. Elle ne doit en aucune façon se di ssoudre dans
un ensemble mondialiste dépourvu de toute régulation réel le et qui ne profite qu'à de petites minorités.
Les spécifici tés culturelles nationales, éléments constitutifs e ssentiel s des nations européennes,
doivent être préservées.
Sur le plan économique la préservation de cette identité implique notamment : - une protection
minimale des activité s économiques, le principe étant que dans chaque secteur un pourcentage donné,
par exemple 80 %, de la consommation confédérale soit assuré par une production confédérale ; - une
protection minimale contre une immigration extérieure excessi ve et ses conséquence s dé sastreuse s ; le maintien d'une population active minimale dans l'agriculture et la pêche, car aucune nation ne peut
survivre si elle n'est pas profondément enracinée dans son sol, et si son autosuffi sance alimentaire
n'est pas assurée.
Toutes ces di sposi tions doivent être incluses dans la Charte Confédérale.
DES INSTITUTIONS DEMOCRATIQUES POUR L'UNION EUROPEENNE ( III )
APPROFONDISSEMENT OU ELARGISSEMENT ?
Quelle priorité ?
Quelle doit être la priorité de l'Union Européenne, son approfondi ssement ou son élargissement ?
C'e st un fait que pour l'essentiel l'Union Européenne groupe actuellement des Etats ayant dans
l'ensemble de profonde s similitudes quant à leur économie et à leur culture. C'est un fait égalem ent que
sur le plan économique il faut distinguer entre l'Europe de l'Ouest et l'Europe de l'Est. Ainsi et par
exemple les niveaux de salaires réels sont extrêmement différents à l'Ouest et à l'Est. Sur le plan
économique élargir actuellement l'Union Européenne en intégrant les Pays de l'Europe de l'Est n'aurait
d'autre résultat que de susciter un déferlement de populations de l'Est vers l'Oue st, et un nombre
considérable de délocalisations, en suscitant à l'Ouest un accroi ssement considérable du chômage.
De toute évidence, il convient que les pays de l'Europe de l'Est s'a ssocient préalablement dans un
cadre économique analogue à celui de l'Europe de l'Ouest, ce qui ne pourrait que favoriser
considérablement leur développement et élever progressi vement leurs niveaux de vie. Au terme de
cette évolution l'intégration économique des deux Europe deviendrait possible. Mais, de toute évidence,
une telle évolution demandera de longues années.
Ainsi, ce n'est que lorsque les niveaux de vie à l'Est et à l'Ouest seront effectivement comparables
qu'une association économique des deux Europe pourra s'effectuer. Mais par contre rien n'empêche
actuellement que des liens politiques et culturels s'établissent entre les Pays de l'Europe de l'Ouest et
ceux de l'Europe de l'Est.
Pour le moment, ce qui est nécessaire et urgent pour l'Union Européenne, telle qu'elle existe, c'e st de
combler le retard institutionnel qui l'a caractérisée.
Le cadre qui paraît préférable c'est celui d'une Confédération Politique susceptible de préserve r les
droits fondamentaux des Etats participants tout en resserrant leurs liens politique s. En tout ca s,
l'établissement d'un marché commun effectif implique de toute évidence un cadre institutionnel
commun.
Au total, la priorité actuelle pour l'Union Européenne doit être l'établi ssement d'un cadre politique
confédéral approprié et non son élargi ssem ent à l'E st, actuellement tout à fait prématuré.
Quant à l'Europe de l'Est, tout ce qui peut être actuellement envisagé c'est une association d'ordre
politique, culturel et scientifique entre l'Europe de l'Est et l'Union Européenne.
Limites de l'Europe
Dans l'état actuel des chose s, l'Europe dans son ensemble doit se limiter aux marches orientales de la
Pologne, de la Bulgarie, de la Roumanie.
En aucune façon, la Russie et la Turquie ne sauraient être considérées comme européennes. La Russie,
l'Ukraine, la Biélorussie, forment un ensemble immense s'étendant jusqu'à l'Océan Pacifique, qui doit
se grouper dans une confédération à l'exemple de la confédération europée nne. Quant à la Turquie,
pays musulman et dont l'expansion démographique est tout à fait excessive, tout la différencie de
l'Europe.
Qu'il s'agi sse de la Russie ou de la Turquie, elles n'ont aucune vocation à rejoindre l'Union Européenne.
En fait, qu'il s'agi sse de l'Europe, de la Russie, et de la Turquie, elles doivent prendre place et se
développer dans le cadre d'organisations régionales.
En tous ca s l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne ne pourrait être acceptée que si elle était
confirmée dans chaque état membre de l'Union Européenne par un référendum à la majorité des deux
tiers.
LA CRISE INTELLECTUELLE ET MORALE DE L'UNION EUROPEENNE
ET DE L'OCCIDENT ( I )
LA DESAGREGATION MORALE DE LA SOCIETE FRANCAISE
Le 5 décembre 1990, j’ai publié un article dans Le Figaro intitulé "La désagrégation morale de la société
française" (1). J’en analysais brièvement les facteurs e ssentiels : une idéologie égalitaire, une formation
insuffi sante et inappropriée de la jeunesse, l’influence démoral isatrice de la télévision, l’instabilité
sociale résultant d’une immigration massi ve déraisonnable, le développement accéléré de la violence,
de la criminalité et de la drogue, une démagogie démesurée, une régression générale des valeurs
morales, l’incompréhension, enfin, des condi tions économique s et éthiques qu‘implique une société
humaniste et libérale.
En fait, au cours de ces douze dernières années, la situation s’est profondément dégradée, non
seulement en France mais également dans tous les pays de l’ Union Européenne et dans tout
l’Occident.
L’explosion de la criminalité en France 1990-2001
Probablement le phénomène le plus signi ficatif de la désagrégation morale en France est-il une
explosion vertigineuse de la criminalité sous toute s se s forme s et l ’incapacité de plus en plus grande
de l’Etat, aveuglé par des idéologies obscuranti stes, pour combattre efficacement cette criminalité.
Cette criminalité se manifeste sous de s forme s multiples la délinquance sur la voie publique, les vol s
avec violence, les vol s à main armée, les meurtres, les viol s, la destruction de biens, les incendies de
voiture s et d’immeubles. On constate une multiplication des crimes organisé s, de s hold -up et des
affrontements entre bandes.
Partout on observe un accroi ssement des attaque s contre les agents de s service s publics dans le s
transports, contre les pompiers, contre les agents de s service s hospitaliers et médicaux.
Partout se multiplient les zones de non droit où les force s de police sont absente s.
Tous ce s phénomènes s’étendent progre ssivement des zone s urbaines à toute s les régions du pays.
On constate partout chez les jeunes une croissance des crime s et délits, des violence s physique s, de s
violences sexuelles, des acte s de vandalisme, des rackets, et des trafics de drogue. Trop souvent leur
connaissance est ma squée par l’intimidation et la loi du silence.
Pour ne prendre qu’un exemple le nombre de crimes contre les personne s e st pa ssé en France de
130 352 en 1990 à 279 612 en 2001 soit une progre ssion de 114 % en 11 ans et une progression
moyenne de 6,9 % par an.
On ne peut également que constater un abaissement progressif et continu de l’âge des auteurs de
délits. En 1993, 4,3 % de s jeunes avaient commis un délit grave à moins de 13 ans ; en 1999, ce
pourcentage est pa ssé à 10,8 %.
Les donnée s stati stiques qui toute s sous-e stiment la criminalité réelle ne traduisent en aucune façon
les drames de toute s sortes engendré s par la criminalité. L’horreur de certains crimes dépasse
l’entendement. Leurs auteurs se sont comportés comme de véritables bêtes fauve s ( 2 ).
Une crise intellectuelle et morale très profonde de l’Occident
En engendrant des inégalités croi ssante s et la suprématie partout du culte de l’argent avec toutes se s
implications, le développement d’une politique de libéralisation mondialiste anarchique a puissamment
contribué à accélérer la désagrégation morale des sociétés occidentales ( 3 ).
____________________
NOTES
1. Le Figaro 5 décembre 1990 "La désagrégation morale de la société française".
2. C’est l’Etat responsable de la sécurité des biens et des personnes, et non les
assurances, qui dans tous les cas doit indemniser toutes les victimes.
3. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour
l’Europe, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél
01 45 67 18 38).
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LA CRISE INTELLECTUELLE ET MORALE DE L'UNION EUROPEENNE
ET DE L'OCCIDENT ( I I )
L'EXPERIENCE DES SIECLES
Aucune société ne peut survivre si elle ne se fonde pas sur une morale, sur son
respect et son application. Ce que l’on constate, c’est qu’au travers des siècles les
grands préceptes de la morale, sont restés les mêmes.
En fait, la morale traditionnelle issue de la longue expérience des siècles se présente
comme une charte non écrite qui transcende toutes les lois et en constitue les
principes fondamentaux.
Dès que les préceptes moraux traditionnels ne sont plus observés les sociétés entrent
inévitablement en décadence. Tel a été notamment le cas de l’empire romain.
On ne trouve dans toute l’histoire aucune grande civilisation qui ne se soit fondée sur
les grands préceptes de la morale traditionnelle.
Les devoirs de l’homme
On ne cesse aujourd’hui de discourir sur les droits de l’homme. Mais les droits de
l’homme sont indissociables des devoirs de l’homme.
C’est ce qu’a parfaitement exprimé la Déclaration des Droits et des Devoirs de
l’Homme et du Citoyen du 5 Fructidor an III (22 août 1795) dans les deux premiers
articles de sa Deuxième Partie.
Article 1. - La Déclaration des Droits contient les obligations des législateurs, le
maintien de la société demande que ceux qui la composent connaissent et
remplissent également leurs devoirs.
Article 2. - Tous les devoirs de l’homme et du citoyen dérivent de ces deux principes,
gravés par la nature dans tous les cœurs; - Ne faites pas à autrui ce que vous ne
voudriez pas qu‘on vous fit. - Faites constamment aux autres le bien que vous
voudriez en recevoir.
Toute violation des devoirs de l’homme doit être condamnée et punie sans délai. En
fait, toute société qui n’est pas capable de se défendre est une société perdue ( 2 ).
La société permissive
Il est facile de tourner en dérision les grands préceptes de la morale qui nous ont été
légués par la tradition et de vanter les mérites de la société permissive ( 3 ).
Chaque jour la presse dénonce les méfaits de tout ordre moral, mais le désordre moral
ne peut aboutir qu’au désordre des sociétés.
En fait, les préceptes de la morale s’appliquent en premier lieu aux dirigeants
politiques dont la vie publique et privée doit rester exemplaire ( 4 ).
Les fondements expérimentaux de la pensée scientifique
Sur le plan scientifique un principe fondamental s’est peu à peu imposé : la seule
source de la connaissance est l’expérience et toute théorie contraire aux données de
l’observation doit être rejetée.
La pensée scientifique européenne s’est aujourd’hui totalement libérée de la magie, de
l’irrationnel, et même de la religion. Son seul objet est de dégager à partir des données
de l’observation des lois générales.
Le consentement universel, et a fortiori celui de la majorité, ne peuvent être
considérés comme des critères de la vérité. Le seul critère valable de la vérité est
l’accord avec les données de l’expérience.
En matière de science, en matière d’histoire, la vérité ne saurait relever ni de la
puissance publique, ni des tribunaux, quels qu’ils puissent être, mais exclusivement
et indéfiniment de la seule recherche et des seules méthodes scientifiques qui doivent
rester libres de toute entrave. Dans tous ces domaines la constante remise en cause
des "vérités établies’, quelles qu‘elles puissent être, est une condition majeure du
progrès de nos connaissances.
Les fondements humanistes de la vie en société
C’est par un processus analogue que s’est dégagé peu à peu un humanisme dérivé
lui-même de l’expérience. Quels en sont donc les traits essentiels?
C’est tout d’abord et fondamentalement le respect des individualités et des minorités
qui doivent être protégées contre tout pouvoir arbitraire des majorités ; c’est la liberté
de penser, c’est-à-dire le droit d’exprimer ses opinions par la parole et l’écrit, sans être
inquiété ou persécuté ; c’est le droit de pouvoir s' informer, discuter, délibérer,
contester, publier, sans contrainte.
C’est ensuite l’idée que tout pouvoir livré à lui-même tend à devenir despotique ; que
tout pouvoir ne peut être contenu que par un autre pouvoir qui le contrebalance et le
limite ; que ce qui est important, ce n’est pas le titulaire du pouvoir, mais la nature du
pouvoir ; et que tout pouvoir illimité, que ce soit celui d’un despote ou d’une majorité,
est inévitablement oppressif.
C’est également l’idée que sur le plan du droit et dans l’intérêt même d’une bonne
administration de la justice, aucun crime, quel qu’il puisse être, ne saurait être
indéfiniment imprescriptible.
C’est encore l’idée qu’une frontière infranchissable doit être établie entre les sciences
physiques et humaines qui relèvent du seul critère de l’expérience et les croyances
religieuses qui relèvent seulement d’une révélation intérieure, qui doivent être
respectées en tant que telles, mais qui ne doivent pas chercher à s’imposer.
C’est cet humanisme libéral, dérivé de l’expérience des siècles, qui inspire
fondamentalement la littérature, la morale, la philosophie, la pensée politique, le droit
de la civilisation européenne ( 6 ).
Ce sont les principes de cette civilisation que l’Union Européenne se doit de maintenir
et elle se doit d’écarter délibérément tous les multiculturalismes qui ne pourraient
constituer pour elle qu’autant de régressions.
Deux poids, deux mesures
En tout cas, l’Occident doit toujours rester fidèle à ses propres principes.
Un seul exemple, d’une actualité pressante, devrait suffire pour nous convaincre.
L’Occident, qui a trouvé tout naturel de faire prendre des résolutions par les NationsUnies à l’encontre de l’Irak et de les faire appliquer, en déclarant justifié le recours à
des moyens militaires si cette application se révélait insuffisante, n’a cessé de rester
indifférent à la non observation par Israël des résolutions des Nations Unies à son
encontre.
Très objectivement, l’Occident n’a cessé de mener une politique dépourvue de toute
cohérence éthique.
En fait, c’est l’Occident qui par son abstention durant de longues années est
responsable des atrocités commises de toutes parts au Moyen-Orient par les
Palestiniens et les Israéliens ( 7 ).
____________________
NOTES
1. Il n’est que trop déplorable que la Constitution française actuelle ne vise que la
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen
sans aucune référence à
ses Devoirs.
Il est notamment inadmissible que l’octroi de la nationalité française permette à ses
bénéficiaires d’exercer tous leurs Droits de français sans aucun engagement de leur
part de remplir tous leurs Devoirs.
Le respect de la personne humaine ne saurait en aucun cas conduire à la conclusion
que la peine de mort doit être exclue dans tous les cas. Il est des crimes,
particulièrement sauvages, comme le viol et l’assassinat d’enfants sans défense, qui
ravalent leurs auteurs au rang de bêtes fauves.
2.
La société doit sans hésitation les punir du châtiment suprême. Tout au plus, les
modalités de leur exécution peuvent être laissées au choix des assassins, et la
guillotine n’est pas le seul moyen de donner la mort, encore qu’elle soit sans doute la
plus spectaculaire et la plus dissuasive.
Que la société puisse assurer pendant des dizaines d’années l’entretien et la garde de
coupables d’assassinats particulièrement odieux, ne trouve aucune justification. Elle
en trouve d’autant moins, si l’on considère que la société se trouve par là même privée
de moyens qui lui permettraient de mieux assister tous ceux qui ont toujours respecté
les lois et que la malchance a pu conduire à des situations misérables.
En fait, il y a pour tout homme d’Etat responsable une contradiction fondamentale
entre donner l’ordre, en temps de guerre, de tuer les ressortissants des pays ennemis,
parmi lesquels se trouvent de braves gens parfaitement innocents, et refuser de
mettre à mort des assassins coupables des pires crimes pour lesquels n’existe
aucune excuse que ce soit.
En tout état de cause, dans des pays qui se disent démocratiques, il y a un véritable
abus de pouvoir de la part des dirigeants politiques qui ont décidé l’abolition de la
peine de mort, et la maintiennent, alors que la majorité des citoyens, qu’ils prétendent
représenter, demande son rétablissement.
3. Dans le Grand Dictionnaire des Citations françaises de Jean-Yves Dournon (édition
Acropole 1982), on peut lire parmi les citations relatives à la morale et retenues
comme significatives (p. 582): "La morale est l’épine dorsale des imbéciles"; - "La
morale n’aurait-elle pas son origine dans l’erreur"; - "La morale et le bon goût sont un
vieux ménage. Ils ont pour enfants la bêtise et l’ennui" ; - "La morale est la faiblesse
de la cervelle"; - "La morale est l’hygiène des niais, et désormais, l’hygiène est la
morale de toutes les turpitudes".
Tel est le credo fondamental de la société permissive.
4. Certains hommes politiques soutiennent qu’il faut séparer vie privée et vie
publique. Mais dans tout état démocratique cette séparation est impossible et en tout
cas elle n’est pas souhaitable. Ce qui est intrinsèquement immoral est indigne des
dirigeants de toute société démocratique, libérale et humaniste.
5. Allais, 1991, L’Europe Face à son Avenir. Que Faire ?, p. 111-112.
6. id.,p.112-114.
7. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour
l’Europe, 1995-2002", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél.
01 45 67 18 38 ).
UNE NECESSAIRE REFORME DE LA CHARTE DES NATIONS UNIES
LA CHARTE DES NATIONS-UNIES
La Charte des Nations Unies, dont un des Etats fondateurs a été un des Etats les plus
criminels de toute l’histoire, ne saurait être considérée comme conforme aux idéaux
humanistes d’une société libérale que si elle est réformée sur quelques points
fondamentaux :
1 - Ne devraient être admis comme membres des Nations Unies que les seuls
Etats qui se fonderaient sur les principes démocratiques d’une société
humaniste et libérale, et qui se seraient engagés à protéger et à respecter leurs
minorités quelles qu’elles soient, et à reposer sur des structures fédérales
lorsque ces minorités sont relativement importantes.
2 - Les frontières devraient pouvoir être éventuellement révisées suivant des
principes préétablis et des procédures appropriées.
3 - Tout Etat membre des Nations Unies devrait avoir l’obligation de saisir le
Conseil de Sécurité dès qu’il aurait connaissance d’une situation conflictuelle
dangereuse entre Etats ou à l’intérieur d’Etats.
4 - Le devoir d’ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat devrait être
admis, suivant des principes et une procédure appropriés, dès lors que, par
l’oppression d’une minorité, cet Etat ne respecte pas la Déclaration Universelle
des Droits de l’Homme et la Charte des Nations Unies.
5 - Un Tribunal international permanent devrait être créé pour juger et punir,
suivant des principes et des procédures préétablis, les crimes de guerre, les
crimes contre l’humanité, et tous les agissements, quels qu’ils soient, ayant
suscité des conflits ( 1 ).
6 - Le commerce des armes devrait être strictement réglementé. Toute livraison
d’armes à des Etats non démocratiques ou opprimant des minorités sans
défense devrait être totalement interdite.
7 - Ces principes devraient être acceptés et respectés par tous les pays
membres sans aucune exception. Leur non observation devrait entraîner
l’exclusion des Nations Unies.
8 - Le nombre de voix dont dispose chaque pays membre au sein de
l’Assemblée Générale devrait tenir compte d’une manière appropriée de sa
population et de la contribution qu’il est susceptible d’apporter pour faire
respecter les décisions des Nations-Unies ( 2 ).
Telles devraient être les bases effectives d’un nouvel ordre international, qui soit autre
chose que la continuation d’un ordre international qui ne fait que masquer et
reconduire indéfiniment de profondes incohérences, de multiples désordres sousjacents, et de grandes injustices.
En fait, ce ne sont là que quelques suggestions. Ce qu’il faut, c’est repenser
complètement la Charte au regard des leçons de l’expérience depuis la seconde
guerre mondiale et de la situation d’aujourd’hui. Là, comme ailleurs, le maintien
indéfini du statu quo ne saurait constituer une bonne solution.
Comme l’a si bien dit Pascal, voici plus de trois siècles, nous devrions "faire que ce
qui est juste soit fort, ou que ce qui est fort soit juste ".
Une situation sans précédent
A la suite du gigantesque raz de marée politique qui a suivi l’ouverture du mur de
Berlin le 9 novembre 1989, les Etats -Unis ont acquis une situation hégémonique dans
le monde, sans aucun précédent dans toute l’histoire de l’humanité.
Cette situation toute nouvelle doit nous amener à réfléchir. La détention d’un tel
pouvoir par un seul pays peut manifestement conduire à tous les abus et il convient
de nous en préserver.
Le parachèvement de la Construction Européenne n’en devient que plus urgent.
Dans l’immédiat une mesure s'impose, c'est la modification de l’article 27 de la Charte
des Nations Unies relatif au droit de veto, dont les Etats -Unis n’ont que trop tendance
à faire un usage abusif.
A la rédaction actuelle de l’article 27, § 3 :
"Les décisions du Conseil de sécurité.., sont prises par un vote affirmatif de neuf de
ses membres dans lequel sont comprises les voix de tous les membres permanents ".
il convient de substituer la rédaction :
"Les décisions du Conseil de sécurité. . . sont prises par un vote affirmatif de neuf de
ses membres dans lequel sont comprises les voix de quatre membres permanents au
moins".
Pour s’opposer à une décision du Conseil de sécurité il faudrait ainsi que deux
membres permanents au moins s’y opposent ( 3 ).
Une société libérale et humaniste
En dernière analyse, dans le cadre d’une société libérale et humaniste, c’est l’homme
et non l’Etat qui constitue l’objectif final et la préoccupation essentielle. C’est à cet
objectif que tout doit être subordonné.
Une société libérale et humaniste ne saurait s’identifier à une société laxiste, laissez fairiste, pervertie, manipulée, ou aveugle.
Quant à la construction de l’Europe, il n’est pas conforme aux idéaux du libéralisme et
de l’humanisme de substituer aux besoins des citoyens tels qu’ils les ressentent euxmêmes suivant leur propre échelle de valeur, "leurs prétendus besoins" appréciés par
d’autres, hommes politiques, technocrates, ou dirigeants économiques, quels qu’ils
puissent être.
En réalité, l’économie mondialiste qu’on nous présente comme une panacée ne
connaît qu’un seul critère, "l’argent". Elle n’a qu’un seul culte, "l’argent". Dépourvue
de toute considération éthique, elle ne peut que se détruire elle -même. En fait, le
passé ne nous offre que trop d’exemples de sociétés qui se sont effondrées pour
n’avoir su ni concevoir, ni réaliser les conditions de leur survie.
Les perversions du socialisme ont entraîné l’effondrement des sociétés de l’Est. Mais
les perversions laissez - fairistes d’un prétendu libéralisme nous mènent à
l’effondrement de notre société ( 4 ).
__________________
NOTES
1. Le 6 mai 2002 les Etats-Uni s ont déclaré aux Nations Unie s qu’ils ne ratifieraient pas le Traité de
Rome créant la Cour Pénale Internationale (CPI) signé par le Président Clinton le 31 décembre 2000
avant de quitter la Maison Blanche.
Cette décision e st d’autant plus choquante que le 25 mai 1993 les Etats-Uni s avaient été à l’origine du
Tribunal International de La Haye, création ad hoc pour juger les crimes commi s par les serbe s en
Yougoslavie.
Voir Le Monde du 7 mai 2002, p. 15, et Le Figaro, Jean-Marc Verant "Le réveil du droit pénal
international", 19 mai 2002.
2. Il est tout à fait dérai sonnable d’attribuer le même nombre de voix à l’Assemblée Générale des
Nations Unie s aux très petits Etats comme par exemple l’île Maurice ou l’île de Chypre, et à de grands
Etats comme l’Inde, l’Argentine, le Canada ou l’Allemagne.
3. Je rappelle que d’après l’article 23 de la Charte le Conseil de sécurité comprend quinze membres
dont dix élus par l’Assemblée générale et cinq membres permanents, la Chine, la France, la Russie, le
Royaume-Uni et les Etats-Uni s.
4. Sur tous les points ci-de ssus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour l’Europe, 1995-2002
", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél. 01 45 67 18 38 ).
UNE RESPONSABILITE ECRASANTE DE L’OCCIDENT
Aujourd’hui, en septembre 2002, on ne peut que mesurer l’écrasante responsabilité
des Etats-Unis et de l’Europe au regard des tragédies survenues en Cisjordanie, à
Gaza, et en Israël dans ces dix dernières années ( 1 ), et tout particulièrement depuis le
déclenchement de la deuxième intifada à la suite de la provocation d’Ariel Sharon le 28
septembre 2000 sur l’esplanade des Mosquées ( 2 ).
Durant tous ces mois les attentats terroristes palestiniens en Israël et les représailles
exercées par l’armée israélienne n’ont cessé de faire d’innombrables victimes et
d’exaspérer les haines de tous côtés.
Toutes ces tragédies doivent nous déterminer à ne plus nous contenter d’invocatio ns
lyriques des droits de l’homme, et à respecter, et à faire respecter nos propres
principes.
Une seule solution
Comme il y a dix ans, au regard de l’impossibilité avérée d’obtenir un accord entre
Israël et les Palestiniens, au regard des décisions antérieures du Conseil de Sécurité
des Nations-Unies ayant force de loi, et des dispositions générales de la Charte des
Nations Unies, une seule solution apparaît possible ( 3 ).
La renonciation totale par les réfugiés palestiniens au droit au retour, compensée par des
indemnités appropriées ;
l’évacuation par Israël de tous les territoires occupés depuis la Guerre des Six Jours et le
retour total aux frontières de janvier 1967 en application de la résolution 242 du Conseil de
sécurité des Nations Unies avec l’évacuation par Israël de toutes ses colonies ;
la création d’un Etat palestinien incluant la Cisjordanie et la bande de Gaza ;
le partage de Jérusalem suivant les frontières de janvier 1967, le libre exercice des
religions juive, chrétienne et musulmane, et l’établissement d’un droit de contrôle des
Nations Unies sur ce statut ;
la reconnaissance par les Palestiniens et tous les Etats arabes de l’Etat d’Israël dans ses
frontières de janvier 1967 ;
l’établissement d’une force militaire d’interposition des Nations Unies avec des contingents
des Etats Unis, de l’Union Européenne et de la Russie, aussi longtemps qu’il sera
nécessaire ;
l’exécution immédiate et sans réserve de ce plan en application des dispositions des
Chapitres VI, VII, VIII et XII de la Charte des Nations Unies, en recourant, s’il était
nécessaire, à l’utilisation de la force armée ;
la garantie conjointe de la pleine sécurité d’Israël et de l’Etat Palestinien par les Nations
Unies et tout particulièrement par les Etats-Unis, l’Union Européenne et la Russie ;
une aide économique majeure accordée aux Etats Israélien et Palestinien par les EtatsUnis, l’Union Européenne et les Pays arabes pour l’application de ce Plan.
Les agréments antérieurs
Pour l’essentiel ce Plan correspond aux décisions 242 du 22 novembre 1967 et 338 du
22 octobre 1973 du Conseil de sécurité des Nations Unies, dont la nécessité de
l’application a été soulignée par le Président Bush dans son discours devant le
Congrès américain du 6 mars 1991.
Tel est encore pour l’essentiel le plan proposé en mars 2002 par le Prince Saoud AlFayçal de l’Arabie saoudite.
Ce Plan, dans son principe, correspond également à la Décision 1397 du Conseil de
sécurité du 12 mars 2002 se fondant sur le principe de la coexistence de deux Etats
israélien et palestinien et se référant aux décisions 242 de 1967 et 338 de 1973.
Puis-je ajouter que tel était là encore, pour l’essentiel, le Plan que j’avais déjà suggéré
en 1991.
Mais la justification essentielle de ce Plan, sa nécessité, c’est qu’il faut mettre fin une
fois pour toutes à cinquante ans de désordres, de guerres, et de tragédies, au cours
desquelles Palestiniens et Israéliens n’ont jamais cessé de soutenir des points de vue
inconciliables.
Il n’est que trop certain aujourd’hui qu’il faut une fois pour toutes renoncer aux
casuistiques hypocrites et aux tartuferies honteuses auxquelles il a été constamment
recouru de tous côtés ( 4 ).
Le terrorisme
Il n’est personne qui ne puisse condamner les crimes commis par les terroristes. Mais
lutter contre le terrorisme ne saurait suffire. Il faut lutter contre les causes du
terrorisme.
Les actes terroristes palestiniens ne sont en fait que les actes désespérés d’un peuple
assujetti et opprimé depuis des dizaines d’années. Ne faut-il par rappeler ici que
d’après la Déclaration universelle des Droits de l’homme des Nations Unies du 10
décembre 1948: "Il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un
régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la
révolte contre la tyrannie et l’oppression ".
En fait, puis-je rappeler ici que si après la Première Guerre mondiale l’Irlande a pu
recouvrer presque totalement son indépendance, c’est en raison des actes terroristes
commis pendant et après la Première guerre mondiale.
Avec le recul de l’histoire, on peut aujourd’hui valablement s'interroger sur les
responsabilités encourues lors du terrorisme irlandais : les véritables terroristes
étaient-ils les terroristes qui revendiquaient l’indépendance de l’Irlande au nom du
droit des peuples à disposer de leur destin, ou les gouvernements successifs de
l’Angleterre qui se refusaient à leur accorder une indépendance nécessaire.
Un veto combien significatif
Depuis le déclenchement de la deuxième intifada en septembre 2000 il est une
décision des Etats-Unis qu’on ne saurait trop souligner.
Le 27 mars 2001 les Etats-Unis ont opposé leur veto à une Décision du Conseil de
Sécurité prévoyant l’établissement d’une force d’observation des Nations Unies en
vue de protéger les populations civiles palestiniennes en application notamment de la
quatrième Convention de Genève du 12 mars 1949 sur la protection des civils en
temps de guerre.
Il est certain que si les Etats-Unis n’avaient pas opposé leur veto à cette Décision du
Conseil de sécurité le déroulement des événements au Moyen-Orient depuis avril 2001
aurait été tout autre.
Tout aussi bien les attentats terroristes des kamikazes palestiniens que les violentes
représailles d’Israël auraient été impossibles ( 5 ).
En l’espèce le Président Georges W. Bush est et reste responsable de milliers de
victimes innocentes ( 6 ).
_________________________
NOTES
1. Voir mes deux articles du Figaro des 23 et 28 octobre 1991 La question des minorités et la
Charte des Nations Unies ; La question Palestinienne et le conflit israélo-arabe. Voir
également Allais, 1991, L’Europe face à son avenir. Que Faire ?, Notes 39, p. 155-158 ; 49, p.
161-165 ; 65, p. 171-174 ; 112, p. 198-199 ; et 140, p. 210 (Robert Laffont et Clément Juglar,
1991).
2. Je crois devoir rappeler ici les superficies concernées : Israël, 20 325 km2 - territoires
occupés par Israël : Cisjordanie, 5 879 km2 , Gaza, 378 km2, Golan, 1150 km2
De 1948 à 1950, 800 000 Palestiniens ont dû fuir la Palestine. En 1967, lors de la Guerre des Six
Jours, 200 000 Palestiniens ont dû prendre le chemin de l’exil.
Aujourd’hui le nombre des Palestiniens s’élève à 3 740 000, dont 583 000 dans la bande de
Gaza, 570 000 en Jordanie, 376 000 au Liban, et 383 000 en Syrie.
En Cisjordanie 170 colonies juives ont été créées où vivent 171 000 colons. (Le Monde, 10
décembre 2001, Palestiniens.~ Quel Avenir ?).
La population d’Israël s’élève à 6,6 millions, dont 19 % d’Arabes (Le Monde, il février 2002,
Horizons Israël, p. 15-18).
3. Ce Plan comporte des sacrifices majeurs, mais tout à fait comparables, des deux côtés : la
renonciation au droit de retour des réfugiés palestiniens, la renonciation des Israéliens à leurs
colonies.
4. Comment expliquer la politique d’Israël depuis 1967 et son refus obstiné d’appliquer la
Décision 242 de 1967 du Conseil de Sécurité?
Comment expliquer que sans cesse, même pendant tous les pourparlers de paix, Israël n’ait
cessé de développer ses colonies en Cisjordanie et dans la bande de Gaza ? Comment
expliquer qu’Israël ait constamment refusé toute force internationale d’interposition ?
La seule explication possible, c’est que l’objectif fondamental constamment poursuivi par
Israël, c’est sa mainmise totale à terme sur la Cisjordanie et la bande de Gaza.
5. Il est même tout à fait possible que dans ce nouveau contexte l’attentat du World Trade
Center du 11 septembre 2001 n’aurait pas eu lieu.
6. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour l’Europe,
1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél. 01 45 67 18 38 ).
TROIS ERREURS MAJEURES
Trois erreurs majeures sont constamment commises dans les débats politiques et
elles l’ont été tout particulièrement lors des dernières élections.
La confusion entre le libéralisme et la chienlit laissez-fairiste de la
mondialisation libre-échangiste
Tout d’abord on confond constamment le libéralisme et la chienlit laissez-fairiste de la
mondialisation libre-échangiste. Cependant pour l’essentiel le libéralisme ne se réduit
pas à une doctrine économique. C’est fondamentalement une doctrine politique dont
l’essence est de définir les conditions sous lesquelles les hommes peuvent vivre
ensemble. L’organisation économique n’en constitue qu’un chapitre et elle a pour
objet de préciser le système institutionnel dans lequel prennent place toutes les
actions économiques dans le cadre d’une économie de marchés.
En fait, le fonctionnement de l’économie de marchés est inséparable de son cadre
institutionnel. L’économie de marchés institutionnelle est ainsi totalement différente
de la chienlit laissez-fairiste du libre-échangisme mondialiste, et elle n’a rien de
commun avec elle ( 1 ).
Calcul économique et écologie
La seconde erreur tout aussi essentielle est de penser qu’un calcul économique
correct dans une société libérale ne tiendrait pas compte et même pourrait être
contradictoire avec les données écologistes.
Tout au contraire ce qu’enseigne la science économique, c’est qu’un calcul
économique correct doit tenir compte non seulement des coûts directs, généralement
seuls considérés, mais également des coûts externes qui en fait correspondent aux
préoccupations des écologistes, et qui incluent aussi les coûts psychologiques, de
loin très supérieurs aux valeurs monétaires, que peuvent impliquer pour les agents
économiques certaines décisions d’ordre économique, notamment dans tous les cas
de licenciement.
Un autre exemple particulièrement significatif en est celui du tunnel du Mont Blanc.
C’est en effet une très grave erreur de ne pas tenir compte dans les calculs de
rentabilité de tous les coûts externes considérables correspondant aux dommages
subis par les riverains de la vallée de Chamonix. Les péages pratiqués sont ainsi tout
à fait insuffisants.
Une identification abusive
Une troisième erreur, c’est d’identifier l’Europe avec l’Europe libre-échangiste
mondialiste de l’Organisation de Bruxelles. Qui est contre cette Europe libreéchangiste mondialiste est déclaré être anti-européen et considéré comme opposé à
une évolution historique effectivement inévitable au regard des progrès de tous les
moyens de communication.
Cette identification se prête évidemment à toutes les manœuvres pour tromper
l’opinion publique. Elle n’en est pas moins radicalement fausse.
Pour les esprits lucides fondamentalement pro-européens c’est précisément l’objectif
libre-échangiste mondialiste de l’Organisation de Bruxelles qui mène l’Europe à sa
perte et les défenseurs de l’Europe libre -échangiste mondialiste ne sont en réalité que
les naufrageurs de l’Europe ( 2 ).
____________________
NOTES
1. Contrairement à ce que suggèrent de nombreux commentateurs dont certains
n’hésitent pas à m’accuser de renier aujourd’hui ce que je préconisais hier, je n ‘ai
jamais changé d’avis.
Ainsi dans ma lettre du 10 octobre 1941 j’écrivais à Raymond Cheradame, ingénieur en
chef des mines, à la suite de ses commentaires sur la première version de 1941 de
l’Introduction à mon ouvrage de 1943 "A la Recherche d’une Discipline Economique,
Première Partie, L ‘Economie Pure
"Toute liberté économique implique un cadre minimum sans lequel elle dégénère
rapidement en anarchie. Je crois que personne ne peut plus maintenant, à par tir de
l’expérience des dernières années, plaider la cause du libéralisme intégral. Réclamer
la liberté totale, c’est préparer l’avènement de la disparition complète de la liberté. En
effet des abus, des excès ne peut résulter qu’une réaction qui entraînera une
réglementation étatique excessive qui détruira toute initiative individuelle.
Si donc l’on considère que la liberté économique est le fondement essentiel du
progrès, si l’on veut la conserver comme principe de base de l’organisation
économique, il faut créer le cadre juridique dans lequel cette liberté ne puisse avoir
que des effets bienfaisants et non mener au désordre comme on l’a trop souvent vu
dans ces dernières années".
Telle a été ma position constante durant ces soixante dernières années. Elle reste
identiquement la même aujourd’hui.
2. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour
l’Europe, 1995-2002 ", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél.
01 45 67 18 38 ).
LA DOMINATION DES MULTINATIONALES
LES DELOCALISATIONS
L’AVEUGLEMENT DES DIRIGEANTS POLITIQUES
Les multinationales et la doctrine libre-échangiste mondialiste
Comment la nouvelle doctrine du libre-échangisme mondialiste a-t-elle pu s’imposer
alors qu’en réalité elle n’a entraîné que désordres et misères dans le monde entier?
Il y a sans doute à cela trois raisons essentielles : un enseignement erroné dans
toutes les universités du monde, une funeste confusion entre libéralisme et laissez fairisme, la domination des multinationales américaines.
Dans mes précédentes publications ( 1 ), j’ai analysé les conceptions erronées sur
lesquelles s’appuient les partisans de la doctrine libre-échangiste mondialiste, erreurs
largement enseignées dans toutes les universités du monde à la suite des universités
américaines. J’ai analysé également la funeste confusion entre libéralisme et laissez fairisme sur laquelle la nouvelle doctrine mondialiste a fondé son argumentation
politique.
Mais ces conceptions erronées, ces confusions, n’auraient jamais pu s’imposer si
elles n’avaient été soutenues par les immenses moyens financiers que procurent les
délocalisations aux multinationales.
Les multinationales européennes, et celles du reste du monde, toutes bénéficiaires du
libre-échangiste mondialiste, n’ont fait que suivre ici l’exemple des multinationales
américaines.
C’est un fait que depuis les années soixante-dix les multinationales se sont
multipliées aux Etats-Unis, et à leur suite dans le reste du monde. Leur nombre
aujourd’hui est de plusieurs dizaines de milliers ( 2 ). Pour leur presque totalité elles
ont leur siège dans les pays industrialisés. Pour certaines d’entre elles, l’existence de
dizaines de filiales, réparties dans le monde entier, permet tous les abus.
Cette évolution s’est poursuivie à un rythme exponentiel. Elle a abouti à donner des
pouvoirs exorbitants et une influence politique tout à fait excessive aux sociétés
multinationales dont les stratégies ne mènent que trop souvent à des résultats tout à
fait incompatibles avec les intérêts nationaux.
C’est sans doute aux Etats-Unis que les pouvoirs financiers et politiques des
multinationales sont les plus puissants. Les délocalisations industrielles ont permis
aux multinationales américaines de réaliser des bénéfices considérables qui ont accru
leur pouvoir et leur influence politique( 3 ).
Incontestablement les multinationales américaines pèsent d’un poids excessif, sinon
exorbitant, sur la politique des Etats-Unis. Ce sont elles qui ont fini par imposer aux
gouvernements américains successifs leur idéologie libre-échangiste, source de leurs
profits. Ce sont elles qui ont réussi à dominer par personnes interposées toutes les
grandes organisations internationales. Les multinationales européennes et celles de
tous les autres pays n’ont fait que suivre l’exemple des multinationales américaines.
C’est là incontestablement un phénomène essentiel de notre temps que la
multiplication exponentielle d’entreprises multinationales libres de transférer leur
production partout dans le monde afin de profiter systématiquement des plus bas
salaires.
Des effets majeurs
Au lieu d’employer des travailleurs de leurs pays, les multinationales transfèrent leur
production dans des pays à bas salaires, réduisant drastiquement leurs personnels
pour leur substituer à l’étranger des travailleurs payés à des salaires très bas aux
cours des changes. Puis elles réimportent et vendent dans leurs pays d’origine les
produits ainsi fabriqués à l’étranger à bas prix.
Cette politique a entraîné aux Etats-Unis des effets analogues à ceux constatés en
Europe. Les délocalisations ont entraîné une baisse des effectifs industriels dans la
population active américaine d’environ 32,6 % en 1974 à 27,5 % en 1997, soit une
baisse de l’ordre de 16 % , alors que ce pourcentage s’était é levé d’environ 25,7 % en
1950 à 32,6 % en 1974, en augmentation d’environ 27 % ( 4 ). Parallèlement l’inégalité
s’est considérablement accrue aux Etats-Unis ( 5 ).
Le credo libre-échangiste
L’objectif du libre-échangisme mondialiste est de créer un marché mondial des
marchandises, des services, des capitaux, et du travail. Le principe en est que
n'importe quoi peut être fabriqué n’importe où dans le monde et vendu n’importe où
ailleurs. Le libre-échange mondial est devenu un principe sacro-saint de la théorie
économique moderne, un dogme universel, véritable religion dont il est interdit de
mettre en cause les prémisses.
La presque totalité des économistes et des hommes politiques sont totalement
dominés, et à vrai dire envoûtés, par cette doctrine. Cette doctrine est soutenue tous
les jours par tous les médias que contrôlent plus ou moins ouvertement les
multinationales bénéficiaires du libre-échange mondialistes.
Les défenseurs de la nouvelle doctrine confondent la rentabilité des multinationales
avec la bonne santé de l’économie mondiale. Ils en arrivent à considérer que les
profits des grandes multinationales et le niveau de leurs cours de bourse constituent
un indicateur fiable de la bonne santé de l’économie et de la société.
Une réalité indiscutable
En fait, ce que l’on constate, c’est que le commerce international est dominé par les
intérêts des multinationales et non par les intérêts des nations dans leur ensemble. Ce
que l’on constate, c’est que l’économie mondiale est organisée au bénéfice des
multinationales et non pas pour satisfaire les besoins fondamentaux des
communautés nationales.
Aujourd’hui coexistent deux économies distinctes, celle des grandes multinationales,
et celle des nations. Leurs intérêts ne sont pas seulement différents. Ils sont
antagonistes. A mesure que les multinationales délocalisent leur production dans des
régions à bas salaires au cours des changes, elles détruisent des emplois dans leur
propre économie nationale.
Dans ce système les perdants sont non seulement tous ceux qui sont réduits au
chômage par suite des délocalisations, mais également tous ceux qui perdent leur
emploi parce que leur employeur, n’ayant pas délocalisé, se trouve ruiné. Ce sont
également tous ceux dont les salaires sont réduits par la concurrence des pays à bas
salaires.
Les gagnants sont tous ceux qui peuvent obtenir des profits énormes en utilisant des
sources pratiquement inépuisables de travail à très bon marché. Ce sont les sociétés
qui délocalisent, celles qui peuvent payer des moindres salaires, e t celles qui ont des
capitaux à placer là où le travail est moins cher et où elles peuvent s’assurer ainsi une
meilleure rentabilité. Ce sont les dirigeants des multinationales et leurs actionnaires
qui partout sont favorables au libre-échangisme mondialiste. Ce sont eux qui
effectivement s’enrichissent.
En réalité il nous faut distinguer entre les intérêts des groupes qui dominent la
politique, l’administration et les affaires, et les intérêts des peuples. Les véritables
besoins de chaque pays sont subordonnés de fait aux intérêts des multinationales, et
à vrai dire aux intérêts des dirigeants des multinationales.
La responsabilité des dirigeants politiques
Ce système insensé ne se maintient que grâce à la complicité ou à l’aveuglement des
dirigeants politiques.
Ce sont eux en définitive, et eux seuls, qui sont responsables des conséquences du
libre-échangisme mondialiste, car ce sont eux qui par leurs fonctions sont en charge
de définir le cadre institutionnel des économies.
Le cas de la France
En France les partisans du libre-échange mondialiste soulignent que grâce aux
importations à bas prix en provenance des pays à bas salaires les prix dans les
grandes surfaces ont pu être considérablement abaissés.
C’est là effectivement ce que l’on voit, mais, comme le disait autrefois Frédéric
Bastiat, ce qu’on ne voit pas, c’est l’accroissement correspondant du nombre des
chômeurs qu’il faut faire vivre et dont les allocations sont financées par des impôts
accrus. Ce que l’on ne voit pas, c’est aussi la destruction progressive de l’industrie.
Certains nous disent que la destruction des emplois dans l’industrie peut être
compensée et au delà par la création d’emplois dans l’hôtellerie et le tourisme et
qu’une grande partie des écoles d’ingénieurs pourrait être remplacée par des écoles
hôtelières.
En fait, tous ces arguments s’effondrent dès que l’on examine les données de
l’observation. Dans mon ouvrage de 1999, La Mondialisation. La destruction des
emplois et de la croissance ( 6 ), j’ai présenté trois Graphiques sur l’économie
française tout à fait essentiels ( 7 ).
[ NOTA du Webmaster : le lecteur trouvera ces graphiques au chapitre "Mondiali sation" en
cliquant ci dessous ]
Le premier Graphique montre que de 1974 à 1997 le pourcentage des emplois dans
l’industrie relativement à la population active est passé de 27,61 % à 16,24 % , soit une
baisse de 41 % .
Les emplois industriels constituent une catégorie qu'il convient d'examiner à part :
En 1997, le pourcentage des emplois industriels dans la population active est tombé à
16,2 % , en baisse de 41 % par rapport à 1974, chiffre absolument spectaculaire et
atterrant.
Parallèlement le second Graphique montre que le taux de sous-emploi total dans la
population active (compte tenu du traitement social du chômage) est passé de 3,39 %
en 1974 à 23,6 % en 1997, en hausse de 696 % . On constate que la destruction des
emplois dans l’industrie n’a été nullement compensée par la création d’autres emplois.
LE CHÔMAGE OFFICIEL ET LE CHÔMAGE RÉEL (Période 1950 - 1997)
La courbe de gauche représente l'évolution du nombre total de chômeurs en France,
au sens du B.I.T. (chiffre officiel).
La courbe de droite représente l'évolution du nombre total des sans-emploi, tenant
compte de ceux qui sont éliminés des statistiques par le traitement social du
chômage (chiffre réel).
Le troisième Graphique montre que le taux de croissance du Produit intérieur brut réel
qui était de 4,9 % de 1950 à 1974 est passé à 2,27 % de 1974 à 1997, soit une baisse de
54 % . Si le taux de croissance de 4,9 % s’était maintenu à partir de 1974 le Produit
intérieur brut réel aurait été de 84 % plus élevé en 1997 et le Produit intérieur brut réel
par habitant aurait été de 64 % plus élevé ( 8 ).
VARIATION DU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT
On constate aussi une destruction évidente du taux de croissance et du Produit
Intérieur Brut.
Ces données démontrent combien la politique libre-échangiste de l’Organisation de
Bruxelles à partir de 1974 a été désastreuse pour la France.
Les mesures protectionnistes des Etats-Unis en 2002
En fait, des effets analogues se sont constatés aux Etats-Unis.
Au regard des prochaines élections américaines, le Président Bush a pris des
mesures protectionnistes draconiennes en élevant de 20 % le taux d’imposition sur les
importations d’acier aux Etats-Unis et en augmentant massivement les subventions à
l’agriculture.
Contrairement à ce qui est affirmé partout les autorités américaines ont entièrement
raison aujourd’hui de s’opposer à la destruction d’activités essentielles pour les Etats Unis, mais cette politique montre combien ils ont eu tort d’imposer au monde par la
voie de l’OMC un libre-échangisme mondialiste sous la pression de leurs
multinationales ( 9 ).
__________________
NOTES
1. Voir notamment mon ouvrage de 1994, Combats pour l’Europe. 1992-1994, Editions
Clément Juglar, (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél. 145675806).
2. Allais 1994, Combats pour l’Europe. 1992-1994, p. 416 et p. 459, note 87.
3. C’est ce qui explique les taux de rentabilité extravagants de 15 % que les
multinationales américaines ont pu assurer aux fonds de pension américains !
4. Economic Report of the President, february 1998, p. 327 et 334.
5. Allais 1994, id., p. 390.
Un américain sur dix avait en 1999 un revenu réel inférieur à son revenu de 1997. Les
classes moyennes (6 américains sur 10) ont vu leur revenu réel augmenter de 8 % par
rapport à 1997. Au sommet de l’échelle des revenus, 20 % des américains ont un
revenu réel supérieur de 43 % par rapport à cette date, et un américain sur 10 a vu son
revenu réel augmenter de 115 % sur la même période.
Le rapport de la rémunération moyenne après impôt d’un président de société et celle
d’un ouvrier d’usine est passé de 42 en 1980 à 419 en 1998.
Jamais l’inégalité n’a été aussi forte depuis 1945.
(International Herald Tribune du lundi 6 septembre 1999 et Le Figaro du mardi 7
septembre 1999).
6. Allais, 1999, La Mondialisation, La destruction des emplois et de la croissance,
Editions Clément Juglar, (62, avenue de Suffre, Paris 75015, tél. 0145675806).
7. id., Graphique IX~’<, p. 123 ; Graphique VI*, p. 115 ; et Graphique XIIP’<, p. 137.
8. Les données statistiques correspondant à ces calculs sont présentées dans
VAnnexe Il de mon ouvrage de 1999, La Mondialisation. La destruction des emplois et
de la croissance, p. 340, 343 et 344. Voir également le Graphique Il de la page 195,
représentatif de la perte de croissance de 1974 à 1997.
9. Sur tous les points ci-dessus voir mon nouvel ouvrage "Nouveaux Combats pour
l’Europe, 1995-2002", Editions Clément Juglar (62, avenue de Suffren, Paris 75015, tél.
01 45 67 18 38 ).
LA MONDIALISATION
La destruction des emplois
et de la croissance
L'évidence empirique
Ouvrage publié en 1999 aux Éditions Clément Juglar
62, Avenue de Suffren
75015 PARIS
Il ne nous est pas possible de reproduire ici tous les détails de cette œuvre maîtresse,
et de donner l'ensemble de l'argumentation de Maurice ALLAIS qui occupe 647 pages
d'un livre très dense. Le lecteur intéressé devra acheter l'ouvrage. De nombreuses
librairies existent sur le net.
______________________________
Dès la page de garde, Maurice ALLAIS donne le ton :
CE LIVRE EST DÉDIÉ
AUX INNOMBRABLES VICTIMES
DANS LE MONDE ENTIER
DE L'IDÉOLOGIE LIBRE-ÉCHANGISTE MONDIALISTE,
IDÉOLOGIE AUSSI FUNESTE QU'ERRONÉE,
ET A TOUS CEUX QUE N'AVEUGLE PAS
QUELQUE PASSION PARTISANE.
SOMMAIRE DE L'OUVRAGE
1. ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE DE LA FRANCE DE 1950 A 1997
1.1 LE CHÔMAGE
1.1.1 Chômage officiel et chômage réel
1.1.2 La population active
1.1.3 Comparaison avec la moyenne européenne
1.2
LES EMPLOIS DANS L'INDUSTRIE
1.3
LE PRODUIT INTÉRIEUR BRUT
2. EXAMEN DES COURBES ET PREMIÈRES CONCLUSIONS - LA CASSURE DE
1974
3.
LES CONCEPTIONS ERRONÉES
3.1 GÉNÉRALITÉS
3.2 LES TRAITÉS EUROPÉENS
3.2.1 Les objectifs
3.2.2 Les moyens proposés par les traités
4. LE REMÈDE
4.1
LES PSEUDO-SOLUTIONS
4.2 NÉCESSITE D'UNE NOUVELLE POLITIQUE ET D'UN CADRE
INSTITUTIONNEL
4.3
LA PREFERENCE COMMUNAUTAIRE
4.2.1. Préférence tarifaire
4.2.2. Préférence contingentaire
Maurice Allais a dépouillé les statistiques françaises en prenant comme point de
départ l'année 1950. Les statistiques en sa possession s’arrêtent généralement à 1997.
L'auteur commence son analyse par une description, pendant cette période, de
l'évolution de la situation économique de la France, basée sur ces statistiques, et en
observe toutes les particularités. Il recherche les raisons qui ont conduit à la situation
actuelle.
Après avoir examiné la situation française, il étend cette analyse à l'Europe et au
Monde, et bâtit ce qu'il estime être le meilleur système économique pour tous.
1. ÉVOLUTION ÉCONOMIQUE DE LA FRANCE DE 1950 A 1997
1.1 LE CHÔMAGE
Il y a officiellement près de 3 millions de chômeurs en France. En fait, le traitement
social du chômage a éliminé des statistiques un nombre à peu près égal de personnes
et, finalement, le sous-emploi touche de 5 à 6 millions de personnes.
Jamais, la France ne s'est trouvée en temps de paix dans une situation économique
aussi dramatique.
Ce sous-emploi massif fausse complètement la répartition des revenus, aggrave les
inégalités sociales, tandis que certains s'enrichissent indûment. Il crée l'insécurité et
la violence. Il compromet la promotion sociale. Au surplus, une immigration extra
communautaire excessive n'est pas sans saper la cohésion du corps social.
Les forces de désagrégation sociale sont aujourd'hui bien plus fortes que celles qui se
constataient à la veille de la Révolution Française.
1.1.1
LE CHÔMAGE OFFICIEL ET LE CHÔMAGE RÉEL (Période 1950 - 1997)
La courbe de
gauche représente
l'évolution du
nombre total de
chômeurs en
France, au sens du
B.I.T. (chiffre
officiel).
La courbe de droite
représente
l'évolution du
nombre total des
sans-emploi,
tenant compte de
ceux qui sont
éliminés des
statistiques par le
traitement social
du chômage
(chiffre réel).
1.1.2 LA POPULATION ACTIVE
Dans le même temps, la
population active a également
progressé. Il est nécessaire d'en
tenir compte (graphique de
gauche)
En tenant compte de
l'augmentation de la population
active :
- le chômage, au sens du B.I.T.
est passé de 2,84 à 12,45 % de
1974 à 1997 - soit un
accroissement de 1 à 5 Ŕ
(graphique ci-dessous à droite)
- le sous emploi total est passé de 3,39 à 23,6 %
pendant la même période - soit un accroissement de 1 à 7 Ŕ (graphique ci-dessous)
1.1.3 COMPARAISON AVEC LA MOYENNE EUROPEENNE
Les courbes précédentes
concernent la France, mais il est
tout à fait intéressant et
symptomatique de constater que la
tendance moyenne européenne est
tout à fait parallèle et du même
ordre que celle constatée en
France.
Notons en passant que Maurice
Allais déplore qu'il n'y ait encore
aujourd'hui aucun annuaire
statistique européen digne de ce
nom. Après 40 ans, avec plus de
20 000 agents, la Commission
Européenne n'a toujours pas fait
ce travail essentiel.
1.2 VARIATION DU NOMBRE DES EMPLOIS DANS L'INDUSTRIE
Les emplois
industriels
constituent une
catégorie qu'il
convient
d'examiner à
part :
En 1997, le
pourcentage des
emplois
industriels dans
la population
active est tombé
à 16,2 % , en
baisse de 41 %
par rapport à
1974, chiffre
absolument
spectaculaire et
atterrant.
1.3 VARIATION DU PRODUIT INTÉRIEUR BRUT
On constate aussi une destruction évidente du taux de croissance et du Produit
Intérieur Brut.
2. EXAMEN DES COURBES ET PREMIÈRES CONCLUSIONS - LA CASSURE DE
1974
En examinant les courbes précédentes, on ne peut manquer d'être frappé de
l'existence d'un phénomène exceptionnel et indiscutable.
Il s'est passé en 1974 un changement qui a créé une véritable cassure dans toutes les
courbes, y compris celles qui concernent les nations européennes voisines.
La cause est donc extérieure à la France.
Maurice Allais a recherché quel était ce phénomène qui a eu une influence aussi
considérable sur l'évolution économique de la France et de l'Europe.
On a pu évoquer diverses hypothèses :
Accords de Grenelle (Mai 1968)
Remplacement du SMIG par le SMIC (Janvier 1970)
1er choc pétrolier au moment de la guerre du Kippour (Octobre 1973)
2ème choc pétrolier au début de la guerre Irak / Iran (Septembre 1980)
Maurice Allais donne les raisons qui conduisent à éliminer ces hypothèses.
Finalement, il ne subsiste qu'une seule cause qui ait pu avoir des conséquences aussi
importantes et subites. C'est la modification, à partir de 1974 précisément, de la
politique de l'Organisation de Bruxelles qui, sous l'influence de la Grande-Bretagne et
des Etats-Unis, s'est délibérément orientée vers la libération mondialiste des
échanges extérieurs. C'est à partir de ce moment que les courants économiques
mondiaux se sont modifiés. Les effets de ce changement ont été aggravés par la
dislocation du système monétaire international et l'instauration généralisée du
système des taux de changes flottants.
Au regard des évolutions constatées de 1974 à 1997, soit pendant 23 ans, Maurice
Allais affirme que cette évolution va se poursuivre si la politique de libre-échange
mondialiste de Bruxelles est maintenue.
3. LES CONCEPTIONS ERRONÉES
3.1 GENERALITES
Celui qui, aujourd'hui, ose remettre en cause la mondialisation des échanges et lui attribue la
cause du chômage actuel est "politiquement incorrect". On le considère comme un demeuré,
animé de misérables préjugés nationalistes, voire xénophobes, et ignorant tout de l'économie.
Il est érigé en postulat que le fonctionnement libre et spontané des marchés conduit
obligatoirement à une situation optimale pour tous les pays et tous les groupes sociaux ! Ce
postulat serait évident et ne nécessiterait aucune démonstration !
Ce résultat a été obtenu par un matraquage intensif de l'opinion organisé par des médias à la
solde de puissants lobbies internationaux, suivis par le reste des médias et les hommes
politiques, qui emboîtent le pas sans se poser de questions, et même se glorifient d'être des
"libéraux", confondant ainsi le libéralisme et le laissez - fairisme.
On comprend bien pourquoi certains veulent imposer la libération des échanges. Ce système
est très profitable à quelques groupes de privilégiés. Mais pendant que certains
s'enrichissent, les forces vitales de la nation s'appauvrissent. Au surplus, cette conception
entraîne la glorification du culte de l'argent, favorise l'apparition d'un capitalisme sauvage,
engendre des inégalités croissantes, et contribue de ce fait à la désagrégation morale. Elle
témoigne d'une méconnaissance totale des conditions économiques et éthiques qu'implique
une société humaniste et vraiment libérale.
3.2
LES TRAITES EUROPEENS
3.2.1
Les objectifs fixés par les Traités
Les objectifs fondamentaux du Traité de Rome (1957) sont rappelés dans son article
2 : [...] promouvoir un développement harmonieux des activités économiques dans
l'ensemble de la communauté, une expansion continue et équilibrée, une stabilité
accrue, un relèvement des niveaux de vie [...]
Le Traité de Maestricht (1992) est plus contraignant encore. On y ajoute :
[...] un haut degré de convergence des performances économiques, un niveau
d'emploi et de protection sociale élevé, le relèvement du niveau et de la qualité de la
vie, la cohésion économique et sociale et la solidarité entre les Etats membres [...]
Le Traité d'Amsterdam reprend ces mêmes objectifs.
3.2.2
Les moyens proposés par les Traités
Il n'y a rien à dire sur les objectifs ambitieux qui précèdent. L'ennui est que les articles
suivants de ces mêmes traités qui fixent les moyens à employer - en particulier
l'article 110 du Traité de Rome - ont été rédigés, sans doute en raison de l'ignorance
des rédacteurs, en s'inspirant des accords du GATT (1947), conçus eux-mêmes sous
influence américaine, et qui ne permettent pas d'atteindre ces objectifs et même leur
sont contraires.
La même erreur a été commise en 1960 dans la rédaction de la convention de
l'O.C.D.E.
C'est toute la construction européenne qui est viciée à la base par ces propositions
erronées, admises à l'époque sans discussion. Ces propositions se fondent sur
l'application erronée d'une théorie correcte : La Théorie des Coûts comparés.
Lorsque l'on se rappelle que Maurice Allais est l'inventeur de la Théorie des Coûts
comparés, qui lui a valu d'obtenir en 1988 le Prix Nobel de Sciences Economiques, on
est bien obligé d'admettre qu'il est bien placé pour en faire l'application, ou contester
l'application qui en est faite.
Maurice Allais explique en détails dans son livre en quoi la Théorie des Coûts
comparés a été mal appliquée. Cela dépasse le cadre du présent résumé et le lecteur
qui voudrait approfondir ce sujet pourra se reporter à l'ouvrage (pages 228 et
suivantes).
4. LE REMÈDE
4.1 LES PSEUDO-SOLUTIONS
Les pseudo-remèdes ne cessent de proliférer.
- On nous dit, par exemple, que le chômage serait moindre si on diminuait les
salaires, et tout particulièrement ceux des salariés les moins qualifiés. Cela ne
manquerait pas de mettre en péril la paix sociale et est pratiquement impossible. Que
de grands organismes internationaux comme l'OCDE, l'OMC, le FMI ou la Banque
Mondiale puissent préconiser une telle solution est tout simplement atterrant.
- On nous dit encore qu'il suffit de réduire le temps de travail. Outre que les hommes
ne sont pas parfaitement substituables les uns aux autres, une telle solution néglige le
fait indiscutable que trop de besoins restent insatisfaits. Ce n'est pas en travaillant
moins que l'on pourra y faire face. Comme, en outre, les intéressés ne veulent pas
gagner moins, il faudra compenser la différence par des prélèvements accrus. Où est
l'avantage ?
- D'autres suggèrent le retour à une certaine inflation. Lutter contre les effets du libre échangisme mondial par une expansion monétaire et par l'inflation relève d'une
illusion et d'une méconnaissance profonde de la situation actuelle qui n'a rien de
commun avec la crise des années 30.
On peut également remarquer que le recours à ces pseudo-solutions conduit
irrésistiblement à des mesures de plus en plus dirigistes et autoritaires qui,
automatiquement, conduisent à des réactions de plus en plus violentes.
4.2. NÉCESSITÉ D'UNE NOUVELLE POLITIQUE ET D'UN CADRE INSTITUTIONNEL
La libération totale des échanges à l'échelle mondiale, objectif affirmé de l'OMC, doit être
considérée à la fois comme irréalisable, comme nuisible et comme non souhaitable. C'est une
gigantesque et tragique mystification. La réalité est que la Mondialisation est la cause majeure
du chômage massif et des inégalités qui n'ont cessé de se développer. L'application de la
nouvelle doctrine s'accompagne en outre du développement de gigantesques bulles
financières aggravées par l'instabilité potentielle du système financier et monétaire mondial.
La libération des échanges n'est possible, n'est avantageuse, n'est souhaitable que dans le
cadre d'ensembles régionaux économiquement et politiquement associés, groupant des pays
de développement économique comparable, chaque association régionale se protégeant
raisonnablement vis-à-vis des autres.
Il nous faut repenser complètement notre politique sociale et les moyens de concilier éthique
et efficacité. Il nous faut réviser radicalement la politique commerciale de l'Organisation de
Bruxelles en la fondant sur la préférence communautaire, c'est à dire sur une protection
raisonnable du grand marché communautaire. Il nous faut mettre fin au système des changes
flottants et réguler le système monétaire international. Il nous faut réduire la population active
étrangère extra - communautaire et remédier à une immigration démesurée.
Ce qui précède fait apparaître l'immense fossé qui sépare une analyse rationnelle de la
situation et les mythologies des "vérités" établies. Il n'y a pas d'autre explication au fait que
toutes les politiques mises en œuvre depuis 25 ans aient échoué. Et on peut prédire en toute
certitude que la poursuite de la politique actuelle conduira à la destruction de notre économie
et à la destruction de la société française. Comme disait autrefois Jacques Rueff : Ce qui doit
arriver, arrive.
4.3 LA PRÉFÉRENCE COMMUNAUTAIRE
4.3.1 SYSTÈME TARIFAIRE
Quand on parle de protection, on pense immédiatement à droits de douane et à
protection tarifaire avec des tarifs compensateurs. Une telle solution est irréalisable
pour deux raisons :
- d'abord, il est pratiquement impossible de procéder à une évaluation du prix de
chaque produit dans chaque pays. Des milliers de fonctionnaires n'y suffiraient pas.
Les décisions seraient arbitraires, devraient être modifiées constamment, et seraient
très difficiles à négocier.
- ensuite et surtout, parce que le système des changes flottants rend impossible tout
calcul de tarif compensateur.
4.3.2 SYSTEME CONTINGENTAIRE
Le système de contingents vendus aux enchères est le système le plus facile à établir,
le plus efficace, et le plus compatible avec les principes généraux d'une économie de
marchés. Le système de contingents n'implique qu'une seule décision par produit,
savoir la fraction maximum de la consommation communautaire de ce produit que l'on
considère comme susceptible d'être assurée par des importations.
Il n'y aurait pas de contingents pour les produits que la communauté ne produit pas,
par exemple les matières premières, les produits tropicaux et les produits artisanaux.
Pour tous les autres, la protection reposerait sur la vente aux enchères de contingents
pour chaque produit ou groupe de produits. L'objectif serait d'assurer que pour
chaque produit, ou groupe de produits, un pourcentage minimal de la consommation
communautaire soit assuré par la production communautaire. La valeur moyenne de
ce pourcentage pourrait être de l'ordre de 80% .
A l'intérieur de la communauté, la concurrence serait bien entendu entièrement libre.
Ce système permettrait d'éviter la disparition partielle ou totale de secteurs entiers
d'activité. Il n'y aurait aucune subvention interne. Ce système n'aurait aucun coût
budgétaire.
Ce qui précède n'est qu'un bref résumé du système préconisé par Maurice Allais. Dans
son livre (Appendice IV), il en détaille l'application et répond aux objections qui
pourraient lui être faites.
Paul Samuelson
Prix Nobel de Sciences Economiques 1970
The Wall Street Journal, Oct 19, 1988
(traduction) " Allais est une source de découvertes inédites et originales. Si ses pre miers ouvrages
avaient été traduits en anglais, c'est la politique économique de toute une génération qui aurait
pris un cours différent".
Professeur Assar Lindbeck
Président du comité Nobel d'Economie
The Washington Post, Oct 19, 1988
(traduction) Allais "est la figure la plus remarquable de la recherche économique moderne en
France, en ce qui concerne la théorie fondame ntale et ses applications à la définition de la
politique économique publique"....
.... C'est un géant en matière d'analyse économique fondame ntale ...
.... On l'a longtemps négligé. Il a fallu du temps pour le juger, en raison du grand volume et de
la complexité de ses travaux."
Japan Times, Oct 19, 1988
(traduction) [ Ses recherches théoriques ] "ont eu un impact indirect sur la je une génération
d'économistes français, qui ont été forte ment influencés par ses travaux,"....
" C'est unanimeme nt et avec un grand enthousias me que le comité a fait son choix" ....
Herald Tribune, Oct 19, 1988
(traduction) "Les travaux de Mr Allais, et spécialement deux gros ouvrages publiés en 1943 et
1947, sont parallèles aux reche rches effectuées par Mr Samuelson et Sir John Hicks vers la
mê me époque"....
" Les recherches de Mr Allais concernant les monopoles d'état sont toujours valables, malgré la
tendance actuelle de privatisations, notamme nt en France et en Grande Bretagne."....
Professeur Assar Lindbeck
Président du comité Nobel d'Economie
The New York Times, Oct 20, 1988
(traduction) " Mr Allais est non seulement le père de la nouvelle école économique française, c'est
aussi un géant dans le monde de l'analyse économique"....
" L'analyse économique de Mr Allais a contribué aux décisions dans le domaine des prix et des
investissements prises par les jeunes économistes des entreprises d'état qui ont proliféré en
Europe de l'Ouest après la IIème guerre mondiale"....
" Toutes les décisions de prix et d'investissement ont visé à procure r un service à la fois
socialement efficace et économiquement viable. Elles doivent une dette indirecte aux travaux de
Mr Allais"....
" Cette reconnaissance internationale des travaux de Mr Allais a été retardée en partie en raison
de l'importance et de la complexité de ses travaux, mais aussi à cause de leur publication en
français"....
" Les travaux de Mr Allais ont servi de point de départ à l'analyse mathématique des marchés et
de l'efficacité sociale effectuée par l'un de ses anciens élèves, Mr Gérard Debreu, et par Mr
Kenneth Arrow"....
Thierry de Montbrial
Membre de l'Institut - Académie des Sciences Morales et Politiques
Discours prononcé le 23 mars 1989 dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne en hommage à
Maurice Allais.
" .... Je souhaite ardemme nt qu'une édition de ses œuvres complètes puisse être mise en
chantier"....
Michel Rocard
Premier Ministre de la République Française
Discours prononcé le 23 mars 1989 dans le Grand Amphithéâtre de la Sorbonne en hommage à
Maurice Allais
" .... Certaines chapelles méritent sans doute les critiques adressées à une conception scolastique
du travail intellectuel."....
" .... L'analyse économique est une discipline qui [...] doit dans le monde moderne nous aide r à
faire progresser une économie mixte dans laquelle interfèrent les ajustements du marché et les
initiatives publiques. C'est pourquoi, je suis tenté en conclusion de me référer à Pierre Mendès France qui écrivait en 1954, dans son ouvrage La science économique et l'action : " Le progrès tel
que nous le concevons aujourd'hui exige de nouveaux critères destinés à mieux servir l'intérêt
général". C'est un appel toujours valable" ....
Thierry de Montbrial
Membre de l'Institut - Académie des Sciences Morales et Politiques
Discours prononcé le 19 Octobre 1989 lors de la remise à Maurice Allais de son épée d'académicien.
" .... Depuis près de cinquante ans, Allais n'a cessé de développer l'idée que l'union politique [de
l'Europe] devait précéder l'union économique ou, tout au moins, se développer en parallèle. Le
libéralisme économique ne peut être que proportionnel, si l'on ose dire, à l'organisation
politique"...
".... Toute sa vie, Maurice Allais, n'a cessé de penser par lui-mê me. Il n'a fait aucune concession
à l'esprit du te mps. Sa carriè re en a souffert et sa reconnaissance, éclatante, a é té tardive. Il a
payé cher une honnêteté scrupuleuse qui force l'admiration"....
Madame Alice Saunier-Seïté
Ministre des Universités
Discours prononcé le 13 mars 1979 lors de la remise à Maurice Allais de la médaille d'or du Centre
National de la Recherche Scientifique
" .... L'enjeu est de taille dans nos sociétés où l'idéologie imprègne et contamine la démarche
scientifique et compromet le progrès scientifique et social et la liberté de penser. Dans cette
situation où la science - et point unique ment les sciences sociales - est contaminée par l'idéologie,
vous avez toujours affirmé la distinction entre l'une et l'autre"....
" .... Les économistes de talent, ou tout simplement compétents, sont la plus rare des espèces...
Le maître en économie doit posséder une rare combinaison de talents... Il doit être
mathématicien, historien, homme d'état, philosophe... Il doit à la fois être tendu vers un but
pratique et totalement désintéressé... L'ampleur et l'originalité de votre œuvre, son influence
sur une génération d'économistes, enfin la force de votre rayonne ment en France et à l'Etranger,
font de vous, monsieur le professeur, ce maître en économie, selon Keynes, et ce modèle"....
Michel Gendrot
Ingénieur civil du Génie Maritime
Courrier paru dans Le Figaro du 29 décembre 1999
Mondialisation
Depuis des mois, notre prix Nobel d'économie, Maurice Allais, dans de très nombreux articles
parus dans Le Figaro, expose ses vues sur ce qu'il pense être une grave erreur dans la conduite
mondialiste de l'économie, telle qu'elle est pratiquée par les instances européennes avec
l'assentiment de la France. Il fournit à ce sujet de nombreux argume nts.
La plupart des lecteurs du Figaro ne sont pas suffisamme nt experts pour formuler une opinion,
mais ce qui me frappe c'est l'absence totale d'échos soulevés par ces articles, de la part de
quelques personnes qui se disent spécialistes en matière d'économie. De la part du
gouvernement, le refus d'engage r le dialogue me paraît couvrir un grand embarras et dénote une
opacité indigne d'un comportement dé mocratique. Les Français ont le droit d'être renseignés et
de connaître les arguments des uns et des autres. Ceux qui sont fournis par Maurice Allais, et
notamme nt la destruction de pans entiers de l'économie française peuvent être constatés par
tous. Il a sûre ment raison sur le court te rme. A-t-il tort à moyen ou à long terme ? Allons-nous
mourir guéris ?
Michel Gendrot
Ingénieur civil du Génie Maritime
Courrier paru dans Le Figaro du 27 janvier 2000
Moulinex et Maurice Allais
Les tribulations de la société Moulinex constituent un cas d'école qui devrait bien nous donner à
réfléchir. Dans son de rnier exercice, la société a fait 383 millions de francs de perte. Le dirigeant
de cette société est obligé de choisir entre la peste et le choléra. Ou bien il continue à vendre à
perte ses excellents fers à repasser et aspirateurs qu'il fabrique en France, et dans ce cas il met
en péril la vie de sa société et se dirige vers le dépôt de bilan. Ou bien il décide de faire fabriquer
les fers à repasser au Mexique et les aspirateurs en Pologne, et dans ce cas il sauve sa société, au
moins pour un temps. Mais dans les deux cas cela fait des chômeurs supplémentaires. Dans tous
les cas de figure la France joue perdant.
Maurice Allais - Prix Nobel d'Economie 1988 - ne dit rien d'autre lorsqu'il dénonce les méfaits
de la mondialisation sans freins ni retenues qui détruit des pans entiers de notre économie.
Comment les entrepreneurs français pourraient-ils résister à la concurrence de pays où les
salaires sont jusqu'à 10 fois infé rieurs aux nôtres, sans parler de l'agriculture où la différence
peut aller de 1 à 50 ? C'est évidemment impossible.
On ne sait pour quelle raison, certains - et non des moindres - ont caricaturé la pensée de
Maurice Allais en lui faisant dire qu'il souhaitait une sorte d'autarcie. C'est complètement faux.
J'ai eu le privilège d'entendre récemment Maurice Allais. C'est un européen qui prône
simple ment un retour à la préférence européenne telle qu'elle était prévue à l'origine par les
fondateurs. Sa vision est celle d'une sorte de "régionalisation" du monde, où chaque région
serait une zone analogue à notre Union Européenne, constituée d'Etats de niveaux sociaux et
économiques comparables. A l'inté rieur de chaque région le libre -échange serait total ....
Pascal Lamy
Commissaire européen pour le Commerce Extérieur
Lettre du 7 mars 2000 adressée à Michel Gendrot
"... Je partage votre analyse selon laquelle nous ne devons pas céder naïvement aux sirènes
d'une ouverture incontrôlée de nos frontières.
A la tête des services commerciaux de la Commission européenne, je m'efforce d'organiser cette
ouverture dans un sens qui soit le plus favorable possible à nos entreprises et à nos emplois. C'est
cette ouverture "contrôlée" qui nous permet de remporter des grands succès à l'exportation
dans des secteurs comme les télécommunications, l'aéronautique ou des industries de luxe où de
très nombreuses PME animent notre tissu industriel"....
Marc Blondel
Secrétaire Général du Syndicat Force Ouvrière
Lettre du 7 février 2000 adressée à Michel Gendrot
" J'ai pris connaissance de votre note Moulinex et Maurice Allais. Puis-je m'autoriser à vous
indiquer que les analyses de cet économiste - Prix Nobel de 1988 - ne nous sont pas inconnues et
nous les prenons en considération.
Personnellement, je n'hésite pas à m'inte rroger publique ment sur le comportement des
dirigeants politiques nationaux (y compris dans les pays industrialisés) par rapport à la
mondialisation, au point où je crains, à terme, des schismes entre le comportement des Premiers
Ministres et le suffrage universel, ce qui poserait le problème de la démocratie.
Par ailleurs, je ne manque pas une occasion d'écrire que l'Europe est l'élément avancé du
libéralisme à l'anglo-saxon : la volonté de déréglementation et le dumping social comme élément
de régulation et d'ajustement confirme nt ce jugement.
J'ai l'honneur de participer aux activités du Bureau International du Travail, en tant que
me mbre du Conseil d'Administration au titre des travailleurs français. C'est un sujet que nous
abordons régulière ment [....] Mais ce genre de question n'intéresse que modéré ment
l'information qui se situe plus sur l'événementiel que sur le fond".
François Hollande
Premier Secrétaire du Parti socialiste
Lettre du 29 février 2000 adressée à Michel Gendrot
" Le point de vue que vous exposez sur la mondialisation est très intéressant, et à mon sens très
pertinent. Comme vous, je pense en effet que, sans faire de la mondialisation un épouvantail et
du protectionnis me une solution, nous devons défendre au sein d'organis mes volontie rs
dérégulateurs comme l'OMC, les principes de la construction européenne. La mobilisation des
organisations syndicales à Seattle est un signe positif de cette prise de conscience que vous
appelez de vos vœux. Je ne doute pas qu'elle se renforcera encore à l'avenir".
Michèle Alliot-Marie
Président du Rassemblement pour la République
Lettre du 30 mars 2000 adressée à Michel Gendrot
" .... J'ai bien noté vos réflexions et vos craintes. La mondialisation des échanges et la
globalisation de l'Economie mondiale sont des faits qu'on peut regretter mais pas empêcher. On
peut toutefois les canaliser et en réduire les aspects négatifs.
Il n'est pas exact de prétendre que l'Union Européenne ne résiste pas aux pressions amé ricaines.
Elle l'a montré, heureusement, plusieurs fois.
Parallèlement, nous devons approfondir les liens économiques des Etats de l'Union et préparer
l'entrée de ceux qui aspirent à nous re joindre.
Je tenais à vous préciser notre position.
Michel Gendrot
Ingénieur civil du Génie Maritime
Opinion diffusée en mars 2000 à cinquante personnalités du Gouvernement français, du monde
politique, financier, industriel, syndical, de la presse et de la télévision.
" Les contradictions de Bruxelles
Au moment de la mise en place de l'€uro, les instances européennes ont décidé Ŕ à juste titre Ŕ
que le passage à la monnaie unique ne pouvait concerner que les Etats respectant certains
critères de convergence, entre autres : plafond de l'inflation, ratios de la dette, du déficit public,
etc… Ces règles étaient nécessaires non seulement pour la cohérence et la solidité de la monnaie
unique, mais aussi pour obtenir entre les états de la zone €uro une harmonisation de la
concurrence.
Mais, simultané ment, comme on vient de le voir lors du fiasco de l'O.M.C. à Seattle et même plus
récemment à Davos, ces mêmes instances européennes, se soumettent pratiquement à la volonté
des U.S.A. et se dirigent ve rs une mondialisation généralisée.
Comment ne pas se rendre compte que ces deux attitudes sont rigoureusement contradictoires et
incompatibles !… D'une part et à juste titre, on fait en sorte d'harmoniser la concurrence à
l'intérieur de l'Union, de manière à ce qu'elle soit loyale et constructive susceptible de provoquer
une croissance saine s'appuyant s ur 300 millions d'habitants. D'autre part, on rend la
concurrence insupportable, déloyale et destructrice avec le reste du monde . Cela dépasse
l'entende ment. La Commission de Bruxelles voudrait détruire l'Europe qu'elle ne procéderait
pas autre ment. Sont-ils fous, sont-ils aveugles ou sont-ils incompétents ? Nos hommes politiques
français sont favorables à la construction de l'Europe. Ils doivent prendre conscience de cette
contradiction fondamentale : les mondialistes sont des anti-européens [...]
On peut être assurés que, dans une telle circonstance, le Général de Gaulle n'aurait pas commis
une erreur aussi grossière et aussi contraire aux inté rêts de la France et de l'Europe. N'est-ce pas
lui qui avait retardé l'entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun pour la raison que
ce pays était trop farouche ment libre-échangiste ? A coup sûr, il se serait mis en travers de
l'O.M.C. et, une fois de plus, il aurait osé dire : Non" ....
Michel Gendrot
Ingénieur civil du Génie Maritime
Opinion diffusée en mars 2000 à cinquante personnalités du Gouvernement français, du monde
politique, financier, industriel, syndical, de la presse et de la télévision.
" La mondialisation, quelle mondialisation ?
Nous ne pourrons pas échapper à ce débat qui est pour nous d’une importance vitale. Les
tenants de la mondialisation nous disent : regardez la vitalité de notre économie, la croissance est
bien engagée, le chômage diminue, 5 millions de personnes en France travaillent pour
l’exportation, cela nous rapporte de l’argent et notre balance du commerce extérieur n’a jamais
été aussi florissante, etc… Tout ceci est exact.
D’autres disent : la mondialisation détruit des pans entiers de notre économie, elle engendre une
concurrence entière ment faussée car nos entreprises ne peuvent pas concurre ncer des pays dont
les salaires sont 10 fois inférieurs aux nôtres ; seules les industries de très haut niveau
technologique tirent, pour l’instant, leur épingle du jeu ; si de l’argent rentre il profite
essentiellement aux financiers mais pas à nos ouvrie rs qui sont mis sur le pavé par les
délocalisations inévitables ou par les dépôts de bilan, etc... Ceci est également exact.
Tous ont raison et ces deux aspects, appare mment contradictoire s ne le sont pas :
les premiers décrivent certains aspects positifs de la situation conjoncturelle actuelle.
les seconds soulignent que, si l’on persiste dans la voie de la mondialisation, les aspects
négatifs et destructeurs déjà très perceptibles ne pourront que s’aggraver dans l’avenir.
Cette dualité complique singulière ment l'analyse du problème. C'est sans doute pourquoi la
plupart des économistes de France - à part Maurice Allais, prix Nobel de Sciences Economiques
1988 - préfèrent prude mment se taire de crainte de se tromper …
Aux tenants de la mondialisation, on peut répondre que la situation n’est pas aussi idyllique
qu’ils le prétendent. Il est exact que 5 millions de personnes travaillent en France pour
l’exportation, mais on oublie de dire aux Français que 70 à 80 % du commerce extérieur
français s’effectue avec l’Europe. Si l’on fait une règle de trois sommaire, cela donne un peu plus
de 1 million de personnes travaillant pour l’exportation mondiale, alors qu’il y a s ur le pavé près
de 3 millions de chôme urs, dont beaucoup ont été mis sur le pavé précisément en raison de la
mondialisation. Le moins que l’on puisse dire c’est que la dé monstration n’est guère
convaincante. Si l’on ajoute que nos exportations mondiales sont moins de la moitié de celles de
…Hong-Kong, il n’y a vraiment pas de quoi s’en gargariser. On peut ajouter également que rien
ne prouve que notre croissance n’aurait pas été égale ou mê me supérie ure si l’on avait pratiqué
la préférence européenne et mis une protection raisonnable autour des 300 millions d’européens.
C’est ce que pense Maurice Allais qui a étudié de près la question.
" ....
En moins de 50 ans, le Japon est passé d'une économie primaire à une économie de haute
technologie. Il a accaparé certains marchés mondiaux (la photo, par exemple) et il maîtrise
l'électronique de pointe. Par derrière, se profile la Chine avec 1 milliard d'individus, et plus
encore l'Inde, sans compte r d’autres. Ces pays ont des élites très évoluées. Ils vont à coup s ûr
progresser à pas de géants et cette progression se fera dans le secteur des hautes technologies qui
est actuellement notre seule bouée de sauvetage. Ils ont un taux de croissance 2 à 3 fois supérieur
au nôtre, qui n’est freiné que par l’importance des investissements qu’ils ont à faire. Au surplus,
leur réservoir de main d’œuvre est tellement considérable que l’on ne peut pas compter sur une
augmentation rapide de leur salaire moyen. Rappelons-nous la mise en garde d’Alain Peyrefitte :
"Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera !.."
Si nous baissons la garde, si nous détruisons toute barrière, si nous laissons ces pays nous
concurrence r sans limites ni retenues avec leurs salaires 10 fois inférieurs aux nôtres, le résultat
est malheureusement certain : ils vont nous dévore r. Nous aurons bonne mine lorsque nous les
verrons sortir des "Ariane" (cela comme nce), des "Airbus", des "TGV" etc.. aussi bons que les
nôtres et à moitié prix. Il en sera dans ce domaine comme il en est dans le domaine des appareils
photo : nos industries disparaîtront. Au lendemain de la guerre, la France avait 7 "grands"
chantiers navals. Six ont dé jà disparu. Le dernie r disparaîtra le jour où l’un de ces pays décidera
de s’intéresser à la construction des paquebots de luxe. Si nous ne voulons pas laisser à nos
enfants une situation qui va rapidement devenir ingérable il est urgent de faire barrage à une
mondialisation débridée et de fixer de nouvelles règles du jeu. N’oublions pas que 50 ans, c’est
demain.
L'idée de Maurice Allais Ŕ et ce n'est quand mê me pas le pre mie r venu ! Ŕ est que nous devons
construire une Europe forte, homogène, constituant un marché propre et protégé contre les
désordres extérieurs. Cela n'a rien de bien nouveau : c'était l'idée des fondateurs. Pourquoi
l'avons-nous abandonnée ? Nous n'avons pas à faire de la philanthropie avec le reste du monde
sur le dos de nos enfants et nous devrions pratiquer une préférence européenne systématique. Le
marché européen est suffisamme nt vaste pour alime nter une croissance propre. Les études de
Maurice Allais l’ont amené à considérer qu’une croissance européenne satisfaisante Ŕ supérieure
à la croissance actuelle - serait obtenue si 80% de la consommation européenne était fournis par
la production européenne, les 20% restants étant importés. Ce système a une validité universelle
pour toute organisation régionale. Lui seul peut assurer une croissance mondiale avantageuse
pour tous.
Il n’est pas partisan d’obtenir ce résultat par un système de droits qui serait inextricable mais
par un système de préférence contingentaire. Il est du devoir des fonctionnaires de Bruxelles de
mettre au point et d’imposer à l’OMC un système de ce genre qui préserve l’avenir et nous laisse
seuls maîtres de cet avenir. C'est seulement de cette maniè re que nous pourrons retrouve r le
plein emploi et bénéficier d’une croissance saine sans contreparties détestables. En abandonnant
toute idée de souveraineté européenne, Bruxelles consacre le triomphe de la finance
internationale, fait le malheur du peuple et détruit l’Europe.
"Mondialis me" et "Europe" sont deux te rmes strictement incompatibles, même si la plupart des
gens n’en ont pas encore pris conscience : Etre mondialiste, c’est être anti-européen "....
Michèle Alliot-Marie
Président du Rassemblement pour la République
Lettre du 15 Mai 2000 adressée à Michel Gendrot
".... Sachez que je partage votre analyse sur de nombre ux points. Il est clair que l'Europe doit
trouve r une parade pour que ce phénomè ne n'engendre pas un chômage croissant et proposer,
puis faire accepter par l'OMC des règles du jeu nouvelles.
L'Europe lutte déjà par le jeu de la globalisation de son économie. Les rapprochements ou
fusions entre grandes firmes, s'ils contribuent également à accroître un peu le chômage,
permettent une meilleure rentabilité, un maintien des coûts, voire un abaissement des prix. Cela
permet de résister à la concurrence du monde émergent.
L'avance prise par le monde occidental dans les domaines de la haute -technologie et des sciences
qui évoluent très vite ne me semble toutefois pas être rapide ment réduite, mê me par de grands
pays comme la Chine ou l'Inde. On observe que mê me des pays industrialisés et
économiquement puissants comme le Japon, Taïwan, la Corée du Sud ou Singapour ne
fabriquent toujours pas d'avions de ligne ou de maté riel militaire sophistiqué, qu'ils doivent au
contraire acheter au monde occide ntal. Des postes sont pe rdus, mais d'autres sont créés. Je suis
sur ce point moins pessimiste que vous ou l'économiste Maurice Allais que vous citez.
Michel Gendrot
Opinion publiée dans Le Figaro du 25 Juillet 2000 Okinawa
Mieux vaut tard que jamais. Au sommet du G8 à Okinawa, les grands de ce monde auraient pris
conscience des risques que présente la Mondialisation débridée. Voilà des années que Maurice
Allais, Prix Nobel d'Economie 1988, tire la sonnette d'alarme !…
Le mê me jour, nous apprenons par Le Figaro, que des sénateurs américains proposent au
Congrès un projet de loi me naçant d'interdire aux opérateurs européens des Télécoms
d'acquérir des firmes américaines. Ce qui amène l'Union Européenne à menacer de retirer ses
engagements en matière de télécoms vis à vis de l'O.M.C.
Cet incident est révélateur de la manière dont certains américains considèrent l'O.M.C. Ils
veulent imposer l'O.M.C. quand elle est favorable aux multinationales américaines et à leurs
milliers de filiales dispersées dans le monde. Ils sont contre l'O.M.C. lorsqu'elle leur est
défavorable.
Il est grand temps d'ouvrir les yeux et de considérer la Mondialisation et l'O.M.C. pour ce
qu'elles sont : une machine de guerre au service de la Finance internationale et des
multinationales, au détriment des autres.
Michel Gendrot
Ingénieur Civil du Génie Maritime
Opinion diffusée en mars 2000 à cinquante personnalités du Gouvernement français, du monde
politique, financier, industriel, syndical, de la presse et de la télévision.
La nouvelle colonisation
Il est de bon ton aujourd'hui de vouer aux gé monies le colonialisme d'il y a cinquante ans. C'est
passer sous silence les avantages indéniables qu'il a apporté s aux populations locales. La
puissance coloniale, quelle ait été française, anglaise, belge, hollandaise, etc.., se donnait aussi
pour tâche de promouvoir le pays. Elle effectuait dans ces pays des investissements énormes en
matière d'infrastructures diverses : villes, chemins de fer, routes, ports, centrales électriques,
équipe ments administratifs, scolaires, culturels, etc… Les colons locaux n'étaient pas des
esclavagistes, c'étaient des entrepreneurs qui offraient des emplois, payaient des impôts, et
assuraient en fait la prospérité du pays. Ces emplois étaient payés modestement il est vrai, mais
on peut être assuré qu'ils auraient été encore moindres avec des employeurs locaux. Cette
situation était finalement assez équilibrée car la puissance coloniale apportait beaucoup
d'argent.
C'est aussi la puissance coloniale qui a fait la prospection et la découverte des richesses minières
dont ces pays profitent aujourd'hui. Et surtout, si l'on excepte l'intermède malheureux des deux
guerres mondiales où nos colonies ont été impliquées dans ces guerres au mê me titre que nous et
nos alliés Ŕ pour quelle raison en auraient-elles été dispensées ? - la puissance coloniale apportait
la paix.
Depuis que nous sommes partis, que voyons-nous ? En bien des endroits des roitelets locaux ont
pris le pouvoir et s'approprient les richesses. Ils se battent entre eux. Rares sont les pays où la
paix civile est assurée. L'indépendance n'a été pour ces peuples qu'une satisfaction d'amour
propre car, sur le plan matériel, c'est la catastrophe pure et simple. A ce tableau sombre, il y a
heureusement quelques exceptions où des chefs sages et éclairés ont su trouver la bonne voie,
mais il faut bien dire que ces exceptions sont rares.
Cette page étant tournée, le colonialis me a-t-il disparu ? Nulle ment ! Il a pris une autre forme
bien pire car maintenant il est vraiment à sens unique. Les nouveaux colonisateurs sont les
sociétés multinationales qui, sous couvert de l'alibi commode des principes intouchables (!) de la
"mondialisation", peuvent mettre les pays tiers en coupe réglée. Ces sociétés installent des filiales
délocalisées dans le but de profiter des salaires bas. Les soi-disant "apports de technologie" sont
délibérément réduits à leur plus simple expression et sont soigneusement s urveillés et morcelés.
Les prix de vente à la maison mè re sont calculés pour limiter au maximum le paie ment d'impôts
locaux et, grâce à la suppression de tous droits de douane, c'est la multinationale qui profite, pas
le pays d'accueil. Pour les multinationales, la mondialisation est une mine d'or.
Quant aux pays anciens, on leur demande de supporte r cette concurrence parfaite ment déloyale.
Des pans entiers de leur économie disparaissent, et des millions de travailleurs sont mis sur le
pavé. Les financiers de ces pays se frottent les mains car l'argent rentre, mais les forces vives du
pays s'amenuisent. Alors que certains déplorent une perte limitée de souveraineté du fait de
l'installation de l'Europe, comme nt peuvent-ils ne pas s'apercevoir que les dirigeants des pays
européens ont, eux, perdu tout moyen de contrôle sur le plan mondial, ce qui est infinime nt plus
grave et dont ils feraient bien de se préoccuper. C'est un mécanisme absolument diabolique qui a
été instauré par quelques uns et dont la partitio n est magistrale ment exécutée avec le concours
inconscient des foules et des médias. Si l'on se rappelle que ce sont les mêmes qui, il y a cinquante
ans, criaient haro sur le colonisateur, ce n'est que la continuation d'une logique implacable. Ote toi de là que je m'y mette !
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