Entreprises Tools4patient tient sa chronique sur la douleur « Chez un patient souffrant de douleurs chroniques, notre logiciel permet, grâce au croisement de plusieurs données, d’évaluer sa réponse au traitement plus finement que les méthodes actuelles. Nous envisageons ainsi de faciliter la recherche de nouveaux médicaments dans ce domaine, freinée ces dernières années par de nombreux échecs », affirme Dominique Demolle, CEO de Tools4patient. Cette entreprise belge, créée en 2013 à Gosselies, lancera en 2016 un premier outil compagnon pour aider à l’évaluation des candidats-médicaments en développement dans la douleur chronique. Sa solution fait actuellement l’objet d’une étude de validation multicentrique qui se déroule en Belgique, en France et bientôt en Angleterre. Ce logiciel analyse un ensemble de caractéristiques précises liées au patient, comme l’historique de sa maladie, l’intensité de ses maux, les symptômes observés, les données des tests fonctionnels et des questionnaires. Les résultats obtenus permettent, selon l’entreprise, de prédire plus précisément la réponse du patient au traitement investigué. « Grâce à cette approche intégrée et personnalisée, nous pensons pouvoir réduire de 12 à 18 mois le temps de développement d’un antidouleur », estime la dirigeante, « l’idée étant d’aider le plus tôt possible le développeur de la molécule à évaluer plus correctement la potentielle efficacité de son produit et pour les molécules en phases III, d’aider à démontrer cette efficacité et à optimiser le nombre de patients nécessaires ». Un second produit dans la douleur cancéreuse Employant 6 personnes, Tools4patient assurera les ventes de sa solution en Europe avec sa propre force commerciale Encore au stade de la preuve de concept, il vise les douleurs associées aux métastases osseuses. Tools4patient le destinera au marché clinique, mais aussi à une utilisation en routine dans les hôpitaux afin de mieux personnaliser l’administration des antalgiques actuels. l Par Anne-Laure Languille [email protected] 3 cancers peuvent développer des métastases osseuses : le sein, la prostate et le poumon. Dominique Demolle « Réduire de 12 à 18 mois le temps de développement d’un antidouleur. » avant de monter en puissance via un ou plusieurs partenariats de distribution. Pour se faire connaître des industriels, la société capitalise sur le réseau de ses fondateurs dont Dominique Demolle, Alvaro Pereira et Chantal Gossuin, qui ont auparavant tous travaillé chez Aepodia, une CRO créée par Dominique Demolle et Denis Gossen, dont Tools4patient est la spin-off R&D. Cette dernière a bouclé deux tours de table en 2014 et 2015 auprès d’investisseurs privés et de la région wallonne. Les montants restent confidentiels, mais se situeraient entre 2 et 5 M€. Ces ressources lui permettent de pousser un second test compagnon de son portefeuille, en oncologie cette fois-ci. 32 Md€ Le marché mondial des antalgiques devrait dépasser cette somme d’ici à 2017. 5 personnes devraient être recrutées par Tools4patient dans les 12 à 24 prochains mois. Partenaires Aepodia Centre d’investigation clinique, Clermont-Ferrand DNAlytics Eureka Région wallonne Opinion du Pr Claude Dubray, chef de service au Centre d’investigation clinique (CIC) de Clermont-Ferrand Notre collaboration avec Tools4patient est la conséquence naturelle de l’appartenance d’Aepodia au cluster Analgesia, qui a notamment pour objectif de développer de nouvelles approches pour l’évaluation clinique des antalgiques. La situation de la recherche clinique dans ce domaine est en effet critique. De grands progrès ont été réalisés au niveau de la connaissance scientifique, sans que cela se répercute dans la mise sur le marché de nouvelles molécules. Notre arsenal thérapeutique a donc tendance à rétrécir. D’où la nécessité de trouver de nouveaux outils pour rendre les études cliniques plus performantes. Un des angles d’attaque est l’individualisation des patients, les experts s’accordant sur le fait qu’il n’y a pas de traitement universel de la douleur. Or nous ne sommes pas capables aujourd’hui de dire, pour des cohortes très hétérogènes, pourquoi tel traitement fonctionne ou non, car les patients sont mal caractérisés. Phénotyper plus finement les patients permettrait d’obtenir une réponse plus claire au traitement. Le plus fort besoin médical étant dans la douleur neuropathique. Biotechfinances • Lundi 1 juin 2015 • N° 683 3