Précis de photographie à l`usage des sociologues.

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Précis de photographie à l’usage des sociologues.
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Sylvain Maresca et Michaël Meyer.
Précis de photographie à l’usage des
sociologues.
Didac sociologie. PUR, 2013. 109 p. 10€
par Catherine Didier-Fevre
Mise en ligne : lundi 11 novembre 2013
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Précis de photographie à l’usage des sociologues.
Voici un petit livre bien utile pour qui s’intéresse à la photographie et pour qui s’interroge sur la
manière de l’intégrer à sa recherche et à son enseignement dans le secondaire. S’y trouve une
réflexion sur le médium que constitue la photographie et sur toutes les méthodes possibles et
imaginables qu’on peut en faire. Ce petit traité est l’œuvre de deux sociologues : un professeur et
un jeune docteur, tous deux adeptes de la sociologie visuelle. Ils prônent, avec brio, l’usage de la
photographie dans les sciences sociales.
La vieille histoire de la photographie dans les sciences sociales
La première partie de l’ouvrage rappelle que des sociologues, des ethnologues et des
anthropologues se sont très vite emparés du médium photographique dont l’apparition a coïncidé
avec l’émergence de leur discipline. Toutefois, l’usage de la photographie était surtout illustratif.
Au début du XXème siècle sont parues des monographies (voir l’ouvrage de Trasher sur les gangs
de Chicago en 1927) ou ont été organisées des expositions de ces photographies qui ne trouvaient
pas toujours leur place dans les publications savantes (voir à ce propos l’ouvrage de Benoit De
l’Estoile). C’est Douglas Harper (avec son étude sur les vagabonds du NO américain, 1976) qui
engage un véritable tournant dans la manière de considérer la photographie en sociologie. En 1981
est mis sur pied le réseau de l’International Visual Sociology Association (IVSA), principale
structure qui regroupe tous ceux qui travaillent dans le domaine de la sociologie visuelle. Cette
dernière est définie ainsi par Harper comme « l’usage de la photographie, du film et de la vidéo pour
étudier la société, et l’étude des artefacts visuels d’une société. » Malgré les efforts de diffusion et de
vulgarisation de cette approche, force est de constater que « l’université (…) maintient un certain
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Précis de photographie à l’usage des sociologues.
analphabétisme dans le domaine du langage iconographique. » (Mattioli, 2007).
Faire de la sociologie « sur, avec et en » images
Il existe trois usages de la photographie en sociologie :
La recherche sur les images (la sémiologie et l’iconographie) doit beaucoup en France aux
travaux de Laurent Gervereau. Les photographies sont considérées comme « les traces d’une activité
sociale, leur étude nous renseigne sur cette activité et sur les procédés de construction du sens dans les
champs sociaux où elles sont produites et circulent. » (p. 25).
Faire de la sociologie peut aussi consister, par le biais de la photographie, à récolter des données
et à analyser des phénomènes sociaux. La photographie devient un outil de recherche. Elle peut
être réalisée par le chercheur lui-même, par un photographe professionnel ou bien encore par les
enquêtés eux-mêmes. De nombreuses questions se posent sur les usages des photographies
récoltées et sur leur interprétation. L’ouvrage se concentre davantage sur les dispositifs à mettre en
œuvre que sur les méthodes d’interprétation et laisse le lecteur sur sa faim.
Il s’agit dans ce troisième cas de figure de restituer une recherche par l’image. C’est dans ce
domaine que les marges de manœuvre sont les plus limitées. L’écrit prime encore sur le visuel et
toute recherche ne peut se limiter à la fabrication d’un film ou d’un recueil photographique sans
un support textuel. Si une thèse de doctorat (portant sur le cinéma) peut consister en la production
d’un documentaire, les instances universitaires actuelles ne sont pas prêtes à accepter qu’elle s’y
limite. Un volume écrit est exigé.
La photographie : une solution passe-partout ?
Au-delà de la question du droit à l’image, du consentement éclairé des enquêtés, il est
indispensable pour le chercheur de mener une réflexion sur l’utilité de cette démarche. « Les
images ne sont pas intéressantes pour tout, ni dans les sciences sociales, ni ailleurs. Vouloir imposer leur
usage, sans considération pour les spécificités de l’objet d’étude et de la situation d’enquête, ne peut que
conduire le chercheur vers des difficultés dans les analyses et dans ses justifications ultérieures de l’apport
des usages. » (p. 82) Si la multiplication des moyens mis à notre disposition et à celle de nos élèves
(appareil photographique numérique, téléphones portables) ainsi que la diffusion d’images par le
biais de diaporama facilitent l’usage de la photographie comme support pédagogique, il ne faut pas
perdre de vue les objectifs que l’on cherche à atteindre avec. Pour alimenter notre réflexion, la
visite de deux sites consacrés à la sociologie visuelle s’impose. Le premier est un média
scientifique collaboratif, proposé par le Laboratoire d’histoire visuelle contemporaine (Lhivic/EHESS),
qui héberge notamment le carnet de recherche visuel de Sylvain Maresca.
Catherine Didier-Fèvre © Les Clionautes
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