W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER 14 Février 2011 6A, rue Goethe, L-1637 Luxembourg, Tel.: (+352) 26 895-1, Fax: (+352) 26 895-24 e-mail: [email protected], www.bcee-assetmanagement.lu W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER L’impact politique de la flambée des prix alimentaires sur la stabilité politique du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord La flambée des prix des produits alimentaires et des matières premières sape les efforts déployés pour faire reculer la pauvreté et la faim dans le monde […] Les bouleversements politiques au Moyen-Orient et en Afrique du Nord ne sont pas uniquement l’expression d’un soudain désir de réforme des populations locales. Certes, après le départ des dirigeants tunisien et égyptien, un nouveau vent réformateur et démocratique souffle dans la région. La population ne se soulève pourtant pas uniquement contre des décennies d’injustice et d’oppression. Une des origines des manifestations de masse réside dans l’hyperinflation alimentaire qui opprime les citoyens tunisiens, égyptiens, algériens et bien d’autres. Et l’envolée récente des prix alimentaires pourrait maintenir les gouvernements sous une pression permanente. Les réformes constitutionnelles ouvrant la voie vers des systèmes politiques plus démocratiques, telles que celles proposées par l’ex-président égyptien, Hosni Mubarak, ne suffiront pas. De nouvelles émeutes de faim devraient provoquer des tensions croissantes au cours des prochains mois, car la flambée des prix agro-alimentaires n’est probablement pas à son terme. Même les contrôles de prix tels qu’observés dans de nombreux pays de la région ne ramèneront pas le calme. En janvier, le gouvernement jordanien l’avait déjà bien compris et a annoncé une hausse des salaires et des retraites, ainsi que des baisses des taxes sur les carburants. Le gouvernement égyptien n’avait non plus tardé à augmenter les salaires des fonctionnaires de 15%. Certes, ces hausses de salaires permettront de maintenir le pouvoir d’achat de la population face à l’inflation, mais il faudrait déjà que les prix des matières premières baissent rapidement afin de provoquer une hausse nette des revenus. Rien n’est moins sûr aujourd’hui. Pour le dire dans les mots du Secrétaire général de l’OCDE, M. Angel Gurria, « la flambée des prix des produits alimentaires et des matières premières sape les efforts déployés pour faire reculer la pauvreté et la faim dans le monde […] ». Les effets secondaires de ces mesures politiques sont bien connus : elles entraîneront une détérioration des finances publiques et donc de la dette des pays en question. Dans une publication du 1er février, l’agence de notation de crédit, Standard & Poor’s, explique la dégradation de la notation de l’Egypte. On a pu apprendre que « le nouveau gouvernement égyptien prendra probablement des mesures pour réduire la pauvreté et accroître les aides à l’achat de carburant et de nourriture, mais ceci aggravera le déficit public ». La fuite des investisseurs n’a pas tardé et la chute consécutive de la devise égyptienne provoquera une hausse des prix à l’importation des denrées alimentaires… ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER Le prix de nombreux aliments étant souvent négocié sur les marchés mondiaux (et non locaux), le phénomène de l’hyperinflation alimentaire et des émeutes de faim dépassent de loin le cadre du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Les parallèles avec les économies asiatiques en voie de développement sont évidentes. La raison de l’impact dévastateur de la flambée des prix alimentaires sur les marchés émergents l’est aussi. Les populations des pays en voie de développement réservent une proportion importante de leurs budgets journaliers à la nourriture, ce qui n’est plus le cas dans les pays industrialisés. Et pourtant dans l’analyse des origines de l’inflation alimentaire, c’est bien la politique monétaire ultra-accommodante des pays développés qu’on doit pointer du doigt. Leurs banques centrales appliquent des taux d’intérêts historiquement bas afin d’aider leurs économies à sortir du marasme de la crise financière (cf. ci-dessous). En dehors du fait que les perspectives de croissance de la première économie mondiale prouvent son succès relatif, on constate également que les dollars bon marché, mis à disposition par la Fed, n’aboutissent pas uniquement dans l’économie réelle. L’assouplissement monétaire inégalé de la banque centrale américaine a suscité de vives critiques et ceci non seulement dans le coin des altermondialistes ou des utopistes. La Réserve fédérale a injecté des sommes faramineuses de liquidités dans le système financier international afin d’éviter une rechute de l’activité économique sur son propre territoire. En dehors du fait que les perspectives de croissance de la première économie mondiale prouvent son succès relatif, on constate également que les dollars bon marché, mis à disposition par la Fed, n’aboutissent pas uniquement dans l’économie réelle. De nombreux observateurs reprochent à la banque centrale d’avoir encouragé les Américains à la spéculation afin de rétablir leurs finances privées qui avaient été malmenées par la crise immobilière et financière. Non seulement des investisseurs sur le territoire américain, mais dans le monde entier, ont pu profiter de cet argent à bas loyer pour l’investir dans les marchés considérés comme étant porteurs. Le marché des matières premières est parmi eux et a connu une progression avoisinant les 60% depuis la fin de la récession américaine. Il suffit de comparer cette progression avec celle d’un investissement dans les 30 plus importantes capitalisations américaines (+ 45%) pour constater que les investisseurs n’ont pas manqué leur coup (cf. graphique page suivante). Les marchés monétaires et ob 6 octobre 2010 ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg Lux-In W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER La croissance dynamique des pays émergents et les changements dans leurs styles de vie et de consommation qui en résultent, provoqueront un accroissement important de la demande. Comme tout prix librement négocié, la flambée des prix des matières premières repose sur le jeu de l’offre et de la demande. Et c’est bel et bien un excès de la demande par rapport à l’offre qui a poussé les prix à la hausse. Cette demande pouvant venir des spéculateurs ou des producteurs agro-alimentaires, il s’agit de faire la part des choses. Lorsqu’on analyse l’évolution des positions d’achat par catégories d’intervenant (commercial/non-commercial) sur les différents marchés des aliments, on tombe souvent sur des conclusions similaires. On constate que la corrélation des positions acheteuses des acteurs non commerciaux ne colle pas exactement avec l’évolution du prix. Par contre, en comparant les dates de flambées de prix avec celles des catastrophes climatiques voire des conflits politiques, on découvre des parallèles. Les sécheresses en Asie et en Amérique Latine observées au printemps 2010 ont vraisemblablement été à l’origine de l’accroissement des positions spéculatives (non commerciales) au même moment. De même, les incendies, les inondations et les troubles politiques plus récents se sont toujours soldés par de nouvelles vagues d’achat de contrats sur matières premières et donc des hausses de prix. Plus structurellement, la croissance dynamique des pays émergents et les changements dans leurs styles de vie et de consommation qui en résultent, provoqueront un accroissement important de la demande. La poursuite de ce phénomène de rattrapage économique de la part des pays en voie de développement pourrait provoquer des tensions inflationnistes supplémentaires sur les prix des matières premières. D’un point de vue fondamental, la recherche dans le domaine agro-alimentaire montre que la production agricole dans le monde devrait ralentir au cours de la décennie à venir. En vue des développements démographiques à attendre, on peut toutefois croire qu’elle permettra de satisfaire la demande prévue. Mais, avec l’augmentation des prix de production et une demande accrue résultant de la reprise économique, ainsi que de la demande provoquée par la hausse de la production des ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER biocarburants, les prix des matières premières devraient être en moyenne plus élevés au cours de la décennie à venir que lors de la dernière flambée observée en 2007-2008. Les travaux de recherche de l’Organisation de coopération et de développement économique ainsi que de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture montrent aussi que les subventions accordées à la production de biocarburants à partir de maïs, de betterave sucrière ou d’huile végétale peuvent contribuer à la hausse des prix alimentaires. L’organisation constate que l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre n’est pas atteint avec cette politique de subvention. Ceci explique pourquoi le gouvernement français cherche actuellement à faire de la sécurité alimentaire et de l’instabilité des prix des matières premières un des axes prioritaires de sa présidence du G20. Il s’agit d’unir les efforts des plus importantes nations industrialisées pour atténuer des fluctuations excessives des cours et donc mieux protéger les consommateurs et les producteurs vulnérables. Mike Schmit, Senior Economist BCEE Asset Management Tous les efforts de réforme politique ne peuvent pas cacher que les déséquilibres économiques entre les pays émergents et développés sont à l’origine des turbulences politiques observées aujourd’hui. Les pays industrialisés sont aujourd’hui contraints de redresser et réformer leurs systèmes financiers. Etant donné qu’il est urgent de rétablir des finances publiques plus saines, leurs banques centrales devraient rester réticentes à faire remonter le coût de refinancement de la dette. Or, dans les économies émergentes, la politique des taux d’intérêts bas pratiquée par les pays riches crée déjà d’importantes turbulences. Elle accentue les entrées de capitaux étrangers et provoque souvent une appréciation des devises locales. Les bulles des prix qui résultent de cette surchauffe ne se limitent pas à l’Afrique du Nord ou au Moyen-Orient. Les économies émergentes asiatiques sont également touchées. En conjugaison avec le défi démographique du vieillissement de la population, présent non seulement dans les pays industrialisés mais aussi dans les nations émergentes (comme la Chine, p.ex.), des tensions géopolitiques nous seront assurées dans les décennies à venir. Les événements tunisiens et égyptiens ne marquent probablement que le début d’une longue chaîne de remous politiques. ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY ■ WEEKLY W EEKLY I NVESTMENT N EWSLETTER 6A, rue Goethe,L-1637 Luxembourg, Tel.: (+352) 26 895-1 Fax: (+352) 26 895-24 e-mail: [email protected] www.bcee-assetmanagement.lu Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg Etablissement Public Autonome Siège Central : 1, Place de Metz L-2954 Luxembourg BIC : BCEELULL R.C.S. Luxembourg B 30775 www.bcee.lu tél. : (+352) 4015 -1 Disclaimer : Les opinions, avis ou prévisions figurant dans ce document sont, sauf indication contraire, ceux de son ou ses auteur(s) et ne reflètent pas les opinions de toute autre personne, de BCEE Asset Management S.A. ou de Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg. 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